FISHEYE n°58 - Page 3 - 58 L’édito de Benoît Baume Ombres et lumières Le 24 février 2022, la Russie attaquait l’Ukraine sans sommation. Depuis, la résistance ukrainienne s’est montrée bien plus farouche qu’escomptée. Sans être un magazine d’actualité, Fisheye s’est toujours évertué à parler du monde qui l’entoure en y apportant un nouveau regard. À faire un pas de côté pour expliquer le réel grâce aux travaux des auteurs qui nous accompa gnent. Ainsi depuis un an, chaque numéro est revenu sur ce conflit avec un prisme singulier. En mai-juin (Fisheye #53), André Gunthert s’interrogeait sur les photographies d’infor mation avec « Des images au-dessus de tout soupçon ». Puis, pour rendre compte de Stand With Ukraine, une opération de solidarité à l’initiative du réseau Diagonal pour faire circuler les œuvres de jeunes photographes ukrainien·nes contemporain·es (Fisheye #54, juillet-août). Dans le numéro suivant (Fisheye #55, septembre-octobre), nous publiions un portfolio de Felipe Jacome sur les danseuses du ballet national d’Ukraine imprimées sur des douilles de balles. En novembre-décembre (Fisheye #56), Guillaume Herbaut nous confiait ses images du pays qui s’étalent sur plus de vingt ans et qui restent inégalées par leur ampleur à ce jour. Enfin, c’est sur les cimaises de la Fisheye Gallery (et dans Fisheye #57 de janvier-février) que nous avons rendu hommage à six photographes émergent·es ukrainien·nes à travers l’exposition Alarming Beauty. Pour cet anniversaire macabre d’une année de maudite agression, nous ne pouvions pas rester les bras ballants. La série Topographies II de Michel Slomka, réalisée à partir d’images satellites, qui décrypte les terres ukrainiennes scarifiées, nous a bouleversés et nous vous la présentons dans ce numéro 58. Ainsi en une année, sans montrer d’images de guerre à proprement parler, nous avons fait exister l’esprit ukrainien dans une vérité culturelle et intemporelle. Exactement ce que Poutine voudrait faire disparaître à coups de bombes et de menaces. Les photos de Michel Slomka ont une autre qualité. Elles sont en noir et blanc. Or, pour cette livrée, nous avons décidé de vous proposer des portfolios sans couleur. Une première dans un numéro régulier de Fisheye (un hors-série No color ancien existe), qui nous rappelle que cette technique reste d’une modernité sans faille pourvu que le propos soit juste. Et parmi toutes les histoires évoquées, je ne peux oublier Lilou, la poignante déclaration de Lucie Hodiesne Darras à son frère autiste. Je suis ce travail depuis plus de cinq ans, et mon plaisir n’est pas feint de le publier aujourd’hui, accompagné d’un livre aux éditions Fisheye. Cette jeune autrice nous rappelle avec force que l’onirisme et l’amour peuvent l’emporter sur les malheurs du monde. Un message que nous faisons nôtre et que nous partageons avec vous. Fisheye n’aurait aucun sens si nous ne cherchions pas le supplément d’âme qu’apportent certains artistes. Soyez attentifs, ce numéro en fourmille. Vous risquez de terminer sa lecture dans un état d’exaltation inédit. Et nous en assumons, avec fierté, la responsabilité. ©LucieHodiesneDarras. Paul Cupido EXPOSITION INSTANTS édition inaugurale du 3 avril au 24 juin 2023 Hommagecéleste©PaulCupidopourlarésidenceINSTANTS,ChâteauPalmeretLeica,2022 NOUVELLE GALERIE LEICA 26, rue Boissy d’Anglas, Paris 8 Page 6 Édito Page 12 Les dessous de la couv Page 14 Les brèves Page 16 L’expérience, regarde ta jeunesse dans les yeux Page 20 Le portrait, l’art du regard selon Valérie Belin Page 22 La chronique, regarder Auschwitz en face Page 25 L’anniversaire, invitation aux voyages Page 30 La politique, Libé jubilé Page 36 Lucie Hodiesne Darras, LilouPage 48 Jacques Sonck, Encounters Page 56 Michel Slomka, Topographies II – Donbass Page 66 Sophie Gabrielle, Worry for the Fruit the Birds won’t Eat Page 76 Martin Atanasov, How to Forget Your Past Fast Page 88 Bastiaan Woudt, Cacher pour révéler Page 99 Agenda Page 110 Cimaises, matières premières Page 115 Événement, le génie du flacon Page 120 Partenariat, relais postaux Page 126 Édition, planète Arbus Page 128 Focus Page 130 Livres Page 132 L’insta des lecteurs Page 134 Les coups de cœur de Fisheye Page 138 La chronique de Benoît Baume. 