MARIANNE n°1473 - Page 2 - 1473 LEPOINTDEVUEDE parÈveSzeftel LEPOINTDEVUEDE L e ralliement de Boris Vallaud à Olivier Faure, en rendant plus que probable la victoire de ce dernier, enterre le dernier espoir de rebâtir une gauche de gouvernement crédibleautourdupartifondéen1905souslenomdeParti socialiste-Sectionfrançaisedel’Internationaleouvrière, qui deviendra la SFIO. Le parti de Jaurès, de Blum, de Badinter, de Jospin et de Hollande, restera ce qu’il est devenu, l’ombre de lui-même. Un parti qui se vide de ses adhérents et de ses électeurs alors qu’il pourrait être le socle d’une gauche forte, fière et combative. Un parti qui a autant d’adhérents qu’à sa fondation il y a cent vingt ans : moins de 40 000. Ce chiffre est d’ailleurs la vraie révélation de cette séquence électorale qui aboutira au congrès de Nancy mi-juin : depuis l’élection d’Olivier Faure au congrès d’Aubervilliers, en 2018, le PS a perdu50000adhérents.Lepartiaupouvoirpendantvingtansdepuis1981esten passe de devenir un groupuscule. Et on ne voit pas ce qui pourrait arrêter cette hémorragie face à ce que les opposants à la direction actuelle, réunis derrière Nicolas Mayer-Rossignol, considèrent commeunterriblegâchis. Faut-il faire remonter le début de la fin à 2017 et la pathétique campagne de Benoît Hamon avec sa proposition absurde de revenu universel, variante du « jetons l’argent que nous n’avons pas par les fenêtres » ? Ou à la naissance des frondeurs, qui n’ont pas toujours su fairelapartentrel’exigencedevoirleurs critiquesduprogrammeéconomiquede FrançoisHollandemieuxprisesencompteetlanécessitédefaire bloc au moment où la France était attaquée par le terrorisme islamique et que ses enfants mouraient par centaines, fauchés parlesballesdeskalachsouécraséssouslesrouesd’uncamion? Tant le problème de la gauche réformiste est sa tendance à se laisser intimider par le chantage à la radicalité qu’exerce sur ellelagaucherévolutionnaire,voireàdévelopperuncomplexe d’imposture. Les situations auxquelles elle est confrontée au pouvoir sont pourtant loin d’être simples, entre nécessité de concilierefficacitééconomiqueetjusticesociale,productionet décarbonation,droitsdel’hommeetarmement,antiterrorisme et respect de l’État de droit… Faut-il remonter à 1983, au « tournant de la rigueur », qui a cependantpermisl’ancragedelaFrancedanslesystèmemonétaireeuropéen?Ouauxorigines,àl’antagonismefondateurentre Jules Guesde et Jean Jaurès, alors classé à la « droite » du parti parcequ’ilprônaitlaparticipationaugouvernement?Àcevieux clivage entre les révolutionnaires, qui refusaient de se salir les mains,etlesréformistes,quiarrachèrentaupatronatetaubloc bourgeoisquilereprésentaitàl’Assembléecesgrandesréformes sociales dont on continue à défendre les acquis ? Doit-on rappeler que c’est autour du sort d’un petit capitaine juif, élevé lundi 2 juin et à titre posthume au rang de général de brigade par l’Assemblée nationale, que se déchira la gauche ? Àl’époque,JulesGuesdethéorisaitquel’affaireDreyfusétaitune querellebourgeoise,uncombatsecondairequirisquaitdedétournerlessocialistesdeleurbutprincipal,larévolutionprolétarienne. Enface,JeanJaurès,d’abordréticent,finitparcomprendrecequise jouaitautourdeladéfensedeDreyfus:celledelaRépubliqueface auxforcesréactionnaires,encorehégémoniquesdanslasociétédel’époque. Rien n’a changé : c’est toujours autourdelaRépubliquequesedéchire la gauche, c’est toujours l’affrontement Guesde contre Jaurès qui se rejoue. En campagne pour sa réélection, Olivier Faure a promis la rupture avec Jean-Luc Mélenchon. Pour mieux prôner une primaire de la gauche avec Marine Tondelier, un proxy de LFI, ou d’anciens Insoumis, qui, rappelons-le, n’ont pas quitté le mouvement mais en ont été bannis. Pas ou peu de divergences sur le fond, sur les valeurs,commesurleprogrammeduNouveauFrontpopulaire,quinerépondpourtant sérieusement à aucune des grandes menaces actuelles (désindustrialisation, crisedenotremodèlesocial,narcotrafic,violences,pressionmigratoire,impérialismesrusseetqatari…),maisdesimplesdésaccords surlaforme:quandmême,ilexagère,tontonMélenchon. Cette promesse de rupture est un leurre. Olivier Faure reconduit,lePartisocialisteresterasousl’influenceintellectuelle de cette gauche radicale qui se targue de combattre la droite et l’extrême droite alors qu’elle lui offre la victoire sur un plateau. Decefait,ilcontinuerad’empêcherlagaucheréformistederedevenir majoritaire dans le pays et de pouvoir faire ce qu’elle a toujoursfaitquandelleétaitauxresponsabilités,changerlavie, ou, du moins, essayer. Mais, rien de grave, le Parti socialiste en a vu d’autres et se reconstruira ailleurs, de manière autonome, dans l’affirmation tranquille de ce qu’il est et de ce qu’il pense juste pour le pays. Il en a toujours été ainsi. M C’estl’affrontement GuesdecontreJaurès quiserejoue. Leproblèmede lagaucheréformiste estsatendance àselaisserintimider parlechantageàla radicalitéqu’exerce surellelagauche révolutionnaire. PS : et à la fin, c’est Mélenchon qui gagne 5au11juin2025-Marianne-3 3 LEPOINTDEVUEDE“MARIANNE” par Ève Szeftel PS:etàlafin,c’estMélenchonquigagne 5 L’ŒILDENatacha Polony Lavictoireestcollective 6 CequeMarianneenpense -ÉdouardPhilippeouladroiteTerraNova -LescomplotistesvslesMacron 10 INDISCRÉTIONS Marianne DÉCRYPTE 18 Parti socialiste cherche destin désespérément Marianne DÉCRYPTE 24 Pourquoi la fête tourne si souvent à l’émeute Marianne RÉVÈLE 27 Au bureau, les patrons face à la religion Marianne RÉVÈLE 30 Shein, lobbyiste XXL 34 Chroniques Marianne VOUS RAFRAÎCHIT LA MÉMOIRE 36 Il se passe souvent quelque chose au congrès du PS ! 