DIAPASON n°736 - Page 6 - 736 I 3 © COUVERTURE : WIKIMEDIA COMMONS, MARCO-BORGGREVE Ce numéro comporte sur tout ou partie de sa diffusion : un CD Reworld Diapason d’or et un CD Indispensables de Diapason jetés sur la couverture, le Guide des opéras, un dépliant Reworld Media Rivages du monde, un encart Fondation Royaumont posés au dos du magazine. sommaire SEPTEMBRE 2024 n° 736 ILS FONT L’ACTUALITÉ PAGE 18 PAGE 95 PAGE 34 En disque et sur scène Retour à l’Opéra de Paris pour un premier Faust de Gounod, un nouveau récital chez Erato, les prochains débuts au Met… Désormais Parisien d’adoption, PENE PATI poursuit son histoire d’amour avec les publics de tous les continents. En disque La virtuose SUE-YING KOANG consacre un album aux pièces pour violon seul de Johan Helmich Roman, considéré comme le « père de la musique suédoise ». Une révélation et un ravissement de chaque instant. En interview KLAUS MÄKELÄ entame ce mois-ci sa quatrième saison avec l’Orchestre de Paris. Tout en ayant déjà les yeux rivés sur l’Orchestre de Chicago et le Concertgebouw d’Amsterdam, deux phalanges dont il prendra les rênes en 2027. RECEVEZ DIAPASON CHEZ VOUS! Votre bulletin d’abonnement se trouve page 125. Pour commander d’anciens numéros, rendez-vous sur www.kiosquemag.com Vous pouvez aussi vous abonner par téléphone au 01 46 48 47 60 ou sur www.kiosquemag.com © MARK LEEDOM © BEAU RIVAGE © MARCO-BORGGREVE ACTUALITÉ 4 L’éditorial d’Emmanuel Dupuy 7 Coulisses 16 Hommage WOLFGANG RIHM 18 Tête d’affiche PENE PATI MAGAZINE 20 Histoire GABRIEL FAURÉ 34 Rencontre KLAUS MÄKELÄ 40 Œuvre du mois QUATUOR À CORDES NO 15 DE BEETHOVEN 44 Mythologies RÉGINE CRESPIN 46 La chronique d’Ivan A. Alexandre SPECTACLES 49 A voir et à entendre 56 Vu et entendu 62 LEDISQUE LE SON 109 Echos 110 Câbles et accessoires 112 Banc d’essai 17 ENCEINTES DE 799 € À 18000 € LEGUIDE 127 Radio 128 Livres 130 La playlist de ma vie LEA DESANDRE 4 I L’éditorial D’EMMANUEL DUPUY Sauf si vous étiez en voyage intergalactique, vous ne pouvez ignorer que le 26 juillet, à Paris, il pleuvait. Ce soir-là, Thomas Jolly se faisait metteur en Seine, pour orchestrer surlefleuveetsesabordslaplusinvraisemblablekermesse qu’on puisse imaginer. Un spectacle monstre, qui avait en particulier l’ambition d’opérer la « rencontre entre ces deux types d’art – l’art académique, plus institutionnel, etl’artpop,urbain,moderne».Rencontrequieutbienlieu, mais donnant souvent le sentiment que le premier était sacrifié sur l’autel du second. Certes,onavubeaucoupdemusiciensclassiques.Onavu lamezzoMarinaViotti,rivalisantenvainaveclesdécibels déversés par le groupe de metal Gojira, puis battant de l’aile et s’envolant dans un court extrait de Carmen. On a vu Alexandre Kantorow, stoïque sous l’averse, affolant l’hygromètre en faisant jaillir les Jeuxd’eaudesonpianoaqueux–hélas! lesharmoniesravéliennesétaientalors parasitéesparlesbavardagesdescommentateurs. On a vu le contre-ténor Jakub Jozef Orlinski qui chantait – mal – un air pas du tout destiné à sa voix, mais à une soprano (« Viens hymen»,dansLesIndesgalantes).Ona même vu l’Ensemble intercontemporain, aux fenêtres du Tribunal de commerce, non pour jouer une pièce dont il est familier, mais pour servir la soupe mijotée par Victor Le Masne, musicien venu de l’électro qui a écrit l’hymne de Paris 2024. On a vu aussi la jeune mezzo Axelle Saint-Cirel, toute de bleu-blanc-rouge vêtue, perchée sur le toit du Grand Palais pour délivrer urbi et orbi une Marseillaise sobre et délicate – l’anti-Jessye Norman, en somme, si monumentale le 14 juillet 1989 que l’obélisque de la Concorde en