LE NOUVEL OBS n°3154 - Page 6 - 3154 A 0g CO2 /km B C D E F G Editorial H ier soir, nous l’avons bien compris, une nouvelle ère d’infamie a commencé. » Après le chaos du bureau Ovale, vendredi dernier, les mots justes d’Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, ont remis un peu d’ordre dans nos têtes. La scène sidérante qui venait de se dérouler à Washington, entre Trump, Vance et Zelensky, n’était pas seulement violente, inédite, humiliante et vulgaire. Elle était infâme. Dans une terrifiante tentative d’inversion du réel, nous avons vu, en direct, un chef d’Etat en résistance accusé d’être un agresseur belliqueux, un héros harcelé par deux mafieux imbus de leur puissance. Lundi, le président américain annonçait le gel de l’aide militaire des Etats-Unis à l’Ukraine. Dont acte. Un nouvel ordre mondial est né, et l’Europe, comme frappée par un électrochoc, commence enfin à se ressaisir. Face à une oligarchie avide de dealsnebénéficiantqu’àelle-même,l’urgenceestàla créationd’unedéfenseeuropéenne,àmêmed’assurer notre autonomie stratégique. Non pas pour jouer à se faire peur, ni pour accélérer la marche à la guerre. Mais pour restaurer des capacités de dissuasion dont l’Amérique s’apprêteànouspriver.Yparvenir nécessitera des investissements colossaux – des centaines de milliards d’euros –, des emprunts partagés – comme l’Union européenne les avait initiés durant la pandémie de Covid –, la révision de nos règles budgétaires. Bref, la construction d’une économie de guerre, dont nous sommes loin et dont, en toute honnêteté, on se passerait bien. Les milliards investis dans notre défense ne le seront pas ailleurs, dans la lu�e contre les inégalités ou le réchauffement climatique. Mais au-delà des armes, ces derniers jours montrent la voie pour une diplomatie européenne forte et émancipée. Consciente de sa puissance, l’UE n’en défendra que mieux le droit, les libertés et la démocratie. En un mot, ses valeurs. Comme l’explique avec énergie Raphaël Glucksmann dans le dossier que nous consacrons ce�e semaine à ces questions, elle n’a pas d’autres choix, au regard de son histoire et alors que le continent se trouve grignoté par des forces nationales-populistes et prorusses. A l’échelle nationale, un débat politique et stratégique exigeant doit s’ouvrir. Emmanuel Macron, qui reprend avec ardeur son rôle de diplomate, se démultiplie, de sommets en médias. Mais le fiasco de la rencontre Trump-Zelensky, à laquelle il avait semble-t-il œuvré, nous appelle à l’humilité. Quant à son camp, il a beau appeler à l’unité nationale, le message sonne creux, pour ne pas dire faux, dans une Assemblée à couteaux tirés et soumise à tous les aléas politiques. D ans l’immédiat, le choc Trump réveille surtout les pacifistes à tout prix. D’un côté, Jean-Luc Mélenchon et le Parti communiste réitèrent leur vision d’un conflit présumément provoqué par l’Otan et les Etats-Unis. A l’opposé, le Rassemblement national, carburant au défaitisme et à l’affaiblissement de l’Europe, se montre incapable de se hisser à la hauteur du moment. A l’extrêmedroiten’arésonnédurantplusieursjoursqu’un silence coupable : elle qui voulait – voudrait – diriger laFrance,setait,lâchement,quandlemondebascule. Il faut dire que Marine Le Pen cumule la triple tare de son soutien passé à Poutine, de sa clémence envers Trump et de son adhésion, au fond, à une bonne partie de son action – contre les agences indépendantes, les étrangers, le climat, les médias… Derrière le vide de ses appels à la paix, quand il faut au contraire exiger une paix durable et le moins injuste possible, elle valide, de fait, la loi des plus forts, contre les intérêts d’une Europe qu’elle exècre. C’est l’occasion de