PIANISTE n°149 - Page 7 - 149 SONIA RUBINSKY piano Goldfingers Photo: Lyodoh Kaneko DABONI Prod. présente Pianiste 3 Le centenaire de la mort de Gabriel Fauré a donné lieu en cette année 2024 à une impressionnante moisson d’enregistrements et de célébrations. Toutes les générations de pianistes s’emparent désormais de sa musique (Théo Fouchenneret, Lucas Debargue, Aline Piboule…) sans oublier les aînés qui plus tôt leur ont ouvert la voie. Même les jazzmen s’y mettent (Après Fauré, de Brad Mehldau, Jazz impressions Fauré-Ravel, d’Hervé Sellin ou encore Fauréver d’Enrico Pieranunzi ). Il semblerait que nous soyons seulement en mesure, cent ans après sa disparition, de comprendre et, enfin, d’apprécier sa musique. L’image austère d’un musicien d’église, compositeur de la IIIe République à la moustache opulente semble perdre du terrain. Comme le cliché d’une musique de salon à jouer «sous l’abat-jour». On ne peut que se réjouir de cet engouement pour le maître français, dont on reconnaît enfin à la juste mesure le génie de mélodiste et d’harmoniste, le langage audacieux. Cette année aura néanmoins laissé quelques autres grandes figures sur le carreau qui auront dû se contenter d’hommages plus discrets. Nous n’avons pas assisté à la même déferlante concernant Arnold Schoenberg, Darius Milhaud ou Luigi Nono qui étaient eux aussi dans les starting-blocks des anniversaires de 2024. Dans ce contexte, rien de plus approprié que l’écoute de Sofferte onde serene, pièce que Nono a dédiée à Maurizio Pollini, son plus ardent défenseur au clavier. Un dialogue pour piano et bande magnétique qui réveille la mémoire ancienne (et lugubre) des cloches vénitiennes, source d’inspiration du compositeur qui vivait sur la Giudecca. Cela pourra avoir aussi la vertu de préparer vos oreilles à un autre centenaire essentiel qui s’annonce en2025: celui de Pierre Boulez. X De Fauré à Boulez ELSA FOTTORINO Rédactrice en chef ÉDITO Retrouvez tous nos numéros et nos offres d’abonnement sur www.pianiste.fr Découvrez nos vidéos pédagogiques sur notre chaîne YouTube Je m’abonne à Pianiste www.musique-magazines.fr Bulletin à renvoyer complété et accompagné de votre règlement à PIANISTE - Service Abonnements - 45 Avenue du Général Leclerc - 60643 Chantilly Cedex 01 55 56 70 78 OUI,je souhaite m’abonner à Pianiste et recevoir Les plus beaux standards de jazz pour les nuls Je choisis mon offre : 2 ans d’abonnement pour 69€ (12 nos + 12 CD + 400p de partitions) 1 an d’abonnement pour 39€ (6 nos + 6 CD + 200p de partitions) Nom :............................................................................................................ Prénom :...................................................................................................... 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La discographie d'Alain Lompech SOMMAIRE NOVEMBRE DÉCEMBRE 2024 20 16 24 14 PÉDAGOGIE 38 Les règles du jeu Du bon usage de la pédale 40 Échauffement 41 Entre les lignes Duolet et triolet 42 Profil d'une œuvre par Jean-Frédéric Neuburger 44 Fiches techniques d'Alexandre Sorel 49 La malle aux trésors d’Anne-Lise Gastaldi 50 Le jazz de Paul Lay 52 Point d'orgue 53 Pratique À vos tablettes SUIVEZ LE GUIDE! 