TÉLÉRAMA n°3912 - Page 3 - 3912 3 Télérama 3912 01/01/25 ÉDITORIAL Nous faudra-t-il apprendre à aimer aussi les années mal aimables? Comme 2024 qui non seulement n’aura vu cesser ni les combats en Ukraine, ni la guerre à Gaza, mais aura de plus ajouté son lot de frayeurs — poussée du RN aux élections législatives après la hasardeuse dissolution, retour au pouvoir de Donald Trump, jusqu’à la récente catastrophe à Mayotte aggravée par la pauvreté. Cette année fut-elle pire que la précédente? Sans doute pas. Mais dans le contexte de crise économique, d’incertitude politique, de fatigue informationnelle face aux malheurs du monde, se souvenir du meilleur exige parfois une volonté tenace. C’est à ce prix que nous reviennent en mémoire certains bonheurs personnels, mais aussi l’immense enchantement orchestré par Thomas Jolly et ses complices pendant les cérémonies olympiques. Nous avons tellement aimé nous sentir unis dans un même élan. Télérama, de son côté, n’a cessé de se transformer, pour rendre encore mieux compte de la création artistique dans toute sa richesse et sa grande diversité, de cette culture qui tisse, entre les individus, un lien plus précieux que jamais dans notre époque tourmentée. En 2024, notre magazine s’est renouvelé dans son édition papier, a enrichi son offre numérique et réinventé son application pour vous permettre de lire Télérama à tout moment, que vous soyez à la recherche d’une recommandation culturelle, d’une série ou d’un film à regarder, ou encore d’un article de fond pour éclairer les nombreux débats d’idées. En 2025, nous avons de multiples projets pour nous montrer à la hauteur de la confiance et de la fidélité que vous nous accordez. «Si le monde était clair, l’art ne serait pas», écrivait Albert Camus. Dans les mois qui viennent, c’est d’abord dans l’art et la culture que nombre d’entre nous iront, encore une fois, chercher consolation, enthousiasme, voire éblouissement. Au nom de la rédaction et de toutes les équipes de Télérama, je vous souhaite, chères lectrices et chers lecteurs, une excellente année à partager ensemble. À vos souhaits Par Valérie Hurier, directrice de la rédaction Télérama 3912 01/01/25 4 SOMMAIRE LAURA STEVENS/MODDS POUR TÉLÉRAMA | GASPARD FERRATY | NICO BUSTOS/EL DESEO | SOPHIE VOITURON EN COUVERTURE Les jeunes talents de 2025 Sayyid El Alami, Solann, Vassili Schneider, Mallory Wanecque et Birane Ba. Photo Jean-François Robert pour Télérama Maquillage et coiffure Constance Haond et Pomme Seiler. Stylisme Charlotte Renard. Pour Solann, Ana de Cazanove et Milane de Cazanove Sayyid El Alami, pantalon Isabel Marant, tee-shirt Saint Laurent, mocassins J.M. Weston. Solann, ensemble Nina Ricci, escarpins Aquazzura. Vassili Schneider, chemise et cravate Saint Laurent. Mallory Wanecque, robe et mocassins Christian Dior. Birane Ba, costume Amiri, tee-shirt Brunello Cucinelli Ce numéro comporte pour la totalité des kiosques: une couverture spécifique «Paris-IDF» pour les abonnés et les kiosques de Paris-IDF, et une couverture nationale. Édition régionale, Télérama+Sortir, pages spéciales, foliotée de 1 à 48, jetée pour les kiosques des dép. 75, 77, 78, 91, 92, 93, 94, 95, posée sous la 4e de couverture pour les abonnés des dép. 75, 78, 92, 93, 94. 18 24 40 28 L’entretien Vanessa Springora Reportage Un opéra en Martinique Masterclass Pedro Almodóvar Voyage Amélie Nothomb à Ixelles Télérama 3912 01/01/25 5 DU 4 AU 10 / 1 / 25 HOUSE PROD./AD VITAM PROD./ARTE FRANCE CINÉMA/BBC FILM/BFI/PINKY PROMISE/FIRSTGEN/ACCESS ENTER. | ULRICH LEBEUF/MYOP | STURLA BRANDTH GRØVLEN/ZENTROPA ENTER./FILM I VÄST/STUDIOCANAL UK/STUDIOCANAL/TV 2 DANMARK/ZENTROPA PROD. 46 Cinéma Bird, d’Andrea Arnold 54 Livres Bristol, de Jean Echenoz 71 Télévision Families Like Ours, sur Canal+ MAGAZINE CRITIQUES TÉLÉVISION & PLATEFORMES RADIO & PODCASTS 3 Meilleurs vœux! 6 Premier plan La télé recadrée 7 L’instant T François-Régis Gaudry 8 L’œil sur l’actu DOSSIER 10 L’aube d’une promesse Ils ont moins de 30 ans et du talent: 