TÉLÉRAMA n°3871 - Page 6 - 3871 3 Télérama 3871 20/03/24 La silhouette est toujours svelte, en jeanetpullcolcheminéenoir,leregard masqué par une double épaisseur de verre. Alain Chamfort, 75 ans, nous reçoit dans le fief montmartrois de son parolier Pierre-Dominique Burgaud, «une ancienne maison de plaisir», souligne-t-il d’un ton malicieux. Après plus de cinquanteansd’unecarrière tisséededétoursetjalonnéede rencontresplusoumoinsdécisives(JacquesDutronc,Claude François, Serge Gainsbourg…), ce chanteur séducteur qui jamais n’éleva la voix plus que nécessaire reste un jeune hommecurieux.Élusifmaisdisert.Sonélégancedetoujours s’est teintée avec le temps d’une mélancolie qui infuse son nouvel album, L’Impermanence, annoncé comme le dernier. Sous ce titre zen et des arrangements flirtant avec les sons de l’électro ou la majesté des cordes, il est question du vertige de la mort, de finir en beauté, de toucher la grâce. Dans le clip du single joliment méditatif (LaGrâce), Chamfort se paie le luxe de faire apparaître un casting intergénérationnel de collègues aux affinités plus ou moins évidentes, d’Adamo à Juliette Armanet, de Véronique Sanson à Dominique A, en passant par l’autre Alain, Souchon, dont il se rapproche in extremis alors que leurs chemins des années 70 semblaient diverger. Parler des autres, Alain Chamfort n’y rechigne pas, toujours au bord de s’effacer. Mais sur son propre parcours, atypique dans la chanson, dont le succès synthpop des années 80 n’est que la partie la plus visible, il sait aussi donner les clés, avec un singulier mélange de volubilité et de réserve. L’INVITÉ Devenir chanteur? Il n’y pensait même pas. Élégant et discret, il a pourtant traversé soixante ans de chanson, croisant la route de Dutronc, Cloclo ou Gainsbourg… Il sort un ultime album pour, dit-il, finir en beauté. Alain Chamfort À ÉCOUTER i L’Impermanence, BMG, sortie le 22 mars. Propos recueillis par Odile de Plas et François Gorin Photo Jérôme Bonnet pour Télérama Ce nouvel album est donc vraiment le dernier? Depuis quelques années déjà, j’avais le sentiment que publiersouscetteformenerépondaitplusàunbesoin.L’écoute de la musique et les supports ont changé. Je craignais qu’un album de plus ne soit l’album de trop, d’autant que le précédent, Le Désordre des choses, en 2018, avait été bien reçu. En se disant qu’il s’agit du dernier, on se dégage l’avenir. C’est un défi mais ça donne aussi un élan, de l’énergie. L’atmosphère de L’Impermanence est cependant crépusculaire… C’est vrai, mais pas plombante, du moins pas de mon côté! Toujours subsiste une note d’espoir, ce n’est pas comme si je disais: tout s’arrête, on est prêts à aller sous terre. Vous interprétez des textes qui semblent coller parfaitement à votre personnage, à ses états d’âme. Comment travaillez-vous avec votre parolier, Pierre-Dominique Burgaud? On se connaît depuis longtemps, il a écrit mes quatre derniers albums et cette vieille complicité nourrit nos conversations,quiàleurtourvontluidonnerdesidées,desthèmes. C’était déjà comme ça avec Jacques Duvall, un auteur belge, pour la période précédente, qui courait de 1981 à 2003. Je ne donne jamais d’indication précise. Pour L’Impermanence, Pierre-Do m’a rappelé une conversation que nous avions eue dans un petit bar à côté de chez lui, en parlant de tout et de rien. Il a capté des choses et en a tiré ces textes. ☞ 4 Télérama 3871 20/03/24 ☞ L’INVITÉ LE CHANTEUR ALAIN CHAMFORT Vous y parlez de «finir en beauté»… Mais, vers la fin des années 90, on a failli vous perdre! Quand je me suis fait virer par Sony? Oui, ça a été brutal, car je venais de signer pour trois albums, a priori dix années tranquilles. Mais c’était déjà la crise du disque. L’équipe dirigeante a changé, on a vu débarquer des types formés au marketing, ça licenciait à tout-va. On lançait des boys bands