LE NOUVEL OBS n°3155 - Page 4 - 3155 Editorial quetouteslesprotestationsmoralescontrelelâchage de l’Ukraine et l’abaissement devant Poutine. Côtébusiness,ilaurasuffidequarante-huitheures pour que le doute s’insinue. Le 4mars, Trump décrétait 25 % de droits de douane sur les importations venues du Mexique et du Canada. Deux jours plus tard, il suspendait partiellement cette mesure discrétionnaire devant les protestations des constructeursautomobilesaméricainsquiontarguéqueleurs véhicules comportaient de nombreuses pièces en provenance de ces deux pays et que leurs coûts de production ne pourraient qu’exploser. La perspective d’une guerre commerciale généralisée – déjà déclarée à la Chine et promise à l’Europe – n’en continue pas moins de faire peser une menace systémique sur une planète globalisée. « Les nouveaux droits de douane vont renchérir les prix de tous les produits, détruire beaucoup d’emplois (…) et affecter le pouvoir d’achat de tous les Américains », prévient Pascal Lamy, l’ancien directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce (voir p. 27). Considéré comme « le plus stupide de l’histoire » par le « Wall Street Journal », le protectionnisme paranoïaque de Trump fait plonger la Bourse de New York. L esmilieuxd’affaires,quisesontd’abordréjouis de son élection, commencent à s’inquiéter des coupes claires qu’il impose à l’administration fédérale (20 % des fonctionnaires sont visés). Lors d’une entrevue à la Maison-Blanche, Trump a voulu calmer les ardeurs du milliardaire épurateur Elon Musk en lui enjoignant d’utiliser « le scalpel » plutôtque « la hache ».Maislelicenciementd’agents essentiels–deschercheursauxcontrôleursaériensen passantparlestravailleursdunucléaire–nepeutque nuireaupaysetdoncaubusiness.Ajoutez-ylafermeture des frontières à l’immigration, qui va priver les employeurs de main-d’œuvre, et vous comprendrez pourquoi les perspectives de croissance américaine pourlepremiertrimestrede2025ontchutéde2,3% à -1,5 %. Confronté au spectre d’une possible récession,Trumppréfèreévoquer,contretoutelogique,une « période de transition » : « Nous ramenons de la richesse en Amérique. Cela prend un peu de temps, mais je pense que cela devrait être formidable pour nous. » Une majorité d’Américains veut encore le croire. Mais qu’adviendra-t-il quand les classes moyennes et populaires qui ont porté Trump au pouvoir comprendront que son administration aura liquidé l’aide médicale pour 72 millions de pauvres et rogné les budgetssociauxpour mieuxdiminuerlesimpôtsdes plus riches ? Ce jour-là, le mensonge de « la révolution du bon sens » se dissipera. Espérons, pour l’Amérique et pour le monde, qu’il arrive vite. A ux Etats-Unis, l’œuf est devenu unedenréeprécieuse:5dollarsla douzaine en moyenne et jusqu’à 10 dollars à San Francisco. Sujet de polémique nationale, ce renchérissement d’un produit de première nécessité symbolise l’inflation qui exaspère tant les ménages. De quoi rappeler à la réalitéunDonaldTrumpquiavait juré « de faire baisser les prix dès le premier jour » de son mandat ? Devant le Congrès, le président s’est surtout acharné sur l’administration Biden, coupable, selon lui, d’avoir fait abattre 150 millions de volailles pour combattre la grippeaviaire.Unpland’unmilliarddedollarscontre l’épizootie a été adopté. Mais les centaines de fonctionnaires des agences sanitaires virés au nom des économies budgétaires manquent cruellement pour combattre le virus. Et tandis que la secrétaire d’Etat à l’Agriculture conseille aux familles d’« élever des poules dans leurs arrière-cours », le prix des œufs pourrait encore grimper de 40 % en 2025. « It’s the economy, stupid ! » Outre-Atlantique, la maxime que l’on peut traduire par « il n’y a que l’économie qui compte » avait permis la victoire de Bill Clinton contre George Bush en 1992. Sept semaines seulement après l’investiture du 47e président des Etats-Unis, elle semble de nouveau guider les opposants à Donald Trump. Et si le « deal maker » qui promet la prospérité à l’Amérique était, aucontraire,entraind’envoyerla premièrepuissanceéconomique mondialedansledécor?Selonle Parti démocrate, la démonstration de son incompétence économique pourrait ébranler plus sûrementlesélecteurstrumpistes “It’s the economy, stupid !” PA R SYLVAI N C OU RAG E, DIRECT EU R A DJ OIN T DE L A RÉ DACTIO N Etsile“dealmaker” quiprometlaprospérité àl’Amériqueétaitentrain d’envoyerlapremière puissanceéconomique dansledécor? © STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 4 Le Nouvel Obs nº3155 · 13/03/2025 Sommaire N° 3155 - du 13 au 19 mars 2025 En couverture Grands formats Idées 30 Ukraine Le train de la guerre 36 Clémentine Autain-Valérie Pécresse Comment sauver les services publics? 