RÉPONSES PHOTO n°378 - Page 2 - 378 Votre magazine en version numérique Disponible dès sa sortie ▼ Confort de lecture optimal ▼ Accessible 24h/24 et 7 jours/7 ▼ Plus rapide, flashez-moi ! ▼ n°378 avril 2025•Réponses PHOTO 3 EDITO Erreur I l y a une dizaine d’années, j’ai commencé l’argentique sur un vieux moyen format Mamiya RB67 acheté bien avant que son cours ne s’envole. Tout heureux de mon acquisition, j’ai voulu le tester immédiatement, et glissé mon tout premier film à l’intérieur du dos. J’ai pris dix photos avec, et je me suis empressé de l’apporter à mon laboratoire. J’étais impatient de découvrir la magie tant vantée de l’argentique et du moyen format. Je trépignais. J’attends quelques jours, puis de retour au laboratoire, c’est la douche froide. Le commerçant qui déballe l’enveloppe me lance : “Mais il n’y a aucune image sur votre pellicule! Vous êtes sûr de l’avoir mise correctement?” Effectivement… Non. Je pense que je suis rentré du labo en me cachant le visage, rouge de honte… Ma pratique de la photo argentique a commencé bien mal. Et cette erreur-là, croyez-moi, je ne l’ai pas refaite! La photo est un art de l’expérimentation, et qui dit expérimentation dit forcément erreurs. Certaines, comme la mienne, auraient pu être évitées. Pour ma part, il fallait surtout ne pas se précipiter à vouloir faire des photos sans suffisamment se renseigner au préalable. Mais qu’on les fasse ou qu’on les prévienne, les erreurs nous permettent de progresser, de trouver notre voix photographique. Et c’est sur celles que nous avons observées, ou faites nousmêmes, que se base le dossier principal, intitulé “75 erreurs à ne plus commettre en photographie”. Évidemment, toutes n’y sont pas référencées. Certaines nous sont venues trop tard à l’esprit, par exemple la confusion commune entre résolution et définition. Mais le but n’est pas que cette liste soit exhaustive. Il y a tellement de maladresses imaginables qu’une encyclopédie de l’erreur serait à peine suffisante. Mais vous trouverez en tout cas ici unpaneldecellesàéviterpourvousaideràpasserquelques étapes de votre progression sans encombre. Bien sûr, notre objectif n’est pas que vous arrêtiez de faire des erreurs. Parfois, elles sont involontaires et peuvent malgré tout amener à un résultat. Il y a quelques années, nous avions même réalisé un dossier sur les photos ratées pour voir comment il était possible de les rattraper. Une image a toujours du potentiel! Mais surtout, là où il y a du génie, c’est quand l’erreur est provoquée. Regardez cette image de Robert Doisneau avec une tour Eiffel de traviole, comme si elle subissait une tempête. Imaginez le nombre de prises qu’il a fallu à un photographe tel qu’Ernst Haas pour obtenir des images de rodéo floues, en pose longue, comme il le souhaitait. Certains diront que cette série est ratée, car ces photos ne s’intègrent pas dans un monde où le flou est synonyme d’échec. Et pourtant, ce n’est pas sans raison que cette série est aujourd’hui iconique. L’erreur peut ainsi être recherchée, choisie, maîtrisée par le photographe qui l’ajoute à sa palette, peu importe ce que l’on en dit. Bref, il y a de quoi disserter sur le potentiel de l’erreur. Mais s’il y avait une leçon à retenir… faites-en! Thibaut Godet ÉDITEUR REWORLD MEDIA MAGAZINES (SAS) 40, rue Aristide-Briand, 92220 Bagneux Directeur de la publication : Gautier Normand Actionnaire : Reworld Media France (RCS Nanterre 477 494 371) Téléphone accueil : 0141335000 www.reponsesphoto.fr RÉDACTION Rédacteur en chef : Thibaut Godet Chef de rubrique : Julien Bolle Assistante de rédaction : Laëtitia Bonis-Datchy Premier maquettiste : Jean-Claude Massardo Secrétariat de rédaction : Vediteam Ont collaboré à ce numéro : Philippe Bachelier, Christine Bréchemier, Pascale Brites, Benjamin Favier, Patrick Lévêque, Ericka Weidmann et tous les photographes dont nous reproduisons les images. Pour