ENTREPRENDRE n°383 - Page 1 - 383 Prochain numéro en kiosques le 9 octobre 2024 Sommaire N°383 - Septembre 2024 - www.entreprendre.fr Édité par Entreprendre SA 53 rue du Chemin Vert - CS 20056 92772 Boulogne-Billancourt Cedex Tél. : 01 46 10 21 21 Directrice de la publication et de la rédaction : Émeline Santerre e.santerre@groupe-entreprendre.fr Secrétaire générale des rédactions : Isabelle Jouanneau - Tél. : 01 46 10 21 31 i.jouanneau@groupe-entreprendre.fr Rédacteur en chef délégué : Claudio Flouvat claudio@akiar.com Rédaction : Anne Florin, Isabelle Jouanneau, Thibaut Veysset, Ignacio Morales, Antoine Bordier, Tanguy Merrien. Internet : Ignacio Morales ignacio.morales@hotmail.fr Photo de couv : Kevin Quigley / Icon sport FABRICATION Rédacteur graphiste : Vincent Doré v.dore@groupe-entreprendre.fr Imprimerie : Léonce Deprez (Ruitz - 62) Communicationenvironnementale:Originedupapier:AllemagneTauxdefibresrecyclées:100%-Certification:PEFCEutrophisation:PTot0.001Kg/t. ADMINISTRATION Comptables : Mélanie Dubuget - Tél. : 01 46 10 21 28 m.dubuget@groupe-entreprendre.fr Alizée Dufraisse - Tél. : 01 46 10 21 03 a.dufraisse@groupe-entreprendre.fr ABONNEMENTS Hanane Rahmani h.rahmani@ groupe-entreprendre.fr Korotoumou Coulibaly k.coulibaly@groupe-entreprendre.fr PUBLICITÉ ET COMMUNICATION contact@groupe-entreprendre.fr Régies spécialisées : Wacom Studio (DossiersThématiques & Régionaux) Warner Altarac - wa@entreprendre-wa.com - Tél. : 01 80 91 80 40 Jonathan Boko - jb@entreprendre-wa.com - Tél. : 01 80 91 80 49 Corentin Palud - cp@regie-lafontpresse.fr - Tél. : 01 80 91 80 45 Leslie N’Gouan - ln@entreprendre-wa.com - Tél. : 01 87 66 80 46 Claudine Chryssaghis - cc@entreprendre-wa.com - Tél. : 01 87 66 80 40 Samuel Cohen - sc@entreprendre-wa.com - Tél. : 01 80 91 80 47 Kenan Altarac - ka@entreprendre-wa.com - Tél. : 01 87 66 34 35 Elisa Infallibile - ei@entreprendre-wa.com - Tél. : 01 87 66 24 74 Dossiers spéciaux : Perrine Chazi - Tél. : 06 38 42 89 58 S.I.R.P.E. (Dossier Océan Indien) presidence@sirpe.org DIFFUSION PRESSE Isabelle Jouanneau - Tél. : 01 46 10 22 22 i.jouanneau@groupe-entreprendre.fr avec Xavier Foucard (Pagure) - Tél. : 01 45 22 12 51 x.foucard@pagurepresse.fr Distribution : MLP Belgique : Tondeur, avec l’autorisation de la Chambre de Commerce et Union des Entreprises de Bruxelles BECI. Entreprendre est édité par Entreprendre, S.A au capital de 256 275,60€ RCS NANTERRE 403 216 617 SIRET : 403 216 617 000 23 NAF : 5814Z SA 53 rue du Chemin Vert - CS 20056 - 92772 Boulogne-Billancourt Cedex Toute reproduction, même partielle, des articles et iconographies publiés dans Entreprendre sans l’accord écrit de la société éditrice est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. La rédaction ne retourne pas les documents et n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes et photos qui lui ont été adressés pour appréciation. ISSN : N°1145-5764. Commission paritaire : en cours. N°TVA intracommunautaire : Fr79.339 532 194 000 34. Dépôt légal à parution. COTÉ EN BOURSE Entreprendre SA, groupe indépendant éditeur de 60 magazines publiés en kiosques, est côté sur Euronext Growth (code ALENR). Participez à son développement. Entreprendre 04 Sébastien Chabal : «Ce qui me plaît, c’est de créer des sociétés et des équipes» 06 Arnaud Nourry lance Les Nouveaux Éditeurs 08 Les dessous de l’économie LA VIE DES AFFAIRES 12 Alexandre Chen crée PikkoPay parce qu’il ne supportait plus de faire la queue dans les magasins 14 Michael Ehmann (Nataïs) : Comment le roi du pop-corn a transformé l’économie locale dans le Gers 15 Lucien Georgelin : C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures 16 Roger Zannier : «L’essentiel n’est pas de participer, mais de gagner » 17 Les meubles Gautier dans une mauvaise passe... 