TERRE DE VINS n°78 - Page 8 - 78 8& 9 octobre Palais de la Bourse de Lyon Cordeliers, 2ème arrondissement2ème arrondissement L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É , C O N S O M M E Z A V E C M O D É R A T I O N Le Festival des Grands Vins Réservation sur terredevins.com MASTER CHAT par Philippe Geluck 9 l’essentiel de l’actu D avid Popa est un artiste américano-finlandais venu du street art et ayant évolué vers le land art : il réalise des fresques géantes dans des sites naturels qui, par définition, sont exposés aux éléments et les rendent éphémères. Une démarche singulière qui a séduit Tristan Le Lous, propriétaire du château Cantenac-Brown (troisième grand cru classé 1855 de Margaux), et son directeur, José Sanfins, qui ont accueilli entre leurs vignes cette impressionnante œuvre baptisée « Le Pouvoir de la Terre » et élaborée à partir de pigments naturels, de moût de raisin et de terre crue. Une fresque biodégradable qui disparaîtra d’elle-même aux premières pluies mais sera conservée digitalement dans le cadre d’une captation vidéo et vendue en cryptomonnaie sous forme de NFT. Le produit de la vente revenant au château Cantenac-Brown sera reversé au Conservatoire du littoral, afin que ce dernier puisse acquérir de nouvelles terres vierges et les préserver de toute urbanisation. L’IMAGE 10 www.vigneronscatalans.com #Nouveauté Champagne et street art Joséphine, c’est d’abord la cuvée créée par un père aimant pour le mariage de sa fille. Parce que rien n’était trop beau, Joseph Perrier avait voulu comme écrin pour ce fin nectar un flacon exceptionnel, peint à la main directement sur le verre et décoré à l’or fin. Alors que la Maison célèbre les 175 ans de cet événement, Benjamin Fourmon, son président, a fait appel à l’artiste Jordane Saget, qui a tracé sur la bouteille du tout nouveau millésime 2014 ses fameuses « lignes de vie », employant cette fois la technique de la sérigraphie à froid. Une bouteille atypique pour une édition qui ne l’est pas moins, puisque le chardonnay, d’habitude à parité avec le pinot noir, domine cette fois-ci, offrant un champagne plus minéral, tendu et droit que les précédents opus. 141 €. josephperrier.com #Environnement Lagrange cartonne En matière de développement durable, les petites rivières font les grands fleuves, et les initiatives individuelles doivent être saluées, à l’image du château Lagrange (3e grand cru classé de Saint-Julien) et de sa nouvelle gamme de cartons écoconçus. Plus recyclables que le bois, ils sont issus à 70 % de fibres recyclées et imprimés à l’encre à l’eau. « Bien plus légers qu’une caisse bois (5 fois plus lourde), ces cartons permettent également de réduire la consommation d’énergie liée à leur production d’une part, mais également à leur transport, puisqu’ils arrivent à plat dans nos entrepôts et nécessitent donc moins de camions. Enfin, ils sont fabriqués sur la rive droite de la Gironde, à une quarantaine de kilomètres du château », explique la propriété, qui démontre ainsi que le carton représente aujourd’hui une alternative élégante et écoresponsable au bois. #Art Gosset : le Nouveau Souffle On connaissait « À bout de souffle », de Godard, voici le « Nouveau Souffle » de Gosset, une baleine créée par Vincent Rahir dans le cadre du festival Vign’Art. En plein cœur du jardin de la Maison, cette sculpture surgit du sol comme elle surgirait de la mer, donnant l’étrange impression de voir revenir à la vie l’une de ces créatures marines englouties dans la craie au temps du campanien et dont les racines des vignes se nourrissent aujourd’hui pour donner au champagne ses arômes iodés. Cette œuvre conçue à partir de panneaux publicitaires est un bel exemple de « up cycling » et un appel au développement durable. Une dimension à laquelle le champagne Gosset est sensible : ses nouveaux packagings ne sont-ils pas 100 % locaux et recyclables ? « La baleine est un des symboles de la pérennité du vivant sur la planète, cet animal nous venant de la préhistoire. La profondeur dans le temps fait écho à celle de notre maison de vins, la plus ancienne de Champagne », confie le directeur de la