MOUVEMENT n°124 - Page 8 - 124 Les Printemps de Sévelin 2025 5.3 Soa Ratsifandrihana MG/BE Carte blanche 6.3 Soa Ratsifandrihana MG/BE 7—8.3 Johanna Heusser CH 8.3 *****Party Night 1 ↳DJs rave+hyper pop + emo-rock cocktail 11–12.3 Mathilde Invernon CH/FR & La Chachi ES 13–14.3 Sarah Baltzinger & Isaiah Wilson LU/FR & Oscar M. Damianaki CH/GR 15.3 CréArt battle 1vs1 hip-hop *****Party Night 2 ↳ DJs hip-hop 19–21.3 Katerina Andreou GR/FR 22–23.3 Tom Cassani UK & Auguste de Boursetty CH/FR 22.3 *****Party Night 3 ↳ Ballroom+perfs Sévelin36 Lausanne →theatresevelin36.ch Design WePlayDesign.ch Sévelin36 3.25 5–23. Printemps L e s →Festival international des danses contemporaines d e S é v e l i n DERNIER TOUR DE PISTE AVEC LES MILITANTS DU SUICIDE ASSISTÉ AU LIBAN SOUS LES BOMBES, LA GUERRE INTÉRIEURE QUI VIENT ACTIVISME AU MUSÉE : L’HISTOIRE DERRIÈRE LES JETS DE SOUPE LAURÈNE MARX : « J’AI CINQUANTE ANS D’AVANCE SUR LE THÉÂTRE » AUX BAUMETTES À MARSEILLE, LA VIE DE QUARTIER PÉNITENTIAIRE DANS LA POÉSIE DE LAURA VAZQUEZ, ON NE CAUSE PAS, ON COMPTE M O U V E M E N T L14944 - 124 - F: 10,00€ - RD Les Printemps de Sévelin 2025 5.3 Soa Ratsifandrihana MG/BE Carte blanche 6.3 Soa Ratsifandrihana MG/BE 7—8.3 Johanna Heusser CH 8.3 *****Party Night 1 ↳DJs rave+hyper pop + emo-rock cocktail 11–12.3 Mathilde Invernon CH/FR & La Chachi ES 13–14.3 Sarah Baltzinger & Isaiah Wilson LU/FR & Oscar M. Damianaki CH/GR 15.3 CréArt battle 1vs1 hip-hop *****Party Night 2 ↳ DJs hip-hop 19–21.3 Katerina Andreou GR/FR 22–23.3 Tom Cassani UK & Auguste de Boursetty CH/FR 22.3 *****Party Night 3 ↳ Ballroom+perfs Sévelin36 Lausanne →theatresevelin36.ch Design WePlayDesign.ch Sévelin36 3.25 5–23. Printemps L e s →Festival international des danses contemporaines d e S é v e l i n DERNIER TOUR DE PISTE AVEC LES MILITANTS DU SUICIDE ASSISTÉ AU LIBAN SOUS LES BOMBES, LA GUERRE INTÉRIEURE QUI VIENT ACTIVISME AU MUSÉE : L’HISTOIRE DERRIÈRE LES JETS DE SOUPE LAURÈNE MARX : « J’AI CINQUANTE ANS D’AVANCE SUR LE THÉÂTRE » AUX BAUMETTES À MARSEILLE, LA VIE DE QUARTIER PÉNITENTIAIRE DANS LA POÉSIE DE LAURA VAZQUEZ, ON NE CAUSE PAS, ON COMPTE Bruma M, Olga de Amaral, 2014. Photo © Diego Amaral Design graphique © Agnès Dahan Studio 5 SOMMAIRE REPORTAGES La mort sur ordonnance 24 Par un hasard de circonstances, la Suisse est devenue le centre mondial de la mort sur commande. Mais c’est à Grenoble, récemment, que le débat autour du suicide assisté a pris de l’épaisseur : une association d’octogénaires pratique la mort solidaire et autogérée. Ultime Liberté veut décider de sa fin de vie librement, contre l’État et les médecins. Au Liban, les troubles intérieurs 40 Depuis le 8 octobre, Israël bombarde le Liban. Plus d’un million de personnes ont quitté leurs maisons pour trouver refuge dans des « lieux plus sûrs » comme le centre de Beyrouth. Mais les chiites ont une cible dans le dos. Chacun épie, suspecte et incrimine son voisin, par peur qu’il appartienne au Hezbollah. Dans un pays au bord de la crise de nerfs, Tsahal est parvenu à raviver les tensions confessionnelles : la guerre totale, c’est ça. Les mines basses du Sahara 76 Toutes les décennies, le Tchad est secoué par une nouvelle guerre. À chaque fois, les armées abandonnent des roquettes et des obus, si bien que le pays est intégralement pollué. Mouvement a accompagné les démineurs à travers la province du Kanem, morceau de désert sous perfusion humanitaire. Prière de laisser le champ de bataille dans l’état où vous aimeriez le trouver. Les Baumettes, extérieur nuit et jour 88 Tout au sud de Marseille, la prison des Baumettes a son quartier : plutôt chic, plutôt troisième âge, le nez dans le romarin. Mais la dernière extension carcérale dépasse le mur d’enceinte. Désormais deux mondes se rencontrent : violence dedans, violence dehors, surveillance à plein temps et voisins vigilants. Arpentage d’un morceau de garrigue où la peine est ferme et le territoire aménagé. ENQUÊTE Activisme au musée : sauce qui peut 62 Dans le grand cirque médiatique, la méthode « jet de soupe sur toile impressionniste » présente le meilleur rapport risque/bénéfice. Depuis 2022, l’activisme en musée a servi des causes féministes ou décoloniales, mais aussi des positions réactionnaires. Visite des collections alors que les premières peines de prison commencent à tomber. ANALYSES L’affaire Gutenberg entre les lignes 102 Depuis presque 600 ans, Strasbourg et Mayence se disputent la figure de Gutenberg et la paternité de l’imprimerie. Une controverse historique farfelue et eurocentrée, avec un gros casting : moines copistes, faussaires pointilleux, nazis en uniforme. La