PREMIÈRE n°553 - Page 4 - 553 PHOTO: GUILLAUME VAN LAETHEM – THANAPORN ARKMANON © LARGO WINCH : LE PRIX DE L’ARGENT 2024 PAN CINEMA – VERSUS PRODUCTION – TF1 FILMS PRODUCTION – RTBF (T ÉLÉVISION BELGE ) – VOO ET BE TV – PROXIMUS – L.M.D.C PRODUCTIONS – PAN-EUROPÉENNE PAN CINEMA ET VERSUS PRODUCTION PRÉSENTENT TOMER SISLEY JAMES FRANCO L E P R I X D E L ’ A R G E N T UN FILM DE OLIVIER MASSET-DEPASSE CLOTILDE HESME ÉLISE TILLOLOY PRODUIT PAR NATHALIE GASTALDO GODEAU ET JACQUES-HENRI BRONCKART D’APRÈS LA SÉRIE DE BANDES DESSINÉES “LARGO WINCH”DE VAN HAMME ET FRANCQ PUBLIÉE AUX EDITIONS DUPUIS UNE COPRODUCTION PAN CINEMA VERSUS PRODUCTION TF1 FILMS PRODUCTION RTBF (TÉLÉVISION BELGE) VOO ET BE TV PROXIMUS ET L.M.D.C PRODUCTIONS COPRODUIT PAR PHILIPPE GODEAU PRODUCTEURS ASSOCIÉS CAMILLE GENTET TANGUY DEKEYSER PHILIPPE LOGIE VALÉRIE BERLEMONT ET JÉRÔME TELLIN PRODUCTEURS EXÉCUTIFS GWENNAËLLE LIBERT ET JEAN-YVES ASSELIN AVEC LE SOUTIEN DE CANAL+ AVEC LA PARTICIPATION DE CINÉ+ AVEC LA PARTICIPATION DE TF1 ET TMC EN ASSOCIATION AVEC SOFITVCINE 10 EN ASSOCIATION AVEC CINEAXE 4 CINEMAGE 17 COFINOVA 19 INDÉFILMS 12 ET PALATINE ÉTOILE 21 AVEC L’AIDE DU CENTRE DU CINÉMA ET DE L’AUDIOVISUEL DE LA FÉDÉRATION WALLONIE BRUXELLES AVEC LA PARTICIPATION DE WALLIMAGE (LA WALLONIE) ET LA RÉGION DE BRUXELLES CAPITALE AVEC LE SOUTIEN DU TAX SHELTER DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL BELGE ET D’INVER TAX SHELTER DU PROGRAMME EUROPE CRÉATIVE MEDIA DE L’UNION EUROPÉENNE DE LA PROCIREP ET DE L’ANGOA DISTRIBUTION PAN DISTRIBUTION EN ASSOCIATION AVEC VUELTA MEDIA AVEC LA PARTICIPATION DE DENIS O’HARE IMAGE STÉPHANE VALLÉE AFC MONTAGE DAMIEN KEYEUX MUSIQUE ORIGINALE FREDERIC VERCHEVAL SON THOMAS GASTINEL THOMAS GAUDER XAVIER DUJARDIN JEREMY HASSID DÉCORS PIERRE RENSON COSTUMES LAËTITIA BOUIX CASTING MATHILDE SNODGRASS ADAPTATION SCÉNARIO ET DIALOGUES OLIVIER MASSET-DEPASSE DOMENICO LA PORTA GIORDANO GEDERLINI ET JEAN VAN HAMME TOMER SISLEY JAMES FRANCO UN FILM DE OLIVIER MASSET-DEPASSE PAN CINEMA et VERSUS PRODUCTION présentent LE 31 JUILLET AU CINÉMA “Tomer Sisley se donne corps et armes dans un film spectaculaire” PREMIERE “Un 3ème volet explosif” RTL “Largo Winch réussit la passe de 3 !” LE PARISIEN EN VENTE ACTUELLEMENT PREMIERE.FR PHOTODECOUVERTURE ©WarnerBros.Picturesrelease. Pourjoindrelarédactioncomposerle017039suividun°depostedevotrecorrespondant RÉDACTION GAËL GOLHEN : Rédacteur en chef (53 90) – ggolhen@premiere.fr THIERRY CHEZE : Rédacteur en chef magazine (43 95) – tcheze@premiere.fr ÉDOUARD OROZCO : Rédacteur en chef adjoint numérique (5384) – eorozco@premiere.fr FRÉDÉRIC FOUBERT : Rédacteur (5389) – ffoubert@premiere.fr SYLVESTRE PICARD : Rédacteur (5394) – spicard@premiere.fr THOMAS BAUREZ : Rédacteur (43 90) – tbaurez@premiere.fr ÉLODIE BARDINET : Rédactrice – ebardinet@premiere.fr FRANÇOIS LÉGER : Rédacteur – fleger@premiere.fr CHARLES MARTIN : Rédacteur – cmartin@premiere.fr COLLABORATIONS DIRECTEURARTISTIQUE:ÉMILIEN GUILLON RÉDACTRICEGRAPHISTE:HÉLÈNE GIQUELLO PHOTO:NELLY MACHANEK 1RE SECRÉTAIREDERÉDACTION:ESTELLE RUET(5388)–eruet@premiere.fr SECRÉTAIRESDERÉDACTION:ISABELLE CALMETS,MARIANNE RAVEL TEXTES:BASTIENASSIÉ,JONATHANBLANCHET,GUILLAUMEBONNET,LUCIECHIQUER, ANTHÉACLAUX,FRANÇOISGRELET,LOUHUPPEL,DAMIENLEBLANC,NICOLASMORENO, MICHAËLPATIN,EMMAPOESY,THÉORIBETON,ROMAINTHORAL. 