TÉLÉRAMA n°3907 - Page 6 - 3907 3 Télérama 3907 27/11/24 LOIC VENANCE/AFP PREMIER PLAN LaRégiondesPaysdelaLoire sera-t-elle la première collectivité à renoncer à financer la culture sur son territoire? De nombreux théâtres,orchestres,festivals,associations… ont été informés que leur subvention serait supprimée en 2025 ou, dans le meilleur des cas, fortement baissée avant d’être arrêtée en 2026. Pour les structures les plus fragiles, c’est la mort programmée. Pour les autres, l’obligation de réduire la voilure de leurs activités. Comme toutes les Régions, celle des Pays de la Loire est contrainte par le gouvernement à participer au redressement des comptes publics. Il lui en coûtera 40 millions d’euros. La présidente de l’exécutif régional, Christelle Morançais (Horizons, ex-LR), a décidé de placer le curseur des économies plus loin. A minima 100 millions d’euros. Et de faire peser l’essentiel des coupes sur la culture (– 73%) et le sport (– 75%), ce qui devrait être acté lors du vote du budget, le 19 décembre. Dans le passé, la culture a souvent servi de variable d’ajustement aux élus locaux pour équilibrer leur budget. Jamais elle n’a été ainsi balayée. Un choix dangereux. Même si le financement de la culture ne relève pas d’une obligation pour les Régions, il existe depuis les années 1980 un consensus politique sur l’idée qu’elle doit être soutenue par tous les échelons de la puissance publique. C’est la meilleure et seule garantie d’un égal accès à la culture pour tous grâce à un maillage serré du territoire; d’une culture accessible à tous avec des tarifs abordables; et d’une diversité de l’offre que ne pourra jamais proposer le privé. En se dépouillant des moyens de mener une politique publique dans ce domaine, Christelle Morançais rompt avec cet héritage et en dénie la nécessité. Elle le fait en plus sans concertation et avec brutalité. Justifiant sa décision au nom d’une réalité économique prétendument intangible. Stigmatisant les artistes en reprenant les poncifs éculés habituellement véhiculés par l’extrême droite sur une culture gavée d’argent public et composée de nantis et de gauchistes. Plus idéologique que politique. Avec un risque de contagion car d’autres collectivités (départements, communes…), elles aussi soumises à de fortes contraintes budgétaires, pourraient être tentées à leur tour de se désengager. C’est pourtant l’exemple à ne pas suivre • Christelle Morançais, présidente de la Région Pays de la Loire, entend réduire des trois quarts le budget de la culture en 2025. La folle saignée de Nantes Par Olivier Milot Télérama 3907 27/11/24 4 JÉRÔME BONNET POUR TÉLÉRAMA | CYRIL ZANNETTACCI POUR TÉLÉRAMA | DANIEL RODRIGUES POUR TÉLÉRAMA | DENIS ALLARD/LEEXTRA POUR TÉLÉRAMA SOMMAIRE EN COUVERTURE Conception Loran Stosskopf Image Marine Poulain Pacoret Ce numéro comporte pour la totalité des kiosques: une couverture spécifique «Paris-IDF» pour les abonnés et les kiosques de Paris-IDF, et une couverture nationale. Posés sur la 4e de couverture: une enveloppe Médecins du monde sur la totalité des abonnés France Métropolitaine et les Gpub, un encart 2p. Parrainage CMI France en aléatoire sur les abonnés Civilité Femme payants France Métropolitaine. Édition régionale, Télérama+Sortir, pages spéciales, foliotée de 1 à 56 jetée pour les kiosques des dép. 75, 77, 78, 91, 92, 93, 94, 95, posée sous la 4e de couverture pour les abonnés des dép. 75, 78, 92, 93, 94. 