frontière entre la France et l’ Allemagne n’a cessé de bouger, et les récits avec. Déambulation à Strasbourg, Capitale mondiale du livre 2024. ENTRETIENS Sortir du XXe siècle avec Eugénie Mérieau 20 En Terre Sainte ou en Irak, l’Occident fait la guerre pour libérer les peuples. C’est faux, mais c’est ce qu’on se raconte. La politologue analyse les ressorts coloniaux qui fondent nos États européens, et propose de renouveler nos lexiques pour comprendre les régimes politiques sous lesquels nous vivons. Macron : ni dictateur, ni démocrate, vrai piège à cons. Laura Vazquez : Compter juste avec des mots 32 La langue-espion de la poétesse s’aventure partout : sous les draps d’une grand-mère en soins palliatifs ou dans la chambre d’un hikikomori accro aux forums en ligne. Zéro, paru en novembre, est sa première pièce de théâtre. L’heure de poser les vraies questions : la vie, la mort, Dieu. Lucrecia Martel : 82 « Lire la paperasse comme des scènes de films » Figure du « Nouveau cinéma argentin », la cinéaste touche à tous les genres et sonde les névroses de la bourgeoisie. Dans Chocobar, son prochain documentaire, elle aborde la résistance des communautés indigènes contre la spoliation de leurs terres, sujet d’autant plus crucial que l’ Argentine s’est vouée à un économiste d’extrême droite armé d’une tronçonneuse. Après la nature avec Ange Pottin 96 Au début de la guerre en Ukraine, de nombreux pays semblent avoir découvert que le nucléaire, c’est super. Sauf qu’on ne sait toujours pas quoi faire des déchets, et que la France n’a plus les compétences pour gérer les centrales à long terme : il y a pénurie de soudeurs, d’ingénieurs au niveau, et l’État se désengage. Visite de chantier avec le philosophe des sciences. PORTRAIT Laurène Marx : Punchlines de crête 70 L’autrice joue à League of Legends, traîne sur YouTube, trolle sur Insta, cite Damso, et trouve que le stand-up c’est chiant. Depuis 2019, elle a écrit trois monologues pour le théâtre. Et elle vit une ascension sociale. Quand elle écrira comme une bourgeoise, elle arrêtera tout, promis. Point d’étape à micourse : Laurène Marx a cinquante ans d’avance. C’est elle qui le dit. CHRONIQUE C’est quoi les dièzes ? 8 À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette chronique trace sa route dans ce qui nous occupe. Wesh alors ma race. Tranquille ou quoi ? PORTFOLIOS Lúa Ribeira 48 Meichi Wu 112 POÉSIE Jacob Bromberg 110 BANDE-DESSINÉE Mort par GPS, par Romane Granger 13 AGENDA 123 ABONNEMENT 146 Bruma M, Olga de Amaral, 2014. Photo © Diego Amaral Design graphique © Agnès Dahan Studio 6 OURS DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Jean-Roch de Logivière RÉDACTEUR EN CHEF Thomas Corlin RÉDACTEURS EN CHEF ADJOINTS Orianne Hidalgo-Laurier & Émile Poivet DIRECTION ARTISTIQUE Félix Salasca DIRECTION DE LA PHOTOGRAPHIE Louis Canadas RESPONSABLE DE LA COMMUNICATION ET DE PARTENARIATS Jeanne Mouille assistée de Danaé Roudil et Margot Delor RUBRIQUES « LITTÉRATURE & IDÉES » Aïnhoa Jean-Calmettes CONTACT MAIL : [prénom]@mouvement.in RÉDACTION Thomas Andrei, Sylvie Arnaud, Marouane Bakhti, Julien Bécourt, Callysta Croizier, Iris Deniau, Agnès Dopff, Wilson Fache, Alexis Ferenczi, Rémi Guezodje, Amaury Hauchard, Lena Hervé, Virginie Huet, Salomé Kiner De Dominicis, Matthieu Le Goff, Guillaume Loiret, Belinda Mathieu, Alexandre Parodi, Ewan Pez, Léa Poiré, Marie Pons, Zineb Soulaimani, Fanny Taillandier, Pierre Terraz, Antoine Thirion, Nicolas Villodre PHOTOGRAPHES ET ILLUSTRATEURS Romy Alizée, Jean-Marie Binet, Aline Deschamps, Louise Desnos, Rebekka Deubner, écoute chérie, Sacha Gabilan, Pierre Girardin, Romane Granger, Pauline Hisbacq, Alad Insane, Edouard Jacquinet, Jean Kader, Bénédicte Kurzen, Samuel Kirszenbaum, Emma Le Doyen, Paul Lehr, Damien Maloney, Arthur Mercier, Manuel Obadia-Wills, Bettina Pittaluga, Igor Pjörrt, Daria Svertilova, Charles Thiefaine, Maxime Verret, Stephen Vuillemin, Dan Wilton PORTFOLIOS Lúa Ribeira Meichi Wu SÉLECTION POÉSIE Gabriel Gauthier POÉSIE Jacob Bromberg RESPONSABLE DES ABONNEMENTS Lison Matha abonnement@mouvement.in ADRESSE ABONNEMENTS Mouvement service abonnements 26 rue Pradier 75019 Paris OFFRE D’ABONNEMENT PAGE 146 ET ABONNEMENT. MOUVEMENT.NET DIFFUSION LIBRAIRIES Les presses du réel 35 rue Colson, 21000 Dijon, France info@lespressesdureel.com Tél: 03 80 30 75 23 SERVICE DE VENTES ET GESTION DES RÉASSORTS RÉSEAU : KD / Eric Namont eric@kdpresse.com IMPRIMÉ EN ESTONIE AS Printall DIFFUSION KIOSQUES MLP COMMISSION PARITAIRE 0526 D 78261 ISSN : 125 26 967, dépôt légal à parution MOUVEMENT 26 rue Pradier 75019 Paris PROCHAIN NUMÉRO Mouvement n° 125 En