PIANISTE n°150 - Page 4 - 150 Pianiste 3 Un article paru dans l’édition du 11 novembre du Figaro titrait: «Ces pianistes qui réinventent avec succès le concert classique». Entendonsnous sur le terme «classique», qui regroupe la musique ancienne, baroque, classique, romantique, moderne et contemporaine. Première surprise, c’est le pianiste Tony Ann, brillant pianiste pop, qui vient illustrer l’article. «À l’image des autres pop pianistes, Tony Ann n’interprète pas du Chopin ou du Mozart mais ses propres compositions», écrit la journaliste. L’expression «concert classique» devient aventureuse dès lors que la plupart des musiciens cités, aussi talentueux soient-ils dans leur domaine, s’expriment dans un autre registre musical. Pourquoi entretenir cette confusion des genres (création pop versus interprétation classique)? Et pire encore, témoigner d'une forme de dénigrement vis-à-vis des solistes qui jouent le répertoire classique? De ce point de vue, un passage paraît assez problématique: «Être mis en avant sur Internet est indispensable aujourd’hui. Mais réussir à faire sortir les gens pour assister à un concert relève parfois de l’exploit. Comme Sofiane Pamart, Riopy ou Ludovico Einaudi et Belle Chen, Tony Ann a du savoir-faire en la matière. Les concertistes, qui voient parfois d’un œil méprisant ce phénomène, auraient à apprendre de cette génération. Issue elle aussi des meilleurs conservatoires, elle bouscule les récitals en adaptant les codes des concerts pop.» Que dire alors des bêtes de scène que sont Lang Lang, Confusion des genres ELSA FOTTORINO Rédactrice en chef ÉDITO Ce numéro comporte un encart abonnement SELECT PRESSE jeté sur la diffusion des abonnés France métropolitaine. Retrouvez tous nos numéros et nos offres d’abonnement sur www.pianiste.fr Découvrez nos vidéos pédagogiques sur notre chaîne YouTube Yuja Wang, Alexandre Kantorow, et bien d'autres? Les uns seraient donc des pros de l’image et de la com’ et les autres perclus dans leur tour d’ivoire préhistorique? C’est bien mal connaître la sphère classique et la diversité des propositions musicales qui cohabitent. Jouons le jeu de la comparaison: Belle Chen, 12,8k abonnés sur Instagram, Khatia Buniatishvili, 311,2k abonnés. Est-ce à cela qu’il faut juger la qualité et la pertinence d’un artiste? Peut-être faut-il rappeler certaines évidences: un concert de piano solo n’est pas nécessairement un «concert classique». Si l’héritage classique d’Elton John, qui a reçu une formation à la Royal Academy of Music de Londres, n’est plus à démontrer (écoutez, par exemple, The Greatest Discovery), personne n’aurait l’idée de l’assimiler à un musicien classique. Il n’en est pas moins génial! Alors pourquoi opposer ces musiciens qui ont tous leur légitimité dans le paysage musical? Y compris le formidable Cateen, aussi à l’aise dans la pop que dans le classique, un pont entre les deux mondes. Mais quel est au fond le message de cet article? Un concert purement «classique», ne serait pas culturellement pertinent? À l’heure où nous bouclons ces pages, l’intégrale Ravel de Bertrand Chamayou et le récital de Lang Lang sont en passe d’être complets à la Philharmonie de Paris. Pour assister au concert de Jean-Frédéric Neuburger dans cette même salle (2400 places) en décembre il ne reste qu’à s’inscrire sur liste d’attente. Oups, il n’est pas sur Instagram…! X Retrouvez nos offres d’abonnement en pages 4 et 61 et sur la boutique musique-magazines.fr Je m’abonne à Pianiste www.musique-magazines.fr Bulletin à renvoyer complété et accompagné de votre règlement à PIANISTE - Service Abonnements - 45 Avenue du Général Leclerc - 60643 Chantilly Cedex 01 55 56 70 78 OUI,je souhaite m’abonner à Pianiste