22 26 40 30 Entretien L’écrivain américain David Joy Reportage Chasse privée en Sologne Balade À Lisbonne avec Miguel Gomes Radio Les recettes de Nostalgie 6 Télérama 3907 27/11/24 AGAT FILMS | JEAN-LOUIS FERNANDEZ | 2024 NETFLIX, INC. DU 30 / 11 AU 6 / 12 / 2024 52 Cinéma En fanfare 78 Scènes Les Fausses Confidences 83 Télévision La série animée Arcane MAGAZINE 3 Premier plan La folle saignée de Nantes 8 L’instant T L’acteur Pierre Lottin 10 L’œil sur l’actu 14 Story-board Stop à la vachette! DOSSIER 16 Ré-union parents-profs Comment les réconcilier? Les initiatives des collèges qui relancent le dialogue ENTRETIEN 22 L’écrivain David Joy Depuis ses Appalaches, l’auteur de polars est sonné par la victoire de Trump 26 Sologne, les seigneurs de la chasse Enquête sur la privatisation et l’engrillagement de la forêt, fatal pour les animaux 30 Balade à Lisbonne avec Miguel Gomes Le réalisateur de Grand Tour nous entraîne dans sa ville 34 Kim Deal, rock sans fard L’ex-bassiste des Pixies en solo guitare-voix 36 Adrien Parlange, trait de génie Rencontre avec l’auteur et illustrateur à l’occasion du Salon de Montreuil 40 La fibre Nostalgie La radio qui passe les tubes de votre jeunesse s’adapte et ça marche IDÉES 42 Qui a la clé des champs? L’historien de l’environnement Sébastien Marot propose d’inverser le rapport entre agriculture et urbanisme VOYAGE 46 La Ciotat, port d’attache Dans les pas des frères Lumière BEAU GESTE 48 Un duo d’architectes qui joue collectif L’atelier Tolila-Gilliland, lauréat d’une Équerre d’argent 2024, repense le logement CRITIQUES TÉLÉVISION & PLATEFORMES RADIO & PODCASTS 52 Cinéma En fanfare, une comédie sociale enlevée sur la fraternité 62 Musiques Dans les bacs, le rappeur Gazo fait régner l’Apocalypse 66 Livres Vingt et un textes éblouissants signés John Edgar Wideman 76 Arts «Panorama 26»: la création numérique bat son plein à Tourcoing EN LUMIÈRE 78 Scènes Les Fausses Confidences, de Marivaux, par Alain Françon 83 Arcane, une série animée épatante made in France 86 Rencontre avec Steve McQueen pour sa série Blitz 88 Plongée dans les archives de l’affaire qui a inspiré à Truman Capote De sang-froid 89 Bon Voyage, un film délicat sur la fin de vie assistée 90 L’histoire de l’association Act Up enfin retracée 91 Le génial Paul Giamatti en quatre rôles 92 Notre-Dame à la une 94 Les sélections 100 Programmes et commentaires 142 Le meilleur de la semaine radio & podcasts Des mères face à l’inceste, Rinse France, Osamu Tezuka… 147 Les programmes 152 Talents 153 Mots croisés 154 Conversation 8 Télérama 3907 27/11/24 L’INSTANT T LE COMÉDIEN Pierre Lottin Propos recueillis par Guillemette Odicino Garçon mystère «Si je fais le con, c’est justement pour ne pas avoir à vous dire qui je suis vrai ment ! C’est ma manière de mettre unedistanceentrelecinémaetlavraie vie. Disons qu’une volonté incons ciente a fait que je devienne acteur par coïncidence… J’étais un enfant hyper actif, je courais partout, et j’avais même un casque, et un harnais pour que mes parents ne me perdent pas dans les centres commerciaux! Au départ, l’armée me tentait pour trou ver de la discipline et satisfaire mon esprit de groupe, d’autant que j’en partage les valeurs: la loyauté, la fra ternité et une forme de sensibilité, car un bon militaire se doit d’avoir les jambes, la tête et le cœur. Mais mon père a eu du nez: il m’a dit que puis que je faisais le con tout le temps, au tant en faire mon métier ! Ma mère, elle, m’a mis très tôt au piano et j’ai commencé à canaliser mon énergie. Dès la première scène, issue de Las Vegas Parano (Terry Gilliam, 1998), que j’ai jouée pour entrer au Cours Florent, je me suis senti habité et à ma place. Seraije un jour aussi bon qu’un Mads Mikkelsen ? Pour le moment, j’aimerais bien être juste une version améliorée de moimême.» • Cap ou pas cap ? «Pour le rôle du prisonnier qui joue l’esclave Lucky dans Un triomphe (2020), Emmanuel Courcol avait vu en moi ce truc de ne jamais me penser capable d’être bon. Et il a pensé à moi pour Jimmy, ce musicien amateur qui a exactement le même complexe dans Enfanfare.C’est un beau sujet, le déter minisme social. Je savais d’emblée qui était Jimmy, ce type apparemment bourrin et qui ne l’est pas. Les gens de province sont beaucoup moins basi ques que beaucoup de Parisiens. Pour quoi le cinéma français ne parletil pas davantage de la vie en pavillon? Mon seul regret est d’avoir dû, pour le rôle, jouer moins bien du piano.» Tuche pour toujours ? «Je suis condamné à vie! Je joue dans le prochain [en salles le 5 février 2025, ndlr],jeseraidanslesuivants’ilexiste. Mais