DIAPASON n°725 - Page 2 - 725 IN ADMIRATION OF MUSIC DALI KORESTATE-OF-THE-ART-LOUDSPEAKER TECHNOLOGY I 3 ©COUVERTURE:DR/BENJAMINCHELLY Ce numéro comporte sur tout ou partie de sa diffusion : un CD Reworld Diapason d’or et un CD Indispensables de Diapason jetés sur la couverture ; un Guide des Opéras, un encart Abbaye de Royaumont, un encart La Croix, posés au dos du magazine. sommaire SEPTEMBRE 2023n° 725 ILS FONT L’ACTUALITÉ PAGE 32 PAGE 18 En interview Plus de quatre décennies après la fondation des Musiciens du Louvre, MARC MINKOWSKI continue à tracer sa voie singulière, dans des territoires toujours plus vastes. La preuve ce mois-ci, à Genève, où il dirige le monumental Don Carlos de Verdi. En disques Une intégrale des symphonies de Mahler en stéréophonie ? Ambition du nouveau coffret de LA DISCOTHÈQUE IDÉALE DE DIAPASON, où des trésors fameux voisinent avec des pépites à redécouvrir, et dans lequel les derniers proches du maître croisent quelques-uns de ses premiers et plus ardents défenseurs. En disque et en scène De Schmelzer à Mendelssohn, cultivant ses affinités évidentes pour le répertoire italien, la violoniste CHOUCHANE SIRANOSSIAN ne cesse de nous enchanter, récoltant au passage éloges et récompenses. RECEVEZ DIAPASON CHEZ VOUS! Votre bulletin d’abonnement se trouve page 99. 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PAGES 62 ET 66 4 I L’éditorial D’EMMANUEL DUPUY Les gens sont malveillants. D’un livre de quatre centsoixanteetonzepages,ilsn’ontretenuque quelques lignes scabreuses. « Elle frotta son pubiscontremacuisse,monsexedurcitimmédiatement, je sentis quelque chose déchirer mon basventre ; tout partit d’un coup. » Plus loin : « Après mes règles, pendant deux ou trois jours, je suis excitée comme jamais ; je mouille. » Plus loin encore : « Elle me montrait lerenflementbrundesonanus :“Tuviens,Oskar ?Jesuis dilatée comme jamais” » Et encore : « Le cul, à la fin, c’est ce qu’il y a de plus sain. » Et cætera. A moins que vous ne viviez sur la planète Mars, ce livre, vousnepouvezignorerquienestl’auteur :BrunoLeMaire enpersonne,notreministredel’EconomieetdesFinances quinemaniedoncpasqueleschiffres–deslettres,leculte l’habite aussi. L’éternel premier de la classe cacherait-il une âme de polisson ? Fugue américaine n’a en vérité rien d’un roman érotique et les rares parties de jambes en l’air qui épicent le récit ont trop occulté, dans la plupart des commentaires, son sujet principal : la musique – et pas n’importe laquelle. Les protagonistes, deux frères que beaucoup de choses séparent, croisent en effet très vite la route d’un certain Vladimir Horowitz. Le lecteur suivra donc le destin tourmenté du virtuose, depuis un mémorable concert à La Havane en décembre 1949, au cours duquel il crée la Sonate de Barber, jusqu’à son come-back, en novembre 1965 à Carnegie Hall, après une longue période de retrait due à la dépression – le narrateur, Oskar Wertheimer, n’est autre que le psychiatre (fictif) du célèbre pianiste. Au fil des pages, M. Le Maire peint de ce dernier un portrait assez savoureux et sans douteguèreéloignédelaréalité :bipolaire,tragicomique, aussi attachant que tête-à-claques. Si l’agrégé de lettres modernes devenu grand argentier n’est peut-être pas – encore–leChateaubriandduxxie siècle,silegermaniste abuse de citations dans la langue de Goethe, on ne peut lui dénier un réel talent d’écrivain, une habileté à croquer les caractères, à brosser le tableau d’une époque, à construireunenarrationquifiledroit.Letoutenpayant