kiosques et librairies en décembre 2024 COUVERTURES photos : Lúa Ribeira © LES ÉDITIONS SECONDES, TOUS DROITS RÉSERVÉS MOUVEMENT EST ÉDITÉ PAR LES ÉDITIONS SECONDES, 26 RUE PRADIER 75019 PARIS DIRECTION DE LA PUBLICATION : JEAN-ROCH DE LOGIVIÈRE SAS AU CAPITAL DE 1000 EUROS 808 090 336 R.C.S. PARIS FESTIVAL TRANSFORME – Clermont-Ferrand du 8 au 24 janvier 2025 5 spectacles 8-9/01 Heliosfera Vania Vaneau 11-12/01 Bérénice Romeo Castellucci 17-18/01 Les Chats… Marlène Saldana & Jonathan Drillet 18-19/01 Boudoir Steven Cohen 22 →24/01 Memory of Mankind Marcus Lindeen & Marianne Ségol Une édition augmentée par un dispositif itinérant inédit À vivre du 16 au 22 janvier L’Unité Mobile d’Action Artistique (UMAA) Olivia Grandville © Melissa Schriek → FESTIVAL TRANSFORME – Clermont-Ferrand du 8 au 24 janvier 2025 5 spectacles 8-9/01 Heliosfera Vania Vaneau 11-12/01 Bérénice Romeo Castellucci 17-18/01 Les Chats… Marlène Saldana & Jonathan Drillet 18-19/01 Boudoir Steven Cohen 22 →24/01 Memory of Mankind Marcus Lindeen & Marianne Ségol Une édition augmentée par un dispositif itinérant inédit À vivre du 16 au 22 janvier L’Unité Mobile d’Action Artistique (UMAA) Olivia Grandville © Melissa Schriek Les spectacles Hiver Printemps →Festival Transforme 2025 avec la Fondation d’entreprise Hermès Heliosfera Vania Vaneau Bérénice Romeo Castellucci L’Unité Mobile d’Action Artistique Olivia Grandville Les Chats… Marlène Saldana & Jonathan Drillet Boudoir Steven Cohen Memory of Mankind Marcus Lindeen & Marianne Ségol Chœur des amants Tiago Rodrigues Dominique toute seule Cie Au détour du Cairn La Vie secrète des vieux Mohamed El Khatib Le Firmament Chloé Dabert Sous les fleurs Thomas Lebrun Vers les métamorphoses Étienne Saglio Il ne m’est jamais rien arrivé Vincent Dedienne Juste la fin du monde Johanny Bert Guintche (live version) Marlene Monteiro Freitas Je crois que dehors c’est le printemps Gaïa Saitta & Giorgio Barberio Corsetti CARCAÇA Marco da Silva Ferreira Le Ring de Katharsy Alice Laloy Le Petit Chaperon rouge Sylvain Huc Le Chemin du wombat… Joanne Leighton George de Molière Clinic Orgasm Society Theatre of Dreams Hofesh Shechter Création Lifting Thomas Lebrun Les Corps incorruptibles Aurélia Lüscher 04 43 55 43 43 www.lacomediedeclermont.com Programme complet → 8 MOUVEMENT 124 par Fanny Taillandier C’ESTQUOI #WESH ALORS MARACE En français, on a pris l’habitude d’appeler improprement dièze le symbole précédant les hashtags, ces trend-topics qui alimentent le débat médiatique. Mais on a aussi importé du nouchi, l’argot d’Abidjan, le mot djèze, qui se prononce pareil et qui veut dire affaire. À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette chronique trace sa route dans ce qui nous occupe. LESDIÈZES? 9 C'EST QUOI LES DIÈZES ? 1. Il paraît que « wesh », notre interjection favorite, fait un carton au Royaume-Uni. Même France Info en a parlé. Même Europe 1, la radio de Bolloré, par la bouche de Stéphane Bern, monsieur château fort. Cocorico, on exporte. Vous voyez qu’on est une grande nation. Wesh perd donc pour un instant toutes les connotations négatives qu’on lui connaît (un wesh, un wesh-wesh) pour devenir l’objet de l’attendrissement général. 2. Merci qui ? Merci le rappeur Central Cee qui, dans «Bolide noir», en featuring avec JRK 19, raconte ses mésaventures romantiques à Paname : « Je suis à Paris, tentant de montrer mon charisme, mais elles ne comprennent pas parce qu’elles parlent français. Pourquoi elles n’arrêtent pas de dire wesh ? » Contrairement à Emily Cooper, l’héroïne de la série Netflix, qui n’a rencontré que Brigitte Macron, le drilleur londonien a mouillé le maillot et mieux saisi que l’ Américaine la façon dont parlent les Françaises. À ses dépens. French kiss et cruauté, c’est ça la capitale de l’amour. 3. Mais revenons-en à notre wesh, devenu la star des éditos. Comme d’habitude, l’argot est consacré une fois passées les fourches caudines de la mondialisation par le haut. L’expression qui ouvre cette chronique est issue du single «Bande organisée», piloté par Jul (ne me remerciez pas de vous avoir mis le morceau dans la tête pour les prochaines 24 heures, c’est cadeau). Ce classique des temps modernes fit son entrée dans le Top 100 Monde de Spotify en 2020 – un classement normalement squatté par les majors anglo-saxonnes. Le morceau bat le record de longévité pour un titre de rap francophone, avec trois mois dans ledit classement. Le label de Jul, D’or et de platine, #WESH ALORS MARACE s’est hissé en 2023 à la troisième position des labels les plus streamés en France. Dans le game en claquettes, dans le carré VIP en survet’, comme il le disait dès 2015 avec «Wesh alors», son premier tube. 4. C’est à cette période que le J commence à se faire attaquer sur son orthographe. Parce qu’on ne peut pas dire qu’il soit parfaitement au fait des subtilités écrites de notre langue, qui sont nombreuses et reloues à la fois. C’est ça, l’élégance à la française. Voyez le mot orthographe, par exemple. Comme ça se prononce. De là, Jul est montré du doigt comme un genre de boloss illettré, comme un wesh, dans le sens bien péjoratif du terme. Ça ne l’empêche pas de continuer à défoncer le game en claquettes, jusqu’au mois dernier, où il a explosé le record du plus grand nombre de morceaux dépassant 15 millions de streams : 186. 