18 Paltech, la jeune pousse parisienne qui pourrait mettre fin au diabète 20 Jean-Pierre Bansard : Itinéraire d’un entrepreneur de génie 36 JO Paris 2024 : Au-delà de la victoire, une vraie leçon de management ÉCONOMIE 22 Pierre Vausselin : Le chimiste devenu entrepreneur 24 Devalliet, le nouveau luxe auto à la française 26 Hemeria : Au cœur de la nouvelle filière spatiale française 28 Rodrigo Basilicati-Cardin, président du groupe Pierre Cardin 32 Galapagos propulse Fauchon vers l’international 34 Sylvie Casenave-Péré (Posson Packaging) éco-emballe vos idées ENVIRONNEMENT & ÉCONOMIE DU FUTUR 40 Geneviève Férone-Creuzet (Prophil) : En route pour la post-croissance 42 Philippe Gourmain (La Belle Forêt) : L’appel de la forêt 44 Sophie Barbeau (Nexans) : La fée électricité 46 Pierre Knoché : Kiloutou adresse le marché de la maintenance ferroviaire 50 Nicolas Yatzimirsky : « Geismar est une entreprise très respectée par ses clients » 54 Sophie Renner (Vensys) : Une ascension galopante 56 La révolution verte du BTP : innovations et initiatives clés ÉCONOMIE 60 Georges-Olivier Reymond (Pasqal) : «Notre ambition est de devenir le Nvidia du quantique» 62 Beaumanoir surfe sur la vague avec Quicksilver 64 Liban : Profiles Software continue son ascension malgré les crises successives DOSSIER SPÉCIAUX 68 Création, accompagnement et reprise d’Entreprise • Avantages aux salariés et Comité d’entreprise • Formation • Coaching • Traduction & Interprète • IT / IT Informatique 212 Externalisation • Droit des affaires • Femmes dirigeantes 226 Spécial Chine : Michelin se développe durablement en Chine 228 Océan Indien • Seychelles MAGAZINE 238 Michel Delloye et Jacques-Olivier Larant (Les Hôteliers Impertinents) : «Créer des lieux uniques à forte identité» 240 Domaine Tour Campanets : Emmanuelle Baude, viticultrice innovante Numéro vendu avec un supplément spécial JO 4 n RENCONTRE Quand avez-vous commencé à réfléchir à l’après-rugby ? Sébastien Chabal : Cela s’est fait assez naturellement, car avant de devenir sportif de haut niveau, je travaillais en tant que tourneur-fraiseur le matin à l’usine, je m’entraînais l’après-midi. J’ai donc toujours eu conscience qu’après ma carrière de sportif de haut niveau, il allait falloir retravailler, sans pourautantêtrefixésurcequejevoulaisprécisément faire. J’avais cependant une certitude,jenevoulaisplusêtresalarié,carj’aimais la liberté expérimentée au fil de ma carrière sportive.Sefamiliariseravecl’entreprise,créer desprojets,rassemblerdeséquipesmeséduisait. Après 2014, j’ai investi dans quelques secteurs, exploré, regardé, avec la chance de pouvoir prendre trois ou quatre ans pour me décider,unvrailuxe.Depuis,j’aiconcrétisécertainsprojets,maistoutn’estpasencoredéfini. Aviez-vous un objectif précis en suivant la maitrise en administration de l’EM Lyon Business School ? S.C. : Il s’agissait d’un vrai choix, je venais de reprendreRuckfieldavecTonyMathisetÉricMarieGroetz,mesassociés,ilmefallaitapprofondir mes connaissances, ce fut l’occasion de bien réviser ce que j’avais appris et d’approfondir les aspects financier et administratif de la gestion d’entreprise. «Cequimeplaîtvraiment, c’estdecréerdessociétés etdeséquipes» SébastienChabal Inutile de présenter Sébastien Chabal, le rugbyman. Il n’en est pas de même pour Chabal, l’investisseur et entrepreneur. L’ancien troisième ligne avait déjà démontré ses qualités de businessman avec les différents contrats publicitaires qu’il avait signés, mais depuis 2014, année de sa retraite sportive, il a multiplié les initiatives. © photo Studio 5 Vous avez racheté la marque Ruckfield, il y a eu ConceptSport, Au Poil, des produits cosmétiques pour cheveux et barbe, quels critères guident vos choix ? S.C. : J’ai participé à la création de la marque Ruckfield dès 2007 et en suis devenu l’égérie, comme je jouais en Angleterre à ce moment-là, j’ai signé un contrat de licence de marque de dix ans. En 2019, j’ai repris l’entreprise, en partie sur les conseils de mon épouse. Conceptsport était un projet en