54 Cahier critique CD, livres, partitions 60 À votre portée Fanny Hensel 62 Feutres & marteaux Les pianos d'Edna Stern Banc d'essai 66 Ne tirez pas sur le pianiste! Luca Sestak LECAHIER DEPARTITIONS Retrouvez nos OFFRES D’ABONNEMENT en page 4 et sur la boutique musique-magazines.fr LA DOLCE VOLTA - LYODOH KANEKO / SOURCE GALLICA.BNF.FR - BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE / MIRRE - JJEAN-BAPTISTE MILLOT / ROSENDAL FESTIVAL - LIV ØVLAND 6 Pianiste SDP - JULIEN MIGNOT Paris, le 30 septembre L e spectacle s’appelle « Piano Voix ». Tout simplement. Et c’est loin d’être une fausse promesse, puisque le piano comme la voix, qu’ils fusionnent ou ferraillent, existent avec la même force et la même justesse de ton dans une saisissante réappropriation de pages (bien) choisies de la chanson française. Brassens, Higelin, Barbara, Piaf, Bashung, Nino Ferrer, Brigitte Fontaine… sont au programme des reprises du duo formé par le pianiste Baptiste Trotignon et le chanteur de Feu! Chatterton, Arthur Teboul, dont la voix à la teinte d’émeraude perce au cœur. Ils démarrent avec Jacques Higelin, Je ne peux plus dire je t’aime, enchaîné à La Rua Madureira de Nino Ferrer. Le piano de Baptiste Trotignon vient dynamiser un discours mélancolique qu’il imprègne d’une vision en clair-obscur, d’une précision au mot près. Les deux artistes évoluent sur cette ligne de crête pour livrer les textes dans toute leur vérité, sans pathos inutile. C’est particulièrement vrai dans la sublime reprise d’Il y a pas d’amour heureux, le poème d’Aragon chanté par Brassens, ou de La Vie en rose, de Piaf, donnée en bis: la guimauve est neutralisée par les dissonances, un discours très libre au piano et les intonations toujours justes du chanteur (sa diction du mot «heureux» donne le frisson). Sur la scène obscure, sculptée par les douches de lumière, Arthur Teboul annonce la couleur, avec une pointe d’humour: «Il y a beaucoup de chansons tristes, nous croyons fort aux vertus des chansons tristes qui libèrent.» Si la tristesse de certains textes est bien réelle, ce n’est pas la déprime qui nous attend au tournant : tous les espoirs sont permis, sans parler des nombreux traits d’esprits et autres instantanés poétiques qui émaillent le spectacle. Il est question d’un chien couvert de suie dans un poème-minute improvisé au son du piano, qui d’ailleurs n’est pas en reste question imagination. Le chanteur interpelle volontiers le public pour participer à cette dérive collective vers d’autres tropiques du langage. La réinterprétation très risquée de Goudron, de Brigitte Fontaine, chanson aux paroles cocasses et obstinément répétées: «J’ai perdu mes lunettes, ça va être la fête […] Le temps est un bateau, la terre est un gâteau», donne lieu à une scène toute cinématographique, dans une grinçante incarnation d’Arthur Teboul qui se fait tour à tour conteur, chanteur, commentateur, comédien (sa gestuelle élastique rappelle parfois celle des acteurs de film muets) et ne cesse de nous surprendre. Tout comme Baptiste Trotignon, qui semble avoir assimilé toutes les esthétiques musicales dans un jeu très riche, qui évolue entre des accompagnements aussi puissants que dépouillés (un Göttingen en apnée), quelques réminiscences classiques – on reconnaît les accents du 15e Prélude de Chopin dans la reprise d’Aucun express, de Bashung – et une fantaisie solaire. Comme dans les bons films, la musique n’illustre jamais le récit au premier degré dans ce spectacle où le pianiste tout comme son virtuose et généreux partenaire viennent réveiller la force des mots. Et nous voici, à l’heure des applaudissements, heureux qui comme Ulysse… X ELSA FOTTORINO DESCONCERTS Écho Un piano, une voix: Baptiste Trotignon et Arthur Teboul ont envoûté la Salle Pleyel avec un programme de chansons françaises mêlant standards et raretés. DÉLICIEUSE DÉRIVE Leurs actus Arthur Teboul et Baptiste Trotignon, PianoVoix TÔT OU TARD Baptiste Trotignon et Arthur Teboul. Pianiste 7 SDP - DOVILE SERMOKAS L’Insula Orchestra et Lucas Debargue ont partagé l’affiche du concert d’ouverture de la saison à La Seine musicale. Pianos Daudé Depuis 1924 LA MAISON DU