38 LECONTRE-AGENDA BenShattuck,uneautrefaçon devisiterl’Amérique 40 C’ESTSONCOMBAT Jean-MarcDechaud:“Unecollection, c’estuneconversationaveclessiècles” 41 LEPOINGSURLATABLE Vite,vite,desfèvesfraîches! 42 QUELLEÉPOQUE! Comment consoler un trumpo-flippé ? 44 Mieuxvautenrire! 48 COURRIERETJEUX 50 LEMOTDELAFINpar Frédéric Taddeï Cequiarrivequandonfaitmoinsd’enfants LEDOSSIER TARIF À GRANDE VITESSE. POURQUOI LE TRAIN COÛTE SI CHER ? 16 Vite, un billet spécial congés payés 12 LEDESSINdeJiho en couverture : DR - Isa Harsin / Sipa. Sommaire : Getty Images 4-Marianne-5au11juin2025 No 1473 du5au11juin2025 L’ŒILDENatachaPolony La victoire est collective visitedeJacquesChiracdanslesvestiairesdesBleus,larécupération politique des victoires sportives a pris des allures de festival comique. Il n’y a là rien d’autre que l’aveu d’une incapacité des politiquesàréveillereux-mêmeslaferveur –pourtantimmense – du peuple autour d’un projet pour la France. Vientenfintoutlereste.D’abordlestatutduPSG.Cen’estpas l’argent qui l’a fait gagner cette fois, mais c’est l’argent qui déstabilise le championnat français. Là comme en économie, le ruissellement n’existe pas : les millions mobilisés par le Qatar n’ont pas profité à l’ensemble du football français et n’ont pas permis aux autres clubs de conquérir des places à l’échelle européenne. Dans une tribune publiée par le journal le Monde dix ans après la prise de contrôle du PSG par le Qatar, l’économiste Jean-Pascal GayantetlejournalisteStéphaneGuyprécisaientquesi,en2012,le classementUEFAmoyendescinqmeilleurs clubsfrançaisétait33e ,ilétaiten2022…34e , alorsmêmequelePSGtiraitcettemoyenne vers le haut. Surtout,lePSGrestelesymboledusoft power qatari en France. Un soft power chargédefaireoublierle«hard»powerque constituent la corruption (qui se souvient du Qatargate au Parlement européen ?) et l’entrisme islamiste de la part du principal relaisétatiquedesFrèresmusulmans.Bien évidemment,l’islamismesedéploiedavantage dans ce monde associatif qui occupe lesplaceslaisséesvacantesparl’État,dans l’aidesociale,lesoutienscolaireetlesclubs sportifs amateurs, qu’à travers les prestations du PSG, mais les secondes sont une raison du silence sur le premier. Reste une question. Pourquoi n’importe quel événement festif donne-t-il désormais lieu à un déferlement de violence et de pillages ? Le bilan est lourd. Deux morts, des blessés et des destructions.Surcevoletaussi,l’instrumentalisationestgrossière. Une occasion de cogner sur un adversaire politique, alors que le problème dépasse largement l’organisation ponctuelle de cette soirée. Il s’agit, pour le dire un peu brutalement, de la perception du rapport de force entre la société et ceux qui enfreignent la loi. Ceux-là ont visiblement intégré que la société est faible et que le prixàpayerpourunpillagen’estpasdissuasif.Ajoutonsl’absence d’éducation, cette discipline qui consiste à réfréner les pulsions ettenircomptedel’Autre,desautres,etlapuissancedélétèredes réseauxsociaux,quitransformentleréelenspectacleetlabêtise engloire.Pourquelesvictoiresnesoientquebelles,ilfautretrouver notre capacité collective à valoriser l’intelligence, le courage, l’abnégation,etàcombattreparlarigueurdelaloietdel’éducation la stupidité, la haine et la force brute. M P eut-on à la fois célébrer et penser ? Est-il permis de s’abandonner avec plaisir à une joie collective et de suspendre, le temps de ce partage, une capacité à analyser et à juger qui relève pourtant du devoir, pour quiconque prétendreprésenterouincarner,pourquiconqueprétend prescrire l’action ? Disons-le tout simplement : la victoire du PSG, samedi soir, était belle. Rien d’autre que belle. Cela n’efface pas tout le reste, tout ce qu’on peut penser de ce club, tout ce qu’on peut penserdecequ’estdevenulefootetdecequesontdevenusceux qui célèbrent le foot. Patience. Ça vient à la fin de ces lignes. Mais d’abord la joie. Celle d’avoir assisté à un magnifique spectacle. Qui aime le football sait à quel point ce sport est une métaphore. Il aura fallu quatorze ans aux acheteurs qataris du Paris Saint-Germain pour s’en apercevoir. Pendant des années, des stars achetées à prix d’or se sont côtoyées dans ce club, déséquilibrant le championnat français mais échouant systématiquement à emporter les foules et à remporter de grandes compétitions européennes. Et puis arrive un entraîneurquidécidedeforgeruneéquipe, de faire jouer ensemble des jeunes gens qui n’ont pas encore eu le temps de révéler leur potentiel, d’autres, plus âgés, qui ne concourront jamais pour le Ballon d’or mais qui croient encore en ce club et ne sont pas de passage. On regarde ce match et l’on se souvient du très beau titre du livre de Jean-Claude Michéa : Le plus beau but était une passe. Désiré Doué est dans la surface. Il reçoit le ballon de Vitinha. Il pourrait tenter sa chance mais il voit qu’Achraf Hakimi est seul sur le côté droit du but. Il lui sert ce ballon