5. Et ma race alors ? Tranquille ? Bah pas trop, ces temps-ci. Voici le compte rendu des faits par LeMonde, en octobre dernier : « La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme enregistre de son côté une hausse de 121 % du nombre de signalements de faits antisémites (injures, harcèlement…) depuis un an et de 127 % à l’école (primaire, collège et lycée). Les autres faits de racisme n’ont pas disparu pour autant, ils ont eux aussi augmenté, mais dans de moindres proportions (52 %). » Pierre Tartakowsky, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme et vice-président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, ajoute : « Toutes les enquêtes montrent que ceux qui détestent les Arabes n’aiment ni les Noirs, ni les homosexuels, ni les Juifs. » MOUVEMENT 124 10 6. Ma race n’est pas super tranquille, car le racisme est en pleine forme. Et ne nous y trompons pas, ce ne sont pas seulement des « actes » signalés dans les écoles. Non, ça vient de plus haut. Le racisme se porte aussi bien que le label de Jul, se hisse dans les charts, et occupe toujours de nouvelles places. 125 députés RN contre 88 avant l’été. Le ministre de l’Intérieur, ami du Puy du Fou et de la famille Villiers, considérait il y a un an les révoltes ayant suivi le meurtre de Nahel par un policier comme une « régression vers les origines ethniques » – ethnique, comme ça se prononce, est un mot pratique pour parler de race sans avoir l’air d’en parler. 7. La race, comme chacun sait, il n’y en a qu’une : la race humaine. Mais comme l’a montré Hannah Arendt, la construction du racisme s’est faite en France après la Révolution, par les aristocrates déchus de leurs privilèges. Ils ont alors inventé deux races pour les Français. Les Gaulois, qui auraient donné le Tiers-état, et leur race, franque, issue des envahisseurs du Moyen Âge : le sang bleu qui prédestine au pouvoir et légitime le leur. Le racisme est donc théorisé pour la première fois par l’élite, ou celle qui prétend l’être. À la fin du XIXe siècle, la Troisième République retourne le stigmate, avec le fameux « nos ancêtres les Gaulois », et s’empare du racisme biologique dans le contexte de son expansion coloniale. Il y a désormais la race blanche dont font partie les Gaulois, et les autres races, rouge, noire, jaune, qui sont destinées à être civilisées par la première. Voilà ce qu’on enseigne désormais à l’école – peutêtre parce que les gens n’y auraient pas pensé tout seuls. 8. « Ma race », avant de se retrouver en ouverture de « Bande organisée », est une expression utilisée par Arthur Rimbaud dans Une saison en enfer, publié à compte d’auteur juste après l’avènement de la IIIe République en 1873. « J’ai toujours été de race inférieure. Ma race ne se souleva jamais que pour piller », écrit le poète de 19 ans, qui n’a pas de quoi payer son autoédition, et qui vient, en plus, d’échanger des coups de feu avec Verlaine, son seul allié dans le game. Rimbaud, avant d’être sur des cartes postales et des magnets pour frigo, fut ce lyriciste esseulé, sans succès ni streams. La suite du poème le fait revendiquer toutes les races inférieures : celle des sorcières, « race qui chantait dans les supplices », celle des Noirs que le « canon des blancs » tue, celle des « enfants de Cham », le fils de Noé maudit par son père dans l’ Ancien Testament. Pillard, sorcière, Noir asservi, fils maudit. Voilà « ma race ». Pile à ce moment-là, le soulèvement algérien contre le colon français, écrasé dans le sang, aboutit à une expropriation massive des terres au profit des colons, ainsi qu’à la déportation des insurgés, majoritairement kabyles. En 1875, un décret instaure le régime de l’Indigénat, prévoyant des délits spécifiquement imputables aux Algériens. Ce décret deviendra loi six ans plus tard, et sera exporté à l’ensemble des colonies françaises. Encore une fois, le racisme est l’allié du pouvoir, pas des gens – ce qui ne l’empêche pas d’avoir des bénéficiaires. 