TÉLÉRAMA n°3894 - Page 4 - 3894 Didier Eribon Gaël Faye Judith Godrèche Jul Fatoumata Kébé Sandrine Kiberlain Ariane Labed Sébastien Lifshitz Nawell Madani Rebecca Manzoni Denis Ménochet Ovidie Frédéric Paulin Swann Périssé Éric Ruf Mori Sacko ColsonWhitehead AnnetteWieviorka ClaraYsé Daniel Auteuil Jeanne Balibar Jean Bellorini Maïtena Biraben Camille Solène Chalvon-Fioriti Sonia Devillers Emmanuelle Devos Doa Le lundi 23 septembre, au théâtre du Rond-Point Paris Venez partager des moments rares avec des artistes Réservations theatredurond point.fr 3 Télérama 3894 28/08/24 L’INVITÉ L’INVITÉ Jean-Pascal Zadi 1980 Naissance à Bondy (93). 2019 Crée la série Craignos. 2020 Écrit, réalise et interprète Tout simplement noir. César du meilleur espoir masculin. 2021 Série Carrément craignos. 2023 Série En place, saison 1, et émission de sketchs Kôkôrikô! 4 Télérama 3894 28/08/24 L’INVITÉ L’ACTEUR ET RÉALISATEUR JEAN-PASCAL ZADI son équipe de Mondeville (Calvados) un titre de champions de France du fair-play, joue pour fédérer, dribble plus vite que son ombre les agitateurs de passions tristes et ne cède pas un pouce sur l’essentiel, qu’il nomme espoir. «On veut nous monter les uns contre les autres. Notre démocratie est malade…» Dans cette nouvelle saison d’En place, Stéphane Blé, le personnage que vous incarnez, a été élu président de la République et délivre un vibrant discours d’union… C’est la projection de ce que je souhaite pour la France! Bien sûr, j’écris une série, alors je mets de l’action et des vannes. Mais être scénariste donne surtout un superpouvoir: faire exister ce à quoi on croit. Certains politiques, certainsmédiasvoudraientnousconvaincrequenoussommes divisés. Moi, je suis persuadé que nous sommes plus nombreux à vouloir vivre ensemble. D’où viennent le titre de votre série et ce questionnement récurrent sur la place de chacun dans notre société? Quand j’étais gamin, au foot, des éducateurs ont pris sur leur temps pour me transmettre des leçons de vie, sans jamais me laisser penser, justement, que je n’étais pas à ma place. En tant que jeune Noir issu d’un milieu pauvre, on se sent souvent peu considéré. Ces gens-là m’ont ancré dans mon pays et je suis un pur produit de ce monde associatif. Maisplustardj’aimanquédemodèlesauxquelsm’identifier. Il n’y avait ni acteur ni cinéaste noir. Le mot «réalisateur» m’était si étranger que j’ai longtemps dit que je travaillais «dans l’audiovisuel». Juste après avoir reçu le César du meilleur espoir masculin pour Tout simplement noir, je suis allé dans le collège à côté de chez moi, au Pré-Saint-Gervais, pour dire aux gamins que si j’avais pu le faire, eux aussi le pourraient. Heureusement, les choses changent: mes enfants grandissent dans un monde avec Christiane Taubira, Omar Sy, Aya Nakamura, le chef cuisinier Mory Sacko ou le producteur de musique Dawala. Un monde dans lequel on peut avoir comme héros de série un président noir. J’ai aussi voulu que la porte-parole du gouvernement soit une jeune femme voilée (Souad Arsane), parce qu’il n’y a jamais de rôle comme ça. Et c’est le seul personnage intelligent au milieu de toute l’équipe, à commencer par moi! Tendre un miroir aux invisibilisés fait partie des mini-victoires qui comptent. Je sais ce qu’on ressent quand on ne se voit nulle part: on peut en arriver à douter de sa propre existence! En place sonne comme une exhortation à s’engager. La politique est la chose du peuple. Que tu viennes d’une cité de Sarcelles ou du Jura, le pays, c’est toi. La mort de la démocratie vient de l’inertie. Moi-même, je me suis désintéressé de la politique à la vingtaine. J’étais pris dans mes questionnements existentiels, inquiet pour mon avenir. Quand on est en galère, on se dit: qu’est-ce que voter va changer à ma vie? Mais tout, en fait! Mon errance idéologique a pris fin à la naissance de ma première fille. Avec les enfants, tout reprend du sens. En plus, je viens d’une famille foncièrement politique. Si je sens aujourd’hui mes parents un peu désillusionnés par les promesses non tenues, ils ont longtemps soutenu à fond Mitterrand. Et la première fois que j’ai été en âge de voter, ils m’ont envoyé mettre un bulletin pour Jospin — la famille Zadi, ce n’est pas une démocratie! Il a porté la flamme, à quelques heures du grand lancement des JO parisiens. Sur le bateau qui glissait au fil du canal Saint-Martin, applaudi par la foule depuis