MOUVEMENT n°125 - Page 3 - 125 GAYS & PATRIOTES, LE GRAND COMING OUT QUI A TUÉ L’ARCHITECTE ? DESCENTE AU GRAND HÔTEL DE PRISTINA, AU KOSOVO MASSIF DES ÉCRINS : UNE DERNIÈRE STATION AVANT LA FIN DU MONDE TRAGICOMÉDIE ÉLECTORALE MADE IN ROMANIA AVEC LE CINÉASTE RADU JUDE UN MILLION DE CHASSEURS EN FRANCE. QUI EST LE GIBIER DE QUI ? VOL DE TERRES EN COLOMBIE : LES PROTESTANTS, LES INDIGÈNES ET L’ÉPI DE MAÏS 104.fr 19.03 >13.04.2025 SéquenceDanse Paris Festival–13e édition Jean-Claude Gallotta Mellina Boubetra Christos Papadopoulos Dance On Ensemble Radhouane El Meddeb Sandrine Lescourant Jonathan Guichard Lauren Bolze Anne Teresa De Keersmaeker Meskerem Mees Jean-Marie Aerts Carlos Garbin / Rosas Olga Dukhovna Alain Platel Noa Shadur Leïla Ka Carmel Loanga Anne Nguyen Youness Aboulakoul EXIT ABOVE - d’après la tempête – © Anne Van Aerschot lieuinfinid’art,deculture etd’innovation direction José-ManuelGonçalvès M O U V E M E N T L14944 - 125 - F: 10,00€ - RD GAYS & PATRIOTES, LE GRAND COMING OUT QUI A TUÉ L’ARCHITECTE ? DESCENTE AU GRAND HÔTEL DE PRISTINA, AU KOSOVO MASSIF DES ÉCRINS : UNE DERNIÈRE STATION AVANT LA FIN DU MONDE TRAGICOMÉDIE ÉLECTORALE MADE IN ROMANIA AVEC LE CINÉASTE RADU JUDE UN MILLION DE CHASSEURS EN FRANCE. QUI EST LE GIBIER DE QUI ? VOL DE TERRES EN COLOMBIE : LES PROTESTANTS, LES INDIGÈNES ET L’ÉPI DE MAÏS 104.fr 19.03 >13.04.2025 SéquenceDanse Paris Festival–13e édition Jean-Claude Gallotta Mellina Boubetra Christos Papadopoulos Dance On Ensemble Radhouane El Meddeb Sandrine Lescourant Jonathan Guichard Lauren Bolze Anne Teresa De Keersmaeker Meskerem Mees Jean-Marie Aerts Carlos Garbin / Rosas Olga Dukhovna Alain Platel Noa Shadur Leïla Ka Carmel Loanga Anne Nguyen Youness Aboulakoul EXIT ABOVE - d’après la tempête – © Anne Van Aerschot lieuinfinid’art,deculture etd’innovation direction José-ManuelGonçalvès plan D CN D x Palais de Tokyo 3 > 13.04.25 CN D Centre national de la danse cnd.fr magazine.cnd.fr Une programmation collaborative au Palais de Tokyo spectacles performances ateliers amateurs conférences formation fêtes The Dancing Public, Mette Ingvartsen © Hans Meijer 5 SOMMAIRE REPORTAGES Luttes alpines : les vallées qui soulèvent des montagnes 24 La SATA, deuxième exploitant français de remontées mécaniques, a mis la main sur les stations de l’Oisans, dans les Alpes. À La Grave, haut lieu du ski alternatif, un collectif appuyé par les Soulèvements de la Terre s’oppose à la construction d’un nouveau téléphérique. De l’autre côté de la montagne, les habitant·es de La Bérarde tentent de sauver leurs maisons endommagées par une crue l’été dernier. Une cime, deux vallées, trois ambiances et dix raisons d’être en colère. Au Kosovo : The Grand Pristina Hotel 42 Pristina, capitale du Kosovo, a été démolie aux trois quarts depuis l’an 2000. Rien à voir avec la guerre : c’est entièrement le fait des mafias du BTP et de la classe politique corrompue. Au cœur de tout ça, un bâtiment a survécu : le Grand Hôtel, un joyau du modernisme yougoslave devenu cour des miracles pour les entrepreneurs de l’art, la mort, la fête et la baston. Déambulation fantomatique au son des marteaux-piqueurs, à quelques jours des élections. Colombie, Les épis de la colère 78 La communauté indigène sikuani s’est réinstallée en 2016 dans la région du Meta, au centre de la Colombie, après 70 ans de spoliations et de violences extrajudiciaires. Mais la communauté catholique des Mennonites, venue de l’Europe de l’Est et déjà très implantée en Amérique centrale, a eu la même idée au même moment. Sa stratégie : la culture intensive de céréales. Arpentage quadrilingue d’une plaine aride et disputée. Géorgie-Russie : mon jaja, y’a pas moyen 104 En Géorgie, l’apéro est devenu compliqué depuis que le pays est en crise. Alors que le gros rouge soutient le gouvernement, allié de Moscou, le vin nature manifeste avec l’opposition. Reportage de part et d’autre des élections, entre le coteau et le cortège. ENQUÊTE Gays & patriotes, le grand coming out 64 Depuis Mitterrand, le combat LGBT+ était solidement amarré à gauche. Mais c’est du passé. L’incompétence socialiste sur les questions minoritaires et la banalisation de l’homosexualité ont eu pour revers l’émergence d’un « homonationalisme ». Résultats : taper sur les étrangers et les trans n’a plus rien de tabou pour bien des homosexuels. Et si la dernière victoire des fascistes avant le pouvoir, c’était les LGBT+ ? ANALYSES Chasse et politique : qui est le gibier de qui ? 