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Papier:origineAllemagne, tauxdefibresrecyclées:100%, certification:PEFC100%, eutrophisation:Ptot0,003kg/tonne. PEFC/18-31-379 Certifié PEFC Papier de forêts gérées durablement et de sources contrôlées www.pefc-france.org Avec lesoutiendu Édito VOTEZ BURTON! est un peu le fruit du hasard, mais c’est un timing idéal. Le nouveau film de Tim Burton en couverture de notre numéro d’été ne pouvait en effet pas mieux tomber. Un peu comme Wes Anderson ou Guillermo del Toro, Burton est un artiste qui a toujours vu dans le cinéma une échappatoire, un moyen de dépasser le sentiment d’oppression qu’il ressentait face au réel, et une manière de s’engager. De militer même. Pour les marginaux, les sans-grade et les laissés-pour-compte qui n’ont pas tous des ciseaux au bout des doigts. On vous entend depuis notre bureau. Politique, le cinéma de Burton? Vraiment? Oui si l’on estime que lutter contre le totalitarisme du beau, du blond, du normé est politique. Oui si l’on rappelle à longueur de films que l’altérité est une richesse et pas simplement une malédiction. Même dans une comédie aussi cintrée que Beetlejuice (dont la suite arrive, vous l’avez compris), ce gentil poète du bizarre faisait danser les convives d’un dîner macabre sur une chanson antiraciste (le fameux Day-O de Harry Belafonte). Pour ce drôle d’été qui s’annonce, un conseil : votez Burton! GAËL GOLHEN RÉDACTEUR EN CHEF C’ Juillet - Août 2024 4 Sommaire N ° 5 5 3 – J U I L L E T - A O Û T 2 0 2 4 08 LESNEWS 28 ENCOUVERTUREBeetlejuice Beetlejuice 36 PORTRAITAdam Bessa 38 PORTRAITMegan Northam 40 INTERVIEWTomer Sisley 42 DÉBRIEFCannes 2024 48 RENCONTREKevin Costner 54 INTERVIEWMatthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière 58 INTERVIEWTerry Gilliam 62 FOCUSDeadpool & Wolverine 66 FOCUSLes séries de l’été s’engagent 70 CLASSICSThe Crow 75 ENSALLES 92 STREAMING/VOD/DVD 94 SÉRIES 97 AGENDA 98 LEFILMQUI…Jérémy Clapin 40 48 28 36 58 54 62 66 38 70 42 Juillet - Août 2024 6 Juillet - Août 2024 8 NEWS L ongtemps, il a dû penser qu’il était né à la mauvaise époque : dans les années 30, il aurait été Errol Flynn. Aujourd’hui, les beautés symétriques et apolliniennes n’ont plus la cote, cédant à des formes décadentes, mi-ténébreuses, miinfantiles – voir la folie estivale autour du hot rodent boyfriend, ce nouveau type de sex symbol à tête d’adorable petit rat, comme Timothée Chalamet, Jeremy Allen White ou le casting de Challengers. Glen Powell tient plutôt du lion, ou du cheval de gala. Sa toison blonde, son regard de rentier orgueilleux, son sourire Colgate et ses abdos de plagiste hossegorien l’ont premièrement relégué à des rôles de connard bellâtre, culminant dans Top Gun : Maverick, où Tom Cruise lui avait conseillé d’y aller plein pot sur le côté douchebag. Quelque chose a changé à partir de l’édénique Everybody wants some et sa célébration quasi anachronique d’une bande de garçons à la beauté solaire et au bonheur sans fêlures. Voilà ce que Powell, depuis le carton en 2023 de sa toute première tête d’affiche, la romcom Tout sauf toi, incarne : une ode à la perfection lisse qui ne s’excuse pas d’en être une, assume joyeusement le roman Harlequin, le téléfilm érotique et ose un peu s’abîmer, en riant de son côté godiche ou beauf – ce qu’on attend de Twisters. Son plus fidèle allié, le camarade austinien