famille,enlienaveclesport.PourAupoil,plutôtquedesignerunénièmecontratd’image, j’ai préféré créer. La société a été revendue il y a deux ans. Ces expériences n’ont pas suivi unplanprécis,ilssontlaconséquencedema curiosité et de rencontres. Des secteurs très différentssoulèventmonintérêt,maiscequi me plait vraiment est de créer des sociétés et des équipes. J’ai grandi ainsi, car dans le rugby, on apprend que si chaque individu est indispensable, il faut aussi se mettre au service de l’équipe. Et, si l’équipe gagne, l’individu en sort grandi. Quant à l’aspect financier, même s’il est important, mourir le plus riche du cimetière n’a jamais fait pas partie de mes ambitions. L’argent est un moyen, pas une finalité. Vous venez de cofonder « Les Burgers de Jo » avec Tony Mathis, votre associé de Ruckfield, et Joannes Richard, champion du monde du burger. En quoi consiste ce concept particulier ? S.C. :Ils’agitd’unmodèlehybridequin’existe pas à ce jour. Tony et Joannes se connaissaient, ils avaient joué au rugby ensemble. Avec Tony, nous tournions déjà depuis un moment autour de l’univers de la food, nous souhaitions nous lancer, maissans vraiment savoir ni quand ni comment. La rencontre avec Joannes a été l’occasion de monter un vrai concept. Pas question de proposer une énième offre de restauration, nous voulions créerunmodèlegagnant-gagnant,basésur despartenariatsavecdesrestaurantsdéjàen activité,sélectionnésenfonctiondelaqualité deleurcuisine,lecritèreindispensableétant l’utilisationdeproduitsfrais.Notreidées’apparente à celle du pop-up restaurant, nous installonsnotreconceptlepremiermercredi du mois chez les restaurateurs, afin de leur apporter de la différenciation et des opportunités de communication. Nousvenonsdelancerlacommercialisation, notre modèle a reçu un excellent accueil, unecinquantained’établissementsontdéjà signé, le lancement officiel est prévu en janvier205,avecunobjectifde1000restaurants adhérant au concept. Laclédelaréussiteestévidemmentlerecrutementdesrestaurants,maisnousnesommes pas inquiets. Le restaurateur qui adhère devient « Compagnon », il pourra proposer la carte des burgers Joannes, le client final réserveenlignesuruneplateformedédiée,et commande son menu à l’avance, pour éviter legaspillage.Lamarchandiseestlivréelejour dit.Nousavonsrecrutéundirecteurcommercial responsable de 6 agents commerciaux, ettravaillonssurlagestiondelasupplychain, maisnousavonslachanced’avoiruncontrat avec Transgourmet. En matière de communication, une campagne de personnel branding est prévue sur Joannes Richard à partir decetété.Lechampiondumondedeburger estfrançais,nousdevonsleclamer.Àpartirde septembre, nous communiquerons auprès du grand public. Des précisions sur votre modèle économique ? S.C. : « Le Compagnon de Jo », le restaurateur, paie un droit d’entrée de 1000 euros, et un pack d’accueil dès 900 euros, puis 80 euros par mois pour les mercredis burger et 10% de royalties sur la food uniquement. Les boissons sont gérées indépendamment par le Compagnon. Le client final paie 40% lors de la réservation. Nous sommes très engagés sur la qualité produit, Joannes a mis au point la recette des composants du burger. Le bun a été élaboré par le champion du monde 2024 de boulangerie, Frank Fortier, les desserts sont confectionnés par le MOF Gérard Cabiron. En tant qu’investisseur, vous êtes un touche-à-tout ? La biotech Weo, la proptech Promy, Biotyfood, Private Discuss, Onoff telekom … S.C. : Tout s’est fait suite à des rencontres, à ceci s’ajoutela recherchedu sens,caril s’agit de prendre soin de la planète et de l’humain. Onoff est de la tech pure et dure, Biotyfood travailleàlaconservationdeproduitsenlimitant la consommation de plastique, et dans un tout autre genre, sur le temps long. Weo est dirigé par un Français parti aux ÉtatsUnis pour lancer une eau augmentée qui agit sur l’inflammation, après des années de recherche sur un processus spécifique d’électrolyse. Une approche au cas par cas. Quel