96 Qui chasse en France ? Dans quel but et avec quels moyens ? La pratique est variée mais il faut tirer : l’État délègue la régulation de la faune aux fédérations locales. Virée dans les bars associatifs des Bouches-du-Rhône avec les chasseurs populaires, coincés entre la bourgeoisie et l’extrême droite sur la chaîne alimentaire. ENTRETIENS Sortir du XXe siècle avec Dominique Pinsolle 20 Depuis la fin du XIXe siècle, le sabotage est une tactique de lutte. Rapidement étouffé par la répression policière, il réapparaît dans les mouvements écologistes radicaux des années 1970. Tentative d’archéologie d’un mode d’action aussi prisé des ouvriers que des patrons. Radu Jude : « L’être humain est immensément ridicule » 32 Le chaos made in Romania, personne ne l’embrasse mieux que le cinéaste. Des formes barrées et un regard acide sur les vieux démons du pays. Dans sa filmographie, des docus plombés sur la persécution des Juifs en Roumanie, des essais DIY ou des longs métrages qui conjuguent satire nihiliste et prouesses formelles. Dans un Bucarest encore fumant de ses turbulences électorales, il nous a reçus à proximité de son banc de montage. Après la nature avec Clément Sénéchal 72 Les Verts et les ONG n’auraient plus de travail si le monde allait mieux : leur intérêt profond, c’est le statu quo, d’après le sociologue et ancien porte-parole de Greenpeace. À force de compromis, l’écologie mainstream a perdu la face et l’adhésion populaire. Plaidoyer pour le retour de la lutte des classes obligatoire dès l’entrée au primaire. Betty Tchomanga : « Aller dans les écoles, c’est du militantisme »90 La chorégraphe d’origine camerounaise s’évertue à représenter sur scène l’histoire coloniale, à travers la figure vaudou de Mami Wata ou celle du navire-monde. Avec sa dernière création, une série de portraits intitulée Histoire(s) Décoloniale(s), elle investit les salles de classe. Rencontre à Brest, le port industriel dans le dos et l’océan sous les yeux. CHRONIQUE C’est quoi les dièzes ? 8 À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette chronique trace sa route dans ce qui nous occupe. Le système le plus gang du monde ? PORTFOLIOS Philippe Chancel 52 Stéphanie Solinas 110 POÉSIE Clarisse Michaux 122 BANDE-DESSINÉE Mort par GPS, par Romane Granger 13 AGENDA 125 ABONNEMENT 146 plan D CN D x Palais de Tokyo 3 > 13.04.25 CN D Centre national de la danse cnd.fr magazine.cnd.fr Une programmation collaborative au Palais de Tokyo spectacles performances ateliers amateurs conférences formation fêtes The Dancing Public, Mette Ingvartsen © Hans Meijer 6 OURS DIRECTEUR DE LA CRÉATION ET DE LA RÉDACTION Jean-Roch de Logivière RÉDACTEUR EN CHEF Thomas Corlin RÉDACTEURS EN CHEF ADJOINTS Orianne Hidalgo-Laurier & Émile Poivet DIRECTION ARTISTIQUE Félix Salasca DIRECTION DE LA PHOTOGRAPHIE Louis Canadas DIRECTRICE DE LA COMMUNICATION ET DE PARTENARIATS Jeanne Mouille assistée de Danaé Roudil & Margot Delor ÉDITION Marouane Bakhti RUBRIQUES « LITTÉRATURE & IDÉES » Aïnhoa Jean-Calmettes CONTACT MAIL : [prénom]@mouvement.in RÉDACTION Thomas Andrei, Sylvie Arnaud, Julien Bécourt, Adèle Beyrand, Callysta Croizier, Margot Davier, Iris Deniau, Agnès Dopff, Wilson Fache, Alexis Ferenczi, Rémi Guezodje, Lena Hervé, Salomé Kiner De Dominicis, Matthieu Le Goff, Guillaume Loiret, Belinda Mathieu, Alexandre Parodi, Ewan Pez, Léa Poiré, Marie Pons, Fanny Taillandier, Pierre Terraz, Antoine Thirion, Nicolas Villodre, Noémie Wuchsa PHOTOGRAPHES ET ILLUSTRATEURS Romy Alizée, Jean-Marie Binet, Antoine Bonnet, Louise Desnos, Rebekka Deubner, Romane Granger, Julie Hascoët, Alad Insane, Edouard Jacquinet, Jean Kader, Samuel Kirszenbaum, Emma Le Doyen, Paul Lehr, Damien Maloney, Santiago Mesa, Manuel Obadia-Wills, Bettina Pittaluga, Charles Thiefaine, Maxime Verret, Stephen Vuillemin, Dan Wilton PORTFOLIOS Philippe Chancel Stéphanie Solinas SÉLECTION POÉSIE Gabriel Gauthier POÉSIE Clarisse Michaux RESPONSABLE DES ABONNEMENTS Lison Matha abonnement@mouvement.in ADRESSE ABONNEMENTS Mouvement service abonnements 26 rue Pradier 75019 Paris OFFRE D’ABONNEMENT PAGE 146 ET ABONNEMENT. MOUVEMENT.NET DIFFUSION LIBRAIRIES Les presses du réel 35 rue Colson, 21000 Dijon, France info@lespressesdureel.com Tél: 03 80 30 75 23 SERVICE DE VENTES ET GESTION DES RÉASSORTS RÉSEAU : KD / Eric Namont