un discret tribut à Philip Roth, géant de la littérature américaine, par le décor de l’intrigue (les Etats-Unis), le milieu social de ses personnages (l’élite juive new- yorkaise), le titre même. * Le ministre est dans l’escalier _Des lettres, le culte l’habite aussi. _ Parfois, le politique se rappelle à notre souvenir, par exemple quand il analyse le drame de l’Histoire russe, de la chute des tsars jusqu’à Vladimir Poutine. Mais il le fait sans jamais renoncer à son sujet, en opposant les vies parallèles de l’exilé Horowitz et d’un Sviatoslav Richter érigé en emblème par le régime soviétique. En évoquant aussi la figure sacrificielle de Chostakovitch qui, face aux brimades staliniennes « n’avait que deux échappatoires : la folie, ou la mort. Il mit un peu des deux dans sa musique. » On croise encore Emil Guilels, Karajan, décrit comme le pire des opportunistes, Toscanini,bien sûr, puisqu’il fut le beau-père d’Horowitz. Autant de personnalités avec lesquelles le ministre semble entretenir une grande familiarité. La forteresse de Bercy abriterait-elle en ses murs un authentique mélomane ? C’est le secret le moins bien gardé de la République depuis 2012, quand il a publié Musique absolue, une répétition avec Carlos Kleiber, premierromanenformed’entretienimaginaireaveclelégendairechefd’orchestre.D’ailleurs,s’ilestundomainepour lequel celui que l’on décrit souvent comme un apôtre de la rigueur ne rechigne pas à délier les cordons de la bourse, c’est bien la culture. Depuis que M. Le Maire a pris ses fonctions en 2017, le budget de la rue de Valois a en effet crû de 22 %, du jamais vu depuis les années 1980. Et pourtant, même si ces mannes ont surtout servi à éponger les conséquences de la pandémie et de l’inflation, tout va mal : nos opéras partent à la dérive, nos orchestres sont en pleine crise existentielle, nos ensembles indépendants vivent dans l’angoisse. Pour un peu, on donnerait crédit aux sombres augures d’un personnage de Fugue américaine : « Notre musique est morte. Qui écoute encore Beethoven ? [...] Les festivals de musique classique sont des zoos. On n’y croise plus que des spécimens. Cela sent le vieux. » Moralité : l’argent ne fait pas tout, contrairement à ce que prétend Marceline dans Les Noces de Figaro. Il ne suffit pas d’en avoir, il faut aussi savoir l’utiliser – et pour cela défendre un projet, une vision, qui manquent depuis trop longtemps. Au ministère de la Culture comme ailleurs, la politique n’est pas un roman. * Fugue américaine, Gallimard, 471 p., 23,50 €. 13-22 OCTOBRE 2023 TOURS Parlez-moi d’amour l Ensemble Jacques Moderne l Joël Suhubiette Monteverdi l Le retour d’Ulysse dans sa patrie l I Gemelli l Emiliano Gonzalez Toro Invitation à la danse l Chopin & Liszt l Vardan Mamikonian Nocturnes l Florent Albrecht Bach minimaliste I La Tempête I Simon-Pierre Bestion Le cabinet de curiosités, le piano pédalier l Roberto Prosseda Kantaten l Buxtehude & Bach l Consonance I François Bazola Licences2-1093089/3-1093090-CONCEPTION:GRAPHIVAL,LindaMarché,graphiste-0247736864 RÉSERVATIONS CONCERTS-AUTOMNE.COM FESTIVAL DE ROYAU MONT 23 MUSIQUE & DANSE 9 SEPTEMBRE 8 OCTOBRE Abbaye de Royaumont Val d’Oise I 7 PAR BENOÎT FAUCHET Leur parole est d’orLes nouveaux disques du violoncelliste Victor Julien-Laferrière et du SWR Vokalensemble dirigé par Yuval Weinberg ont été couronnés d’un Diapason d’or le mois dernier. Vous voulez savoir comment furent conçus ces joyaux ? Les heureux élus lèvent un coin du