41 Gunfighters Gangs de flics 46 Crépol « L’idéologie a empoisonné ce dossier » Entretien avec Jean-Michel Decugis et Pauline Guéna, coauteurs, avec Marc Leplongeon, d’« Une nuit en France » 50 Marine Leonardi Drôle de mère 54 Histoire Qui a hissé Hitler au pouvoir? Dans son nouvel essai, l’historien Johann Chapoutot soutient que les nazis auraient pu – et dû – ne jamais arriver aux affaires 58 Histoire Les origines nazies de la conquête spatiale 18 GUERRE COMMERCIALE LE PARI DÉLIRANT DE TRUMP Le protectionnisme paranoïaque imposé par le président américain bouscule tout l’édifice commercial bâti au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Entrepreneurs, économistes et financiers s’inquiètent déjà des risques de flambée inflationniste et de récession. Notre dossier et l’expertise de Pascal Lamy, ancien directeur général de l’OMC EN COUVERTURE © PHOTOMONTAGE D’APRÈS JIM WATSON/AFP Culture Tendances 60 Littérature Un Goncourt contre l’IA Le match entre l’écrivain Hervé Le Tellier et ChatGPT 65 Cinéma Cache-cache 66 Cinéma Et les Lumière furent 68 Nathalie Stutzmann « Il faut mettre sa vie dans une interprétation » 70 Le bloc-notes de Jérôme Garcin 71 Le guide critique Livres, cinéma, musique, expos… Notre sélection 86 Colombie Le cœur battant 90 Cocktail Tout le sel de la margarita 93 L’Observatrice par Sophie Fontanel 94 Jeux par Gaëtan Goron 96 Le courrier des lecteurs Les solutions des jeux 97 Par ailleurs La BD de Lisa Mandel 98 Un dernier mot par David Caviglioli © PHOTOMONTAGE D’APRÈS B.BELL/GETTY VIA AFP – J.JURCZAK POUR « LE NOUVEL OBS » – AKG – C. FOHLEN/DIVERGENCE – IMAGE GÉNÉRÉE PAR IA – CEGALERBA-SZWEMBERG/HEMIS 6 Le Nouvel Obs nº3155 · 13/03/2025 Originedupapier:Suède.Tauxdefibresrecyclées:0%.CemagazineestimpriméchezNewsprint,certifiéPEFC.Eutrophisation:PTot=0.003kg/tonnede papier.Ouvrageimpriméavecdesencresconformesàlanorme«BlueAngel». 10-31-3364 / Certifié PEFC Ce produit est issu de forêts gérées durablement, de sources recyclées et contrôlées. www.pefc-france.org La publication comporte 100 pages. Pour les abonnés, un cahier «TéléObs» de 24 pages est joint. Un encart Télérama est posé sur une partie des exemplaires abonnés France métropolitaine. Chiffre de tirage: 161 000 exemplaires. Imprimeurs NEWSPRINT et HELIOPRINT. Société éditrice : Le Nouvel Observateur du Monde. Directrice de la rédaction: CécilePrieur.Présidentdudirectoire,directeurdelapublication:SandroMartin.NuméroCPPAP:0525C85929.NuméroI.S.S.N:2416-8793.Dépôtlégal:àparution.Abonnements: France (un an) : 160 €. Etudiants : 109 €. Etranger et entreprises : nous consulter. Relations abonnés, 67, avenue Pierre-Mendès-France 75013 Paris – Tél : 01-40-26-86-13 / abonnement@nouvelobs.com. Vous pouvez consulter nos conditions générales d’abonnement à l’adresse suivante : https://www.nouvelobs.com/cgv. L’Obs (ISSN 2416-8793) is publishedweeklybyLeNouvelObservateuranddistributedintheUSAbyUKPWorldwide,3390RandRoad,SouthPlainfield,NJ07080.PeriodicalspostagepaidatRahway,NJ.and additionalmailingoffices.POSTMASTER:SendaddresschangestoL’Obs(Publisher)C/O3390RandRoad,SouthPlainfieldNJ07080. Par téléphone au 01 40 26 86 13 Sur nouvelobs.com/abo12 Abonnez-vous au NouvelObs Images: © Getty/Oscar Farrera. Depuis 1896, HX – emmène les voyageurs curieux en expédition dans les endroits les plus isolés et fascinants de la planète. Voyager avec HX, c’est s’ouvrir à un monde d’émerveillement. Des rencontres culturelles aux merveilles de la faune et de la flore, ce que vous verrez et apprendrez au cours de votre voyage vous inspirera. Et lorsque vous rentrerez chez vous, vous éprouverez un amour plus profond et plus riche pour la planète que nous partageons tous. Changez votre regard sur le monde. HX, pionnier de la science à bord des navires Rencontre avec Verena Meraldi, responsable scientifique chez HX (Hurtigruten Expeditions), compagnie de croisière d’expédition, leader sur l’Antarctique. Verena dirige le programme Science & Education à bord des navires d’expédition HX, qui rassemble des chercheurs du monde entier dans le cadre de partenariats et de collaborations. En partant avec HX, vous ferez bien plus qu’une croisière, réveillez le scientifique qui est en vous ! Contactez nos experts par téléphone au 01 86 26 96 49 ou rendez-vous sur travelhx.com/fr En quoi consiste votre rôle de responsable scientifique ? Mon rôle consiste à intégrer la science dans nos activités quotidiennes sur l’ensemble de la flotte HX, en établissant des partenariats avec des institutions scientifiques, en accueillant des scientifiques à bord et en faisant participer les passagers à des projets de science citoyenne. Comme nous opérons dans des régions reculées et peu fréquentées du monde, nous prenons très au sérieux notre responsabilité d’ouvrir nos navires aux chercheurs. Des données essentielles sont collectées, ce qui permet de prendre des décisions fondées sur des données probantes, ainsi tout le monde y gagne. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre rôle ? Réveiller l’enfant curieux qui sommeille en chaque passager en les exposant à des choses nouvelles et inattendues, en les rendant avides de connaissances et en leur donnant une meilleure compréhension des lieux qu’ils visitent avec nous. Comment HX collabore-t-il avec les organisations scientifiques internationales, en Antarctique ? Nous collaborons avec des institutions de recherche qui utilisent nos navires pour collecter des données et/ou des échantillons. Nous attribuons deux cabines sur chaque navire HX pendant la saison Antarctique pour accueillir les chercheurs. Certains projets sont purement observationnels et ne nécessitent que l’accès au navire et aux zones d’observation, tandis que d’autres nécessitent l’utilisation de nos zodiacs et de nos chauffeurs pour prélever des