manager êtes-vous ? S.C. : Ce qui m’anime est de donner les moyens à mes collaborateurs de grandir et d’atteindre leurs objectifs personnels tout en construisant des équipes qui ont de la cohésionetserventles projets.Jepenseêtre bienveillantetconsidèrequechacunadroità l’erreur.Jesuisconvaincuquemêmesansformation,saufsurdesmétierstrèstechniques, ilestpossibledefairedegrandeschosesavec du simple bon sens. Le monde du sport collectif vous apprend aussi cela. Quel qualificatif vous définit le mieux ? S.C. : Il est difficile de se définir. Je dirais que jesuisquelqu’undechanceux,carj’airencontré mes deux associés piliers, Tony Mathis et Eric-MarieGroetzquirégissentlequotidienet mepermettentdedécouvrird’autresunivers, passer du temps sur des projets, rencontrer des gens pour de nouveaux business. Je ne suispasdugenreàmelaissercontaminerpar l’atmosphèreambiante,jenepassepasmon tempssurlesréseaux,niàécouterdesmédias quifontlebuzzencultivantlecatastrophisme. Vous avez 46 ans, quelle est votre ambition à 5 ans ? S.C. : Aujourd’hui, l’activité principale est constituée par Ruckfield, qui fonctionne plutôt bien en dépit d’un univers textile très chahuté.Cependant,jen’aipasétéinitiateur de tous les projets évoqués précédemment. Sauf pour les Burgers de Jo, où, cette fois-ci jepeuxmequalifierd’entrepreneur.Dansles cinq prochaines années, l’idée est d’implanter la marque en France, dans les pays limitrophes culturellement proches de nous, et si tout se passe comme prévu, passer à des masterfranchises«BurgersdeJo»dansune trentainedepays.Dansunavenirtrèsproche, nous allons aussi ouvrir un food course du côté d’Avignon, proche du restaurant gardois de Joannes Richard, une activité périphérique aux Burgers de Jo. Propos recueillis par Anne Florin Chiffres clés • Objectif : 1000 restaurants d’ici 5 ans • Droit d’entrée : 1000 euros • Pack d’accueil : à partir de 900 euros • Fraismensuels:80eurosparmoispour les mercredis burger • Royalties : 10% sur la food Sébastien Chabal à fond dans sa nouvelle aventure des « Burgers de Jo » 6 n ÉDITION UNE ASCENSION RAPIDE JUSQU’AU POSTE DE PRÉSIDENT Il ne faut pas plus de quelques années à ArnaudNourrypourpasserdechargédemissionauprèsduPrésidentàPDGde Hachette Livre en 2003 après avoir exercé plusieurs fonctions y compris la direction générale. Un parcours sans faute qui mène Arnaud Lagardère à lui faire confiance dès l’année suivantedanslecadredurachatpartield’Editis. Voici Arnaud Nourry à la tête du premier éditeur français. L’homme avait déjà mené à bien l’opération du rachat de Hatier dans les années 90, et poursuit sur sa lancée, avec d’autres acquisitions, Hodder Headline et Time Warner BooksquidevientHachetteBookGroupUSA. Cinqansaprèssanominationàlaprésidence, HachetteLivreestdevenulenuméro2mondial. Il y a quinze ans, il réussit un coup de maitre en tant que négociateur. Il parvient à racheter à Albert Uderzo et à la fille de René Goscinny l’entreprise Albert René qui édite les bandes dessinées d’Astérix le Gaulois. Un véritable trésor dont le succès est garanti à chaque parution d’un nouvel album. 2021, LA RUPTURE EST CONSOMMÉE Un si joli parcours finit souvent par s’interrompre, bien ou mal. Entre les deux Arnaud, Lagardère et Nourry, cela se passe il y a trois ans. Il est démis de ses fonctions suite à un désaccord stratégique. Il ne s’explique pas publiquement sur les raisons de son départ, ArnaudNourrylance LesNouveauxÉditeurs Après3ans,l’ex-patrondeHachetterevientdansl’édition Tous les enfants de libraires ne travaillent pas dans l’édition. Arnaud Nourry a pourtant fini par se rapprocher des livres. Après un DEA de sociologie des organisations à ParisDauphine, un diplôme ESCP Europe, et quelques premières expériences, il entre en 1990 dans le groupe Hachette pour y rester quelques trente années. Arnaud Nourry est un amateur de livres, de rugby, de vins fins et de musique classique. © Les Nouveaux Éditeurs / DR 7 mais des