TÉLÉRAMA n°3896 - Page 4 - 3896 Près de 100 pièces exceptionnelles en édition limitée, signées de créateurs français et méditerranéens. Une collection anniversaire qui donne le ton dès aujourd’hui de nos engagements pris pour demain - à découvrir dans nos magasins et sur alinea.com. POTERIES DE TAMEGROUTE : Vases en terre brute fabriquées à la main au Maroc MARIA : Céramiques fabriquées au Portugal MARIANNE RATIER I MEYNIAL : Nappe en toile de jouy dessinée en France CAPEÙ I L’ENSAAMA : Imaginée par les étudiants de l’école de design AUDE I CHAPELLERIE MONTCAPEL : Suspension artisanale en laine française OCRE I AMÉLIE CORBISIER : Vase façonné à la main à Marseille 3 Télérama 3896 11/09/24 Quatre cérémonies olympiques durant, il aura étonné, enchanté, rassemblé tous les publics. De Paris, de France, du monde. Magicien d’une démesure généreusement partagée. Comme au théâtre, où monter l’intégrale du Henri VI de Shakespeare en dixhuit heures n’a pas fait peur à Thomas Jolly, 42 ans aujourd’hui. Pour le Centre dramatique d’Angers qu’il dirige jusqu’en 2022, il y ajoute même Richard III, qu’il interprète avec insolence : vingt-quatre heures de spectacle fracassant. Thomas Jolly quittera quand même Angers. Le bosseur inspiré au style tout ensemble ténébreux et flamboyant est trop demandé. Pour la comédie musicale Starmania, pour l’opéra Roméo et Juliette à l’Opéra Bastille. Et vient encore la nomination à la direction artistique des jeux Olympiques! Il démissionne pour ne pas troubler davantage ses équipes. L’artiste a tous les courages, et pas seulement une énergie passionnée et un imaginaire délirant. Il l’a prouvé cet été. Vous avez fait rayonner les JO. Êtes-vous sportif? Pas du tout. Pas de sport en salle, pas de piscine. Du ruban, autrefois, ma passion; mais j’étais le seul garçon. J’avais déjà arrêté la danse enfant, quand j’avais appris que je ne porterais pas de tutu! Quand j’entends les sportifs parler du geste parfait, de la qualité de la respiration, de la concentration, je vois des points communs avec les acteurs, et une même philosophie. Il ne s’agit pas de prôner la perfection du corps, mais l’épanouissement de l’être au monde. Pourquoi ne ferions-nous pas nous aussi une coupe du monde du spectacle vivant? Comme au temps des Grecs. Les gradins des JO ressemblent à ceux d’un théâtre. L’INVITÉ Il a ébloui le monde en orchestrant les cérémonies des Jeux de Paris. Alors que la parenthèse olympique se referme, le metteur en scène fait le bilan d’une expérience «vertigineuse». Thomas Jolly Propos recueillis par Fabienne Pascaud Jean-François Robert pour Télérama La direction artistique des JO a-t-elle été votre aventure la plus excitante? La plus dense, la plus vertigineuse, la plus complexe, oui. C’est Thierry Reboul, directeur exécutif de Paris 2024, qui a eu la magnifique idée de la cérémonie d’ouverture sur la Seine, de sortir la suivante des stades où cela se faisait traditionnellement pour mettre les festivités dans la ville, épreuves sportives comprises. En septembre 2022, quand il m’en a proposé la direction artistique, j’ai immédiatement pensé que j’en étais incapable, mais j’ai eu confiance en sa folie. Ce projet démesuré n’avait pas d’équivalent et paraissait irréalisable vu la somme des contraintes climatiques,techniques,patrimoniales,financières,sécuritaires. Bizarrement, je me fais davantage confiance quand je ne maîtrise pas l’aventure au départ. J’aime travailler, et un travail acharné permet toujours de trouver. Avez-vous conçu les quatre cérémonies comme des mises en scène de théâtre? J’aime raconter des histoires. Dans mes spectacles, je laisse toujours une place énorme à la fiction. Le théâtre est le seul art qui donne plus de poids au «croire» qu’au «savoir». Mais quelle histoire raconter pour ces JO, sachant que nous allions travailler sur la Seine devant des lieux symboliques, Conciergerie, Notre-Dame ou l’Assemblée nationale ? Comme au théâtre, où je pars toujours d’un texte, je me suis vite entouré d’auteurs complémentaires et différents