échantillons ou se rendre dans les zones d’étude. Comment les passagers de HX peuvent-ils prendre part à la recherche ? Les passagers peuvent participer activement à certains projets en accompagnant les chercheurs et en les aidant à déployer les instruments ou à procéder à l’échantillonnage. Lorsque les conditions le permettent, les scientifiques travaillent sur les échantillons et/ou les données collectées dans des zones publiques du navire afin que le plus grand nombre possible de passagers puissent les voir et poser des questions. En outre, nous soutenons plusieurs projets de science citoyenne et organisons des sessions au cours desquelles les passagers peuvent participer et contribuer à leurs propres recherches. Quelles sont les activités auxquelles les passagers peuvent participer à bord et à terre lors d’une expédition avec HX ? Ils peuvent assister à des conférences bien évidemment, mais nous avons également investi dans des centres scientifiques ultramodernes qui sont équipés de microscopes, d’échantillons et de collections semblables à celles d’un musée que les passagers peuvent voir et toucher. Nous organisons des ateliers utilisant cet équipement et, sur le pont, nous proposons des séances de découverte et d’observation de la faune et de la flore. À l’extérieur du navire, nous organisons des sessions scientiques et, lors des débarquements dans la nature et des croisières en bateau pneumatique, notre équipe d’expédition interprète la faune, les paysages et l’histoire afin d’améliorer la compréhension de l’environnement par les passagers. Qu’est-ce qui rend l’Antarctique si spécial ? C’est un continent isolé et vierge, qui abrite une faune et une flore parmi les plus incroyables au monde. Lors d’une expédition avec HX, nos clients ont l’occasion de découvrir ce monde magique où abondent la faune et la glace. Il est captivant, et tous ceux qui le visitent en ressortent touchés par sa beauté absolue. “Voir c’est croire”, c’est un vieil adage mais ici, ça prend tout son sens. Et surtout, qui n’aime pas les manchots ? Scannez le QR Code pour en savoir plus *Offre soumise à conditions, sous réserve de disponibilités, non rétroactive, valable sur les croisières d’expéditions HX, pour des départs d’avril 2025 à mars 2027, pour toute nouvelle réservation faite jusqu’au 31.03.2025. Le montant de la remise varie en fonction de la destination, de l’itinéraire, du navire et de la date de départ. Le tarif de 8 836€ correspond au départ du 06/03/2026 de la croisière : Merveilles de l’Antarctique. La garantie du meilleur prix HX : si le prix du voyage, à l’identique, baisse après la réservation, nous ajusterons le solde du voyage. Offre cumulable uniquement avec la remise HX Explorers. HX FR SAS au capital de 7.500 EUROS - R.C.S PARIS 931 161 186 - IM Atout France : IM075240035 - APST et L.E.V - Responsabilité civile professionnelle par HISCOX - police n° RCAPST/125 520. Découvrez nos expéditions en Antarctique et bénéficiez d’une réduction allant jusqu’à 15% + la garantie du meilleur prix*, en réservant avant le 31/03/2025. À PARTIR DE : 8 836€ TTC/pers PUBLICITÉ PA R D O MI NI QUE NORA, JO URNALISTE AU SE RVICE ÉCO NO MIE Chronique Economie De fait, Trump a placé des militants des cryptomonnaies aux postes clés de son administration, notamment David Sacks à la Maison-Blanche et Paul Atkins à la présidence de la SEC (Securities and Exchange Commission). Ce gendarme des marchés financiers a aussitôt abandonné les poursuites judiciaires en cours contre les plateformes d’échange Coinbase ou Kraken. Et le Trésor américain a levé certaines restrictions qui dissuadaient les banques de s’engager sur ce créneau. Une véritable carte blanche pour la spéculation en cryptomonnaie… dont Trump et ses proches sont les premiers bénéficiaires ! Le lendemain de l’a�entat qui a failli lui coûter la vie, le candidat a promu le lancement de World Liberty Financial, qui associe trois de ses fils – Donald Jr, Eric et Barron – etdeuxentrepreneursencryptomonnaiesbasésdans le paradis fiscal de Porto Rico. Leur société aurait pour objectif de me�re en circulation une nouvelle cryptodevise appelée $WLFI. A deux jours de son investiture, le 18 janvier, le nouveau président a créé son propre token (« jeton numérique »), le $TRUMP. Lancé à 18 cents, ce meme coin – qui ne repose sur aucune valeur sousjacente – a culminé à 75 dollars, avant de retomber à 17 dollars. En deux jours, une trentaine de gros spéculateurs ont engrangé 669 millions de dollars de profits, tandis que des centaines de milliers de petits investisseurs perdaient collectivement 2 milliards de dollars. Les Trump, eux, ont gagné 100 millions de dollars en commissions. C omme par hasard, la SEC a précisé fin février que, n’étant pas considérés comme des actions, ces jetons ne font pas partie des actifs régulés. Le président a ainsi encouragé le développement du marché hyperspéculatif des meme coins, adossés aux blockchains de cryptomonnaies existantes, que n’importe qui peut créer en quelques clics. Propulsées par des influenceurs internet ou des personnalités, ces monnaies de singe, comme le DogeCoin d’Elon Musk, flambent avant de sombrer, voire disparaître. Il s’en crée chaque jour des dizaines de milliers, sur un marché qui a a�eint 