48 56 66 76 88 99 110 115 2014 30 36 134 128 ©droItsréservés,ColleCtIonCentrePomPIdou,ParIs.saodatIsmaIlova,©MarieRouge.©DidierLefèvre/LaContemporaine.©CourtesyGalleryFiftyOne.JacquesSonck.©MichelSlomka/Myop.©SophieGabrielle.©MartinAtanasov. ©BastiaanWoudt.©ApertureFoundationInc.,paulStrandArchive.FundaciónMAPFRECollections.©LaureWinants.©JaneEvelynAtwood.©ÉlieMonferier.©SuKui. 10 Photo de couverture : © Philippe Fragnière. Fisheye Magazine est composé en Reckless Neue et en Lazzer de la fonderie Displaay (CZ) et est imprimé sur du Royal Roto Gloss 115 g de chez Sappi et du WFU paper 100 g de chez UPM. La couverture est imprimée sur du Fedrigoni Symbol Freelife 250 g. Caractères typographiques du cahier central : Backspacer, Nancy Mazzei & Brian Kelly, Emigre Village, OutsideInside Fonts PP Supply mono, Mat Desjardins, Pangram Pangram Foundry Bookman JF, Jukebox Foundry ITC Avant Garde Gothic Pro, ITC Youth, Jan Novák, AllCaps Fisheye Magazine est édité par Be Contents SAS au capital de 100 000 €. → Responsable administrative & comptabilité Nathalie Motyl • compta@becontents.com → Assistante commerciale & administrative Christelle Flament 8-10, passage Beslay, 75011 Paris Tél. : 01 77 15 26 40 www.becontents.com contact@becontents.com www.fisheyemagazine.fr Dépôt légal : à parution. 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Je les ai utilisés un peu comme on utilise des mots dans la poésie, en cherchant des rimes ou des associations heureuses », poursuit le photographe. Cette photo issue d’une commande institutionnelle s’inscrit dans le prolongement d’un travail personnel, Punctum, né durant le confinement. « Cette image est un bon exemple de la porosité entre les pratiques de commande et les travaux personnels, précise Philippe Fragnière. La cohabitation des deux n’est pas contradictoire, elle me semble plutôt saine. Les travaux de commande m’obligent à travailler avec une série de contraintes et me poussent parfois à développer une technique ou une approche à laquelle je ne me frotterais pas nécessairement. Et inversement, la liberté d’un travail personnel me permet d’appréhender le sujet de la manière qui me convient ou que je juge pertinente ; je peux ensuite transposer cette sensibilité dans les travaux de commande. » L’attention aux objets du quotidien, à leur matière, est souvent accentuée par l’abstraction que constitue le noir et blanc. Un choix que l’artiste opère en veillant à toujours prendre du plaisir à son travail. « Je place “le plaisir” très haut dans ma liste de critères fondamentaux pour entreprendre un projet, ajoute-t-il. Le sujet m’importe moins. J’ai le même plaisir à éclairer une montre en studio ou à prendre une photo de champignon avec un appareil grand format, couché dans la mousse. » Jouant sur les échelles, sur les frontières entre réalité et fiction, l’univers de Philippe Fragnière séduit tout à la fois le monde du luxe (Hermès, Cartier, Dior…) que ceux de la culture et de l’édition (Festival Images Vevey, nomination à l’Aperture First Photobook Award, à Paris Photo…). Son troisième livre, Passage (édition Kodoji Press, 136 pages, 38 CHF) vient juste d’être publié. Texte : Éric Karsenty www.philippefragniere.ch www.fujifilm-x.com • Capteur APS-C X-Trans CMOS 5 HR BSI de 40.2 Mpx • Écran 3 axes tactiles 1.84 Mpx / Viseur 3.69 Mpx