PÊCHE EN MER n°468 - Page 9 - 468 3 MAGAZINE in mai, nous recevions à la rédaction un étonnant communiqué de presse de la FNPF, la Fédération nationale de la pêche en France, expliquant que le ministre Berville était venu rendre une petite visite à ladite fédé d’eau douce. Jusqu’ici rien d’insolite, puisque notre ministre de la Mer est aussi celui de la Biodiversité. En revanche, là où l’on peut être surpris, c’est dans les thématiques abordées lors de cette rencontre, car la pêche de loisir en mer en faisait partie. La discussion autour de ce sujet a ensuite été présentée par la fédé sous ces termes à la presse : « L’un des quatre grands axes de discussion a été la pêche de loisir en mer, également pratiquée par de nombreux adhérents des structures associatives, et son rattachement au secrétariat d’État à la Mer et à la Biodiversité. » Une façon très directe, presque agressive, de nier l’existence de structures fédératives maritimes œuvrant chaque jour avec ce même portefeuille. Si les velléités de plusieurs dirigeants de la fédé eau douce de mettre la main sur la mer sont bien connues, elles restaient jusque-là confidentielles. Il est vrai que, forte de son nombre d’adhérents, du nombre de pêcheurs en eau ÉDITO douce 4 à 5 fois supérieur à la mer et de son système administratif rodé et centralisé à Paris, la FNPF a des arguments pour séduire le ministre réputé comme appréciant le minimalisme dans ses tâches professionnelles. Et elle semble avoir décidé de passer outre les politesses en vigueur, puisque tout paraît avoir été fait dans le dos de la confédération Mer & Liberté qui est, selon les mots de ce même ministre, « l’interlocuteur officiel entre les pêcheurs de loisir en mer et le gouvernement ». Et puis être une organisation rodée ne suffit pas, d’ailleurs la confédération l’est aussi. D’autant que l’heure n’est pas à une intrusion dans les décisions concernant la pêche de loisir en mer, tant les problèmes à régler sont grands. Enfin, notre loisir marin est singulier sur de nombreux d’aspects, et une association avec une structure d’eau douce ne peut évidemment pas se faire en catimini. Espérons que le gouvernement apporte des réponses claires sur cette réunion. Benoît Simon Hors-série n°47 Spécial bar & thon 2024 Hors-série n°44 Spécial technique 2022 Hors-série n°26 Cuisine de la mer 2023 Et aussi… F Hervé Berville en visite à la fédé eau douce Président du Conseil de surveillance: Patrick Casasnovas Présidente du Directoire: Sophie Casasnovas Directeur général: Frédéric de Watrigant RÉDACTION Rédacteur en chef: Benoît Simon - 33 17 Photographe: Bruno Berbessou Secrétaire de rédaction: Valérie Canale Maquette: Frédéric Claisse - 33 23 Voile & Moteur André-Bernard Vidie Sherine Lefebure PHOTOGRAVURE Flavien Bonanni - 35 29 Hugues Vuagnat - 34 89 Ont collaboré à ce numéro: A. Filleul, G. Fourrier, K. Guéniot, J. Japa, D. Mourizard, B. Noël, H. Petitbon, M. Ponroy, B. Soulard, F. Teissonnière, J.-M. Thierry. Correspondants régionaux: P. Alves (Granville), Vincent Ottmann (Brest) C. Charpentier (Arcachon), F. Couzinet (La Rochelle), C. Duhaut (Calais), J. Dussaud (Le Graudu-Roi), P. Gillou (Roscoff), K. Guéniot (Corse), J. Leux (Saint-Malo), J. Morgado (Saint-Jean-deLuz), M. Ponroy (Saint-Nazaire). PUBLICITÉ Directeur de publicité halieutique: Laurent Lallier - 33 42 laurent.lallier@editions-lariviere.com Directeur de publicité nautisme: Bertrand Frizac - 33 38 bertrand.frizac@editions-lariviere.com Chef de publicité: Manon Pirotte - 33 20 manon.pirotte@editions-lariviere.com Assistante de publicité: Manon Roger - 33 40 manon.roger@editions-lariviere.com PROMOTION DES ABONNEMENTS Carole Ridereau - 33 48 SERVICE DES VENTES Chefdeproduit: Emmanuelle Gay - 34 99 COMPTABILITÉ Poste: 32 39 - fax: 01 41 40 32 58 ACCUEIL CLIENTS Abonnements/vente par correspondance Tél.: 03 44 62 43 79 E-mail: abo.lariviere@ediis.fr 45 avenue Général Leclerc 60643 Chantilly CEDEX ABONNEMENTS TarifFrancemétropolitaine:1an+HSBarversion papier&numérique:140,82€. Montantduprélèvementmensuel:6,80 €. Autrespaysetparavion,nouscontacterau (33)0344624379. PÊCHE EN MER est une publication des ÉDITIONS LARIVIÈRE Espace Clichy - Immeuble Sirius 9, allée Jean-Prouvé 92587 Clichy CEDEX Fax: 01 41 40 34 14 E-mail: pecheenmer@editions-lariviere.fr Site Web: voileetmoteur.com Vous pouvez joindre votre correspondant en composant le 01 41 40 suivi du numéro indiqué après son nom. SAS au capital de 3200000 € Dépôt légal : 2e trimestre 2024 Commission paritaire: n° 0525 K 86603 N° TVA Intracommunautaire: FR 96 572 071 884 RCS Nanterre B 572 071 884 CCP 115 915 à Paris. 