et recevoir Le CD d’Alexandre Kantorow Je choisis mon offre : 2 ans d’abonnement pour 69€ (12 nos + 12 CD + 400p de partitions) 1 an d’abonnement pour 39€ (6 nos + 6 CD + 200p de partitions) Nom :............................................................................................................ Prénom :...................................................................................................... Adresse : .................................................................................................... ........................................................................................................................ 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Ci-joint mon règlement par : Chèque à l’ordre de Pianiste Carte bancaire N° : Expire fin : Date et signature obligatoires : PIPA150 J’accepte de recevoir les informations de Pianiste oui non et de ses partenaires oui non. www.musique-magazines.fr -35% deréduction! Nouveau site 1AN/ 6NUMÉROS + LE CD D’ALEXANDRE KANTOROW Pour 39€ au lieu de 53,40€ VOTRE cadeau Pianiste 5 32 pages d’œuvres pour tous les niveaux : des pages célèbres de Bach, Mozart, Chopin, Beethoven… annotées par A.-L. Gastaldi, S. Diluka, A.Sorel. Et un arrangement de la Lettre à Élise par P. Lay. MAGAZINE 03 Édito 06 Échos des concerts 08 Demandez le programme 13 Extrait Lettres à Marie, correpondance de Gabriel Fauré avec son épouse 14 Interview François-Xavier Poizat 16 Jeune Talent Ninon Hannecart-Ségal 17 La vie de pianiste La température du soliste 18 Reportage Concours international de piano d’Orléans 20 Grand entretien Émile Naoumoff 30 Une vie de légende Myra Hess EN COUVERTURE 25 Anatomie d'un tube Focus sur 10 morceaux incontournables du répertoire SOMMAIRE JANVIER FÉVRIER 2025 30 64 25 20 PÉDAGOGIE 36 Les règles du jeu De la phrase au geste 38 Échauffement 39 Entre les lignes Les notes étrangères 40 Profil d'une œuvre par Shani Diluka 42 Fiches techniques d'Alexandre Sorel 48 Le jazz de Paul Lay 50 La malle aux trésors d’Anne-Lise Gastaldi 52 Point d'orgue SUIVEZ LE GUIDE! 52 Cahier critique CD, livres, partitions 62 À votre portée 9 compositrices de 3 siècles 64 Feutres & marteaux Les pianos d'Illia Ovcharenko Banc d'essai 66 Ne tirez pas sur le pianiste! Szymon Nehring LECAHIERDEPARTITIONS Erratum Dans la rubrique Une Vie de légende consacré à Jean Hubeau de notre précédent numéro, la photo en noir et blanc d'un homonyme a été publiée par erreur. Toutes nos excuses à nos lecteurs. CAPTURE YOUTUBE / ÉRIC HELIOT / SDP / JEAN-BAPTISTE MILLOT 6 Pianiste SDP Châteauroux, du 18 au 23 octobre «L iszt l’athlète!», c’est le soust i t r e d e l a 23e édition des Lisztomanias de Châteauroux. Et il y a bien sûr quelque chose qui tient de l’exploit physique à présenter les 12 études d’exécution transcendantes comme le fait Gaspard Dehaene. Un peu plus d’une heure de musique d’une complexité extrême, et la première ascension de cet Everest pianistique (sans oxygène) par le pianiste français. Dehaene nous offre un récital inégal mais ponctué de belles réussites, notamment des Harmonies du soir au chant intérieur riche et concentré. Jean-Paul Gasparian, lui aussi programmé dans la chapelle des Rédemptoristes, a choisi les transcriptions d’opéras de Liszt dans un récital maîtrisé de bout en bout. Un programme qui confirme tout le bien que l’on pense de ce pianiste qui nous a fait entendre quelques moments d’exception, notamment un Miserere du Trovatore grave, hautain, puissant ainsi que le superbe adagio de Spartacus de Khachaturian, que l’on entend pour la deuxième fois du week-end! Gasparian l’avait donné dans le joyeux désordre pianistique du concert au 9 Cube, une salle de Châteauroux, la