ce n’est pas une malédiction parce que c’est bien payé, que je re trouve la famille Tuche et que c’est le seul film qui m’a permis de faire le comique. À la base, j’étais assez mar rant. Moins maintenant que je me prends un peu au sérieux! J’aimerais tant refaire Holly Weed, cette série gé niale d’OCS… et arrêter de jouer des mecs qui se sont trompés de colline. Je reçois des propositions où le per sonnage porte toujours le même blou son en cuir, et en ce moment je rêve d’enfiler une robe d’avocat. Pour ba lancer du texte. Ou jouer la pudeur, la gêne amoureuse, comme Daniel Day Lewis dans Le Temps de l’innocence, de Scorsese. J’ai aussi envie d’écrire un film sur un pianiste puisque je compose. Je n’ai plus envie de cacher que je fais de la musique.» l’actu L’acteur révélé par Les Tuche bouleverse dans En fanfare, d’Emmanuel Courcol (en salles, lire p.52). Son rôle? Un musicien amateur «chti», frère d’un chef d’orchestre prestigieux (Benjamin Lavernhe). 2024 Quand vient l’automne, de François Ozon. 2022 La Nuit du 12, de Dominik Moll. 2011 Les Tuche, d’Olivier Baroux. Photo Rudy Waks pour Télérama 10 Télérama 3907 27/11/24 UPI/ABACA L’ŒIL SUR L’ACTU LE DÉCRYPTAGE Échangerdesmillionscontre unebanane,c’esttoutunart 6,2 millions de dollars : c’est le prix déboursé chez Sotheby’s à New York par un collectionneur chinois pour acquérir Comedian, une œuvre de l’artiste Maurizio Cattelan qui n’en finit pas de créer la controverse. En quoi consiste Comedian? Exposée pour la première fois en 2019 à Art Basel Miami, Comedian est une installation simple et efficace: une banane, fixée à un mur immaculé à l’aide d’un gros morceau de Scotch argenté. Par l’intermédiaire de la galerie Perrotin, l’artiste italien Maurizio Cattelan met en vente cette banane durant la foire en trois exemplaires, chacun assorti d’un certificat d’authenticité et d’un protocole de plusieurs pages pour pouvoir changer le fruit et éviter qu’il pourrisse, tout en gardant la rigueur de la mise en espace. L’œuvre est immédiatement achetée : 120 000 dollars pour les deux premiers exemplaires et 150000 dollars pour le troisième. Une banane au goût de tous? Pas vraiment. Les critiques d’art sont divisés, entre dédain et ironie. Deux fois, en 2019 puis en 2023, la banane est mangée en signe de protestation face à une œuvre jugée obscène. Pourtant, depuis Marcel Duchamp et sa Fontaine (1917), l’histoire de l’art a établi qu’il est possible de penser l’œuvre comme un processus ou une intention conceptuelle de la part de l’artiste, audelà de la matérialité de l’objet. Avec cette banane, Cattelan ne propose pas autre chose qu’un ready-made, certes volontairement provocateur. Est-ce vraiment de l’art ? Comme souvent avec Cattelan, la provocation n’est jamais loin du rire, et inversement. Mais Comedian force le regardeur à s’interroger sur la notion d’œuvre d’art : que contemplonsnous? Une banane? Un protocole précisetdétaillé?Unactecréateurgénial? L’œuvre est en tout cas devenue une icône, son image faisant le tour du monde presque instantanément… Achetée 6,2 millions de dollars, cette banane relance le débat sur la spéculation dans l’art et offre à son nouveau propriétaire, un collectionneur chinois également entrepreneur dans la cryptomonnaie,sesquinzeminutesde célébrité. ▶ Francine Guillou LA PHRASE «Refusonsdenous dévaloriseretdenous fairepluspetits quenouslesommes.» MADONNA Sur Instagram, la chanteuse explique ne pas vouloir revoir à la baisse son projet de biopic sur elle-même (après avoir travaillé quatre ans dessus). 