communication, Thibaut Le Mailloux. #Alsace Wolfberger, quelle histoire ! L’histoire a commencé en 1902, aux portes de Colmar, alors que l’Alsace est allemande, lorsque la cave coopérative d’Eguisheim acquiert 60 foudres en chêne de Hongrie d’une capacité de 5 000 hl (ce qui est considérable à l’époque). Pour célébrer 120 ans de belles cuvées, la coopérative présente deux millésimes de deux appellations phares de la maison, baptisées « Épopée 1902 ». Le crémant d’Alsace embouteillé en jéroboam (3 litres, 89 €) est une sélection élevée pendant 42 mois sur lies, assemblage de chardonnay (67 %) et pinot blanc (33 %) du millésime 2017. Le vin tranquille est un grand cru de pinot gris, le Rangen de Thann (49 €), que le millésime 2019 a permis de vinifier selon un profil moins doux qu’à l’habitude, en demi-sec (8,5 g/l). Il provient d’un terroir exceptionnel qui fut abandonné pendant plus d’un siècle en raison de sa forte pente et remis en culture dans les années 1980. I. B. #Œnotourisme Week-end en Loire Cela fait dix-neuf ans que les vignerons du Val de Loire s’associent pour célébrer les richesses des paysages de leur région (inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco) et sublimer la diversité de leurs vins, à travers un événement emblématique et attendu du grand public : Vignes, Vins, Rando. De Nantes jusqu’à Blois, les œnophiles se laisseront ainsi guider à la découverte des plus belles appellations ligériennes le temps d’un week-end, les 3 et 4 septembre. Au programme : 18 balades vigneronnes, 22 appellations dégustées, 500 vignerons et 11 000 participants attendus. Informations et inscriptions sur vvr-valdeloire.fr 12 Le retour des arbres L ’histoire n’est finalement qu’un recommencement. On le constate encore avec le phénomène du retour des arbres dans les exploitations viticoles, ce que l’on appelle l’agroforesterie. Pendant des décennies, les viticulteurs les ont peu à peu fait disparaître de leur paysage, essentiellement pour assurer la mécanisation optimale des travaux avec le passage des tracteurs. Pas de gêne en bordure des rangs ni dans les parcelles, et un travail plus rapide et efficace. En Champagne, en Languedoc-Roussillon ou dans le Sud-Ouest, une spécialisation viticole des territoires menée tambour battant, et seulement des vignes à perte de vue. Et puis le vent a tourné. Pas parce que les paysages s’avèrent parfois monotones mais parce que certains types de vie avaient disparu. La monoculture n’est pas l’amie de la biodiversité. Quid des insectes, rongeurs, oiseaux, abeilles ou chauves-souris ? Quid de toutes ces plantes sauvages connues de nos aînés ? Sans arbres ni haies, et avec des sols où la moindre herbe devait être éradiquée avec des désherbants, où trouver refuge ? Pour toute la faune et la flore, où s’épanouir ? VIVE LES CHAUVES-SOURIS Voilà donc les vignerons d’aujourd’hui amenés à faire l’inverse de leurs parents. Partout, des kilomètres de haies sont plantés, avec des arbres fruitiers ou autres. Des bosquets reprennent leur place de jadis et en conquièrent de nouvelles. Autant de corridors à biodiversité où chaque espèce gambade et peut se montrer utile. Par exemple les chauves-souris. Elles mangent des insectes ravageurs capables de causer de gros dégâts sur les vignes. Avec elles, c’est moins d’insecticides épandus. Quand la nature aide la nature, pourquoi s’en priver ? Que la vie protège la vie, quoi de plus sain ? Pour ceux qui veulent toucher du doigt – et de l’œil – cette « révolution » de l’agroforesterie, c’est par exemple à Cheval Blanc, icône de Saint-Émilion, qu’il faut se rendre. Après avoir franchi les grilles du château, tout est là. D’abord des plantes et des herbes tapissent le sol des vignes et sont parfois plus hautes que les ceps eux-mêmes. Des couverts végétaux qui offrent aussi le gîte à de nombreuses espèces. De plus, pour ne pas bouleverser la vie sous terre et assurer un travail paisible aux vers de terre, tout labour est proscrit. Une technique pourtant louée par ailleurs comme alternative aux désherbants… Décidément, chacun choisit sa route culturale. Le plus déroutant à Cheval Blanc est la plantation