et moi, à part Manureva, je n’avais pas énormément vendu, ma situation était fragile. J’allais sur mes 50 ans, je me suis dit: pourquoi ne pas accepter l’idée de ne plus chanter soimême? Après tout, ce n’était pas ma vocation première. Vous n’avez pas toujours voulu chanter? J’aid’abordétéunchanteurpardéfaut.Trèsjeune,aprèsune formation classique, je me suis retrouvé dans des groupes à jouerdesreprisesdesBeatles,desStones,durhythm’n’blues au Golf-Drouot. J’avais un petit orgue électrique, et même si je chantais, je n’étais pas sur le devant de la scène. En 1966, l’un de ces groupes, les Mods, s’est fait repérer par Jacques Wolfsohn, directeur artistique chez Vogue. Nous sommes arrivés au rendez-vous qu’il nous avait donné avec nos quatre chansons, impressionnés. D’un seul coup, des types sont entrés, dont un hurluberlu qui faisait des sales blagues à tout le monde. Les voilà qui fichent des claques à Wolfsohn, jettent ses stylos. Vous avez reconnu le rigolo: Jacques Dutronc. tout ça, mais le mouvement nous gagnait aussi. Un jour qu’on écoutait de la musique chez Dick, il me dit: «Tu ne veux pas chanter?» Alors moi: «Pourquoi pas?» Il m’a présenté deux parolières, j’ai enregistré un premier 45-tours, et me voilà confronté à la promotion, à la télé. À 19 ans, je me retrouvais devant Philippe Bouvard avec un disque pas très convaincant, une personnalité qui l’était encore moins. Je n’avais pas la carrure ni la répartie. C’était l’horreur. Dick venait dans sa grosse bagnole américaine voir mon père qui se méfiait. Au deuxième disque, on a eu Jean-Claude Petit, un arrangeur en pointe. Je commençais à fréquenter Gérard Manset, Julien Clerc, dont le parolier, Étienne Roda-Gil, m’a arrêté un jour chez EMI pour me proposer d’écrire un meilleur texte. J’ai réenregistré la chanson avec le sien, mais ça n’a pas mieux marché. Je me disais que cette carrière d’interprète n’était pas faite pour moi. À quoi bon s’infliger des situations pareilles? Pourquoi signer alors avec Claude François, la vedette de l’époque? Au départ, j’essayais juste de me caser comme compositeur, avec mon copain batteur qui jouait aussi avec Dutronc. On cherchait un éditeur. Vline Buggy, parolière de nombreux tubes pour Claude François ou Hugues Aufray, nous a emmenés chez Flèche, le label que lançait Claude. Il nous a engagés tout de suite. Nous avions une petite pièce avec tout à disposition — des instruments, des magnétos. On entendait ce qu’il faisait, ce qu’il avait envie de chanter. Il avait une idée de la chanson très formatée, très efficace, fantasmant à fond sur Tamla-Motown, le showbiz à l’américaine. Il lançait un magazine, Podium, montait une agence de mannequins… Tout en étant très mauvais dans les affaires! Qu’avez-vous appris avec lui? Je l’observais, il était fascinant: super actif, super exigeant, super coléreux, tout en super, mais aussi super séduisant. Son énergie, son maintien svelte, sa façon de bouger. La puissance qu’il dégageait, les hordes de filles, les armées de fans qu’une responsable allait gérer sur place avant chacun de ses déplacements… Puis les week-ends où il invitait des journalistes dans son moulin, avec piscine, maîtres d’hôtel, toute une mise en scène pour impressionner. C’était un manipulateur mais il avait aussi une vraie générosité, de par sa culture orientale. Quand il m’a proposé de chanter moi aussi, j’étais dans cette fascination du succès, des disques d’or, de l’exagération. D’un seul coup, je me suis vu comme lui. Et le succès est arrivé… Très vite, car Claude avait ses entrées partout et dès qu’il était invité quelque part, il me traînait avec lui. J’étais comme un coq en pâte, ravi de faire mon petit effet. Ça l’amusait, il était content de prouver qu’il pouvait lancer des artistes. Quand je faisais ses premières parties, il me donnait juste trois