11 Télérama 3907 27/11/24 PIEF WEYMAN/SCYTHIA FILMS/GIDDEN MEDIA/PROFILE PICTURES/TAILORED FILMS/KINEMATICS LE CHIFFRE 29% C’est le pourcentage de films tournés par des femmes, en France, entre 2014 et 2023, selon le Collectif 50/50. L’étude montre aussi que, ô surprise, les réalisatrices sont plutôt cantonnées aux petits budgets, et que les hommes sont en mesure de tourner davantage de films (à partir du quatrième film, la part de réalisatrices tombe à 19 %). LE DÉNOUEMENT Ouf! les télés et radios publiques seront bien financées Après le Sénat, l’Assemblée nationale a voté, le 20 novembre, la proposition de loi organique relative aux lois de finances (Lolf) assurant le financement de l’audiovisuel public par une part fixe de la TVA. Dans une atmosphère tendue, les députés ont offert une large majorité à ce texte, permettant ainsi d’éviter le scénario catastrophe de la budgétisation, c’est-à-dire de la mise sous tutelle de l’État des médias publics. L’avenir financier de Radio France, France Télévisions, France Médias Monde, TV5 et l’INA est donc assuré au-delà du 31 décembre 2024. Un vote en urgence et par défaut pour la majorité des parlementaires, qui dénoncent la méthode et le manque d’anticipation des différents gouvernements depuis la suppression de la redevance, en 2022. La gauche a profité des débats pour plaider son retour, sous forme d’une contribution proportionnelle aux revenus. La bataille autour de l’audiovisuel public est loin d’être terminée. ▶ Étienne Labrunie Parce qu’il a joué le jeune Trump dans The Apprentice, Sebastian Stan n’a pu participer à une émission télé. LA RÉSIGNATION ÀHollywood,lesanti-Trump nes’affichentplus À Hollywood, il ne fait plus bon avoir un regard critique sur Donald Trump. Sebastian Stan, qui incarne le milliardaire pas encore chef d’État dans The Apprentice, d’Ali Abbasi, vient d’en faire l’expérience. Le comédien, invité par le magazine professionnel Variety à participer à son émission de télé Actors on actors, a dû y renoncer. La raison? Aucun de ses collègues ne voulait dialoguer avec lui, par peur de devoir évoquer le cas Trump en public. Pourrappel,TheApprenticeraconte la jeunesse du 45e et bientôt 47e président des États-Unis dans les années 1970 et 1980, quand le promoteur immobilier,encorenoviceenpolitique, a tout appris de l’art des coups bas auprès de l’avocat Roy Cohn. Dans une scène choc, on y voit même Donald Trump violer sa première épouse, Ivana… Le principal concerné avait vilipendé sur son réseau social Truth Social un film «diffamatoire», assimilé à «une machine de guerre politiquement dégoûtante» contre lui. Depuis cette déclaration, le candidat républicain a battu Kamala Harris. Et, deux mois avant son retour effectif à la MaisonBlanche, l’industrie du cinéma, pourtant soutien traditionnel du camp démocrate, n’a visiblement pas envie de fâcher davantage le président élu… ▶ Samuel Douhaire 12 Télérama 3907 27/11/24 BERNADETTE DESPRÈS L’ŒIL SUR L’ACTU LE RECUL Finalement, Michel Barnier opte pour des campagnes en béton La France moche est de retour. Cédant à deux sénateurs (centriste et LR), le Premier ministre Michel Barnier vient d’annoncer qu’il renonçait à lutter sérieusement contre l’étalement urbain, en abandonnant l’objectif de diminution de 50% de l’artificialisation des sols d’ici à 2030. En clair, les mauvais maires pourront continuer à dévorer espaces agricoles et forêts en autorisant la construction anarchique de lotissements, de zones commerciales et de hangars logistiques. Ils auront même le droit de bétonner les jardins. Ce choix, s’il se confirme par le vote d’une loi, est catastrophique. La France est déjà championne d’Europe de l’étalement urbain. Chaque année, depuis des décennies, elle couvre de bitume, de parpaings et de tôle l’équivalent de deux fois la surface de Paris intramuros. Avec pour conséquences la dépendance à la bagnole, la dévastation des paysages, le recul de la souveraineté alimentaire, la pollution de l’eau, la vulnérabilité aux inondations, la chute de la biodiversité. La loi sur le ZAN, «zéro artificialisation nette», votée en 2021, commençait à peine à produire ses effets. Elle avait déjà été assouplie pour permettre l’installation d’usines. Avec Michel Barnier, qui la considère comme un «carcan», elle risque de subir un nouveau recul, si grave que même Bernadette Després a fait lire des milliers d’enfants avec ses BD Tom-Tom et Nana. Christophe Béchu, ex-ministre macroniste de