100 milliards de dollars en 2024. Trump avait révélé début mars que la nouvelle réserve fédérale en cryptomonnaies serait dotée de bitcoins et d’ethereum, mais aussi de XRP, de solana et de cardano. Des devises plus obscures… liées à certains de ses proches. Le $TRUMP est adossé à la blockchain solana. La Maison-Blanche inaugure ainsi une sorte de capitalisme mafieux, où le conflit d’intérêts est érigé en système politique pour se remplir les poches. A�errant. D onaldTrumpn’estpasseulement un idéologue, qui menace les démocratiesetplongelaplanète dans un chaos historique. Il est aussiunbusinessmanavide,qui met sa puissance politique au service de sa propre fortune et de celle de sa clique. Prenons l’exemple des cryptomonnaies. Décentralisées et ultraspéculatives, ces devises virtuelles sont régies via des registres d’échangesinformatiquesbasés sur la technologie blockchain. Les plus connues sont le bitcoin et l’ethereum, mais il en existe des milliers d’autres. Vendredi 7 mars, le président américain a invité à la Maison-Blanche une dizaine d’acteurs de ce secteur. Il a déclaré qu’il voulait que les Etats-Unis soient les « pionniers » de ce type d’investissement, qui représente « une opportunité énorme pour la croissanceéconomiqueetl’innovationdansnotresecteurfinancier ». La veille, il avait signé un décret instituant une « réserve stratégique », alimentée par quelque 200 000 bitcoins saisis par la justice américaine lors d’affairespénalesouciviles.Unnouveaufondspublic, comparable aux réserves d’or, dont la valeur a�eindrait environ 17,5 milliards de dollars au cours actuel. Lors de son premier mandat, Donald Trump était pourtant très hostile aux cryptodevises. « Le bitcoin ressemble juste à une arnaque », avait-il déclaré. Mais voilà : les industriels du secteurluiontdonnéunecentainede millions de dollars pour sa campagne présidentielle. Et le candidat républicain avait alors promis à ses donateurs de faire du pays la « capitale mondiale » des cryptomonnaies. Ce qui a multiplié par cinq le cours du bitcoin, à 100 000 euros mi-janvier, pour retomber à 80 000 ces jours-ci. American crypto Adeuxjoursdeson investiture,lenouveau présidentacréésonpropre “token”,le$TRUMP, quinereposesuraucune valeursous-jacente. © STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 8 Le Nouvel Obs nº3155 · 13/03/2025 Mutuelle Nationale des Hospitaliers CRÉÉE PAR ET POUR LES HOSPITALIERS Plus d’informations sur mnh.fr QUAND ON EST LE CŒUR DE L’HÔPITAL, ON MÉRITE AUSSI D’ÊTRE SA VOIX. DE L’HÔPITAL, ON MÉRITE AUSSI D’ÊTRE SA VOIX. En 2025, la Mutuelle Nationale des Hospitaliers organise la nouvelle élection de ses délégués. Participez pour faire entendre votre voix. Pour en savoir plus, rendez-vous sur mnh.fr ÉLECTIONS DES DÉLÉGUÉS MNH Chronique Etranger Rien que sur nouvelobs.com gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer, de peur de s’aliéner des électeurs et de sevoircouperlesfondsfédéraux.Al’inverse, le sénateur du Connecticut Chris Murphy oulareprésentantedeNewYorkAlexandria Ocasio-Cortezencouragentausoulèvement. « Il est important que vous compreniez que la paralysie et le choc que vous ressentez en ce moment sont le but », prévient-elle. D’autres délèguent à la justice le rôle de rempart face à l’apprenti autocrate qui gouverne par décrets et se fiche des limites constitutionnelles. Vaudrait-il mieux « faire le mort », comme le suggère le commentateur politique James Carville, pariant que l’impopularité de la politique de Trump finira par avoir raison de lui ? Des électeurs commencent à exprimerleursinquiétudesauxélus républicains… Mais le sentiment global reste celui d’une énorme frustration – « Les démocrates viennent armés d’une cuillère à café dans une fusillade », fustige David Corn dans le magazine « Mother Jones ». Et d’un silence de plomb. Celui de ces élus couchés lâchement aux pieds de l’Ubu roi. Des grandes entreprises qui abandonnent leurs programmes « woke ». Des universités qui veulent à tout prix sauvegarder leurs financementsfédéraux.Desmédiasmuselésparla Maison-Blanche. Des travailleurs fédéraux qui ne témoignent plus qu’anonymement. Unepopulationsaisieparuneimmensepeur collective. « Lorsque vous voyez d’importants acteursdelasociétémodifierleurcomportement afin d’éviter la colère du gouvernement, alerte Steven Levitsky, coauteur de l’incontournable“HowDemocraciesDie”,sortien2018, c’estlesignequenousavonsfranchilalignevers une forme d’autoritarisme. » Mais rares sont ceux qui osent employer ce mot. L a canne levée vers le ciel de l’élu démocrate Al Green, expulsé lors du discours de Donald Trump au Congrès le 4 mars et appelant son camp à « l’incivilité vertueuse », aurait pu être le premier acte de résistance. Sauf que dix de ses collègues se sont joints aux républicains pour le sanctionner. La plupart des démocrates ont préféré rester mutiques dans l’hémicycle, se bornant à brandir des pancartes « Faux » à chaque mensonge du président américain. D’autres ont participé à un clip ridicule, parodiant un jeu vidéo de boxe, sous le titre « Choisissez votre combattant ». VoilàlaglorieuseoppositionàTrump…Pas étonnant que le discours traduit en anglais du sénateur français Claude Malhuret, comparant « Washington à la cour de Néron : un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique », soit devenu viral aux Etats-Unis. Il y a huit ans, les démocrates étaient descendus massivement dans les rues pour dénoncer les coups de boutoir de Trump sur la démocratie américaine. Cette fois, la résistance est aphone. Sonnée par la violence de la charge menée par le maître de Washington et son « buddy » Elon Musk. L’opposition ne sait pas comment lutter contre un tyran plébiscité par une majorité d’électeurs qui lui ont donné la présidence et les deux chambres législatives. « Les garde-fous de notre démocratie n’ont pas été construits pour gérer un président condamné par un tribunal, élu dans les bureaux de vote », résume l’éditorialiste Monica Hesse dans le « Washington Post ». Sans chef de guerre, l’oppositionavanceen ordredispersé.Certains prennentlepartimunichoisdechercherdes « terrains d’entente » avec Trump, comme la Retrouvez la sélection de la semaine sur notre site : qrco.de/SurLeWeb ↓ Série Vingt-cinq ans de parité : cinq femmes politiques racontent ce qui a changé (ou pas) Par Richard Godin Décryptage La soumission chimique, angle mort des violences sexuelles Par Céline Rastello Reportage Ce centre reçoit des proches de personnes alcooliques : « Il n’y a que quand mon fils dort que je respire un peu » Par Henri Rouillier Silence de plomb PAR SARAH HAL IFA-L EGRAND , CO RRESPO NDANTE À WASH INGTO N L’opposition démocratenesait pascomment luttercontreun tyranplébiscité parunemajorité d’électeurs. © ISA HARSIN/SIPA – FREDERIC MUNSCH/SIPA – GODONG/BSIP VIA AFP – ILLUSTRATION STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 10 Le Nouvel Obs nº3155 · 13/03/2025 Chronique Société à la surenchère : les mouches (un petit moment d’agacement en cours) se transforment en dragons (des enfants maltraités par un professeur certain de son bon droit). Si nul professeur n’est bien sûr totalementirréprochable,cetypedemédiumle transforme structurellement en coupable. De leur côté, les enseignants, faute d’être informés, peinent souvent à comprendre certaines réactions parentales : une forme de défiance, des non-dits, des silences. En trois incidents banals, leur réputation peut être ruinée, le soupçon peut s’installer. Evidemmentlesélèvessontexposésàtoutcela, ce qui n’arrange rien. Autre problème, le groupe WhatsApp a fini par devenir le canal principal d’échange pour les parents. Ces derniers ont donc désormais tendance à ne plus lire les messages envoyés par les équipes éducatives, à ne pas répondre, à ne pas s’adresser directement aux enseignants. Ces derniers, ignorant qu’ils sont victimes d’emballement, ne peuvent anticiper ou déminer quantité de situations. Reste à savoir que faire ? Sensibiliser les familles aux bons usages de la communication en groupe ? Ce n’est pas notre rôle. En parler directement avec eux serait sans doute un bon début (sous-entendre qu’il y a des taupes dans chaque boucle peut faire son effet). Ilresteaussilapossibilitéd’espérerqu’en mesurant à quel point un groupe d’adultes responsables est incapable de s’autogérer sur WhatsApp certains parents finissent par développer une forme d’indulgence enversdesprofesseursquidoiventgérerdes groupes d’ados, dans la vraie vie. Sans possibilité de quitter le groupe ni de le mettre en silencieux. J ’ai compris que l’affaire était sérieuse lors d’une réunion parentsprofesseurs, il y a quelques années. Cesoir-là,unemèrem’informaleplus aimablement (i.e. cruellement) du monde que, dans une discussion à mon sujet sur le groupe WhatsApp des parents d’élèves de la classe, elle avait clairement pris mon parti et m’avait défendue. Contrairement à bien d’autres, insista-t-elle (cruellement). N’ayantreçuaucuneprotestationniaucun message courroucé de la part des parents, je suis un peu tombée des nues. Dans l’impossibilitédesavoirquelétaitmontort,j’en ai été réduite à multiplier les hypothèses, dont les pires, à toutes les retenir, et donc à me sentir parfaitement déstabilisée. Un autre parent alla plus loin en m’envoyant, l’année suivante, une capture d’écran d’unediscussiondanslaquelle j’étais mentionnée. A lire le petit extrait qui m’avait été (cruellement) soumis, j’avais commis quelque chose de monstrueux ; il ne s’agissait pourtant que d’une affaire de coefficient pour un devoir. Si l’intention de ces groupes était au départ louable (partage des informations, entraide), la réalité est qu’ils finissent souvent en foire d’empoigne, comme vient de le montrer l’excellente série « Lutte des classes », publiée par « le Nouvel Obs » sur sonsite.L’espacenumériquecoopératifs’est transformé en Far West parental (rivalités, climat anxiogène, conflits idéologiques, reproches, querelles). L’ambiance délétère de ces boucles accablecertainsparentsetcompliqueaussi, à leur insu, la vie des établissements. Comme dans la plupart des groupes WhatsApp,quelquesoitleursujet,lesinterlocuteurs sont irrémédiablement poussés WhatsApp Académie PAR M ARA G OYET, ESSAYISTE L’ambiance délétèredeces groupesaccable certainsparents etcomplique aussi,àleurinsu, laviedes établissements. © STÉPHANE MANEL POUR «LE NOUVEL OBS» 11 nº3155 · 13/03/2025 Le Nouvel Obs Fondateurs:JeanDaniel,ClaudePerdriel. 