LE NOUVEL OBS n°3119 - Page 4 - 3119 Editorial D ’abord, un immense soulagement. En choisissant massivement, dimanche 7 juillet, d’empêcher l’accession au pouvoir de l’extrême droite, nos concitoyens ont préservé l’essentiel : l’unité de la République, et ses valeurs d’égalité et de fraternité. Malgré la très forte poussée du Rassemblement national, qui s’est confirmée au second tour avec 10 millions de voix, le front républicain s’est puissamment reconstitué, prouvant une nouvelle fois le rejet frontal du parti lepéniste par une majorité de Français. Mieux encore, la dynamique des désistements et des reports de voix a permis de propulser l’alliance à gauche en première place à l’Assemblée nationale, lui offrant des perspectives, inespérées il y a quelques jours encore, de pouvoir gouverner. Il ne faut pas bouder notre plaisir : malgré les très fortes incertitudes qui pèsent après ce scrutin aussi aléatoire que dangereux, c’est bien une certaine idée de la France, celle qui refuse viscéralementlaxénophobieetlesatteintes à nos libertés fondamentales, qui a été préservée dimanche soir. Un immense soulagement donc, mais aussi une vraie inquiétude surl’étatdupays.CarleRN,même « limité » à 143 sièges, est bien le premier parti de France en nombre de voix, et séduit désormais dans toutes les classes sociales, toutes les régions et tous les âges. Bien sûr, avec cette nette défaite, il se heurte de nouveau à son plafond de verre, après avoir montré son vrai visage, celui d’un parti clanique, incapable de présenter 577 candidats crédibles à la députation. Mais si les autres formations politiques, laminées par la vague frontiste du premier tour, ont finalement bien résisté à la faveur du front républicain, c’est pour aboutir à une situation de quasi-blocage institutionnel. Même le score du Nouveau Front populaire, bien qu’il témoigne d’une très forte mobilisation de l’électorat progressiste, est en trompe-l’œil : il n’est pas assez fort pour donner à la gauche de véritables marges de manœuvre et ne permet pas de clarifier totalement l’offre politique. Résultat, ces législatives, en actant la tripartition de l’Hémicycle en trois blocs minoritaires, font entrer la France dans une période absolument inédite dans l’histoire contemporaine. Un grand saut dans l’inconnu qui place face à leurs responsabilités tous les véritables démocrates du pays. De ce chaos pourrait-il naître quelque chose de bon pour notre nation ? Rien n’est moins sûr, tant on sait la difficulté, pour les Français, de dépasser leurs désunions, et l’absence de culture de coalition dans notre personnel politique. L acampagneélectoraleéclairquenousvenonsde vivre a par ailleurs révélé au grand jour la polarisation extrême de la société et les fractures entre plusieurs France, qui s’ignorent, voire se détestentdeplusenplus.Laréponseàcettesituation, et au cortège d’inégalités et d’insatisfactions qui la nourrit, est désormais une exigence démocratique : elle pourrait être au cœur d’un projet de société progressiste, qui devra se donner pour objectif d’apaiser, de réparer et de renouer les fils du bien commun. Bien que profondément divisée à l’image de notre pays, l’Assemblée nationale sortie des urnes est sommée de s’unir pour y parvenir, de s’entendre sur un contrat social qui réunit les femmes et les hommes de bonne volonté. Même imparfait, parce que noué en quelques semaines, le programme du NFP pourrait être une première base de discussion. C’est en toutcaslalogiquedesinstitutions,quiappellelacoalition arrivée en tête à constituer un gouvernement. Emmanuel Macron, qui a pris, le 9 juin, la décision laplusinsenséedetoutel’histoiredelaVe République, doit s’y conformer et tenter cette voie, même si elle est étroite. Après cette séquence désastreuse, il est temps que nos dirigeants se montrent à la hauteur de la situation. Et acceptent de faire primer l’intérêt supérieurdupaysdevant touteautreconsidération. Impératif démocratique PAR C ÉC I LE P RI EU R, DIR ECT RIC E DE L A RÉDACTION L’Assembléenationale sortiedesurnesest somméedes’entendresur uncontratsocialquiréunit lesfemmesetleshommes debonnevolonté. © STÉPHANE MANEL POUR « LE NOUVEL OBS » 3 nº3119 · 11/07/2024 Le Nouvel Obs N° 3119 - du 11 au 17 juillet 2024 En couverture Idées Culture Tendances 50 Myriam Revault d’Allonnes « Le lepénisme