joindre la rédaction : 0141861712 (Initiale)prénomnom@reworldmedia.com DIRECTION ÉDITION Éditeur : Germain Périnet Éditrice adjointe : Charlotte Mignerey PUBLICITÉ Directrice exécutive régie : Élodie Bretaudeau Fonteilles Directeur commercial : Thierry Roussin Directrice de clientèle : Olivia Moreno (0669952877) MARKETING Giliane Douls ABONNEMENTS ET DIFFUSION Directrice marketing direct : Catherine Grimaud Cheffe de groupe mkt client : Davina Champaigne Cheffe de produit marketing : Laure Letellier Responsable diffusion marché : Siham Daassa Responsable diffusion : Sylvie Vendruscolo FABRICATION Direction opérations industrielles : Bruno Matillat Chef de fabrication : Ludovic Charlet (Compos Juliot) Photogravure/prépresse : Sylvain Boularand Imprimeur : Imaye, ZI des Touches, bd Henri-Becquerel, 53022 Laval Cedex 9 Dépôt légal à parution Prix de vente : 8,50 € Date de parution : 6 mars 2025 No ISSN : 1167-864X Commission paritaire : 1125 K 85746 SERVICE ABONNEMENT RÉPONSES PHOTO 59898 Lille Cedex 9 0146484763 Du lundi au vendredi de 9 h à 19 h et le samedi jusqu’à 18 h (prix d’un appel local) Pour toute réclamation ou modification concernant votre abonnement, formulaire sur www.serviceabomag.fr Retrouvez toutes nos offres sur www.kiosquemag.com Abonnement mensuel : 6,90 € Abonnement trimestriel : 17,90 € PHOTO RÉPONSES Il y a du génie quand l’erreur est provoquée 4 Réponses PHOTO•n°378 avril 2025 n°378 - avril 2025 SOMMAIRE © STANLEY LEROUX © THIBAUT GODET © THIBAUT GODET EN COUVERTURE Une des images du portfolio “Rock-a-Nore” d’Andreas Bleckmann, à retrouver p. 56. ● ÉVÉNEMENT Vital Impacts 6 The Stringer, enquête vietnamienne 10 ● L’ESSENTIEL IMAGES 12 ● L’ESSENTIEL MATÉRIELS 18 ● RÉSULTATS CONCOURS “Photo de nuit” 42 ● PORTFOLIOS Letizia Battaglia 48 Andreas Bleckmann 56 ● DÉCOUVERTE Julien Lambert 62 ● CONCOURS PERMANENT 66 ● LES ANALYSES CRITIQUES 72 ● LECTURES DE PORTFOLIO Denis Bergamelli 76 Dominique Ferveur78 ● ANNONCE CONCOURS “Le paysage” 80 ● PRATIQUE Les clés pour réussir son expo photo 82 Une photo expliquée 90 ● LABO Quand la chimie commence à manquer 94 ● TESTS Canon EOS R1 98 Canon RF 70-200 mm f/2,8L IS USM Z 106 Leica SL3-S 108 Fujinon XF 16-55 mm f/2,8 R LM WR II 112 Calibrite Display 123 113 LaCie Rugged SSD Pro5 113 ViewSonic VP2776T-4K 114 Lexar CFexpress 4.0 type B Diamond 1 To 115 Delkin CFexpress Black 325 Go 115 ● RENDEZ-VOUS Victor Gassmann 116 ● EXPOSITIONS 118 ● FESTIVALS 122 ● LIVRES 124 ● INTERVIEW FLASH Jean-Marie Périer 128 98 108 112 94 82 Canon EOS R1 Leica SL3-S Fujinon XF 16-55 mm f/2,8 R LM WR II Quand la chimie commence à manquer Les clés pour réussir son expo photo À L’AFFICHE DE CE NUMÉRO LETIZIABATTAGLIA Disparue en 2022, cette photographe sicilienne est connue pour son travail sur la mafia. On revient sur son parcours à l’occasion de son exposition au Jeu de Paume – Château de Tours. ANDREAS BLECKMANN Ce photographe allemand installé sur la côte sud del’Angleterrenous présente sa série de portraits réalisés au moyen format argentique sur la plage de Hastings. ● GRAND FORMAT 22 75ERREURS À NE PLUS COMMETTRE EN PHOTO ● Le matériel 23 ● Technique de prise de vue 26 ● La composition 30 ● L’editing 33 ● Le traitement des images 35 ● La diffusion des images 38 © SIMONE TAGLIAFERRI n°378 avril 2025•Réponses PHOTO 5 © FRÉDÉRIC MALIGNE © JULIEN BOLLE 22 48 62 Letizia Battaglia 75 erreurs à ne plus commettre en photo Julien Lambert JULIENLAMBERT Notre découverte du mois est un photographe installé à Bruxelles, qui développe une série sur New York à la fois classique et contemporaine. Il nous l’a dévoilée en avant-première. QUENTINBAJAC Commissaire prisé (MoMA, Louvre, Orsay…), l’actuel directeur du Jeu de Paume nous éclaire sur l’art délicat de la curation, dans le cadre de notre dossier sur l’exposition photo. VICTORGASSMANN Picto, célèbre labo photo, célèbre ses 75 ans cette année. À