PIANO À VOTRE SERVICE 75bis, avenue de Wagram 75017 Paris 01 47 63 34 17 info@pianos-daude.com www.pianos-daude.com 2-PIANODAUDE-DEF.indd 1 2-PIANODAUDE-DEF.indd 1 06/07/2023 15:53 06/07/2023 15:53 Boulogne-Billancourt, le 25 septembre C ’est une partition remarquable de Chopin que Lucas Debargue interprète à La Seine Musicale. Le Concerto pour piano n°1, pourtant deuxième dans l’ordre de composition, discret écho au Concerto n°2 – le premier, donc – que donnait récemment Yuja Wang à la Philharmonie de Paris. Le pianiste, distingué au Concours Tchaïkovski en 2015, ne manque pas d’impressionner le public par la facilité avec laquelle il affronte les pages de cette œuvre particulièrement délicate, accompagné par les musiciens sur instruments d’époque. Alors que la partie soliste ne s’interrompt presque jamais, l’inoxydable Lucas Debargue évolue avec aisance. Le premier mouvement est donné sans coup d’éclat, dans l’attente d’une véritable intention. C’est sur la Romance que le pianiste enrichit son jeu avec une certaine sensibilité, qui éclatera sans maniérisme dans le Rondo vivace. On est alors séduit par le doux mélange du doigté cristallin du soliste avec la sonorité brute d’un remarquable Pleyel. En deuxième partie, Laurence Equilbey dirige la Symphonie n°4 de Schumann. S’y déploie le talent d’orchestrateur d’un compositeur rarement approché par le prisme de ce type d’œuvre. Bien dommage, car cette ultime symphonie est autant un cri de joie et de victoire qu’un murmure intime parfaitement calibré. Et, surtout, parfaitement interprétée par l’orchestre qui en révèle toute l’intensité, et ouvre sa dixième saison de la plus éloquente des façons.X ANTOINE SIBELLE UNE RENTRÉE ROMANTIQUE Lucas Debargue. 8 Pianiste DEMANDEZ LE PROGRAMME SDPJEAN-BAPTISTE MILLOT / CDP En province et à Paris, la fin d’année s’annonce trépidante sur la scène classique. Joyeuses fêtes! PAR ELSA FOTTORINO ET ANTOINE SIBELLE DEMANDEZ LE PROGRAMME Jean-Claude Pennetier Aux Champs-Élysées C ’est une soirée hors norme consacrée à Fauré qui se tiendra le 3 novembre avenue Montaigne. Le charme de ce concert tient à l’association de grands fauréens historiques et de talents de la jeune génération. Ainsi, Jean-Philippe Collard, Jean-Claude Pennetier et Bernard Tétu participeront à cette grand-messe fauréenne, tout comme le Quatuor Tchalik, de l’ensemble de musique de chambre IGiardini ou le pianiste Dania Tchalik. L’impressionnant programme, qui s’étend sur plus de trois heures (avec entractes, bien sûr), associe piano, musique de chambre et le Requiem, mettant ainsi en avant le génie pluriel de Fauré. Le public pourra notamment entendre les Neuf Préludes op.103, la Ballade op.19, le Quatuor avec piano n°2, le Quintette avec piano n°1, ainsi que le délicat Cantique de Jean Racine. Le Requiem constituera le point d’orgue de cette soirée, dernier voyage dans ce que la musique chorale occidentale compte peut-être de plus émouvant. le 3 novembre, theatrechampselysees.fr 3 RENDEZ-VOUS AVEC GABRIEL FAURÉ Au paradis En cette année commémorative, GabrielDurliatrendhommageàFauré dans son premier album In Paradisum. Avec la complicité du ténor et baryton Marc Mauillon, du violoniste Thomas Briant et du violoncelliste Jordan Costard, il embarque pour un voyage dans une œuvre parfois méconnue d’un compositeur énigmatique. Une douce errance à laquelle il nous fera prendre part lors d’un concert à La Scala, naviguant avec charme sur les profondeurs fascinantes des pages fauréennes. le 17 novembre, lascala-paris.fr Au musée Le Dernier Amour de Fauré, spectacle d’Aline Piboule et de Pascal Quignard (récitant), sera donné au Musée Würth d’Erstein (Alsace), après de nombreuses