SOCIETY n°248 - Page 4 - 248 UNE HISTOIRE VRAIE AFP 4 Society PROCHAIN NUMÉRO en kiosque le 13/02/2025 Téléchargez l’appli So Press. Et plus vite que ça. lire.sopress.net ABONNEMENT Responsables abonnement Vincent Ruellan et Louise Besse Contact: abonnement@society-magazine.fr SOCIETY, édité par SO PRESS, S.A.S au capital de 543 344 euros. RCS n˚445391196. 15 rue du Ruisseau 75018 Paris E-mail: prenom.nom@society-magazine.fr RÉDACTION CONCEPTION Directeur de la rédaction Franck Annese Rédaction en chef Emmanuelle Andreani, Pierre Boisson, Thomas Pitrel & Stéphane Régy French Correction Amelia Dollah, Noémie Pennacino & Hélène Pillon Directeurs artistiques Laurent Burte, Peggy Cognet, Élyse Delahaie & Cyrille Fourmy Photo Renaud Bouchez Icono scout Julien Langendorff Webmasters Gilles François & Alicia Saci Comité de rédaction Thomas Andrei, Olivier Aumard, Joachim Barbier, Marc Beaugé, Grégoire Belhoste, Pierre-Philippe Berson, Vincent Berthe, Barnabé Binctin, Thomas Bohbot, Ronan Boscher, Brice Bossavie, Robin Bouctot, Ana Boyrie, Maxime Brigand, Axel Cadieux, David Alexander Cassan, Maxime Chamoux, Jean-Vic Chapus, Hélène Coutard, Simon Capelli-Welter, Théo Denmat, Pauline Ducousso, Julien Duez, Lucas Duvernet‑Coppola, Mathias Edwards, Nicolas Fresco, Romuald Gadegbeku, Christophe Gleizes, Alexandre Gonzalez, Sylvain Gouverneur, Marc Hervez, Arthur Jeanne, Nicolas Kssis‑Martov, Maëlys Kapita, Pauline Lallement, Iris Lambert, Victor Le Grand, Agnès Nabat, Raphaël Malkin, Anthony Mansuy, Maxime Marchon, Pierre Maturana, Antoine Mestres, Maktoum Nhari, Matthieu Pécot, Javier Prieto Santos, Anaïs Renevier, Vincent Riou, Léo Ruiz, Sophie Tardy‑Joubert, Chloé Tridera Photographes Paul Arnaud, Rémy Artiges, Renaud Bouchez, Louis Canadas, Ignacio Coló, Frankie & Nikki, Michelle Groskopf, Naomi Harris, Samuel Kirszenbaum, Roger Kisby, Stéphane Lagoutte, Yohanne Lamoulère, Julien Lienard, Theo McInnes, Julien Mignot, Iorgis Matyassy, Brian Reynaud, Théophile Trossat Illustrateurs Simon Bailly, Ugo Bienvenu, Hector de la Vallée, Thomas Gaudinet, Lucas Harari, Iris Hatzfeld, Pierre La Police, Paul Lacolley, Marie Larrivé, Raphaelle Macaron, Maxime Mouysset, Aline Zalko Stagiaires Joseph Briat et Victor Jezequel ADMINISTRATION Président et directeur de la publication Franck Annese Actionnaires principaux Franck Annese, Pierre-Antoine Capton, Édouard Cissé, Patrice Haddad, Stéphane Régy, Serge Papin, François Saugier Directeur général Éric Karnbauer Directeur du développement Brieux Férot Directeur administratif et financier Baptiste Lambert avec Michaël Simsolo Comptable François Natali Syndication publishing@sopress.net Diffusion BO Conseil / Otto Borscha 09 67 32 09 34 - oborscha@boconseilame.fr PUBLICITÉ H3 média 15 rue du Ruisseau 75018 Paris 01 43 35 82 65 E-mail: prenom.nom@sopress.com Directeur Guillaume Pontoire Directeur de publicité Jean-Marie Blanc Cheffes de projet Olivia Boulnois, Angie Duchesne Abonnés à vie Vincent Cambon, Arielle Castellan, Antoine Garrec, Yann Guérin, Christophe Kuhbier, Claude Leblanc, Erwan Maliverney, Yabon, Michel Werthenschlag ISSN: 2426-5780 Commission paritaire n˚CPPAP: 0425D92677 Imprimé par Léonce Deprez; Distribution MLP Copyright SOCIETY. Tous droits de reproduction réservés. L’envoi de tout texte, photo ou document implique l’acceptation par l’auteur de leur libre publication dans la revue. La rédaction ne peut pas être tenue responsable de la perte ou de la détérioration de textes ou photos qui lui sont