Richard Linklater, sait qu’il y a un peu plus que cela sous le capot, et lui a carrément proposé de coécrire Hit Man, romcom d’action que les Français ne pourront hélas pas voir avant son passage sur Canal en septembre. Les stars emo et autres comiques de proximité n’ont qu’à bien se tenir : les Ken n’ont pas dit leur dernier mot. u PARCEQU’IL LE VAUT BIEN © DR Passé en quelques années de bellâtre d’arrière-fond à tête d’affiche multi-casquettes entre la romcom Hit Man et le film catastrophe Twisters, Glen Powell est le prince charmant que Hollywood n’espérait plus.u PAR ROMAIN THORAL HIT MAN De Richard Linklater • Sur My Canal à la rentrée TWISTERS De Lee Isaac Chung • Sortie 17 juillet Juillet - Août 2024 8 UN FILM DE MARIA ALCHÉ ET BENJAMIN NAISHTAT LA COMÉDIE PHÉNOMÈNE DE L’ANNÉE EN ARGENTINE LE 03 JUILLET AU CINÉMA LE 03 JUILLET AU CINÉMA PROFESOR EL MARCELO SUBIOTTO LEONARDO SBARAGLIA MAISQUIVA BIENPOUVOIR SAUVER L’ETEUS? E n d’autres temps, le magazine que vous tenez entre les mains consacrait en cette période de l’année non seulement sa une, mais aussi les trois quarts de sa pagination à l’été américain. Et puis un beau jour, quelqu’un a décidé que la saison commencerait en plein avril et que tous les films seraient terminés à la dernière minute. La presse a dû s’adapter et c’est comme ça qu’en juillet-août 2024, vous vous retrouvez avec un numéro de Première qui met en couv un film prévu pour septembre et à son sommaire des blockbusters français (Largo Winch! Monte-Cristo! Le Festival de Cannes). Mais où sont donc passés les films pop-cornclaquettes? Eh bien, pour le savoir, nous allons nous astreindre ici à lister patiemment toute la programmation de l’été. Précisons d’abord que le catalogue ne sera pas du genre touffu. Les multiplexes et les vacanciers payent ici les conséquences de la grève qui, à l’automne dernier, a mis l’industrie hollywoodienne entièrement à l’arrêt, et ceci pendant plusieurs mois. L’actualité des tentpoles devrait donc, sans trop de difficulté, tenir sur ces deux modestes pages. On conseille par ailleurs de tourner la suivante à ceux qui veulent tout de suite leur dose de fun, de suspense, d’amour et d’action, c’est-àdire tout ce que le Hollywood de 2024 et ce papier ne leur offriront pas. I–LESGADINSDEJUIN L’avantage de ces étés à rallonge est qu’on peut en tirer un premier bilan dès la mi-juin, c’est-àdire au moment où l’on boucle ce numéro. Il sera d’une simplicité biblique : il n’y a quasiment eu que des plantades. The Fall Guy : une catastrophe. La Planète des singes : Le Nouveau Royaume : deux fois moins de billets que L’Affrontement. Blue & Compagnie : gentiment médiocre. Furiosa : désastre atomique, le Wasteland du profit capitaliste. Garfield : Héros malgré lui : un bon petit carton, lui. Les miraculeux 200 millions rapportés par le gros chat n’ont cependant pas empêché les analystes de constater que le « box-office international des films américains sortis en mai » était en recul de 52 % par rapport à l’année précédente, et de 58 % par rapport à 2022. (Qui sont les pires? Ceux qui calculent ces stats ou ceux qui les recopient?) Même si tout le monde semblait s’attendre à un décrochage post-grève, personne n’imaginait que les salles US ressembleraient d’un coup au désert de Gobi. La mort du cinéma a donc été annoncée, et soudainement repoussée lorsque Bad