les rives, le réalisateur et acteur Jean-Pascal Zadi, longue figure de proue (un mètre quatre-vingt-treize sous la toise), n’a pas raté l’occasion de plastronner devant les caméras, fanfaron rieur à toute heure: «Vous avez vu comment je suis beau? Je suis grave mignon.» La dérision n’empêche pas les convictions et, quelques jours plus tard, il confiait volontiers avoir vibré à l’unisson de ce «moment fédérateur» et des envolées patriotico-inclusives de la cérémonie d’ouverture — «La France que j’aime!». Le succès l’a attrapé, à l’été 2020, alors que le public le découvrait sur l’affiche de son film Tout simplement noir, en habits de président de la République au sourire dégoupillé de gosse qui n’en revient pas. Derrière la mine de radieux Candide, ce constat: jamais on n’avait brossé avec tant d’insolence virtuose le tableau du racisme et de la condition des Noirs en France. Aujourd’hui, la saison 2 d’En place, la série qu’il a créée pour Netflix et dans laquelle il joue un éducateur de banlieue propulsé à l’Élysée (décidément), confirme la «Zadi’s touch». Soit un acrobatique et galvanisant mélange de gags attrape-rires, de pensées affûtées qui débusquent l’inconscient collectif — avec une hardiesse inédite dans le paysage de la fiction française — et d’une bonne dose d’idéal. Car l’ancien petit footballeur, qui gagna avec À VOIR u En place, saison 2, sur Netflix le 29 août. ; Le Procès du chien, en salles le 11 septembre. Propos recueillis par Marjolaine Jarry Photos Jérôme Bonnet pour Télérama Le foot puis le rap lui ont donné le sens du collectif. Qu’il écrive pour lui ou joue pour d’autres, l’acteur-réalisateur ne pense qu’à fédérer. Et distiller l’espoir. 5 Télérama 3894 28/08/24 «La politique est la chose du peuple. Que tu viennes d’une cité de Sarcelles ou du Jura, le pays, c’est toi. La mort de la démocratie vient de l’inertie.» En mettant en scène l’extrême droite aux portes du pouvoir, cette saison percute notre réalité… Et dans cette réalité, j’ai eu peur, jusqu’à ce que le résultat final des législatives me rassure. Bien sûr, le RN a gagné beaucoup de sièges, mais la France, ce n’est pas l’extrême droite. C’est mon père qui vient de Côte d’Ivoire, son meilleur ami garagiste breton et nos voisins algériens. Les Français respectent les histoires de chacun, toutes différentes, et se rassemblent autour de valeurs communes. Dans un épisode, des militants d’extrême droite attaquent même l’Élysée… J’écris à partir de mes craintes et l’extrême droite en est une. Je ne voulais pas faire de place à son discours — on l’entend suffisamment sur les plateaux de télé — mais montrer la violence physique dont elle est capable. Car le danger ne viendra jamais des écolos ni des féministes, contrairement à ce que certains tentent de faire croire, mais de l’extrême droite qui veut nous tabasser. Il faut montrer au grand jour ce visage qu’elle tente de cacher. Comme lorsqu’elle prétend ne pas être raciste. Mais oui, allez, salam aleykoum! Vous faites chanter La Marseillaise par un groupe de gospel à l’occasion de l’investiture de Stéphane Blé. Vous avez aussi intitulé Kôkôrikô! une collection de sketchs que vous avez imaginée pour Canal+. Pourquoi tenez-vous à convoquer ces symboles nationaux? Parce qu’il ne faut pas laisser l’extrême droite inverser leur sens. «Nous, les Français», c’est nous tous. Cette francité, c’est la mienne, remixée à ma façon. Je rêvais de faire sonner La Marseillaise comme je l’imaginais — et mise en musique par Christophe Chassol, s’il vous plaît ! Nos références communes font nation: Intervilles, Louis de Funès, le rap français… Voilà pourquoi il est si important pour moi d’exister culturellement et de faire entendre ma voix, même si ma simple existence est un problème pour certains. Au moment de Tout simplement noir, le site Allociné a dû fermer les commentaires, tellement il y avait de messages de haine. Je suis noir, donc la haine fait partie de mon existence. Je suis né ici, je vis dans ce pays depuis quarante-trois ans, je me sens français au max! Mais ce n’est pas toujours le cas dans le regard des autres. Je rappelleàl’occasionquemesparentssontnésenCôted’Ivoire française et qu’ils sont venus en France comme un Breton monte à la capitale… Je case aussi, dans toutes mes fictions, la photo de mon grand-père, tirailleur ivoirien. Un été, il est venu nous rendre visite, bardé de ses médailles. Il