tout doucement, et Hakimi le met au fond des filets. S’effacer pour le bien collectif. Servir plutôt que se servir. La récompense vient après puisque Doué marquera les deux buts suivants. Et dans les cris saluant l’exploit de ce garçon de 20 ans si bien nommé se rassemblaient, au stade de Munich, dans les bars de toute la France et par les fenêtres ouvertes, des Français qui n’espèrent rien d’autre que pouvoir être fiers collectivement. Fiers et heureux, rassemblés par un projet commun. C’est pour cela qu’ils ont vibré lors des jeux Olympiques. C’est pour cela qu’ils exultent à chaque victoire sportive, en se disant qu’il serait formidable de ressentir cette fierté pour autre chose que le sport. Bien sûr, on peut à juste titre s’agacer des démonstrations surfaites de certains, empressés à capitaliser sur cette victoire. UnprésidentdelaRépubliqueest-ilobligédelancerdes«Champion monfrère!»pourmimeruneproximitéaveclesjoueurs?Depuisla En football commeenéconomie, leruissellement n’existepas: lesmillions mobilisés par leQatar n’ont pas profitéà l’ensemble dufootball français. 5au11juin2025-Marianne-5 Ceque Marianne enpense ÉDOUARDPHILIPPESELIVRE LadroiteTerraNova Vous avez aimé la gauche Terra Nova ? Celle qui a si bien retenu la leçon de ce think tank « progressiste » (qui lui enjoignait en 2012, dans une note célèbre, d’abandonner la défense des classes populaires au profit des minorités) qu’elle semble condamnée à rester minoritaire. Vous allez adorer la droite Terra Nova ; elle a même son champion ! Dans son livre le Prix de nos mensonges, Édouard Philippe, candidat déclaré à la présidentielle, assène sa vérité : « Il ne sera pas possible de faire tenir notre modèle économique et social » sans recourir à l’immigration de travail. Certes, le leader de Horizons prend soin de renvoyer dos à dos les « démagogues angoissés du grand remplacement » favorables à une « immigration zéro » et les « démagogues clientélistes » pour lesquels « toute immigration serait bonne à prendre », pour défendre, en bon centriste, une « immigration choisie et contrôlée ». Face au vieillissement et à la dénatalité, il assume de vouloir faire venir des « femmes et hommes bien formés » : médecins, ingénieurs, ouvriers agricoles… Ce point de vue fait écho à une étude récente de… Terra Nova, selon laquelle il faudrait faire venir 310 000 nouveaux immigrés à l’horizon 2040-2050 pour pallier la pénurie attendue de main-d’œuvre. Dans une tribune publiée dans Marianne, Didier Leschi, le patron de l’Office français de l’immigration, a brocardé cette vision qui « relève du néocolonialisme » consistant à piller les ressources humaines des pays pauvres. L’ancien préfet a aussi rappelé ce fait têtu : seuls 55 % des étrangers extraeuropéens occupent un emploi. Selon nos informations, la tribune a retenu l’attention de Bruno Retailleau, partisan, lui, d’un tour de vis migratoire. Comme sur le voile et l’État de droit, ces deux ténors de la droite sont en opposition frontale. Dans le Point, Édouard Philippe, qui lorgne l’électorat centriste, a marqué sa différence avec ce qu’il appelle « la droite Trocadéro », allusion au meeting de François Fillon en 2017, dont le directeur de campagne n’était autre que Bruno Retailleau. La droite Terra Nova contre la droite Trocadéro ? Une belle affiche pour 2027. ÈveSzeftel P ourOlivierFalorni,députéLesDémocrates,levotedu27maiàl’Assembléenationaleconstitueundénouementmajeur.Depuisprèsdedixans, l’homme est omniprésent sur le sujet. En 2017, 2021 et 2024, il déposait toujours le même texte sans que celui-ci atteigne le stade du vote au Palais-Bourbon. En attendant, à l’Assemblée, il a présidé toutes les missions d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti et des groupes d’études sur la fin devie.Enl’espaced’unedécennie,Falornis’estpositionnésurlesujetcomme une référence souveraine. On ne peut reprocher au Rochelais de manquer de sincérité dans son combat. En 2013, dans l’Hémicycle, il rapportait avec émotion les mots prononcés par sa mère, atteinte d’un cancer, dans ses derniers jours : « Je n’en peux plus, je veux partir. » Au service de sa cause, il n’a cessé d’établir un parallèle avec l’IVG : « Il y a la même hypocrisie qu’avant la loi Veil. Certains médecins ont pratiqué et pratiquent encore desaidesactivesàmourirdefaçonclandestinedans notrepays»,précise-t-ilàMarianne.Politiquement, il s’inscrit d’ailleurs dans une filiation avec le sénateur Henri Caillavet, rapporteur de la loi de Simone Veil, en 1975, et auteur, en 1978, d’une des premières propositions de loi relative au droit de vivre sa mort. Francmaçon,Caillavetaétél’undespremiersprésidentsdel’Associationpourledroitàmourir dans la dignité (ADMD). Association très médiatique, dont Olivier Falorni est membre du comité d’honneur. Et même, parfois, communicantofficieux:en2021,iltournaitunevidéo Pourquoi adhérer à l’ADMD ? Deux ans plus tard, dans le Journal du dimanche, il publiait une tribune pour l’aide active à mourir, avec son amie Line Renaud, marraine de l’ADMD. AuPalais-Bourbon,cettedoublecasquette,qued’aucunsseraienttentés de qualifier de conflit d’intérêts, n’a jamais entravé son parcours. Habile politique, l’ancien professeur d’histoire-géographie sait ménager la chèvre et