d’arbres au milieu même des parcelles. Leurs racines iront s’enlacer avec celles des ceps de vigne pour booster la vie microbienne, et ils seront taillés pour laisser passer les machines. Enfin, une véritable ferme revoit le jour sur place, comme celles de jadis avec potager, cochons ou brebis. Tout cela servira au chef à demeure pour concocter les repas des très nombreux visiteurs. On y fait même pousser des fleurs pour égayer leur table. Et, avec elles, c’est toute la viticulture qui s’épanouit. L’EN VERRE DU DÉCOR César Compadre Journaliste #Événement L’Aube pétillante La Route du champagne en fête est un événement œnotouristique grand public, imaginé par les vignerons champenois en 1995, et qui attire entre 25 000 et 40 000 passionnés chaque année. Le temps d’un week-end, dans une vallée ou un village de la Côte des Bar, les amateurs de belles bulles, munis d’une flûte à champagne et d’un carnet de route, découvrent et dégustent le champagne des domaines participants. Cette année, les 30 et 31 juillet, ce sont 6 villages et 15 producteurs de la rive gauche de l’Aube qui ouvrent leurs portes et invitent à venir découvrir un exceptionnel terroir de pinot noir. 30 € le kit dégustateur comprenant : 1 flûte, 1 porte-flûte, 1 carnet de route et 1 éthylotest. Informations sur aube-champagne.com #Podcast Libérer la parole Nouvelle étape pour la créatrice du compte Instagram Paye ton pinard (@paye_tonpinard), qui recense et fédère depuis deux ans les témoignages des dérives sexistes dans l’univers viticole. Voici désormais le podcast (disponible sur Spotify, Deezer, Apple Podcasts), inauguré début juin par un manifeste. « Rien ne changera si on continue d’intérioriser toutes ces violences », revendique-t-il en promettant « d’éveiller les consciences et de trouver des solutions à mettre en place ». Un prolongement sonore qui donnera à entendre les témoignages puissants de femmes dans tous les vignobles. PhotoOlivierDouard #Classement La Gaffelière claque la porte Il semble écrit que, jusqu’au bout, le classement de Saint-Émilion sera soumis à d’inlassables rebondissements. Après les retraits de Cheval Blanc et d’Ausone, puis d’Angélus, c’est le château La Gaffelière qui se retire de la course, par la voix d’Alexandre de Malet Roquefort, qui préside aux destinées de cette propriété figurant dans sa famille depuis plus de 300 ans et neuf générations. Celui-ci met en cause les critères d’évaluation du classement 2022, tant sur l’approche terroir que dans la dégustation des millésimes, indiquant dans un communiqué ne plus reconnaître ses « valeurs dans les critères d’évaluation des grands terroirs et des grands vins de Saint-Émilion établis par la Commission du classement. Un premier rapport remet en question le niveau qualitatif d’un terroir plébiscité et distingué par les instances viticoles de l’AOC depuis plus de soixante-cinq ans. Le système de notation mis en place pour la dégustation vient, quant à lui, contredire toutes les notes obtenues par le château La Gaffelière depuis plusieurs années par les plus grands professionnels du vin. » Situé en grande partie sur le plateau calcaire et les coteaux de Saint-Émilion, le château La Gaffelière est reconnu premier grand cru classé depuis l’origine du classement de Saint-Émilion, en 1955. 14 #Application Une gestion de cave joliment pensée Un nom sympathique, un logo rond souriant, une ergonomie colorée et bien pensée : l’application mobile de gestion de cave Ploc (disponible sur smartphones iOS et Android) a tout pour plaire et trace sa voie depuis plusieurs années. Avec 45 000 importations de caves et plus de 220 000 fiches dans son « observintoire », Ploc – gratuite – bénéficie d’une communauté active très écoutée par les développeurs qui ont privilégié une interface graphique accessible aux non-spécialistes, sans négliger des fonctionnalités plus pointues pour les amateurs. #Festival L’Hospitalet en fusion Les éditions se succèdent (c’est la 19e ) et le festival Jazz à l’Hospitalet continue de surprendre avec une programmation toujours plus variée et prestigieuse. Cette année, du 18 au 23 juillet, Gérard Bertrand et son