devait s’attendre à ce que les gens viennent lui parler: tout le monde s’en foutait. Quand j’entends que je ne suis pas un Français comme les autres, je pense à lui qui a débarqué, à 23 ans, pour libérer le pays… Lors de votre discours aux César, vous avez dénoncé le mépris pour «certaines humanités» en évoquant notamment le scandale du chlordécone, ce pesticide qui a empoisonné les Antilles. Où se niche votre colère, le reste du temps? Elle existe, mais j’essaye de lui donner une forme entendable… pour être entendu. Via l’humour, donc… À quoi sert l’humour, si ce n’est à exorciser? Avec un vecteur aussi puissant, il faut en profiter pour mettre les sujets sensibles sur la table. Quand j’ai présenté Tout simplement noir à New York, on m’a dit que mes vannes sur l’esclavage ne seraient jamais passées avec les Américains… Il ne faut pas qu’on perde cette audace très française. Que Guillaume Meurice se soit fait virer pour une blague, c’est une dinguerie! L’humour se retrouve dans le viseur parce qu’il y a une volonté de tout cliver, alors que la comédie permet justement d’échapper à la simplification. Dans En place, les échanges entre le conseiller en communication (Éric Judor) etsa collègue voiléemontrent qu’on peut changer si on envisage les nuances. À partir du moment où on ne se contente pas de dire: «Tu es voilée parce qu’on t’a obligée dans ta cité», on peut entendre qu’il y a mille raisons de porter le voile. Accepter la complexité, c’est la base de l’intelligence. ☞ 6 Télérama 3894 28/08/24 un peu brutal, mais cela nous a protégés. Quand, jeune adulte, j’ai été confronté au racisme, cela m’a fait mal, mais j’étais prêt. Certains potes se sont effondrés à ce momentlà, se sont mis à boire ou à fumer, tellement c’était dur. Au fil de vos différentes fictions, vous rappelez aussi la réalité des violences policières… On ne devrait pas avoir peur de la police, et pourtant, adolescent, c’était une vraie crainte, dont je ne me suis pas entièrement débarrassé. Il y a quelques années, j’ai été contrôlé, dans le 17e arrondissement de Paris, alors que je cherchais mon chemin. Quand l’un des policiers a vu que j’avais un exemplaire de J’irai cracher sur vos tombes [de Boris Vian, ndlr] dans ma poche, il a dit: «Eh bien, il lit, celuilà!» Le pote avec moi était outré. Je le suppliais de se calmer, on sait que des conneries peuvent arriver comme ça, et moi, je veux juste rester vivant. J’ai beau avoir changé de place, dans ces moments-là, tout me ramène en arrière. J’ai gardé des symptômes: quand j’ai rendez-vous avec des producteurs dans des hôtels chics, mon cœur accélère à l’idée qu’on va me recaler… Depuis votre César, on vous a vu dans Fumer fait tousser, de Quentin Dupieux, et vous serez bientôt à l’affiche du Procès du chien, de Lætitia Dosch. Qu’est-ce qui oriente vos choix? Je veux participer à des films qui servent à quelque chose. Quand c’est pour faire le dealer ou le personnage noir qui est juste là pour aider le Blanc, je n’ai pas le temps. J’ai adoré le propos de Lætitia Dosch, son regard sur la société qui se polarise à l’extrême autour d’un procès et son personnage d’avocate qui doit batailler pour être prise au sérieux. Quand les femmes racontent comment elles se font humilier, je comprends très bien de quoi elles parlent. On a de la matière pour croiser les luttes! Vous êtes sur le montage de votre prochain long métrage, une comédie dans laquelle une mission d’astronautes africains part à la recherche d’une planète habitable… Cetteimaged’uneéquipeafricainedansunefuséem’habite depuis très longtemps. Il y a tant de films sur la conquête spatiale, j’avais envie de réinventer ces codes en prenant comme point de départ la conscience des Africains, que, face à la catastrophe écologique, ils devront se débrouiller seuls, sans Elon Musk! Je tenais vraiment à montrer une Afrique qui prend son destin en main. En somme, il faut toujours viser la lune? Je suis profondément utopiste. Évidemment, les discriminations peuvent entraver les trajectoires quand on vient d’un milieu pauvre. Mais on vit quand même dans un pays où tant de choses sont possibles, au moins pour les plus hargneux d’entre nous! À l’image de Boris Vian, dont vous êtes un fervent lecteur, vous ne voudriez pas crever avant… … d’avoir été au Japon, d’avoir vu la tombe de Tupac Shakur et, surtout, avant que mes enfants deviennent parents. Pour l’après, j’espère