représentations – à la Philharmonie de Paris, aux festivals Messiaen ou de Fougères, par exemple. Mêlant mots et notes dans une expérience qui dépasse le récital traditionnel, les deux artistes s’inspirent de l’ultime relation amoureuse de Fauré avec Marguerite Hasselmans. Ensemble, ils célèbrent une amitié tout autant qu’un amour dans une conversation intime, un spectacle poétique à la croisée de deux arts. le 9 novembre, musee-wurth.fr Gabriel Durliat Pianiste 9 SDP - SCHNEIDER / SDP - LYODOH KANEKO Programme et inscriptions www.pianissima.fr CONCOURS INTERNATIONAL DE PIANO 26 & 27 avril 2025 Théâtre Charcot 122 rue Charcot 59700 Marcq-en-Barœul L e festival L’Esprit du piano réunit de brillants artistes confirmés et des étoiles montantes du piano. Cette année, pour sa quinzième édition, la manifestation compose un véritable bouquet d’artistes européens. Le coup d’envoi sera donné par la Russe Yulianna Avdeeva, Premier Prix du Concours Chopin en 2010 (18 nov.) La pianiste siégera d’ailleurs dans le jury de la prochaine édition qui se tiendra en octobre 2025. Une découverte également: Lutxi Nesprias (prononcer «Lutchi»), diplômée du CNSM après avoir fait ses classes à Bayonne. Son récital au programme éclectique va de William Byrd à Messiaen (19 nov.). On ne présente plus Ivo Pogorelich, qui continue de diviser pour ses interprétations radicales. Il investira l’Opéra de Bordeaux avec Chopin, Sibelius et Schubert (20 nov.). Révélation du piano géorgien, la jeune Salome Jordania sera au théâtre La Pergola (21 nov.). La pianiste qui s’est illustrée dans de nombreux festivals en France (Piano aux Jacobins, Menton...), ne cache pas ses affinités pour le répertoire romantique. Chopin, Liszt et Scriabine sont au menu de son récital, tout comme la prodigieuse (et glissante!) Valse de Ravel… Saura-t-elle donner à cette partition toute son étoffe symphonique, son caractère décadent sans en faire un pur numéro de virtuosité? On entendra également l’énigmatique Luxembourgeois Francesco Tristano dans «Bach et Beyond» (23 nov.), le jeune Can Çakmur souvent célébré dans nos pages (25 nov.), ou encore Arcadi Volodos, monstre sacré du clavier (26 nov.). Des interprètes qui porteront haut les couleurs du romantisme avec Schubert et Schumann. Enfin, dans un autre registre, Thomas Valverde, pianiste et compositeur qui ne craint pas le mélange des genres, fondateur du Biarritz Piano Festival, partagera quelques-unes des compositions figurant sur son dernier album, Polka (28 nov.). du 18 au 28 novembre, espritdupiano.fr BORDEAUX EN ROUGE ET NOIR E n cette fin d’année, la bibliothèque de la Grange-Fleuret, située rue de Vézelay, dans le VIIIe arrondissement, accueille ses premiers ateliers d’interprétation thématiques à destination de jeunes pianistes professionnels. Cinq musiciens pourront se familiariser avec le Steinway fabriqué en 1907 du grand salon Mahler, à la sonorité et au toucher uniques. Trois pianistes d’exception sont conviés pour accompagner ce cycle: d’abord François-Frédéric Guy, en novembre autour de Beethoven, puis Pierre-Laurent Aimard en décembre autour de Boulez, et Bertrand Chamayou en avril prochain pour Ravel. Un atelier ouvert au public est prévu à 18 heures le dernier jour de chaque cycle. bibliothèques-royaumont.com Au piano avec… FrançoisFrédéric Guy Yulianna Avdeeva 10 Pianiste DEMANDEZ LE PROGRAMME SDP / PARLOPHONE RECORDS LTD / SDP - JOSEPH BERARDI / NOTREDAMEDEPARIS.FR - BARDET VAUTRIN EMISSIVE O n l’avait presque oubliée. La réouverture de Notre-Dame aura lieu les 7 et 8 décembre. Et l’un des temps forts sera sans doute le réveil de l’orgue de la cathédrale. Le plus grand orgue de France, miraculeusement