voile. ACTUALITÉS coulisses Victor Julien-Laferrière VIOLONCELLE Dutilleux : Tout un monde lointain… Dusapin : Outscape. Victor Julien-Laferrière (violoncelle), Orchestre national de France, Kristiina Poska, David Robertson. Alpha. Yuval Weinberg DIRECTION DE CHŒUR Ligeti : Œuvre pour chœur a cappella. SWR Vokalensemble, Yuval Weinberg. SWR Classic. « Cet enregistrement a pour point de départ deux concerts donnés avec l’Orchestre national de France à la Maison de la radio, en 2021 (Dusapin) puis 2022 (Dutilleux). Sa conception est un étonnant mélange, dans lequel s’enchevêtrent le hasard de la concordance des dates, la compatibilité du répertoire, la chance que les deux chefs d’orchestre, Kristiina Poska et David Robertson, aient été si enthousiastes malgré la part de risque, décuplée lors de prises sur le vif. Le festival Présences est à l’origine de ma découverte du concerto Outscape de Pascal Dusapin, dont je connaissais toutefois la musique depuis qu’enfant j’en avais joué en duo avec mon père clarinettiste. C’est en le travaillant que m’est apparue l’évidence de la complémentarité avec Tout un monde lointain…, chef-d’œuvre qui m’occupe, lui, depuis quelques années déjà. Complémentarité confirmée par Pascal Dusapin lui-même. A titre personnel, mon premier contact avec l’œuvre s’est fait à quinze ans lors de mon examen de deuxième année au Conservatoire, quand je dus en jouer un extrait ! Autre jalon inoubliable : la rencontre, deux ans avant sa disparition, avec Henri Dutilleux qui, bien que diminué, me fit la démonstration de sa bienveillance et de sa disponibilité, et au cours de laquelle je pus lui jouer ses Strophes. Sitôt la perspective d’un disque confirmée, j’ai eu le sentiment d’être infiniment chanceux : dans le paysage discographique d’aujourd’hui, ce programme semble presque miraculeux ! » « Alors que des pièces comme Lux aeterna ou les Phantasien nach Friedrich Hölderlin constituaient un répertoire de base du SWR Vokalensemble, nous avons pris en 2017 la décision relativement sans filet de commencer à planifier l’intégrale des œuvres chorales a cappella de György Ligeti. Nous savions qu’un certain nombre de pages inédites avaient été trouvées dans sa succession, notamment les premières. Nous les avons reçues du fonds Sacher sous forme de manuscrits, puis de l’éditeur Schott en partitions imprimées. Nous avons été surpris par la longueur car nous ne nous doutions pas que Ligeti avait autant écrit pour chœur à ses débuts : cent vingt minutes de musique a cappella ont été réunies, plus de cinquante pièces, presque toutes en hongrois qui est une langue plutôt difficile – heureusement, nous avons un natif de Hongrie dans notre ensemble, sans qui ce projet n’aurait pas été possible. La plupart des œuvres datent d’avant l’exil à l’Ouest, mêlant aux arrangements de musique folklorique des compositions propres. Mais Ligeti est revenu à la musique chorale encore et encore à environ vingt ans d’intervalle, de sorte que sa production a cappella épouse différentes phases de sa création. Des idées structurantes de sa manière plus tardive sont esquissées dès le début, comme les gestes onomatopéiques de Papainé. Nous sommes heureux d’offrir le panorama d’un œuvre aussi imaginatif pour le centième anniversaire de la naissance de Ligeti. » ©JEAN-BAPTISTE-MILLOT/DR 8 I S acha Morin a commencé le piano vers sept ou huit ans, ce qui n’est pas particulièrement précoce. Mais depuis, il a « toujours su » qu’ilvoulaitenfairesavie,n’ena« jamais