que mes films et mes séries seront considérés comme hyper ploucs ! Que la génération suivante ne comprendra pas: «C’était ça votre combat? La représentativité?» Inch’Allah, ce sera totalement ringard• VousavezrencontréEmmanuelMacron,lorsd’uneprojection de Tout simplement noir à l’Élysée… Au départ, je ne voulais pas y aller. Mon père m’a secoué: «Tu te rends compte d’où je viens? La République française t’invite à l’Élysée et toi tu fais le malin?» Finalement, j’en ai profité pour dire tout ce que j’avais à dire: les livres d’histoirequidevraientfaireunevraieplaceàlacolonisation,les rues qui pourraient porter les noms de personnalités noires… J’ai aussi été contacté par les Verts, le PS, François Ruffin, mais mon engagement passe par la fiction et le vote. Vous avez cette formule, dans la série: «Vive la République, avec quelques réserves tout de même!» Je ne peux pas oublier tous ceux dont les destins ont été étouffés. Dans le collège défavorisé qui était le mien, la conseillère principale d’éducation poussait beaucoup d’entre nous à intégrer une filière technique. Ajoutez à cela le manque criant de représentation: mon imaginaire était formaté, j’étais conditionné par la matrix… Mon plus grand rêve était de devenir vendeur chez Zara ou H&M. C’est le rap qui m’a «dématrixé». Écrire, se cotiser pour réserver le studio, sortir un CD: cela a été une expérience fondamentale. Et une fois que j’ai commencé à prendre une caméra pour réaliser des clips, j’étais impossible à arrêter. Le rap m’a aidé à m’assumer comme Noir et pauvre, à penser que cela pouvait être une force. À quoi ressemblait votre enfance? On vivait dans un village en Normandie, près de Caen. Ma mère faisait des ménages, mon père des petits boulots. Je ne me rendais pas compte qu’on était pauvres, sauf quand on allait chez des copains où il y avait de la pizza et du jus de fruits! Le sentiment de honte ne vient qu’après, à l’adolescence, quand on n’a pas les bonnes fringues. Mais j’ai vécu la meilleure enfance de la Terre entière! On était dix frères et sœurs, plus les cousins qui venaient parfois habiter chez nous. Dans une famille nombreuse, la question, c’est: est-ce que tout le monde va bien? Et non: estce que tu vas bien? Est-ce que tu vas chez le psy? Au point que je ne me suis considéré comme un individu que très tardivement. Mon sens du collectif vient probablement de là. Je raconte des histoires de bandes, avec l’espoir qu’on soit toujours plus nombreux à être convaincus qu’on fait partie de la même équipe. À 10 ans, votre mère vous a montré Une saison blanche et sèche, le film d’Euzhan Palcy sur l’apartheid en Afrique du Sud… Elle a toujours voulu nous préparer à notre condition de Noirs. Avec mon petit frère, on se demandait bien pourquoi on devait regarder des gens pendus dans les arbres… C’était «On ne devrait pas avoir peur de la police, et pourtant, adolescent, c’était une vraie crainte, dont je ne me suis pas entièrement débarrassé.» L’INVITÉ L’ACTEUR ET RÉALISATEUR JEAN-PASCAL ZADI 8 Télérama 3894 28/08/24 JÉRÔME BONNET POUR TÉLÉRAMA | LÉA CRESPI POUR TÉLÉRAMA | ARTE FRANCE | JONATHAN LOVEKIN SOMMAIRE COUVERTURE Alain Delon en 1963 Photo Bert Stern/ Condé Nast via Getty Images Ce numéro comporte pour la totalité des kiosques: une couverture spécifique «Paris-ÎdF» pour les abonnés et les kiosques de Paris-ÎdF, et une couverture nationale. Posés sur la 4e de couverture: un encart de 12 pages «Unique Héritage» pour les abonnés particuliers payants France métropolitaine (à toper). Édition régionale, Télérama+Sortir, pages spéciales, foliotée de 1 à 48 jetée pour les kiosques des dép. 75, 77, 78, 91, 92, 93, 94, 95, posée sous la 4e de couverture pour les abonnés des dép. 75, 78, 92, 93, 94. CRITIQUES 57 Le rendez-vous Blackouts, de l’écrivain new-yorkais Justin Torres 60 Livres 69 Enfants 70 Cinéma 76 Musiques 80 Arts TÉLÉVISION 83 Le meilleur de la semaine télé Pachinko, sur Apple TV+ 92 Programmes et commentaires RADIO & PODCASTS 148 Lemeilleurdelasemaine radio& podcasts Le Serment d’Augusta, sur Binge Audio 153 Les programmes 158 Talents 159 Mots croisés MAGAZINE 3 L’invité Le comédien et réalisateur Jean-Pascal Zadi 9 Premier plan La campagne présidentielle américaine lancée à Chicago 10 Ici et ailleurs HOMMAGE 12 Alain Delon Il était à la fois un acteur sublime et exigeant, un producteur intransigeant, un mâle pétri de certitudes. Tout sur un mythe français SPÉCIAL RENTRÉE 20 Sur les ondes et les écrans Information, séries, films, documentaires: les voix, les visages et les programmes que l’on attend avec impatience LE DOSSIER 36 Le choc des niveaux Les collégiens de sixième et de cinquième vont être répartis par groupes pour le français et les maths. Selon leur niveau? Ou leurs besoins? 