grossissement x0.8 • Mode de prise de vue PixelShift 160 Mpx • Vitesse d’obturation maximale de 1/180 000 en obturateur électronique • Jusqu’à 7 stops de stabilisation interne (IBIS) • Vidéo 6.2K/30P 10 bits 4:2:2 / F-Log 2 / Sortie Apple ProRes Raw ou Blackmagic Raw 14 Les brèves Art Paris La 25e édition de la foire Art Paris présente 134 galeries venues de 25 pays, dont 60 % sont françaises. Deux thématiques structurent ce nouveau rendez-vous : « Art & Engagement », sous le commissariat de Marc Donnadieu, qui met en avant une vingtaine d’artistes de la scène hexagonale ; et « L’Exil : dépossession et résistances », sous la direction d’Amanda Abi Khalil, qui se focalise sur 18 artistes internationaux. « Si l’art ne change pas le monde, il y a des œuvres qui résistent et s’opposent à leur façon aux coups portés, explique Marc Donnadieu. Des œuvres qui forcent à la clairvoyance, à l’émancipation, à l’empathie et nous obligent à ouvrir notre regard sur l’art comme sur le monde, leur histoire ou leur actualité. » Amanda Abi Khalil, quant à elle, déclare : « Dans un contexte actuel de tensions migratoires exacerbées pour cause de guerres, crises économiques et climatiques, cette ligne thématique propose d’aborder l’exil comme processus complexe, poreux et personnel, pour l’entendre au-delà de sa connotation strictement géographique ou identitaire. » À noter également côté 8e art : les premières participations de Bigaignon et de la Fisheye Gallery, ainsi que le retour de la galerie Camera Obscura. Du 30.03 au 02.04 Grand Palais éphémère, Paris (7e ) www.artparis.com Textes : Éric Karsenty & Alexandre Mouawad 100 % L’Expo Jeunes artistes et grandes écoles prennent leur quartier à La Villette, aussi bien dans la grande Halle que dans le parc. Au programme de cette 5e édition du festival dédié à la scène émergente ou en voie de l’être, des expositions plus ou moins collectives, des performances en pagaille, des rencontres stimulantes, les projections des films de ceux qui feront le cinéma de demain, et même du cirque, ou presque, les vendredi et samedi 7 et 8 avril à 20 heures. L’ENSP d’Arles, les Beaux-Arts de Paris, Lyon et Marseille, Kourtrajmé, la Fémis ou encore la Villa Arson seront de la partie… Qui dit mieux ? Il est à noter également que l’ensemble de l’événement est conçu avec des matériaux de récupération repensés pour l’occasion. Même en cherchant bien, nous ne voyons aucune raison de ne pas s’y rendre. Du 05.04 au 23.04 La Villette, Paris (19e ) www.lavillette.com Double horizon Cette exposition chorale tourquennoise organisée autour de l’artiste ouzbèke Saodat Ismailova a, comme elle l’indique, un titre à double sens. Côté pile il renvoie à l’une des installations prototypiques de la vidéaste photographe, Two Horizons, composée de deux écrans qui dressent un parallèle sidérant, voire sidéral, entre deux lieux situés à 20 kilomètres de distance : la tombe de Qorkut, le premier chaman turc à avoir lévité, à en croire la mythologie, et la base soviétique ayant vu le premier homme s’élever dans l’espace, Youri Gargarine. Côté face, Double horizon évoque le travail de confrontation entre les travaux de l’artiste et ceux de ses glorieux·ses contemporain·es ou prédécesseur·es, venu·es d’Asie centrale ou d’ailleurs, autour de questions chères à son cœur, telles que la vie sur les rives du fleuve Amou-Daria, les rites ancestraux à l’épreuve de l’ultramodernité, les places de la femme ou « l’énigme persistante du vivant ». Parmi les artistes, dont certaines œuvres sont présentées pour la première fois en Europe, Henri Michaux, Mona Hatoum, Joseph Beuys, le plasticien kirghize Chingiz Aidarov ou l’« art-chéologue de l’URSS » Vyacheslav Akhunov, pour ne citer qu’eux. Jusqu’au 30.04 Le Fresnoy, Tourcoing (59) www.lefresnoy.net ©CourtesyIbasho,HideyukiIshibashi,Fossil9,2020.