eric@kdpresse.com IMPRIMÉ EN ESTONIE AS Printall DIFFUSION KIOSQUES MLP COMMISSION PARITAIRE 0526 D 78261 ISSN : 125 26 967, dépôt légal à parution MOUVEMENT 26 rue Pradier 75019 Paris PROCHAIN NUMÉRO Mouvement n° 126 En kiosques et librairies en juin 2025 COUVERTURES photos : Philippe Chancel © LES ÉDITIONS SECONDES, TOUS DROITS RÉSERVÉS MOUVEMENT EST ÉDITÉ PAR LES ÉDITIONS SECONDES, 26 RUE PRADIER 75019 PARIS DIRECTION DE LA PUBLICATION : JEAN-ROCH DE LOGIVIÈRE SAS AU CAPITAL DE 1000 EUROS 808 090 336 R.C.S. PARIS Retrouvez toute la programmation sur www.lecarreaudutemple.eu LA SOCIÉTÉ PUBLIQUE LOCALE « LE CARREAU DU TEMPLE », N°SIRET 789 772 571 00020 - APE 9103 Z, N° LICENCES : N° 1 - 1068243, N°2 - 1068240, N°3 - 1068241 • CONCEPTION GRAPHIQUE : ET D’EAU FRAÎCHE – PHOTOS : HORS DU MONDE © FESTIVAL DE MARSEILLE - PIERRE GONDARD DANSE CONTEMPORAINE 1 soirée / 2 spectacles / création marocaine HORS DU MONDE DE TAOUFIQ IZEDDIOU IDÉE D’ABDEL MOUNIM ELALLAMI 19 ET 20 MARS SIMPLE DE AYELEN PAROLIN / RUDA 9 ET 10 AVRIL DANÇA FRÁGIL DE COMPANHIA HÍBRIDA / RENATO CRUZ 14 MAI ELECTRO-TAP DE CANDICE MARTEL 11 ET 12 JUIN FESTIVAL FESTIVAL JOGGING ART & SPORT Spectacles, performances, arts visuels, cours et ateliers… DU 22 AU 25 MAI RENCONTRES SUR LE VIVANT Avec CAMILLE CROSNIER (journaliste sur France Inter) Invitée VINCIANE DESPRET, philosophe et psychologue (6 mars) Invitée SALOMÉ SAQUÉ, journaliste (5 juin) 6 MARS & 5 JUIN CINÉMA Avec CinéCaro DOGMAN FILM DE MATTEO GARRONE 25 MARS CORPS ET ÂME FILM DE ILDIKÓ ENYEDI 29 AVRIL EO FILM DE JERZY SKOLIMOWSKI 3 JUIN SAISON 24-25 PROGRAMMATION CULTURELLE MARS 2025 Retrouvez toute la programmation sur www.lecarreaudutemple.eu LA SOCIÉTÉ PUBLIQUE LOCALE « LE CARREAU DU TEMPLE », N°SIRET 789 772 571 00020 - APE 9103 Z, N° LICENCES : N° 1 - 1068243, N°2 - 1068240, N°3 - 1068241 • CONCEPTION GRAPHIQUE : ET D’EAU FRAÎCHE – PHOTOS : HORS DU MONDE © FESTIVAL DE MARSEILLE - PIERRE GONDARD DANSE CONTEMPORAINE 1 soirée / 2 spectacles / création marocaine HORS DU MONDE DE TAOUFIQ IZEDDIOU IDÉE D’ABDEL MOUNIM ELALLAMI 19 ET 20 MARS SIMPLE DE AYELEN PAROLIN / RUDA 9 ET 10 AVRIL DANÇA FRÁGIL DE COMPANHIA HÍBRIDA / RENATO CRUZ 14 MAI ELECTRO-TAP DE CANDICE MARTEL 11 ET 12 JUIN FESTIVAL FESTIVAL JOGGING ART & SPORT Spectacles, performances, arts visuels, cours et ateliers… DU 22 AU 25 MAI RENCONTRES SUR LE VIVANT Avec CAMILLE CROSNIER (journaliste sur France Inter) Invitée VINCIANE DESPRET, philosophe et psychologue (6 mars) Invitée SALOMÉ SAQUÉ, journaliste (5 juin) 6 MARS & 5 JUIN CINÉMA Avec CinéCaro DOGMAN FILM DE MATTEO GARRONE 25 MARS CORPS ET ÂME FILM DE ILDIKÓ ENYEDI 29 AVRIL EO FILM DE JERZY SKOLIMOWSKI 3 JUIN SAISON 24-25 PROGRAMMATION CULTURELLE MARS 2025 8 MOUVEMENT 125 par Fanny Taillandier C’ESTQUOI #GANG En français, on a pris l’habitude d’appeler improprement dièze le symbole précédant les hashtags, ces trend-topics qui alimentent le débat médiatique. Mais on a aussi importé du nouchi, l’argot d’Abidjan, le mot djèze, qui se prononce pareil et qui veut dire affaire. À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette chronique trace sa route dans ce qui nous occupe. LESDIÈZES? 9 C'EST QUOI LES DIÈZES ? 1. La mala est gang. Alors ? On est pas bien là ? « La mala est gangx », la fête est géniale, comme chantait Gazo dans l’un des tubes de 2021 – une époque pas si lointaine où on a désormais l’impression d’avoir baigné dans l’insouciance, maintenant qu’on ose à peine écouter les news de peur de ce qui va nous tomber dessus. Ah, on enlève 150 millions au budget de la Culture ? Allez. Ah, on arrête aussi le droit du sol ? Oki. Ah, on doit maintenant faire des heures de travail gratuit quand on est pauvre ? Super. Oh attends, pause météo, tu préfères sécheresse ou cyclone, toi ? Non, non choisis, je t’en prie, chacun son tour. Ça marche, on se fait un point rapide enfants noyés dans la Manche ou la Méditerranée, et on passe au LBD intelligent. Pas à dire : on s’éclate à en crever. 