12, rue Mozart, 92587 CLICHY Cedex Tél.: 01 41 40 32 32. Fax: 01 41 40 32 50 Directeur de la publication et responsable de la rédaction: Patrick Casasnovas. Impression: Imprimerie de Compiègne. ZAC de Mercières, 60205 Compiègne. Diffusion MLP. Printed in France/Imprimé en France. Papier issu de forêts gérées durablement. Origine du papier: Suède Taux de fibres recyclées: 22% Certification: PEFC / EU ECO LABEL Eutrophisation: 0,01 kg/tonne 4 PÊCHE EN MER / Juillet 2024 / n° 468 SOMMAIRE Éditorial 3 Embruns pêche 6 Embruns compétition 8 Embruns fédération 12 Baromètre des côtes 16 Shopping 24 ■ TECHNIQUE & PÊCHE Pêche du bord 6 régions,6 poissons,6 fiches 26 Bord & large Choix du bon leurre 34 De la Loire-Atlantique à laVendée 40 Pêche à pied Araignées et homards 48 Portrait Gilles Ondet,le «galopeux de grèves»! 54 48 40 Focus Plombs et hameçons Abonnement sur Internet: www.editions-lariviere.fr Facebook: @pemmag Instagram: pecheenmer Youtube: pêche en mer magazine Photo de couverture: Sar dans les Pyrénées-Atlantiques. 60 Bord & large De Piriac à La Tranche-sur-Mer 34 Pêche à pied Araignées et homards @pemmag @pecheenmer pêche en mer magazine www.voileetmoteur.com Bord & large Choix du bon leurre 5 Focus Plombs et hameçons: la pression ne retombe pas 60 ■ BATEAUX & ÉLECTRONIQUE Embruns nautiques 66 Zoom Roto 450s: costaud et bon marché 68 Yamaha F350: nouveauV6 de 4,3 litres 69 Essai en mer Humber 750 Offshore 70 ■ APRÈS LA PÊCHE Humeur La paresse intellectuelle des progressistes 76 Chronique Quelques secrets de la lamproie marine 78 Recettes Gratin de morue aux légumes de saison 80 ■ ADRESSES CLASSÉES Bonnes adresses et contacts 82 Pêches faciles d’été régions, poissons, fiches 26 70 Essai en mer Humber 750 Offshore 6 Portrait Gilles Ondet, le «galopeux de grèves»! 54 6 EMBRUNS PÊCHE La restauration des stocks de poissons progresse, mais il y a encore du chemin à faire. C’est ce qu’a annoncé la Commission européenne le 7 juin dans sa communication intitulée «La pêche durable dans l’Union européenne: état des lieux et orientations pour 2025». Dans ce cadre, l’UE précise: - «Les stocks halieutiques de l’Atlantique du Nord-Est se situent en moyenne dans une gamme acceptable pour la santé, la dernière évaluation faisant état des meilleurs résultats en matière de durabilité à ce jour, démontrant ainsi que les décisions de l’UE en matière de gestion durable de la pêche et les efforts déployés par les pêcheurs portent leurs fruits. Ceci s’avère être le cas dans les eaux communautaires de l’Atlantique. Toutefois, plusieurs espèces, essentielles à l’équilibre de l’écosystème et sur un plan commercial, continuent d’enregistrer des résultats insuffisants.» - «En Méditerranée et en mer Noire, si les stocks se reconstituent lentement, la mortalité due à la pêche reste trop élevée. Bien que le taux de mortalité par pêche ait atteint son niveau le plus bas jusqu’à présent, il reste supérieur de 20 % au taux de durabilité recommandé. Un plus grand engagement et des efforts continus sont nécessaires pour permettre aux espèces et aux écosystèmes essentiels de se reconstituer entièrement.» - «La situation dans la mer Baltique reste extrêmement préoccupante, les stocks de poissons continuant à diminuer sous l’effet de diverses pressions. Quatre stocks sur dix en mer Baltique ne sont plus ciblés, et ne peuvent être débarqués que sous forme de captures accessoires. La Commission continuera à prendre des mesures pour lutter contre les diverses pressions pesant sur les stocks halieutiques tout en contribuant à améliorer l’état des écosystèmes de la mer Baltique.» L’an passé, 26 marques étaient inscrites. Cette année, elles sont deux de plus, avec 35 bateaux attendus et une compétition qui se déroulera les vendredi 4 et dimanche 6 octobre. Rappelons que le Grand Pavois Fishing est la seule compétition réservée aux marques. Un concept