épargné lors du désastreux incendie de 2019 sera béni le 7décembre. Si ce rite traditionnel inaugurera la séquence liturgique de la réouverture, il symbolisera surtout la renaissance de l’édifice, fleuron de l’art gothique français. Lors de la cérémonie, l’orgue sera appelé huit fois pour accompagner la séance par des improvisations. Pour autant, si la préparation de l’événement en réjouit plus d’un, le monde très feutré des organistes grince des dents. En cause? La récente nomination, parmi les quatre organistes titulaires, de Thibault Fajoles, étudiant en première année au CNSM âgé de 21 ans, UN AUTOMNE AVEC RAVEL Notre-Dame retrouve sa voix L e mois de novembre voit le compositeur français à l’honneur sous les doigts de deux grands pianistes. Ce sera tout d’abord son Concerto pour la main gauche interprété par Jean-Efflam Bavouzet, suivi de la Troisième Symphonie de Brahms, lors de trois représentations à Nantes, Angers et au Mans. Le concerto, immense défi lancé aux solistes, fait écho au jazz, aux mélodies populaires et orientales tout en convoquant la douleur des années de guerre. Puis ce sera au tour de Bertrand Chamayou de s’associer à Sir Antonio Pappano et à l’Orchestre de chambre d’Europe pour interpréter le Concerto en sol de Ravel, œuvre célébrant sans détour un jazz américain si cher au compositeur. Et, pour donner à la soirée un ton définitivement jazzy, le pianiste jouera les Variations sur I Got Rythm, de Gershwin, auxquelles répondra Fancy Free d’un certain… Leonard Bernstein! Jean-Efflam Bavouzet le 13 nov. à Nantes, le 15 nov. au Mans, le 17 nov. à Angers Bertrand Chamayou le 17 nov. à l’Opéra de Dijon, le 18 nov. à la Philharmonie de Paris Les affinités électives de François Dumont Le pianiste, finaliste du concours Chopin en 2010, propose un récital consacré à Debussy et au compositeur polonais. Dans le décor de la salle Gaveau, il offrira une promenade subtile et raffinée au gré des Estampes, Ballades et Nocturnes. Son mantra ? Souligner l’affinité certaine qui règne entre les deux musiciens. le 4 décembre, sallegaveau.com Jean-Efflam Bavouzet Bertrand Chamayou François Dumont ainsi que l’éviction de Philippe Lefebvre et de Johann Vexo, figures de la tribune. Ces décisions ont soulevé une véritable polémique. Un choix surprenant de la part du diocèse, dont les explications restent à ce jour insuffisantes pour apaiser un monde de l’orgue unanimement mécontent. 12 Pianiste DEMANDEZ LE PROGRAMME BON ANNIVERSAIRE, MARIA-JOÃO PIRES L a pianiste portugaise vient de fêter ses 80ans. Depuis ses débuts, il y a plus de cinquante ans, elle aborde le répertoire avec une pureté et une intensité inégalées. Qu’elle joue Mozart ou Schubert, c’est toujours la même science du phrasé, de la simplicité, de l’expressivité qui est à l’œuvre – ses concertos de Mozart avec Abbado sont à ce titre miraculeux. Mais le parcours n’est pas de tout repos et la musicienne a pu témoignerd’unerelationcontrastéeàsonmétier,cequil’aparfoiséloignéevolontairement de la scène. En 2018, elle avait d’ailleurs annoncé l’arrêt de sa carrière, pour finalement reprendre le chemin des salles trois ans plus tard, pour notre plus grand bonheur. «Mes excuses publiques pour avoir dit ça!, déclarait-elle en 2023 sur France Musique. J’avais besoin de revenir, je n’avais pas fini. Mais maintenant, je sens que, à tous les points de vue, ceseraitsagedefinir.Jenevousdispasquandcarjen’aipasencoreprismadécision.»Du haut de l’impressionnante carrière qu’elle s’est forgée à la force de ses (petites) mains, la pianiste au charme discret est surtout passée maîtresse dans l’art de communiquer sans paroles et de la plus juste des manières. En septembre