TERRE DE VINS n°97 - Page 1 - 97 JUST BRANE L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION. Bordeaux big bang C ela fait seulement une petite vingtaine d’années que j’observe le vignoble bordelais, soit peu de temps à l’échelle de la filière, du cycle de la vigne, du potentiel de garde des vins et même de l’expérience de certains confrères, mais suffisamment de temps pour avoir compris ce qui distingue ce vaste vignoble de tous les autres. En dehors de ses qualités intrinsèques, c’est-à-dire ses terroirs exceptionnels – j’entends par là les combinaisons géologiques, climatiques et la longue histoire des savoir-faire à la vigne comme à la cave –, la puissance de Bordeaux, c’est le génie humain. Et le meilleur exemple, ce sont les primeurs. Ici, on a compris de longue date que l’union fait la force, que rien ne vaut le partage de la valeur. Ici, tous les étages de la fusée sont solidaires, non pas par grandeur d’âme, mais par réalisme ! Les primeurs de Bordeaux, c’est une organisation, une mécanique, une démonstration d’intelligence économique : on avance unis, combatifs et stratégiques. Alors qu’observe-t-on pour le fameux 2023 ? Décrié avant d’être goûté (cela devient une habitude) ! Un printemps un peu plus pluvieux (si on y regarde de plus près, ce n’est pas partout la règle pour ce millésime, loin de là), des températures vite jugées plus douces (même remarque), ou tout l’inverse, c’est égal, la mode est aux prédictions malheureuses et hâtives sur la qualité du millésime encore à l’état des premières feuilles. Ces vigies mal inspirées oublient l’essentiel : le duo résilience du végétal et expertise des vignerons constitue une réponse d’une efficacité impressionnante. Bien sûr, il ne faut pas faire d’angélisme, si forte pression cryptogamique il y a, y faire face demande des moyens importants, c’est le cas des châteaux qui animent la période des primeurs. Les vendanges ont donc été de belle qualité, avec quelques rarissimes cas de déficit quantitatif. Comme à l’accoutumée, le tri à l’entrée en cave a encore affiné la précision ainsi que les vinifications conduites ici par les meilleurs experts en la matière. Au final, on qualifie volontiers 2023 d’hétérogène. Pas tant que ça si on y regarde de près, surtout que, fait remarquable, le millésime est généreux en quantité, ce qui multiplie les possibles en termes d’assemblages : les premiers vins sont riches et structurés, les seconds y gagnent également. Que se passe-t-il sur les marchés ? C’est là toute la force du système bordelais : les prix de sortie affichent une baisse historique ! Ce sont évidemment les grands crus classés 1855 qui ont ouvert le bal et donné le ton avec un repli jusqu’à 40 %. Incroyable au vu de la qualité, cette aubaine pour l’acheteur final n’a qu’un seul objectif : relancer la circulation des vins de par le monde, reconquérir des marchés, faire de Bordeaux une belle affaire que l’on a envie d’acheter pour son plaisir mais aussi de conserver pour réaliser de confortables plus-values. En allégeant les investissements dans les incontournables étiquettes prestigieuses, on espère également libérer de la trésorerie pour susciter des achats de crus de moins grande renommée. Bordeaux connaît ses marchés, ses acheteurs, son économie, Bordeaux a observé le marasme, fait amende honorable sur les emballements passés et réagit comme un seul homme en frappant un grand coup ! SYLVIE TONNAIRE L’ÉDITO Abonnements, service lecteurs, vente des anciens numéros 05 45 94 16 35 (no non surtaxé) du lundi au vendredi de 8 h 12 h 30 et de 13 h 30 à 19 h abonnements@terredevins.com Terre de vins, magazine mensuel www.terredevins.com - redaction@terredevins.com Dénomination sociale Terre de vins SAS Forme juridique : SAS Capital social : 255 024 € Siège Social 23, quai des Queyries - 33094 Bordeaux Cedex Président de la SAS SAPESO SA représentée par son D.G. 