le chou une fois passée la porte parlementaire. « Olivier Falorni a fait preuve de doutes sur certains sujets. Son idée n’était pas toujours arrêtée », salue ainsi le député socialiste Jérôme Guedj, présent lors des débats en commission des Affaires sociales. À la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, Claire Fourcade, la présidente, use, en revanche, de mots moins amènes : « Avec les soignants, il n’a jamais fait de compromis et de concessions suraucunsujet.»Elleluireprochenotammentsadéfensedu«délitd’entrave» visant les médecins récalcitrants, retenu dans le texte final. Il n’empêche : sa proposition de loi s’est traduite par une forme de consensus avec 305 voix pour, 199 contre et 57 abstentions. M OLIVIERFALORNI Lemilitantdel’aideàmourir Têted’affiche parViolainedesCourières Merci confrères ! Dans son édition du mardi 2 juin, le Parisien dresse un état des lieux saisissant de l’augmentation des violences envers les profs en Seine-Saint-Denis. Les agressions verbales, en particulier, ont plus que doublé en un an, prenant la forme d’insultes ou de menaces de mort. Plus surprenant, la majorité des faits se produisent en maternelle et en élémentaire. Ce point de vue fait écho à une étude récente de… Terra Nova, selon laquelle il faudrait faire venir 310 000 nouveaux immigrés à l’horizon 2040-2050 pour pallier la pénurie attendue de main-d’œuvre. Dans une tribune publiée dans Marianne, français de l’immigration, a brocardé cette vision qui consistant à piller les ressources humaines des pays pauvres. L’ancien préfet a aussi rappelé ce fait têtu : seuls 55 % des étrangers extraeuropéens occupent un emploi. Selon nos informations, la tribune a retenu l’attention de Bruno Retailleau, partisan, lui, d’un tour de vis migratoire. Comme sur le voile et l’État de droit, ces deux ténors de la droite sont en opposition frontale. Dans qui lorgne l’électorat centriste, a marqué sa différence avec ce qu’il appelle Trocadéro », Fillon en 2017, dont le directeur de campagne n’était autre que Bruno Retailleau. La droite noncés par sa mère, atteinte d’un cancer, dans ses derniers jours : « Je n’en peux Au service de sa cause, il n’a cessé d’établir un parallèle « Il y a la même hypocrisie qu’avant la loi Veil. Certains médecins ont pratiqué et pratiquent encore desaidesactivesàmourirdefaçonclandestinedans .Politiquement, il s’inscrit d’ailleurs dans une filiation avec le sénateur Henri Caillavet, rapporteur de la loi de Simone Veil, en 1975, et auteur, en 1978, d’une des premières propositions de loi relative au droit de vivre sa mort. Francmaçon,Caillavetaétél’undespremiersprésidentsdel’Associationpourledroitàmourir dans la dignité (ADMD). Association très médiatique, dont Olivier Falorni est membre du comité d’honneur. Et même, parfois, communicantofficieux:en2021,iltournaitunevidéo Deux ans plus il publiait une tribune pour l’aide active à mourir, avec son amie Line Renaud, marraine de l’ADMD. 6-Marianne-5au11juin2025 L’ÉCRIVAIN FRANCO-ALGÉRIEN est incarcéré en Algérie depuis mi-novembre 2024. Condamné le 27 mars à cinq ans de prison, il a fait appel de sa condamnation. “On construit une culture de l’affrontement, les gens qui n’habitent pas Paris ne sont pas les bienvenus, ça crée une tension.” CATHERINETRICOTDirectricedelarédactiondeRegards,lemardi2juin,surRTL, ausujetdesviolencesaprèslavictoireduPSG. Elle aurait mieux fait de se taire D ans le scandale que constitue l’arrestation arbitraire de Boualem Sansal, le régime d’Alger part du principe que le temps joue pour lui. Le calcul du président Abdelmadjid Tebboune et de ses partisans n’est peut-être pas absurde au regard de l’histoire des relations francoalgériennes depuis 1962. Il s’appuie sur le pari que jamais la France n’osera remettre en cause les accords de 1968, quidonnentauxAlgériensdesavantages dont ne peuvent se prévaloir les Vietnamiens, par exemple, à qui la France fit une guerre aussi impitoyable que celle qui fut menée en Algérie. La France n’osera pas mettre sur un pied d’égalité les Algériens et leurs ennemis jurés, les Marocains. La France n’osera pas réduire drastiquement la délivrance des visas et mettre ainsi en œuvre l’article 47 de la loi Darmanin adoptée en janvier 2024, qui conditionne leur délivrance à la reprise des personnes en situation irrégulières. La France n’osera pas interdire de vol la compagnie Air Algérie, qui refuse de laisser voyager à son bord des expulsés algériens. Alors que l’Algérie n’avait pas hésité pendant de longs mois à limiter lesvolsdelacompagnieespagnoleIberia au moment où l’Espagne avait reconnu la marocanité du Sahara occidental. La Francen’oserapasfairetairelesinfluenceurs algériens qui sévissent sur son sol alors que l’inverse serait impensable, tant la liberté d’opinion est muselée de l’autre côté de la Méditerranée. Le pari algérien, c’est que la France n’osera pas l’épreuve de force. Et qu’au boutducompteAlgerpourrasecontenter d’accorder une grâce éventuelle à Boualem Sansal au moment de la fête nationale algérienne, le 5 juillet. Une manière d’accréditer sa culpabilité. Et sans rien concéder d’autre. Les autorités algériennes ont pour eux le Quai d’Orsay, qui ne cesse de plaider pour la « gentillesse », celle-là même qui n’a jamais marché. En