cette occasion, Victor Gassmann, qui représente la quatrième génération, revient sur l’histoire de cette institution familiale. JEAN-MARIE PÉRIER On ne présente plus Jean-Marie Périer, qui a apporté des couleurs à la France en noir et blanc des années 1960. Il se confie ce mois-ci à Réponses Photo dans un long entretien. Votre bulletin d’abonnement se trouve p. 15. Pour commander d’anciens numéros, rendez-vous sur www.kiosquemag.com, site sur lequel vous pouvez aussi vous abonner. © ALIOCHA BOI 6 Réponses PHOTO•n°378 avril 2025 Photojournaliste, en particulier pour le célèbre National Geographic, Ami Vitale a créé il y a quelques années Vital Impacts, une fondation impliquée dans les enjeux environnementaux. En revendant notamment des tirages de très grands photographes ayant la nature dans leur ADN, elle participe à financer d’importants programmes de conservation, mais aussi à former et à accompagner les photographes pour parler de ces sujets. Leur vente annuelle se termine le 31 mars. ThibautGodet VitalImpacts Pouvez-vous nous dire ce qui vous a amenée à créer Vital Impacts? Au cours des trois dernières décennies, j’ai consacré ma vie à photographier les guerres et les crises humanitaires à travers le monde. Après avoir passé beaucoup de temps à documenter les horreurs des conflits humains, je me suis rendu compte d’une vérité profonde : j’avais raconté des histoires sur les gens et sur la condition humaine. Mais en toile de fond se trouvaient chaque fois des enjeux environnementaux. Dans certains cas, il s’agissait de la pénurie de ressources de base comme l’eau. Dans d’autres cas, il était question du changement climatique et de la perte de terres fertiles. Ce sont souvent les exigences imposées à notre écosystème qui sont à l’origine des conflits et des souffrances humaines. Durant ces cinquante dernières années, nous avons perdu 73 % de la faune et de la flore terrestres et, si cette tendance se poursuit, nous risquons de causer des dommages irréversibles à notre planète. Les recherches montrent régulièrement que le visuel rend les informations plus mémorables, plus significatives et plus inspirantes, ce qui conduit à une plus grande action. Vital Impacts a été fondée pour exploiter le pouvoir de l’art et de la narration visuels afin de soutenir à la fois les efforts de conservation et des photographes qui se consacrent à la diffusion de récits environnementaux percutants. environnementaux et existentiels; nous aidons également les auteurs à raconter des histoires basées sur des solutions. Le fait est que chaque problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui – qu’il s’agisse du changement climatique, de la déforestation ou de l’extinction d’espèces – a des champions remarquables. Ces personnes et leurs efforts restent souvent invisibles, mais il est essentiel que leur histoire soit narrée. En plus de soutenir directement des approches locales innovantes, nous RÉPONSES ÉVÉNEMENT Des tirages pour la planète Que fait Vital Impacts? En collaborant avec certains des photographes environnementaux les plus influents au monde et en encadrant la prochaine génération d’auteurs s’impliquant sur les sujets environnementaux planétaires, nous établissons un lien entre lascienceetleshistoiresafindemettreen évidence l’interconnexion entre le bienêtre individuel et la santé environnementale. Les histoires ont le pouvoir d’inciter à l’action et, aujourd’hui plus que jamais, nous devons raconter des récits clairs et marquants. Nous atteignons nos objectifs grâce à différents programmes qui regroupent de la subvention et du mentorat de photographes, de la sensibilisation en écoleetdelaventedetiragesd’artauprofit d’actions environnementales. Ce programme vous permet-il d’aller plus loin dans l’impact que vous pouvez avoir en tant que photojournaliste? Mon travail m’a permis d’apporter une contribution significative aux