que j’estimais — la scénariste Fanny Herrero, la romancière Leïla Slimani, l’historien Patrick Boucheron et un jeune dramaturge qui a souvent travaillé avec moi, Damien Gabriac. L’essentiel de notre récit devait tourner autour de cette simple thématique: «Bonjour à tous les pays, bienvenue en France,☞ 3 Télérama 3896 11/09/24 L’INVITÉ 4 Télérama 3896 11/09/24 ☞ L’INVITÉ LE METTEUR EN SCÈNE THOMAS JOLLY voilà ce que nous sommes.» Mais qu’est-ce que la France? Emmanuel Macron, qui m’avait reçu à l’Élysée pour me féliciter de ma nomination par le CIO, m’a répondu: «Un récit en perpétuel mouvement dans le grand récit mondial.» Exactement ce que je pensais déjà. Commence alors avec les auteurs la période la plus excitante, la plus libre: l’écriture collective des cérémonies qu’il s’agissait de concevoir globalement sans plaquer de clichés. Selon quelle ligne maîtresse? Saisir dans chaque cérémonie ce grand «nous» qui nous constitue. S’adresser au plus grand nombre, sans exclure personne: mon obsession depuis que je fais du théâtre. C’est en affirmant nos différences respectives que naîtra en effet la fierté d’appartenir à une collectivité qui les respecte. Comme je le disais en jouant naïvement sur les mots dès la présentation de mon projet au CIO, en août 2022: «Des Jeux, un nous.» Autrement dit: «Des je, un nous.» La pluralité crée de l’unité, c’est une leçon que j’ai tirée des JO: l’adhésion populaire qu’ils ont suscitée vient de là. «Grâce à votre cérémonie, je me suis enfin senti intégré», ou encore «grâce à votre spectacle, je me suis reconnu», ou «la soirée m’a fait pleurer, je suis fier d’être français»… J’ai reçu des milliers de messages. Cette fierté retrouvée m’a bouleversé, et donne sens à notre métier d’artiste: moins on exclut, mieux on rassemble en profondeur. Avez-vous connu des désaccords lors de l’écriture? Non. Seul le réel a rendu certaines idées impossibles. Comme la reprise de cette «rue de l’avenir» qui avait enchanté l’Exposition universelle de Paris en 1900: un tapis roulant de 3,5 kilomètres installé sur un viaduc autour du site avec neuf stations. Impossible aussi, à cause du vent, cette forêt de montgolfières porteuses d’écrans de cinéma au-dessus du jardin des Tuileries. La vasque imaginée par Mathieu Lehanneur l’a remplacée. Des installations de miroirs sous la tour Eiffel, des ballets nautiques dans la Seine ont été aussi irréalisables. Et le survol de la flamme portée par Zinédine Zidane suspendu à un hélicoptère à trop basse altitude au-dessus de Paris — il était OK. Nous avons beaucoupdiscutéaussiduchoixdesdixstatuesdefemmes ayant marqué l’histoire de France, d’autant que notre projet initial était de rétablir la parité avec les deux cent soixante statues d’hommes célèbres que compte Paris ! Impossible d’en installer autant… Pourquoi aimez-vous la démesure? Je m’ennuie si je ne me lance pas de défis. Et j’avoue qu’un théâtre de cinquante places me fait plus peur que la Cour d’honneur du palais des Papes, à Avignon. Dans un espace gigantesque, on n’entend pas tousser, respirer les spectateurs. Enfin, affronter la démesure me rapproche de l’essence même du théâtre: ces tragédies grecques jouées à Athènes devant vingt mille personnes, ce théâtre populaire et politique qu’imagina après guerre Jean Vilar. Je voulais faire revivre cette démesure. Devenir l’artisan, avec toutes les équipes, d’une cérémonie d’ouverture qui aura touché 326000 spectateurs sur les quais de Paris et 24,4 millions de téléspectateurs en France a été pur vertige. Nous avons même battu le précédent record d’audience télé hexagonal: la finale France/Argentine du Mondial de football 2022! Qu’en gardez-vous aujourd’hui? La sensation d’avoir vécu une expérience artistique que je ne connaîtrai plus. Le bonheur d’avoir perçu dans l’engouement du public une force fédératrice et le désir, la capacité de faire mieux société ensemble. Grâce au spectacle vivant. N’oublions pas que les premières cités grecques ont bâti simultanément un stade et un théâtre. Sport et scène étaient