espérant qu’elle rendra clément, voire plus coopérant, le pouvoir autoritaire algérien. Le temps nous montre que chaque fois ce fut un pariperdu.Ladiplomatieprendlerisque de se tromper, en attendant Boualem Sansal demeure enfermé. Rachel Binhas POKERMENTEUR DétentiondeBoualemSansal, unéchecfrançais LafindesZFE LEFIASCO JUSQU’AU BOUT Le 28 mai, les députés RN, LR et insoumis ont voté main dans la main pour supprimer les zones à faibles émissions (ZFE). À l’approche des municipales de 2026, le RN joue la carte anti-Bruxelles, LR défend ses maires inquiets de ce boulet électoral, et LFI y voit une « violence sociale ». Si cette alliance semble contre nature, elle est née d’un rejet très réel. Plus encore que des ZFE ellesmêmes, de ce qu’elles symbolisent : une fracture croissante entre la transition écologique et la justice sociale. Jugées technocratiques, elles incarnent aux yeux de nombreux Français une écologie surplombante et parisienne. Avec cet argument : les automobilistes précaires n’ont ni les moyens de s’offrir un véhicule électrique, ni les transports en commun qui leur permettraient de se passer de voiture. Une minorité de véhicules particuliers seraient réellement interdits de circuler dans les ZFE, réplique le ministère de la Transition écologique. Qui ajoute que plusieurs dérogations ont été prévues – trajets médicaux, situations d’urgence, week-ends, etc. Mais ce ne sont pas tant les interdictions que l’angoisse de la sanction et la confusion administrative qui nourrissent la défiance. Beaucoup craignent que leur vieux diesel soit interdit du jour au lendemain. Agnès PannierRunacher, ministre de la Transition écologique, a dénoncé une « décision regrettable », prise sous la pression électorale. La pollution de l’air cause plus de 40 000 décès prématurés chaque année en France, rappellet-elle. Elle crie aussi au mépris des engagements européens. La France, en échange des 40 milliards d’euros du plan de relance européen, s’était engagée à mettre en œuvre ces ZFE. Signe que le fiasco est intégral : leur suppression pourrait entraîner la perte d’une partie de cette somme. M Marie-EstellePech 5au11juin2025-Marianne-7 Capture d’écran You tube - Bruno Levesque / MaxPPP Ce que Marianne en pense SANS-GÊNE Alors que Renault a touché plus de 8 milliards d’euros d’aides du gouvernement depuis 2008, le constructeur s’apprêterait à délocaliser sa future plateforme de SUV électriques… à Palencia. MÉDIASTICSpar Hadrien Mathoux I l y a vingt ans, lors du référendum sur la Constitution européenne, notre système médiatique a connu une terrible humiliation. À l’exception notabledeMarianne–sonfondateur,Jean-François Kahn, pourtant partisan du traité, avait ouvert le débat en interne et donné la parole aux « nonistes » –, l’ensemble des grandes chaînes de télévision, des radios et des journaux s’étaient relayés pour expliquer qu’il n’y avait aucune alternative sérieuse au triomphe du oui. Comme on le sait,ledémentidémocratiquefutcinglant.Depuis, les élites nationales considèrent le référendum commeuneabominationabsolue:lescitoyens,ces inconscients,neseconformentpassystématiquement aux instructions qu’on leur donne ! L’épisoden’apasencoreétédigéréparl’éditocratie, comme l’a montré l’émission de France Inter, « Questions politiques », qui recevait François Ruffin et l’essayiste Raphaël Doan, partisan d’un nouveau recours au référendum pour « faire de la Franceunedémocratie».Lesjournalistesduplateau offrentunfestivald’argutieshostilesàlaconsultationdupeuple.CarineBécard,deFranceInter:«La démocratie directe dans un pays de 60 millions d’habitants, ça n’existe pas, ça ne marche pas. » Nathalie Saint-Cricq:«CommentlesFrançaispeuventapprouver ou non un projet de loi s’il est très compliqué ? » Les citoyens, prompts aux débordements « émotionnels », s’empresseraient de rétablir la peine de mort ou d’interdire l’avortement, craint-elle. FrançoiseFressoz,duMonde,évoqueletraumatisme de 2005 : « Je me méfie de ces débats, il peut y avoirdetrèsbonstribuns,etçanevapastoujoursdans le sens de l’intérêt général. » Pour la chroniqueuse, « le référendum est un merveilleux outil pour les populistes ». Carine Bécard renchérit, s’adressant à Ruffin : « N’y a-t-il pas un danger plébiscitaire ? » Le Picard,plutôtincrédule:«Quandj’entendsqu’ilfaut se méfier du peuple… on est en démocratie, le pouvoir est au peuple. » Le voilà rattrapé par la patrouille : « Est-ce qu’il a toujours raison, le peuple ? C’est ça, la question, aussi ! » Carine Bécard boucle la boucle : «Peut-onavoirencoredesdébatséclairés,àl’heuredes fake news et des ingérences ? » Vite, pour sauver la démocratie, interdisons les élections ! M Référendum: lagrandepeur desbien-pensants LECHIFFREQUITUE 15eIl s’agit de la position de la France au classement mondial en 2075, selon les économistes de Goldman Sachs. La Chine, l’Inde et les États-Unis figureraient sur le podium des puissances. Des pays comme le Nigeria, les Philippines ou la Russie passeraient devant l’Hexagone. Pas brillant, mais, d’ici là, il peut s’en passer des événements susceptibles de contredire les futurologues… RENAULT DavantagedeSUVélectriques madeinEspaña? Le passage au 100 % électrique de l’entreprise Renault, prévu d’ici à 2035, devait relancer