9. Le mot wesh est issu de l’arabe algérien, qui l’a sans doute lui-même pris dans le kabyle « ach », qui signifie « quoi ». Avant de conquérir le Royaume-Uni, il a fait son chemin en France depuis les années 1980. Je confesse l’avoir employé depuis toujours sans savoir qu’il ne s’agissait pas d’un mot français – je pensais qu’il s’agissait de « ouais » orné d’un « ch » à la fin par coquetterie, humour ou jeu. Outre l’anglais britannique, l’arabe marocain l’a aussi adopté. Wesh, qui a voyagé depuis l’ancienne colonie jusque dans les bouches de la métropole, est international. 10. « Ma race » a été employé par quelqu’un d’autre, depuis « Bande Organisée » : Annie Ernaux. Dans son discours de réception du prix Nobel, en 2022, elle dit être entrée en littérature, avec une phrase écrite dans son journal lorsqu’elle avait 22 ans, sous les auspices du même Rimbaud, et dont elle fait le point de départ de son propos : « J’écrirai pour venger ma race. », inférieure socialement. L’écrivaine dit ne pas être sûre d’y être parvenue. En revanche, elle offre un programme à l’écriture : « Déchiffrer le monde réel en le dépouillant des visions et des valeurs dont la langue, toute langue, est porteuse, c’est en déranger l’ordre institué, en bouleverser les hiérarchies. » Retailleau peut continuer à proclamer « l’ordre, l’ordre, l’ordre » ; il peut continuer à dire que l’immigration n’est pas une chance, que la Vendée est le modèle de ce que doit être la France, etc. La réalité est autre : depuis la Révolution, ce sont les inférieurs qui ont fait le monde, ses poèmes et ses hits. Ce sont les déplacés, issus de toutes les migrations sociales et géographiques. Ce sont les mots qui n’attendent pas qu’on les valide, qui voyagent parce qu’ils désignent le réel ou aident à le ponctuer. Ce sont les ortograf pétées et les expressions non autorisées, les Central Cee plutôt que les Brigitte Macron, prof de français en lycée privé. 11. Alors ma race, on est prié·e de ne pas se tenir tranquille : on arrête d’avoir peur de mal parler ou de faire des fautes, et on l’ouvre haut et fort pour rétablir le réel quand on entend des conneries racistes, excellent prétexte à tout pouvoir pour nous diviser et nous rendre faibles. Wesh. Fanny Taillandier 15.01>15.02.2025 #théâtre#musique #danse#performance LesSingulier·es Festival–9e édition 104.fr lieuinfinid’art, decultureetd’innovation direction José-ManuelGonçalvès Gildaa © Pierre Nativel 15.01>15.02.2025 #théâtre#musique #danse#performance LesSingulier·es Festival–9e édition 104.fr lieuinfinid’art, decultureetd’innovation direction José-ManuelGonçalvès Gildaa © Pierre Nativel Exposition en dialogue avec Ima-Abasi Okon 1 cours Paul Ricard 75008 Paris Entrée gratuite BANDE DESSINÉE 13 BANDE DESSINÉE 13 MORTPARGPS «Continueztoutdroitjusqu'àlafindestemps.» Jeterlaboussole,déchirerlacarte. Leverlesyeux,seperdredanslaville,laforêt,lamaison. Setromper,courirenarrièrepourralentirlemonde, etenfinfairedéraillerletrain. LAPARABOLEDELACRUCHE ROMANEGRANGER Emma Dante 7 – 29 janvier 2025 spectacle en napolitain surtitré en français Victor de Oliveira 8 janvier – 8 février 2025 [Le Roi poule] Anaïs Allais Benbouali 4 – 22 décembre 2024 tout public à partir de 8 ans Wajdi Mouawad jusqu’au 22 décembre 2024 John Maxwell Coetzee Krzysztof Warlikowski 5 – 16 février 2025 spectacle en polonais surtitré en français et en anglais Emma Dante 7 – 29 janvier 2025 spectacle en napolitain surtitré en français Victor de Oliveira 8 janvier – 8 février 2025 [Le Roi poule] Anaïs Allais Benbouali 4 – 22 décembre 2024 tout public à partir de 8 ans Wajdi Mouawad jusqu’au 22 décembre 2024 John Maxwell Coetzee Krzysztof Warlikowski 5 – 16 février 2025 spectacle en polonais surtitré en français et en anglais MOUVEMENT 124 20 SORTIR DU XXe SIÈCLE AVEC EUGÉNIE MÉRIEAU PROPOS RECUEILLIS PAR AÏNHOA JEAN-CALMETTES SORTIR DU XXe SIÈCLE 21 En Terre Sainte ou en Irak, l’Occident fait la guerre pour libérer les peuples. C’est faux, mais c’est ce qu’on se raconte. La politologue Eugénie Mérieau analyse les ressorts coloniaux qui fondent nos États européens, et propose de renouveler nos lexiques pour comprendre les régimes politiques sous lesquels nous vivons. Macron : ni dictateur, ni démocrate, vrai piège à cons. Vous montrez que le concept de dictature n’est pas une catégorie d’analyse politique fiable mais le synonyme de « régime non légitime ». Comment s’est-il construit ? En opposition à la démocratie. Pour construire démocratie et dictature comme deux réalités absolument distinctes et hermétiques, on produit de l’ignorance. Personnaliser à l’extrême les régimes