dissensions étaient apparues lorsqu’Arnaud Lagardère a voulu se rapprocher du groupe Bolloré. La suite des événements lui a donné raison, si l’on considère l’actualité récente qui mène à la chute d’Arnaud Lagardère et de son empire médiatique. De fait, Vincent Bolloré est finalement devenu l’homme fort de l’empire créé par Jean-Luc Lagardère. Arnaud Nourry a 60 ans lorsqu’il part du groupe et pourrait penser raisonnablement à une sorte de préretraite. À vrai dire,ilprendletempsdesereposer,volontairement mais aussi pour respecter sa clause de non concurrence. Une pause qui lui permet de réfléchir à un nouveau projet sur son domaine de compétence et sur un marché de l’édition en plein bouleversement. L’éditionreprésenteunmarchérelativement modeste de quatre milliards d’euros en prix final, il est constitué de groupes détenus par des actionnaires qui ne sont pas des spécialistes du marché culturel (Vincent Bolloré et Daniel Kretinsky), et des groupes plus modestes qui subissent des changements dedirectionfamiliale.Cespériodesdetransitionnesontpastoujoursfacilesàgérer.C’est le cas pour Gallimard, Actes Sud ou Albin Michelsansoublierlegroupe Hemensistoujours en vente à l’heure du bouclage. UNE NOUVELLE APPROCHE DE L’ÉDITION POUR LES NOUVEAUX ÉDITEURS Arnaud Nourry n’a rien à prouver dans cette nouvelle aventure. Mais sous son apparence très sage, il se veut aussi un entrepreneur insolent, indépendant qui veut s’amuser et proposer une véritable nouvelle offre. Il a eu le temps de rencontrer de nombreux éditeurs et éditrices, dont certains se posent la question de vers qui se tourner dans cet universchahuté.AvecLesNouveauxÉditeurs, Arnaud Nourry souhaite accueillir ceux qui veulentretrouveruneliberté,unmondeplus chaleureux, où la recherche de sens sociétal n’est pas un vain mot. Il avoue s’être inspiré du modèle de l’audiovisuel, et plus particulièrement de Mediawan. L’idée centrale est de proposer une solution à des maisons petitesetmoyennestalentueusesquiveulent grandirtoutengardantunelibertéindispensable en leur garantissant « un esprit boutique auquel tant d’auteurs sont attachés ». PARTENARIAT AVEC SIMON & SCHUSTER Le nouvel entrepreneur a rassemblé autour de lui un groupe d’amis et associés fondateurs (Ronald Blunden, Ugo Nourry, Olivier Sulpice, Stéphane Distinguin, Emmanuelle Guilbart, Erik Maris) ce qui permet d’envisager l’avenir sur les deux ou trois prochaines années sans penser à une nouvelle levée de fonds. Dans ce cadre, le partenariat non capitalistique qu’il a signé avec l’Américain Simon & Schusterestessentieletafaitlebuzz.Arnaud Nourry connait depuis de nombreuses années Jonathan Karp, le CEO de S&S, leader du marché américain et entretient avec lui des relations d’amitié. Ce partenariat repose sur deux axes, l’un d’entre eux est d’échanger sur l’innovation, l’intelligence artificielle, les nouveautés numériquesquipourraientaméliorerlespratiques.Lesecondestdesedonnerundroitde premierregardmutuelsurlesfuturesacquisitions en tant qu’éditeur jusqu’à la possibilité d’agir conjointement pour des séries ou licences diverses. Unpartenariatquipourraitmenerplusloinsi jamaisSimon&Schusterdécidaitfinalement de le transformer en participation en capital, une fois le moment venu. Arnaud Nourry pense que de nouveaux besoins en financement pourraient intervenir fin 2026. EN ATTENTE DES PREMIERS TITRES Les planètes semblent alignées pour que la nouvelle maison d’édition connaisse le succès. Même si Arnaud Nourry avoue qu’à 63ans,iln’aaucuneidéederevancheentête, le voici probablement fort aise comme dans la fable de repartir sur une belle aventure dans l’édition en ayant réuni autour de lui des personnes alliant expérience et ayant la même approche des affaires. Le lancement n’aura d’ailleurs pas tardé après que la clause de non-concurrence ne s’éteigne fin avril 2024. Le dernier trimestre et au plus tard le début 2025 devrait voir la parution des premiers titres, tout