les usines françaises. Enfin ! Après des années de délocalisation… Seulement voilà, d’après les informations du journal spécialisé espagnol la Tribuna de Automoción relayées par l’Argus, lamarquesongeraitàinstallerlafuture plate-forme de SUV électriques dans l’usinedePalencia(Espagne).Renault aurait donc pour projet de tourner le dos à Ampere ElectriCity (Hauts-deFrance), son centre de production de véhiculesélectriques,dès2028.L’État françaisn’apourtantpaslésinésurles prêts et aides pour sauver ses usines françaises. Marianne a fait l’addition de la générosité étatique : plus de 8 milliards d’euros. En 2008, déjà, alors que Renault enregistreunepertenettede3,07milliards d’euros, le gouvernement annonceunprêtde3milliardsd’euros àtauxpréférentiel.Encontrepartie,le constructeurautomobiles’estengagé ànefermeraucuneusineenFrance,à soutenir ses sous-traitants et à supprimerlesbonusetdividendesdeses dirigeants et actionnaires. En 2019, les comptes de Renault piquent de nouveau du nez, et ils sont aggravés parlacriseduCoviddébut2020.Pour éviter une restructuration des sites français, un prêt garanti par l’État de 5 milliards d’euros à taux préférentiel (de nouveau) lui est accordé. Enfin, en 2023, le groupe a perçu « un peu moinsde250millionsd’euros»d’aides selon son patron, Jean-Dominique Senard, interrogé par la Cour des comptes en mars 2025. Parmi ces aides : le crédit d’impôt recherche, les plans « France 2030 » et « France Relance », des aides à l’emploi et régionales, et des réductions d’impôt. Le groupe bénéficie par ailleurs – indirectement – des aides perçues par les gigafactories d’Envision et de Verkor, qui se sont engagées à équiperlesSUVélectriquesdeRenaulten batteries.Unsystèmeimparfaitselon Bernard Jullien, professeur d’économie à l’université de Bordeaux : « Ces engagements ne sont que verbaux, rien ne garantit leur respect. C’est le cas aujourd’hui : en 2021, lorsque la future gamme de Renault a été évoquée, la déclaration d’intention réservait la production à la France. Et aujourd’hui, l’usine de Palencia serait favorisée. » M Alice Le Jan 8-Marianne-5au11juin2025 Francois Greuez / Sipa POLOGNE Élumalgré lescasseroles PourquoilesPolonaisont-ils éluprésidentlenationaliste KarolNawrockien dépit des révélations sulfureuses le concernant, plutôt que le maire pro-UE de Varsovie, Rafal Trzaskowski ? « Cette victoire est surtout due à la rhétorique anti-élites martelée pendant la campagne, note le politiste Adam Leszczynski. Nawrocki est le fils d’un ouvrier des chantiers navals, alors que Trzaskowski, ex-ministre, est le fils d’un compositeur de jazz très connu. Par ailleurs, les gens sont très mécontents du gouvernement. Le PiS, lui, fait des annonces faramineuses… même s’il ne les réalise pas. » Trzaskowski paie aussi sa proximité avec le Premier ministre Donald Tusk, lequel ne peut réformer le pays à cause des veto présidentiels. Le PiS réclame d’ores et déjà de nouvelles législatives. « J’y vois une incitation pour la coalition au pouvoir à surmonter ses divergences », estime Leszczynski. Sinon, à l’en croire, le prochain cabinet élu sera résolument d’extrême droite. Anne Dastakian Faux fraté À Marseille, les supporteurs de l’OM ont été nombreux à exprimer avec virulence leur désarroi après qu’Emmanuel Macron, réputé amoureux de l’équipe phocéenne, a publié un message de félicitations et reçu à l’Élysée le PSG, vainqueur de la Ligue des champions. C’est oublier qu’avant d’être « fada » de l’OM, le président représente la nation, et qu’il est donc tout naturel d’honorer le club qui a fait briller le pays à l’échelle européenne. Qui remporte la bataille médiatique ? Sans cesse ciblé par la sphère conspirationniste sur les réseaux sociaux, le couple présidentiel choisit la contre-offensive… au risque de remettre une pièce dans la machine. Par Thibaut Solano Les complotistes : Fin2021,unevidéode NatachaRey,prétenduejournaliste,etd’Amandine Roy,médium,devientviralesurlesréseaux:elles ydéveloppentleurthéorieselonlaquelleBrigitte Macronestenfaitsonfrère,Jean-MichelTrogneux. LehashtagàsonnomdéferlesurXpuisfranchit l’Atlantique,oùceuxquicroientàuncomplotdes élites«pédo-satanistes»yvoientune confirmation.Plusonestdefous,plusonvrille. Lescomplotistes: Àbordd’untrain,Macron etlechancelierallemandsontfilmés,lepremier rangeantunmouchoir,leseconds’emparantd’une touillette.Mouchoir?Touillette?Plutôtunpochon decameetunecuillère,selonlesconspis!Moscou estàlamanœuvre–unex-conseillerdePoutineet laporte-paroled’unministèrerelaientl’hypothèse. EnFrance,c’estFlorianPhilippot(ex-n°2duFN) etAlexisPoulin,animateursurSudRadio,quis’y collent.Onespèrequ’ilssontpayésparleKremlin pourqu’ilsaientunebonneraisond’autantsesalir. Lescomplotistes:Sitôtl’avionprésidentielsur lesolvietnamien,lesthéoriciensdéchaînésont sentivenirl’ApocalypseNowdeMacron.Unevidéo captelesdoigtsdeBrigittes’aplatirénergiquement surlevisagedesonépoux.Etlorsqueleprésident luioffresonbraspourdescendrelesmarches,elle l’ignore.LacliquedestoquésduTrogneuxreprend lamain–avecsoncoupletsurlavirilité,lavraie. Trogneux Perlimpinpin Lagifle Les Macron : Enjanvier2022,BrigitteMacron porteplaintecontrela«journaliste»etlamédium –quinel’avaitpasvuvenir.Leprésidentprend laparoleplustard,le8mars2024(journéedes droitsdesfemmes),pourdénoncer,avecsongoût del’expressiondésuète,les«fadas».ReyetRoy serontcondamnéesà500€d’amendeet16000€ d’indemnités.Certes,larumeurdemeuremais restecirconscriteauxcomploploslesplusdingos. Les Macron : Unefoisdeplus,l’Élysée choisitdedémentirplutôtquedelaisserla rumeurflotteraufonddelacuvette.Sansdoute l’expérience«Trogneux»a-t-elleenseignéau Palaisquelesilencelaissaittropd’espaceàses adversaires–enparticulierquandilsontlaforce defrapperusse.