musiciens, deux éclairages. Quand lui arrivait, c’était tout puissance 15, on n’était pas en concurrence. Jusqu’au jour où j’ai senti qu’il m’était impossible de proposer autre chose. Il m’a alors trouvé un imprésario, m’aaccordéplusd’autonomie.Onm’engageaitparfoispour faire sa première partie mais je ne dépendais plus de lui. À partir de là, nos rapports ont changé… «Quand Claude François m’a proposé de chanter, j’étais dans cette fascination du succès, des disques d’or […]. D’un seul coup, je me suis vu comme lui.» Qui vous embauche pour devenir son groupe! À part notre pauvre 45-tours, on était libres. Lui arrivait au bon moment avec son espèce de «je-m’en-foutisme». Il a plu.Nousétionssapetitebande,etluifaisaittoutpournous faire rire: jouer dos au public, exercer ses talents d’imitateur, tourner tout en dérision. Il fuyait les médias, les émissions de télé, ça rendait fou son attaché de presse. On enchaînait les tournées, les enregistrements, c’était une période très intense. Comme dans sa chanson LesPlay-boys, on était «habillés par Cardin et chaussés par Carvil», on vivait dans une espèce d’inconscience, on descendait dans des relais-châteaux. Les autres avaient déjà un peu vécu mais moi je n’avais que 17 ans, j’habitais encore à Eaubonne, chez mes parents. Ça a été une sorte d’initiation. Et puis arrive Mai 68… Fin de l’épisode Dutronc, qui de toute façon en avait marre de tourner. D’un coup: grève générale, le pays bloqué. Je ne peux plus rentrer chez moi, et un copain me branche sur Dick Rivers, qui avait un grand appartement à Neuilly et hébergeait plein de Niçois, coincés eux aussi. J’ai squatté làbas trois semaines, on allait voir ce qui se passait boulevard Saint-Michel. C’était une période assez folle, tout le monde se parlait. Nous, les musiciens, on avait une vie parallèle à 1966 Alain Le Govic débute comme claviériste dans le groupe de Jacques Dutronc. 1972 Il devient Chamfort en signant chez Flèche, le label de Claude François. Premiers succès. 1979 Manureva, cosigné avec Serge Gainsbourg, est un tube. 2003 Viré de sa maison de disques, il réagit avec un clip plein d’humour, Les Beaux Yeux de Laure, récompensé par une Victoire en 2005. 2012 Elles et lui, collection de reprises de ses succès, en duo avec treize chanteuses différentes. 6 Télérama 3871 20/03/24 L’INVITÉ LE CHANTEUR ALAIN CHAMFORT Et vous avez repris votre liberté? En signant chez CBS. Il fallait que je sorte de cette emprise, certes très bénéfique, mais qui ne me laissait pas le choix de monrépertoire.ChezFlèche,jen’avaissortiquasimentque des 45-tours. Mes amis n’écoutaient pas mes disques, moi non plus d’ailleurs. On se découvre en tâtonnant. Vous êtes resté dans un style de chanteur séducteur… Oui, c’était un peu le fonds de commerce au départ. Ça ne me déplaisait pas, mais les belles chansons de Julien Clerc me prouvaient qu’on pouvait le faire autrement. Il vous manquait un parolier… que vous avez trouvé avec Serge Gainsbourg? J’avais obtenu d’enregistrer à Los Angeles avec de très bons musiciens, mais il me fallait les textes pour passer ce cap. Serge a tout de suite accepté, il était alors au creux de la vague, ses albums des années 70 n’avaient pas marché. Jane enchaînait les succès au cinéma et il avait peur de devenir M. Birkin. Qu’un mec de ma génération le sollicite lui faisait sans doute plaisir. Il avait quand même une certaine cote dans le milieu. Au bout du compte, notre collaboration l’a déçu, car le disque n’a pas vraiment marché. De mon côté, j’étais mal à l’aise avec ce qu’il projetait sur moi, je passais des chansons fleur bleue chez Claude François à du « casse-toi, et je te briserai comme tu m’as brisé le cœur»… C’était une rupture assez radicale, et je n’étais pas convaincu d’être le meilleur interprète pour ça. Mais il y a eu