tremble encore. Par contre, on n’a pas vu l’Orchestre de Paris ni son chef Klaus Mäkelä, qui pourtant étaient bien là pendant le tableau intitulé Liberté. Pas vus, à peine entendus, invisibilisés par les caméras. « On avait travaillé toute une scénographie, tout ça pour ne pas apparaître à l’image. Le soir, on s’est quittés déprimés », a témoigné dans les colonnes du Monde un responsable de la phalange. « Cela montre la place de la musique classique dans notre société », renchérit Sarah Nemtanu, violon solo de l’Orchestre national de France. Musique en Jeux _Nos orchestres n’étaient que des pourvoyeurs de bande-son. _ Celui-ci a-t-il été mieux traité ? On l’a au moins aperçu à l’écran, ainsi que le Chœur de Radio France. Mais plutôt qu’une œuvre de leur répertoire, ils interprétaient l’hymneolympiqueducompositeurgrecSpyrosSamaras, avant d’accompagner Céline Dion dans L’Hymne à l’amour emprunté à la môme Piaf – était-il vraiment nécessaire de mobiliser de si estimables formations pour cela ? Et, une fois encore, raconte Sarah Nemtanu, « alors que nous avions répété les entrées, sorties et saluts, les caméras ont disparu au moment du direct à la télévision. » Tous les pupitres et leur chef, Cristian Macelaru, avaient pourtant bien du mérite, trempés jusqu’à la moelle quand rien ne les protégeait du déluge. On tremblait pour leurs instruments, en particulier ceux à cordes, guère conçus pour une si désastreuse météo. Avant d’être rassuré quelques jours plus tard : il s’agissait en réalité d’instruments déclassés, en fin de vie, sur lesquels le National jouait en play-back, toute la musique ayant été préenregistrée. Nos orchestres n’étaient donc que des pourvoyeurs de bande-son, des figurants, jamais placés au centre d’un tableau, tels, par exemple, le LSO et Simon Rattle aux JO de Londres en 2012 – séquence mémorable. En définitive, « l’art académique » a plutôt servi de faire-valoir à « l’art pop, urbain, moderne ». D’ailleurs, les vraies divas de ce méga-show ne s’appellent-elles pas Gaga, Aya, Juliette, Céline ? Qu’importe, la magie olympique opéra et effaça tous les griefs. « Je garderai toujours cette sensation incroyable : j’ai vraiment cru que j’allais m’envoler », a confié Marina Viotti. « Ce fut une grande fierté de participer à la cérémonie d’ouverture », a réagi l’Intercontemporain. « Nous y étions, et quelle soirée ! », abonde le National. Pour Alexandre Kantorow, « c’est un moment qui vous dépasse. » Quant à Cristian Macelaru, il reste ébloui par « l’expérience d’être au cœur d’un événement mondial qui promeut l’excellence dans la réalisation humaine ». Amen. A l’heure où j’écris ces lignes, la fête des JO bat son plein et la cérémonie de clôture n’a pas encore déployé ses fastes. Vous seuls savez donc si nos artistes y eurent le loisir de s’élever plus vite, plus haut, plus fort. Ú PierreBrissonnet UNE CRÉATION ORIGINALE DE OMAR HARFOUCH CONCERTO POUR LA PAIX AU THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES - PARIS - 18 SEPTEMBRE 2024 - 19H30 - © Daniel Topic produit par produit par avec L’ORCHESTRE SYMPHONIQUE BÉZIERS MÉDITERRANÉE omarharfouch.com I 7 PAR BENOÎT FAUCHET Leur parole est d’or Les nouveaux disques des pianistes Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy, de La Chapelle Harmonique dirigée par Valentin Tournet ont été couronnés d’un Diapason d’or le mois dernier. Vous voulez savoir comment furent conçus ces joyaux ? Les heureux élus lèvent un coin du voile. ACTUALITÉS coulisses Pavel Kolesnikov et Samson Tsoy PIANO Schubert : Fantaisie. Divertissement à la hongroise. Desyatnikov : Trompe-l’œil. Pavel