veille. Entre les Debussy, Chopin et Satie de Denis Pascal, le violon de Nicolas Dautricourt, et les improvisations de Paul Lay, Jean-Baptiste Doulcet, ou celles de Karol Beffa sur les thèmes du public. Le récital de Vadym Kholodenko sur la scène de l’Équinoxe tient lui du tour de force. Dans Chopin, l’Ukrainien nous présente un monde onirique, grave et légendaire. On y entend un chant intérieur mélancolique. Un lyrisme solennel servi par un legato en lévitation, une splendeur de son et une richesse harmonique. La première partie Liszt, magistrale, est enchaînée sans applaudissements : les Sonnets de Pétrarque 123 & 104, une Invocation au magma d’accords orchestraux, et Après une Lecture de Dante suivi de la Tarantelle. Cette partie Liszt est conçue comme un objet esthétique à part entière: une course crépusculaire vers les abîmes. La Dante-Sonata semble irréelle avec ses sonorités graves et denses – un souffle qui fait oublier les marteaux du piano. Le pianiste joue avec la matière même de l’œuvre, pour la présenter plus grande, plus vaste qu’elle ne l’est. Ce qui nous marque avant tout ici, c’est l’ambition de Vadym Kholodenko. Son interprétation personnelle inégalée et inégalable. X RÉMI MONTI DESCONCERTS Écho Une programmation de haut vol a cette année encore donné des ailes aux spectateurs des Rencontres internationales Franz Liszt. PIANO ROI AUX LISZTOMANIAS Jean-Paul Gasparian. Vadym Kholodenko. Pianiste 7 SDP-MAXIM ABROSSIMOW / CAPTURE D’ÉCRAN YOUTUBE La pianiste russe devrait être à l’affiche de toutes les grandes saisons de l’Hexagone. Celle qui se fait encore trop rare à Paris donnait le concert d’ouverture du festival bordelais L’Esprit du piano, à la programmation toujours audacieuse. YULIANNA AVDEEVA, CŒUR ROMANTIQUE G rigori Sokolov et Sergeï Babayan étaient réunis à la Salle Cortot pour rendre hommage à Pavel Kouchnir, pianiste russe mort en prison en juillet 2024. Né à Tambov (juste à côté d’Ivanovka, la résidence de Rachmaninov), étudiant au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, ses engagements l’auront mené à Koursk, Kourgan puis à la Philharmonie de Birobidjan où il travaillait depuis deux ans. Il publiera quatre vidéos dénonçant l’invasion Russe en Ukraine sur une chaîne YouTube comptant cinq abonnés au moment de sa publication. L’audience n’a pas d’importance pour le régime russe: il finira en prison et y trouvera la mort, officiellement suite à une grève de la soif. L’hommage est rendu par deux monstres du piano, réunis par l’association L’Atelier des artistes en exil: le Pétersbourgeois Sokolov, resté toute sa vie en marge des institutions du pays et dont la carrière s’est tournée vers l’Europe. L’Arménien né en URSS et naturalisé américainSergeï Babayan. Le premier jouera Schumann et Chopin. Des Mazurkas dont chaque note est imprégnée de la mystique et de l’intensité d’un poème de Scriabine. En unique bis, sa vision mythique du Prélude op. 28, n° 20 du Polonais, la force brute, magistrale et solennelle qui résonne dans une salle faite sépulcre. Le second nous donnera une leçon de piano dans Arvo Pärt, Liszt, Schubert puis dans un Rachmaninov qui chante à chaque instant, racé et rigoureux. X RÉMI MONTI Bordeaux, le 18 novembre P remier prix du Concours Chopin en 2010, on la découvrait à Varsovie alors jeune pianiste; la pureté du son associée à la clarté de la ligne faisait merveille chez le compositeur polonais. Quinze ans plus tard, on reconnaît son jeu immaculé, son sens inné du rubato, sa hauteur de vue. À l’image de son dernier enregistrement dédié à Chopin, qui mérite toutes les distinctions. À l’auditorium de Bordeaux, dans une salle pleine, elle réchauffe cette soirée d’automne avec