adressés pour appréciation. Papier intérieur: origine Allemagne. Taux de fibres recyclées: 100%. P(tot): 0.001 kg/t. Papier couverture: origine Belgique. Taux de fibres recyclées: 0%. P(tot): 0.019 kg/t. Couverture d’après Boby – Renaud Bouchez Offres d’abonnement page 78 6 Society SOMMAIRE Côme Ranjard 10. La nouvelle sensation “chanson française” a réponse à tout. L’incendie de Los Angeles 12. Le photographe Kevin Cooley est spécialisé dans les photos de feu. C’était avant que sa maison parte en flammes. Thomas Ramos 16. L’arrière du XV de France raconte les cinq matchs de rugby qui ont marqué sa vie. BOBY – RENAUD BOUCHEZ À fond les ballons 20. Curiosité: au Brésil existent des gens dont la passion est de lancer dans le ciel des ballons en papier gigantesques. Une communauté suffisamment grosse pour mettre la police sur les dents. Géolocalisation 22. De plus en plus de couples choisissent de se mettre en mode “géolocalisation partagée”. Bonne ou mauvaise idée? Jamel Debbouze 26. Cette année, Jamel aura 50 ans. Déjà? Déjà. L’occasion de revisiter avec lui une carrière qui aura vu l’humour, la télé et la France changer du tout au tout. Sur la trace de l’or illégal 34. De la jungle amazonienne aux coffres-forts suisses, on a remonté la piste des pépites d’or extraites hors de tout cadre légal. Theodora 42. Un pari: à la fin de cet article, vous vous mettrez à danser. THE ONE HAND & THE SIX FINGERS RAM V DAN WATTERS LAURENCE CAMPBELL SUMIT KUMAR DEUX POINTS DE VUE : LE TUEUR, L’ENQUÊTEUR 1 CRIME Entre BLADE RUNNER et BLACK MIRROR, un jeu du chat et la souris grandeur nature, où chacun est prêt à tout pour percer les secrets de cette affaire. Une mini-série en 5 tomes à découvrir chaque mois en librairie COPYRIGHT © 2025 RAM V, DAN WATTERS, LAURENCE CAMPBELL, SUMIT KUMAR & LEE LOUGHRIDGE WWW.URBAN-COMICS.COM Les premières pages à lire ici TOME 1 DISPONIBLE EN LIBRAIRIE TOME 2 DISPONIBLE LE 28 FÉVRIER 2025 NOUVEAU 7,90€ EVGENY MAKAROV 8 Charlie Dalin 68. Le tout juste vainqueur du Vendée Globe a des fourmis dans les jambes, mais il s’est rassis deux heures pour nous raconter son aventure. Amerighana 74. Quinze mille Africains-Américains vivent déjà au Ghana. Un chiffre qui devrait sacrément augmenter avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. 100 bonnes raisons… 82. …de faire un deal. Et pas seulement pour le plaisir de parler l’américain. Society SOMMAIRE Svalbard, la guerre la plus froide 50. Autrefois cordiales, les relations entre les communautés norvégienne et russe, qui coexistent sur l’archipel arctique, se sont nettement tendues depuis la guerre en Ukraine. La preuve en photos. La rue et le feu 58. Drame à Lyon, où une personne est morte dans l’incendie d’un squat. Une tragédie qui révèle les conditions du mal-logement dans la capitale des Gaules. Confessions d’un chef de gang 62. On l’appelle “El Chikano” et en Équateur, pays gangrené par les gangs, il est l’un des hauts gradés des Latin Kings. Society a recueilli son témoignage. En semaine, passé 19h, les réunions de travail cèdent leur place au sacro-saint afterwork. Comment cet événement officieux, sas de décompression et fédérateur des équipes, est-il devenu un incontournable des entreprises? Comment se manifeste-t-il à l’étranger? Retour sur quatre exemples d’afterwork, dont celui imaginé par l’artiste NICK DOYLE et installé à la galerie Perrotin: le kink bar à ressources humaines. MÉTRO -BOULOT -APÉRO Installation Human Resources à découvrir dans l’exposition “Business, Pleasure, Pressure, Release” de Nick Doyle, du 1er février au 8 mars à la galerie Perrotin. Du mardi au samedi, de 10h à 18h. perrotin.com/fr 9 Publicommuniqué ← NICK DOYLE ET LE BAR À RESSOURCES HUMAINES Pour échapper aux pressions du capitalisme et aux comportements abusifs des patrons, rendez-vous à l’heure de l’afterwork au “bar à ressources humaines”, où le plaisir prime sur le reste. En bref, un accueillant kink bar d’entreprise inspiré des kink clubs (clubs coquins) de Tokyo et imaginé par Nick Doyle comme un espace de libération et de fantaisie pour relâcher la pression du travail. Libre à chacun(e) de participer aux curieuses et intimes activités proposées dans ce cadre de respect et d’absence de jugement. Au programme: se faire menotter au bar, siroter un cocktail de “sang”, de “sueur” ou de “larmes”, s’insérer dans une box pour se faire photographier en Polaroïd, faire tourner la roue pour gagner l’une des 72 cartes flash de paraphilie (pratique sexuelle dite anormale), ou même acheter un slip ayant été porté par l’artiste. Pourquoi pas? Pour échapper à l’asservissement du travail, l’homme inventa les afterworks, ces réunions informelles à mi‑chemin entre la vie pro et la vie privée et très appréciées pour créer du lien avec Isabelle du service vente ou Patrick de la compta. Reste que les pratiques divergent drôlement selon les pays. JAPON Intégration d’un(e) nouveau(elle) collègue ou départ d’un(e) désormais ancien(ne), Nouvel An… Au pays du Soleil‑Levant, les occasions ne manquent pas pour organiser un nomikai, littéralement “rassemblement pour boire”, véritable institution dans les entreprises. Après une journée de labeur, les salariés se donnent rendez-vous dans les izakayas (bars à tapas décontractés) pour partager une bière ou quelques gorgées de saké. Plus qu’une manière de fédérer l’équipe, le nomikai est un moment crucial de décompression pour les Japonais, qui donnent une valeur capitale au travail. C’est notamment le moment où l’on peut exprimer son honne (ce que l’on pense vraiment). ROYAUME-UNI Au début des années 2000, des travailleurs en mal de sorties en semaine commencent à se réunir de manière informelle après le travail dans des pubs. Vingt-cinq ans plus tard, l’afterwork fait partie intégrante de la culture anglaise. En semaine, dès 19h, les pubs grouillent d’employés de bureau et patrons aux cravates flottantes et cols de chemise déboutonnés. Pendant qu’un groupe de rock joue une énième reprise de U2, on discute des derniers contrats signés, comme du prochain match d’Arsenal ou du concert d’Ed Sheeran, tout en partageant une pinte de Guinness bien fraîche. Parfois, les plus joueurs challengent leurs collègues aux fléchettes, au babyfoot ou au billard. Et il n’est pas rare de voir débarquer son boss en gueule de bois le lendemain matin au bureau. ALLEMAGNE, PAYS-BAS ET FINLANDE C’est bel et bien dans les pays du Nord de l’Europe que l’on trouve les coutumes d’afterwork les plus étonnantes. Faire des affaires nu(e) comme un ver sur un banc de sauna avec son/sa chef(fe) n’a rien de surprenant chez nos voisins. Et ce, même dès ses premiers jours dans une entreprise. Une tradition valorisée par Tommi Uitto, président des réseaux mobiles chez Nokia, qui expliquait en 2016 à la BBC que dans ces lieux, “il n’y a pas de titres, pas de vêtements, pas d’ego. Il n’y a que vous, vos pensées et vos mots, et la même chose s’applique à l’autre personne”. 