42 Intercontinental Almodóvar Le cinéaste espagnol tourne son premier film en anglais 44 Visa pour Gaza Les photoreporters de guerre sont à l’honneur à Perpignan 48 Chef d’édition La gourmandise livresque du cuisinier Yotam Ottolenghi AUTREMENT 51 Penser Faut-il ouvrir nos écoles pour ouvrir l’esprit des écoliers? 54 Voyager Dans le Palerme de l’auteur du Guépard Du 31 août au 6 septembre 2024 36 48 3 20 Sur notre site Le 28 août, Paris rallumera sa flamme pour les jeux Paralympiques 2024, avec – on l’espère – le même succès populaire que les JO au cœur de l’été. Quelles surprises nous réserve encore Thomas Jolly, leur directeur artistique? Sur Télérama.fr, des artistes aux chorégraphes, les artisans des cérémonies d’ouverture et de clôture en racontent les coulisses. En pleine rentrée scolaire, nous suivrons aussi l’engouement pour les Jeux parmi les familles et les enseignants qui prévoient d’y emmener leurs élèves. Rencontres, portraits, analyses… le mariage du sport et de la culture promet de toujours nous ravir. telerama.fr/jeux-olympiques/ ICI ET AILLEURS 9 Télérama 3894 28/08/24 EVA HAMBACH/AFP Par Lucas Armati divisée et violente, à l’image de celle tenue en 1968, sur fond de guerre du Vietnam, dans la même ville de Chicago. Balayés aussi, les doutes quant à la personnalité même de Kamala Harris, jugée par certains excessivement conservatrice lorsqu’elle était procureure générale de Californie, trop timorée sur la situation à Gaza ou tout simplement médiocre oratrice. Dans la guerre des images que constitue toute course à la Maison-Blanche, la convention démocrate a réussi à imposer son storytelling, celui d’une candidature «naturelle», incarnant le renouveau. C’est la force de ces méga-shows américains — et tant pis si la réalité est un brin pluscomplexe,etleprogrammedeHarrisencoreflou.Alors que les sondages restent serrés, l’unité affichée montre surtout le pragmatisme des démocrates face au péril Donald Trump. Reste à savoir si l’élan résistera à l’épreuve du débat, prévu le 10 septembre prochain entre les deux candidats • Difficile de se rappeler dans quelle impasse se trouvait le parti démocrate au début de l’été quand on regarde les images triomphantes de sa convention,tenuelasemainedernièreàChicago. Après quatre années passées dans l’ombre du président Biden, Kamala Harris y est devenue la candidate officielle et incontestéedesoncamp,etaappelésessoutiensàécrire«le prochain grand chapitre de la plus grande histoire jamais racontée».Pour l’occasion, Joe Biden n’a montré aucune amertume quant à son soudain retrait, Barack Obama a adapté son célèbre slogan de campagne en «Yes, she can» («Oui, elle le peut»), et même le sénateur socialiste Bernie Sanders aremiséseshabituellescritiquescontreleparti.Oubliés,les commentateurs qui prédisaient une convention démocrate Raz de marée pour Kamala Harris, à la convention démocrate de Chicago, le 22 août. PREMIER PLAN LE GO DE CHICAGO 10 Télérama 3894 28/08/24 JEAN-PIERRE LELOIR/GAMMA-RAPHO | LA MAISON DU DIRECTEUR/FAITES UN VOEU/SEPPIA | CMF-MPC DansC’estassezbiend’êtrefou(2013),ilralliaitVladivostok envanavecfeulestreet-artisteZooProject.Documentariste franc-tireur,AntoinePageafilmé,de2009à2021,lesétudes demédecinedesonpetitfrèreAngeldansl’excellentToubib. Douzeansdetournage,c’estcolossal! Quelaétévotreprocessusdetravail? J’aiaccumulédesimagespendanttoutescesannées,comme je le fais souvent. Je ne suis jamais intimidé par l’absence de trame, au contraire ça me stimule. J’ai une foi absolue en la matière cinématographique puisque, potentiellement, tout m’intéresse. La première année raconte le huis clos des révisions. Ensuite, j’ai pu filmer tous les stages d’Angel, deux ou troisjoursàchaquefois.QuandilestpartifaireErasmusàSofia, mon frère s’est mis à se filmer lui-même, façon journal intime… À l’arrivée, l’enjeu, c’était de savoir quand arrêter. J’ai continué jusqu’à ce qu’il exerce dans cette maison de santé à Marseille qui lui correspond tellement. Et j’ai su que je tenais une chute quand Angel a conclu: «Ce qu’il faudrait