d’atmosphère reste à combattre » L’extrême droite n’a jamais été si proche du pouvoir. La philosophe analyse cette situation aussi inédite que périlleuse 54 Télévision Retour sur une « séquence » raciste Avec les historiens Claire Sécail et Nicolas Bancel et le sociologue Félicien Faury 58 Culture Club (1/6) Le Tabou, totems et zazous Cet été, notre série vous ouvre les portes des boîtes de nuit mythiques 63 Hafsia Herzi-Isabelle Huppert Les femmes d’à côté Entretien croisé avec les deux comédiennes 66 Le bloc-notes de Jérôme Garcin 67 Le guide critique Livres, cinéma, musique, expos… Notre sélection 78 Fabrice Midal « Le vin, une rencontre spirituelle » Entretien avec le philosophe 82 Spécial Boissons d’été Notre sélection 93 L’Observatrice par Sophie Fontanel 94 Jeux par Gaëtan Goron 96 Le courrier des lecteurs Les solutions des jeux 97 Par ailleurs La BD de Lisa Mandel 98 Un dernier mot par David Caviglioli 18 Coalition « La France constitue une exception » Entretien avec le sociologue Etienne Ollion 20 Gauche Les trois défis du Nouveau Front populaire 24 Raphaël Glucksmann « L’exécutif va devenir l’exécutant » Entretien exclusif 28 Gauche Ceux qui vont compter 34 GabrielAttal L’affranchi de Matignon 36 Sociologie « Plus que jamais, nous avons trois France » Entretien avec le politiste Simon Persico 40 Extrême droite Et le RN maudit le front républicain… 44 Electeurs RN « C’est foutu… pour cette fois » 46 Economie La grande incertitude 48 Vu d’ailleurs L’Europe soulagée, mais… 12 LE SURSAUT… ET L’INCONNU Emmanuel Macron espérait une “clarification”. Depuis le second tour des législatives, la France est au contraire plongée dans un grand flou politique et institutionnel. La voie pour gouverner est désormais plus qu’étroite. Notre dossier spécial Par téléphone au 01 40 26 86 13 Sur nouvelobs.com/abo12 Abonnez-vous au NouvelObs Sommaire ↑ Sur la place de République à Paris, le 7 juillet. © ÉTIENNE DAVODEAU – GONZAGUE DREUX/GAMMA RAPHO – NICOLAS MELEMIS POUR « LE NOUVEL OBS » – EN COUVERTURE : BOBY – MARIE ROUGE 4 Le Nouvel Obs nº3119 · 11/07/2024 Originedupapier:Suède.Tauxdefibresrecyclées:0%.CemagazineestimpriméchezNewsprint,certifiéPEFC.Eutrophisation:PTot=0.003kg/tonnede papier.Ouvrageimpriméavecdesencresconformesàlanorme«BlueAngel». 10-31-3364 / Certifié PEFC Ce produit est issu de forêts gérées durablement, de sources recyclées et contrôlées. www.pefc-france.org Lapublicationcomporte100pages.Pourlesabonnés,uncahier«TéléObs»de24pagesestjoint.Chiffredetirage:184500exemplaires.ImprimeursNEWSPRINTetHELIOPRINT. Sociétééditrice:LeNouvelObservateurduMonde.Directricedelarédaction:CécilePrieur.Présidentedudirectoire,directricedelapublication:JulieJoly.NuméroCPPAP:0525 C85929.NuméroI.S.S.N:2416-8793.Dépôtlégal:àparution.Abonnements:France(unan):160€.Etudiants:109€.Etrangeretentreprises:nousconsulter.Relationsabonnés, 67, avenue Pierre-Mendès-France 75013 Paris – Tél : 01-40-26-86-13 / abonnement@nouvelobs.com. Vous pouvez consulter nos conditions générales d’abonnement à l’adresse suivante:https://www.nouvelobs.com/cgv.L’Obs(ISSN2416-8793)ispublishedweeklybyLeNouvelObservateuranddistributedintheUSAbyUKPWorldwide,3390RandRoad, SouthPlainfield,NJ07080.PeriodicalspostagepaidatRahway,NJ.andadditionalmailingoffices.POSTMASTER:SendaddresschangestoL’Obs(Publisher)C/O3390RandRoad, SouthPlainfieldNJ07080. Chronique Economie PA R PASCAL RICHÉ , JO URNALISTE AU SE RVICE IDÉ ES M ercredi 3 juillet, scène pénible sur BFMTV : l’éditorialiste de la chaîne Nicolas Doze, 55 ans, interroge Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, 37 ans : « En me�ant 14 tranches d’impôt sur le revenu, avec une quatorzième tranche à un taux marginal de 90%, […] est-ce que vous ne craignez pas un effet Laffer? » Elle : « C’est-à-dire? Que les gens partent? » Lui : « Non, non, […] on sait qu’à un moment, si on met des impôts trop élevés, on finit par avoir une rece�e qui baisse. C’est ça l’effet Laffer, c’est l’économiste anglais [en réalité américain, NDLR] Arthur Laffer. » Le journaliste pontifiant continue de dérouler son bréviaire. Sur les réseaux sociaux, il se fait traiter de sexiste et de propagandiste, elle d’inculte. Un furieux débat s’engage : la courbe de Laffer, mythe ou réalité? Ce concept déchaîne toujours autant de passions. Mais « concept » est un bien grand