2025 sera leur année ENTRETIEN 18 Vanessa Springora Dans Patronyme, l’autrice du Consentement analyse tout ce que porte son nom 22 Un couple impérial Jia Zhang-ke et Zhao Tao, le duo star du cinéma chinois 24 Vent lyrique en Martinique Quand Carmen résonne dans les ruines du théâtre de Saint-Pierre 28 La masterclass de Pedro Almodóvar Écriture, casting ou choix des couleurs, le maître espagnol donne sa leçon de cinéma 34 La voix de Gaza Le journaliste palestinien Rami Abou Jamous IDÉES 36 Le plus bel âge? La jeunesse entre espoir et incertitudes sous l’œil de deux chercheurs VOYAGE 40 Ixelles, la belle Dans les pas d’Amélie Nothomb BEAU GESTE 42 Estampillé Morgane Rospars La Bretonne du Havre remet les ex-libris au goût du jour 46 Cinéma Bird: une fillette évolue au cœur d’un chaos familial… et c’est euphorisant EN LUMIÈRE 54 Livres Dans Bristol, Jean Echenoz emboîte le pas d’un cinéaste. Virevoltant et mélancolique 64 Arts Quand Letizia Battaglia photographiait sa Sicile natale 66 Scènes Éric Ruf monte Le Soulier de satin, de Claudel, au Français 68 Musiques Amythyst Kiah, une écorchée vive sur la voie de l’apaisement 71 Quand le Danemark disparaîtra 74 Les secrets de fabrication du nouveau Wallace et Gromit 76 Redécouvrir Pam Grier, figure de la Blaxploitation 82 Les sélections 88 Programmes et commentaires 130 Le meilleur de la semaine L’enquête selon Collombat, le rebond de Guillaume Meurice, intrigues à Lapinville 135 Les programmes 140 Talents 141 Mots croisés 142 Conversation 6 Télérama 3912 01/01/25 PREMIER PLAN DENIS ALLARD/LEEXTRA VIA OPALE.PHOTO Aprèsuneannée2024 à un rythme olympique pour la télévision — meilleure audience de l’histoire pour la cérémonie d’ouverture des JO, arrivée de deux nouvelles chaînes sur la TNT, départ de Canal+ du canal 4… —, 2025 se présente comme une année de recomposition et de clarification. Au début de janvier, l’Arcom, gendarme de l’audiovisuel,devraitannoncerleregroupementdesquatrechaînes d’info dans un même bloc. Les téléspectateurs qui voudraient échapper aux sempiternels clashs sur BFMTV (canal 15) et CNews (16) pourront zapper facilement sur LCI ou Franceinfo,possiblementremontéessurlescanaux17et18. Quatre chaînes d’info en continu à la suite… Une remise au carréquidoitprivilégierl’informationetlereportageplutôt que les débats d’opinion: c’est ce que réclame le public. Un signe? BFMTV arrête l’émission d’un de ses bateleurs du soir, Éric Brunet, pour lancer un journal de 20 heures. Clarification, encore, pour les obligations de CNews: le nouveau contrat qui la lie à l’Arcom lui impose des règles renforcées de pluralisme, la variété des sujets traités, des points de vue, des intervenants… Mais, bien sûr, pour que ce recadrage ait de l’effet, encore faudra-t-il qu’elle les respecte. Son propriétaire, Vincent Bolloré, pourra méditer le crash d’une de ses autres antennes, C8. À force d’avoir joué avec le feu — 7,6 millions d’euros d’amendes en huit ans —, elle se voit retirer sa fréquence TNT (à partir de la fin de février). Sa créature, Cyril Hanouna, commence donc l’année sans savoir où il la terminera, et on ne pleure pas pour lui. À s’être pris pour le Donald Trump des médias, servant à un public nombreux fausses informations, radicalisation idéologique et débatspopulistes,l’animateurestl’un des responsables de la fermeture de la 8. Et du plan social qui en découle. Reste que la recomposition à l’œuvre s’accompagne d’incertitudes. Et d’un régime sec pour France Télévisions, avec 120 millions d’euros de coupes budgétaires. Le mandat de sa présidente, Delphine Ernotte, arrivera à échéance cet été, sans que l’on sache si la ministre de la Culture, Rachida Dati, regroupera l’entreprise avec Radio France dans une même holding. C’est dire si l’audiovisuel public, dont la solidité de l’information et l’effort de financement de la création sont indispensables à la cohésion du pays, commence 2025 groggy. Dans ce PAF en ébullition, un nouvel homme-clé prépare son entrée: Martin Ajdari, nouveau