pour la médecine, c’est voter à gauche! » Ensuite, je me suis isolé pendant six mois dans ma maison du Jura, et j’ai monté à raison de douze à quinze heures par jour. Duranttoutcetemps,vousfaisiezd’autres documentairesenparallèle? Oui. Je suis dans une économie assez précaire, je ne vis que de mes films, donc ça nécessite de ne jamais s’arrêter. Je m’autoproduis et ça me permet de décider du temps que j’alloueàuntournagesansêtreconditionnéparuneproduction ou un diffuseur. Je suis totalement indépendant. Totalement libre. Après, c’est au prix d’une certaine visibilité… Vousavezunautreprojethorsnorme? En parallèle de l’aventure de C’est assez bien d’être fou, j’ai tiré au sort une petite ville française, Aniche, dans le NordPas-de-Calais, et je m’y suis installé pendant un an et demi. Jemesuislaisséporteretj’aifiniparfilmerdesadosde14ans sur la place où ils traînaient, sans contrainte, sans format. J’ai fait cinq films sur ces jeunes, regroupés sous le titre Wesh gros. Aujourd’hui, ils ont 22 ans et je continue à documenter leurs discussions… Propos recueillis par Marie Sauvion u Toubib, en salles. LIRE critique page 71. INTERVIEW MINUTE LA CAMÉRA ET LE CADUCÉE Catherine Ribeiro, figure majeure de la chanson française des années 1970, trop vite oubliée. TOUT FEU TOUT FEMME 1979.Àlatélévision,unebrunesublime, habit noir, écharpe rouge sang, chante d’unevoixpuissanteTouslesdroitssont dans la nature. Elle vit, vibre, ouvre les bras, renverse la tête. Elle est incandescente, entre égérie révolutionnaire et figure sacrificielle. Sur fond de rock progressif, elle clame un viscéral besoin de liberté. Onze ans plus tôt, Catherine Ribeiro se remettait d’une tentative de suicide. La rage au cœur, elle renaissait à 27 ans, tournant le dos à la carrière populaire qui s’ouvrait à elle, pour se tracer un chemin en dehors de la «ligne droite — trop étroite». Sa révolte fermentait depuis longtemps. Ado, la fille d’immigrés portugais, née à Lyon en 1941, trouva les premiers jalons de l’émancipation dans la littérature et la poésie, René Char en tête. On la remarque comme actrice, dans Les Carabiniers, de Godard. Elle enregistre des chansons inoffensives, qu’elle n’écrit pas. Mais son tempérament de feu ne peut supporter les règles du showbiz. En 1969, en compagnie du musicien allumé Patrice Moullet, Ribeiro fonde le groupe Alpes, poussant la chanson française dans les retranchements du rock et du free-jazz, délaissant le format du couplet-refrain. On la surnomme la «pasionaria rouge». Elle impressionne, par la force de son chant, à la fois primal et théâtral, par l’audace de ses textes, par son attitude insubordonnée. Elle chante l’éveil d’une conscience écolo, soutient les Palestiniens, comme ceux qui fuient les régimes de Franco ou de Pinochet. HabituéedelaFêtedel’Huma,chaquefois qu’elle monte sur scène, elle semble jouer sa vie. Tant d’engagement finit par brûler. Catherine Ribeiro + Alpes publieront un dernier album en 1980. Pendant dix ans, la chanteuse se fait discrète pour réapparaître en reprenant le répertoire de Piaf, Prévert, Barbara, Ferrat… On la croit assagie? Erreur. Elle rappelle à tout le monde quelle interprète magistrale elle est. L’expérimentation est passée, mais la révolte reste intacte. Depuis le 11 janvier 2008, date de son dernier concert, l’indomptée ne se montrait plus. Après «le droit de crier, de hurler», celui de se taire. À jamais. Catherine Ribeiro est décédée, à 82 ans, le 23 août. — Valérie Lehoux ICI ET AILLEURS 11 Télérama 3894 28/08/24 La Prière aux étoiles, film inachevé de Marcel Pagnol, qui l’avait soustrait aux mains de l’occupant pendant la Seconde Guerre mondiale. nées 1960, Marcel glisse qu’il reste une copie du film maudit, pourtant introuvabledanslefondsPagnol,conservéau fort de Bois-d’Arcy (78). Il faut attendre décembre 2023 pour qu’un étudiant bastiais de 27 ans, Valécien Bonnot-Gallucci, doctorant en histoire de l’art, se rende au service des archives pour visionner ce qui est disponible. On lui présente huit bobines montées, d’une durée d’environ quatre-vingts minutes, en parfait état de conservation, qui proviendraient d’un don anonyme mais dont il semble plus probable qu’elles aientétéretrouvéesparmilemillionde boîtes stockées, mais loin d’être toutes identifiées, à Bois-d’Arcy. Nicolas Pagnol, petit-fils du réalisateur, rapplique aussitôt pour découvrir le trésor: «C’est superbe et