ayant été largement anticipé. L’annonce du lancement appuie sur le fait quelescontratsproposésauxauteursseront alignés sur les conditions les plus favorables dumarché.Unejeuneaventureentrepreneuriale qui ne demande qu’à s’affirmer. C.F. Les Nouveaux Éditeurs représentent une nouvelle ère pour l’édition, où indépendance, innovation et liberté éditoriale sont les maîtres mots. Chiffres clés de l’édition • Chiffre d’affaires des éditeurs en 2023 : Près de 3 milliards d’euros). • Nombre d’exemplaires vendus en 2023 : 486,1 millions • Édition numérique : 285,2 millions d’euros, représentant 10,32% du chiffre d’affaires total en 2022 • Part de marché des librairies : 23,7% des dépenses totales en livres • Part de marché des grandes surfaces spécialisées : 28,4%. • Ventes par Internet : 22% du marché. (Source Ministère de la culture et Syndicat national de l’édition) Bien plus qu’une carte restaurant… … c’est un déjeuner d’équipe Pause déjeuner, mobilité, CESU, acompte sursalaire, sport… offrez un monde d’opportunités à vos salariés. Rendez-vous surpluxee.fr Pluxee France, SA au capital de 61 623 908 €, immatriculée au RCS de Paris sous le n°340 393 065, ayant son siège social au 32 rue Blanche, 75009 Paris - Visuel : Getty Images - 11/2023 9 LES DESSSOUS DE L’ÉCO n Eurofeu veut doubler de taille en quatre ans Eurofeu s’est fixé comme objectif de doubler son chiffre d’affaires d’ici 2028 en franchissant le cap des 400 millions d’euros. Une augmentation que l’ETI de 1800salariés,fondéeparlafamilleLahouati, adéjàenregistréentre2020et2024,enpassant de 100 à 204 millions d’euros. Eurofeu produit près d’un million d’extincteurs par an dans son usine de Senonches (Eure-etLoir).Maisselonsonprésident,EricHentgès, le premier fabricant français d’extincteurs doitdésormaischercherdesrelaisdecroissanceàl’étranger,oùEurofeun’estpasprésent. Dans un premier temps, l’industriel ciblera l’Italie, l’Allemagne et le RoyaumeUni.Cettestratégieseramiseenœuvresous la houlette du fonds IK Partners, qui vient de racheter les parts détenues par Capza depuis 2020. Le nouvel actionnaire majoritaire accompagnera Eurofeu dans ses trois prochaines opérations de croissance externe et dans la construction d’un nouveau site d’une valeur de 7 millions d’euros. Industrie : la stratégie d’ACI Groupe pour devenir un géant de la sous-traitance 180millionsd’eurosde chiffre d’affaires, 1 200 salariés, des clients comme Saf ran, Dassault ou Thales : Philippe Rivière et Patrice Rives ont réalisé un véritable tour de force. Passés par le sous-traitant aéronautique WeAre Group, les deux entrepreneurs ont lancé ACI Groupe en 2019. Cinq ans plus tard, ils sont à la tête d’un consortiumindustrielquitravailleavecdesgrands groupes dans le nucléaire, la sécurité et la défense. Ils ont misé cinq millions d’euros dansprèsdetrenteopérationsdecroissance externepourdévelopperleurgroupeindustriel dans la Vallée de l’Arve (Haute-Savoie). Derniersrachatsendate:lesPMEsavoyardes MolliexFrères,LacroixPoncetetExperdeco. Grâce à la totalité de ces acquisitions, ACI Groupes’estconstituéunsolideportefeuille desous-traitants.D’ici2030,lesdirigeantsde l’ETIindustriellelyonnaiseveulentfairegrimperlechiffred’affairesà300millionsd’euros. C’est en milliards d’euros le montant de la dette publique française, soit 110 % du PIB. La France est actuellement le troisième pays de la zone euro le plus endetté juste derrière la Grèce et l’Italie. Seule l’Italie affiche un déficit plus élevé. 