aussi essentiels à la cité. Que s’est-il passé? Si le sport, plus que le théâtre, s’est adapté à la marchandisation et au capitalisme, on a mesuré aux JO combien le spectacle pouvait fédérer et unir. «Allez au public!» recommandait Jean Vilar. Après guerre, les pionniers de la décentralisation culturelle ont tout inventé pour le conquérir. Au fil des ans, beaucoup d’entre nous ont hélas considéré que le travail était fait sans imaginer d’autres formes pour s’adapter à la société nouvelle. Et du côté des politiques? La plupart d’entre eux cherchent à longueur de programmes à définir ce que sont les Français. Or le succès de nos cérémonies a montré que le sentiment d’unité nationale ne renaîtra que si l’on pose d’emblée notre diversité et non une définition restrictive. Voyez la polémique déclenchée par la montée sur le podium de l’athlète voilée marathonienne néerlandaise Sifan Hassan. Sans prendre parti, je trouve bien que son sourire étincelant fasse réfléchir et participe à la circulation des idées. La violence commence quand s’arrête la pensée. Le «bashing» qui a précédé les Jeux vous a-t-il atteint? Les dénigrements, le « bashing » traversés ont été identiques à Londres en 2012. Tant que rien n’est concret, la magie des JO est difficile à imaginer. Même si le CIO avait annoncéqueceuxdeParisrévolutionneraientlegenre:parité chez les athlètes hommes et femmes, mise en parfait miroir desjeuxOlympiquesetParalympiques,findudéroulement classique des cérémonies, si ennuyeux. D’autant que, pour la première fois, elles étaient organisées au cœur de la cité, passé et présent conjugués sur une Seine dépolluée pour l’occasion. Mais l’ambiance était à la crise sociale, politique surtout après les élections européennes et législatives. Peut-être ce contexte nous a-t-il été favorable. Nous avions tous besoin de retrouver une unité malmenée. Finalement, vous n’aurez jamais pu répéter une cérémonie? Non, je les ai découvertes en temps réel face à un mur de cinquante écrans dans la salle de commandement, une sorte de régie d’où sont envoyés les top départ des séquences et prises les décisions urgentes avec Thierry Reboul. Je n’ai même pas entendu les réactions du public. J’aurai mis en scène un spectacle vivant sans le vivre. Ni suivre sa réalisation télévisée qu’on me dit décevante, sur laquelle nousavionspourtanttantrépété.Maispasderegret,quand on prépare une fête, le plus important est que les invités s’amusent, tant pis pour celui qui fait les courses, la cuisine et le ménage après. Bien sûr j’avais vu répéter tous les morceaux, mais dans des ateliers. Tout s’est ensuite monté en kit. Certes on avait «l’animatique», la 3D, qui nous permettait de nous balader visuellement partout pour anticiper la mise en scène, mais ça n’a pas empêché les effets de réel. La pluie a annulé la séquence des breakers, skateurs et BMX comme l’évocation de Louis XIV et de Napoléon. Thomas Jolly dans le jardin des Tuileries, domaine du musée du Louvre, à Paris, auprès de Thésée combattant le Minotaure, de Jules Ramey. ☞ 1982 Naissance à Rouen. 2006 Crée La Piccola Familia. 2014 Henri VI, de Shakespeare. 2018 Thyeste, de Sénèque, à Avignon. 2020-2022 Dirige le Centre dramatique national d’Angers. 2022 Nommé directeur artistique des cérémonies des jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Starmania, de Michel Berger et Luc Plamondon. 2023 Roméo et Juliette, de Charles Gounod, à l’Opéra Bastille. 