Kolesnikov, Samson Tsoy (pianos). HM. Valentin Tournet DIRECTION D’ENSEMBLE Blamont : Les Fêtes grecques et romaines. Solistes, La Chapelle Harmonique, Valentin Tournet. CVS. « Enfermés dans notre appartement, vivant une sorte d’apocalypse silencieuse, nous avons commencé à jouer à quatre mains de plus en plus souvent au printemps 2020. La plupart du temps, c’était Schubert. Nous nous enivrions de l’amertume de la Fantaisie. Nous ouvrions une autre partition et, en une fraction de seconde, c’était un autre monde : des brins de mélodies qui tournoyaient, la tristesse et la joie qui dansaient ensemble, échangeant leurs masques – c’était le Divertissement à la hongroise. L’incompatibilité totale des deux opus nous rendait fous. Il était inconfortable, douloureux de passer de l’un à l’autre. Quelques années plus tard, nous étions au téléphone avec le grand Leonid Desyatnikov pour discuter d’un programme qui inclurait la nouvelle pièce qu’il était en train d’écrire pour nous. Il nous a demandé : “Pourquoi pas le Divertissement ?” Cette proposition nous a laissés perplexes. Ce n’est que lorsque nous avons reçu son Trompe-l’œil que nous avons assisté au miracle, offert par un jeu de miroir reflétant la lumière de l’un et la déversant sur l’autre. Nous avons alors su que nous devions vraiment faire cet album, comme deux astronomes assistant à un phénomène cosmique rare et l’enregistrant. » « Existe-t-il un ouvrage musical français parlant des Jeux olympiques ? Un échange avec Benoît Dratwicki, directeur artistique du Centre de musique baroque de Versailles, m’a donné la réponse : cette partition des Fêtes grecques et romaines de François Colin de Blamont n’avait jamais été rejouée, à l’exception de quelques extraits. Et c’était un véritable tube à l’époque de sa composition (1723) ! Il s’agit de l’un des premiers opéras-ballets, genre musical que Rameau développera plus tard avec brio. Cela signifie concrètement qu’il n’y a pas une seule histoire racontée sur plusieurs actes, mais plusieurs intrigues successives. A chaque “entrée” son histoire. Ici, les Jeux olympiques sont suivis des Bacchanales (avec Cléopâtre et Marc Antoine) et des Saturnales. Cette œuvre est inspirée de l’Histoire et non plus des mythes. La musique s’inscrit dans l’héritage de Lully, mais Blamont y apporte quelques subtilités. Nous l’avons exhumée en testant pour la première fois une nouvelle manière d’interpréter ce répertoire, avec un continuo élargi et clairement séparé du reste de l’orchestre (clavecin et théorbe absents dans les pièces dansées, par exemple). Cela résonne bien sûr avec les JO de Paris : l’athlète Alcibiade, vainqueur de la course de chars, nous emmène dans les célébrations de sa victoire et de ses amours volages ! » © LA CHAPELLE HARMONIQUE. © EVA VERMANDEL 8 I • coulisses Les postes de direction d’institutions lyriques en France se féminisent. CHRYSOLINE DUPONT va pouvoir sortir de l’ombre de Louis Langrée à l’OpéraComique pour devenir directrice générale de l’Opéra national du Rhin, où elle succédera à Alain Perroux – en partance pour le Grand Théâtre de Genève – le 1er juillet 2026. Six mois plus tôt, c’est à Angers Nantes Opéra que la metteuse en scène ALEXANDRA LACROIX, actuellement artiste associée à l’Opéra de Limoges, prendra la suite d’Alain Surrans, qui fera alors valoir ses droits à la retraite. Les deux heureuses élues rejoindront Barbara Eckle (à Lille en 2025), Valérie Chevalier (Montpellier), Claire Roserot de Melin (Toulouse, au côté de Christophe Ghristi) et Eve Coquart (Clermont-Ferrand). CRESCENDO DECRESCENDO JACQUES LACOMBE