unique et les constructeurs de bateaux, de moteurs et d’équipements (accastillage, électronique, matériels divers…) vantent un temps fort incontournable pour présenter leurs nouveautés. D’autant que les pro-staffs, des guides de pêche et des membres des marques sont présents sur l’eau et à terre, lorsqu’ils ne sont pas en compétition, pour partager avec les visiteurs les atouts des produits exposés, leurs passions et leurs techniques… L’intelligence artificielle continue d’avancer ses pions dans la recherche marine. Tout récemment, c’est le projet Meiodyssea qui a fait parler de lui. Des scientifiques de l’Ifremer en collaboration avec des équipes du JAMSTEC au Japon, du Naturalis Biodiversity Center aux Pays-Bas et du Muséum d’histoire naturelle Senckenberg en Allemagne, se sont lancé le défi de décrire, en 3 ans, 125 à 200 nouvelles espèces de la méiofaune, des petits organismes de moins d’un millimètre, nichés dans les sédiments, dans les 5 océans, grâce à l’IA et à l’imagerie 3D «Avec les 125 à 200 nouvelles espèces qui seront décrites pendant la durée du projet, nous allons augmenter d’environ 1/5e le nombre de nouvelles espèces de la méiofaune décrites chaque année dans le monde. Cela nous aidera à mieux comprendre le rôle de ces espèces invisibles à l’œil nu dans le fonctionnement et la dynamique des écosystèmes marins », explique Daniela Zeppilli, responsable du projet Meiodyssea et du laboratoire Environnement profond à l’Ifremer. Contrairement aux bactéries et aux virus unicellulaires, ces petits animaux possèdent des organes complexes et jouent un rôle dans la chaîne alimentaire d’organismes bien plus grands. Une partie des espèces de la méiofaune est dite «sentinelle»: la présence de certains nématodes, de petits vers, est un indicateur par exemple de contamination chimique de l’environnement. Mieux connaître la méiofaune et sa fonction dans les écosystèmes permettra ainsi de mieux comprendre l’impact des activités humaines sur l’océan. Ce projet se démarque par la méthode développée et par le nombre d’échantillons de sédiments qui seront analysés: déjà existants ou à collecter lors de prochaines campagnes océanographiques, ces échantillons proviendront de 1437 sites du globe. Cette nouvelle base de données couvrira tous les milieux marins, de la côte au large, en passant par les plaines abyssales et les fosses hadales, de quelques centimètres à plus de 6000 mètres de profondeur, depuis le cœur des eaux polaires jusqu’aux mers tropicales. POPULATIONS EUROPÉENNES Les stocks se portent mieux GRAND PAVOIS FISHING 28 MARQUES INSCRITES INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 200 nouvelles espèces cachées décrites C’est une étonnante histoire qui se déroule dans le parc de la vallée de la Mort aux États-Unis, où un poisson vivant dans un milieu très hostile a su faire preuve d’une incroyable résilience. Au cœur du désert le plus aride d’Amérique du Nord se trouve une grotte submergée à 33°C avec 24 m de fond, surnommée le trou du Diable, dans laquelle survie le Cyprinodon diabolis, le poisson le plus rare de la planète. Il dépend essentiellement d’une petite plateforme baignée de lumière solaire. C’est là que croît l’algue qui lui sert d’unique réserve alimentaire. En plus d’être précaire, cette plateforme est très fragile. Un mouvement sismique pourrait y créer des vagues menaçantes pour la nourriture de ces étonnants résidents. Dans les années 1990, on comptait entre 200 et 250 arrivées de ce poisson bleu chaque année. Mais cette population s’est effondrée avec une cuvée 2013 comprenant tout juste 35 individus. Un tel chiffre commençait à grandement inquiéter ceux qui l’étudiaient. Des mesures ont été prises et, lors du comptage de cette année, les biologistes ont annoncé qu’ils étaient stupéfaits de découvrir le retour de 191 spécimens. Démontrant ainsi une forte reproduction l’an passé dans des conditions pourtant extrêmes. Ce phénomène est présenté comme une preuve irréfutable de la capacité de résilience de la vie et de son retour rapide en cas de protection. La météo n’aura pas été de la partie pour cette 11e Sailtica Fishing qui s’est tenue les 25 et 26 mai à la Turballe, mais, côté pêche, c’était un très beau cru. En effet, dès le tout début