6 Télérama 3896 11/09/24 L’INVITÉ LE METTEUR EN SCÈNE THOMAS JOLLY Vous en avez pleuré de désespoir? J’étais hébété. J’ai tout de suite vu que les artistes se surpassaient pour triompher des éléments. La pluie rendait notre travail héroïque. La cantatrice Axelle Saint-Cirel a expliqué qu’elle avait à peine cligné des yeux, une heure durant sur le toit du Grand Palais, pour ne pas faire couler son maquillage. Et tous ces danseurs qui auraient pu glisser. Mais moi, après ces années d’investissement — démission du CDN d’Angers, déménagements à Paris, éloignement de ma famille, de mes amis —, j’ai revu brutalement mon parcours. Avais-je fait les bons choix? J’étais à un moment culminant de ma vie artistique et tout m’était contraire. Comme lorsque je candidatais à l’école du Théâtre national de Bretagne et que ma lettre de candidature avait été égarée. Comme lorsque, sorti de cette école, je fus un des rares à n’être engagé nulle part, forcé de créer ma compagnie à Gaillon. Et toujours échouant, même le succès venu, à diriger les institutions dont je rêvais: Théâtre national de Bretagne, Théâtre national populaire de Villeurbanne, Théâtre national de Strasbourg, Odéon. Je n’ai jamais accédé à mes rêves de la manière que je souhaitais. Je voulais jouer avec le monde, et le monde se jouait de moi. Où trouver ma place? J’apparais fugitivement en Quasimodo lors de la cérémonie d’ouverture sur les toits de Notre Dame... Rétrospectivement, je remercie la pluie. Non seulement elle nous a reliés dans la difficulté, mais à moi qui veux toujours tout maîtriser, l’existence a rappelé que c’était elle qui décidait. Tant mieux. J’adore être un funambule entre les risques, les aléas. Je fais du théâtre pour travailler au présent, avec le vivant. totalement partie de notre culture! Je ne suis pas un provocateur, je ne l’ai jamais été: je cherche trop à n’exclure quiconque. En plus, comment aurais-je pu faire la satire des chrétiens tout en faisant retentir Notre-Dame? Ce serait incohérent. On ne peut jamais anticiper la réception des images. Alors que Jeanne d’Arc et la déesse gauloise Sequana confondues étaient censées chevaucher la Seine et porter le drapeau sur ce magnifique cheval d’acier, certains ont vu un cavalier de l’Apocalypse. Vous avez été victime de centaines de menaces homophobes, antisémites sur les réseaux sociaux… Nous sommes plusieurs à en avoir reçu dans l’équipe. Mais je ne veux plus en parler, les messages de remerciements furent plus nombreux. Pourtant j’ai porté plainte. Pour l’exemple. La République doit protéger tous ses enfants et personne ne doit tolérer d’être harcelé par les ouvriers du chaos. Traité de pédale quand j’ignorais même ce que cela signifiait, je l’ai trop été durant toute ma petite enfance. Quelles qualités faut-il pour être directeur artistique? De l’obstination, du flair pour recruter sa garde rapprochée et ses équipes, de la combativité. Avez-vous subi des pressions du président de la République, de la maire de Paris ou des grands sponsors? Aucune. Je ne dépendais de toute façon que du CIO. Emmanuel Macron avait évoqué Aya Nakamura. C’était mon choix premier, et elle chante Aznavour — et non pas Piaf comme il le souhaitait. J’admire depuis toujours son travail sur la langue française. Pour moi, elle va chercher ses mots dans les profondeurs de l’imaginaire et allie à son dialecte malien à la fois Pierre Guyotat et Valère Novarina. Voilà pourquoi je voulais la faire sortir de l’Institut de France et rencontrer la Garde républicaine, autre symbole de notre pays. J’ai adoré cette séquence. Finalement, que vous restera-t-il des JO? Un grand apaisement. Le spectacle a permis aux gens de se sentir vivants et ils ont trouvé ça beau de se sentir vivants ensemble, en même temps. Preuve que la culture peut faire nation en donnant sa place à chacun. Ce constat est merveilleux pour nous les artistes. L’art peut créer de l’unité dans la diversité. Mais une fois cela posé, que fait-on maintenant? Et vous, que faites-vous? Rachida Dati comme Anne Hidalgo m’ont fait de magnifiques propositions que je ne vous dirai pas. Moi, j’ai aussi fait une contre-proposition. Et peut-être vais-je me lancer dans un livre. J’ai besoin de partir en vacances et de digérer l’héritage immatériel des JO. Le succès comme la lumière sont souvent difficiles à vivre. Même si, depuis longtemps, j’ai appris à m’en passer. On garde la vasque sur les Tuileries? Non! La beauté du spectacle vivant, c’est l’éphémère. Lui seul permet d’entrer dans la légende, d’être sacralisé. À l’image de tous ces spectateurs qui se taisaient quand s’élevait dans le ciel la vasque