67,avenuePierre-Mendès-France,75013Paris. Standard:01.44.88.34.34. Pouradresserune-mailàvotrecorrespondant,ilsuffitdetaperl’initiale desonprénompuissonnomsuivide@nouvelobs.com DIRECTION Conseildesurveillance:LouisDreyfus(président),LouGrasser(vice-présidente), BéatricedeClermont-Tonnerre,FrédéricCurtet,Jacques-AntoineGranjon, VioletteLazard,XavierNiel,ClaudePerdriel,MatthieuPigasse. Directoire:SandroMartin(président),CécilePrieur(directricedelarédaction). RÉDACTION Directrice:CécilePrieur. Directeursadjoints:SylvainCourage,GrégoireLeménager,FloreThomasset. Rédacteursenchef:NathalieBensahel,GuillaumeLaunay,GéraldineMailles, FrançoisSionneau. Directeurartistique:XavierLucas. Assistantesderédaction:CatherineRode,CatherineCoimet,StéphanieTerreau. Courrierdeslecteurs:courrier@nouvelobs.com Chroniqueurs:DavidCaviglioli,MaraGoyet,PierreHaski. Dessinatrice:LisaMandel. France:MaëlThierry,AlexandreLeDrollec(chefadj.),EmmanuelleAnizon, MatthieuAron,LucasBurel,RémyDodet,CarolineMichel-Aguirre, CamilleVigogneLeCoat. Etranger:NathalieFunès,DoanBui,SaraDaniel,SaraDiffalah,CélineLussato, MarieVaton,TimothéeVilars. Correspondante:SarahHalifa-Legrand(Washington). Economie:BorisManenti,MorganeBertrand(cheffeadj.),VéroniqueGroussard, DominiqueNora,AgatheRanc,ClaudeSoula. Enquêtes:VincentMonnier,CécileDeffontaines(cheffeadj.),MathieuDelahousse, ClémentLacombe,VioletteLazard,DavidLeBailly,CélineRastello. Société/Rue89:AnnaTopaloff,ElodieLepage(cheffeadj.),LouiseAuvitu, SébastienBillard,EmilieBrouze,RenéeGreusard,BarbaraKrief,GurvanLeGuellec, BéréniceRocfort-Giovanni,HenriRouillier,NatachaTatu. Grandreporter: ElsaVigoureux. Idées:JulieClarini,RémiNoyon(chefadj.),EricAeschimann,XavierdeLaPorte, NolwennLeBlevennec,MarieLemonnier,VéroniqueRadier,FrançoisReynaert. ResponsabledesHors-série:ArnaudGonzague. Culture:SophieGrassin,JulienBordier(chefadj.),ElisabethPhilippe(cheffeadj.), JulienBouisset,AnneCrignon,SophieDelassein,MarieGuichoux,DidierJacob, GuillaumeLoison,JulienMartin,FabricePliskin,ArnaudSagnard,NicolasSchaller, AmandineSchmitt. Assistante:VéroniqueCassarin-Grand. Chroniqueur:JérômeGarcin. Tendances:FabriceTassel,CorinneBouchouchi(cheffeadj.),ChristelBrion, MagaliMoulinet,DoraneVignando. TéléObs:Marie-LaureMichelon(cheffeadj.),NebiaBendjebbour,ThierryNoisette, HélèneRiffaudeau,AnneSogno. Web:GeoffreyBonnefoy,ConstanceDaulon(chefsadjointsdupôlenumérique), RomainLescurieux(chefdesinformations),ManonBernard,RenaudFévrier, MarieFiachetti,RichardGodin,MarionLizé,MargauxOtter. Editionweb:CécileLeLiboux,MoéAngeleri,EmmanuelleBonneau, BertrandCourrège,VéroniqueMacon. Pôlevisuel:MélodyLocard,CyrilBonnet(chefadj.), EmmanuelleHirschauer, LouisMorice,MahautLandaz. Maquette:AnneGuillaume(cheffeadj.),YanGuillemette,CaroleMullot,ElisabethRascol, Jean-MichelRobinet,CarolineDupontBonnefoy,MehdiBenyezzar(infographie). Réalisation:VéroniqueBelluz,MiloudBentebria. Secrétariatderédaction-révision:Marie-LouMorin(cheffed’édition), DominiqueHuynh(1re SR),Marie-HélèneClavel-Catteau,PascaleFiori,Marina Hammoutène,ChristineMordret,LaurentMorvan,IsabelleTrévinal. Photo:VéroniqueRautenberg,SylvieDuyck(cheffeadj.),MiloudBentebria, FrantzHoez,NathalieLourdez,VincentMigeat,CamilleSimon. Documentation:MurielGodeau,FlorenceMalleron,GaëlleNoujaim,LiseTiano. ADMINISTRATION Directeurgénéral:SandroMartin. Directricenumérique:AsmahaneSouissi. ServiceRH:MaximeLefebure(responsable:36.64),LucieLardeux(36.11). Relationsextérieures:MarieRiber(35.64). Ventesaunuméro:SabineGude(directricedesventes),EmilyNautin-Dulieu(cheffe deproduits:01.57.28.33.17),ChristineKoch(assistantecommerciale:01.57.28.33.25). Abonnements:SébastienBacchialoni(directeur:34.06),AssmaaElBaba(34.61), LaurenLaïk(40.73),SophieMariez(35.34). ServiceAbonnements:01.40.26.86.13. Fabrication:NathalieCommuneau(directrice),NathalieMounié(36.40). Contrôledegestion:PaulJacob-Mathon(35.56). Comptabilité:BlandineLeostic(directrice:40.77),LydieBruni(36.99), NicoleMahé(40.10),FatimaMansouri,LaetitiaVidegrain. RÉGIE PUBLICITAIRE MPublicité,67,avenuePierre-Mendès-France–75013Paris. Standard:01.57.28.20.00. Directricegénérale:ElisabethCialdella. Directricedéléguée-DirectricedemarqueNouvelObs: MichaëlleGoffaux(michaelle.goffaux@mpublicite.fr). Directeurdélégué–Pôlenumérique: MartinClamart(martin.clamart@mpublicite.fr,37.00). Directricedéléguée-Pôlecultureetéducation: JulieSomson(julie.somson@mpublicite.fr). Directeurdélégué-Pôleopérationsspéciales: SteeveDablin(steeve.dablin@mpublicite.fr,38.84). Numéro d’enregistrementàlacommissionparitaire: 0525C85929(éditionmétropolitaine). Diffusion:FranceMessagerie. Directeurdelapublication:SandroMartin. RELATIONSABONNÉS:01.40.26.86.13,abonnement@nouvelobs.com 67,AVENUEPIERRE-MENDÈS-FRANCE–75013PARIS. VENTEAUNUMÉRO-RELATIONDIFFUSEUR NUMÉROVERT :08.05.05.01.47 La guerre de succession n’enfinitpasàParis.Alors qu’Anne Hidalgo continue de miser sur le maire du 10e arrondissement, Rémi Féraud, pour les municipales de mars 2026, les raisons de la rupture avec son ancien dauphin, Emmanuel Grégoire, tombé en disgrâce, s’éclaircissent. Au printemps 2024, la maire de Paris a reçu un coup de fil de Nicolas Sarkozy, avec lequel elle se vante d’entretenir de bonnes relations sur fond de ballon rond. « Anne, j’ai reçu votre premieradjoint…»,l’informel’ancienprésident de la République. Un blanc s’installe. « Ah, vous n’étiez pas au courant… », lance