rappeler que le RN siège, au Parlement européen, avec les troupes d’un autre « homme fort », le Hongrois Viktor Orbán, seul dirigeant européen à avoir remercié Trump d’avoir « courageusement défendu la paix ». Une ligne intenable en France, où l’opinion publique – et c’est réconfortant – se montre toujours fortement solidaire du peuple ukrainien. La politique étrangère, dit-on, n’a jamais fait un scrutin national. Mais ça, peutêtre, c’était le monde d’avant. La politique du monde d’après PA R F LORE THOM ASS ET, DIRECTRIC E A DJ OIN TE DE L A RÉ DACTIO N Conscientedesa puissance,l’Union européennen’endéfendra quemieuxledroit,les libertésetladémocratie. Enunmot,sesvaleurs. © STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 4 Le Nouvel Obs nº3154 · 06/03/2025 Votre épargne est entre de bonnes mains Les rendements passés ne préjugent pas des rendements futurs. Carac Épargne Patrimoine est un contrat d’assurance sur la vie, individuel, multisupports à versements libres, libellé en euros et en unités de compte. Les montants investis sur les supports en unités de compte ne sont pas garantis mais sujets à des fluctuations à la hausse ou à la baisse dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers et immobiliers. La Carac s’engage sur le nombre d’unités de compte et non sur leur valeur. Le risque financier de moins-value est donc supporté par l’adhérent. Carac - Mutuelle d’épargne, de retraite et de prévoyance Mutuelle soumise aux dispositions du Livre II du Code de la mutualité - SIREN : 775 691 165 Siège social : 159, Avenue Achille Peretti - CS 40091 - 92577 Neuilly-sur-Seine cedex N° Cristal : 0 969 32 50 50 (Appel non surtaxé) - www.carac.fr IP Campagne taux_Conception-création : HandiPRINT_Carac_Crédit photographique : Getty Images – NA25PROBSCEPAT02 (1) Taux net de frais de gestion et brut de prélèvements sociaux sur le contrat Carac Épargne Patrimoine. Les rendements passés ne préjugent pas des rendements futurs. Ce taux s’applique aux garanties en cours au 31 décembre de l’exercice concerné. Il ne s’applique pas en cas de décès ou de rachat au cours de l’exercice concerné. (2) Frais de gestion appliqués sur l’épargne gérée : 0,90 % sur le support « Sécurité » libellé en euros et de 0,90 % à 1 % sur les supports libellés en unités de compte, selon les modalités précisées dans le règlement mutualiste. (3) Du 1er janvier au 31 mars 2025, la Carac propose une offre promotionnelle de bienvenue. Pour tout nouvel adhérent souscrivant à Carac Épargne Patrimoine, la Carac offre sous forme d’abondement : 50 € si le versement initial est supérieur ou égal à 2000 € et inférieur à 10000 €, 100 € si le versement initial est supérieur ou égal à 10000 € et inférieur à 50000 €, 500 € si le versement initial est supérieur ou égal à 50000 € et inférieur à 100000 €, 1000 € si le versement initial est supérieur ou égal à 100000 €. 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Alors que l’administration Trump vient d’annoncer le gel de son aide militaire à l’Ukraine et montre une hostilité croissante envers l’UE, les démocraties du Vieux Continent vont devoir assumer seules leur défense face à la menace russe. Notre dossier, avec un grand entretien avec Raphaël Glucksmann EN COUVERTURE © BRIAN REYNAUD POUR « LE NOUVEL OBS » Culture Tendances 62 Peinture L’œil de Luz 66 Neige Sinno Cher J.M.G. Le Clézio… 68 Steven Knight Working class hero 70 Cinéma Shiori Ito, seule contre tous 72 Le bloc-notes de Jérôme Garcin 73 Le guide critique Livres, cinéma, musique, expos… Notre sélection 86 Phénomène Le luxe retient son souffle 90 Parfumerie La vanille dans le vent 93 L’Observatrice par Sophie Fontanel 94 Jeux par Gaëtan Goron 96 Le courrier des lecteurs Les solutions des jeux 97 Par ailleurs La BD de Lisa Mandel 98 Un dernier mot par David Caviglioli © ILLUSTRATION LOLA HALIFA-LEGRAND D’APRÈS JAVIER TRUEBA/UNSPLASH – CHIP SOMODEVILLA/ZUMA-REA – THOMAS CECCHELANI POUR « LE NOUVEL OBS » – CHANEL 6 Le Nouvel Obs nº3154 · 06/03/2025 Originedupapier:Suède.Tauxdefibresrecyclées:0%.CemagazineestimpriméchezNewsprint,certifiéPEFC.Eutrophisation:PTot=0.003kg/tonnede papier.Ouvrageimpriméavecdesencresconformesàlanorme«BlueAngel». 