SOCIETY n°259 - Page 3 - 259 #FREE GLEIZES LA FAMILLE DE CHRISTOPHE GLEIZES LES TUEURS 6 ABONNEMENT Responsables abonnement Vincent Ruellan et Louise Besse Contact: abonnement@society-magazine.fr Téléchargez l’appli So Press. Et plus vite que ça. lire.sopress.net SOCIETY, édité par SO PRESS, S.A.S au capital de 543 344 euros. 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Entre 1971 et 1972, l’Argentin, alors âgé de 19 ans, tuait onze personnes, sans mobile apparent. Il ne s’en est jamais repenti depuis, mais a accepté de s’expliquer. Rencontre. Le serial street shooter 28. Phoenix, Arizona, 2017. Un homme se promène en voiture dans la ville, et tire au hasard sur les gens. Résultat: sept morts (plus deux autres, deux ans auparavant), plusieurs blessés, beaucoup de questions. Charles Manson 38. Il était le symbole du mal, il le savait et il en jouait. Quelques mois avant sa mort, en détention, Society s’était entretenu avec l’instigateur des meurtres de Sharon Tate et ses amis. Monique Olivier 44. Elle l’appelait “mon fauve”. Monique Olivier a été l’épouse et la complice de Michel Fourniret. Comment en est‑elle arrivée là? SPÉCIAL SERIAL KILLERS 8 SOMMAIRE PARTIE 2 Les enquêteurs Sur les traces de Jack l’Éventreur 56. On les appelle les “ripperologues”, en référence à “Jack the Ripper”. Ils constituent la communauté des gens qui cherchent à identifier le plus célèbre tueur en série de l’histoire. Et s’ils l’avaient trouvé? Michelle McNamara contre le Golden State Killer 62. Cette apprentie détective a passé sa vie à essayer de coincer le tueur californien. Elle est décédée avant, mais l’histoire lui a donné raison. Face à Michel Fourniret 68. Juges, avocats, psychologues, ils ont fait face au tueur en série des Ardennes. Et n’en sont pas sortis indemnes. Ils racontent. L’homme qui a fait craquer Francis Heaulme 82. “Ça ne me quittera jamais”, dit-il. Et pour cause: Jean-François Abgrall, policier breton, est celui qui a mis fin au parcours meurtrier du “routard du crime”. Darren Versiga 88. On dirait un film: l’histoire d’un petit flic du Mississippi dont la trajectoire rencontre celle d’un des pires tueurs en série de l'histoire –Samuel Little, qui a avoué plus de 90 meurtres. 100 bonnes raisons… 98. …de bien dormir quand même. SPÉCIAL SERIAL KILLERS 10 Au quotidien, prenez les transports en commun #SeDéplacerMoinsPolluer *Donnez vie à vos rêves. Plus piquante que jamais. La gamme Hornet est au complet avec, à sa tête, une reine au piquant indéniable. Propulsée par un moteur 4 cylindres emprunté à la Fireblade, la nouvelle CB1000 Hornet SP est conçue pour fouler le bitume avec une puissance inégalée dans sa catégorie. Sa partie-cycle comprenant une fourche inversée Showa SFF-BP réglable de 41 mm et un monoamortisseur Öhlins® TTX36 avec système Pro-Link lui assure précision et réactivité. Quant à son double projecteur à LED au regard perçant, il souligne son style à la fois dynamique et épuré. Aussi performante que sophistiquée, la CB1000 Hornet SP s’offre un écran TFT couleur 5’’ et le système de connectivité Honda RoadSync. La reine est prête à prendre son envol. The Power of Dreams.