Nicolas Sarkozy, qui évoque la teneur de sa discussion avec Grégoire : la cession du stade du ParcdesPrincesauPSG,présidéparleQatarien Nasser al-Khelaïfi… Projet énergiquement rejeté par Anne Hidalgo. Pour elle, la trahison est ultime : « Sarkozy, ce n’est pas quelqu’un à qui on fait une visite sans m’en parler, on marche sur la tête! » Grégoire s’en défend. « Je n’ai pas vendu le Parc dans son dos. J’ai informé son cabinet de cette visite et j’ai dit à Sarkozy qu’on ne voulait pas vendre », explique-t-il. Le mal est fait. « Quand il y a trahisonviolente,jefermeàdoubletour»,tacle Hidalgo lors d’un récent déjeuner à l’hôtel de ville. « A partir du moment où elle m’a pris en grippe, tout est devenu sujet à friction », souffle Grégoire. Les militants socialistes parisiens voteront, eux, le 30 juin pour départager les frères ennemis, sous l’œil très attentif de la maire. RomainLescurieux z MARION MARÉCHAL SAUVÉE PAR UN PRÊTEUR… Il était moins une! Marion Maréchal a eu chaud et a bien failli voir son compte des européennes retoqué par la Commission nationale des Comptes de Campagne et des Financements politiques (CNCCFP). Il faut dire que la nièce de Marine Le Pen et ses amis avaient vraiment vu trop grand : 5,2 millions d’euros ont ainsi été dépensés par Reconquête (plus que le RN!), soit près de 4 euros pour chacune des 1,3 million de voix obtenues le 9 juin 2024. Surtout, la candidate avait largement dépassé les 4,4 millions d’euros de prêt accordés par son ancien parti, et était désormais contrainte de trouver de nouvelles sources de financement pour permettre à son compte d’être à l’équilibre… Mais, miracle, note la CNCCFP dans sa décision, un prêt salvateur de 800000 euros a ainsi été obtenu mi-août par le Mouvement conservateur, le parti de Marion Maréchal, bouclant le compte et évitant l’inéligibilité à la tête de liste… Contactée par nos soins, l’équipe de Marion Maréchal a refusé de donner l’identité du nouveau créancier de l’eurodéputée. z… ET BARDELLA FINANCÉ PAR LES MILITANTS Du côté du RN, point de problème de gros sous. Selon la CNCCFP, le parti d’extrême droite n’a même pas eu à avancer d’argent à son candidat, Jordan Bardella : 4,4 millions d’euros ont été empruntés auprès de « 225 personnes physiques » – soit un prêt moyen d’environ 20000 euros par personne. Côté dépenses retoquées, c’est la sécurité du candidat qui a le plus fait tiquer la Commission : 65000 euros ont été rayés du compte pour des frais de sécurité liés à ses déplacements dans les médias, auxquels s’ajoutent 10000 euros supplémentaires pour des tarifs jugés trop élevés… Au rayon des bizarreries, la Commission a aussi exclu environ 10000 euros de dépenses sans lien avec l’élection : des billets non utilisés pour la Martinique, des kits de dégustation au Printemps des Vins de Blaye, une bouteille de champagne offerte à un allié en marge d’un meeting à Madrid… Q MAIRIE DE PARIS POURQUOI HIDALGO EN VEUT À GRÉGOIRE EN BREF © CARINE SCHMITT/HANS LUCAS VIA AFP – SERGE TENANI/HANS LUCAS VIA AFP 12 Le Nouvel Obs nº3155 · 13/03/2025 Téléphone rouge EN MARGE DE LA FAMILLE SOCIALISTE depuis son rapprochement avec le camp macroniste, François Rebsamen – aujourd’hui ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation – entend bien voter lors du prochain congrès du PS en juin. Il n’a pas manqué d’en avertir Olivier Faure, premier secrétaire du parti, avec qui les relations restent fraîches : lors d’un récent échange, « Rebs » lui a rappelé sans détour qu’il était « toujours adhérent du PS… » Maire de Dijon pendant vingt-deux ans, Rebsamen a longtemps été une figure influente de Solférino. Ancien secrétaire national, cet ex-lieutenant de François Hollande s’est éloigné de l’appareil socialiste depuis 2017. Lors du dernier congrès, organisé à Marseille en 2023, il avait pourtant participé – au grand dam de la direction socialiste – aux deux tours du scrutin, rappelant qu’il était « à jour de cotisations ». Entre-temps, « Rebs » s’était rallié à la campagne d’Emmanuel Macron, apparaissant à ses côtés en meeting avant de créer sa propre formation, la Fédération progressiste. Pour qui votera-t-il en juin? Certainement pas pour Olivier Faure. Partageant une proposition portée par Nicolas Mayer-Rossignol, candidat déclaré à la tête du PS, François Rebsamen défend l’idée d’une confédération rassemblant le PS et d’anciens socialistes en rupture avec sa ligne actuelle. Quant à l’hypothèse d’un retour de François Hollande, il n’a pas caché son scepticisme face au principal intéressé : « François, on ne peut pas être et avoir été. » AlexandreLeDrollec BAYROU TIENT BON Le Premier ministre a réussi à échapper à six motions de censure depuis le mois de janvier. Mais son gouvernement fera-t-il mieux que celui de Michel Barnier, balayé en moins de cent jours? Passerat-il le printemps ou s’effondrera-t-il sur l’obstacle des retraites? Sera-t-il emporté par les guerres internes de LR ou du PS? Une ministre, lucide, prévient : « Il suffit d’une motion de censure sur la couleur des chaussettes de Bayrou et que Marine Le Pen baisse le pouce… et tout le monde saute. » BERGÉ SALUE LES ÉCOLOS « Je sais de quoi je parle quand j’évoque les violences conjugales. » Le 7 mars 2023, Aurore Bergé défend une proposition