mot pour décrire un gribouillis qui ne signifie rien d’autre que « trop d’impôt tue l’impôt » (voir ci-contre). En 1974, dans un restaurantdeWashington,lejeune économiste Arthur Laffer a griffonné cette courbe sur une servie�e en papier, pour convaincre de baisser les impôts deux conseillers du président Gerald Ford, Donald Rumsfeld et Dick Cheney (les mêmes affreux qui plus tard bombarderont l’Irak). Avec de telles fées Carabosse autour de son berceau, la courbe ne pouvait être totalement innocente. Adoptée par Ronald Reagan, elle sert depuis, dans le monde entier, à justifier la baisse de la fiscalité sur les plus riches. Elle est devenue le symbole du libéralisme débridé. Quand on est de gauche, on est donc sommé de la considérer comme « une fable », « une simple théorie », « un mirage ». La droite se régale d’un tel déni, car il est facile à pulvériser. La courbe de Laffer est en effet un truisme. Que dit-elle? Que si vous augmentez le taux d’imposition de 0% à 100%, vos rece�es augmentent d’abord jusqu’à un certain point, puis baissent. Ce qui est difficilement contestable : un impôt de 0% ne rapporte rien; un impôt de 100% non plus, car il décourage alors l’activité. En deçà du point de retournement, les caisses de l’Etat se remplissent; au-delà, elles se vident. A noter que si Arthur Laffer est très fier d’avoir donné son nom à ce�e courbe, il n’en est pas l’inventeur. En 1844, l’économiste français Jules Dupuit écrivait déjà : « Si l’on augmente graduellement un impôt depuis 0 jusqu’au chiffre qui équivaut à une prohibition, son produit commence par être nul, puis croît insensiblement, a�eint un maximum, décroît ensuite successivement puis devient nul. » On raconte que deux siècles avant, Colbert avait ainsi décrit le phénomène : « L’art de l’imposition consiste à plumer l’oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris. » Faut-il parler de la courbe de l’aviaire? P lutôt que de la nier, la gauche ferait mieux de contester les conclusions qui en sont tirées. Pour commencer, il n’y a pas une seule courbe, mais une infinité : le taux à partir duquel les rentrées fiscales vont commencer à baisser varie nécessairement selon chaque impôt, dans chaque pays. Ensuite, la forme donnée à la courbe est trompeuse : c’est toujours une belle cloche symétrique, avec un sommet au milieu (à 50%?). En réalité, la baisse des rece�es commence beaucoup plus loin. Gabriel Zucman et Emmanuel Saez avaient ainsi estimé à 75% le taux marginal d’imposition idéal pour les Etats-Unis. Et si vous taxez à 90% la découverte de trésors, je continuerai à faire l’effort de les sortir de terre. Enfin, ceux qui agitent comme un talisman la courbe de Laffer suggèrent toujours qu’on a déjà passé le stade du retournement. C’est loin d’être démontré. En France, le taux d’imposition effectif sur les revenus des milliardaires, comme l’a montré le sérieux Institut des Politiques publiques, est inférieur à… 2%! Pour ces quelques familles, on est très loin d’avoir passé le fameux pic. Taxer davantage ces oies-là est possible sans que leurs cris soient insupportables. L’affaire Laffer Recettes fiscalestotales Taux d’imposition 100% Taux dissuasifs t(taux optimal) Taux faibles Une courbe au service des plus riches © STÉPHANE MANEL POUR « LE NOUVEL OBS » - INFOGRAPHIE MEHDI BENYEZZAR 6 Le Nouvel Obs nº3119 · 11/07/2024 Chronique Etranger L ’avenirdel’Europen’étaitpasàl’ordre dujourdeslégislativesanticipées.Pas plus que le sort de l’Ukraine, les rapports avec la Russie, la défense du continent… Tous ces sujets sont pourtant centraux dans l’avenir de la France et des Français, et ce sont des thématiques sur lesquelles le fossé entre le Rassemblement nationaletlaplupartdesautresforcespolitiques est immense. Alors pourquoi n’en a-t-onpasdébattu,laissantMarineLePenet JordanBardellatenirdesproposlénifiants, tandis qu’au même moment le RN négocie avecViktorOrbán,lePremierministrehongrois,pourinfléchirlecoursdelaconstruction européenne? Certes, les électeurs, en France comme ailleurs,nesedéterminentpas parrapportauxenjeuxinternationaux.Mais,en2017,Marine Le Pen avait perdu son débat avecEmmanuelMacronsurson incapacitéàdirecequ’elleferait de l’euro, au point que toute personne un peu responsable sedisaitqu’ilvalaitmieuxévitercetteaventure.En2022,elle prônaitdanssonprogrammela