autoritaires et se focaliser sur les excentricités des leaders politiques nous exempte de produire de la connaissance sur les institutions des pays en question et leur population, réduite à une forme de passivité digne de l’enfance. Tous les moyens sont bons pour empêcher les comparaisons entre les régimes : utiliser des vocabulaires différents pour décrire des phénomènes similaires, flouter les différences immenses qui existent au sein même des catégories « démocratie » et « dictature ». Pourtant, un État autoritaire fondé sur des élections et une constitution partage le même régime – la démocratie représentative – qu’une démocratie libérale. Comment l’opposition entre dictature et démocratie est-elle devenue le nouvel avatar de celle entre barbares et civilisés ? L’année 1991 marque la fin du grand XXe siècle, celui de l’affrontement entre deux modèles. Désormais, « il n’y a pas d’alternative » au règne sans partage de la démocratie libérale et du capitalisme de marché, incarné par les États-Unis : l’Occident comme futur du monde. À l’horizon du XXIe siècle, le centre de gravité des équilibres géopolitiques se déplace vers l’ Asie. Le modèle émergent de la Chine fait rêver le Sud global à un renversement des rapports de puissance et à la fin de l’hégémonie occidentale. Or, pour que le destin occidental puisse se réaliser, il faut des barbares à civiliser. Ce XXIe siècle s’ouvre donc aussi sur une énième tentative de l’Occident pour trouver des barbares – ce que vont faire les ÉtatsUnis avec la Chine et l’ Asie en général, via le recours à la dictature comme critère de civilisation. Cela a des implications très concrètes : le Congrès américain vient de voter un budget faramineux pour faire de la propagande antichinoise. En réalité, derrière la démocratie, le marqueur invariant de la civilisation reste le droit et suit les évolutions historiques de ce dernier. Au XVIe siècle, la ligne de partage se fait avec le « droit naturel », censé découler de Dieu ou de la nature et distinguant l’homme du reste du vivant. Avec la philosophie libérale, les barbares sont ceux qui ne sont pas entrés en société par un contrat social. Au XIXe siècle, grande période de mission civilisatrice, les nations colonisées le sont car leur droit ne serait, soi-disant, pas suffisamment moderne ou développé. Aujourd’hui, les dictatures sont considérées comme étant des régimes sans droit. Cela ne résiste évidemment pas aux études empiriques : dans les régimes autoritaires, le droit est un outil puissant, de contrôle social comme de légitimation politique. Sous couvert de rupture, il y a donc une grande continuité entre le monde post-1991, le monde de la guerre froide et les époques précédentes : tout change pour que rien ne change. Mais le défi est d’autant plus grand aujourd’hui : sur les plans économique et technologique, le rapport de force se renverse progressivement en faveur du Sud global, en particulier de la Chine. À la faveur de la multiplication des états d’exception et d’urgence, une zone grise s’est créée entre les catégories « dictature » et « démocratie ». On parle de « démocratie illibérale », de « démocratie autoritaire » ou de « démocrature ». Ces termes vous conviennent-ils ? À travers la mondialisation des états d’exception — qui tendent à se ressembler d’une nation à l’autre —, une convergence s’est dessinée entre les États. Les similitudes entre Singapour et la France sont frappantes à cet égard. Pour saisir l’immense diversité du monde, les termes que vous citez permettent de travailler mieux, mais on gagnerait à les multiplier encore davantage. À partir des deux grands axes qui définissent la démocratie libérale — la souveraineté populaire par l’élection d’un côté, les libertés publiques de l’autre —, on peut établir des continuums entre dictatures et démocraties plus ou moins autocratiques, ou entre régimes autoritaires et démocraties plus ou moins illibérales. Sur la question des libertés publiques, le curseur se déplace entre un régime préventif — où le mode par défaut est l’interdiction – et un régime libéral où le mode par défaut est l’autorisation. Quant aux élections, les questions à se poser sont les suivantes : quelle part de la population peut voter ? Avec quelle régularité ? Quelle part de la population est exclue du suffrage pour une raison ou une autre ? Les travaux qui documentent le système d’exclusion du vote d’une partie de la population noire aux États-Unis sont édifiants. En Europe, ces études n’existent pas. Pourtant, plutôt que de parler de l’abstention comme d’une sorte de faute morale de la part des électeurs, on pourrait l’analyser comme