l’Écologie, a dénoncé sur Sud Radio la «démagogie» du Premier ministre: «Ce n’est pas le sens de l’intérêt général. Nous ne devons pas relancer la bétonisation et l’artificialisation, mais, au contraire, diminuer le rythme.» Certes, une partie du pays a besoin de logements. On peut les bâtir plus intelligemment qu’en détruisant des champs et des jardins. La France a surtout besoin de rétablir un équilibre entre les départements où l’on s’entasse et ceux qui se vident, entre les villes et les campagnes. En protégeant ce qu’il reste de biodiversité. Le gouvernement n’est pas à la hauteur de cet enjeu. ▶ Xavier de Jarcy L’HOMMAGE Elle a poussé loin les Dubouchon ÀGivraines,cejourdemai2018,ilpleut des seaux. On s’abrite comme on peut quand débarque sous un parapluie Spider-Man une petite femme emmitouflée dans un grand gilet et chaussée d’une paire de Crocs à fleurs et coccinelles. «Vous êtes pile à l’heure!» Celle qui nous fait venir dans ce village du Loiret par ce temps de chien et qui nous accueille tout sourire, c’est Bernadette Després. Elle nous a promis une blanquette, alors on lui a apporté une tarte aux fraises pour le dessert. C’est inexplicable, mais on perçoit immédiatement en elle toute la tendresse et la bonhomie des illustres personnages qu’elle a co-créés. Bernadette Després, morte mardi 19 novembre à 83ans,étaitladessinatricedeTom-Tom et Nana. Elle a donné vie (avec Jacqueline Cohen) en 1977 à toute la joyeuse bande des Dubouchon et de La Bonne Fourchette dans les pages de J’aime lire (éd. Bayard) et continué pendant plus de quarante ans, inlassablement. On dit qu’il ne faut jamais rencontrer ses idoles, qu’on sera forcément déçu… Mais faire la connaissance de Bernadette fut une chance inouïe. Elle était drôle et fantasque, partant dans des éclats de rire féroces quand il s’agissait de se remémorer les aventures de son Tom-Tom et de sa Nana. Elle l’a fait volontiers avec nous, mais aussi dans les classes et dans les salons. Les bêtises toujours en bandoulière. La visite de sa maison était épique: un bazar réjouissant, entièrement consacré à ces personnages dégingandés, toujours croqués les genoux en dedans. Bernadette s’amusait d’un rien, avec dans la voix les intonations de l’enfance et un sourire permanent. Elle trouvait ça formidable, d’avoir fait lire des générations d’enfants. Et nous, on se souviendra toujours de celle qui nous a fait pouffer de rire quand on la lisait, sous la couette avec une lampe de poche, alors qu’il fallait dormir. À Bernadette, les enfants turbulents reconnaissants. ▶ Julia Vergely 14 Télérama 3907 27/11/24 ALBERT COURAND/INA VIA AFP | MAXPPP | FRANCE 2 STORY-BOARD Stop à la vachette! Par Thomas Bécard sur leurs traditions taurines. Comme le note l’animateur, à Fort Boyard, les tigres tout aussi emblématiques ont été remplacés sans dommage par des clones en 3D depuis deux saisons. Certes, ils sont un peu moches, mais au moins ils ne souffrent pas • En 1964, deux ans après les débuts d’Intervilles, Télérama se posait des questions : « cirque plein de pagaille, infantilisme aigu» ou «seule émission spontanée, désordonnée, drôle, vivan te»? Soixante ans plus tard, les débats ne portent plus sur le programme, mais sur la condition animale. Nagui, qui veut ressusciter l’émission qu’il a présentée surFrance 2de 2004 à 2005, annonce depuis un moment que ce sera sans les fameuses vachettes, au grand dam de villes comme Bayonne, Dax ou Mont-de-Marsan, arc-boutées Finale d’Intervilles en 1963, Dax contre Tarbes, puis en 2005, Châteauneuf-duPape contre PontSaint-Esprit, avec de vraies vachettes. En 2023, les tigres en 3D de Fort Boyard font leur apparition. Cet encart d’information est mis à disposition gratuitement au titre de l’article L. 541-10-18 du code de l’environnement. Cet encart est élaboré par CITEO. TRIONS SYSTÉMATIQUEMENT ÉDUCATION | DOSSIER Et si on renouaitle dialogue? Parents Profs Par Marion Rousset Photos Léa Crespi pour Télérama
TÉLÉRAMA n°3907 - Page 6
TÉLÉRAMA n°3907 - Page 7
viapresse