président de l’Arcom dèsle2février.Cefinspécialistedupaysagetélévisuelparaît attaché à la régulation des médias. À lui de protéger les intérêtsdupublic,etdelatéléfaceauxgéantsdunumérique• Dans la régie de C8, en 2021. Les outrances de Cyril Hanouna auront coûté à la chaîne des millions d’euros... et sa fréquence. La télé recadrée Par François Rousseaux 7 L’INSTANT T LE JOURNALISTE RUDY WAKS POUR TÉLÉRAMA FrançoisRégis Gaudry Propos recueillis par Virginie Félix Une histoire de femmes «Je suis celui qui parle de cuisine, pas celui qui la fait. Mais, après vingt-cinq ans de journalisme gastronomique, j’avais envie d’explorer ma généalogie culinaire, en racontant dans mon nouveau livre mes recettes du quotidien. Ce qui m’intéresse, c’est la petite histoire derrière chaque plat, la manière dont la recette s’est transmise d’une génération à l’autre. La cuisine que je pratiqueprovientdemamèreetmagrandmère corses. Cette dernière n’a jamais retranscrit une seule recette, elle parlait en poignées, on s’y perdait, et on n’obtenait pas le résultat escompté. Heureusement, ma mère a pris des notes. Je connaissais aussi quelques recettes par cœur: la soupe corse ou les lacets d’aubergine. Certaines me viennent aussi de copains, comme ces moules au poiré et au gingembre frais goûtées chez des amies en Normandie, idée qu’elles avaient récupérée chez unchef.Çaditlecôtécontagieuxd’une recette, ce petit bout de patrimoine que chacun remodèle à sa sauce.» Bouffer à tous les râteliers «Je suis un picoreur, un butineur, et je peux dire que j’ai bouffé à tous les râteliers. Quand on me demande quelle est ma cuisine préférée, je suis incapable de répondre. Une part de moi adore la cuisine aux accents bourgeois que pratiquait ma mère, et une autre se tourne franchement vers le végétal. Même si je suis aussi client de pâté en croûte ou de lièvre à la royale — mon plat préféré —, ma nature première m’amène à une certaine frugalité méditerranéenne. Comme le critiqueCurnonsky(surnomméleprince des gastronomes), je pratique l’excès avec modération.» 2020 En plein confinement, met en ligne des vidéos de recettes filmées dans sa cuisine. 2015 On va déguster, premier tome de la série de livres à succès publiés chez Marabout. 2010 Lance On va déguster, sur France Inter, et Très très bon, sur Paris Première. Du pain sur les planches «En novembre, je vais produire un cabaret gourmand sur la scène du Théâtre du Rond-Point, dans la lignée d’une soirée que nous avons montée avec les comédiens du Théâtre de Lorient, au printemps dernier. Cette proposition me réjouit, car elle me permet de m’échapper de l’exercice médiatique. Par ailleurs, je suis actuellement en discussion avec France Télévisions pour produire des documentaires qui porteront le label On va déguster. Mais sans incarner le programme à l’écran, car je suis tenu par uncontratd’exclusivitéaveclegroupe M6 jusqu’en 2026.» • l’actu Habitué à cuisiner les chefs, le journaliste gastronomique bien connu des auditeurs de France Inter et des téléspectateurs de Paris Première passe de l’autre côté des fourneaux avec Recettes et récits (éd. Marabout), carnet de table en forme de journal intime où il épluche sa généalogie culinaire en 155 plats fétiches. 8 Télérama 3912 01/01/25 L’ŒIL SUR L’ACTU ADAM WOOLFITT/ROBERT HARDING/COLL. CHRISTOPHEL | JACKY NAEGELEN/HANS LUCAS | BAYERISCHE STAATSGEMÄLDESAMMLUNGEN, MUNICH PHOTO: SIBYLLE FORSTER L’HISTOIRE Grande-Bretagne, capitale Stonehenge L’IMBROGLIO Quel mémorial pour les victimes du terrorisme? Alors qu’approchent les dix ans des attentats contre Charlie Hebdo (7 janvier) et l’Hypercacher (9 janvier), et bientôt ceux du 13 Novembre, qu’en est-il du jardin mémoriel promis par la Mairie de Paris? L’inauguration est toujours prévue cette année, à deux pas de l’Hôtel de Ville. Sauf qu’on ne sait plus très bien ce qu’on y trouvera: initialement, seules les victimes du Bataclan, des terrasses et du Stade de France devaient y être honorées. On pouvait déjà s’étonner que les tués de