un récital qui fait vibrer le cœur du romantisme. Dans une première partie, elle passe du Chopin « rustique » des Quatre Mazurkas op. 30 – dont elle révèle toute l’intelligence rythmique et l’esprit populaire – à un Chopin plus lyrique avec une Barcarolle miraculeuse ou encore héroïque, à travers le 3e Scherzo et la Grande Polonaise brillante. Là encore, elle fait autorité. On ne distingue jamais d’épaisseur dans son jeu, ni dans le son, ni dans la pédale. Il ne manque ni de fougue ni de profondeur, c’est là tout le paradoxe. Tout se joue dans la science des contrastes et une diction impeccables portées par l’acoustique si définie de la salle. Sa virtuosité ailée n’a d’égal que l’intériorité de son propos. En deuxième partie, la pianiste s’abîme dans les entrailles du piano lisztien. Avec trois pièces, dont la chromatique Bagatelle sans tonalité et ses staccatos faussement légers avant d’enchaîner avec le bien nommé Unstern ! (Sinistre S. 208), funeste prélude au monument qu’est la Sonate en si mineur qui clôture ce concert. Là encore, dans cette lugubre course à l’abîme, Yulianna Avdeeva privilégie toujours la clarté, et sa puissance expressive l’emporte sur toute forme de séduction. Elle fait entrevoir des paysages qui n’existent plus, elle fait émerger des couleurs inouïes des aigus du piano, comme des mirages qui s’évanouissent pour revenir à un propos implacable et tragique. Mais un tragique dépouillé de larmes qu’elle a dû côtoyer de près pour l’exprimer avec tant de justesse. X ELSA FOTTORINO En concert à La Seine musicale le 30 janvier Paris, le 18 novembre HOMMAGEàPavelKouchnir 8 Pianiste DEMANDEZ LE PROGRAMME SDP / SIMON PAULY / CONSERVATOIRE-SR.COM Des récitals, des festivals et des belles salles… le piano a de beaux jours devant lui! PAR RÉMI MONTI DEMANDEZ LE PROGRAMME Salle Gaveau J ean-Marc Dumontet a acquis, pour 8 millions d’euros, la marque et le fonds d’exploitation de la Salle Gaveau. L’influent producteur de théâtre privé, déjà propriétaire de cinq salles à Paris (Bobino, Point Virgule, Théâtre Libre, Théâtre Antoine et Grand Point Virgule), a détaillé sa vision pour Gaveau auprès d’un journaliste de Télérama. L’idée directrice de Dumontet est claire, il faut: «recentrer DU NOUVEAU À GAVEAU le concept ». Son ambition est de redonner ses lettres de noblesse à la Salle Gaveau et de l’imposer comme «un lieu d’excellence». Il envisage de nombreux changements : refaire la façade, moderniser le logo, ouvrir un restaurant au sein de la salle… Mais surtout, repenser la programmation qu’il souhaite ouvrir à d’autres horizons (seul en scène, humour, créations...) et qui pâtit actuellement d’un «manque de visibilité». Côté musique classique, des partenaires de longue date comme Philippe Maillard Productions continueront de faire partie de l’aventure. Jean-Marc Dumontet renouvelle également sa confiance en la programmatrice actuelle Marie-Automne Peyregne, qui connaît musiciens, producteurs et partenaires. La saison 20252026 sera annoncée au premier trimeste. Le producteur d’Alex Lutz assure ne pas vouloir faire de Gaveau un «garage». Cependant, une question demeure: cette volonté d’élargir les genres et de développer des propositions alternatives au classique permettra-t-elle de résoudre les véritables problèmes de la Salle Gaveau? À ce jour, le lieu souffre d’un manque de cohérence et de vision dans sa programmation qui dégrade son identité artistique, d’une absence de force de prescription et d’un système d’abonnements inexistant. La communication, clé de la modernisation, devra être totalement repensée, bien au-delà des rénovations. Il s’agit de faire un pas vers le public avec des outils modernes, de promettre une expérience