©AntoineDenoual,MyBodyandI,2021.©Droitsréservés,collectionCentrePompidou,Paris.SaodatIsmailova,1924,del’ensembleTheLetters,2014-2017. 50mm F1.4 DG DN SIGMA vous présente : le “50mm F1.4 ART ” pour hybrides. La nouvelle référence en matière d'expression artistique. Conçu pour les appareils hybrides Plein Format Etui, pare soleil en corolle avec verrouillage (LH782-02) fournis. Disponibles en montures L-mount* et Sony E *La marque L-Mount est une marque déposée de Leica Camera AG. Sigma France S.A.S. - 59260 LEZENNES - tél. 03 20 59 15 15 - RCS B 391604832 LILLE - www.sigma-photo.fr sigmafrance 16 L’expérience Un certain nombre d’œuvres en réalité virtuelle explorent la période de l’adolescence, utilisant la technologie pour questionner la complexité émotionnelle de ces années dites « ingrates ». L’idée ? Transformer chaque installation en parcours initiatique. Texte : Maxime Delcourt Regarde ta jeunesse dans les yeux En 2050, la fréquentation des boîtes de nuit est devenue un acte religieux. Ces lieux obscurs sont à présent des temples où la plupart des adhérents sont accros aux implants physiques ou technologiques. Ils y voient un moyen de ressentir davantage la musique via diverses vibrations internes. Ils y façonnent une nouvelle identité à travers des codes vestimentaires, l'art corporel ou l'usage de substances récréatives. Certains y déploient même des comportements hérités des rites monothéistes. Cette histoire, totalement fictive, constitue le point de départ de Clubbism, une œuvre imaginée par Jérémy Griffaud en 2018. Pour celle-ci, le Français, diplômé du Pavillon Bosio à Monaco en 2017, s'est inspiré de son expérience de clubbeur, mais aussi de réflexions sociologiques : qu'est-ce qui peut bien amener les jeunes générations à adopter, une fois en boîte, les mêmes comportements que ces personnes en pleine conversion religieuse ? Qu'est-ce qui déclenche ce besoin de s'oublier, de se fondre dans une communauté ? Pourquoi a-t-on besoin de dépasser notre condition d'humain ? Durant la conception de Clubbism, Jérémy Griffaud a parcouru de nombreux forums en quête d'individus détaillant leur conversion à une religion : « Généralement, il s'agissait de personnes entre 16 et 35 ans qui racontaient leur ressenti spirituel, le regard changeant de leur entourage, leur apaisement, leur fragilité et leur sentiment d'appartenance. J'ai transposé tous ces récits afin qu'ils se fondent dans l'univers de science-fiction de Clubbism. » Sur sa lancée, Jérémy Griffaud reconnaît volontiers que la thématique de l'adolescence traverse un grand nombre de ses créations. Pensons à Appropriation, où il tourne en dérision la marchandisationdel'imagedeJoyDivision,cegroupecultevénéréparplusieurs générationsd’adolescents.PensonsaussiàDungeon,unfilmd'animation coréalisé avec son frère Julien questionnant l'adolescence à travers les réseaux sociaux. À chaque fois la même conviction : « Lenumériqueestlevecteuridéalpouramenerlesjeunesoulespersonnes plus éloignées du monde de l'art à connaître une expérience purementartistique.Ilpermetdeproposerdesformesd'arttrèsspectaculaires, séduisantes et faciles d'accès qui ne sont pas pour autant du pur divertissement. » Mutations adolescentes Cette réflexion, Jérémy Griffaud n'est pas le seul à la formuler. Au sein des arts numériques, ils sont même nombreux à questionner le désarroi, l'espoir, l'ambition et les inquiétudes d'une jeunesse en proie à ses émotions, coincée entre un présent à accepter et un futur à imaginer. Dans un numéro précédent, nous évoquions l’œuvre de Sara Sadik, parfaitement Jérémy Griffaud, Dungeon. matmutpourlesarts.fr Léa,série«Lacouleurchair»,2016©ClarketPougnaud,ADAGP,2023,Paris
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