vies et aux histoires auxquelles j’ai eu le privilège de participer. Cependant, les efforts d’une seule personne ne suffisent pas. Nous faisons actuellement face à une multitude de problèmes environnementaux critiques dans le monde entier, qui nécessitent une prise de conscience et une action à grande échelle. À Vital Impacts, notre mission va au-delà de la simple mise en lumière de ces défis SHAAZ JUNG Un lion solitaire observe la savane africaine. © SHAAZ JUNG n°378 avril 2025•Réponses PHOTO 7 ➤ encadrons les journalistes environnementaux du monde entier, en leur livrant des conseils personnalisés de la part de photographes et de rédacteurs en chef de premier plan. L’année dernière, grâce à nos efforts de sensibilisation et de mise en réseau, 171 articles ont été publiés par ces journalistes dans les principaux médias. D’ici la fin de l’année, nous aurons offertunmentoratenlignesurlanarration à 884 journalistes visuels dans 79 pays. Notre programme de conférenciers étudiants, qui intègre la science et le programme scolaire dans les salles de classe, a impliqué plus de 10000 étudiants, inspirant la prochaine génération de leaders environnementaux. Ces initiatives ont été présentées dans des festivals internationaux de photographie et mises en avant dans des campagnes médiatiques du monde entier. Les images sont-elles le moyen idéal pour sensibiliser aux questions climatiques et environnementales? Le défi est de taille. La surcharge d’informations a laissé plus d’une personne insensible, les yeux éblouis par une énième statistique liée au climat. Les récits photographiques transcendent les barrières que les mots ne peuvent parfois pas franchir. Elles permettent de vaincre l’apathie, de saisir la réalité, d’évoquer l’empathie et d’inciter à l’action. Grâce à ce support visuel, nous reconnectons les gens avec la nature, en soulignant non seulement les dangers,maisaussilespromesses–l’espoir qui existe tout autour de nous. RÉPONSES ÉVÉNEMENT 8 Réponses PHOTO•n°378 avril 2025 Quel devrait être le rôle du photographe face au réchauffement climatique et aux problèmes environnementaux? Les photographies peuvent provoquer un sentiment de curiosité et d’émerveillement. Elles suscitent des conversations et des réflexions sur la manière dont nous pouvons protéger et valoriser ces environnements irremplaçables à travers le globe. Elles sont des invitations visuelles à agir. Chaque photographe a la capacité d’aider un plus grand nombre d’entre nous à passer du statut d’observateur passif à celui de défenseur actif de notre planète. Pourquoi organiser des ventes de tirages? Grâce à nos ventes de tirages, nous faisons plus que collecter des fonds essentiels pour la conservation et la protection de l’environnement. Chacune de ces œuvres est un rappel poignant; elles amplifient l’urgence et la nécessité de sauvegarder notre planète. Certaines de ces histoires illustrent ce que veut dire être un être humain au meilleur de sa forme : compatissant, connecté et déterminé à protéger les plus vulnérables. Je pense souvent au “Point bleu pâle” de Carl Sagan. Cette image montre l’immensité de l’Univers et l’insignifiance de nos problèmes à l’échelle cosmique. Ces histoires, en revanche, nous incitent à nous rappeler que même la plus petite gentillesse peut changer le monde. Et c’est au milieu, entre l’infini et l’intime, que nous devons vivre notre vie. Vous avez mis en place un système de parrainage, en plus de votre rôle dans le financement d’initiatives en faveur de la biodiversité. Pourquoi ce choix? Il est important de savoir qui prend les photos et raconte les histoires. Nous reconnaissons que les narrateurs locaux ont souvent les connaissances et la passion indispensables pour rendre compte des questions environnementales, mais qu’ils n’ont pas toujours accès aux ressources et aux opportunités nécessaires. En offrant un soutien essentiel aux