Boys : Ride or Die rapporta beaucoup plus d’argent que ce que prophétisaient les trackings (des prévisions basées sur le système de préventes de ticket). Deux ans plus tard, le public avait bel et bien absous Will Smith de sa gifle infligée à Chris Rock aux Oscars – mais lui en avait-il vraiment tenu rigueur? Par ailleurs, tout le monde notait que la forme la plus primitive du genre tentpole (de l’action, une licence, une star), même menée sur un mode gériatrique, pouvait encore remplir les salles de manière quasi infaillible. George Miller et Ryan Gosling qui finissent leur cascade dans le mur alors que Will Smith fait oublier sa baffe et son âge : à la mi-juin, l’été US, qu’on annonçait flagada, était déjà riche en coups de théâtre et en bonnes histoires. Allait-il continuer sur cette lancée? Des chiffres, des tempêtes, des come-back et un peu de streaming : Première vous dévoile en trois minisodes le grand feuilleton industriel de votre été ciné 2024.u PAR ROMAIN THORAL © DR Juillet - Août 2024 10 PAGE SAUMON À LA PÊCHE AUX GROS CHIFFRES II–ENJUILLET,PLEINDEBILLETS? Le respect strict de cette formule, c’est ce qui distingue Bad Boys 4 non seulement des autres gadins de la saison, mais aussi du blockbuster estival proposé par Netflix à ses abonnés, Le Flic de Beverly Hills : Axel F. (disponible le 7 juillet). Si les profils des deux films semblent extrêmement proches (ils partagent leur producteur, Jerry Bruckheimer, et devaient être tous deux mis en scène par le même duo, Adil El Arbi et Bilall Fallah), le second ne sera finalement visible que sur une plateforme, puisque la Paramount, à qui il revenait de droit (d’auteur), n’en a pas voulu. Eddie Murphy a beau ériger Top Gun : Maverick en exemple majeur de ce sequel tardif, tout le monde peut remarquer ce qui distingue aujourd’hui sa carrière de celle de Tom Cruise. Au rayon revival toujours, Twisters (sortie le 17 juillet), suite inattendue d’un vieux hit inattendu de l’été 96, ressemble encore, de là où nous sommes, plus d’un mois avant son lancement, à une énigme totale. La chasse aux tornades sera menée par les très sexy Glen Powell et Daisy Edgar-Jones (Là où chantent les écrevisses), mais ces deux-là sont-ils aussi hot que Hollywood le prétend? Les plus optimistes affirment qu’un score autour des 700 millions worldwide est tout à fait envisageable, notamment parce qu’il s’agit de la seule proposition estivale à découvrir impérativement dans des salles Imax ou premium, c’est-à-dire là où le tarif d’entrée est deux fois plus cher qu’ailleurs. Ses deux concurrents juillettistes préfèrent de leur côté miser sur la simple gaudriole. Un positionnement qui va leur rapporter beaucoup puisque Moi, moche et méchant 4 (sortie le 10 juillet) et Deadpool & Wolverine (sortie le 24 juillet), l’un dans un registre purement familial, l’autre en draguant les plus de 17 ans, seront les deux coups sûrs de cet été 2024. Personne ne leur pardonnerait de ne pas frôler le milliard de dollars au tiroir-caisse mondial. III–ENAOÛT,ÇADOUTE Un objectif qui semble très éloigné de la fournée de gros machins prévus pour le mois d’août et composés exclusivement d’outsiders. Le nouveau Shyamalan, Trap (sortie le 7 août), thriller « huis clos high-concept » avec Josh Hartnett, peut tout aussi bien aller titiller les 250 millions comme l’avait fait Split, ou s’approcher plus