cela n’a rien à voir avec le Pagnol auquel on est habitué. On se rapproche du cinéma hollywoodien des années 1940, avec la lumière à contre, les femmes sont vaporeuses, les costumes magnifiques, les cadres très précis. S’il n’avait pas dû tout vendre pour ne pas collaborer avec les Allemands, son cinéma n’aurait pas été le même après-guerre.» Une projection des bobines miraculées pourrait avoir lieu en 2025, pour les 130 ans de la naissance de Marcel. — Jérémie Couston BIENTÔT UNE NOUVELLE GLOIRE POUR PAGNOL? Rocambolesque,l’histoiredeLaPrière aux étoiles, film inachevé et perdu de Marcel Pagnol (1895-1974), vient de connaître un ultime rebondissement. Sur le modèle de Marius, Fanny et César, chaque segment de cette seconde trilogie devait porter le nom d’un de ses protagonistes: Florence, Pierre et Dominique, soit une actrice tiraillée entre son amant et son mécène. Le tournage débute pendant l’Occupation, dans les studios provençaux de Pagnol. Alfred Greven, le patron de la Continental Films, créée en 1940 par Joseph Goebbels, annonce alors à Marcel qu’il serait ravi de distribuer ce nouveau long métrage. Refus catégorique du cinéaste et dramaturge marseillais, qui prétend que les séquences déjà tournées sont inexploitables et se voitcontraintdelesdétruirelui-même, à la hache, pour le prouver. Pour rompre définitivement avec les Allemands, il ira ensuite jusqu’à dire qu’il perd la vue! Qu’il doit en conséquence arrêterlecinéma.Etillefait.Ilvendses studios et achète la ferme horticole du domaine de l’Étoile, à Nice. Il y fait embaucher une partie de ses acteurs et techniciens pour leur éviter le STO (Service du travail obligatoire). Dans une interview donnée dans les anCE TRÈS CHER FOOT Les fans de foot ne décolèrent pas. L’objet de leur courroux tient en quatre lettres: DAZN (prononcer «da zone»), le nouveau diffuseur de la Ligue 1. La plateforme de streaming britannique, qui se présente comme le «Netflix du sport», affiche des tarifs jugés prohibitifs: près de 30 euros par mois (40 si vous ne vous engagez pas pour un an!) pour huit matchs de championnat (le neuvième est diffusé sur beIN Sports le samedi à 17 heures), contre une vingtaine d’euros pour la précédente offre, le Pass Ligue 1 d’Amazon Prime Video — et c’était déjà cher. Même si DAZN propose aussi la Betclic Élite (ex-Pro A) de basket, du MMA ou de la boxe, ça ne passe pas. Au point que, à quelques jours du match de reprise Le Havre/ PSG le 16 août dernier, un appel au boycott a fleuri sur les réseaux sociaux, devenant même une tendance sur X avec plus de quinze mille messages. SelonL’Équipe,plusdedeuxcentmille personnes se seraient même connectées sur des flux pirates de Telegram pour suivre le match sans payer. D’autres l’auraient regardé sur des applications et boîtiers IPTV, là aussi en toute illégalité. «En six mois, nous espérons atteindre 1,5 million d’abonnés, au minimum un million», a confié sans rire le patron de DAZN, Shay Segev, à L’Équipe. Bon courage, d’autant que le « spectacle Ligue 1» est désormais privé de son produit d’appel Kylian Mbappé, qui a décidé de rejoindre cette saison le Real Madrid. La couverture de certaines rencontres, commentées en cabine depuis Paris et sans consultant, et l’absence de multiplex ne devraient pas non plus calmer la grogne. Qui gagne aussilescafetiers,àquiDAZNdemande plus de 200 euros par mois pour pouvoir projeter les matchs. Bref, c’est la tournée générale des mécontents! — Richard Sénéjoux LEGRANDJE 13 Télérama 3894 28/08/24 FRANÇOIS FONTAINE/AGENCE VU HOMMAGE Alain Delon affectionnait les personnalités doubles. Avait le goût du risque. Et savait l’effet que produisait son reflet dans un miroir. De Visconti à Melville, l’acteur mythique aux quatre-vingt-sept films se faisait tantôt kafkaïen, tantôt proustien. Toujours fascinant. Il nous a quittés à l’âge de 88 ans. Par Guillemette Odicino Par Guillemette Odicino A lainDelonestmortvingt-quatrefoisàl’écran— lainDelonestmortvingt-quatrefoisàl’écran— c’est-à-dire dans presque un tiers de ses c’est-à-dire dans presque un tiers de ses films —, et toujours de manière violente, crifilms —, et toujours de manière violente, criblé de balles ou d’un seul tir dans la bouche. blé de balles ou d’un seul tir dans la bouche. Ce 18 août, l’acteur, qui avait reçu une Palme Ce 18 août, l’acteur, qui avait reçu une Palme d’or d’honneur au Festival de Cannes en d’or d’honneur au