* L a figure du serial killer est très répandue dans la littérature, le cinéma, les séries. Comment expliquez-vous la fascination de notre société pour ces tueurs? La plupart des gens sont fascinés par le côté spectaculaire. Ils ont lu des livres sur le sujet ou ont regardé des films, et ensuite, ils essayent d’avoir le plus d’informations possible pour comprendre l’incompréhensible. Dans une société de plus en plus normée, cette pulsion de mort intrigue naturellement. Le problème, c’est que la plupart des films ou séries qui traitent des serial killers reposent sur des stéréotypes. Les tueurs sont souvent présentés comme des hommes reclus, solitaires ou abusés par un être dominant, alors que beaucoup sont en réalité en interaction avec la société. Certaines personnes s’identifient davantage aux victimes, car elles ont elles-mêmes subi un traumatisme ou ont connu une situation similaire avec leurs proches. Et enfin, il y a ceux qui se projettent dans la peau de ces tueurs pour assouvir leur besoin de domination. Ils les admirent comme on admire un personnage historique sanguinaire ou un footballeur. Chaque spécialiste a sa propre définition d’un serial killer. Quelle est la vôtre? Elle est relativement simple. À mes yeux, un individu qui tue plus de quatre personnes sur une période de plusieurs semaines ou mois est considéré comme un serial killer. Certains de mes confrères considèrent que l’on devient un tueur en série à partir de deux meurtres; je trouve cet indicateur trop faible, pas assez étayé. Quant au schéma, on observe que la plupart des serial killers répondent à des pulsions sexuelles pour combler un plaisir physique ou psychologique. Surtout, ils veulent contrôler, dominer autrui. La plupart tuent pour prendre le pouvoir. En avril 2018, Joseph James DeAngelo était arrêté à l’âge de 72 ans. Il avait perpétré huit meurtres, puis s’était soudainement arrêté, ne faisant plus de victimes pendant plus de 30 ans. Les serial killers peuvent donc arrêter de tuer? Bien sûr. Certains parce qu’ils sont pris sur le vif, d’autres d’eux‑mêmes. Pour les premiers, qui se font arrêter, on a les chiffres des prisons. Pour les seconds, on n’a pas de chiffres exacts, mais c’est une part non négligeable… Quelle est la raison principale de cet arrêt volontaire? Une stabilité nouvelle dans la vie du tueur. Prenons l’exemple de Dennis Rader. Entre 1974 et 1991, il a assassiné une dizaine de personnes dans les environs de Wichita, dans le Kansas. Il s’était surnommé ‘BTK Killer’ en raison de son modus operandi: “bind, torture and kill” (“ligoter, torturer et tuer”, ndlr). Au début des années 1990, il a soudainement arrêté de tuer. On a compris plus tard que c’était parce qu’il avait trouvé un emploi. Il avait été embauché à la mairie de Park City. Cette nouvelle position sociale s’est substituée à sa pulsion meurtrière. Ce métier lui a donné un nouveau pouvoir sur les autres et une nouvelle manière d’exercer un contrôle sur des gens. Grâce à cela, il ne ressentait plus le besoin de tuer.•MANON MICHEL, PUBLIÉ DANS SOCIETY HORS‑SÉRIE N°10, JUILLET 2019 PSYCHO KILLER: QU’EST -CE QUE C’EST? Mais pourquoi fascinent‑ils autant les scénaristes et le public? James Alan Fox, professeur de criminologie à l’université du Nord-Est de Boston, s’est penché sur la figure du tueur en série. GETTY / BETTMANN GETTY / BETTMANN Ed Kemper, l’un des plus célèbres tueurs en série américains, accusé de dix meurtres, dont celui de sa propre mère. Il a été condamné en 1973 à la prison à perpétuité. SPÉCIAL SERIAL KILLERS 12 L’ÉNIGME DA HMER Que deviennent nos anciens camarades de classe? Certains finissent médecins, d’autres profs, d’autres encore ouvriers. Et≈parfois, il arrive que l’un d’entre eux finisse serial killer. Tel est le vertige que raconte Mon ami Dahmer, du dessinateur Derf Backderf. est possiblement l’une des phrases les plus terrifiantes jamais prononcées de ce côté‑ci de l’humanité. “Quand j’étais gamin, j’étais comme tout le monde.” Terrifiante parce que dite par Jeffrey Dahmer, le type qui, entre 1978 et 1991, viola, assassina, démembra et mangea 17 jeunes