de la première journée, plusieurs poissons de plus de 70 cm sont mis au sec. Et malgré un ciel pesant, le moral des pêcheurs est au plus haut. L’après-midi se déroule à peu près sous les mêmes auspices, avec toujours de très beaux spécimens. Cette euphorie aura finalement été de courte durée, car, le lendemain, les choses se gâtent et dès le matin l’organisation prend les devants: «C’est avec beaucoup de regrets et d’amertume que l’organisation prend la décision ce matin d’annuler la manche 2 de SF 2024. Effectivement, il y aura des déçus, mais après concertation avec le Cross et le sémaphore de Piriacsur-Mer, nous pensons que, pour votre sécurité, c’est ce qu’il y a de mieux. La décision est rude, mais elle l’est encore plus pour les bénévoles qui ont œuvré pour vous avant et pendant tout ce week-end. Je propose aux participants de se retrouver à 8 h 30 au village pour partager le petit-déjeuner et vous donner l’ensemble des consignes pour la journée.» Et la remise des prix est ainsi avancée à 11 h 30. La compétition ne se sera déroulée que sur une journée, mais quelle journée! La famille Pirate termine numéro 1 avec 298 points, suivie de Fishus Team (297 points) et Rapala/ Crush City (292 points), montrant là un podium très serré et une bataille ardue sur l’eau. Le fameux cru 2024 de notre numéro spécial « bar et thon » est arrivé dans les kiosques. Ce mois-ci, nous avons choisi de vous concocter un dossier consacré aux appâts pour le bar. À travers 17 fiches, vous découvrirez comment optimiser l’emploi des coquillages, céphalopodes et autres vers pour vos pêches cette saison. Côté thon, la part belle est faite aux gros sujets, mais nous n’avons pas non plus oublié les débutants avec un article pour démarrer sa traque au leurre. Bonne lecture à tous ! Le jeudi 30 mai 2024, le patron de pêche Franck Le Doussal a fait une découverte étonnante au large de Dinard: lors du relevage de ses filets, il trouva une araignée de mer bleue, chose qu’il n’avait jamais vue en 25 ans de métier. Le pêcheur a expliqué ensuite: «Une araignée de mer, ça se vend de 50 centimes à 1 euro en criée, si elle n’intéressait personne, celle-ci, je la remettais à l’eau!» Et d’ajouter «Elle intéressera des aquariums comme Océanopolis à Brest ou Nausicaa à Boulogne-sur-Mer.» Interrogé par la presse, un aquariophile a précisé que «sa couleur bleue vient très probablement d’une dégénérescence génétique très rare. Et vu qu’elle est pleine, ses petits pourraient avoir la même particularité». SURVIE L’ÉTONNANTE RÉSILIENCE D’UN POISSON TRÈS RARE SAILTICA FISHING MÉTÉO COMPLIQUÉE, MAIS BEAUX POISSONS EN KIOSQUE HORS-SÉRIE «BAR & THON» 2024 INSOLITE Une araignée de mer bleue 7 EN KIOSQUE Une victoire bulgare aux saveurs bretonnes Branzino Challenge Stratégie de pêche en lagune 170 concurrents de neuf nationalités différentes qui s’affrontent en kayak dans une lagune italienne à la recherche du bar, c’est le principe du Branzino Challenge, une compétition qui ne cesse de grandir et dont la réputation est désormais internationale. Et c’est d’ailleurs l’ambassadeur bulgare de la marque bretonne Fiiish qui a remporté l’épreuve cette année, tout un symbole. Par la rédaction. Milenko Stoychev et Matthieu Guennal respectivement 1er et 3eme de la compétition. 8 EMBRUNS COMPÉTITION a Toscane a accueilli du 3 au 5 mai, ce qui est annoncé comme la plus grande compétition internationale de pêche en kayak : le Branzino Challenge. Cette épreuve de pêche du bar en kayak a vu le jour en 2017 et se déroule dans la magnifique lagune d’Orbetello. Du côté de la réglementation, le challenge s’étend sur deux journées avec une durée de 7 heures de pêche chacune. Deux classements distincts sont organisés : le premier présente les pêcheurs en individuel et le second les équipes, composées de deux personnes. prochaine. Avec un groupe de 12 personnes, l’idée était de mutualiser les connaissances pour placer l’entreprise le plus haut possible dans le classement. Au final, c’est le Bulgare Milenko Stoychev qui remporte l’événement. À noter également l’excellente performance de Matthieu Guennal, fondateur de la marque Fiiish qui termine 3e ex aequo avec un total de 465 points. Nous avons demandé à Milenko, le vainqueur, de nous raconter