olympique. Pareil silence ne se reproduira plus si ce moment devient quotidien. Je sais maintenant que la pluie a rendu la cérémonie bien plus belle• «Quand on prépare une fête, le plus important est que les invités s’amusent, tant pis pour celui qui fait les courses et le ménage.» Aviez-vous imaginé que certaines séquences provoqueraient de tels scandales? Pas du tout. D’abord, il ne s’agissait pas de Marie-Antoinette, mais d’aristocrates emprisonnées qui vivaient la Révolution française depuis la Conciergerie. Qu’on ait pu penser à une apologie du terrorisme qui a coûté la vie à Samuel Paty m’a consterné. Je voulais juste théâtraliser la Révolution à l’extrême, comme on le faisait au début du xixe siècle sur le «boulevard du crime», à Paris. En plus, à ce moment-là, sur la façade de la Conciergerie se déchaînait aussi le groupe de death metal Gojira, tandis que Marina Viotti passait sur le bateau symbolisant Paris et sa devise Fluctuat nec mergitur («Il est battu par les flots mais ne sombre pas») tout en chantant Carmen et la liberté de l’amour. L’idée était de mélanger les formes, les genres pour témoigner d’un gigantesque bouleversement, d’un peuple acquérant ses droits dans la violence.QuantàlacaricatureprésuméedeLaCènedeLéonard de Vinci avec des drag-queens, loin de moi d’y avoir pensé aussi. Je voulais figurer les dieux de l’Olympe, mais un zoom de caméra malencontreux a fixé la scène en banquet alors qu’ils’agissait juste d’un catwalk de défiléde mode. Etquidit banquet, en France, fait immédiatement référence à la Cène. Quant aux drag-queens, le cabaret, le transformisme font * Moyenne sur l’année 2023 sur le périmètre France, Angleterre, Belgique, Italie. Chiffres URD EDF 2023. RC ARI 2 Chiffres URD EDF 2023. L’énergie est notre avenir, économisons-la! PAUME PEUT-ETRE, MAIS BRANCHE. Devenons l’énergie qui change tout. edf.fr/mobilite-electrique PAUME PEUT-ETRE MAIS BRANCHE MAIS BRANCHE Le groupe EDF déploie, chaque mois, plus de 5000 points* de charge électrique sur tous les territoires : à la campagne, en ville, sur la route, à domicile, en entreprise ou sur les parkings de centres commerciaux. 8 Télérama 3896 11/09/24 SOMMAIRE Sur notre site et en vidéo Quatorze films en compétition, et quelques moments forts attendus. Le Festival du film américain de Deauville s’est ouvert le week-end dernier par un hommage à Michael Douglas. Pour l’occasion, d’autres grands noms du cinéma traversent l’Atlantique, parmi lesquels Natalie Portman ou encore Michelle Williams. Suivez cette 50e édition au côté du jury présidé par Benoît Magimel. Retrouvez sur Télérama les interviews vidéo des comédiens et réalisateurs, nos critiques de films et articles d’ambiance. Découvrez, enfin, l’analyse du palmarès le week-end prochain. telerama.fr/cinema / youtube.com/telerama JEAN-FRANCOIS ROBERT POUR TÉLÉRAMA | MANUEL LAGOS/DALLE | CARMEN YASMINE ABD ALI POUR TÉLÉRAMA | ERIK MADIGAN-HECK 73 26 16 22 Du 14 au 20 septembre ��24 COUVERTURE À Paris, le 3 septembre, Thomas Jolly, directeur artistique des cérémonies des jeux Olympiques et Paralympiques, dans la lumière de la vasque olympique créée par le designer Mathieu Lehanneur Photo Jean-François Robert pour Télérama Ce numéro comporte pour la totalité des kiosques: une couverture spécifique «Paris-ÎDF»pour les abonnés et les kiosques de Paris-ÎDF, et une couverture nationale. Posés sur la 4e de couverture: une enveloppe «First Voyages» sur la totalité des abonnés d’Île-de-France et les Gpub, «Une carte postale Cinémathèque» sur les abonnés des dép. 75-93-94 et les Gpub, une affiche «Les Célestins» sur la totalité des abonnés des dép. 69-42-38-74-71 et en aléatoire sur les abonnés du dép. 75, un encart 4 p. Courrier international sur la totalité des abonnés France métropolitaine, un encart 4 p. «Télérama – coffret films à voir et revoir nº14» - sur la totalité des abonnés France métropolitaine. Édition régionale, Télérama+Sortir, pages spéciales, foliotée de 1 à 56 jetée pour les kiosques des dép. 75, 77, 78, 91, 92, 93, 94, 95, posée sous