avait un contrat de cinq ans à la direction artistique de l’Orchestre classique de Montréal, mais il a dû le quitter dès la fin de sa première saison, cet été. Un « départ involontaire » qu’il a imputé au « climat de travail néfaste » imposé selon lui par le directeur général de la formation de chambre, l’ancien baryton-basse Taras Kulish, accusé également de rogner ses prérogatives de chef. Si le manager est soutenu par son conseil d’administration, plus de la moitié des musiciens permanents de l’OCM ont pointé, dans un courrier interne, les conséquences, sur la qualité artistique des concerts, de « ce litige dont [ils font] les frais ». © JEAN-BAPTISTE MILLOT/ PIERRE-EMILE HAVETTE © STEVE J. SHERMAN Chrysoline Dupont Alexandra Lacroix C’ estunepétitionenlignefuribarde que presque toutes les sommités du milieu de l’orgue (Michel Bouvard, François Espinasse, Sophie-Véronique Cauchefer-Choplin, Eric Lebrun, Bernard Foccroulle, Christophe Mantoux, Karol Mossakowski, Louis Robilliard…) ont signée, début juin, pour protester « contre la nomination des futurs organistes » de Notre-Dame, annoncée fin avril par la cathédrale. Lespétitionnaires,quiapprochaientlescinq mille début août, s’étonnent que le recteur du sanctuaire n’ait pas reconduit Johann Vexo, suppléant de l’orgue de chœur et qui le jouait lors de l’incendie, au soir du 15 avril 2019. Ils déplorent que l’archiprêtre n’ait pas nonplusproposéàPhilippeLefebvre,cotitulairesortantdugrandorgueetâgéde75ans, « de rester à la tribune au moins quelques mois pour participer, aux côtés de ses collègues, aux cérémonies de réouverture de la cathédrale»endécembreprochain.Evidemment,ilsneformulentpasd’objectionàl’arrivée de Thierry Escaich, compositeur et concertiste acclamé, qu’on ne saurait soumettre à la délibération d’un jury. « En revanche, le recrutement sans concours et à durée indéterminée d’un jeune organiste de 21ans,toutjusteétudiant,encoursdecursus et ne présentant aucun diplôme, à l’orgue de chœurmaisaussiaugrandorgue,surlaseule foid’un“talentprometteur”,paraîtincompréhensible»,cinglelapétition.Sanslenommer, c’estThibaultFajoles,désignétitulaireadjoint desdeuxorgues,quelessignatairesvisent.En dénonçant « un choix arbitraire, qui ne peut s’expliquer par des motifs artistiques ». Le CNSMDP a félicité son étudiant depuis deux ans « pour cette reconnaissance bien méritée».Lapétitionn’aétésignéeniparYves Castagnet, titulaire de l’orgue de chœur, ni par les autres musiciens affectés « par quartier»augrandorgue–VincentDubois,Olivier Latry et donc Thierry Escaich, ces deux derniers étant aussi les professeurs de Thibault Fajoles au Conservatoire. Mais Olivier Latry ne laissera pas dire qu’il aurait pu jouer un rôle dans l’embauche de son élève. « C’est strictement faux », a-t-il souligné auprès de Télérama,assurantavoirétémisdevantlefait accompli la veille de la publication du communiqué de la cathédrale. Polémique « pas digne » Mis en cause, le recteur de Notre-Dame, OlivierRibadeau-Dumas,adéfendulerecrutement d’un jeune artiste qui « a déjà largement fait ses preuves » et expliqué que ses nominationsétaientguidéespar«lescompétencesmusicalesdesorganistes»,«leurcapacitéàaccompagnerlaliturgie»,ainsiquepar «lesqualitéshumainesetlacapacitéàtravailler en équipe ». Pour l’archiprêtre, « la polémiqueactuelle,alimentéeparquelques-uns», n’est « pas digne de la profession d’organiste et moins encore de la fonction d’organiste de Notre-Dame ». B.F. Colère en tribune « Notre-Dame de Paris à nouveau en feu » : c’est le titre d’une pétition incendiaire d’organistes contre les récentes nominations intervenues au plus prestigieux instrument français. 