janvier, fauchés par le même terrorisme islamiste, n’y figurent pas. Or il est maintenant envisagé d’y adjoindre un autre mémorial, dédié aux victimes d’attentats de tous types commis en France depuis 1974. À l’origine, celui-ci devait aller de pair avec un musée, voulu par le chef de l’État en 2018. Mais pour des raisons officiellement budgétaires, ses promoteurs ont été informés que le chantier serait réorienté: plus de musée,maisdesexpositionstemporaires. Et un mémorial général, donc, dans un lieu consacré à un événement précis. Un embrouillamini qui heurte les associations de victimes. Et illustre la difficulté à aborder un phénomène hautement complexe et polymorphe. ▶ Valérie Lehoux mois, l’«occasion de spectacles, de festins et de célébrations, qui auraient attiré des milliers de personnes». Monument recyclé Ses « pierres bleues » seraient originaires d’un cercle démantelé quelque 200 kilomètres à l’ouest — les menhirs deWaunMawn,aupaysdeGalles—,ce qui en fait l’un des premiers monuments«recyclés».Etraviveaupassage la légende de l’enchanteur Merlin, qui aurait déplacé jusqu’à Stonehenge un cercle de pierres à l’aide de ses pouvoirs magiques. Barbecue Ce fut un lieu de fêtes dès le néolithique, selon l’archéologue Richard Madgwick, quand les noceurs n’hésitaient pas à parcourir entre 50 et 500 kilomètres pour se rendre à un grand barbecue communautaire. En l’État Autour du monument, une dizaine de tombes dites « princières » feraient de lui, selon les chercheurs français Clément Nicolas, Yvan Pailler et Cyril Marcigny, le centre de «l’une des premières formes d’État concentrant les pouvoirs politique, économique et religieux, avec une pleine propriété de la terre». ▶ Charlotte Fauve S’agit-il du premier monument à la gloire de l’unité britannique ? Un passionnant article de recherche paru dans Archaeology International apporte une pierre de plus à la connaissance de l’édifice mégalithique, au rôle sans doute plus politique que religieux. Selon l’archéologue Mike Parker Pearson et son équipe, à qui l’on doit, depuis plus d’une décennie, les principales découvertes concernant Stonehenge, celui-ci serait un «monument d’unification à l’échelle de la Grande-Bretagne». En tout cas, une monumentale exception. Des pierres venues de toute la Grande-Bretagne Quatre-vingt-trois linteaux en grès, quarante-trois « pierres bleues »… transportés sur 25 à 700 kilomètres, soit bien au-delà de la distance moyenne (7 kilomètres) parcourue par les éléments des sites mégalithiques européens. Ce symbole d’unité aurait pu être érigé en réaction à l’arrivée de communautés originaires des steppes d’Europe continentale. Un convoi exceptionnel L’imposante pierre d’autel proviendrait du nord de l’Écosse, à plus de 750 kilomètres de là. D’où un possible convoi exceptionnel, durant huit Cinq fois millénaire, le site de Stonehenge, dans le sud de l’Angleterre, n’en finit pas de fasciner. 9 Télérama 3912 01/01/25 LA DÉCOUVERTE Rendons à Giorgione… Il est l’un des peintres les plus énigmatiques de la Renaissance à Venise : Giorgione, mort en 1510 vers l’âge de 32 ans, a laissé derrière lui une œuvre fascinante à l’iconographie complexe. Seulement une dizaine de toiles font aujourd’hui consensus dans son corpus, tant les sources documentant sa vie et ses tableaux demeurent incertaines. Cette courte liste va s’enrichir d’une nouvelle entrée avec l’identification et l’attribution, par des chercheurs de l’Alte Pinakothek de Munich, du Portrait de Giovanni Borgherini et de Trifone Gabriele (vers 1509-1510), au terme d’une analyse à la fois historique, stylistique et scientifique, publiée en décembre dans une étude de la revue ArtMatters. La toile, attestée à Munich dès le xviie siècle, fut attribuée au siècle suivant à Giorgione, puis mise de côté jusqu’à ce qu’un récent projet de recherche sur le fonds vénitien du musée allemand la fasse voyager des réserves aux laboratoires. Les analyses ont ainsi révélé des couches picturales présentant quatre projets distincts de