le déroulé des deux manches. Une belle occasion de nous pencher sur l’analyse d’une stratégie de pêche en lagune dans une zone qui est inconnue au pêcheur. ■ La vocation no-kill de cet événement impose une relâche propre du poisson, contraignant, de fait, le pêcheur à un système de certification/vérification des captures grâce à l’envoi instantané de photographies montrant la mesure de la longueur du bar. Les Bretons voulaient en découdre La marque Fiiish, qui est bien impliquée dans les pêches lifestyle comme le paddle ou le kayak, avait cette année convié ses distributeurs européens à participer au Branzino Challenge, l’occasion pour elle de dévoiler et tester les leurres qui sortiront l’année L JOUR 1 Quelques minutes avant le début de la compétition, j’étais assez calme, l’ambiance était détendue et joyeuse, mais je sentais la tension monter à l’approche du coup de canon. Le pré-fishing sans hameçon étant autorisé la journée du vendredi, je me dirige dès le départ vers une zone découverte la veille, et seulement 15 minutes après le coup d’envoi, je perds une belle opportunité de mesurer ma première prise. J’ouvre mon compteur 30 minutes plus tard avec quelques poissons attrapés au leurre de surface. Il faut savoir que la profondeur d’eau est tellement faible que si votre leurre ne nage pas sur la surface ou 20 centimètres en dessous, vous avez peu de chances de prendre du poisson et qu’ils sont généralement actifs lorsque le vent est présent. Après une heure de pêche, la zone repérée en pré-fishing est poncée, je prends donc l’option d’aller explorer des territoires inconnus que j’avais pris le soin d’étudier à partir d’images satellites et de vidéos des éditions précédentes. J’ai passé beaucoup de temps à me préparer pour cet événement et je pensais que les zones que j’avais repérées auraient été plus prolifiques, cela m’a induit en erreur sur le fait que la pêche serait plus facile, mais il s’avère que, par beau temps, les choses sont moins évidentes. J’arrive tout de même à rentrer quelques poissons dans des zones comprises entre 1,5 et 2 mètres. Il faut savoir que dans la lagune d’Orbetello, la majorité des poissons mesure entre 35 et 45 cm et que la maille pour la compétition est à 30 cm. Arrivé à la moitié de la manche, une grande partie des kayaks s’est dirigée vers des endroits très différents, mon instinct me guidait vers des zones plus claires, où le sable est plus visible. La température de l’eau était très inférieure à la normale à ce stade de la saison, ce qui orientait la pêche vers des zones moins profondes, plus près du rivage. Sans succès malheureusement. Avec 5 poissons au compteur au trois quarts de la manche, un leurre en particulier commençait à avoir mes faveurs, c’était le Black Eel 110 Les meilleurs kayakistes d’Europe se retrouvent dans cette lagune pour s’affronter. 9 JOUR 2 Je savais que les conditions de pêche allaient être plus difficiles, les poissons déjà pêchés diffusent du stress sur la zone et les conditions climatiques beaucoup plus clémentes que la veille n’allaient pas m’aider. 8 h. C’est parti! Je décide de faire confiance à mon intuition et je prends la direction du canal qui doit me mener à la lagune que je connais le moins. Je me dois de sortir le premier du canal pour espérer avoir un peu de tranquillité dès les premiers lancers. J’arrive à rentrer un premier poisson sur un leurre de surface dans une zone où pratiquement aucun concurrent n’est venu. Après une heure de pêche, la concurrence se rapproche, et quelques grands noms des éditions précédentes font leur apparition. La tension monte peu à peu et, dans la foulée j’arrive, une nouvelle fois avec le Black Eel 110 et sa tête de 4 g, à scorer un deuxième spécimen. 