et de simplifier l’offre sans la dénaturer. Ce qui est certain, c’est que Gaveau devait évoluer. Le couple propriétaire, Chantal et Jean-Marie Fournier, souhaitait céder l’exploitation après s’en être occupé pendant plus de cinquante ans et avoir sauvé la salle de la faillite. Le processus de réinvention est en marche, porté par l’expertise incontestée de Jean-Marc Dumontet dans la gestion de lieux culturels. Mais le classique a-t-il vraiment besoin de se renouveler, a-t-il besoin d’autres genres pour soutenir une programmation intéressante ? Les modèles contraires existent. Une vision idéale aurait été une transformation s’inspirant du Wigmore Hall de Londres. Ce dernier incarne tout ce que Gaveau devrait aspirer à devenir: un temple de la musique de chambre, réputé pour son acoustique exceptionnelle et une programmation à la fois exigeante et attrayante, orchestrée par une direction qui voit loin. Ou bien, pour plus de « modernité », tournez-vous vers la Boulez Saal de Berlin. Please, copy and paste! Ou Bitte, kopieren und einfügen, si vous préférez, on n’est pas fermés! sallegaveau.com Pianiste 9 Nikolaï Lugansky ACTUS DU PIANO Concours nippon ➜ Le 12e Concours de Hamamatsu a sacré la Japonaise Manami Suzuki, devant Jonas Aumiller et Kaito Kobayashi. Son 3e Concerto de Beethoven, donné avec le Symphonique de Tokyo aura convaincu un jury présidé par Noriko Ogawa, où l’on retrouvait aussi Hortence Cartier-Bresson, Dang Thai Son ou Momo Kodama. Manami Suzuki vient ajouter son nom à une belle liste de lauréats où Sergeï Babayan, Alexander Gavrylyuk ou Seong-Jin Cho la précèdent. Fake news? ➜ Cela fait les gros titres partout dans le monde, un petit bout de partition vieux comme tout a été retrouvé au fond d’un tiroir! Mais surprise: les notes y ont été inscrites de la main de Chopin… une Valse inédite de Chopin a donc été découverte par un conservateur de la bibliothèque-musée Morgan de New York! Quel événement, n’est-ce pas? Eh bien, pas sûr… parce qu’il se pourrait qu’elle ne soit pas de lui et qu’elle ait été seulement notée de sa main. Donc chez Pianiste, on ne vous en parlera pas! On ne vous dira pas que ces traits «chopiniens» semblent assez grossiers et simplistes à la plupart des experts interrogés. Nous n’évoquerons pas non plus les débats autour de l’inexactitude rythmique, des indications de doigté sur un passage pourtant très facile qui fait penser à un exercice avec l’un de ses élèves. Nous ne mentionnerons pas qu’elle a été enregistrée par Piotr Anderszewski et Lang Lang, ce dernier y voyant «une noirceur dramatique qui se transforme en chose positive». Non, vous ne lirez rien de tout cela ici. Pas avant d’en savoir davantage! C ette année, triple dose de Lugansky à Paris ! Avant son récital annuel au Théâtre des Champs-Élysées en mars (suivi d’un récital à Lyon deux jours plus tard), le Russe sera de passage à la Maison de la Radio (16 janv.). C’est un plaisir d’entendre Lugansky invité dans autre chose qu’un concerto de Rachmaninov, qui plus est dans le 3e Concerto de Prokofiev, le plus joueur, ironique et tendre descinqqu’ilacomposés.Ladeuxièmepartieduconcertseratout sauf anecdotique: 5e Symphonie AUX BONHEURS DE LUGANSKY de Mahler! L’occasion pour le petit prodige de la direction d’orchestre Tarmo Peltokovski de confirmer les immenses espoirs que le public français place déjà enlui.Onprendlatélécommande pour baisser un peu le volume sonoretroisjoursplustard…dans unconcertPhilar’intime.Unebelle opportunité de découvrir une facettemoinsconnuedupianiste, rarementmiseenlumièrehorsde ses contrées: le Lugansky chambriste, dans le Quintette pour Piano et Cordes de Franck. maisondelaradioetdelamusique.fr L e Conservatoire Serge Rachmaninoff fête ses 100ans: un siècle de tradition musicale russe à Paris! Le lieu est fondé en1924 par des professeurs des conservatoires impériaux de Russie, émigrés à Paris à la suite de la révolution de1917. Parmi eux: Sergeï Rachmaninov, Fédor Chaliapine et Alexandre Glazounov. 