10 I C’ est en France que John Eliot Gardineraposélabaguette,enaoût 2023, après avoir asséné une gifle à unchanteurlorsduFestivalBerlioz de La Côte-Saint-André, en Isère. Et c’est encoresurnotreterritoirequeleplusfrancophile des chefs britanniques a retrouvé un podium, aprèsonzemoisdemiseenretrait:le16juillet à Montpellier, « sir John Eliot » a dirigé l’Orchestre philharmonique de Radio France – un « retour gagnant », a estimé Rémy Louis pourDiapason.Maisunretourentrompe-l’œil puisque le maestro ne retrouvera pas ses propresformations,leMonteverdiChoir(fondé en 1964), les English Baroque Soloists (1978) et l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique (1989). Ainsi en a décidé le conseil d’administration des Monteverdi Choir & Orchestras (MCO), qui l’a annoncé le 24 juillet. Si l’organisation assure avoir un temps envisagé d’engager un processus de réhabilitation de son chef-fondateur, lequel a reconnu ses torts et suivi des soins pendant sa longue absence, elle semble ne pas croire à son aptitude à renoncer à tout accès de colère, à 81 ans. « Le MCO prend au sérieux son obligation de protéger les victimes d’abus et d’agression, etlapréventiondetouterécidiveresteunepriorité », écrit la structure sans autre explication, tout en saluant les « réalisations phénoménales » du maître durant six décennies, aujourd’hui poursuivies par le « chef associé » Dinis Sousa et des baguettes invitées. « Décision difficile » La décision de se passer des services d’une figure majeure du mouvement de renouveau de l’interprétation ne semble pas avoir fait l’unanimité dans les rangs des trois formations. « Nous respectons pleinement l’engagement du MCO de tenir John Eliot responsabledesesactesetdecréerunenvironnement de travail sûr, mais nous pensons que cela était réalisable avec son retour à la barre », ont ainsi écrit un chanteur et deux instrumentistes dans une déclaration tenue, selon eux, au nom de plus de 120 artistes. Ce que le MCO a contesté en affirmant que « la grande majorité de (ses) 360 musiciens ont exprimé un soutien écrasant à la décision difficile mais juste » qui a été prise. B.F. Gardiner non grata Le chef britannique n’est plus le bienvenu auprès des trois formations qu’il a fondées. La fin abrupte d’une aventure exceptionnelle qui aura duré soixante ans. © MACIEJ SCHUMACHER © FRANÇOIS SECHET © BFO ENTRÉE DES ARTISTES Mis en cause pour l’envoi non sollicité de SMS à caractère sexuel, François-Xavier Roth a vu son contrat de Generalmusikdirektor à Cologne rompu « d’un commun accord » avec un an d’avance, tandis que l’Orchestre symphonique de la SWR l’a confirmé au poste de Chefdirigent à compter de la saison 2025-2026, la direction disant son attachement à ce que les personnes aient « une seconde chance si elles admettent des actes répréhensibles et en tirent des conclusions ». L’Orchestre national de Cannes a annoncé la prorogation du contrat de Benjamin Levy au poste de directeur musical jusqu’à l’été 2026, ce qui permettra au chef de fêter une décennie de présence à ce pupitre, et à la formation azuréenne de célébrer en sa compagnie ses cinquante ans. Comme l’Orchestre de Paris pour Klaus Mäkelä, l’Orchestre du Capitole de Toulouse va devoir partager son jeune chef finlandais avec une autre prestigieuse phalange : Tarmo Peltokoski deviendra directeur musical du Philharmonique de Hong Kong en 2026-2027, et y aura un titre de « désigné » dès la saison précédente. Ivan Fischer a pris la succession de Vasily Petrenko à la direction musicale de l’Orchestre des jeunes de l’Union