10-31-3364 / Certifié PEFC Ce produit est issu de forêts gérées durablement, de sources recyclées et contrôlées. www.pefc-france.org Lapublicationcomporte100pages.Pourlesabonnés,uncahier«TéléObs»de24pagesestjoint.Chiffredetirage:160000exemplaires.ImprimeursNEWSPRINTetHELIOPRINT. Société éditrice : Le Nouvel Observateur du Monde. Directrice de la rédaction: Cécile Prieur. Président du directoire, directeur de la publication: Sandro Martin. Numéro CPPAP: 0525 C 85929. Numéro I.S.S.N: 2416-8793. Dépôt légal: à parution. Abonnements : France (un an) : 160 €. Etudiants : 109 €. Etranger et entreprises : nous consulter. Relations abonnés, 67, avenue Pierre-Mendès-France 75013 Paris – Tél : 01-40-26-86-13 / abonnement@nouvelobs.com. Vous pouvez consulter nos conditions générales d’abonnement à l’adresse suivante : https://www.nouvelobs.com/cgv. L’Obs (ISSN 2416-8793) is published weekly by Le Nouvel Observateur and distributed in the USA by UKP Worldwide, 3390 Rand Road, South Plainfield, NJ 07080. Periodicals postage paid at Rahway, NJ. and additional mailing offices. POSTMASTER : Send address changes to L’Obs (Publisher) C/O3390RandRoad,SouthPlainfieldNJ07080. Par téléphone au 01 40 26 86 13 Sur nouvelobs.com/abo12 Abonnez-vous au NouvelObs Evadez-vous… Vous êtes à bord de l’Express Côtier, ligne légendaire depuis plus de 130 ans, qui vous fait découvrir la Norvège autrement. De port en port, laissez-vous séduire par le charme de Bergen, les fjords majestueux, la splendeur des îles Lofoten et le cap Nord. Vivez une expérience unique « Made in Norway », entre excursions enrichissantes, rencontres authentiques avec les Norvégiens, et délices culinaires inspirés des régions visitées. Et pour sublimer votre voyage, laissez-vous émerveiller par la magie du soleil de minuit. Entrez dansla légende norvégienne *Offre soumise à conditions, non rétroactive et valable sur le tarif du jour. Réduction de 200€ par personne (soit -400€ pour une cabine double) pour un voyage Bergen/Bergen du 01.04 au 30.09.2025. Hurtigruten France SAS - IM 075100037 – Siret Paris B 449 035 005 – APST - R.C.S HISCOX RCAPST/125 520 Pour plus d’informations, scannez-moi Réservation au 01 86 26 03 99, sur hurtigruten.fr ou dans votre agence de voyages Jusqu’à -400€ En réservant votre croisière avant le 31 mars ©photo : Stian Klo PA R C L AUDE SOUL A, JO URNALISTE AU SE RVICE ÉCO NO MIE Chronique Economie Marie-Ange Debon ou Marlène Dolveck –, le président sortant résume son succès par une formule, « le cercle vertueux de la croissance rentable ». La SNCF investit, donc elle peut faire circuler plus de trains, donc gagner plus d’argent, donc investir plus, etc. Il le reconnaît aussi : la performance n’aurait pas été possible si l’Etat ne l’avait pas débarrassé en 2018 d’une dette insoutenable – 35 milliards – contractée pour bâtir le réseau TGV. En échange, la SNCF avait promis de ne plus faire appel aux deniers publics et de devenir durablement rentable. Pour la motiver, l’Etat actionnaire avait fait un sacrifice de plus : il lui avait promis de laisser tous ses profits dans ses caisses à elle, pour qu’elle puisse investir plus, au lieu de se verser des dividendes comme il le faisait dans le passé. Et ça a