Àmoinsquecenesoitcette volontédetordrelecouàunerumeurtenace depuissafameusesaillie«C’estnotreprojeeeet», laquellecontinuedenourrirlesspéculationsde ceuxquidépeignentleprésidentencocaïnomane. LesMacron:L’Élysées’empressederépondre… etseprendlespiedssurletarmac.D’aborden accusantlesRussesetl’IA–alorsquelesimages sontauthentiques.Ensuite,aveccettevalsedu président,commentantlavidéo:«Noussommes entraindenouschamailleretplutôtdeplaisanter avecmonépouse.»Plaisanterouchamailler? Unseul mot vous manque et tout est décuplé. Lescomplotistes lesMacron AVANTAGE : les Macron AVANTAGE : les Macron AVANTAGE : les complotistes VICTOIRE FINALE : les Macron On s’en fout ! 5au11juin2025-Marianne-9 Lematch Jeanne Accorsini / Sipa Le dessous des cartes INDISCRÉTIONS] Pasvuàlatélé En vue de l’élection du premier secrétaire du Parti socialiste, les soutiens de Nicolas Mayer-Rossignol réclament à cor et à cri un débat entre le challenger et le sortant, Olivier Faure. « Si on refuse le débat maintenant, qu’est-ce que ce sera le jour où on sera face à Bardella ? », lance le maire de Rouen. Bien sûr, le camp Faure ne l’entend pas de cette oreille : « Mais ça intéresse qui ? », demande un membre de la direction. « On se trompe d’élection, ce n’est pas la primaire de la gauche. Le corps électoral est figé, tout le monde sait qui pense quoi parmi les militants. Les débats, il y en a des centaines, dans chaque section, dans chaque fédération, prévus par nos statuts. Et on veut faire un débat télé pour 26 000 votants ? Mayer-Rossignol tient vraiment à ridiculiser le PS pour se pousser du col. » L.N. Ambiance électriqueauPS Congrès toujours. Dans le camp de ceux qui s’opposent à la reconduction d’Olivier Faure à la tête du PS, on ne perd jamais une occasion d’évoquer le risque de triche, en convoquant le triste souvenir du congrès fratricide de Marseille. Mais pourquoi diable le premier secrétaire, qui brigue un troisième mandat, se seraitil obstiné à refuser le recours au vote électronique – ardemment réclamé par les courants minoritaires – si ce n’était pour se laisser le loisir de magouiller ? De fait, sans isoloir et parfois sans urne transparente, le vote s’organise encore de façon très artisanale dans certaines petites sections. « C’est invraisemblable, d’autant que les LR l’ont fait. Idem pour les nouveaux adhérents qu’on refuse d’accueillir avant le vote car considérés comme “incontrôlables” », déplore un vieux routier des congrès roses. Au PS, les traditions ont la vie dure. A.M. Labonneexcuse Benyamin Netanyahou, qui rejette la création d’une commission d’enquête sur la responsabilité du fiasco qui a comme de droite – du pays. Maire de la capitale des Gaules pendant quarante-six ans, président du Conseil à trois reprises, ce brillant lettrédevenuacadémicienmarquera de sa patte madrée la IIIe République de l’entre-deux-guerres. À l’actif de « son » Cartel des gauches figurent la gratuité du lycée, l’autorisation des fonctionnairesàsesyndiquer,ledéveloppementdel’écolelaïque…Maissa dextérité fait de lui un symbole du « parlementarisme » – au sens péjoratif du terme – où se succèdent les jeuxdecombinaisonsbancalesentre partis.Legaullismecontribuerabeaucoupàforgercette(injuste?)image. ÉdouardVIII(1894–1972) Maudit Édouard ! Il monte sur le trôneen1936maisabdiqueavantson couronnement, quelques mois plus tard. Pour de bonnes raisons ? Sans entrer dans les querelles byzantines del’époque,sonsouhaitdesemarier avecuneAméricainedivorcée,Wallis Simpson,metlepayscommelepalais deBuckinghamdansunembarrasjuridique énorme. L’Église d’Angleterre –gouvernéepar…leroienpersonne– le réprouve. Le gouvernement de Baldwinaussi.Etpouruneraisonpas jolie, jolie : le fils de George V, si peu soucieux du protocole, verrait d’un bon œil les idées du IIIe Reich. Son renoncement à régner fera l’affaire de tous. Durant la guerre, il officiera commegouverneur…desBahamas. M ÉdouardBALLADUR(1929-…) Commentnepasfaireunparallèle entre « Balla » et Philippe ? Chacun porte en bandoulière son « langage devérité»,àlarecherchedes«grands équilibres»faceauxdémagosdedroite tentés par la dépense publique (un certainChiracetsafameuse«fracture sociale ») ou par la facilité identitaire (RetailleauetsonrapportsurlesFrères musulmans).Etpuis,lesdeuxÉdouard, à trente ans de distance, essorés l’un et l’autre par Matignon avant la campagneprésidentielle,caracolaienten têtedessondagesaveclabénédiction desmédiasditsdominants. ÉdouardDALADIER(1884–1970) Cenom-làsevoitdepuislongtemps frappéd’anathème.