narrateurs au sein des communautés locales et en amplifiant leur voix, nous leur donnons les moyens de devenir les champions des efforts de conservation axés sur les solutions. Ces auteurs sont les voix les plus authentiques pour raconter les histoires les plus urgentes de la planète. Nous nous engageons à faire en sorte qu’ils disposent des outils, des connexions et de la communauté dont ils ont besoin pour réussir. Comment les autres photographes ont-ils été impliqués dans le projet? Quelles ont été leurs réactions? THOMAS VIJAYAN, avec cette photo du glacier Bråsvellbreen au Svalbard, participe avec des dizaines d’autres photographes à cette vente de tirages au profit de programmes environnementaux. Au début, les objectifs du projet suscitaient le scepticisme et l’on doutait de son impact potentiel. Toutefois, au fur et à mesure que le projet prenait de l’ampleur et que des changements significatifs se dessinaient,cescepticismeaétéremplacé pardel’enthousiasmeetdel’engagement. Quelles causes avez-vous pu financer jusqu’à présent? Nous avons récolté plus de 3 millions d’euros grâce à la vente d’imprimés et à des collectes de fonds, et nous avons soutenu deseffortshumanitairesetdeconservation uniques, notamment le programme Roots & Shoots de Jane Goodall. Nous avons financé plus de 60 salaires de gardes forestiers et fourni des véhicules. Nous avons contribuéàlaprotectiondeplusde2,6millions d’hectares au Kenya, en Afrique du Sud,enTanzanieetauZimbabwe,soutenu laréintroductionde13éléphantsorphelins dans le sanctuaire des éléphants de Reteti, rendu possible un programme pilote de surveillance des pangolins et produit trois films percutants sur la conservation. Nous avons également procuré 1400 tonnes de fournitures médicales aux zones de conflit et de catastrophe, créé un portail d’action sur le saumon pour plaider en faveur de la restauration de la rivière Snake dans le Nord-Ouest des États-Unis, et donné à 640000jeunesdumondeentierlesmoyens defairechangerleschosesdansleurscommunautés. Et ce n’est que le début. © THOMAS VIJAYAN Extrait de règlement : Reworld Media Magazines organise du 01/02/2025 jusqu’au 31/03/2025 un jeu-concours intitulé «Beauval». L’attribution des lots se fera par tirage au sort parmi les bonnes réponses à la question : Comment s’appellent les mascottes de Science&Vie Découvertes? Le 1er lot est un séjour au ZooParc de Beauval pour une famille de 4 personnes, d’une valeur de 627€, comprenant une nuitée avec dîneretpetitdéjeuner,lesbilletsd’entréepourles2jours,ainsiquel’activité«Premierspasdesoigneurs»pourlesenfantsdelafratrie.Lapriseenchargedesfraisdedéplacements’élèveà500€.Leslots2à26sont 4entrées(2adultes+2enfants)pourleZooParcdeBeauvald’unevaleurde150€.Leslots27à77sontdesjeuxBiovivad’unevaleurde12,49€.Leslots78à101sontdeslivresd’unevaleurde7€.Seuleslespersonnes mineuresàladatedutirageausort,leursparents/tuteurs/représentantslégaux,lesconjointsdecesderniersetlesmembresdeleurfratriepeuventparticiper,sous réserve qu’ils résident en France.Les gagnants seront déterminés selon les modalités prévues au règlement du concours, disponible gratuitement sur le site svdecouvertes.fr devient le 1er magazine scientifique Pour apprendre en s’amusant En vente dès le 12 mars chez votre marchand de journaux Un week-end en famille avec une activité «Premiers pas de soigneurs» + 100 cadeaux Toutes les infos sur www.svdecouvertes.fr Pour participer bit.ly/jeu-svd À GAGNER écouver écouver écouver écouver écouver t te e e e e e e e s s écouver écouver d d interactif ! au 10 Réponses PHOTO•n°378 avril 2025 RÉPONSES ÉVÉNEMENT Ce film n’est pas encore sorti en salles qu’il fait déjà parler de lui. The Stringer, que l’on peut traduire par “le pigiste”, est un documentaire qui s’attaque à un mythe dans le monde du photojournalisme : celui de “La petite fille au napalm”, l’une des plus grandes photos de guerre du xxe siècle. Non, ce