2. Le système le plus gang au monde. Comme chacun sait, la démocratie est le meilleur système politique du monde. Elle permet à chacun d’être représenté, et de donner sa confiance à quelqu’un qui en fera bon usage. Inventée dans le temps épique des Grecs, elle doit nous servir à tous et toutes de guide car elle garantit sans aucun doute le progrès collectif et la sauvegarde des équilibres communs. La démocratie repose sur l’égalité des citoyens devant la loi, la séparation des pouvoirs, le respect des libertés individuelles et collectives. Bref : sous la démocratie, le régime protège le peuple et le peuple choisit le régime. Et comme elle est le système le plus gang de tous, tout le monde en veut : on peut voir sur Wikipédia une carte mondiale des gou#GANG vernements se réclamant de la démocratie. Incroyable, pour une fois, tout le monde est d’accord. Le planisphère n’a plus aucune frontière, d’un beau bleu électrique, de la Russie démocratique à l’ Angola démocratique, de la France démocratique aux ÉtatsUnis démocratiques. Tout le monde est démocrate. Moi aussi. Je précise, pour ne pas me faire taxer de mauvais esprit. 3. Millions envolés. Mais alors c’est marrant, la démocratie mène chaque jour un peu plus à des choses que personne n’a l’impression d’avoir voulues ni souhaitées. Je ne crois pas que quiconque ayant voté à n’importe quel tour pour le gouvernement en place dans notre pays, ait voté pour des LBD intelligents. À la rigueur, on aurait plutôt eu envie de voter pour une police intelligente, mais personne ne nous l’a proposé : vous avez déjà entendu quelqu’un nous consulter avant de réduire les heures de formation des forces de l’ordre, comme c’est le cas depuis deux décennies ? Autant qu’on sache, il ne semble pas non plus que notre pays bleu démocratie, ou l’Europe de la même couleur, nous aient fait voter pour que des gens se noient dans la mer en plein hiver. Pour en revenir aux coupes drastiques dans le budget de la Culture, même si le sujet semble dérisoire par rapport au reste, elles n’étaient au programme d’aucun des partis élus par les Français. Aucun. Ni le Rassemblement National, ni le Nouveau Front populaire, ni même le parti gouvernemental. Dans le système d’élection démocratique qui est le nôtre, nous avons donc tous et toutes voté autre chose que ces 150 millions envolés. MOUVEMENT 125 10 Mais bon, on commence à avoir capté l’astuce : quel que soit le bulletin qu’on met dans l’urne, à la fin, on a : Élisabeth Borne, Manuel Valls, François Bayrou, des décrets, des coupes, des suspensions de dispositifs, enfin le pire des gangs du système le plus gang de la terre. 4. Antiphrase hyperbolique. Dire «c’est gang», c’est comme dire « c’est une tuerie» : c’est inverser la valeur associée au sens premier et garder le sens hyperbolique. Donc «c’est gang», ça signifie «c’est stylé», là où un gang n’est pas, en soi, quelque chose de stylé, mais un regroupement de gens se mettant au-dessus des lois pour leur profit personnel, en utilisant la force et la peur. Les plus anciens exemples se trouvent dans l’ Angleterre du XVIIe siècle, avec le racket et l’extorsion comme activités premières. Ce sont cependant les États-Unis qui ont fait des gangs une figure à part entière de la vie collective : dans les grandes villes, comme Chicago ou New York, les gangs se développent dès le début du XIXe siècle et font florès au XXe , avec pour activités la contrebande, le vol, et toujours, l’extorsion. La raison d’être initiale du gang, c’est de détourner des richesses collectives vers les membres du gang. 5. Une mafia qui a réussi. Comme tout système mafieux, le gang partage une grande affinité avec l’État, au point qu’on a pu dire, à la suite du sociologue Charles Tilly, que l’État était une mafia ayant réussi – une mafia légitime. En effet, on peut considérer que la levée de l’impôt en échange de la protection des imposables est une forme de racket : si tu ne payes pas ton impôt, tu n’es pas protégé·e. Contre qui ? Contre nous, pour commencer : « Si le racket en échange de protection représente la forme la plus manifeste du crime organisé, alors l’État – quintessence de ce type de racket avec l’avantage de la légitimité – apparaît comme le plus grand exemple du crime organisé », affirme d’entrée de jeu son article le plus célèbre, «La guerre et la construction de l’État en tant que crime organisé» (2000). L’un de ses confrères, Barrington Moore, dans Les Origines sociales de la dictature et de la démocratie (1966), expliquait déjà à sa suite que « la féodalité européenne était principalement un gangstérisme devenu société elle-même, et ayant acquis une respectabilité grâce aux notions de chevalerie ». C’est-à-dire que les gens portant l’épée, après avoir acquis leur richesse en menaçant les plus faibles, se sont progressivement