la 4e de couverture pour les abonnés des dép. 75, 78, 92, 93, 94. MAGAZINE 3 L’invité Le metteur en scène Thomas Jolly 11 Premier plan Le procès de Mazan 1� Ici et ailleurs 15 Repéré Le rappeur Rowjay LE DOSSIER 16 Netflix et nous La plateforme opère en France depuis dix ans déjà. En quoi sommes-nous «netflixisés»? �� Wiseman, maître à filmer Sa démarche documentaire, un modèle pour Justine Triet �4 Poésie et chanson Clara Ysé, Arthur Teboul… Ils entrelacent les deux arts �6 Restituer l’art africain Reportage au Bénin, où le documentaire Dahomey, de Mati Diop, a été présenté �8 L’art de brûler les planches L’Argentine Marina Otero enchaîne les pièces explosives 3� Vignes assoiffées Des viticulteurs du Languedoc se tournent vers les eaux usées 36 Au nom des vieux Véronique Fournier, une porte-parole du grand âge AUTREMENT 39 Penser Les séries, outil d’aliénation du capitalisme numérique? 4� Voyager À Riga, berceau du cinéaste Serguei Eisenstein CRITIQUES 45 Le rendez-vous L’exposition «Surréalisme», au Centre Pompidou 48 Cinéma 58 Musiques 6� Livres 69 Scènes 7� Arts 7� Enfants TÉLÉVISION 73 Le meilleur de la semaine télé DJ Mehdi: Made in France, sur Arte.tv 84 Programmesetcommentaires RADIO & PODCASTS 14� Lemeilleurdelasemaine radio& podcasts Profession détective, sur France Culture 145 Les programmes 15� Talents 151 Mots croisés Changez votre regard sur le monde. À PARTIR DE : 5133€ TTC/pers Scannez le QR Code pour en savoir plus *Offre soumise à conditions, sous réserve de disponibilités, non rétroactive, valable sur nos croisières d’expédition pour des départs entre le 01.04.2025 et le 31.03.2026, sur la part maritime uniquement, pour toute nouvelle réservation faite jusqu’au 11.11.2024. Le montant de la remise varie en fonction de la destination, de l’itinéraire, du navire et de la date de départ. Meilleur prix garanti : si le prix du voyage, à l’identique, baisse après la réservation, nous ajusterons le solde du voyage. Prix à partir de, en cabine double, pour la croisière « Côte-est du Groenland - Explorez le plus grand système de fjords de la planète » du 11.08.2025. Cette offre est cumulable uniquement avec la remise 1893 Ambassador. Hurtigruten France SAS au capital de 40 000€ - R.C.S Paris B 449 035 005 – IM 075100037 – APST RCAPST HISCOX / 125 520. 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Tous consacrant l’expression de «Monsieur Toutlemonde» ou celle du «bon père de famille» poli et aimable. Tous des hommes venus violer une femme inconsciente. «Je veux que la honte change de camp», affirme Gisèle Pélicot, donnant une force phénoménale à cette tournure parfois galvaudée. Le refus du huis clos est un acte d’une immense dignité, qu’elle entend faire pour «toutes celles qui pourront être victimes». Face à elle, les paroles des accusés sont une litanie de dédouanements relevant de la culture du viol. Alors l’ampleur du procès fait espérer un puissant retentissement, un procès historique. Comme en 1978, quand une autre Gisèle, Halimi cette fois, avait choisi de médiatiser l’affaire du viol de deux femmes jugée à Aixen-Provence, permettant une avancée judiciaire décisive • Eux auraient préféré un huis clos. Elle a décidé qu’il n’en serait rien. Eux, ce sont les 51 hommes qui comparaissent depuis le 2 septembre devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon. Tous accusés d’avoir violé la même femme, sous le regard et à la demande d’un mari qui leur livrait un corps inconscient, soumis chimiquement. Elle, c’est Gisèle Pélicot, 72 ans, victime de la barbarie d’un homme en qui elle avait toute confiance. Durant neuf ans, elle a été violée chez elle par ces inconnus que le père de ses enfants recrutait sur Internet. «Unemortesurunlit», dit-elle. Le procès ne se fera pas porte close, il est public, médiatisé, et cette demande de la victime relève du courage politique. Gisèle Pélicot montre ainsi ce quebeaucouprefusentdevoir,maisquelesféministesdisent PREMIER PLAN UN COURAGE RETENTISSANT
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