n’est pas l’authenticité de cette image qui est en doute. Mais celle de son auteur, Nick Ut, photographe staffé d’AP qui a reçu pour ce cliché le prix Pulitzer. Et s’il n’avait pas été à l’origine de cette photo? Une équipe de journalistes tend à le prouver. Avec ce film, elle réhabilite un autre nom : Nguyen Thanh Nghé, un pigiste vietnamien, inconnu du grand public, qui aurait pourtant pris l’une des photos les plus célèbres de notre temps. ThibautGodet Une icône en question TheStringer O n pensait tout connaître de cette photo de la jeune fille au napalm, image qui à elle seule résume l’horreur de la guerre au Viêtnam. En 1972, dans le village de Trãng Bàng, un avion américain largue par erreur deux bombes de napalm sur des civils réfugiés dans un temple. Des reporters sont non loin, des photographes staffés comme David Burnett, une équipe de télé et des pigistes. Quelques instants après le bombardement, ils captent les civils fuyant par la route le déluge qui s’est abattu sur eux. Parmi eux, Kim Phuc, une fillette de 9 ans, nue, gravement brûlée, en état de détresse. Les équipes la photographient, et un jeune photographe d’Associated Press (AP), Nick Ut, l’emmène en urgence à l’hôpital. Elle lui devra la vie. Parmi toutes les images captées, une fera la une de la presse, puis sa place dans l’Histoire comme l’une des plus importantes photos de guerre de tous les temps. Elle est justement créditée de Nick Ut, et pendant près de cinquante ans, jamais le public n’a douté un seul instant qu’il pouvait s’agir d’un autre photographe. Du moins, jusqu’au jour où Gary Knight, photoreporter de l’Agence VII, reçoit un étonnant e-mail. “Cher Gary, (…) je me demandais si nous pourrions échanger au sujet de la photo de « La petite fille au napalm » et de sa provenance.” La source? Carl Robinson. Il était l’éditeur photo du bureau d’AP à Saigon. C’est son chef, Horst Faas, légende du photojournalisme, qui lui aurait demandé de changer le nom du créateur de l’image et de le remplacer par Nick Ut, lui aussi bien présent sur la scène où tout s’est déroulé. “Carl m’a contacté en décembre 2022 car nous avons un ami commun – Mort Rosenblum, un ancien chef de bureau de l’AP (qui était dans le bureau de l’AP le jour où la photo a été prise) – qui m’a parlé des accusations de Carl en 2010 quand Mort et moi étions ensemble au Viêtnam. Lors d’un appel entre eux en 2022, Mort a dit à Carl que j’avais mes propres soupçons indépendants sur la photo, mais en fait, ce n’était pas vrai. Mort s’est trompé, la seule raison pour laquelle j’ai eu la moindre idée que la paternité de la photo était douteuse, c’est parce que Mort m’a parlé des accusations de Carl. J’ai toujours considéré la paternité de la photo comme une évidence”, nous explique Gary Knight. De cette conversation naît une fabuleuse enquête menée par plusieurs journalistes, dont Gary Knight, à la recherche d’une vérité cachée durant plus de cinquante ans, mais aussi de la personne qui aurait pu prendre ce cliché. Rien ne disait d’ailleurs que cette dernière soit encore en vie. Et pourtant, Nguyen Thanh Nghé, 86 ans, attendait. C’est une journaliste vietnamienne qui va d’abord le rencontrer, après un appel sur les réseaux sociaux. Jeune photographe à l’époque, reporter rodé, il fait partie des pigistes d’AP. Lui indique avoir été payé 20 $ pour cette image et aurait reçu un tirage en prime (détruit depuis). Si l’enquête semble bien se tourner vers ce personnage qui a vécu une longue partie de sa vie à voir ce cliché publié partout et ne pouvant en revendiquer la paternité, l’enquête paraît aussi décrédibiliser la version que Nick Ut donne des faits. Pourquoi un membre du staff d’AP aurait-il délibérément changé le nom d’un photographe, lui qui est notamment censé garantir la provenance exacte de ses informations? La thèse serait que le frère de Nick Ut ait été recruté à l’époque par