3100 N °1 français des prémurs, l’entreprise familiale créée en 1978 débloque 13 millions d’euros pour construire un nouveau site de production à Mignières (Eure-et-Loir). Le rôle de cette usine de 5000m², qui comportera un laboratoire de R&D et produira 300 000 m² de mur chaque année, sera d’industrialiser la fabrication de l’une des dernières innovations de SpurginLeonhart:desmurs porteurs en béton de bois, conçus à partir de copeaux, de granulats de bois et de ciment. Dirigée par Pierre Bollard, l’ETI alsacienne aux 130 millions d’euros de chiffre d’affaires possède déjàunpremiersiteenEureet-Loir. Doté d’une capacité de 500 000 m², il est dédié à la fabrication de prémurs en béton et béton bas carbone. Spurgin Leonhart possède d’autres implantations en France (Haut-Rhin, Ain, Somme, Bouches-du-Rhône), mais aussi en Suisse et en Allemagne. Le groupe familial possède 25% du marché des prémurs en béton. T huasnedonne un nouveau coup d’accélérateur à sa stratégie d’internationalisation.Fondéen1847,lespécialiste français des textiles médicaux (2600 salariés) vient de racheter l’entreprise américaineCorflex(130salariés).Aveccecinquième rachat (Townsend Design, Quinn Medical, Lantz, Knit-Rite) depuis 2011 aux Etats-Unis, l’entreprise familiale confirme sa volonté de poursuivre son développement sur le premier marché mondial en matière de santé. L’apportdeCorflexfaitgrimperà16lenombre d’usines deThuasne. En prenant en compte larepriseenfévrierdernierduspécialisteaustralien de l’orthopédie Medical Rehab, l’ETI dirigée par Delphine Hanton passe un cap : présente dans 110 pays, plus de la moitié de son chiffre d’affaires est désormais réalisé hors de France. Même si l’Hexagone reste le premier marché de Thuasne, devant les Etats-Unis, il ne représente plus que 45 % de ses revenus. Le chiffre d’affaires de la société basée à Saint-Etienne a atteint 281 millions d’euros en 2023. BTP : Spurgin Leonhart investit 13 millions d’euros dans une nouvelle usine Santé : les ambitions de Thuasne sur le marché américain Delphine Hanton, directrice générale de Thuasne. Intérim Le groupe Adequat (200 000 salariés) reprend l’entreprise italienne AxL (113 M€ de CA). Il s’agit du plus important rachat de son histoire. Electricité Enerdigit, start-up spécialisée dans la flexibilité électrique, lève 40 millions d’euros en dette et capital afin de se déployerdanslesecteurdessolutionsdestockage d’énergie. Mobilier Filiale industrielle de la famille Peugeot, le groupe Peugeot Frères Industrie rachète Lafuma Mobilier, spécialiste du meuble « made in France » et propriété du groupe suisseCalida. Transports Alstom a remporté l’appel d’offres portant sur le métro de Hambourg (Allemagne) pour un montant de 2,8 milliards d’euros. Le constructeur ferroviaire français fabriquera 374 rames. Eric Hentgès, Président d’Eurofeu. Philippe Rivière, PDG d’ACI Groupe. PARLONS VRAI ON PARLE AUTO Laurence Péraud et Jean-Luc Moreau Samedi -11h à 13h FRÉQUENCES ET ÉCOUTE SUR WWW.SUDRADIO.FR Sud Radio est une des sociétés de Fiducial Médias RETROUVEZ “ON PARLE AUTO” ET TOUS LES ESSAIS AUTO VIDÉOS SUR SUDRADIO.FR Tous les samedis de 11h à 13h 11 LES DESSSOUS DE L’ÉCO n Aviation : Verso Energy mise un milliard sur les carburants durables Créée en 2021, la start-upfrançaiseVerso Energy va investir un milliard d’euros dans un site de production de carburants d’aviation durables sur un terrain de 21 hectares à Chavelot (Vosges). Ce projet devrait générer 250 emplois d’ici 2029 et sa capacité de production pourrait oscillerentre80000et150000tonnesdecarburant par an. Le projet bénéficie du soutien de la communauté d’agglomération d’Epinal et de la proximité du papetier norvégien NorskeSkog,quifourniraleCO2biogénique nécessaire. Cette initiative s’inscrit dans un calendrier européen qui imposera l’utilisation de carburants durables dans l’aviation dès2030.DirigéparAntoineHuardetXavier Caïtucoli, Verso Energy travaille également sur des projets à Rouen, Saillat-sur-Vienne et Tartas, dont l’objectif est la mutualisation descoûtsd’étudesetledéploiementdel’hydrogène vert, avec un projet de 450 millions d’euros à Carling-Saint-Avold (Moselle). Ciment bas carbone : HGCT s’exporte aux USA Grâce à son innovation (un ciment alternatif sans cuisson), le groupe vendéen se déploie aux EtatsUnis via un partenariat exclusif avec le groupe américain HoffmannGreenUSA. Créé en 2014 