fonctionné. On pourrait expliquer la même chose avec des termes différents. Tout va bien justement parce que les usagers hurlent régulièrement contre les tarifs et que les chaînes d’info traitent systématiquement le sujet quand approchent les grands départs : il y a toujours des familles qui ont payé leurs billets de dernière minute à un prix délirant, même si la plupart des voyageurs sont protégés du phénomène, parce qu’ils achètent assez en avance, ou parce que 5 millions d’entre eux ont acheté une carte Avantage. Mais ces prix parfois délirants ont aussi une vertu : le modèle économique du rail en France dépend moins du budget public. L’Etat verse encore des subventions, ce qui est normal : la majeure partie de l’énorme réseau est structurellement déficitaire, avec des lignes qui assurent un service public d’aménagement du territoire. Mais le choix économique primordial, c’est de faire payer l’essentiel par les voyageurs, ce qui donne des tarifs élevés. O n peut juger que c’est absurde sur le plan écologique, que la réduction du trafic automobile mériterait un effort de la collectivité. D’autres pays ont d’ailleurs fait un choix différent : l’Etat italien paie lui-même l’entretien de son réseau et les compagnies locales affichent ainsi des tarifs bien plus bas que les nôtres. Mais c’est au détriment d’autres dépenses publiques (santé, retraites, éducation…) moins bien loties qu’ici. Tout cela ne veut pas dire que l’Etat n’aura plus jamais à secourir la SNCF : l’ouverture à la concurrence de ses lignes les plus rentables peut remettre cet équilibre fragile en question. Mais, pour le moment, le successeur de Farandou peut respirer : quand l’Etat coupera dans ses dépenses globales pour réduire son déficit, il sera épargné car son entreprise a déjà appris à vivre avec moins d’Etat. V ous vous énervez quand vous voyez les tarifs de la SNCF? Quand vous ne trouvez pas de place dans un TGV archicomplet?Chassezlesmauvaises pensées et regardez le bon côté des choses : c’est un signe de bonne gestion publique ! L’argent de la SNCF, c’est de moins en moins celui du contribuable. C’est avant tout le voyageur qui paie, et qui paie même de mieux en mieux. C’est une grande fierté pour Jean-Pierre Farandou,quivabientôtrendre–àcontrecœur–son tablier de PDG, atteint par la limite d’âge. Le patron s’est décerné lui-même un satisfecit, en dressant le bilan de ses cinq ans de pouvoir : ils se concluentsurunchiffred’affairesenhausseannuelle de4,8%à43,4 milliardsd’euros,unemargerecordde 16% sur ce chiffre d’affaires, quatre ans de bénéfices successifs et surtout 10,8 milliards investis en 2024 dans la rénovation du réseau et le nouveau matériel. Les deux grosses crises successives, celle du Covid, qui avait bloqué le trafic, puis celle de l’Ukraine, qui avait fait exploser le prix de l’énergie – premier poste de dépense de la SNCF, plus gros client d’EDF en consommant à elle seule l’équivalent d’une centrale nucléaire –, n’ont pas laissé de traces. Pas plus que les deux grandes grèves qui ont longuement perturbé le trafic, pour s’opposer à la réforme des retraites. En attendant son successeur – que ce soit un candidat extérieur comme Jean Castex ou une promotion interne, comme La SNCF dans le cercle des profits Toutvabienjustement parcequelesusagers hurlentrégulièrement contrelestarifs. © STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 8 Le Nouvel Obs nº3154 · 06/03/2025 Chronique Etranger P lacerladissuasionnucléairefrançaise auservicedel’Europe:celafaitpartie des thèmes qui animent des communautés d’experts depuis longtemps ; c’estaujourd’huiunsujetd’actualitébrûlante. C’est évidemment l’impact direct du virage stratégique pris par Donald Trump depuis