Horst Faas. Il décède en zone de guerre et Nick est embauché pour subvenir aux besoins de sa famille. Est-ce par remords qu’il aurait attribué cette image à Nick Ut et non à son pigiste? Horst Faas emporte le secret dans sa tombe. Il est mort il y a déjà treize ans. Une omerta dans le milieu Au gré du documentaire que nous avons pu visionner, les preuves semblent solides, entre le témoignage de Carl Robinson, du photographe présumé, du staff sur place mais aussi l’analyse des nombreuses images captées au moment de cette photo par les différents types de journalistes et qu’un cabinet français a pu examiner. “Après deux ans d’enquête, Je pense que nous, journalistes, devons être prêts à enquêter sur nous‑mêmes, même si cela nous met mal à l’aise.” n°378 avril 2025•Réponses PHOTO 11 soixante-cinq heures d’interviews auprès de plus de 50 personnes au Viêtnam, aux ÉtatsUnis et en Europe, après avoir lu et relu tous les témoignages livrés au fil du temps par Nick Ut, Kim Phuc et d’autres témoins, scruté à la loupe 55 photographies et tous les programmes de télévision diffusés, puis reçu les conclusions de ces experts, pour ma part, je ne doute pas : Nguyen Thanh Nghé a pris la photo”, résume Gary Knight dans Paris Match. Le 25 janvier, lors de la projection de ce documentaire, la planète entière découvre donc un nouveau visage : Nguyen Thanh Nghé, présent d’ailleurs durant la première mondiale. Et avec une polémique qui s’emballe. Le Monde et Paris Match s’emparent de l’histoire en France, décryptant la version du film que nous avons pu voir. Cinquante ans après, des questions subsistent, et certaines personnes pourraient apporter des réponses. AP, l’agence qui a embauché Nick Ut, refuse actuellement de valider cette enquête. Elle dit avoir aussi mené une contre-enquête durant six mois et n’avoir aucune raison de penser que cette photo n’est pas de Nick Ut. Lui n’a jamais répondu aux interrogations de l’équipe du film. Cette même équipe témoigne d’une certaine omerta dans le milieu des photographes. Certains se sont rétractés pour ne pas répondre, AP n’a, semble-t-il, pas été coopérative non plus, et l’équipe a également reçu des remarques l’accusant de décrédibiliser le secteur du journalisme, déjà si mal en point aujourd’hui. Mais pour leurs auteurs, cette enquête revêt un enjeu primordial, comme nous le raconte Gary Knight : “La vérité et la responsabilité ne sont peut-être pas à la mode, mais elles sont fondamentales pour une société ouverte et constituent des absolus en matière de journalisme. Je pense que nous, journalistes, devons être prêts à enquêter sur nous-mêmes, même si cela nous met mal à l’aise. Si nous n’y parvenons pas, nous n’avons pas le droit d’enquêter sur nos dirigeants politiques, d’entreprise ou religieux. Nous ne pouvons pas exiger une exception pour notre propre milieu. Nous ne pouvons pas chercher à interdire les enquêtes qui ne nous plaisent pas, comme certains journalistes américains tentent de le faire avec ce film. Ce qui est arrivé à Nguyen Thanh Nghé est également arrivé à d’autres pigistes – principalement locaux – au Viêtnam, ainsi que dans les guerres qui ont suivi. Ce n’est un secret pour personne dans cette profession que les photographes indépendants – en particulier les photographes locaux et les indépendants peu fortunés – ont vu leur travail approprié et utilisé sans crédit par les agences photographiques américaines, françaises et européennes, ainsi que par la presse. Cette histoire est une métaphore d’un problème plus vaste qui va bien au-delà de ce qui s’est passé au Viêtnam en juin 1972. Aujourd’hui, les photographes indépendants locaux – en Birmanie, en Palestine, au Mexique… – travaillent partout dans les conditions les plus difficiles, avec le minimum de ressources et le minimum de protection. Ce film leur est destiné.” © AP/SIPA
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