éduqués et moralisés au contact des vertus chevaleresques, telles qu’inventées et glorifiées dans les romans de chevalerie. Les gangs plus récents, eux aussi, ont été adoucis par le biais de la narration : les films de Scorsese ou Coppola dépeignent les gangsters comme des hommes certes violents, mais répondant à une sorte de code d’honneur placé au-dessus des intérêts financiers. Ainsi le gang, à travers les siècles, devient une forme narrative épique : splendeurs et misères des affranchis, qui finissent, généralement, par se faire tuer par leurs pairs, ou attraper par la police – l’État, donc, qui les ramène de gré (programme de protection des témoins) ou de force (prison) dans son giron, celui du droit. 6. Devenir-gang. Or, on dirait bien que le problème auquel on doit faire face aujourd’hui est une nouvelle formule de la même équation : après le gang devenu État, puis le gang domestiqué par l’État, nous voici face à l’État devenant gang. Vingt-six des ministres macronistes, selon le dernier décompte, ont affaire à la justice. Rachida Dati, ministre de la Culture, après avoir tenté par tous les recours possibles d’échapper à un procès, va comparaître cette année pour corruption et prise illégale d’intérêt. Le Premier ministre actuel, François Bayrou, reste soupçonné d’avoir organisé pendant des années un système d’assistants parlementaires fictifs au sein de son parti. On ne va pas dresser ici un inventaire, mais de code moral et de vertu chevaleresque, point. Donc, pour résumer, nous votons, grâce à la démocratie, pour des gens qui détournent l’argent à leur profit, puis imposent l’austérité à la nation – par décret, puisqu’il est évident que nul ne l’a appelé de ses suffrages. Nous en sommes là : le budget de l’État a finalement été adopté par la grâce de l’article 49 alinéa 3 de notre Constitution, qui permet au gouvernement de se mettre au-dessus de la loi du suffrage universel. Qu’y a-t-il, dans ce nouveau budget ? C’est simple : tout diminue, l’hôpital, l’éducation, la culture, l’écologie, les dépenses des collectivités locales – tout, sauf l’armée et l’intérieur. Les militaires et les policiers. Les gens avec des armes plus ou moins intelligentes. Les élus deviennent gangsters, puis les gangsters s’arment. 7. La peur ou la vie. Contre qui s’arment ces gangsters ? Pas contre l’État, puisque dans le cas présent, l’État est le gang. Donc, les gangsters s’arment contre leurs victimes. Pour que le racket fonctionne, il faut un ingrédient de taille : la peur. Vous ajoutez un Retailleau, un Darmanin, un Attal, pour faire des propositions de lois bien flippantes (contre les étrangers, les mineurs, les immigrés) ; vous laissez prospérer l’idée (« submersion », « intérêts de la nation ») selon laquelle la protection des bons citoyens, ceux qui obéissent et se laissent faire les poches, est nécessaire, non contre les gangsters, mais contre le faible, le pauvre et le différent. Vous prenez tant de mesures de surveillance et de pénalisation (généralisation de la surveillance algorithmique, armement des équipes de sûreté ferroviaire, etc.) que chacun se sent toujours légèrement inquiet. Et voilà, vous avez un système de racket parfaitement opératoire. Tellement gang. Comment Charles Tilly explique-t-il que contrairement à une mafia, l’État ait permis, dans l’histoire, d’accéder à des formes de démocratie ? Par le comportement des sujets vis-à-vis de la guerre, fin et moyen des mafias et des États : « Quand des gens ordinaires résistaient vigoureusement [à la guerre], explique le sociologue en remontant les siècles, les autorités faisaient des concessions : garanties des droits, institutions représentatives, cours d’appel. » C’est donc dans la résistance de ceux qui subissent la « protection » du gang que se trouve la possibilité de sortir de la course à la guerre dont l’État, comme n’importe quelle mafia, tire son principal moteur. Dans notre système démocratique so gang, seul notre refus de participer peut faire baisser les armes. Notre refus d’obéir, donc. À chacun de savoir à quoi il ou elle obéit aveuglément, et comment il ou elle pourrait arrêter. Sur ce grand planisphère qui recouvre d’une même couleur bleue démocrate Milei, Netanyahou, Trump, Macron et quelques autres gangsters, il semblerait que nous n’ayons plus tellement d’options. Désobéir à la peur qui fonde la possibilité du racket : ça, ce serait vraiment