Manureva! Ilafalluquej’insistepourcontinueravecSerge,parcequelui n’était plus très motivé. Je lui ai fait retravailler le texte qui a donné Manureva,et là, champagne! Il était rassuré, d’autant plus que de son côté, la même année 1979, son album Aux armes et cætera a fait un tabac. Il en rêvait, mais j’ai l’impression qu’on n’est jamais prêt à rencontrer un tel succès. Le vôtre anticipe la nouvelle scène française, celle des Daho, Elli & Jacno, Niagara… C’était l’arrivée des synthés et des séquenceurs. Comme j’étais claviériste, ça me semblait naturel d’utiliser ces nouveaux instruments. Je n’avais pas changé ma manière de composer, mais, tout d’un coup, les gens réagissent: vous avez un titre énorme, qui passe dans toutes les discothèques. Au Noël de CBS, les gosses dansaient sur Manureva, le patron m’a dit: «Tu vois, c’est parti!» Puis ça a mal tourné avec Gainsbourg. Il était dans l’euphorie de son succès, et Jane Birkin le quittait. Ce cocktail l’a déstabilisé, il sortait tout le temps, virant à Gainsbarre, cultivant la provocation. J’ai eu l’idée de l’emmener à Los Angeles pour écrire là-bas le nouvel album. À l’époque,jefréquentaisLio et luivenait de rencontrer Bambou, on est partis tous les quatre. Il n’avançait pas sur les textes, il passait son temps à se bourrer la gueule et il m’a planté. Les chansons ont pu être achevées à Paris mais entretemps il avait refilé l’une d’elles à Catherine Deneuve, Souviens-toi de m’oublier. Je l’ai mal vécu et c’est à ce moment-là que, grâce à Lio, j’ai rencontré Jacques Duvall, qui m’a écrit Paradis, notre première collaboration. On a mis du temps à s’apprivoiser. Mais Jacques a précisé les contours d’une personnalité dans laquelle je me glissais avec plaisir. Vous avez beaucoup chanté pour les femmes. Quel regard portez-vous sur le féminisme, où Lio est très engagée? C’estdanslesensdel’Histoire.Uneréactionlogiqueàtoutce qu’on a laissé passer pendant des années, où tout le monde trouvait normal certains comportements — comme celui de Gabriel Matzneff —, parce qu’ils étaient légitimés par des gens qui semblaient plus intelligents que nous: des intellectuels qui donnaient le la d’une époque. Lio peut aller loin dans ses prises de parole, c’est aussi le charme de sa personnalité. Mais ce n’est pas très honnête d’en vouloir à Jacques Duvall pour Banana Split 1. Elle savait très bien ce qu’elle chantait.Restequ’elles’inscritdanslemouvement,etquand j’entends le discours de Judith Godrèche, je pense que la nouvelle génération le reçoit parfaitement. Vous avez été vous-même avec des femmes plus jeunes. Le résultat, disiez-vous, «c’est qu’on se fait quitter aussi»… Oui, c’est le risque à prendre. Mais je suis également entouré d’hommes plus jeunes que moi. C’est sans doute une manière de vouloir rester là où les choses se passent, musicalement. Les gens de ma génération avec qui j’ai encore un lien d’amitié sont bien souvent passés dans la dernière partie de leurvieàs’occuperdespetits-enfantsouàfairedujardinage. Tandis que vous vous intéressez aux quadras de l’électro, comme Julien Delfaud, Para One, Sébastien Tellier… Pourcetalbum,j’aitestépasmaldejeunesréalisateurs.C’est ainsi qu’on est tombé sur Benjamin Lebeau, du groupe The Shoes, qui m’a aidé à sortir d’un style parfois trop précieux, car j’ai tendance à être rattrapé par ma formation classique. Il n’a pas pu être présent tout du long, mais on a conservé cette direction. Sébastien Tellier, lui, a remixé plusieurs de mes morceaux. L’Impermanence n’est pas la fin de tout. Il y a d’autres supports, il y aura encore des collaborations. Dutronc, Cloclo, Gainsbourg ou Duvall… Vous avez toujours eu le chic pour aller vers des personnalités sacrément différentes de la vôtre, qui paraît calme, posée, polie. Question de complémentarité. On cherche la différence, une autre vision, de façon parfois inconsciente. Et