100ans d’histoire donc, et la célébration d’un centenaire qui a failli ne jamais voir le jour, la mairie mettant en vente il y a deux ans les locaux du Conservatoire qui sera tout juste sauvé par la mobilisation d’artistes et de mécènes. Plusieurs événements sont prévus pour ce centenaire: la publication aux Éditions des Syrtes de Destins russes à Paris: Un siècle au Conservatoire Rachmaninoff, qui retrace le parcours d’artistes russes à partir des archives de l’établissement, l’inauguration d’une sculpture de Rachmaninoff, réalisée par l’artiste géorgien Besik Solomanashvili, une exposition rétrospective à la mairie du 16e arrondissement et l’inauguration d’une bibliothèque musicale. conservatoire-sr.com Un temple de la musique russe SDP – SCHNEIDER / SDP – LYODOH KANEKO 10 Pianiste DEMANDEZ LE PROGRAMME MARCO BORGGREVE / SDP D euxième doublé à ne pas manquer! Celui de l’exceptionnel Benjamin Grosvenor les 7 et 9 février. Un premier concert en compagnie de l’Orchestre de chambre de Paris, avec le 1er Concerto de Mendelssohn, dont on se demande bien pourquoi on ne l’entend pas plus souvent ! Il devrait troquer un peu de son GROSVENOR + FOURNEL = DOUBLÉ GAGNANT L a seconde partie de saison des Pianissimes sera composée de cinq concerts tout à fait originaux! «Un coup de jeune dans le classique» … garanti sans coup dans le porte-monnaie des jeunes (concerts gratuits pour les - de 26 ans!). Au programme: la rencontre entre le pianiste Antoine Préat et Marie Oppert, sociétaire à la Comédie-Française (16 janv. à Cortot). Le 6février au Musée Guimet, une carte blanche à Clément Lefebvre, qui fera dialoguer son piano avec les toiles de Zao Wou-Ki. Le quasi déjà indispensable Rodolphe Menguy proposera un programme de miniatures autour des contes de fées à Cortot le 11mars. À Cortot aussi, un mois plus tard, le récital Scriabine, Rachmaninov, Ravel et Chopin de la pianiste géorgienne Irma Gigani. Clap de fin le 25mai à la Scala, avec la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov présentée dans une version inédite pour piano et percussions par le pianiste John Gade accompagné d’un ensemble de percussions. pianissimes.org Pont des arts élégancedefaçadepourmontrer sa vraie nature sous les doigts d’un grand pianiste: dramatique, puissant, romantique… avec une pointe de férocité dans ses octaves conquérantes! La soirée se poursuivra avec un autre chefd’œuvre de jeunesse dirigé par Gergely Madaras: la Symphonie n° 4 de Schubert. Le 9 février, place au récital du dimanche matin,avecuneassociationassez commune mais dont on ne se lasse pas: Gaspard de la Nuit et les Tableaux d’une exposition. Deux œuvres visionnaires, et deux terrains de jeu formidables pour Grosvenor. Autreconcertdudimanchematin (profitez-en, c’est la dernière saison!), celui de Jonathan Fournel avec Victor Julien-Laferrière le 12 janvier, avec notamment la 2e Sonate pour violoncelle et piano de Brahms, monument de la musique de chambre dont on a en tête l’inoubliable version de Barenboïm et Jacqueline du Pré. On retrouvera aussi le jeune pianiste en solo à Nancy le 24février dans la non moins imposante sonate de Liszt. theatrechampselysees.fr Salle Cortot Benjamin Grosvenor Jonathan Fournel Pianiste 11 Abonnez-vous à notre chaîne Youtube Vous souhaitez progresser dans votre jeu et jouer vos morceaux préférés? Découvrez nos masterclasses réalisées avec les plus grands pianistes! Au programme, des