hommes dans les recoins du Midwest, aux États‑Unis, avant d’être tué à son tour en 1994, battu à mort en prison par un autre détenu avec une barre d’haltères. Les tueurs en série auraient donc d’abord été des gamins comme les autres? Et si oui, alors: qu’est-ce qui a foiré? Et quand? Et pourquoi? Ces questions, sur lesquelles viennent depuis toujours buter policiers, juges, chercheurs, journalistes, cinéastes, artistes, écrivains, psychologues, l’auteur de bande dessinée Derf Backderf s’y est frotté lui aussi. C’était en 2012, plusieurs années après les crimes de Dahmer et une décennie avant que Netflix ne les transforme en bonbon de pop culture malsaine. Il a appelé cela Mon ami Dahmer. “Dahmer”, pour situer le sujet. “Ami”, pour lui redonner une humanité. Et “Mon”, pour dire que lui aussi a tenu, à sa modeste mesure, un rôle dans l’histoire. Derf Backderf était au collège et au lycée avec Jeffrey Dahmer. Cela se passait à Richfield, petite localité de l’Ohio, au début des années 1970: des jeans pattes d’eph’ et des cheveux longs, des voitures basses et des canettes de bière, des amplis à lampes et de l’ennui. Dans ce tableau dessiné par Backderf, Dahmer n’est, au départ, qu’un jeune gars un peu plus étrange et solitaire que la moyenne. Puis, à mesure que les années avancent, il devient plus que ça: une étrangeté. Ses camarades de classe le moquent, l’asticotent, le harcèlent. Cela n’alerte pas ses professeurs, ni la direction du lycée, ni les services sociaux, qui ne voient rien. Ses parents, des gens bien sous tous rapports, sont trop occupés à divorcer pour le regarder eux aussi. Et peu à peu, Jeffrey Dahmer s’enfonce dans l’abîme. Il devient le freak officiel du coin. Il se met à boire. Il est une blague, puis une blague glaçante, puis rien d’autre que la banquise elle-même. Enfants perdus De telle sorte que Mon ami Dahmer retourne le miroir pour poser la question de la responsabilité collective: oui, Jeffrey Dahmer était peut-être un psychopathe depuis le début. Peut-être. Mais peut‑être n’était-il aussi qu’un jeune garçon mal dans sa peau qui aurait pu tourner autrement si seulement quelqu’un lui avait manifesté de l’intérêt ou témoigné un peu d’amour. On peut dézoomer encore: est-ce vraiment un hasard si l’Amérique a donné naissance à tant de serial killers? Ou n’existe‑t-il pas, dans les valeurs de ce pays, quelque chose de profondément vicié qui permet leur éclosion? C’est, au fond, le grand sujet de l’œuvre de Derf Backderf: comment les États-Unis, obnubilés par l’individualisme, la course à la réussite et les apparences, laisse ses enfants grandir hors champ, livrés à eux-mêmes, de génération en génération. Dans Punk rock et mobile homes, paru en 2010, il racontait la face joyeuse de ce drame national: ignorés par leurs parents et leurs profs, des adolescents de la classe ouvrière trouvaient une échappatoire et un sens à leur vie dans le punk. C’était en partie autobiographique. Mon ami Dahmer –comme plus récemment Kent State, qui reconstitue ce 4 mai 1970 où, encore dans l’Ohio, la garde nationale ouvrit le feu sur des manifestants anti‑guerre du Vietnam, faisant quatre morts– en explore la face sombre et violente. Cela n’amène pas que des amis au dessinateur. Lorsque Mon ami Dahmer était paru, un ancien camarade de lycée était venu déverser sa bile sur Backderf en ligne. “Un petit con qui faisait partie des harceleurs de Dahmer”, dit l’auteur. Monsieur Tout-le-Monde?•STÉPHANE RÉGY DERF BACKDERF DERF BACKDERF SPÉCIAL SERIAL KILLERS 14 UE LES T T U U LES TUEURS 16 RS U U 17 SPÉCIAL SERIAL KILLERS E E
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