peutêtre au fond qu’il y avait quelque chose en chacun d’eux qui résonnait en moi. Je préfère toujours qu’on ne soit pas trop respectueuxavecmamusique,qu’ilyaitunefriction.Jefais des mélodies assez jolies, j’ai une voix plutôt douce, alors si on rajoute de la crème à la crème, ça peut devenir écœurant. Je trouve nécessaire de tordre un peu les choses • 1 Dans Toutes pour la musique, paru en 2022, Lio a déclaré sur cette chansoninterprétéeà16ans:«ContrairementàFranceGall,jesavais ce que voulait dire Banana Split quand je l’ai chantée. Mais je comprends désormais que je ne le savais pas tant que ça. » En 2023, Lio a autorisé Apple à l’utiliser dans une publicité pour l’iPhone. «Je suis entouré de personnes plus jeunes que moi. C’est sans doute une manière de vouloir rester là où les choses se passent, musicalement.» Changez votre regard sur le monde. Offre soumise à conditions, non rétroactive, valable pour toute nouvelle réservation simultanée d’une croisière d’expédition et d’un forfait acheminement aérien du 28.12.23 au 31.03.24. La réduction « Vols offerts » s’applique sur le prix du forfait acheminement aérien vendu séparément de la croisière et uniquement sur les vols en classe économique au départ de Paris (en fonction des disponibilités). Ne s’applique pas sur les vols inclus dans l’itinéraire de la croisière. Cette offre est valable sur une sélection de départs et un nombre limité de cabines. Le prix de la croisière reste modulable et évolutif en fonction du remplissage du navire comme indiqué dans les conditions particulières de ventes. Non combinable avec les autres offres en cours (Réservation anticipée, tarif Groupes ou autre tarif spécifique) sauf la remise 1893 Ambassador. Hurtigruten France SAS au capital de 40 000 € - R.C.S Paris B 449 035 005 - IM 075100037 - APST RCAPST HISCOX/125 520. 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Édition régionale, Télérama+Sortir, pages spéciales, foliotée de 1 à 56, jetée pour les kiosques des dép. 75, 77, 78, 91, 92, 93, 94, 95, posée sous la 4e de couverture pour les abonnés des dép. 75, 78, 92, 93, 94. COUVERTURE «Essai de figure en plein air: femme à l’ombrelle tournée vers la gauche» (1886), de Claude Monet. Photo Stéphane Maréchalle/ Grand Palais RMN (musée d’Orsay) �6 … à Besançon Claude Monet au MBAA �8 … à Nice Berthe Morisot au musée des Beaux-Arts-Jules-Chéret 3� … à Clermont-Ferrand Pierre Bonnard au Marq 34 … et à Bordeaux Édouard Manet au MusBA 38 La voix des Russes antiguerre Novaïa Gazeta, dont nombre de journalistes sont contraints à l’exil, ouvre un bureau à Paris 4� Des journalistes sur scène Les coulisses de l’information font les délices du théâtre AUTREMENT 43 Penser La question des réparations de l’État envers les homosexuels condamnés avant 1982 46 Vivre Aquarelles naturelles, thés grands crus, marchés du coin… MAGAZINE 3 L’invité Le chanteur Alain Chamfort 11 Premier plan La fusion de l’audiovisuel public 1� Ici et ailleurs 15 Repérée La comédienne Sara Montpetit LE DOSSIER DESTINATION IMPRESSIONNISME 16 Un mouvement révolutionnaire En 1874, de jeunes peintres en colère créaient leur propre «salon des refusés» chez Nadar. Cent cinquante ans plus tard, Orsay célèbre ces pionniers de l’art moderne dans les plus grands musées. Nous vous invitons à les suivre… �� … à Lille Claude Monet au palais des Beaux-Arts �� … au Havre Camille Pissarro au MuMa CRITIQUES 49 Le rendez-vous Cavalières, d’Isabelle Lafon, au Théâtre de la Colline, à Paris 5� Cinéma 6� Livres 68 Musiques 7� Enfants 73 Scènes 74 Arts TÉLÉVISION 77 Le meilleur de la semaine télé La série de SF Le Problème à trois corps, sur Netflix 88 Programmesetcommentaires RADIO & PODCASTS 144 Lemeilleurdelasemaine radio& podcasts Le podcast Céline, le voyage sans retour, sur France Inter 149 Les programmes 154 Talents 155 