gang. Fanny Taillandier Paul Balagué & Cie en Eaux Troubles D’après Tristan Egolf Du 8 au 18 mai 2025 à la © photos : Achile Bird design graphique : Grand Cheval Sauvage / F. Landrivon Paul Balagué & Cie en Eaux Troubles D’après Tristan Egolf Du 8 au 18 mai 2025 à la © photos : Achile Bird design graphique : Grand Cheval Sauvage / F. Landrivon Amos Gitaï 4 mars – 3 avril création spectacle en français, yiddish, allemand, anglais, arabe, espagnol, hébreu, ladino, russe surtitré en anglais et en français Khalil Cherti 5 mars – 5 avril création spectacle en arabe levantin surtitré en français Wajdi Mouawad 29 avril – 22 juin spectacle en libanais surtitré en français Virginie Despentes 20 mai – 22 juin création BANDE DESSINÉE 13 BANDE DESSINÉE 13 MORTPARGPS «Continueztoutdroitjusqu'àlafindestemps.» Jeterlaboussole,déchirerlacarte. Leverlesyeux,seperdredanslaville,laforêt,lamaison. Setromper,courirenarrièrepourralentirlemonde, etenfinfairedéraillerletrain. FORME/CONTREFORME ROMANEGRANGER Amos Gitaï 4 mars – 3 avril création spectacle en français, yiddish, allemand, anglais, arabe, espagnol, hébreu, ladino, russe surtitré en anglais et en français Khalil Cherti 5 mars – 5 avril création spectacle en arabe levantin surtitré en français Wajdi Mouawad 29 avril – 22 juin spectacle en libanais surtitré en français Virginie Despentes 20 mai – 22 juin création OPÉRA CHARLES GOUNOD DU 5 AU 22 MAI 2025 Louis Langrée Direction musicale Denis Podalydès Mise en scène FAUST opera-lille.fr Visuel : Hélène Blanc – Licences PLATESV-R-2021-000130 ; PLATESV-R-2021-000131 ; PLATESV-R-2021-000132 OPÉRA CHARLES GOUNOD DU 5 AU 22 MAI 2025 Louis Langrée Direction musicale Denis Podalydès Mise en scène FAUST opera-lille.fr Visuel : Hélène Blanc – Licences PLATESV-R-2021-000130 ; PLATESV-R-2021-000131 ; PLATESV-R-2021-000132 MOUVEMENT 125 20 SORTIR DU XXe SIÈCLE AVEC DOMINIQUE PINSOLLE PROPOS RECUEILLIS PAR AÏNHOA JEAN-CALMETTES SORTIR DU XXe SIÈCLE 21 Louvoyer au travail, c’est vieux comme le monde. Depuis la fin du XIXe siècle, c’est une tactique de lutte théorisée par le syndicaliste révolutionnaire Émile Pouget. Rapidement étouffé par la répression policière, le sabotage réapparaît dans les mouvements écologistes radicaux des années 1970. Tentative d’archéologie d’un mode d’action aussi prisé des ouvriers que des patrons. La notion de sabotage est réapparue dans le débat public ces dernières années avec le Comité invisible et Andreas Malm. Comment comprenez-vous ce retour en grâce ? Je ne sais pas si l’on peut parler de retour en grâce. Les Soulèvements de la Terre ont préféré le terme de « désarmement » à celui de sabotage, trop stigmatisé, et susceptible de déclencher une répression plus forte. De génération en génération, cet imaginaire du sabotage, très étriqué par rapport à son histoire, et lié aux mouvements de résistance armée, s’est imposé. Cela n’empêche pas qu’on en reparle effectivement beaucoup ces dernières années. En France, la combinaison grève/ manifestation a montré ses limites depuis le mouvement contre la Loi travail en 2016. Quand ces modes de mobilisation classiques perdent en efficacité, on se tourne mécaniquement vers d’autres types d’actions. Face à l’échec des mobilisations climat, les militant·es écologistes sont allé·es puiser dans l’histoire des mouvements dits radicaux, notamment antinucléaires, nés aux ÉtatsUnis dans les années 1970. Le sabotage y occupe une place importante, comme le révèle le succès du roman d’Edward Abbey Le Gang de la clef à molette, paru en 1975. On parle parfois « d’écotage » pour fusionner les mots écologie et sabotage. Cette généalogie contemporaine prime aujourd’hui, et les origines ouvrières du sabotage ont presque été effacées. Comment l’expliquer ? À la fin du XIXe siècle, un certain nombre de militant·es syndicalistes révolutionnaires, notamment au sein de la toute jeune CGT créée en 1895, font un immense effort théorique pour faire du sabotage une tactique aussi légitime que la grève. Le sabotage est censé proposer une alternative aux modes d’action trop modérés : la représentation parlementaire – qui est hors du champ de la réflexion anarchiste – mais aussi la grève classique, qu’on appelle alors grève partielle, vue comme trop coûteuse et trop risquée par rapport à son efficacité. Le sabotage doit aussi se distinguer absolument de la forme la plus violente de « propagande par le fait », c’est-à-dire de terrorisme anarchiste qui est dans toutes les têtes à l’époque. Une limite très claire est immédiatement posée : le respect de l’intégrité physique des personnes, donc de la vie humaine. Si le corpus immense de ces réflexions a été complètement occulté, c’est d’abord parce que les forces hostiles au syndicalisme révolutionnaire disposent d’une puissance infiniment supérieure à l’action des syndicalistes. Dès que le sabotage entre dans le débat public, toute la grande presse se déchaîne pour le peindre comme une forme à peine atténuée de terrorisme. L’État fait tout pour éradiquer ce mode d’action potentiellement dangereux pour la défense nationale. Donc on stigmatise et on criminalise. Face à la répression, les organisations ouvrières ont fini par abandonner cette tactique. Aux États-Unis, un communiqué stipule explicitement qu’il faut arrêter le sabotage, devenu trop risqué. Résultat : on a l’impression que le sabotage naît, et non pas renaît, dans les années 1970. L’histoire du sabotage est donc aussi celle d’une lutte autour de sa définition. S’il ne s’agit pas d’actes violents, que veut dire saboter ? Le sabotage est aussi vieux que le travail contraint. N’importe qui a, en réalité, déjà saboté, tout simplement parce que quand on est fatigué et qu’on n’a pas envie d’aller au boulot, on traîne la patte et on essaie d’en faire le moins possible. Ce qui change, à la fin du XIXe siècle, c’est qu’Émile Pouget, entendant dire que les dockers écossais ont obtenu satisfaction grâce à une tactique originale – le « ca’canny », qui signifie en argot « vas-y mollo » –, y voit une manière intelligente de lutter. Il décide de nommer cela « sabotage », en reprenant un autre terme argotique qui signifie « travail bâclé ». Ce syndicaliste révolutionnaire tente de transformer cette forme de résistance informelle – ou « infrapolitique » comme dirait l’anthropologue James C. Scott – en stratégie et de l’introduire dans le répertoire d’action ouvrier. Quelles sont les différentes façons de « bâcler le travail » ? Avec le sabotage, il s’agit moins de s’en prendre au travail lui-même qu’à la norme patronale du travail bien fait. Ce n’est pas : « travaillez mal pour le plaisir de mal MOUVEMENT 125 22 travailler ». C’est : « arrêtez de travailler comme votre patron veut que vous travailliez ». C’est une sorte de principe général, une matrice pensée pour laisser libre cours à l’initiative individuelle. Ça génère donc des pratiques infiniment diverses. Saboter peut, en fonction des circonstances, vous amener à ralentir, à dégrader légèrement les outils de production ou la production ellemême. Ou même à mieux travailler. Les terrassiers, par exemple, vont refuser de travailler à la va-vite pour finir les chantiers le plus vite possible et à n’importe quel prix. Ils vont travailler plus lentement, avec de meilleurs matériaux, et refuser de pratiquer certaines fraudes imposées par le patronat, pour l’attaquer au portefeuille. Ce caractère malléable, adaptable, souple et très subversif est à la fois la force et la faiblesse du sabotage. L’action individuelle devient parfois tellement individuelle qu’elle se déconnecte des stratégies d’ensemble et échappe au contrôle des organisations syndicales. Cette contradiction, fondamentale, explique aussi l’abandon de cette tactique. Le sabotage est traversé par une autre tension : il est à la fois complètement instinctif et ultra intellectualisé. En quoi remet-il en question la théorie de la valeur telle que formulée par l’économie libérale ? À la fin du XIXe siècle, le courant marginaliste, dominant dans l’économie politique, réinterprète le vieux libéralisme d’ Adam Smith. La théorie de la valeurtravail – un bien est cher car il a nécessité beaucoup de travail – est abandonnée au profit du modèle de l’offre et de la demande – un bien est cher car il est jugé utile et de bonne qualité par les agents économiques. Cela peut paraître évident aujourd’hui, mais c’est très nouveau à l’époque. Les dirigeants des syndicats de dockers britanniques poussent cette théorie jusqu’au bout et la retournent contre le patronat : si un patron n’est pas prêt à dépenser beaucoup d’argent pour un travail de qualité, il ne faut pas qu’il s’étonne d’avoir un travail de mauvaise qualité. Ce sera formalisé par l’anarchiste Pierre Kropotkine dans un livre de 1892 : « À mauvaise paie, mauvais travail. » Les syndicalistes