équipe accueillent ainsi (à raison d’un concert + dîner par soir) : le Brésilien Gilberto Gil (le 18), les chanteuses Melody Gardot (le 19) et Juliette Armanet (le 20), les vétérans de la new wave Simple Minds (le 21), le maître du disco-funk Nile Rodgers (le 22) et enfin la saxophoniste Candy Dulfer. Chaque concert est précédé d’un grand dîner de gala dans le parc du château, composé par le chef Laurent Chabert et sa brigade, et chaque soirée a son thème vestimentaire : cet été, les nuits à l’Hospitalet seront orange gold, blanches, rouges, fleuries et roses ! Nous contacter : Adam Dakin • adamdakin@wineobjectives.com • T. 06 35 36 61 86 Catherine Ott • catherineott@wineobjectives.com • T. 06 62 41 00 45 Expert en transaction de vignobles et cession d’entreprises viticoles. WINE OBJECTIVES, LEADER RECONNU DANS LES TRANSACTIONS PREMIUM EN VALLÉE DU RHÔNE A ACCOMPAGNÉ LA TRANSMISSION DE DOMAINES VITICOLES DE RENOM Et de prestigieux autres châteaux sont en cours de signature… Château d’Estoublon Château de Nalys Château Dalmeran #Gastronomie Prix Taittinger : le Japon victorieux Le prix Taittinger a été créé en 1967 par Claude Taittinger, en hommage à son père, Pierre, un homme d’affaires fou de gastronomie qui a accompagné toute la nouvelle cuisine. « À l’époque, un bon contrat, c’était d’abord un bon restaurant », confie Vitalie Taittinger. Ce challenge international récompense d’abord la cuisine d’auteur. Il comporte deux épreuves, la première propose aux participants de créer leur propre recette autour d’un produit indiqué plusieurs mois à l’avance (pour l’édition 2022, le bœuf !), la seconde est au contraire une recette imposée, dévoilée la veille du concours pour tester la technicité des candidats. Cette année, c’est le Japonais Ryo Horiuchi qui a remporté la finale en proposant un filet de bœuf accompagné de petits oignons, de pommes soufflées et d’un flan de topinambour. Après avoir travaillé au restaurant Esterre pour Alain Ducasse, le jeune chef devrait prendre la direction des cuisines du restaurant Le Jardin, situé à proximité de Tokyo. À noter que le Japon avait déjà remporté le prix en 2018. #Ukraine Vin solidaire LaurentFortin,directeurgénéralduchâteau Dauzac (Margaux), mais aussi consul honoraire d’Ukraine en Nouvelle-Aquitaine, avaitlancéaumoisdemarsunappelàsolidaritédusecteurviticole pour le soutien à l’Ukraine. Leader européen des enchères sur le vin,iDealwine s’étaitalorsproposéd’organiseruneventeauxenchères en ligne. La mobilisation des professionnels de l’ensemble desvignoblesetdesgrandscollectionneursaétéimpressionnante, permettantdeconstitueruncataloguede300lots,correspondant à plus de 1 300 bouteilles. Ce sont au final 75 868 € qui ont été récoltés et remis à l’association Ukraine Amitié, qui collecte des dons et des médicaments pour les populations civiles d’Ukraine. Parmileslotslesplusspectaculaires,citonsderaresgrandsformats commelesmagnumsdechâteauLafite-Rothschild2005et2011, une impériale de château Lynch-Bages 2010 et d’autres grands formats des châteaux Giscours, Pichon-Comtesse… sans oublier lechâteauDauzac,impliquéaupremierchefdanscetteopération, et qui a offert deux doubles magnums. #Livre Mieux comprendre le (vin) bio Collaborateur de « Terre de vins », Willy Kiezer a fondé en 2017 le webmédia indépendant nibuniconnu.fr, sensible aux sujets de viticulture durable et respectueuse de l’environnement. Accompagné d’Hélène Savoye, de Mademoiselle Jaja et avec la patte graphique de Claire du Studio Culotté, il vient de publier « Mieux comprendre le (vin) bio ». « Plutôt qu’une longue bataille subjective sur le goût, nous avons brossé le portrait de domaines viticoles inspirants qui poussent le curseur de la naturalité, ligne conductrice de cet ouvrage : de l’agriculture intensive à l’agroécologie. » Le livre passe alors en revue la réalité du terrain, révèle les limites du bio et prouve une nouvelle fois qu’il existe, au-delà des labels, une agriculture d’avenir, plus ambitieuse et mettant en valeur les terroirs. « Mieux comprendre le (vin) bio », ouvrage collectif, éd. BBD, 21 €. 19
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