sortiedelaFranceducommandementintégrédel’Otan;mais ceprogrammeàpeinevieuxde deux ans a disparu du site du RN, qui n’en parle plus. Jordan Bardella est désormaisprêtàlivrerdesarmesàl’Ukraine, alorsqu’ilestentourédevieuxcompagnons de route du Kremlin, jamais repentis. Enoccultantcessujetsvitauxpourl’avenir delaFrance,del’Europeet,sansexagérer,du monde,onparticipeàlabanalisationdel’extrêmedroite,quiavancedésormaismasquée. Cariln’estpasanodindanslecontexteinternationaldumoment,marquéparunepousséeférocepourchangerlesrapportsdeforce danslemonde,quelaFrancetombeentreles mainsd’amisduKremlin,ousoitparalysée paruneabsencedemajorité.Sinoussavons « faire barrage », nous avons plus de mal à articuler des visions positives et, surtout, à les mettre en adéquation avec des actes qui comptent dans la vie des gens. Cedilemmen’estpasunespécificitéfrançaise.LavictoiretravaillisteauRoyaume-Uni la semaine dernière est bien plus un effondrement des conservateurs, après huit ans dechaospost-référendumsurleBrexit,que lesuccèsd’unevisionalternative.LeLabour a reçu moins de voix qu’aux deux élections précédentes, une impasse occultée par le systèmeélectoralquiluiapermisd’engranger le plus grand raz de marée en sièges de son histoire. Keir Starmer, le nouveau Premier ministre, promet un gouvernement «décent»,pasdeslendemainsquichantent. Mais il a fallu la catastrophe du Brexit pour que son heure arrive et que le Royaume-Uni puisse tenter de se redresser. Et que dire des Etats-Unis, où la bataille des idées ne fonctionnepasavecDonaldTrump, quiprofitesurtout,aujourd’hui, du débat sur « l’âge du capitaine » Joe Biden, en faisant passer ses propres casseroles à la trappe… Comment redonner aux citoyens broyés par les questionsduquotidienlesensdece quisejoueauniveauglobal?Cen’estcertainementpasenignorantlesproblèmesdela vie quotidienne au profit des enjeux mondiaux, mais plutôt en liant les deux. Une variantegéopolitique,enquelquesorte,du vieuxdébat«findumoisoufindumonde»… Lafindumoisneserapasmieuxassuréedans unmondeoùnousauronsperdulamaîtrise denotredestin.Cen’estpasunevuedel’esprit:lesBritanniques,quiontplongédansle piègepopulisteduBrexiten2016–applaudisalorsparMarineLePen–,sontàprésent 65%àleregretter,carleurs«finsdumois» n’enontétéqueplusdifficiles.Améditer. La bataille est globale PA R P I ERR E HASKI Comment redonneraux citoyensbroyés parlesquestions duquotidienle sensdecequise joueauniveau mondial? © ILLUSTRATION : STÉPHANE MANEL POUR « LE NOUVEL OBS » - PALM ILLUSTRATIONS POUR « LE NOUVEL OBS » - STÉPHANE OIRY POUR « LE NOUVEL OBS » - HUNYVERS 7 nº 3119 · 11/07/2024 Le Nouvel Obs Rien que sur nouvelobs.com Retrouvez nos séries tout au long de l’été sur notre site : qrco.de/SurLeWeb ↓ SÉRIES D’ÉTÉ Parentalité Sans enfants… pour quelques jours Par le service Société Travail Comment l’IA a changé mon métier Par le service Economie Enquête Les mystères de la bibliothèque Doucet Par David Le Bailly Chronique Société L es élections sont désormais passées. Le soulagement est immense. Pour le reste, cela ne va pas être simple. Depuisplusd’unmois,l’insouciance commelafrivolitéavaientétéofficiellement chassées de nos vies. Face aux périls politiquesetélectoraux,ilafalluappréhenderle « momenthistorique »avecleplusdedignité possible. Adieu couples people à la plage, achatdecrèmessolaires,luttecontrelepoil et autres plaisirs estivaux recommencés. Durant cette période, mon esprit s’est consacréauxtriangulaires,projectionsetcirconscriptions,quandmoncorps,lui,noyait sesangoissesdanslesucreetlebeurre.L’humeurn’étaitpasdoncàlatraditionnelleédificationd’unéventuelsummer body.Imagine-t-onLéonBlum se prenant un abonnement « Comme j’aime » au lendemain du 6 février 1934? Non. Et pourtant, malgré la tourmente, j’ai, l’air de rien, remis enroutemonchantiercorporel emphytéotique.Avecunmaximum de discrétion afin de ne pas sembler trop futile. Je n’ai plus la prétention de m’engager dans une opération bikini;jem’entiensdésormais à un objectif davantage à ma portée : rentrer dans ma hideuse jupeshort de randonnée. Pour ce faire, j’ai poursuivi, en sous-marin, mon grand œuvre de « rééquilibrage alimentaire » tout en explorant quelques pistes plus occultes. Me voici donc, allongée sur mon canapé, en train d’écouter un podcast qui me permet, dans un état proche de l’hypnose, de me faire poser un « anneau