10 Society ACTUPUNCTURE 1. Pensant que TikTok allait être définitivement interdit aux ÉtatsUnis, de nombreux influenceurs américains ont révélé de gros secrets sur eux-mêmes. L’application a finalement été de nouveau autorisée quelques heures plus tard. Allez, vous pouvez bien nous avouer un petit secret que vous regretterez un peu mais pas trop dans quelques heures! Quand je suis sous la douche, j’ai littéralement toujours la main gauche posée sur le cœur. Pourquoi? 5. Le joueur de foot Erling Haaland a signé un nouveau contrat l’engageant avec son club de Manchester City jusqu’en 2034, un record en Premier League. Et vous, c’est quoi le contrat le plus solide que vous ayez signé jusqu’ici? Avec le Pesto Genovese Barilla. – NICOLAS FRESCO / PHOTOS: RENAUD BOUCHEZ POUR SOCIETY Écouter: Popcorn (du label Vietnam, propriété du groupe So Press). En concert le 12 février au Hasard ludique, à Paris 4. Une Américaine de 25 ans a gagné 500000 dollars grâce à un jeu à gratter offert par son cousin lors d’un Secret Santa. Franchement, ça vous donne vraiment envie de continuer à offrir des ‘gratte-gratte’ à vos proches? Pour de faux, si ça avait été moi, j’aurais tué la cousine et récupéré les 500000, juste pour mettre du pain sur la planche des frères Coen. En réalité, je ne pratique pas du tout le don de ‘gratte‑gratte’. 2. Après le Dry January, une nouvelle tendance est apparue sur les réseaux sociaux: le No-Buy January, consistant à ne pas faire de dépenses superflues pendant tout le mois de janvier. Et vous, vous nous avez inventé quoi comme concept pour ce January 2025? Le Human January: deux repas par jour, dormir la nuit et vivre la journée, se souvenir que l’eau existe. Je trouve ce concept de plus en plus attirant, du moins j’essaie. 3. La douane française rapporte que 2024 a été une année record en matière de saisie de ‘miel érectile’, un produit importé et vendu illégalement. C’est une expression qu’on a déjà utilisée pour qualifier votre musique, ça, ‘miel érectile’? ‘Miel’ non, jamais. Mais ‘érectile’, oh oui. Cinqquestions pointues surl’actuà… Côme Ranjard musicien TÉLEX. 8,85 km/h. C’est la vitesse moyenne d’un bus à Paris en heure de pointe en mars 2024. …Le docteur en philosophie Stéphane Floccari a déclaré au micro de France Culture que Nietzsche aurait probablement été réticent au côté “tendance” du Dry January. 12 Society Le photographe Kevin Cooley gagne sa vie en parcourant le monde à la recherche de feux à immortaliser. Cette fois, ce sont les flammes qui sont venues le trouver chez lui, à Los Angeles. Il raconte. TÉLEX. Des images de vidéosurveillance montrant Lady Gaga faire la queue pour un burger dans un fast-food sont devenue virales. …Les pompiers de Ploërmel ont été sacrés “champions de France du plus beau calendrier”, nous apprend 20 minutes. où plusieurs zones d’habitation sont en cours d’évacuation. Le lendemain, aux premières lueurs de l’aube, alors que le danger est tout proche, le photographe décide lui aussi de quitter son domicile. Il dépose sa femme et leur enfant en lieu sûr à quelques kilomètres de là, puis retourne sur place, armé de son appareil. Le temps qu’il revienne, son duplex est déjà en feu. Cooley tente de lutter contre le Eaton Fire avec un tuyau d’arrosage, mais doit abdiquer lorsqu’il réalise que sa voiture commence à être encerclée par les flammes. “J’ai compris que j’allais mourir si je ne partais pas”, raconte-t-il aujourd’hui. La suite est celle d’un homme qui fait de son mieux pour rester “en mode travail” tandis que son lieu de vie et ceux de ses amis partent en