péniblement des 60 comme le récent Knock at the cabin : ça dépendra probablement de l’efficacité de son twist. L’adaptation de Borderlands par Eli Roth (sortie le 7 août) ressemble, elle, un peu trop à un simili-Gardiens de la Galaxie ou à un Deadpool sans débordement gore, donc à un sous-produit, pour devenir le hit surprise espéré par son studio Lionsgate. À vrai dire ça sent même la glissade : l’acteur le plus bankable du générique, le comique Kevin Hart, n’a plus tourné pour le grand écran depuis au moins cinq ans, préférant enchaîner les couillonades sur diverses plateformes – avec un certain succès, certes. Son public télé le suivra-t-il dans les multiplexes? C’est la problématique qui agitera également le revenant Kevin Costner sous son Stetson. Les deux volets de la saga Horizon (sortie aux US le 28 juin et le 16 août) ont été conçus pour les (et grâce aux) spectateurs de sa série Yellowstone : les trackings annoncent pour l’heure un échec tragique (on parle même, en hommage à Michael Cimino, de Kevin’s Gate), mais ils ne sondent quasiment pas l’Amérique du milieu. Que Kevin se rassure, ce n’est pas sur ces territoires-là que viendra braconner Jamais plus – It ends with us (sortie le 14 août), adaptation d’un best-seller publié en 2016 et qui a viré au phénomène viral six ans plus tard. Une romance qui débute de façon très fleur bleue avant de causer subitement d’emprise, d’alcoolisme et de violences conjugales. Blake Lively aurait-elle enfin droit à son premier gros hit ciné? La bande-annonce mise en ligne à la fin du mois de mai a fait un tabac et a même surpris son distributeur Sony, qui pense désormais tenir le nouveau Où chantent les écrevisses, voire encore mieux que ça. Disney de son côté ne semble miser que très modérément sur Alien : Romulus. Conçu pour le streaming, le film a été redirigé vers les salles de cinéma au moment de son tournage. Ce qui explique sa fabrication dans des studios hongrois, son budget plus que serré (40 millions) et son absence totale de tête d’affiche (notre chouchoute Cailee Spaeny, vue dans Civil War, est encore une inconnue). Bref, si ce nouvel Alien, dont l’histoire est intercalée entre le premier et le second volet, fait le score du Predator de 2018, autour des 150 millions, tout le monde sera ab-so-lu-ment ra-vi. Et après? Eh bien, ce sera septembre, donc encore un peu l’été 2024, il restera un Brad Pitt/George Clooney, Wolfs, et un Tim Burton, Beetlejuice Beetlejuice, à se mettre sous la dent. Ça vous paraît un peu léger? Vous sentez déjà venir le manque de fun, de suspense, d’amour et d’action? On vous le redit une dernière fois : suffit de tourner la page pour trouver votre dose. u Juillet - Août 2024 11 TITRE dexxxxx • Sortiexxxxx TITRE dexxxxx • Sortiexxxxx TITRE dexxxxx • Sortiexxxxx © COURTESY OF SUNDANCE INSTITUTE / DR © DR Juillet - Août 2024 12 MICROCLIMAT TENDANCE OU COÏNCIDENCE? Là-haut DansSkywalkers:ALoveStory,deuxvoltigeursrussess’aimentau sommetdesplushautsbuildingsettententleurplusgrandecascade danslanuitdelafinaledeCoupedumonde.Silesbonsblockbusters existaientencore,ilsressembleraientàcedocufou.u PARGUILLAUME BONNET SKY WALKERS : A LOVE STORY De Jeff Zimbalist & Maria Bukhonina • Documentaire • Sur Netflix le 19 juillet P hilippe Petit qui passe entre les deux tours jumelles du World Trade Center, il y avait des souvenirs, deux ou trois