révolutionnaires américains reprennent l’idée avec la formule « Good pay or bum work. » Le sabotage, qui peut apparaître comme une critique un peu grossière du capitalisme – instinctive, spontanée, voire primitive – a en réalité une véritable assise théorique. Bien sûr, toutes ces réflexions, portées par des militant·es qui n’ont jamais fait d’études, ont été complètement invisibilisées : vous ne trouverez jamais de chapitre sur le sabotage dans un manuel d’histoire de la pensée économique. Il y aurait vraiment une histoire populaire des théories économiques à écrire. Dans ces tentatives de retournement, l’idée de « sabotage patronal » est aussi formalisée. De quoi s’agit-il ? Quand la CGT abandonne le sabotage en 1908-1909, elle en profite pour dénoncer le sabotage patronal. L’idée est de retourner l’effroi de la presse bourgeoise : si vous êtes choqués par le travail mal fait, vous devriez être choqués par le capitalisme et la bourgeoisie. Ce sont les patrons qui nous obligent à saboter notre travail en refusant de nous accorder les moyens de travailler correctement. Se développe aussi une forme de « sabotage de la bouche ouverte » qui consiste à dévoiler publiquement les pratiques patronales frauduleuses : un boulanger qui coupe sa farine avec du talc pour réduire ses coûts, un restaurateur qui vend de la soupe de poisson préparée avec des têtes d’écrevisse, etc. Cette pratique va être théorisée par un grand sociologue et économiste américain, Thorstein Veblen, dans une brochure de 1919 intitulée On the Nature and the Uses of Sabotage. Selon lui, le sabotage est l’essence même du capitalisme : si le sabotage est une manière de réduire la production pour défendre ses intérêts, alors les capitalistes sabotent en permanence. Dès que les prix baissent, ils cessent de produire pour les faire remonter. Finalement, l’héritage de cette histoire ouvrière du sabotage ne serait-il pas à chercher plutôt du côté de la désobéissance civile que de celui des mouvements écologistes radicaux ? Cette filiation existe de manière explicite dans les milieux de l’écologie radicale comme dans les milieux anarcho-autonomes, même si c’est plus marginal. La situation d’aujourd’hui, paradoxalement, est très proche de celle de la fin du XIXe siècle. Des formes de résistances informelles et infrapolitiques existent – la démission silencieuse, la grève du zèle, les grèves perlées des cheminots – et sont amenées à se développer parce que la souffrance au travail augmente. On le voit notamment dans l’Éducation nationale, par le refus d’appliquer certaines consignes qui paraissent absurdes aux équipes. Dans les milieux militants, on réfléchit de plus en plus à la subversion du travail. Mais une organisation parviendra-t-elle à transformer cela en stratégie collective assumée ? Et surtout, avec quel vocabulaire ? Ce ne sera sûrement pas « sabotage » tant prévaut une vision déformée et stigmatisée de cette pratique. Propos recueillis par Aïnhoa Jean-Calmettes ■ Quand les travailleurs sabotaient, Éditions Agone, 2024 Photo © Thomas Amouroux – Direction artistique : Base Design - Réalisation : .com un poisson dans l’eau – Licences N° L-R-21-4095 / L-R-21-4060 / L-R-21-4059 PROGRAMME 1 DU 30 MARS AU 6 AVRIL IHSANE SIDI LARBI CHERKAOUI PROGRAMME 2 DU 10 AU 13 AVRIL STRONG SHARON EYAL BUSK ASZURE BARTON BOLERO DAMIEN JALET ET SIDI LARBI CHERKAOUI Directeur général: Aviel Cahn Directeur du Ballet: Sidi Larbi Cherkaoui Partenaire du Ballet du GrandThéâtre : Avec le soutien de BALLET DU GRAND THÉÂTRE DEGENÈVE BALLET DU GRAND THÉÂTRE DEGENÈVE Photo © Thomas Amouroux – Direction artistique : Base Design - Réalisation : .com un poisson dans l’eau – Licences N° L-R-21-4095 / L-R-21-4060 / L-R-21-4059 PROGRAMME 1 DU 30 MARS AU 6 AVRIL IHSANE SIDI LARBI CHERKAOUI PROGRAMME 2 DU 10 AU 13 AVRIL STRONG SHARON EYAL BUSK ASZURE BARTON BOLERO DAMIEN JALET ET SIDI LARBI CHERKAOUI Directeur général: Aviel Cahn Directeur du Ballet: Sidi Larbi Cherkaoui Partenaire du Ballet du GrandThéâtre : Avec le soutien de BALLET DU GRAND THÉÂTRE DEGENÈVE BALLET DU GRAND THÉÂTRE DEGENÈVE 25 SOCIÉTÉ TEXTE : ÉMILE POIVET PHOTOGRAPHIE : JEAN KADER, POUR MOUVEMENT LUTTES ALPINES : LES VALLÉES QUI SOULÈVENT DES MONTAGNES LUTTES ALPINES : LES VALLÉES QUI SOULÈVENT DES MONTAGNES LUTTES ALPINES : LES VALLÉES QUI SOULÈVENT DES MONTAGNES 25
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