Àsaseuleévocationvientàl’espritcetteformulesynonyme de grande lâcheté : « l’esprit de Munich».AlorsprésidentduConseil, en septembre 1938, dans la capitale bavaroise, Daladier et son homologue britannique, Chamberlain, se couchent face au couple diabolique Hitler-MussolinietcèdentlesSudètes àl’Allemagne.Leradicalsuivraensuite un chemin plus courageux, marqué par la tentative d’embarquement à Bordeaux avec Mendès France sur le Massilia.Troptard.L’infâmeétiquette «Munich»restecolléeàsonfront. ÉdouardHERRIOT(1872–1957) Attention à ne pas froisser les Lyonnais et les radicaux – de gauche L’ex-Premier ministre se fait un peu éclipser par Bruno Retailleau ces temps-ci. Dans “le Point”, Édouard Philippe la joue donc à la Churchill, avec promesses de sang et de larmes. Prudence… la providence s’est rarement penchée sur les hommes avec un tel prénom. Par Franck Dedieu La malédiction desÉdouard 10-Marianne-5au11juin2025 Allstar Picture Library Ltd / Alamy / Hemis - public domain access rights from UtCon Collection / Alamy / Hémis - Hilary Morgan / Alamy / Hemis Toc, toc, toc… c’est Rima Hassan ! Depuis les prises de position de Dominique de Villepin sur Gaza, la députée européenne tente inlassablement d’établir un contact. À chaque sortie médiatique de l’ancien Premier ministre, elle espère un signe, un mot, un début d’alliance. Mais Villepin ne répond pas. Le vieux routier de la diplomatie snobe sans états d’âme la jeune élue. Pas naïf, il sait ce qu’un tel rapprochement lui coûterait : ses déclarations sur « la domination financière des médias » lui avaient déjà valu un retour de flamme. Frayer avec l’aile la plus radicale du camp propalestinien ? Rima Hassan n’est pas une alliée, songe-t-on dans son entourage. Première étape vers la conquête de l’électorat modéré ? F.D. L’infoenplus abouti aux massacres du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël « tant que la guerre se poursuit », envisage très sérieusement d’invoquer le même prétexte pour reporter la date des législatives prévues le 27 octobre 2026. Selon les sondages, la coalition au pouvoir, qui comprend deux partis d’extrême droite, serait largement battue par l’opposition centriste. J.L. Israëlmisesur unlasermiracle L’armée israélienne va se doter d’ici à la fin de l’année d’un système d’interception laser surnommé « Iron Beam » (Faisceau de fer) en cours d’essai pour intercepter des drones suicides, des roquettes ainsi que des missiles balistiques. Cette nouvelle arme aura l’immense avantage de ne coûter que 3 € par interception alors que chaque missile antimissile tiré par les batteries du « dôme de fer » actuellement utilisé avec succès, notamment contre le Hamas et les tirs de missiles des houthis yéménites, revient à plus de 30 000 €. J.L. Lescudkanak deMLP Les hostilités ont-elles débuté entre Marine Le Pen, menacée d’inéligibilité en 2027, et son lieutenant, Jordan Bardella ? À plus de 16 000 kilomètres de Paris, « MLP » a envoyé une pique au jeune président du RN, se déclarant « pas sûre que Jordan, pour le coup, connaisse très bien les problèmes de la VillepinlaisseRimaHassanàlaporte Nouvelle-Calédonie ». Une petite phrase qui a déclenché une tempête médiaticopolitique, malgré les protestations des cadres du RN expliquant que la sortie lepéniste avait été « surinterprétée ». « Les choses sont très claires, bougonne un proche de Marine Le Pen. C’est elle, et si c’est pas elle, c’est lui. » Sans doute, mais dévaloriser un plan B qui a de fortes chances d’advenir n’est peut-être pas l’idée du siècle. H.M. Uneaffairedefamille « Je n’ai jamais vu cette dame sur le terrain », « quelle blague… », « quelle différence y a-t-il entre l’emploi de sa femme, sa fille ou sa belle-fille ? Ça reste en famille ! », s’émeuvent deux élus lorsque le nom du député PS Christophe Proença est prononcé. En cause ? L’une de ses collaboratrices, sa belle-fille, inscritesurlesitedel’Assemblée et qui bosse pour lui. « Elle s’occupe du volet administratif. C’est la femme de mon fils. J’ai demandé au déontologue, qui a dit oui sans problème ! Je ne l’aurais jamais fait sinon. Ce n’est pas un emploi fictif », répond le député, qui rappelle qu’il est seulement interdit, pour tout député, d’employer son conjoint ou ses enfants. Une zone grise bien pratique. Quant aux critiques sur le manque d’investissement de sa collab sur le terrain, un proche du député la défend : « Elle était en congé maternité. » Comme quoi, même les amis peuvent faire partie de la famille, monsieur le déontologue… E.R. “On ne peut pas gagner une présidentielle avec Clémentine Autain.” UNPARTISAND’HÉLÈNEGEOFFROY Dans la longue liste des arguments plaidant contre l’organisation d’une primaire de la gauche, les partisans d’Hélène Geoffroy, figure du courant social-libéral du Parti socialiste, font valoir le déficit de notoriété des concurrents éventuels. « La primaire, ça ne marche qu’avec des personnalités d’envergure, glisse l’un d’eux. Aubry-Hollande, ils partaient en étant déjà des pointures du parti, bien installés dans l’opinion. Là, ce serait un combat de nains. » François Ruffin et Raphaël Glucksmann – bien que ce dernier ait indiqué ne pas vouloir se soumettre à cet exercice démocratique – apprécieront. Et notre source de conclure : « Tout le monde sait qu’on ne peut pas gagner une présidentielle avec Clémentine Autain. Il faut être sérieux. » L.N. COMBAT DE NAINS 5au11juin2025-Marianne-11 PourquoiLE coûteSICHER Tarif àgrande vitesse 12-Marianne-5au11juin2025
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