quelque chose de systémique, produit par la démocratie représentative elle-même. Peut-être que l’abstention fonctionne exactement comme elle devrait fonctionner, c’est-à-dire en réinstaurant un système de suffrage censitaire qui permet la captation du pouvoir par une certaine classe sociale. Dans les démocraties elles-mêmes, la méfiance vis-à-vis du peuple reste immense. La démocratie représentative a été fondamentalement pensée comme une manière de ne pas donner le pouvoir au peuple ! Cela nous vient du libéralisme qui, historiquement, est inventé pour conjurer le danger de la démocratie. Peut-être qu’on ne le dit pas assez, mais la peur du peuple et de l’expropriation est la clé de la pensée libérale. Le contrat social est inventé pour garantir le droit de propriété. Le constitutionnalisme, c’est l’idée selon laquelle le peuple est dangereux et qu’il faut donc verrouiller le cadre pour s’assurer qu’il ne déborde pas. La justice constitutionnelle, qui en est la dernière technologie en date, s’assure que le peuple ne revisite pas trop sa constitution. Et le XXIe siècle est celui où le centre du pouvoir politique se déplace vers les juridictions constitutionnelles. MOUVEMENT 124 22 Pour revenir à l’opposition entre démocratie et dictature : si elle ne permet pas de comprendre le monde, à quoi et à qui sert-elle ? Sa première fonction concerne la politique internationale : cette représentation vise à nous préparer à la guerre contre les régimes autoritaires, en la justifiant par l’idée de « guerre juste ». Cette dernière nous vient des grands auteurs chrétiens de l’ Antiquité et du Moyen Âge comme saint Augustin et Thomas d’ Aquin, et sera ensuite reprise par les fondateurs du droit international à partir des XVe et XVIe siècles. La grande synthèse en serait peut-être la théorie dite de « la paix libérale démocratique », qui est aussi ancienne que le libéralisme lui-même. On peut la faire remonter à Emmanuel Kant qui, à la fin du XVIIIe siècle, écrit que pour qu’advienne la paix universelle, il faut fédérer les républiques. Les États qui ne sont pas des républiques menacent cette fédération, et la guerre à leur égard est donc justifiée. John Rawls, acteur du renouveau de la pensée libérale dans les années 1970, est un partisan de ce qu’il nomme « l’exemption suprême d’urgence » : il est légitime de soustraire l’application du droit international humanitaire à l’encontre d’une « nation pas bien ordonnée ». Il y a un travail de différenciation de l’application du droit international en fonction du statut des nations concernées et de leur type de régime. Ce discours est l’alpha et l’oméga de la politique internationale des ÉtatsUnis à laquelle nous sommes vassalisés, et ce depuis les Bush et les Clinton jusqu’à aujourd’hui. Sa deuxième fonction concerne la politique intérieure : elle permet d’empêcher toute critique de la démocratie libérale et toute remise en cause du système politique actuel avec l’argument fallacieux du « c’est pire ailleurs ». Toute critique de la démocratie libérale est accusée de faire le jeu de l’autoritarisme et du fascisme. Ce que je montre dans Géopolitique de l’état d’exception, c’est qu’on pourrait attribuer la double fonction de ce discours, que je viens de décrire, aux ennemis de la démocratie et du libéralisme. Alors qu’historiquement et conceptuellement, c’est plutôt l’inverse : les avocats les plus zélés des guerres justes sont souvent les plus grands libéraux démocrates de leur temps. Comment l’illusion de supériorité des démocraties libérales occidentales accélère-t-elle leur déclin ? Les démocraties occidentales, malades de la crise de la représentativité, ne le sont-elles pas aussi un peu de leur impérialisme ? Leur arrogance encourage une production d’ignorance sur le reste du monde qui les rend aveugles au basculement géopolitique en cours. Et l’on observe aussi un effet boomerang : puisque l’Occident a fondé son identité sur la suprématie de la démocratie, la remise en cause de ses actions et de cette hégémonie passe par une remise en cause de son modèle. Alors qu’il existe pourtant, à l’échelle mondiale, un vrai consensus sur l’idée du pouvoir du peuple. On observe un phénomène similaire avec les droits humains. Le principe selon lequel les individus doivent avoir des droits politiques et socio-économiques est consensuel. Pourtant, cette idéologie droit-de-l’hommiste est remise en cause dans le Sud global parce qu’elle est l'instrument de politiques étrangères de domination. Est-ce possible de rester attaché à la démocratie tout en se débarrassant de l’impérialisme qui lui est historiquement lié ? La démocratie, le