gastrique virtuel » dont je peux choisir l’épaisseur, la matière et la couleur. Indéniablement, cela me détend. Sans, pour autant, m’empêcher de méditer : suis-je prête à accepter une sociétédanslaquelledesgenssesoumettent à une voix qui intime à leur cerveau d’accueillir un anneau virtuel posé, à distance, par un inconnu? A quel degré d’aliénation faut-il en arriver pour se livrer à une expériencepareille?Cepetitventdystopiquem’a ramenée à la situation politique, chassant ainsi mes préoccupations les plus superficielles, me replongeant dans les affres du scrutin. Cela n’a cependant pas suffi à me décourager dans ma quête clandestine de légèreté. Je suis à table. Devant moi, une assiette associe avec harmonie quelques miettes de thon, des légumes et un peu de riz. C’est jour de fête et je m’offre une portion de fromage : 30 grammes, pas plus, selon le protocole. Je prends le maroilles, le découpe attentivement, et pèse le morceau sur ma petite balance colorée. 40grammes.Jeretranche.Soudain, c’est une déflagration. Moi, citoyenne libre et éclairée, j’en suis là : à peser du maroilles au gramme près. A 50 ans, j’ai besoin d’un tuteurthérapeute et d’un trébuchet pour consommer du fromage. Comment puis-je dénoncer des programmes liberticides quand, moi la première, je n’ose pas être libre? Aie le courage de te tenir seule face à du frometon, femme émancipée! Ose le tartiner sur du pain! Au diable les chaînes glucidiques! Ainsi en mangé-je 250 grammes étalés sur de la baguette. Librement. Faisant de la sorte usage de ma raison et barrage de mon corps contre la tyrannie douce des diktats de la mode. Comme toute électrice digne de ce nom, en somme. Régimepolitique,politiquedurégime,tout estgravité,désormais.Reste,dansmoncorps commedanslanation,àtrouversoncentre. Ce sera le défi post-électoral de l’été. Sauver le régime PAR MARA GOYET , ESSAYISTE Aielecourage detetenirseule faceàdu frometon,femme émancipée! Oseletartiner surdupain! © STÉPHANE MANEL POUR « LE NOUVEL OBS » 8 Le Nouvel Obs nº3119 · 11/07/2024 Fondateurs:JeanDaniel,ClaudePerdriel. 67,avenuePierre-Mendès-France,75013Paris. Standard:01.44.88.34.34. Pouradresserune-mailàvotrecorrespondant,ilsuffitdetaperl’initiale desonprénompuissonnomsuivide@nouvelobs.com DIRECTION Conseildesurveillance:LouisDreyfus(président),LouGrasser(vice-présidente), BéatricedeClermont-Tonnerre,FrédéricCurtet,Jacques-AntoineGranjon, VioletteLazard,XavierNiel,ClaudePerdriel,MatthieuPigasse. Directoire:JulieJoly(présidente),CécilePrieur(directricedelarédaction). RÉDACTION Directrice:CécilePrieur. Directeursadjoints:SylvainCourage,GrégoireLeménager. 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Alain Damasio Naomi Klein Cynthia Fleury ValérieMasson-Delmotte Letempsdel’action PENSER RAPHAËLLE MACARON POUR « LE NOUVEL OBS » AVEC Pierre Charbonnier Baptiste Morizot Jean-Baptiste Fressoz N° 117 L’écologie est menacée d’un recul historique : moins d’eurodéputés verts, moins de bio dans les exploitations agricoles, des gouvernements qui renoncent et le climatoscepticisme qui revient… En réponse, « le Nouvel Obs » consacre son dernier hors-série à ceux qui renouvellent la pensée écologique. Philosophes, historiens, scientifiques, écoféministes, planificateurs, décroissants… Au total, 22 penseurs et penseuses du monde entier vous présentent leur vision de l’écologie. Je règle par chèque bancaire à l’ordre du Nouvel Obs. A compléter et à renvoyer à : Le Nouvel Obs-HS Penser l’écologie - 67/69, avenue Pierre-Mendès-France - CS 51402 - 75647 Paris Cedex 13 Vous pouvez également commander en vous connectant sur boutique.nouvelobs.com/ecologie 22057 Nom Prénom Adresse Codepostal Ville Mme M. Délaidelivraison:2semaines.OffrevalableenFrancemétropolitaine.VousacceptezqueleNouvelObs,responsabledetraitement,utilisevosdonnéespersonnellescommuniquéesàl’occasiondevotreachatpourlesbesoinsdevotrecommandeetdelarelationClient.Saufoppositiondevotrepart, votreadressepostalepourraêtreutiliséepourdesactionsmarketingdelapartduNouvelObset/oudesespartenaires. Jem’opposeàl’utilisationdemonadressepostaleàdesfinsmarketing.Pourconnaîtrelesmodalitésdetraitementdevosdonnéesainsiquelesdroitsdontvousdisposez (accès,rectification,eacement,portabilité,oppositionetlimitationdestraitements),consulteznotrepolitiquedeconfidentialitéouécrivezànotreDéléguéàlaprotectiondesdonnéesàl’adressesuivante:67-69,avenuePierreMendès-France-75647ParisCedex13oudpo@nouvelobs.com. Sivousêtesmineur,lasouscriptionducontratetlacommunicationdevosdonnéespersonnellesdoiventêtrefaitesavecl’accorddevotrereprésentantlégal.Lesconditionsgénéralesdeventeapplicablesàvotreachatsontconsultablessurnotresitewww.nouvelobs.com BON DE COMMANDE Hors-série “Penser l’écologie” PENSERL’ÉCOLOGIE Fraisdeport Totaldemacommande Quantité Prix TOTAL 8,90€ Offerts € € Scannez-moi Téléphonerouge / Argent Q LE CONSEIL LA LOI SAPIN2, DANGER OU PROTECTION ? La récente dégradation de la note française, les alertes du FMI comme de la Commission européenne, sans oublier la dissolution de l’Assemblée nationale suscitent l’inquiétude des épargnants. Ils se remettent à craindre une faillite de l’Etat ou des banques, comme ils ont pu le craindre en2008,2011et2013lorsdescrisesdes subprimes et des dettes européennes. D’où une certaine inquiétude envers la loi Sapin 2, adoptée en 2016 par le gouvernement de François Hollande. Cetteloipermetde«limiter,suspendre ouretarder»lesretraitssurlescontrats d’assurance-vie. A l’époque, elle avait provoqué la colère des épargnants qui sontnombreuxàlaciterencorecomme un danger. Pourtant, l’objectif de cette loi était de répondre à leurs craintes face à une éventuelle « ruée bancaire ». Desdemandesmassivesderachatsobligeraient en effet un assureur à vendre sesactifs,desempruntsd’Etatdelong terme, garantis à l’échéance mais qui peuvent engendrer des pertes en cas de vente en cours de vie. LaloiSapin2prévoitqu’unassureur « en grandes difficultés face à des retraits très importants » puisse demander au HautConseildeStabilitéfinancièrel’autorisation de bloquer les demandes de rachatspourtroismois–renouvelable trois mois (dans la limite de six mois consécutifs). C’est ce blocage, limité àsixmois,nonrenouvelable,etquin’autorise aucunement l’assureur ou l’Etat à se servir dans votre épargne, qui fait si peur aux épargnants. Il est difficile d’accepter de ne pas avoir accès à son épargnealorsqu’elleestréputéesûreet liquide,etleblocagenegarantitpasde sauverl’assureurencasdetropgrosses difficultés. Mais sans la loi Sapin 2, un établissement financier qui fait face àdesdemandesmassivesderachatsne pourrait y répondre que dans une certaine limite. Seuls les premiers demandeursseraientservis,ilseraitvitedans l’incapacité de rembourser, et risqueraitalorsdefairedéfaut.Lesdéposants perdraient donc leur épargne au-delà de100000euros.Unscénariopireque le blocage de la loi Sapin 2…GauthierMaes Q LE CHIFFRE -12% C’est la baisse en une semaine du bitcoin. Le début des remboursements de fonds bloqués, du fait de la faillite d’une plateforme de trading, et l’essoufflement sur l’investissement des particuliers sont les causes de cette baisse hebdomadaire, qui se révèle être la plus forte depuis près de deux ans. Mais il est trop tôt pour parler d’un retournement de tendance. Page réalisée avec L’ŒIL DE MARC FIORENTINO Good luck ! C’est donc la majorité absolue. Pas en France bien sûr, mais au Royaume-Uni, avec un raz de marée travailliste aux législatives. Le Premier ministre, Keir Starmer, répète que sa priorité numéro un est la croissance, une « mission nationale ». Rachel Reeves, chargée de l’économie, a déjà annoncé des réformes structurelles pour « réparer les fondations de l’économie britannique ». Le défi est toujours le même : favoriser la croissance sans creuser ni le déficit ni la dette. En ligne de mire, la relance du bâtiment avec un programme de construction ambitieux pour les cinq années à venir. Les investisseurs ont applaudi ce gouvernement « pro-business » sur les marchés de change, de taux, et les actions des secteurs favorisés par les réformes à venir. On s’attend aussi à des relations plus harmonieuses avec l’Union européenne. Mais le challenge est de taille pour l’administration travailliste, avec un pays affaibli qui n’a toujours pas absorbé le choc du Brexit. Reste que les Français qui envisageaient de quitter Londres pour rentrer à Paris, du fait du changement de leur régime fiscal, vont probablement se donner quelques mois pour évaluer l’évolution de la situation en Grande-Bretagne… et en France. © DONTREE_M/GETTY IMAGES – ILLUSTRATION STÉPHANE MANEL POUR « LE NOUVEL OBS » 10 Le Nouvel Obs nº3119 · 11/07/2024 10 CHOSES À