douté un instant » et s’en est donné les moyensparuntravailassidu.Pasdecrise del’adolescence ence qui leconcerne,au contraire ! Entamé dans l’Auvergne de son enfance, près d’Yssingeaux, son parcours pédagogique accumule quelques kilomètres, avec trois conservatoires à rayonnement régional au compteur (Saint-Etienne, Lyon, Saint-Maur-desFossés) et d’autres déplacements pour bénéficier de l’enseignement de Bernard d’Ascoli (« il m’a fait me rendre compte du dévouement et de la précision qu’exigeait le piano »). Sacha Morin, qui vient d’avoir vingt ans, poursuit actuellement ses études au CNSM de Paris, auprès de Cécile Hugonnard-Roche, quiétaitdéjàsaprofesseure à Saint-Maur, et Emmanuel Strosser. Il travaille aussi avec d’autres maîtres, comme Michel Dalberto et Philippe Cassard – sur son Facebook, ce dernier ne tarit pas d’éloges sur cet élève dont il salue la « concentration » et la « présence » en concert, quand son collègue producteur à France Musique, Clément Rochefort, l’a inscrit à l’antenne parmi les « noms à retenir dans la jeunesse du piano français ». Attirance assumée Sans s’emballer, l’Auvergnat s’emploie à l’élargissement et à l’approfondissement de son répertoire. Avec, déjà, une « attirance » assumée pour la musique viennoise – Mozart, Beethoven, Schubert, mais aussi la Seconde Ecole de Vienne. Le soliste se fait aussi chambriste, notamment en compagnie de l’altiste Héloïse Houzé, qui lui permet d’aborder « un répertoire très attachant », surtout XXe siècle. Il aura l’occasion de côtoyer d’autres partenaires le 9 septembre lors du grand Festival Enesco de Budapest, dans le cadre d’une résidence de jeunes artistes dirigée par le violoniste David Grimal. Ce finaliste du télécrochet Prodiges en 2016 – il avait treize ans – se projette désormais vers de tout autres concours, dont le Clara Haskil en 2025 : l’occasion, sans doute, de faire valoir ses affinités mozartiennes. • coulisses Avec Sophie de Lint à Amsterdam, une autre femme va diriger une grande maison d’opéra européenne : CHRISTINA SCHEPPELMANN a été nommée directrice générale et artistique du Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles, où elle succèdera à Peter de Caluwe le 1er juillet 2025. L’intendante allemande, qui aura soixante ans lors de sa prise de fonction, a été choisie parmi vingt-quatre candidatures par un comité qui a fait le choix d’une grande expérience, forgée dans des institutions lyriques de trois continents : l’Europe (Liceu de Barcelone), mais surtout l’Amérique (San Francisco, Washington, Seattle) et même le Moyen-Orient (Mascate, capitale du sultanat d’Oman). « Elle a démontré une conscience très aiguë de la mission de l’opéra et de l’avenir de l’art lyrique en vue de conquérir un nouveau public », a commenté la ministre belge des Institutions culturelles fédérales, Hadja Lahbib. CRESCENDO DECRESCENDO L’Opéra de Nice a-t-il eu raison de convier l’Italienne BEATRICE VENEZI à diriger son Orchestre philharmonique dans dix représentations de ballet pour les fêtes, puis lors du prochain concert du Nouvel an ? Le collectif local d’associations, syndicats et partis de gauche Tous citoyens ! s’est ému de cette invitation d’une cheffe selon lui « néofasciste », qui s’est engagée auprès du gouvernement de Giorgia Meloni en devenant la conseillère musique du ministre de la Culture, Gennaro Sangiuliano. Le directeur de la maison niçoise, Bertrand Rossi, a jugé « essentiel de séparer l’art et la politique », et a fait valoir que la musique