sonretouràlaMaison-Blancheetdeschocsà répétition,dontletraitementinfligéàVolodymyr Zelensky dans le bureau Ovale est le symboleultime.Sile«parapluie»américain n’estplusgarantipourlesalliésdel’Amérique, il faut envisager de changer de paradigme. DepuisleBrexit,laFranceseretrouvelaseule puissance nucléaire de l’Union européenne totalement autonome vis-à-vis des EtatsUnis (le nucléaire britannique dépendant étroitement de Washington). A la veille de sa victoire électorale, Friedrich Merz, le prochain chancelier allemand, chef de file de la très atlantiste Union chrétienne-démocrate (CDU), a lancé le débat d’une manière inédite : il a évoqué la nécessité de discuter « avec les Britanniques et les Français pour savoir si leur protection nucléaire pourrait également s’étendre [aux Allemands] ». Il a reconnu que l’Allemagne n’avait jamais répondu aux « offres » françaises par le passé. Une allusion, notamment, à des «petitesphrases»prononcéesparEmmanuel Macroncesdernièresannées,sedisantfavorable à « ouvrir le débat » sur la dimension européenne de la dissuasion française. Ce n’est pas un sujet simple, ni politiquement, ni sur le plan opérationnel. L’arme nucléaireestentrelesmainsduchefdel’Etat, etsonusagen’estenvisagéquesiles«intérêts vitaux » de la nation sont menacés : c’est la doctrine. Mais la définition des « intérêts vitaux » a assurément évolué, même si elle reste soumise à une ambiguïté stratégique voulue.Ainsi,ilyaurasansdouteunconsensusenFrancepourestimerquesil’Allemagne est attaquée, les « intérêts vitaux » français sont menacés. Mais si c’est la Lituanie ? OulaRoumanie?Laréponseestsansdoute moins claire pour l’opinion française. L’enjeu opérationnel est complexe aussi. Européaniserlaforcededissuasionfrançaise nepeutévidemmentpassignifierlepartage de la décision ultime. On n’imagine pas convoquerunConseileuropéenàvingt-sept, ou demain à trente-cinq, pour prendre une telle décision. C’est contraire à la logique comme aux textes qui la régissent. Mais comment convaincre les Lituaniens, pour reprendre cet exemple, ou les Allemands, pour suivre la proposition de Merz, que leur sécurité dépend du seul bon vouloir du chef de l’Etat français?Etquediresiunjour cechefd’Etats’appelleMarine Le Pen, qui est en désaccord avec l’européanisation de la forcededissuasionfrançaise? La réponse à ces questions n’est pas simple ; mais à l’heure du divorce transatlantique, le débat est lancé et ne disparaîtra pas. Trump aura précipité un mouvement jusque-là esquissé par petites touches, pas trop fort de peur d’effrayer les Américains. La prise de conscience de la nécessité d’une autonomie stratégique européenne est désormais là, y compris chez ceux qui considéraient la posture française comme trop antiaméricaine. Il leur reste à méditer cette phrase du général de Gaulle en 1962 : « Il nous faut notre propre force de dissuasion nationale.Sinousnepouvionscompterquesur laforcedefrappeaméricaine,nousn’aurionsplus devraiegarantie.[…]Laforcededissuasionn’est pasfaiteseulementpourdissuaderunagresseur. Ellefaitaussibienpourdissuaderunprotecteur abusif.»Reconnaissonsquec’étaitbienvu! Partager la dissuasion nucléaire PA R P I ERRE HASK I ,É DITO RIALISTE Rien que sur Nouvelobs.com Retrouvez la sélection de la semaine sur notre site : qrco.de/SurLeWeb ↓ Médias Cyril Hanouna dans le groupe M6 : comment faire rentrer le dentifrice dans le tube ? Par Véronique Groussard Politique C’est moche, de copier : quand la droite française imite Trump et Musk Par Julie Clarini, Xavier de La Porte et Rémi Noyon EcoloObs Incendies, tempêtes, montée des eaux, comment le changement climatique pousse déjà des Français à quitter leur logement : une série en quatre épisodes Par Sébastien Billard, Emilie Brouze et Margaux Otter Onn’imaginepas convoquerun Conseileuropéen àvingt-septpour prendreunetelle décision. © JP PARIENTE/SIPA – ALAIN ROBERT/SIPA – MARIO FOURMY/SIPA – ILLUSTRATION STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 9 nº3154 · 06/03/2025 Le Nouvel Obs Fondateurs:JeanDaniel,ClaudePerdriel. 