10 h 15,je capture un troisième poisson au leurre de surface, tout juste Géographie du spot CLASSEMENT FINAL La lagune d’Orbetello, c’est environ 25 km2 divisés en deux parties: nord et sud. La profondeur d’eau va de quelques centimètres sur les bordures à 1,50 m pour les zones les plus profondes. Il n’y a pas de fosses, pas de cassures, pas de courant, pas de flux d’eau, seulement quelques herbiers pour fixer le poisson, on est donc très loin des conditions de pêche que nous connaissons sur les côtes françaises. Pour les «specimen hunters», les plus beaux sujets mesurent jusqu’à 70 cm, avec probablement des individus dépassant cette taille. La lagune d’Orbetello est très protégée des activités de l’homme. Il n’y a qu’un seul guide de pêche en kayak qui exerce et quelques pêcheurs professionnels qui alimentent les restaurants locaux. Toute autre pratique est prohibée (pêche en bateau, en kayak, du bord…), c’est donc une opportunité incroyable de pouvoir pêcher ce plan d’eau. de Fiiish coloris Gold et sa tête toute petite de 4 grammes. Je l’ai utilisé en linéaire rapide à très rapide pour qu’il puisse évoluer juste sous la surface, sa stabilité de nage à des vitesses élevées couplée à des petits «twitchs» réguliers est la combinaison qui m’a déclenché le plus d’attaques. Le Black Eel constitue une très bonne imitation des petites anguilles qui peuplent la lagune. Quota en poche (5 spécimens), je décide de pêcher avec des leurres un peu plus gros en espérant augmenter la taille de mes poissons déjà validés. Avec un leurre différent sur chaque canne, j’ai tenté de couvrir le maximum de zones. Les animaux n’étant pas postés,il faut pouvoir se déplacer vite et ne pas s’attarder sur une zone, malheureusement ce fut également sans succès. Une heure et demie avant la fin de cette première manche, je décide de me diriger vers la lagune nord, j’avais besoin de savoir si les conditions étaient similaires (température d’eau, profondeur, végétation) à cet endroit. Mon choix s’est finalement avéré payant, puisque c’est là-bas que je prendrais le plus gros individu de mon quota. Et c’est ce dernier qui me permet de me positionner à la treizième place du classement. Je finis cette première manche avec 11 poissons. maillé, avant de commencer une quête interminable sans la moindre touche pendant près de deux heures. L’eau limpide, la chaleur accablante et le manque de vent n’invitent pas les poissons à la coopération, c’est compliqué. Vers 13 h, le vent monte légèrement et les animaux reprennent un peu d’activité. Je prends quelques touches, mais sans concrétisation, jusqu’à ce qu’un quatrième poisson monte sur le Black Eel. C’est validé par l’organisation, et la quête d’un dernier poisson pour remplir le quota est un objectif jusqu’à la dernière seconde! La lagune se vide petit à petit et seulement une dizaine de compétiteurs sont présents contre 80 environ en début de manche,preuve que plus les heures passent et plus le moral atteint la détermination des compétiteurs. Voilà maintenant plusieurs heures que je lance inexorablement en parcourant des centaines et des centaines de mètres pour chercher le dernier poisson. Des zones que je n’ai pas exploitées, de nouveaux passages sur des lieux identifiés, rien n’y fait, jusqu’à 20 minutes de la fin où je prends enfin une touche de ce qui aurait pu être le plus gros spécimen de ces heures interminables! Décroché! Signal positif, ne rien lâcher! À seulement trois minutes de la fin, ce cinquième poisson rencontre mon épuisette! Je me dépêche de l’envoyer à l’organisation en espérant une validation rapide. C’est fait! Toute la pression accumulée durant ces deux jours s’évanouit enfin… Les discussions vont bon train au retour au port, et, selon ce que j’entends, il semblerait que mes 5 poissons de la journée me permettent d’atteindre le podium. Milenko Stoychev (BUL): 504 points. Gianmarco Sansone (ITA): 468 points. Salvatore Bisogno (ITA)/Matthieu Guennal (FR): 465 points. La cérémonie de remise des prix commence, mon cœur bat vite et les points acquis par le dixième compétiteur me laissent penser qu’une belle place m’attend. J’entends déjà de l’équipe Fiiish qui m’entoure qu’un top 5 est à ma portée. Comment y croire? Vient enfin la proclamation des trois premiers, en commençant par les résultats du troisième avant de révéler le nom du vainqueur de cette édition 2024. Roulement de tambour, les yeux rivés sur l’écran qui annoncera le grand gagnant, mon bras se lève et en un éclair mes yeux se remplissent de joie. Je serai bien entendu au rendez-vous en 2025, prêt à défendre mon titre! ■ 2de édition et déjà incontournable Trophée Fish à l’affiche Bateau Pour sa seconde édition, cette compétition qui s’est déroulée les 25 et 26 mai a vu 40 équipages s’aligner