avait « le pouvoir de transcender les clivages ». En avril dernier, la venue de la jeune maestra à Limoges avait déjà fait des remous : devant l’Opéra, une trentaine de manifestants avaient repris le slogan « Siamo tutti antifascisti ! » (« Nous sommes tous antifascistes ! ») ©DR ©DR ©DR Nom : Morin Prénom : Sacha Né en : 2003 Profession : pianiste JEUNE TALENT LicencesR-2022-004254,R-2022-003944,R-2021-013751,R-2021-013749. L'ORCHESTRE DE PARIS FAIT VOYAGER LA MUSIQUE SAISON 2023-24 10 I U n peu plus d’un million d’auditeurs, 1,9% d’audience cumulée : les derniers chiffres de Médiamétrie (avriljuin) ont reflété la bonne forme de France Musique. Dans ce contexte, la chaîne classique de Radio France aurait tort de bouleverser sa grille de rentrée. Elle ne le fait pas, d’ailleurs, procédant plutôt à de menus aménagements et changements d’horaires. En semaine, la matinale modifie sa formule tout en restant aux mains de Jean-Baptiste Urbain pour la cinquième saison. FrançoisXavier Szymszak conserve son créneau du début d’après-midi (13h35-15h) mais ses Arabesques deviennent Les Essentiels, centrés sur la discographie d’« artistes de référence ». Christian Merlin emmène toujours l’auditeur au cœur de l’orchestre en semaine et le dimanche, sauf le vendredi où arrive Au cœur du ballet, une demi-heure sur les musiques liées à la danse, animée par un tout jeune producteur, Hippolyte Pérès. De plus en plus, le numérique offre un prolongement à la grille, sinon une substitution. L’auditeur pourra retrouver Saskia de Ville surlewebdansd’ambitieusesSagasmusicales, huit séries de de 5 x 30 minutes consacrées à de grands compositeurs. Complémentarité C’est en podcast également que Félicien Brut promènera son accordéon, qu’Anne- Charlotte Rémond enrichira sa collection historico-culturelle de Musicopolis et que Lionel Esparza renouera avec le débat critique (Le Casque et l’Enclume). Sur le web toujours, France Musique ouvre une deuxième chaîne YouTube consacrée à la culture musicale, à la pédagogie et à des chroniques, en plus de celle dédiée aux concerts. Enfin, la direction de Radio France, au nom de l’identité de chacune de ses chaînes et de leur complémentarité, avait prévu de supprimer les journaux d’information de France Musique, mais elle y a en partie renoncé, devant la fronde de la rédaction et des syndicats : ceux de 7h et 8h – raccourcis de 5 à 3 minutes – et le rappel des titres à 7h30 sont conservés, contrairement aux rendez-vous de 13h et 18h. B.F. Développements web Assez peu de changements dans la nouvelle grille de France Musique, qui innove davantage en ligne. ©WIKIMEDIACOMMONS/MUSACCHIO&IANNIELLO©ERICLEBRUN ENTRÉE DES ARTISTES Le gouvernement de Giorgia Meloni avait été soupçonné d’interdire aux septuagénaires de diriger une maison d’opéra justement pour lui trouver un point de chute : après son départ de la présidence de la radiotélévision Rai sur fond de différend politique avec le pouvoir d’extrême droite, Carlo Fuortes a été nommé surintendant du Teatro San Carlo de Naples, où il succède à Stéphane Lissner, 70 ans depuis janvier. Après avoir été durant vingt-quatre ans l’emblématique directeur musical du « Hallé », sir Mark Elder en deviendra conductor emeritus en septembre 2024, date de l’arrivée du Singapourien Kahchun Wong au poste de chef principal et conseiller artistique du vénérable orchestre de Manchester. « Il ne nous aura pas été possible de pérenniser et de développer ce qui restera la tentative d’une autre