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Terre de vins décline toute responsabilité pour les documents non sollicités qui lui sont confiés. Les manuscrits, insérés ou non, ne sont pas rendus. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Le vin doit être consommé avec modération. Imprimé sur du papier fabriqué en France, à partir de forêts durablement gérées, certifié PEFC 70 % - 14-38-00020, 0,27 % de fibres recyclées. PEFC/14-38-00020 3 ACTUALITÉS 24 I GOÛTEZ BORDEAUX La question est d’apparence simple – « C’est quoi le goût de Bordeaux ? » –, mais la réponse est heureusement multiple et complexe. Consultés, nos œnologues s’accordent à battre les préjugés en brèche et à louer l’excellence du bordeaux. 32 I MADAME L’AMBASSADRICE Bordeaux rayonne aujourd’hui sur les tables… nigérianes. Oui, oui ! Et c’est en partie grâce à la passion (et au lumineux sourire) d’une femme : Chinedu Rita Rosa. Avec détermination, cette négociante rapproche son Nigeria natal et son Bordelais d’adoption. 36 I BORDEAUX POUR LES NULS Unique au monde, la vente en primeurs de la « place » de Bordeaux est une mécanique parfaitement huilée, mais qui peut sembler bien mystérieuse aux néophytes. Lumière sur un système parfois critiqué, mais très souvent admiré. 50 I LES FAMILLES DU VIN Derrière les négociants qui font Bordeaux se cachent bien plus que de simples marchands. Ce sont autant des passeurs de rêves que des conteurs d’histoire. Des témoins précieux autant que des acteurs avisés. NOS DÉGUSTATIONS 56 I 2023, UN SACRÉ MILLÉSIME Chaque année, le même frisson, la même inquiétude : comment se porte le millésime ? Rassurez-vous, malgré quelques écueils, 2023 a chouchouté le vignoble bordelais, qui nous promet de très beaux flacons, riches en saveurs et en plaisirs. Nos dégustateurs vous les présentent en détail. ART DE VIVRE 128 I EN TOUTE DISCRÉTION On le sait, la grand-messe des primeurs dissimule parfois de plus petites célébrations. Légèrement à l’écart du tumulte de la « place », des propriétés plus discrètes donnent chaque année naissance à de remarquables cuvées. Démonstration en dix adresses, du côté de Pessac-Léognan (rive gauche) et de Castillon (rive droite). 144 I CUISINE OUVERTE Dans le vieux Bordeaux, le restaurant Frida apporte un brin de folie et de modernité, autant dans ses assiettes que dans sa déco, dans ses vins et dans ses cocktails, grâce à une équipe jeune et dynamique qui réveille définitivement la « Belle Endormie ». n° 97 I JUIN 2024 SOMMAIRE Ce numéro comporte un cahier spécial consacré à Vinea Transaction. Ont participé à ce numéro : Alain Benoît (Studio Deepix), Laura Bernaulte, Julia Bouchet, Jean-Michel Brouard, Jean-Charles Chapuzet, César Compadre, Jefferson Desport, Mathieu Doumenge, Philippe Geluck, Benoît Guenot, Angélique de Lencquesaing, Julien Morel, Lili Renée, Raphaël Reynier, Yves Tesson, Anne-Sophie Thérond. Photo couverture : Alain Benoît (Studio Deepix) pour « Terre de vins ». 24 32 50 56 128 144 Un terme vous échappe ? Retrouvez notre glossaire en ligne en scannant ce QR Code. 5 Pour découvrir la marque et l’ensemble de ses caves à vin, rendez-vous sur www.goguette.com MASTER CHAT par Philippe Geluck 7 COMMUNIQUÉ DIAM, un bouchon de choix ! Diam Bouchage incarne véritablement l’expression d’une nouvelle tradition de bouchage. Respectueuse du passé et résolument tournée vers l’avenir grâce à des bouchons en liège uniques, l’entreprise française se revendique comme l’authentique gardien des arômes. Le liège est un matériau naturel fantastique, plébiscité depuis toujours pour ses qualités élastiques. Il présente cependant plusieurs risques pour la bonne préservation du vin en bouteille : une possible contamination organoleptique et une hétérogénéité menant à des évolutions parfois trop lentes mais souvent trop rapides