sur la ligne de départ, dont plusieurs tournent régulièrement sur le circuit des compétitions. Autant dire que le ton était donné dès le début, avec un beau challenge à relever et un rendez-vous qui tend à devenir incontournable pour les virtuoses de la canne. Texte et photos d’Alexandre Soennen. a compétition a été divisée en deux manches qui se sont avérées complètement différentes, que ce soit sur les périodes de marée à pêcher, ou au vu des conditions météorologiques. ● Une première manche de 8 heures le samedi, correspondant à une marée descendante, une étale de basse, et un début de marée montante, qui s’est déroulée sous un beau soleil et un léger vent de terre de 10 nœuds. ● Une seconde manche de 4 heures le dimanche, autour de l’étale de marée haute, avec des conditions météo qui ont totalement changé, un vent fort d’ouest de 15 nœuds établis s’étant levé dans la nuit, apportant en bonus de la pluie une bonne partie de la soirée. Un véritable casse-tête pour les compétiteurs, les cartes ayant été rebattues entre le samedi et le dimanche. Certaines équipes qui étaient en tête de classement le premier jour sont revenues capot le lendemain! La beauté de cet archipel magnifique composé d’une multitude d’îlots rocheux, de parcs à huîtres et de langues de sable balayées par des courants puissants en fait aussi sa complexité: il y a tellement de spots potentiels que l’on peut s’y perdre… Ce sont donc les équipes ayant déjà pêché cette zone et ayant réussi à s’adapter qui ont pu tirer leur épingle du jeu en assurant un quota sur les deux jours. De l’avis général, il était possible de piquer quelques beaux spécimens disséminés dans l’archipel, mais la l’engouement des participants est au rendez-vous: les inscriptions étaient closes en 1 minute cette année! Le début de saison n’a pas été forcément évident sur la zone, d’où le challenge que les pêcheurs ont dû relever.L’archipel de Bréhat est plutôt une zone de fin de saison, mais nous avions l’obligation de tenir compte des autres compétitions pour caler cette date. Avis aux amateurs: l’édition 2025 devrait se dérouler au mois de septembre.» L’esprit de la compétition ● Le respect de l’environnement: l’événement est organisé en étroite collaboration avec les services des réserves naturelles régionales, de la DDTM et de Natura 2000, avec le souci de conserver des zones de quiétude pour les espèces, tout en permettant de faire découvrir l’archipel aux pêcheurs. ● La sensibilisation des compétiteurs aux bonnes pratiques associées à l’esprit de la pêche sportive et du no-kill. Pour exemple, l’obligation de changer les hameçons des leurres durs pour des simples. ● Conserver un esprit familial et sympathique, que l’événement soit avant tout une rencontre. ■ majorité des bars était toujours dans la baie de Saint-Brieuc, à l’extérieur de l’archipel de Bréhat. La plupart des prises ont été effectuées au leurre souple imitant des lançons, leur proie de prédilection à cette période de l’année, les bars étant en ce début de saison assez peu réactifs aux poissons nageurs ou aux leurres de surface. Au final, voilà une compétition à taille humaine, dans une ambiance sympathique, et qui se déroule dans le souci des animaux et du milieu marin, tout en ayant un vrai intérêt pour les virtuoses de la canne! Le mot de l’organisation Goulven Geffroy (membre du CA et coorganisateur de la compétition bateau aux côtés de Yann Plusquelec): «Nous sommes très satisfaits du déroulement de cette seconde édition de la compétition bateau, l’organisation étant plus rodée et plus fluide qu’en 2023. Bravo aux bénévoles et aux concurrents qui se sont tous donnés à fond et n’ont rien lâché. Nous pensons que la compétition répond à une attente du milieu, car de plus en plus de marques partenaires nous soutiennent, et L CLASSEMENT FINAL 1 LES ZOMARDS LOWRANCE Éric Devalan et Martial Cottin 2 ROYALABRAX Nicolas et Émilien Guilloussou 3 MERCURY PRO TEAM Nicolas Kervangant et Jérôme Laurent 10 EMBRUNS COMPÉTITION CLASSEMENT 1er : Espagne 2e : Espagne 3e : Italie 4e : Allemagne 5e : Italie 6e : Espagne 7e : Portugal 8e : Pays-Bas 9e : France LES DIFFÉRENTS PODIUMS Vétérans: 1. Pascal Dubois (FCM, 4 – 1365) 2. Philippe Gammelin (SCCB, 5 – 1202) 3. André Bauche (PMG, 6 – 535) Etc. Dames: 1. Murielle Quételard (LPBD, 3 – 675) 2. Peggy Durand (SCCDK, 2 – 365) 3. Jocelyne Byhet (LS, 2 – 270) Etc. Poussins: 1. Dawson Bardot (TSE, 1 – 222) 2. Maël Célie (PW, 2-156) 3. Anaé Legrand (PW, 2 – 110) Etc. Benjamins: 1. Liam Cadet (CTS, 1 – 115) 2. Nathan Falempin (MC, 1 – 50) Minimes: 1. Florent Falempin (MC, 1 – 208) 2. Isy Sandras (MC, 1 – 173) 3. Paul Codron (ASEE, 2 – 159) Etc. Cadets: 1. Lubin Lamour (GT, 3 – 296) 2. Roman Leprêtre (GT, 2 – 155) 3. Lucas Capon (TSE, 2 – 131) Etc. Juniors: 1. Even Rouzet (MC, 4 – 703) 2. Enzo de Leus (SCCDK, 3 – 258) 3. Benoît Ducloy (TSE, 1 – 115) Etc. Even Rouzet s’est imposé à la première place en junior. 11 Du 11 au 18 mai le FIPS (confédération internationale de pêche sportive) organisait le 31e championnat du monde Bord de mer pour clubs. Les surfeurs des clubs du monde entier s’affrontaient sur les plages landaises aux environs de Bias, près de Mimizan. Au final, l’épreuve aura été compliquée, tant au niveau des poissons que de la météo. En effet, après l’annulation de la 1re manche, et pour des raisons de sécurité, la 2de manche du mercredi 15 a également été annulée. Finalement, tout s’est joué sur les deux dernières journées, puisque la compétition se déroule sur 4 manches, et ce sont deux clubs espagnols qui finissent premier et deuxième, suivis des incontournables Italiens. De leur côté, les Français décrochent une neuvième place avec l’équipe du Turbot montois. Le 25 mai dernier, l’équipe des Pêcheurs de la Warenne avait la lourde mission d’organiser les coupes régionales pour les trois catégories que sont les vétérans, les dames et les jeunes. Au total, cent compétiteurs se retrouvaient sur la plage d’Écault mais, malheureusement, le poisson n’était pas au rendez-vous puisqu’il n’y a eu que 115 prises pour un poids total de 12,585 kg, ce qui est vraiment peu. Chez les vétérans, la palme est revenue à Pascal Dubois qui a assuré son score grâce à la mise au sec d’un poisson de 942 grammes, le plus gros spécimen dans cette catégorie. Du côté des dames, avec trois poissons pour un poids de 675 grammes, c’est la Bray-Dunoise Murielle Quételard qui inscrit son nom en tête du classement. Grosse satisfaction pour le président calaisien Alain Maka, puisque, chez les jeunes, Even Rouzet s’est imposé de fort belle manière en trustant la première place en junior, mais aussi en réalisant le plus grand nombre de prises, le plus gros poisson et, bien sûr, en décrochant la première place « Toutes catégories — Jeunes ». CHAMPIONNAT DU MONDE BORD DE MER POUR CLUBS Les Français 9es à domicile COUPES RÉGIONALES DES HAUTS-DE-FRANCE Une compétition difficile 12 EMBRUNS PÊCHE La Confédération Mer & Liberté dévoile son plan d’action ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA FÉDÉ À l’occasion de l’assemblée générale de la Confédération Mer & Liberté, une cinquantaine de personnes se sont retrouvées pour consolider la représentation des pêcheurs de loisir. Voici les grands axes de développement. Texte Guillaume Fourrier. l régnait dans cette assemblée générale 2024 une ambiance plus fédératrice que jamais. L’ensemble des fédérations de la pêche de loisir représente un nombre très important d’usagers de la mer. Le groupe grandit avec l’arrivée au sein de la confédération de la Fédération nationale des associations de navigateurs plaisanciers (FNANP, anciennement UNAN). I Le travail en concertation avec le GIFAP sur certains dossiers est également un très bon signal pour renforcer la représentativité des pêcheurs avec le poids des fabricants de matériel de pêche. La Confédération Mer & Liberté (CML) fait le bilan de l’ensemble de ses démarches, réunions et courriers, dont de nombreux ont été laissés sans réponse. Ce silence de la part des élus est vécu comme un mépris vis-à-vis des pêcheurs de loisir. En effet, les courriers de ces derniers mois envoyés au ministre Christophe Béchu ainsi qu’au secrétaire d’État Hervé Berville n’ont pas été pris en compte. Seul Éric Banel, directeur général de la DGAMPA, a réagi en lieu et place des ministres, sans pour autant apporter de réelle solution aux problèmes rencontrés par les pêcheurs en mer. ▼
PÊCHE EN MER n°468 - Page 9
PÊCHE EN MER n°468 - Page 10
viapresse