fumée autour de lui, maison après maison, bloc après bloc. “Une destruction totale, soupire Kevin Cooley. J’ai fait le tour d’Altadena, et vers midi, j’étais tellement épuisé par tout ce que je voyais que je suis parti. Il est important de documenter tout ça, mais cette fois, je n’ai pas l’impression d’être celui qui doit s’en charger.” Kevin Cooley a longtemps été celui qui montait en première ligne, tout près du feu. Une affaire de famille, peut-être. Il y a plus de 60 ans, en novembre 1961, son grand‑père et sa mère ont dit adieu à leur maison lors du Bel Air Fire. Le photographe n’était pas encore né, mais il a entendu sa mère en parler comme d’un moment décisif de sa vie, comme s’il y avait eu un avant et un après. Lorsqu’il emménage à son tour des années plus tard à Los Angeles avec sa femme, Kevin Cooley sait donc déjà que les feux sont indissociables de la Californie. Début septembre 2017, une semaine après avoir acheté une maison au nord de la ville, il en fait l’expérience: le La Tuna Fire avance jusqu’à une centaine de mètres de la demeure et menace de n’en faire qu’une bouchée. Épargné pour cette fois, le couple revend son logement et s’installe dans le sud d’Altadena, dans un endroit supposément sûr, selon la carte des zones à risque. Professionnellement, Kevin Cooley fait le mouvement inverse: il se rapproche des incendies et décide désormais qu’il les documentera dès que possible. Un an plus tard, le voici donc aux premières loges du Woolsey Fire, qui provoque l’évacuation de presque 300 000 personnes en Californie. Missionné par le New York Times, il pénètre dans le jardin d’une villa avec vue L’ÉPREUVE DU FEU D’ ordinaire, au milieu de la nature verdoyante et des bungalows amorphes, les matinées sont douces sur les hauteurs de Los Angeles. Mais le mardi 7 janvier dernier, lorsqu’il retourne chez lui vers 7h après son cours de yoga, Kevin Cooley sait déjà que sa journée sera longue. L’électricité a été coupée et des bourrasques de vent déferlent autour du duplex qu’il habite avec sa femme et leur garçon de 10 ans, au croisement d’El Molino Avenue et de Morada Place, dans le quartier d’Altadena. Kevin Cooley connaît ce genre de jours étranges, propices aux feux de forêt californiens: il les documente depuis de nombreuses années en tant que photoreporter. Alors quand un incendie se déclenche en fin de matinée à une quarantaine de kilomètres de chez lui, dans le quartier cossu de Pacific Palisades, Kevin Cooley saute dans sa voiture, direction ce qui ressemble désormais à une “zone de guerre”. Des demeures à plusieurs millions de dollars brûlent sous ses yeux dans un brasier terrifiant et il appuie sur le déclencheur, sans relâche. Jusqu’à ce que sa femme l’avertisse vers 18h30 qu’un autre feu vient de se déclencher, non loin de leur appartement. Retour immédiat à Altadena, REA / KEVIN COOLEY (REDUX) Society 13 TÉLEX. Un spectateur de TPMP fait irruption sur le plateau et se rue vers Cyril Hanouna, lançant à gorge déployée: “Cyril, je t’aime!” …Tahlequah, l’orque qui avait porté pendant des jours son bébé mort en 2018, est à nouveau en deuil. imprenable sur la vallée de San Fernando afin d’immortaliser le panorama apocalyptique qui s’étend sous ses yeux. Au premier plan, une piscine idyllique à l’eau translucide, dominée par un palmier, digne d’un tableau de David Hockney. Au second, une longue cicatrice de feu qui balafre la vallée et la plonge dans un bain de fumée noire comme le charbon. La fin du monde et le rêve américain, dans