de loi visant à étendre la peine d’inéligibilité aux coupables de violences aggravées, en réaction au retour d’Adrien Quatennens à l’Assemblée. Chahutée, sa voix couverte, elle craque. Dans son livre, « Nos combats pour la République » (Robert Laffont), la ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations salue la solidarité dont ont alors fait preuve ses opposantes vertes : « Les écologistes Marie-Charlotte Garin et Sandra Regol, en particulier, sont restées avec moi dans l’Hémicycle. Une lueur d’humanité dont je leur serai toujours redevable », écrit-elle. Les mêmes se retrouveront un an après pour défendre la constitutionnalisation du droit à l’IVG. CASTETS CHERCHE LES MILLIARDS L’ex-candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon, Lucie Castets, revient, cette fois en librairie. Cette haute fonctionnaire passée par la mairie de Paris publiera en mai un petit livre aux éditions du Seuil intitulé « Où sont passés nos milliards? » Un ouvrage dans lequel le président Emmanuel Macron ne sera pas épargné. « C’est un clash contre “Manu le voleur” sous le prisme des services publics et du recours au privé », fait savoir son équipe. PARTI SOCIALISTE REBSAMEN VOTERA AU CONGRÈS SOCIALISTE chaque jeudi avec Les informés de Jean-Rémi Baudot et Aurélie Herbemont du lundi au jeudi à 20h 1h de décryptage et d’analyse de l’actualité EN BREF © LUDOVIC MARINMAXIME GRUSS/HANS LUCAS VIA AFP 13 nº3155 · 13/03/2025 Le Nouvel Obs Téléphonerouge / Argent Q LE CONSEIL FAUT-IL INVESTIR DANS LES SCPI ? A près deux années compliquées, 2025 commence sous tension pour les SCPI (sociétés civiles de placement immobilier). Plusieurs d’entre elles ont déjà annoncé une baisse de la valeur de leurs parts, oscillant entre -5 et -15 %. De quoi alimenter les craintes et pousser certains pseudo-expertsàdécréterquelesSCPI seraient désormais un « mauvais placement ». Mais est-ce vraiment le cas ? Les SCPI sont avant tout un placement immobilier géré par des professionnels.Leurévolutionestdoncdirectementliéeàcelledumarchéimmobilier danssonensemble.Or,selonlecabinet Century21,lesprixdeslogementsont reculé de 12 % en moyenne en France depuis l’été 2022, avec des baisses atteignant 20 % dans certaines villes etparfoisplusde30%surdesbiensmal situés ou des bureaux dans des zones en difficulté, comme La Défense. Faut-il pour autant considérer l’immobilier comme un investissement à éviter ? La pierre reste l’un des actifs les plus performants sur le long terme, au même titre que les actions. Certes le marché traverse une phase de correction, et certaines SCPI souffrent plus que d’autres. Mais, dans leur ensemble, elles ont continué à verser des rendements solides : en 2024, le rendement moyen s’est établi à 4,5 % nets de frais, et certaines SCPI ont même dépassé les 8 %. C’est une performance qui reste très correcte dans un contexte économique tendu. Comme toujours, les choix de placements dépendent du profil et de l’horizon d’investissement. Si l’investisseur cherche un placement sans risque pour ses liquidités à court terme, l’immobilier n’est pas fait pour lui. En revanche, s’il accepte une certaine volatilité en échange d’un rendement attractif sur plusieurs années, investir dans la pierre paraît tout à fait adapté. Et s’il veut éviter les contraintes de gestion, les manquements possibles des locataires ou les travaux imprévus, alors la SCPI représente un choix judicieux et adapté à ses besoins.GauthierMaes Q LE CHIFFRE 2,5% C’est le taux d’intérêt directeur de la Banque centrale européenne (BCE) depuis le 12 mars. La BCE poursuit sa détente monétaire – à l’été 2024, ce taux était encore à 4 % – mais cette baisse de 0,25 point reste insuffisante pour relancer l’économie, alors que l’inflation n’est plus un sujet d’inquiétude. Page réalisée avec L’ŒIL DE PATRICK THIBERGE Tout change ! En quelques jours à peine, le monde a bifurqué. L’Europe, l’Allemagne, les Etats-Unis viennent de prendre un virage décisif, aux conséquences potentiellement historiques. L’Europe, d’abord. Fidèle à son habitude, elle n’avance que sous la contrainte. Après l’urgence sanitaire, place à l’impératif militaire. Même recette : réunions d’urgence, décisions express, centaines de milliards débloqués en quelques heures et, surtout, la fin – provisoire ? – des contraintes budgétaires. Le fameux seuil des 3 % pourrait être mis entre parenthèses. L’Allemagne, ensuite. Rien de surprenant. Le pays a les moyens de relancer son économie et il va le faire. Peu d’endettement, peu de déficit, Berlin était enchaîné par des dogmes budgétaires qu’il fallait lever. C’est chose faite. Les Etats-Unis, enfin. Trump l’a répété : l’Europe, ce n’est plus son problème. Pire, dans ses mauvais jours, il la déteste. Mais le véritable tournant américain, c’est peutêtre dans l’imprévisibilité totale de son président qu’il faut le chercher. Jeudi 6 mars, Donald Trump a suspendu des droits de douane pour les importations canadiennes et mexicaines qu’il avait décidés la veille. Le monde change sous nos yeux. A une vitesse folle. Et il faut s’adapter. © JACQUES LOIC/PHOTONONSTOP VIA AFP - ILLUSTRATION STÉPHANE MANEL POUR « LE NOUVEL OBS » 14 Le Nouvel Obs nº3155 · 13/03/2025
LE NOUVEL OBS n°3155 - Page 4
LE NOUVEL OBS n°3155 - Page 5
viapresse