67,avenuePierre-Mendès-France,75013Paris. Standard:01.44.88.34.34. Pouradresserune-mailàvotrecorrespondant,ilsuffitdetaperl’initiale desonprénompuissonnomsuivide@nouvelobs.com DIRECTION Conseildesurveillance:LouisDreyfus(président),LouGrasser(vice-présidente), BéatricedeClermont-Tonnerre,FrédéricCurtet,Jacques-AntoineGranjon, VioletteLazard,XavierNiel,ClaudePerdriel,MatthieuPigasse. Directoire:SandroMartin(président),CécilePrieur(directricedelarédaction). RÉDACTION Directrice:CécilePrieur. Directeursadjoints:SylvainCourage,GrégoireLeménager,FloreThomasset. Rédacteursenchef:NathalieBensahel,GuillaumeLaunay,GéraldineMailles, FrançoisSionneau. Directeurartistique:XavierLucas. Assistantesderédaction:CatherineRode,CatherineCoimet,StéphanieTerreau. Courrierdeslecteurs:courrier@nouvelobs.com Chroniqueurs:DavidCaviglioli,MaraGoyet,PierreHaski. Dessinatrice:LisaMandel. France:MaëlThierry,AlexandreLeDrollec(chefadj.),EmmanuelleAnizon, LucasBurel,RémyDodet,CarolineMichel-Aguirre,CamilleVigogneLeCoat. 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Tous les gens un peu raisonnables ont été écœurés par cette mise en scène immonde, par ces procédés mafieux. Si la sidération a été largement partagée, les commentaires qui ont suivi l’événement ont cependant donnédansl’atermoiement.Zelenskyaurait commisuneerreurdiplomatique.Iln’aurait pasdûyaller.Ilauraitdûmettreuncostume. Il a été mal conseillé. Il aurait dû se taire. Il ne parle pas assez bien anglais. Il a commis tel ou tel impair, etc. Comme on le dit vulgairement,surlesplateauxdetélévision, les«experts»ont«refaitlematch».Quelle honte… Le président d’un pays en guerre depuis trois ans se fait tabasser en direct, devantlemondeentier,pardeuxtypessans scrupule et l’on chipote, ergote. Vae victis… Mais qui sont ces gens ? Sans doute les mêmesspécialistesquiontévoquéleuraccablementaprèsl’assassinatdeSamuelPatypar unterroristeislamistetoutenexpliquantque soncoursétaitproblématique,qu’ilauraitdû fairececioucela.Quelmanquededécence! Et de pertinence : il faut parfois se départir desafatuitédedemi-habilechevronnépour regarder la situation telle qu’elle est. On ne tuepasunenseignant.C’est tout.Onn’humiliepasunprésidentdontlepaysestmenacé d’invasion par un dictateur sans foi ni loi. Du moins si l’on est démocrate, humaniste, ou tout simplement, banalement moral. Aucune subtilité géopolitique n’autorise à mettreenperspectivel’ignominieduprocédé. L’« anti-bisounoursisme » cynique des Clausewitz des chaînes info finit par être aussi con que la guimauve pacifique version collabo. Cela rend même aveugleaucouragehorsnorme duprésidentukrainien.Iln’est pas resté muet. Il n’a pas non plus eu de réaction que l’on aurait qualifiée d’historique (à l’instar d’un bon mot de Churchill ou de Gaulle, de la chaussure de Khrouchtchev à l’assemblée générale des Nations unies ou, plus modestement, de l’« Au revoir » de VGE après sa défaite en 1981). Commeill’adit,ilnejouaitpasauxcartes, il n’était pas là pour faire un « bon moment de télévision ». En somme, il n’a pas sacrifié son pays pour un bon mot, pour une belle séquence, pour se hausser du col, pour répondreàl’insulte.Ilavait touteslesqualités pour que ce moment ait de la gueule, pour sortir une punchline éternelle. Il a choisi d’être responsable. Et digne. Trump et Vance, eux, au contraire, ont non seulement humilié leur humanité, leur fonction mais aussi