Mots croisés Sur le site Quelles séries vont nous river à notre canapé dans les mois à venir? Une partie de la réponse pourrait se trouver à Séries Mania, qui se tient du 15 au 22 mars. Du biopic de Leonard Cohen et de sa muse Marianne Ihlen à l’adaptation du livre de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, le festival lillois promet de se pencher sur la richesse du secteur. Coups de cœur, regard sur le rap dans les séries (l’une d’entre elles est signée Booba), dissection du nouveau blockbuster de science-fiction des créateurs de Game of Thrones ou rencontre avec Jean-Xavier de Lestrade pour sa fiction sur le Bataclan, et bien sûr le palmarès… Le meilleur des festivités est à retrouver dans nos articles. telerama.fr/series-tv/ MAINTENANT QU’ON L’A DIT, ON AGIT ! PARCE QUE LES DROITS DES FEMMES NE SE LIMITENT PAS À UNE JOURNÉE PAR AN, ENGAGEZ-VOUS. FAITES UN DON MENSUEL SUR FONDATIONDESFEMMES.ORG La Fondation des femmes qui ne veulent plus avoir à dire « moi aussi ». ICI ET AILLEURS 11 DANIEL FALLOT/INA VIA AFP Télérama 3871 20/03/24 Par Étienne Labrunie Holding, fusion, synergies renforcées…? Même s’il n’est pas encore bien défini, le chantier de l’audiovisuelpublicaétérouvertparRachidaDati.La ministre de la Culture a annoncé faire du regroupementdeFranceTélévisions,RadioFrance,l’INAetFrance Médias Monde une priorité. Le 12 mars, au Sénat, elle a même fixé une échéance au 1er janvier 2025 pour que «tout soitopérationnel».Lerapprochementdesmédiaspublicsest unserpentdemer.Àl’heureoùlescartessontrebattuesdans le privé — avec le rachat de BFMTV (lire p. 12) et RMC par RodolpheSaadé—,leprojetreprendcorpsavecforce,etadopte cette fois une tournure assez inédite. Car la ministre, tout en restant imprécise, a osé le terme «fusion», jusqu’ici tabou — mais repris le même jour par la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, face à des représentants syndicaux. Sibyle Veil, la patronne de Radio France, s’est, elle, toujoursditehostileàl’idée,luipréférantcelled’uneholding (donc d’une union), et se montrant volontaire pour renforcer les coopérations entre les groupes publics. Rachida Dati sembleparailleursfairedelagouvernanceuniqueuneétape indispensable pour garantir le financement de l’audiovisuel public,auxmodalitésincertainesdepuislasuppressiondela redevance. «Si on trouve un terrain d’entente, je pense qu’on pourrait obtenir [sa] sanctuarisation», a-t-elle souligné. Des mois houleux pourraient se profiler au sein des structures publiques déjà bousculées par des économies. Ainsi une grève est prévue le 26 mars à Radio France, pour protester contre le projet de regroupement des services sciences, santé et environnement de trois stations (France Inter, Info et Culture). Une fusion annoncée qui, déjà, passe mal • PREMIER PLAN LA FUSION EN LIGNE DE MIRE Le rapprochement annoncé, comme un retour de l’ORTF… ICI ET AILLEURS 12 GUILLEM SARTORIO/AFP Télérama 3871 20/03/24 Âgé de 66 ans, Achille Mbembe est un disciple de Frantz Fanon et d’Édouard Glissant, pionniers des études postcoloniales. ACHILLE MBEMBE, L’HUMANISME CONSACRÉ «La guerre est devenue le sacrement de notre temps. Nous vivons un intense moment polémique, au sens où polemos désigne la guerre, en grec. La violence s’est débridée. Polémiques et guerres de toutes sortes se déchaînent : attaques terroristes nihilistes qui maximisent les effets de panique, guerres civiles, guerres prédatrices, guerres contre le terrorisme, etc.», nous confiait le penseur camerounais Achille Mbembe en 2016. Son œuvre internationale, référence majeure des études postcoloniales, traduite en dix-sept langues, de Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée à La Communauté terrestre (éd. La Découverte, 2010 et 2023), vient d’être distinguée par le prestigieux prix Holberg — cousin du Nobel pour les sciences