par Julien Blanchard et David Hoffmann, HGCT (6 M€ de CA) produit du ciment sans clinker, un matériau calcaire très polluant. « Il n’y a pas d’équivalent zéro clinker aux Etats-Unis, explique Julien Blanchard, et nous avons constaté un fort intérêt des Américains. » Les deux entrepreneurs, qui ont d’abord ciblé la Floride et l’Illinois, ont pour objectif de détenir une usine par Etat américain. HGCT a réalisé cinq millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023. L’objectif fixé est de 120 millions d’euros d’ici 2026. Pionnière du ciment bas carbone,laPMEvendéennes’estégalement implantée en Arabie saoudite où une première usine sera mise en service en 2026. Elle possède également deux sites de production en France, à Bournezeau (Vendée) et à Dunkerque (Nord). L’Autoritédelaconcurrencefrançaiseainfligé337millionsd’euros d’amendes lors du premier semestre 2024. Ce chiffre a été multipliépardeuxparrapportàl’anpassé.Laprochaineentrepriseàpassersouslesfourchescaudinesdel’autoritéadministrativepourraitêtrel’américainNvidia,leadermondialdespuces. 337 I mplanté dans le Maine-et-Loire, Stif (33,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, 180salariés)alesfaveursduleadermondial des véhicules électriques. Tesla a déboursé 13 millions d’euros pour acquérir des panneaux anti-explosion produits par le spécialiste français de la tôlerie industrielle. Ils protègeront les Tesla Megapack, ces gigantesques accumulateurs électriques lithiumion (BESS) chargés de stocker l’énergie renouvelable produite par Tesla via ses centralesphotovoltaïquesouseséoliennes.Pour répondre à cette commande, Stif a loué une usinede5000m²auTexas,danslaquellel’entreprisedirigéeparJoséBurgosainvestiprès detroismillionsd’eurosetrecrutévingtsalariés. L’enjeu est colossal : Tesla s’est accaparé un tiers du marché mondial des accumulateurs. Et ce secteur sera bientôt la principale sourcederevenusdeStif.AveclesEtats-Unis et bientôt la Chine -où l’entreprise possède déjà une usineen point de mire. D epuis la vente du réseaudeboulangeries Louise à InVivo en 2022, Menissez poursuit son virage vers l’international.Commeentémoignent les rachats du néerlandais Van Roy, du canadien Boulart et du britannique Délice de France entre 2017 et 2023. Créé en 1965, le groupe de boulangerie industrielleaux600millions d’euros de chiffre d’affaires vient de mettre la main sur une autre enseigne : The Jones Village Bakery Group. Fondé en 1934, l’enseigne galloise est réputée pour l’excellence de ses produits. Elle possède six usines au PaysdeGalles,emploie900salariésetaffiche un chiffre d’affaires de 119 millions d’euros. Cette opération permet au groupe nordiste dirigéparLaurentMenissezdeprendreposition sur différents secteurs (retail, restauration,foodservice)auRoyaume-Uni.Unezone stratégique,oùlaPMEdeFeignies(Nord)est présente depuis le début des années 2000. Stif, la PME française chouchoutée par Tesla Boulangerie : Menissez s’offre une entreprise galloise José Burgos, président de Stif. Laurent Menissez, PDG de Menissez (à droite). Numérique La plateforme de free-lances LeHibou,quitravailleavecL’Oréal,BNPParibas, FDJ, Airbus et CMA-CGM, va réaliser entre 115 et 123 M€ de CA en 2024. Données L’éditeur de logiciels choletais Agena 3000 (22 M€ de chiffred’affaires)rachètedeuxsociétés(Conso Trust et SRC System) et vise 100 M€ de chiffre d’affaires d’ici 2034. Industrie Spécialiste européen de détecteurs infrarouges, la PME iséroise Lynred investit 85 M€ dans son usine de Veurey-Voroize pour conquérir le marché automobile américain. Santé « Spin-off » de l’Institut Curie, la start-up Spotlight Medical lève 6,2 M€ auprès de Kurma Partners et Heal Capital pour commercialiser son premier test de pronostic piloté par l’IA. Xavier Caïtucoli, président de Verso Energy. Julien Blanchard, président du Directoired’HGCT. 12 n LA VIE DES AFFAIRES
ENTREPRENDRE n°383 - Page 1
ENTREPRENDRE n°383 - Page 2
viapresse