leur grande nation démocratique.Danscedomaine,ilfaudrait peut-êtreaussiquelahontechangedecamp. Etquelescommentateurs,éprisd’atermoiement, en soient conscients. Leprésident Zelenskyse faittabasseren directdevantle mondeentier,et onchipote,on ergote,on“refait lematch”. © STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 10 Le Nouvel Obs nº3154 · 06/03/2025 L ’enquête est menée dans le plus grand secret depuis plus d’un an par le Parquet national financier (PNF). Mardi 4 mars, quarante gendarmes de la section de recherches de Marseille ont mené une vaste opération de perquisitions à Fréjus, se rendant à la mairie, dans plusieurs entreprises de la cité varoise, ainsi qu’au domicile du maire, David Rachline (photo), tiré du lit au petit matin. Ces perquisitions interviennent dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en janvier 2024 pour « des chefs de “favoritisme, recel de favoritisme, corruption active et passive d’élu”, suite à la publication en novembre 2023 du livre “les Rapaces” », sous la direction du premier vice-procureur du PNF, affirme une source judiciaire. La relation privilégiée entretenue par le vice-président du Rassemblementnationalavecleplusgros entrepreneur local du BTP, Alexandre Barbero, ainsi que la circulation d’argent liquide autour de l’élu sont au cœur des investigations. Pour éviterlesfuites,cesdernièresn’ontpasétéconfiéesà un service de police du Var, mais délocalisées à Marseille.« Il convenait de sortir de la zone »,explique-t-on. De nombreux interrogatoires ont déjà été réalisés. Une lourde menace pour le lieutenant de Marine Le Pen et Jordan Bardella. CamilleVigogneLeCoat chaque jeudi avec Les informés de Jean-Rémi Baudot et Aurélie Herbemont du lundi au jeudi à 20h 1h de décryptage et d’analyse de l’actualité HIDALGO ÉTRILLE MÉLENCHON « Il est urgent de tourner la page des stratégies destructrices incarnées par JeanLuc Mélenchon. » Dans « Résister. Le pari de l’espoir », un livre à la tonalité pourtant bien policée à paraître le 12 mars aux éditions de l’Observatoire, Anne Hidalgo réaffirme tout le mal qu’elle pense du leader insoumis, pointant l’« impasse » qu’il représente pour la gauche en vue des municipales de 2026 et surtout de la présidentielle de 2027. Sa « fidélité » à l’Alliance bolivarienne, sa quête obsessionnelle du « chaos », son « pacifisme de façade », son « admiration » pour Vladimir Poutine ou ses « errements idéologiques flirtant avec l’antisémitisme » : la future ex-maire de Paris ne trouve aucune circonstance atténuante à son ex-camarade socialiste, qui, prédit-elle, n’unira « jamais la gauche » et « encore moins les Français ». EUROPE 1 PLEURE HANOUNA Cyril Hanouna termine la saison sur Europe 1, où il anime une émission d’après-midi depuis juin 2024. Mais, en septembre, il sera sur Fun Radio (groupe M6). Car son contrat comporte deux volets : Fun Radio l’après-midi et W9 pour un talk-show en avant-soirée. Pour Europe 1, qui retrouvait – un peu – des couleurs, c’est une mauvaise nouvelle, car l’animateur pèse pour 11 % dans son audience, derrière le 7-9 (24 %) et 11-13 de Pascal Praud (17 %). MAYER-ROSSIGNOL ÉCARTE HOLLANDE Le congrès du PS, prévu en juin, se précise. Comme en 2023, Nicolas Mayer-Rossignol sera candidat au poste de premier secrétaire face à Olivier Faure. Fervent défenseur d’une rupture avec les insoumis, il esquisse les contours d’une « nouvelle confédération » avec Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann. Et exclut l’idée d’une candidature de François Hollande en 2027 : « Pour l’avenir, il faut du renouveau. » MAIRIE DE FRÉJUS LE PNF MÈNE DES PERQUISITIONS CHEZ RACHLINE EN BREF © LAURENT COUST/SOPA IMAGES/ZUMA/REA – CARINE SCHMITT/HANS LUCAS