SAVOIR SUR… 1 BAISER Le 30 juin, Brenda Biya (à gauche, sur la photo), 26 ans, fille du président camerounais Paul Biya, publiait sur Instagram une photo où elle embrasse son amie, le mannequin brésilien Layyons Valença. Avec ce commentaire, en anglais : « Je suis folle de toi et je veux que le monde le sache. » Une publication délictueuse au Cameroun, où l’homosexualité est punie de six mois à cinq ans de prison et d’une amende de 20000 à 200000 francs CFA [30 à 305 euros]. « Elle veut faire maman-maman officiellement », a commenté un de ses soutiens sur X. 2 ESPÉRANCE « On va obtenir cette dépénalisation de l’homosexualité grâce à toi », a dit Shakiro, militante transgenre réfugiée en Belgique, loin de son Cameroun natal où, comme dans une grande partie de l’Afrique, deux discours s’opposent sur l’homosexualité : le discours anti, selon lequel c’est une importation occidentale; le discours pro, selon lequel sa criminalisation est une survivance des lois coloniales. 3 PALAIS Après son post courageux, on en oublierait presque que Brenda Biya cumule tous les stéréotypes de la fille de dictateur. Son père règne depuis 1982 sur le Cameroun, où, selon le politologue Achille Mbembe, « la corruption sévit à tous les niveaux de la société ». Quant à Brenda Biya, elle vit en Suisse et on dit qu’elle est née en 1997 à Yaoundé, au palais d’Etoudi, résidence du chef de l’Etat. 4 ÉTUDES Brenda a fait ses études à l’internat du Collège du Léman, dans le canton de Genève. Comme son frère aîné Paul Biya Junior ou le journaliste trumpien Tucker Carlson. Puis à Harvard, où elle a étudié la kinésithérapie et les techniques de l’information. Annoncée par le directeur de l’Ecole nationale d’Administration et de Magistrature (l’ENA camerounaise), puis annulée par le ministre de la Fonction publique « pour violation de la réglementation », puis finalement rétablie, son admission chaotique à l’Enam a fait l’objet d’une vive polémique en 2017. Piston? 5 RAPPEUSE Sous le nom de King Nasty, cette florissante influenceuse a publié trois morceaux de rap, dont « Bad Bitch Anthem ». 6 ENTREPRENEUSE En avril 2020, elle lançait sa marque, Bree Culture, qui commercialise notamment des perruques. 7 HERMÈS Selon le magazine « Jeune Afrique », elle a offert à une amie un sac Kelly d’Hermès d’une valeur de 31000 euros. Rappelons que le revenu annuel par habitant, au Cameroun, s’élève à 1500 euros. 8 ILLUMINATI La fille de Paul Biya se dit « sur écoute » et « harcelée » à coups d’« ultrasons subliminaux » par « une société secrète qui s’appelle les Illuminati » : des « Occidentaux » qui l’« espionnent » et « détestent [son] père ». 9 “STORY TIME” Dans une « story time » de 2023, elle racontait son rendez-vous genevois avec un soupirant « de 1,92 mètre » aux « bonnes vibes » (« Il aime les théories du complot, comme moi »). En réponse, un(e) internaute lui écrit : « Tu luttes pour avoir un copain, nous, nous luttons pour avoir de l’eau potable et de l’électricité. Tu passes tes journées dans des hôtels de luxe, nous, nous passons nos journées dans l’enfer que ton père a créé au Cameroun. Tu nous montres tes habits de marque, nous, nous te montrons le linceul qui couvre les cadavres du système de ton père... » 10 “HYPOCRISIE” « Nous nous réjouissons de la liberté de Brenda, nous reconnaissons également la dure réalité : au Cameroun, denombreuxcitoyensLGBTQ+ sont victimes de discrimination et de persécution, a commenté Nkwain Hamlet, président de l’ONG LGBT Working for Our Wellbeing. Cette hypocrisie ne peut pas durer. » On l’aura compris, au Cameroun, une seule femme a le droit de « faire maman-maman » : la fille du dictateur. BrendaBiya Alors que le Cameroun réprime l’homosexualité, la fille du président Paul Biya a fait son coming out sur les réseaux sociaux Par Fabrice Pliskin © KINGNASTYY/INSTAGRAM 11 nº 3119 · 11/07/2024 Le Nouvel Obs LESURSAUT… ETL’INCONNU Emmanuel Macron espérait une “clarification”. Depuis le second tour des législatives, dimanche, la France se retrouve au contraire dans un grand flou. Certes, les Français ont dit non à l’installation de Bardella à Matignon, et la gauche est sortie en tête du scrutin. Mais la voie pour gouverner est plus qu’étroite… Par Matthieu Aron et Alexandre Le Drollec Photos Marin Driguez J ardin d’hiver de l’Elysée, vingt-quatre heures