photos, mais surtout la poésie de l’instant, un truc que lui seul avait vécu, sans assistance, sans public, sans caméras. C’était en 1974, il y a cinquante ans. Un docu magistral, Le Funambule (2008), a depuis raconté cette histoire, avant que le moins magistral The Walk de Robert Zemeckis ne la reconstitue en 2015. Les deux voltigeurs russes Angela Nikolau et Ivan Beerkus auront fait les choses différemment. Purs produits du monde instagramé du XXIe siècle, ils sont à mi-chemin entre des performance artists vivant de leurs clicks et de leurs likes, et des athlètes de l’extrême, prévoyant leurs expéditions des mois à l’avance, avec l’aide de sponsors et d’équipes caméra de haute volée. Elle est plus danseuse, lui plus casse-cou, ils se rencontrent, font affaire (donc équipe), tombent amoureux et deviennent un duo de daredevils romantiques, globe-trotteurs mondiaux du hold-up d’images folles, captées au sommet des plus grands buildings et monuments du monde. Leur œuvre éphémère se consomme ensuite sur leurs réseaux, sous forme de clichés trompe-la-mort et de plans de drones tournés avec un sens aigu de la pose graphique et de la mise en scène de leur propre mise en danger. Pour les suivre dans le film de Jeff Zimbalist, il faut leur courir après, se faire arrêter par les flics français après avoir tenté un coup raté à Notre-Dame (que Philippe Petit, lui, avait réussi), renoncer à tel ou tel exploit pour cause de dispute, de blessure ou de crise de confiance. Vertige amoureux La beauté de la trajectoire est qu’elle ne peut qu’épouser les hauts et les bas de leur histoire de couple. S’ils s’aiment vraiment, il est probable qu’ils y perdront l’insouciance et le sang-froid nécessaires pour laisser l’autre risquer sa peau. Mais pas sûr non plus qu’ils puissent s’aimer pareil sans l’excitation du vertige amoureux qui, dans leur cas, n’est pas une façon de parler, mais une façon de vivre et de voir le monde. Cette fois, contrairement à Petit et au Funambule, rien n’est reconstitué, tout est vécu en direct, filmé sur place, sur le moment : les erreurs de planification, les équipes de surveillance ou de travaux qui vont leur tomber dessus, le moment où la mission doit être abandonnée mais où les deux jeunes gens décident de poursuivre leur quête, parce qu’ils sont trop près du but (et du précipice) et que la restauration de leur amour est à ce prix. Le film balance alors entre docu d’alpinisme (type Meru) et parabole lyrique irrésistible sur le sentiment amoureux. Ça se passe en haut des buildings, le vent emporte les cheveux et rosit les joues, le sol se dérobe sous les pieds et quelque chose de majestueux se passe, comme un couple de patineurs artistiques qui glisserait au-dessus des nuages, là où tout, manifestement, se vit beaucoup plus fort. Et l’on réalise que, tout comme la beauté du geste du funambule Philippe Petit venait du moment de poésie qu’il avait vécu seul face au vide et en dehors du temps, la splendeur de celui d’Angela et Ivan vient de ce qu’ils le vivent à deux en mode blockbuster, ici, maintenant, devant nos yeux ébahis. Comme la version pop d’un vieil air traditionnel. Peut-on aimer autant les deux ? On le fait sans demander la permission. u 15000 films et séries sur www.premieremax.com 15000 films et séries sur www.premieremax.com
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