une même photo. Lemagiciendelacrainte Le matin du 7 janvier dernier, avant que les feux ne déboulent, Kevin Cooley peaufinait les préparatifs du lancement de son nouveau livre, initialement prévu pour le samedi suivant. Baptisé The Wizard of Awe (“Le Magicien de la crainte”, en français), cet ouvrage illustre une autre facette de son rapport au feu. Après avoir vu les fumées noires et blanches s’échapper de la cheminée située sur le toit de la chapelle Sixtine à Rome à la suite de la démission du pape Benoît XVI en 2013, Kevin Cooley s’est pris de passion pour la pyrotechnie, et a tenté de reproduire ces mêmes fumées dans son studio. Cette recherche autour des “feux contrôlés” l’a amené à croiser la route d’un certain Ken Miller, connu des férus de pyrotechnie pour son expertise et son talent. Kevin Cooley s’est rendu chez ce dernier, dans le Minnesota, afin de documenter sa passion dévorante pour le feu. Miller, qui venait d’être libéré après avoir passé près de deux ans derrière les barreaux pour avoir fabriqué, vendu et transporté des matières explosives hautement combustibles, devait se rendre au lancement du beau livre qui lui est consacré. Les feux de Los Angeles en ont décidé autrement. Quant aux Cooley, rien ne dit non plus qu’ils reverront la Californie. Choqué, le couple songe désormais à quitter pour de bon Los Angeles, une ville construite dans le désert, une “oasis” qui n’existe que “grâce à l’ingéniosité de construire au-delà de ce qui est naturellement présent”. Lors des derniers incendies, le photographe a été marqué par la pénétration des flammes au cœur de la ville, brûlant plus de zones urbaines que n’importe quel autre feu dans l’État depuis au moins le milieu des années 1980. Kevin Cooley garde en tête –et dans son appareil photo– des images marquantes de ces journées éprouvantes, comme ce bout du légendaire Sunset Boulevard où gisaient des voitures abandonnées, écrasées les unes contre les autres par un bulldozer de trois étages chargé de dégager le passage pour les pompiers. Ou bien cette voiture calcinée, entourée de dix mètres d’asphalte de chaque côté, sans aucun arbre autour. Il y a tout de même quelques motifs de satisfaction dans la catastrophe. Au moment de quitter les lieux, sa femme a tiré de leur coffre-fort la Rolex Day-Date en or de son grand-père maternel, celui qui a perdu son foyer dans le feu au siècle dernier. “C’est la même que porte Tony Soprano dans la série”, s’amuse Cooley. Le photographe ne s’était jamais senti vraiment à l’aise avec au poignet un objet aussi clinquant. Mais l’épreuve qu’il vient de traverser l’a fait réfléchir. “Je me dis maintenant que c’est la montre de mon grand-père et cela crée un nouveau lien avec lui. C’est comme un rite de passage. Un cruel rite de passage.” – GRÉGOIRE BELHOSTE Cooley lutte contre le Eaton Fire avec un tuyau d’arrosage, puis abdique lorsque sa voiture se trouve encerclée par les flammes. “J’allais mourir si je ne partais pas” Le Woolsey Fire, par Kevin Cooley pour le New York Times, en 2018. KAVA, ÇA VIENT Relaxant et convivial selon ses adeptes; amer, terne et affreusement terreux pour les autres; généralement bu cul sec dans une demi-noix de coco évidée pour moins d’un euro: le kava est l’une des boissons les plus prisées de NouvelleCalédonie. Alors que les mesures de restriction concernant la vente d’alcool sur l’archipel, en place depuis le 14 mai 2024, s’éternisent, la décoction, consommée aux quatre coins du Pacifique pour ses vertus anxiolytiques