européenne et en profite pour lancer, en partenariat avec son prestigieux Orchestre du Festival de Budapest, une nouvelle académie destinée à former des leaders musicaux dans les domaines symphonique et chambriste, avec des résidences dans tous les pays de l’UE. • coulisses Depuis sa réouverture au public il y a 15 ans, l’Opéra Royal du Château de Versailles fait rayonner la musique dans votre vie ! Cette saison, profitez de plus de 100 représentations dans ce lieu exceptionnel chargé d’histoire. Enchantement garanti ! Au programme, concerts, opéras mis en scène et en version concert, ballets et théâtre, pour vous réjouir tout au long de l’année. L’Orchestre et le Chœur de l’Opéra Royal sont également à l’honneur cette année dans plus de 40 représentations. LA PLUS BELLE DES MUSIQUES DANS LE PLUS BEAU DES OPÉRAS ! Photographie : © Thomas Garnier Purcell DIDON ET ÉNÉE Nouvelle production de l’Opéra Royal Sonya Yoncheva, Halidou Nombre, Sarah Charles, Attila Varga-Tóth Chœur et Orchestre de l’Opéra Royal Stefan Plewniak Direction CécileRoussatet JulienLubek Mise en scène 18 - 20 octobre 2024, Opéra Royal Molière L’AVARE Jérôme Deschamps Mise en scène 6 - 10 novembre 2024, Opéra Royal Porpora POLIFEMO Nouvelle production de l’Opéra Royal Franco Fagioli, Paul-Antoine Bénos-Djian, Éléonore Pancrazi Académie de danse baroque de l’Opéra Royal Orchestre de l’Opéra Royal Stefan Plewniak Direction Justin Way Mise en scène Christian Lacroix Costumes 4 – 8 décembre 2024, Opéra Royal Mozart LA FLÛTE ENCHANTÉE Chantée en français Florie Valiquette, Mathias Vidal, Marc Scoffoni, Julia Knecht Le Concert Spirituel Chœur et Orchestre Hervé Niquet Direction Cécile Roussat et Julien Lubek Mise en scène 27décembre2024–1er janvier2025, OpéraRoyal ENTREPRISE MÉCÈNE PRINCIPAL Retrouvez toute la programmation sur www.operaroyal-versailles.fr Suivez-nous sur les nouveaux réseaux sociaux de l’Opéra Royal ! @operaroyal.chateaudeversailles @OperaRoyal Rejoignez-nouspourcélébrerles15ansdelaréouverturedel’OpéraRoyalduChâteaudeVersailles! JEROME ROBBINS L’ÉTERNEL Ballet du Théâtre San Carlo de Naples Jerome Robbins Chorégraphe Jean-PierreFrohlichReprise de la chorégraphie 15 – 17 novembre 2024, Opéra Royal 12 I • coulisses L a vague #MeToo dénonçant les agressionssexuellesetlespratiquesdeharcèlement n’épargne pas quelques chœurs d’enfantsetd’adolescent(e)sbienenvue. Une première affaire implique Denis Dupays, ancien directeur musical de la Maîtrise de Radio France, qui sera jugé devant une cour criminelle pour le viol en 1993 d’un choriste des Petits Chanteurs de la Vierge noire de Neuilly lors d’une tournée de cette manécanterie en Amérique du Nord, alors que l’adolescentavaitquatorzeans.D’autresrévélations concernent Bernard Dewagtere, mis en examen par un juge pour « atteinte sexuelle » et « viol par personne ayant autorité » s’agissant de faits qui auraient été commis alors qu’il dirigeait la Maîtrise boréale, dans le Nord. Dossier embarrassant Début juillet, Radio France et Le Canard enchaîné annonçaient que le directeur (depuis 1999) de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, Gaël Darchen était à son tour visé par des plaintes déposées par cinq femmes dénonçant des faits de harcèlement moral et sexuel, et d’agression sexuelle pour l’une d’entre elles. Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête sur ces accusations que le chef de chœur « conteste avec force », ont déclaré ses avocates à l’AFP. L’affaire n’est pas anodine vu le rayonnement de la structure, en résidence à la Seine musicale de Boulogne-Billancourt, très fortement soutenue par le département des Hauts-de-Seine et qui se targue d’être « la plus grande maîtrise de France » avec ses six cent cinquante chanteurs âgés de cinq à trente ans répartis en douze chœurs, dont Unikanti, ensemble accueilli du Théâtre des ChampsElysées à l’Opéra royal de Versailles. La Maîtrise des Hauts-de-Seine est aussi, depuis 1995, le chœur d’enfants de l’Opéra de Paris, auquel elle fournit les gamins de Werther, de Carmen ou encore les trois garçons de La Flûte enchantée. Autant d’institutions pouvant juger embarrassant un dossier qui, audelà des cinq plaintes (deux ex-maîtrisiennes, deux intermittentes du spectacle et une ancienne professeure, selon La Lettre du musicien), comporte une vingtaine de témoignages, notamment d’ex-élèves. Certains décrivent des remarques sur le physique et des « gestes déplacés », comme la palpation de parties intimes, ainsi qu’un climat autoritaire et toxique également dénoncé par d’anciens membres de l’équipe pédagogique. En tournée en Grèce au moment de ces révélations, Gaël Darchen a été invité à « se mettre temporairement en retrait » par le président de l’association, qui lui a cependant renouvelé sa « totale confiance ». B.F. #MeToo des maîtrises Stupeur dans les Hauts-de-Seine, où le chef du chœur d’enfants de l’Opéra de Paris est visé par cinq plaintes pour harcèlement © CD92 © UNISON MEDIA LA PHIL © FACEBOOK ENTRÉE DES ARTISTES L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Foundation a protesté début août contre un concert au Carnegie Hall de New York de l’Orchestre symphonique des jeunes du Venezuela dirigé par Gustavo Dudamel, accusant le maestro de couvrir la « fraude » électorale de Nicolas Maduro, qui a réprimé dans le sang la contestation de sa réélection à la présidence du pays. Le claveciniste et chef italien Ottavio Dantone a entamé un mandat de quatre ans en tant que directeur artistique du Festival de musique ancienne d’Innsbruck, dans le Tyrol autrichien, où son Accademia Bizantina est en résidence jusqu’à l’édition 2028. L’Académie des beaux-arts a remis à Georges Aperghis (né en 1945) son Grand prix en composition musicale 2024, une récompense de 30000 euros que le maître a choisi de répartir entre la compositrice iranienne Anahita Abbasi, la violoncelliste Aurélie Allexandre d’Albronn et la pianiste et cheffe de chant Bianca Chillemi. Le Staatsoper de Munich a prolongé au-delà de 2026 les mandats de son intendant Serge Dorny et de son Generalmusikdirektor Vladimir Jurowski, jusqu’en 2031 pour le premier et jusqu’en 2028 pour le second, avec une année supplémentaire en option. Cornettiste, fondateur de l’ensemble La Fenice, Jean Tubéry a fait appel de sa condamnation le 27 juin à six mois de prison avec sursis pour « propos à connotation sexuelle imposés de manière répétée » avec l’usage de sa position d’autorité en qualité de professeur au CNSM de Lyon comme circonstance aggravante. Etlesartistesprimés parlesDiapasond’ordel’année2024. © EMIL MATVEEV, WARNER MUSIC, OLLIE ALI, HELGE HANSEN-SONY MUSIC ENTERTAINMENT ET JEAN-BAPTISTE-MILLOT. JuliaLezhneva Soprano PenePati Ténor ShekuKanneh-Mason Violoncelle LeifOveAndsnes Piano Victor Julien-Laferrière OrchestreConsuelo (direction) Réservez vos places dès maintenant sur www.theatrechampselysees.fr ou au 01 49 52 50 50 Production : Céleste productions UnesoiréeexceptionnelleproposéeparlemagazineDiapason,laréférence enmusiqueclassique,avecunplateaudeprestige.Accessibleàtous! 2024 13 novembre 2024 L’ÉVÉNEMENT CLASSIQUE DE LA RENTRÉE ! AVEC LES PLUS GRANDS ARTISTES D’AUJOURD’HUI
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