des vins. En 2004, Diam Bouchage révolutionne l’utilisation du bouchon de liège par des choix technologiques inédits. Son procédé DIAMANT® assure un nettoyage profond du liège grâce à l’utilisation du CO2 supercritique à pression différenciée. Une innovation dont la fiabilité incomparable résonne encore comme un bouleversement majeur dans le monde du vin. Depuis 20 ans, le goût de bouchon n’est plus une préoccupation ! Entreprise pionnière, devenue la référence, Diam Bouchage possède également un process de fabrication spécifique permettant de maitriser précisément les transferts d’oxygène de chaque bouchon tout en garantissant une homogénéité parfaite de bouteille à bouteille. « Tout, de la vigne au verre, est question de savoir-faire et de décisions. Bien au-delà d’un simple geste technique, il s’agit de faire du choix de bouchage un véritable acte œnologique. C’est une nouvelle tradition qui est maintenant ancrée chez nos clients, qui écrivent chaque jour dans leurs vignes, leurs caves et leurs chais des histoires singulières que nous accompagnons. » Dominique TOURNEIX, Directeur Général. Investie dans la recherche et l’innovation, Diam Bouchage s’inscrit dans une volonté de respecter l’élaboration authentique d’une cuvée, et imagine aux côtés des vignerons l’avenir des outils œnologiques pour contribuer à son échelle au plaisir des amateurs de vin. Photos : Oeneo / O.Poggianti / C.Deschamps / JC.Milhet Ceci est un Notre technologie unique et inégalée révolutionne depuis 20 ans l’élevage en bouteille et la garde des vins tranquilles et effervescents. Nous sommes les premiers et toujours les seuls, les authentiques gardiens des DU¶PHVƓHUVGHE¤WLUFKDTXHMRXUDX[F¶W«VGHVYLJQHURQVFHWWHQRXYHOOHWUDGLWLRQ Découvrez comment sur : www.diam-cork.com DIAM, la nouvelle tradition. bouchon L ’ A U T H E N T I Q UEGARDIEN D E S A R Ô M E S D EPUIS 20 AN S Primeurs :la parole aux invités d’honneur LUNDI 11 MARS 2024, À BORDEAUX, DE BON MATIN. NOS CINQ INVITÉS D’HONNEUR QUI VONT FIGURER SUR LA COUVERTURE DE CE NUMÉRO SPÉCIAL PRIMEURS SE PRÊTENT AU JEU DE LA PRISE DE VUE EN STUDIO ET DE LA TABLE RONDE, POUR ÉVOQUER CE MILLÉSIME 2023 ET LE CONTEXTE SENSIBLE DE LA CAMPAGNE QUI S’ANNONCE. MORCEAUX CHOISIS Propos recueillis par Mathieu Doumenge, photographies Alain Benoît (Studio Deepix) On a beaucoup parlé du scénario du millésime, notamment de l’importante pression du mildiou. Et finalement, beaucoup ont été frappés par sa qualité. Vous avez été vous aussi surpris ? Caroline Frey, château La Lagune : « C’est un millésime qui nous a demandé d’être constamment vigilants, mais qui portait toutes les caractéristiques pour délivrer des vins de très belle qualité. Le fait marquant, c’est qu’on a peu de reliquat, presque tout le vin produit est utilisé dans les assemblages du premier ou du second vin. Il y a eu beaucoup d’étapes majeures durant tout le cycle, mais il ne faut pas s’arrêter à ce qui était compliqué, les moments les plus importants se sont bien passés. Il y a eu du mildiou, certes, mais qui a été bien contrôlé, surtout pour un bio comme nous. On est capables de traiter tout le vignoble en sept heures, dès qu’on a une fenêtre météo favorable, et c’est là que la réussite d’un millésime comme 2023 se joue. Le reste du cycle était plutôt bon, on a eu du soleil et de la pluie quand il fallait. Les merlots s’en sont bien sortis, ils confirment leur résistance depuis deuxtrois ans alors que beaucoup prédisaient leur déclin. Et les cabernets adorent ce genre de millésime, où l’arrière-saison permet de les amener à une très belle maturité. Ce n’est ni un millésime solaire ni un “classique” (je n’aime pas cette expression), on a des raisins au profil de fruit frais, voire floral, très parfumé. Chez nous, il est très La Lagune ! » SPÉCIAL BORDEAUX 10
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