Festival de Cannes en mai 2019, a juste cessé de respirer, en fermant ses yeux bleu mai 2019, a juste cessé de respirer, en fermant ses yeux bleu acier que l’âge, 88 ans, n’avait pas réussi à délaver. acier que l’âge, 88 ans, n’avait pas réussi à délaver. Un souvenir nous revient comme si c’était hier. Un souvenir nous revient comme si c’était hier. 14 mai 2010: une jeune journaliste de cinéma se retrouve 14 mai 2010: une jeune journaliste de cinéma se retrouve dans les grands salons du Carlton ou du Majestic (elle a oudans les grands salons du Carlton ou du Majestic (elle a oublié ce détail), attablée non loin de Claudia Cardinale, blié ce détail), attablée non loin de Claudia Cardinale, Alain Delon et Martin Scorsese, grâce à qui une copie Alain Delon et Martin Scorsese, grâce à qui une copie neuve et somptueuse du neuve et somptueuse du Guépard, Guépard, de Visconti, Palme d’or de Visconti, Palme d’or à l’unanimité quarante-sept ans auparavant, vient d’être à l’unanimité quarante-sept ans auparavant, vient d’être projetée à Cannes Classics. Même si son rédacteur en chef projetée à Cannes Classics. Même si son rédacteur en chef voit d’un mauvais œil cet élan peu professionnel, la jourvoit d’un mauvais œil cet élan peu professionnel, la journaliste prend son courage à deux mains, se lève, traverse naliste prend son courage à deux mains, se lève, traverse le salon et se plante devant Delon, pour lui balbutier son le salon et se plante devant Delon, pour lui balbutier son admiration. Réjoui comme un enfant, admiration. Réjoui comme un enfant, l’acteur propose : l’acteur propose : « Voulez-vous que je « Voulez-vous que je vous fasse le regard Delon?» vous fasse le regard Delon?» Il baisse Il baisse légèrement la tête, la relève d’un coup légèrement la tête, la relève d’un coup et la fixe de ses iris bleu piscine. Renversant. Rieur, il proet la fixe de ses iris bleu piscine. Renversant. Rieur, il propose même de le refaire, comme on accepte une deuxième pose même de le refaire, comme on accepte une deuxième prise… Il avait 75 ans. Quand Delon voulait séduire, il séduiprise… Il avait 75 ans. Quand Delon voulait séduire, il séduisait, qui que vous soyez, quel que soit le moment. sait, qui que vous soyez, quel que soit le moment. De ce jour, la journaliste n’admit plus que l’on puisse se De ce jour, la journaliste n’admit plus que l’on puisse se moquer d’Alain Delon parlant de lui à la troisième personne, moquer d’Alain Delon parlant de lui à la troisième personne, enchaînant les films et les rôles sans intérêt dès les anenchaînant les films et les rôles sans intérêt dès les années 1990, multipliant les déclarations réacs ou se retrounées 1990, multipliant les déclarations réacs ou se retrouvant, au soir de sa vie, au centre de sordides règlements de vant, au soir de sa vie, au centre de sordides règlements de comptes entre ses enfants. En fait, très vite, quand il était comptes entre ses enfants. En fait, très vite, quand il était devenu star, quand tout le monde, ou presque, s’accordait à devenu star, quand tout le monde, ou presque, s’accordait à lequalifierde«plusbelhommedumonde»,ilavaitcompris: lequalifierde«plusbelhommedumonde»,ilavaitcompris: il y avait Alain, né à Sceaux en 1935 d’une mère pharmail y avait Alain, né à Sceaux en 1935 d’une mère pharmacienneetd’unpèrequitenaitunepetitesalledecinéma,puis cienneetd’unpèrequitenaitunepetitesalledecinéma,puis rapidement confié à une famille d’accueil lors du divorce de rapidement confié à une famille d’accueil lors du divorce de ses parents; celui qui devançait l’appel, à 17 ans, et partait ses parents; celui qui devançait l’appel, à 17 ans, et partait faire la guerre d’Indochine ou, bien des années plus tard, faire la guerre d’Indochine ou, bien des années plus tard, s’isolait du monde avec ses compagnes et ses chiens à Dous’isolait du monde avec ses compagnes et ses chiens à Douchy, sa grande propriété du Loiret. Et puis, il y avait l’Autre: chy, sa grande propriété du Loiret. Et puis, il y avait l’Autre: l’acteur, la créature d’une photogénie l’acteur, la créature d’une photogénie inouïe, qui, sur l’écran, appartenait à inouïe, qui, sur l’écran, appartenait à tout le monde. Pour ne pas devenir fou, tout le monde. Pour ne pas devenir fou, il devait les dissocier, les dédoubler. il devait les dissocier, les dédoubler. ☞
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