tableau. Après avoir identifié l’homme de sciences Trifone Gabriele grâce à son profil sur une médaille de la Frick Collection de New York, et son jeune apprenti Giovanni Borgherini mentionné dans un passage du recueil biographique Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (1568), de Giorgio Vasari, les chercheurs se sont penchés sur les trois couches inférieures. La plus ancienne a livré un dessin à main levée du Christ entouré de docteurs, assez virtuose pour être signé de la main du peintre. Au-dessus, unpaysage,avec,aupremierplan,une silhouette de femme, genou à terre, tenant un enfant: coincée entre deux couches de peinture, il s’agit bien d’un écho de La Tempête (1506-1507), chefd’œuvre le plus commenté et le plus mystérieux de Giorgione. Enfin, un portrait d’homme et sa manche en soie, aux très beaux motifs andalous, viennent rappeler les liens noués à l’époque par Venise avec le monde islamique. ▶ Francine Guillou LA PHRASE «Marésolution duNouvelAn estdefinir unnouvelalbum!» PAUL MCCARTNEY L’ex-Beatles, 82 ans, répondait le 22 décembre aux questions de ses fans sur son site officiel. Une annonce surprise qui fait beaucoup d’heureux. Le double portrait attribué au peintre vénitien date de 1510 environ. LE CHIFFRE 9 C’est le nombre de spectacles annulés à l’Opéra de Paris pendant les deux mouvements de grève de décembre 2024. Le premier avait été lancé par les danseurs, qui réclamaient la prise en compte salariale de leur temps de préparation avant de monter sur scène. Le second, par l’ensemble du personnel pour dénoncer le sous-effectif. Soit 2 millions de pertes, à l’heure où les comptes de l’institution se relevaient enfin du confinement. Photo Jean-François Robert pour Télérama TALENTS 2025 | PORTRAITS Chanteuses, acteurs, humoristes… ils ont entre 18 et 30 ans. Pleins de promesses, certains ont déjà été repérés, d’autres non. En 2025, ils seront tous sur le devant de la scène. De gauche à droite: Solann, Birane Ba (assis), Sayyid El Alami, Mallory Wanecque, Vassili Schneider, Sofia Belabbes, Sati Veyrunes (assise), Nathan Ambrosioni, Théodora, Louis Cattelat. Quels talents! 12 Télérama 3912 01/01/25 Mallory Wanecque, comédienne «Le cinéma est venu me prendre par le colback» C’estunepetitetornadevenuedupaysdescorons.Tchatche naturelle, moue à la Bardot, Mallory Wanecque, déjà quatre films au compteur, décoiffe le cinéma français. Mélange d’évidence et de hasard: il aurait suffi d’une énième absence à l’école pour que la jeune fille, repérée à 14 ans à la sortie de son collège d’Anzin (Nord) lors d’un casting sauvage, loupe la rencontre décisive. «J’allais peu en cours, et donc c’est une énorme chance que j’aie été présente ce jourlà!» Accostée sur un trottoir par les directrices de castings des Pires («je parlais fort, j’étais vénère, je venais de m’embrouiller avec une copine»), la tempétueuse Mallory se voit propulsée en 2022 tête d’affiche du premier long métrage de Romane Gueret et Lise Akoka, formidable mise enabymesurunebandedejeunesdes quartiers populaires de Boulogne-surMer, castés pour tourner un film… Suivront Comme un prince (Ali Marhyar), Pas de vagues (Teddy Lussi-Modeste), et surtout L’Amour ouf (Gilles Lellouche), carton générationnel, dans lequel elle mange l’écran en ado amoureuse, jeu instinctif et présence lumineuse. À 18 ans, elle a arrêté ses études, et poursuit sa course folle, avec deux films prévus pour 2025. «Je me revois à 14 ans, à ne pas savoir ce que je voulais faire de ma vie. Le système scolaire ne me convenait pas, je n’avais pas de bonnes fréquentations. Le cinéma est venu me prendre par le colback, et j’en suis reconnaissante tous les jours! On lui souhaite un avenir tout aussi «ouf». ▶ Hélène Marzolf | Rapaces, de Peter Dourountzis et Le Gang des amazones, de Mélissa Drigeard, en attente de date de sortie. MALLORY WANECQUE : STYLISME CHARLOTTE RENARD. CHEMISE, MAILLE RÉSILLE, JUPE EN SATIN DE SOIE ET MOCASSINS CHRISTIAN DIOR
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