proposition » : Les Dissonances, orchestre sans chef fondé par le violoniste David Grimal, fera ses adieux à la scène le 7 octobre 2024 à la Philharmonie de Paris après vingt ans d’existence. Sans directeur musical depuis le départ, au printemps 2022, d’Andrés Orozco-Estrada, manifestement mécontent de ne pas voir son contrat reconduit, les Wiener Symphoniker ont choisi à une écrasante majorité le Tchèque Petr Popelka comme prochain Chefdirigent, avec prise de fonction effective lors de la saison 2024-2025. L’Opéra de Lille s’est mis en quête d’un nouveau directeur – ou d’une directrice – pour succéder, au 1er juillet 2025, à Caroline Sonrier, qui aura replacé la maison nordiste sur la carte lyrique française et même européenne en la dirigeant pendant près d’un quart de siècle. • coulisses 12 I • coulisses I ls sont venus, ils sont tous là ou presque : Claire Gibault (Paris Mozart Orchestra), Emmanuelle Haïm (Le Concert d’Astrée), RaphaëlPichon(Pygmalion ▼),François- XavierRoth(LesSiècles),ChristopheRousset (Les Talens lyriques)… Mi-juin, parmi une centaine de directeurs artistiques d’ensembles musicaux indépendants, ils ont interpellé, dans une tribune au Monde, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, l’alertant d’« un risque de disparition qui guette, à très court terme ». « Malgré leurs réussites éclatantes, les ensembles indépendants doivent se contenter auprès des pouvoirs publics d’une position marginale qui ne correspond en rien à la réalité et à la qualité de leur action sur le terrain », estiment-ils. « L’indépendance apparaît clairement aujourd’hui comme la variable d’ajustement de la politique culturelle de l’Etat mais aussi des collectivités territoriales, qui se replient sur leurs institutions labellisées et permanentes. » Quant aux « divers organismes de financement, notamment le Centre national de la musique », ils « définissent des critères d’aide de plus en plus inadaptés à nos spécificités et qui, de facto, nous excluent progressivement des dispositifs de soutien au profit du secteur marchand ». Fin juin, le président de la Fevis (Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux et indépendants),l’ancienministredelaCulture Jacques Toubon, a remis à sa lointaine successeure« 101lettres »danslesquellesautant de fondateurs d’orchestres et de chœurs expliquaient leurs difficultés au quotidien. Ecosystème complet Il a défendu la nécessité d’une « mission ambitieuse sur l’indépendance », sur le modèle de celles déjà menées par Caroline Sonrier sur le lyrique et Anne Poursin pour le symphonique.« C’estunécosystèmecompletqu’il convientdepenser,deréorganiser,d’accompagnerdanssesmutations »,estimelaFevis. Demande entendue : le 11 juillet, lors de la rencontre professionnelle Accord Majeur à Aix-en-Provence, Rima Abdul Malak annonçaitconfierunemissionsurlesensembles indépendants à Nicolas Droin. L’ancien administrateur de l’Orchestre des ChampsElysées,desMusiciensduLouvreetduchœur Accentus devra notamment « faire des préconisations pour mieux produire et lever les freins pour diffuser sur de plus longues séries, mais également pour mieux diffuser à l’international », selon un communiqué delaRuedeValois.Remisedestravauxattendue en novembre prochain. B.F. Des lettres et une mission Les ensembles indépendants s’estiment négligés par la politique menée par la ministre de la Culture. Laquelle a lancé une mission pour leur apporter des réponses. ©STEPHANEBOURGEOIS©DR ©JANHORDIJK ENTRÉE DES ARTISTES Fabien