vidéos pédagogiques: un décryptage de l’œuvre, des conseils techniques ou encore des astuces d’interprétation. Rejoignez vite notre communauté de passionnés en scannant le QRCODE ci-dessous: THOMAS ENHCO ANNE-LISEGASTALDI JEAN-MARC LUISADA Mazurka n°4 Op.17 de Chopin Schumann, Rêverie Autumn Leaves 12 Pianiste DEMANDEZ LE PROGRAMME DÉCALAGE HORAIRE P our sa 31e édition, la Folle Journée de Nantes voit les choses en grand! Le festival met à l’honneur les grandes cités qui, à différentes époques, se sont imposées comme des foyers de création: Venise, Londres, Vienne, Paris, New York. Ces villes, bien plus qu’un simple théâtre local d’événements, incarnent des phares culturels, allumant tour à tour la flamme de la civilisation, se transmettant le flambeau et assurant la continuité de cet héritage créatif. On rejoue donc l’odyssée de la musique occidentale de Monteverdi à Gershwin sur près de 300concerts. Ah, quelle aventure, cette épopée humaine! Parmi les concerts à ne pas manquer, on trouve la création de Khoros pour piano et sextuor à vent, une œuvre de Nathanaël Gouin commandée par le festival. Cette œuvre se compose de quatre mouvements, chacun rendant hommage à une «ville emblématique» à travers une danse: une passacaille pour Venise, un menuet pour Londres, une danse classique pour Paris et des rythmes festifs pour New York. À Nantes, pas besoin d’un deuxième aéroport pour parcourir le monde! On espère néanmoins que ces fabuleux voyages ne seront pas gâchés par le désistement de la Région dans l’allocation des crédits alloués à l’événement. follejournee.fr MAISONDELARADIOETDELAMUSIQUE.FR / PIANO-CAMPUS.COM / SDP - MARC ROGER P longeons dans le riche programme de Piano Campus2025! L’événement phare sera bien sûr le 23e Concours International Piano Campus, les 7, 8 et 9février, avec une grande finale au théâtre des Louvrais de Pontoise. Les finalistes interpréteront le 1er Concerto de Chopin et une créationpourpianoetorchestresignéeRégis Campo, sous l’œil expert d’Émile Naoumoff, président du jury. Avant le concours, onze concertssedéroulerontentrele11janvieret le 9février, principalement à Pontoise mais avecquelquesescapadesdanslescommunes voisines. Le Duo Classico, formé par Gabriel Durliat et Eliam Ramamonjisoa (vainqueur du Piano Campus d’or2024), ouvrira le bal. Les deux autres lauréats de l’édition2024 se produiront également: Sophie Boucheau le 5février et Paul Lecocq lors de deux récitals les 17 et 21janvier. piano-campus.com Place aux jeunes Bonnes ondes O n accueille chaque année le programme du Festival Présences avecenthousiasme,sepromettant un joyeux marathon de musique contemporaine pour compenser toutes les fois où l’on apréféréSchubert,BrahmsouRachmaninov à Grisey, Berio et Boulez! Cette 35e édition, du 4 au 9 février, dresse le portrait de la compositrice autrichienne Olga Neuwirth, dont l’inspiration, selon Matthias Pintscher, réside dans «la colère, la tension, la panique, ledégoût;unprofonddésaccordaveccequi se passe autour de nous». Le programme est composé de 10 rendez-vous sur 6 jours riches en créations mondiales et en chefsd’œuvre contemporains. Citons le concert de clôture avec le Philharmonique de Radio France dirigé par Matthias Pintscher: … Miramondo multiplo… pour trompette et orchestre de Neuwirth, la création du Concerto pour guzheng de Tristan Murail, dont elle fut la disciple à Paris, ou encore le Concertino-Omaggio a Luciano Berio d’Éric Montalbetti, dédié à Beatrice Rana qui en assurera bien sûr la création de la partie soliste.X maisondelaradioetdelamusique.fr La Folle journée de Nantes Les trophées de Piano campus L’Auditorium de Radio France
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