VIA AFP 11 nº3154 · 06/03/2025 Le Nouvel Obs Téléphonerouge / Argent Page réalisée avec Q LE CHIFFRE -20 % C’est la chute du cours du bitcoin en une semaine, du 24 au 28 février. La cryptomonnaie est repassée sous la barre des 80000 dollars, très loin de son record historique à 109000 dollars atteint le 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump. L’euphorie de l’accession au pouvoir du candidat procrypto se dissipe. L’ŒIL DE PATRICK THIBERGE Menace sur les “Trump trades” Les marchés américains ont connu une correction assez importante en fin de semaine, remettant en question les « Trump trades » qui avaient dominé depuis l’élection de Donald Trump. Ces stratégies, basées sur l’anticipation de politiques favorables aux entreprises, ont subi un revers important. Le bitcoin a chuté de plus de 20 % par rapport à son récent record, passant sous la barre des 80000 dollars. Le Nasdaq a plongé de près 3 % le 27 février, avec Nvidia perdant plus de 8 %. L’or a également baissé, tandis que les rendements des bons du Trésor américain ont fondu en l’espace de quelques jours seulement. Cette correction reflète les inquiétudes croissantes concernant la politique commerciale de Trump, l’impact potentiel de son administration et l’état de l’économie américaine. Sans oublier la menace de concurrents chinois dans l’IA, qui ont affecté Nvidia et ses 3000 milliards de dollars de valorisation. La réaction de Trump face à la baisse de la Bourse, l’un de ses indicateurs préférés, sera à suivre de près, et incite à la vigilance dans les semaines à venir. Quand Trump est contrarié, ses décisions peuvent devenir particulièrement imprévisibles… Q LE CONSEIL DU BON USAGE DES ETF S i vous vous intéressez de près ou de loin aux placements financiers, vous avez probablement entenduparlerdesETF(Exchange Traded Fund) aussi appelés trackers. Ces fonds indiciels, qui cherchent à suivre l’évolution d’un indice boursier,àlahaussecommeàlabaisse,ont collecté 1500 milliards de dollars l’an dernier, contre 1200 milliards de dollars, le précédent record, en 2021. Il faut reconnaître qu’ils offrent de nombreux avantages. En premier lieu, leur simplicité. Par exemple, en investissantsurunETFCAC40,voussuivrez l’évolution de l’indice des grandes actions françaises. Et il existe des ETF sur la plupart des grands indices d’actionsoud’obligations.L’autreavantage est le coût de ce genre de placement : alors qu’un fonds classique impose de 1 % à 3 % de frais annuels, c’estsouventmoinsde0,20%pourun ETF.Pourtantlasimplicitén’apasque desavantages,surtoutquandelleincite les investisseurs à foncer tête baissée surunesolutionpromettantdesrendements attractifs à bas coûts. De nombreux particuliers pensent qu’il suffit d’investir dans un ETF MSCI World, indice des grandes valeurs internationales, pour bénéficier d’un placement diversifié et rentable, au vu des performancespassées.Maiscetindiceest composéde70%d’actionsaméricaines. Uninvestisseurquiyplacerait toutson capital ferait en réalité un pari massif surl’économieaméricaine.Sicelapeut payer,unépargnantavisédevraitchercheruneplusgrandediversification,en mixantzonesgéographiquesetsecteurs, et éviter de se ruer sur un ETF uniquement parce qu’il a brillé par le passé. N’oubliez pas également qu’un portefeuille bien diversifié doit être composé d’actions, mais également d’obligations, de matières premières, d’immobilier ou encore de private equity. L’ETF est un excellent placement,quasimentincontournable.Mais il n’est pas magique. GauthierMaes © JONATHAN RAA/NURPHOTO VIA AFP – ILLUSTRATION STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 12 Le Nouvel Obs nº3154 · 06/03/2025
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