après le second tour des législatives. La France estplongéedansunbrouillardpolitiqueetinstitutionnelinédit.EmmanuelMacron,lui,célèbre entoutediscrétionle103e anniversaireduphilosophe Edgar Morin. Au milieu d’une cinquantaine d’invités,intellectuels,diplomatesetquelquespolitiques ← Rassemblement place de la République, à Paris, au soir du 2e tour des législatives, le 7 juillet. © MARIN DRIGUEZ/AGENCE VU’ POUR « LE NOUVEL OBS » nº3119 · 11/07/2024 Le Nouvel Obs 13 En couverture Laveille,20heures.Unimmensecridejoieretentit placedelaRépublique,àParis.Lesvoituresklaxonnent, des milliers de jeunes chantent, dansent, exultent. Ilflottepresquecommeunairdemai1981.Quelques minutes auparavant, l’atmosphère était pourtant lourde. L’extrême droite était si proche du pouvoir… « On a eu peur. On a vécu trois semaines en apesanteur », raconteuncoupledetrentenaires.Desslogansfusent. « Hanouna, casse-toi », entend-on en écho à la sortie du présentateur de « Touche pas à mon poste ! » qui avait annoncé son intention de quitter le pays en cas devictoiredeLaFranceinsoumise(LFI).Puislafoule reprend en chœur : « On a gagné, on a gagné ! » Car la victoire est là, oui. A la surprise générale, le Nouveau Front populaire est bien arrivé en tête du second tour des législatives. Mais quelle victoire? « A 20 heures, le scénario est si renversant que s’impose aussitôtcerécit,analyseuneéminencegrisedelagauche. Mais peut-on vraiment parler de victoire alors que les macronistesnesontqu’àquatorzesiègesderrièrenous?» EmmanuelMacronentendaitfairede«sa»dissolutionsurprisedu9juinungestede«clarification».Mais un seul élément est limpide à l’issue de ces élections : les Français n’ont pas voulu confier les clés de Matignon au président du RN, Jordan Bardella. Annoncé prochedelamajoritéabsoluedansunpremiertemps, le parti n’a fait que chuter dans les sondages au fil des semaines : après la mise en place du front républicain et une calamiteuse campagne de second tour, il a fini, avec 143 sièges, en troisième position. Mais à part cette défaite, le flou est total. « Nous entrons en terre inconnue », alerte le politiste Vincent Martigny.Jamais,depuissoixante-cinqans,lepaysnes’est retrouvé dans une telle impasse. L’Assemblée sortie desurnesestdiviséeentroisblocs–leNouveauFront populaire (182 députés), Ensemble (168) et le RN et sesalliés(143)–etaucunemajoritéclairenesedégage. UncasdefigureinéditsouslaVe Républiquequi,«avec sonscrutinuninominalàdeuxtours,avaitétépenséepar les gaullistes pour, justement, éviter cet imbroglio », souligne le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier. Les électeurs en ont décidé autrement… Politiquement,EmmanuelMacronn’apluslamain. Alorsquelagauchemultiplielesconciliabulespourtenter de se mettre d’accord sur un premier-ministrable acceptable par tous, le chef de l’Etat devait s’envoler le 10 juillet pour assister pendant deux jours au 75e anniversaire de l’Otan à Washington. En attendant son retour, le locataire de l’Elysée a demandé à son Premier ministre, Gabriel Attal – qui n’aspire désormais qu’à une rupture nette avec celui qui l’a installé à la tête du gouvernement il y a seulement six mois –, de rester en poste le temps qu’il faudra… L’état d’esprit du président? « Laissons la gauche faire – dont Jean-Pierre Raffarin, Rima Abdul Malak et Anne Hidalgo –, le président lâche quelques confidences sur les conséquences de sa dissolution. Les législatives? Les résultats du premier tour l’ont troublé : il ne s’attendait pas à ce que le Rassemblement national (RN) confirme à ce point sa percée aux européennes. Et maintenant? Quelle majorité, quel Premierministre?Aumomentoùdesrumeursévoquent lapossibilitéd’ungouvernementavecladroite,lechef de l’Etat assure qu’il ne veut pas s’en mêler. « Si j’interviens, les gens penseront que c’est un coup d’Etat! » Il espère toutefois que les partis « feront attention » : « Il faut qu’ils soient raisonnables et proposent quelqu’un d’acceptable. Car c’est la dernière fois qu’on pourra faire barrage. » A gauche, il compte sur des personnalités comme François Hollande pour peser sur les orientations du Nouveau Front populaire (NFP). ↑ Place de la République, le soir du 7 juillet. © MARIN DRIGUEZ/AGENCE VU’ POUR « LE NOUVEL OBS » Le Nouvel Obs nº3119 · 11/07/2024 14
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