mais interdite en métropole pour ses potentiels risques hépatotoxiques, revient au goût du jour. Et cela soulève des inquiétudes concernant ses usages, notamment chez les jeunes Kanak: association avec du cannabis, des médicaments ou de l’alcool, surdosage, etc. Historiquement, la consommation du kava s’inscrit dans des rituels très cérémonieux. Elle se faisait dans les nakamals, des lieux de réunion communautaires pour les hommes du village. Mais si vous traversez les océans, vous pourrez aujourd’hui en siroter au Purple Lotus Kava Bar de Miami, au Mystic Water Kava Bar & Yoga Studio de Huntington Beach ou au Brooklyn Kava pour la bagatelle de cinq dollars. Depuis qu’un Français, un certain Laurent Olivier, a importé pour la première fois les racines à partir desquelles est fabriqué le kava aux États-Unis en 2002 –et ouvert son bar, le Nakava, en Floride, les établissements consacrés à la boisson fleurissent en effet à travers le pays de Donald Trump. Décrit par le New York Times comme un “xanax naturel”, il trouve désormais sa place auprès des thés matcha et autres boissons sans calorie dans les rayons de Walmart, entre les armes à feu et les bouteilles de jus de cinq litres. – JOSEPH BRIAT ET VICTOR JEZEQUEL 14 Society HEALING HERBAL – L’ÉTIQUETTE TÉLEX. À la Teste-de-Buch, les sapins de Noël sont recyclés en brise-vent pour limiter l’érosion côtière et le recul des dunes. … Éliminée de l’Open d’Australie, Arina Rodionova a annoncé dans une vidéo divorcer de son compagnon et se lancer sur OnlyFans. Lapassionentêtantede LUCIENPAGÈS, COMMUNICANT DELAMODE Les flacons de parfum géants “Le Mâle de Jean Paul Gaultier, c’est le plus gros que j’aie. C’est un outil de démonstration. Il y a eu une période –Angel de Thierry Mugler a été le premier à faire ça– où dans un but écologique, il y avait des fontaines à parfum dans les parfumeries; on n’achetait la très belle bouteille qu’une fois, et ensuite, on allait la recharger. Je crois que c’est ça, parce qu’il a clairement un système pour qu’on appuie sur le haut. Tous les autres, c’est vraiment des factices. J’aime le côté toc. J’aime qu’ils ne soient pas sérieux, qu’ils soient kitsch, je les trouve plus émouvants comme ça. Il y a des gens qui collectionnent les très belles bouteilles, mais mon obsession n’est pas la beauté de l’objet. Mon obsession, c’est le symbole. J’ai un Jitrois que j’adore parce que j’ai travaillé pour Charlotte Gainsbourg quand elle a ouvert la Maison Gainsbourg, et bizarrement, chez Serge, il y avait plein de parfums et de poudriers Saint-Laurent. Dans la fameuse salle de bains, qui est comme un bateau, tout en bois avec le lustre qui tombe assez bas, il y avait ce parfum Jitrois dans un coin. C’est comme un flacon pris dans de la glace. Je l’ai trouvé en version géante. J’étais aux anges.” – NOÉMIE PENNACINO Écoutez le podcast Passion Passions de Society, sur toutes les plateformes. “Une célébration de la nature et des quatre saisons du cycle de la vie ” Le Monde “Un élégant ballet graphique et musical ” La Terrasse 2025 DU 5 AU 15 FÉVRIER LES SAISONS malandain I guido • vivaldi SPECTACLE CHORÉGRAPHIÉ PAR THIERRY MALANDAIN DE LA COMPAGNIE MALANDAIN BALLET BIARRITZ Licence n° PLATESV-D-2021-004320 - Photo : © Olivier Houeix - Design : agence-manny.com Soutenu par Soutenu par Soutenu par Soutenu par Soutenu par INFOS & RÉSERVATIONS LE13EMEART.COM 01 48 28 53 53 30 PLACE D’ITALIE 75013 PARIS Le théâtre de la place d’Italie
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