Gabel, l’une des nombreuses baguettes françaises épanouies hors de nos frontières, a été nommé à la tête du Tönkunstler-Orchester, basé à Vienne et à St. Pölten (Basse-Autriche), où il succèdera à Yutaka Sado à compter de 2025-2026. A la suite du licenciement de Jérôme Pernoo pour « comportements inappropriés », Edgar Moreau a été désigné professeur de violoncelle par le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP). Jonathan Nott a prorogé son contrat jusqu’au 1er janvier 2026 à la direction musicale et artistique de l’Orchestre de la Suisse romande, qu’il quittera donc après neuf années de présence. Le ténor Jonas Kaufmann a dû renoncer à participer au Concert de Paris du 14 juillet sous la Tour Eiffel et à faire ses débuts au Festival d’Aix-en-Provence en raison des effets secondaires d’une prise d’antibiotiques à haute dose pour soigner une bactérie multirésistante. Au Festival Puccini de Torre del Lago, en Toscane, le chef Alberto Veronesi a été remplacé dans La Bohème, après avoir dirigé la première les yeux bandés, en protestation contre le choix fait par le metteur en scène français Christophe Gayral de transposer l’intrigue en mai 1968. Le contre-ténor David Daniels et son époux ont plaidé coupable, devant un tribunal de Houston, d’avoir agressé sexuellement un jeune baryton en 2010, scellant ainsi un accord judiciaire qui leur permet d’éviter la prison. DIS-MOI VÉNUS… Concert de Gala de l’ADOR Chœur et Orchestre de l’Opéra Royal Gaétan Jarry & Stefan Plewniak, direction Marie Perbost, Nicolò Balducci 1er octobre, Opéra Royal LA NAISSANCE DE VERSAILLES (1623) Messe de Consécration du Château de Louis XIII Chœur de la Maîtrise du CRR de Paris, Chœur de l’Opéra Royal Consort Musica Vera Jean-Baptiste Nicolas, direction 7 octobre, Chapelle Royale Haendel ARIODANTE Nouvelle Production Les Arts Florissants William Christie, direction Nicolas Briançon, mise en espace Lea Desandre, Ana Maria Labin, Ana Vieira Leite 8 octobre, Opéra Royal Mozart REQUIEM Pygmalion Raphaël Pichon, direction Ying Fang, Beth Taylor, Laurence Kilsby, Alex Rosen 14 octobre, Chapelle Royale Mozart SYMPHONIES N°39, 40 ET 41 Les Musiciens du Louvre Marc Minkowski, direction 24 novembre, Opéra Royal THE CROWN HymnesduCouronnementdeHaendeletPurcell Chœur et Orchestre de l’Opéra Royal Gaétan Jarry, direction 25 novembre, Chapelle Royale Bach CANTATES:TEMPSETÉTERNITÉ Pygmalion Raphaël Pichon, direction 28 novembre, Chapelle Royale CHÂTEAU DE VERSAILLES Licences: 2-1053422 / 3-1054036 Photographie © Plafond de l’Opéra Royal – Pascal Le Mée ENTREPRISE MÉCÈNE PRINCIPAL Retrouvez les CD et vidéos des spectacles en streaming et téléchargement sur www.live-operaversailles.fr et sur www.qobuz.com INFORMATIONS - RÉSERVATIONS Découvrez l’intégralité de la programmation, opéras mis en scène et en version de concert, théâtre, ballets et concerts, sur notre site internet: www.chateauversailles-spectacles.fr - 01 30 83 78 89 CHÂTEAU DE VERSAILLES Zingarelli ROMÉO ET JULIETTE Opéra mis en scène Chœur et Orchestre de l’Opéra Royal Stefan Plewniak, direction Gilles Rico, mise en scène Franco Fagioli, Adèle Charvet 18 - 22 octobre, Opéra Royal Mozart DON GIOVANNI Opéra mis en scène Ballet, Chœur et Orchestre de l’Opéra Royal Gaétan Jarry, direction Marshall Pynkoski, mise en scène Robert Gleadow, Arianna Vendittelli, Florie Valiquette, Riccardo Novaro 15 - 19 novembre, Opéra Royal NOUVELLES PRODUCTIONS DE L’OPÉRA ROYAL
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