libéralisme, le constitutionnalisme et les droits humains – toutes ces grandes idées qui auraient pu être belles – sont nés pour et par l’impérialisme. Est-ce que ça les condamne ? Y a-t-il quelque chose à sauver ou faut-il tout repenser ? C’est l’éternel dilemme entre réforme et révolution. La conclusion à laquelle je suis arrivée, c’est qu’il serait peut-être bon de tout repenser. Selon le courant de l’école critique du droit à laquelle j’appartiens, le problème réside dans la conceptualisation même du modèle de la démocratie libérale. Le contrat social qui la fonde n’existe que parce que certains en sont exclus, que ce soit au niveau international – qui fait partie ou non du « concert des nations »? – ou à l’intérieur des nations. Tous les États sont, dans une certaine mesure et à des degrés plus ou moins divers, des États d’apartheid : les règles ne sont pas les mêmes pour toutes les catégories de populations et tous les territoires. L’idée qu’il y aurait un droit, seul et unique, qui s’appliquerait uniformément est une fiction. Un discours que le droit s’est construit sur lui-même et qui est aujourd’hui intériorisé par tout le monde. Le droit n’est-il donc pas juste ? Marx, dans un article sur le vol de bois publié dans La Gazette Rhénane en 1842, puis l’historien E. P. Thompson, avec son travail sur le Black Act du XVIIIe siècle au Royaume-Uni [qui punit de pendaison le braconnage – Ndlr], ont montré comment le droit a été utilisé pour exproprier ou transformer en vol ce qui relevait de la jouissance collective de la nature pour se nourrir, se chauffer ou se loger. Et ainsi transformer en pauvres ceux qui habitaient aux lisières des forêts. Dans la mesure où le droit est un instrument d’oppression, une manière de légitimer des rapports de force en effaçant leur violence inhérente, faut-il l’abandonner ou le conserver ? Critiquer le droit nous amène-t-il toujours vers le pire – un retour à la violence nue – ou peut-il nous amener vers le meilleur ? Même si cela relève d’un acte de foi, je crois qu’il faut continuer à croire dans le droit, peut-être en le détachant de l’État. Il doit être possible de déconstruire sans tout détruire. Propos recueillis par Aïnhoa Jean-Calmettes ■ La dictature, une antithèse de la démocratie ?, Éditions Le Cavalier Bleu ■ Géopolitique de l’état d’exception, Éditions Le Cavalier Bleu (2024) Retrouvez toute la programmation sur www.lecarreaudutemple.eu LA SOCIÉTÉ PUBLIQUE LOCALE « LE CARREAU DU TEMPLE », N°SIRET 789 772 571 00020 - APE 9103 Z, N° LICENCES : N° 1 - 1068243, N°2 - 1068240, N°3 - 1068241 • CONCEPTION GRAPHIQUE : ET D’EAU FRAÎCHE – PHOTOS : © CÉ SAR VAYSSIÉ PROGRAMMATION CULTURELLE DÉCEMBRE 2024 > FÉVRIER 2025 SPECTACLES DANSE CONTEMPORAINE 1 soirée / 2 spectacles / focus création émergente XXX SPECTACLE DE PAULINE TREMBLAY suivi de BULLET TIME SPECTACLE DE MAYA MASSE AKA BABYGIRL WRESTLER, WRESTLER, LOUIS SCHILD, CATY OLIVE En partenariat avec Danse Dense #lefestival 4 & 5 DÉC ULYSSE SPECTACLE DE JEAN-CLAUDE GALLOTTA ET JOSETTE BAÏZ En partenariat avec le festival Faits d’hiver 24 & 25 JANV SILENT LEGACY SPECTACLE DE MAUD LE PLADEC FEAT. JR MADDRIPP Dernières dates de la tournée du spectacle ! 28 & 29 JANV CINÉCLUB Thématique Animalité / En partenariat avec CinéCaro L’OURS FILM DE JEAN-JACQUES ANNAUD 10 DÉC MICROCOSMOS LE PEUPLE DE L’HERBE DOCUMENTAIRE DE CLAUDE NURIDSANY ET MARIE PÉRENNOU 7 JANV FESTIVAL Festival dédié aux corps contemporains 4e édition FESTIVAL EVERYBODY FESTIVAL PLURIDISCIPLINAIRE : SPECTACLES, PERFORMANCES, DJ SET, COURS DE DANSE & ATELIERS, INSTALLATIONS D’ART CONTEMPORAIN… Avec : Soa de Muse, Lasseindra Ninja, Myriam Soulanges, Alice Davazoglou, Marie-Jo Faggianelli, BODHI PROJECT/Lenio Kaklea, Boglárka Börcsök & Andreas Bolm (programmation en cours) 14 AU 18 FÉVRIER Retrouvez toute la programmation sur www.lecarreaudutemple.eu LA SOCIÉTÉ PUBLIQUE LOCALE « LE CARREAU DU TEMPLE », N°SIRET 789 772 571 00020 - APE 9103 Z, N° LICENCES : N° 1 - 1068243, N°2 - 1068240, N°3 - 1068241 • CONCEPTION GRAPHIQUE : ET D’EAU FRAÎCHE – PHOTOS : © CÉ SAR VAYSSIÉ PROGRAMMATION CULTURELLE DÉCEMBRE 2024 > FÉVRIER 2025 SPECTACLES DANSE CONTEMPORAINE 1 soirée / 2 spectacles / focus création émergente XXX SPECTACLE DE PAULINE TREMBLAY suivi de BULLET TIME SPECTACLE DE MAYA MASSE AKA BABYGIRL WRESTLER, WRESTLER, LOUIS SCHILD, CATY OLIVE En partenariat avec Danse Dense #lefestival 4 & 5 DÉC ULYSSE SPECTACLE DE JEAN-CLAUDE GALLOTTA ET JOSETTE BAÏZ En partenariat avec le festival Faits d’hiver 24 & 25 JANV SILENT LEGACY SPECTACLE DE MAUD LE PLADEC FEAT. 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