humaines et sociales, doté de 530 000 euros. Sous cette plume originale, située aux confinsdel’histoire,delascienceetde la philosophie politiques, le comité désigné par l’université norvégienne de Bergen souligne consacrer autant le professeur, qui enseigne à la Witwatersrand University, à Johannesburg, en Afrique du Sud, que l’intellectuel public s’emparant de questions d’actualité brûlantes, comme «les régimes migratoires contemporains, la citoyenneté mondiale, la restitution et la réparation, la technologie, le changement climatique et l’avenir de la planète». Ouvrir un avenir plus apaisé, prendre soin de la vie future et la partager, telle est l’ambition, politique, poétique et humaniste d’Achille Mbembe, inspiré autant par la pensée de Frantz Fanon que par celle d’Édouard Glissant. — Juliette Cerf BFMTV ET RMC CHANGENT DE PAVILLON Coup de tonnerre dans l’univers des médias. Le milliardaire franco-libanais RodolpheSaadé(lireTéléraman°3847), propriétaire de la compagnie maritime CMA CGM, va mettre la main sur BFMTV et RMC, les deux pépites de l’empire médiatique de Patrick Drahi. Mis sous pression par une dette abyssale, l’homme d’affaires franco-israélien (SFR…) n’avait visiblement plus le choix. Il fait au passage une excellente affaire: la vente, qui doit être finalisée «au cours de l‘été 2024», atteint 1,55 milliard d’euros. Un deal qui marque la fin de son aventure dans les médias en France (il est encore propriétaire de la chaîne israélienne i24 News), entamée avec le rachat de Libération en 2014 puis de BFMTV l’année suivante. Rodolphe Saadé, 54 ans, signe en revanche une entrée fracassante dans l’audiovisuel. Déjà propriétaire de La Provence, celui qu’on dit proche d’Emmanuel Macron a racheté le site d’info économique La Tribune début 2023 puis lancé La Tribune dimanche en octobre dernier, censée venir concurrencer un JDD récemment «bollorisé». Il a acquis 10% de M6 et investi dans le média en ligne Brut. Basé à Marseille, l’industriel intègre définitivement le petit cercle des milliardaires propriétaires de médias à forte influence, aux côtés des Arnault, Bolloré, Bouygues ou Niel. Ce rachat intervient à un moment où BFM traverse une forte zone de turbulences. Beaucoup de piliers de l’antenne, comme Bruce Toussaint, Aurélie Casse ou Jean-Baptiste Boursier, sont partis ces derniers mois. L’arrivée de Laurent Ruquier le soir a fait un flop. Surtout, la chaîne est en passe d’être détrônée par CNews, média d’opinion ultraconservatrice de Vincent Bolloré. En interne, «on est à la fois surpris et pas surpris, vu les infos qui circulaient depuis l’été, confie Quentin Baulier, le présidentdelaSociétédesjournalistes. On souhaite que BFM reste une chaîne d’info généraliste et dispose des moyens financiers nécessaires. On sera très vigilants sur notre indépendance éditoriale». À suivre. — Richard Sénéjoux CARAC EST UNE MUTUELLE D’ÉPARGNE, DE RETRAITE ET DE PRÉVOYANCE OUVERTE À TOUS NA24PRTRBONUS03_CARAC_CONCEPTION CRÉATION: HANDIPRINT_CRÉDIT PHOTOGRAPHIQUE : GETTY IMAGES Communication à caractère publicitaire Carac - Mutuelle d’épargne, de retraite et de prévoyance Mutuelle soumise aux dispositions du Livre II du Code de la mutualité - SIREN : 775 691 165 Siège : 159, Avenue Achille Peretti - CS 40091 - 92577 Neuilly-sur-Seine cedex Numéro Cristal : 0 969 32 50 50 (Appel non surtaxé) www.carac.fr Offre soumise à conditions Du 1er janvier au 31 décembre 2024 (1) Taux net de frais de gestion et brut de prélèvements sociaux sur les contrats Carac Épargne Génération, Carac Épargne Patrimoine, Carac Épargne Protection, Carac Épargne Solidaire, Carac Épargne Vivre Ensemble, Carac Profiléo, Entraid’Épargne Carac et Épargne Handicap. Ce taux s’applique aux garanties en cours au 31 décembre de l’exercice concerné. 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