dernier, elle a été couronnée par le Praemium Imperiale, considéré comme le prix Nobel des arts. Créé par la Japan Arts Association en 1988, il récompense chaque année des artistes de différentes disciplines. Martha Argerich, Rostropovitch ou Dutilleux comptent parmi la prestigieuse liste de lauréats de la catégorie «musique». Cet automne, trois grands rendez-vous permettront d’approcher les différentes facettes de son jeu. Le premier à la Philharmonie de Paris, où elle interprétera, accompagnée par le Mahler Chamber Orchestra et la cheffe d’orchestre Elim Chan, le Concerto pour piano n°4 de Beethoven. Une partition qu’elle a d’ailleurs déjà enregistrée aux côtés de Daniel Harding et dans laquelle elle fait preuve d’un raffinement et d’une expressivité rares. Le second concert, un récital, sera donné à Toulouse, à la Halle aux Grains. Le programme intitulé «Mes compagnons de voyages» n’est pas encore dévoilé à l’heure où nous bouclonsceslignes.Maisnuldoutequ’elletraverseralespagesdesescompositeursconfidents avec, comme toujours, grâce et naturel. En décembre, elle revient à la Philharmonie avec le Concerto «Jeune homme» de Mozart, Ivan Fisher et l’orchestre du Concertgebouw – une pièce qu’elle a interprétée en ouverture de la dernière édition du Festival de la Roque d’Anthéron, avec une verve toujours intacte. X le8nov.etle17déc.àlaPhilharmoniedeParis,le19nov.àlaHalleauxGrains,Toulouse Un Canadien à Paris ➜ Après avoir brillé à Montréal, Jaeden IzikDzurko décroche un nouveau premier prix: celui du prestigieux Concours de Leeds. Déjà couronnéparceuxdeSantander,deBarcelone et de Hilton Head (2022), le Canadien de 25 ans poursuit son ascension. Il donne rendez-vous au public parisien le 31 janvier à la Fondation Vuitton, pour laquelle il a imaginé un programme redoutable qui mêle Ravel, Medtner, Ligeti et Rachmaninov. Un pianiste au RN ➜ Surprenant profil que celui de ce Versaillais. Ambroise de Rancourt démarre à Sciences Po mais intègre ensuite la Haute école de musique de Genève en piano, puis leCNSMdeParis.Alorsàlatêted’unefanfare en Suisse, il s’intéresse de près à la politique et, sans tourner le dos à la musique, entre à l’ENA.Enfin,surprisedessurprises,cetancien militant chez Jean-Luc Mélenchon devient directeur de cabinet de Marine Le Pen.… Kim chez Cortot ➜ La 17e édition du concours Albert Roussel présidé par la pianiste Aïda Marcossian s’est tenu salle Cortot en septembre dernier. Le premier prix, Jean-Michel Kim, diplômé du CNSM en piano, musique de chambre et accompagnement vocal est né à Tokyo en 1989. Au sein d’un programme éclectique, chaque candidat devait présenter au moins une œuvre d’Albert Roussel (1869-1937), musicien prolixe et officier de marine. Du classique sur appli ➜ C’est nouveau! La dernière mise à jour de l’application Apple Music voit l’ajout de quelque55000livretsd’accompagnementdes albums de musique classique. Une fonctionnalitébienvenuequiproposeentreautresdes biographiesdecompositeurs,destraductions et des clés d’écoute, le tout dans le cadre d’une navigation facilitée. Les Russes à Varsovie ➜ À l’instar des athlètes aux Jeux olympiques de Paris, les pianistes russes pourront participer à la prochaine édition (du 2 au 23octobre2025)«sousundrapeauneutre», précise Aleksander Laskowski, porte-parole de l’Institut Chopin, dans Le Figaro. «Ils devront également signer une déclaration dans laquelle ils condamnent catégoriquement la violation du droit international.» En attendant, les billets pour la finale de concours le plus prestigieux au monde se sont vendus en deux minutes. ENBref DEUTSCHE GRAMMOPHON - MAY ZIRCUS Maria-João Pires
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