MOTO MAGAZINE n°360

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Ce qui n'ira pas dans le sens des usagers, automobilistes comme motards. e 28 mai, Anne Hidalgo, tenait une conférence de presse consé— cutive à la remise du rapport sur la Mission dïnformation et dévaluation (MIE) du Conseil de Paris sur l’avenir du périphérique. Le lieu choisi pour Févénement était hautement symbolique. La maire de Paris a invité les journalistes dans une salle du cinéma de la place du Maquis-du-Vercors, la jeune esplanade de 17 500 ml née du recouvrement du périphérique à la porte des Lilas. Initié au tournant du millénaire, ce vaste chantier témoigne de Fépoque où les politiques voyaient dans le recouvrement du périphérique un moyen de noyer cette frontière de béton de 35 km qui sépare Paris de sa banlieue. Le plan 20002006, signé entre l’Ètat et la région, pré— voyait également la couverture de la porte de Vanves et de la porte de Champerret. Si le premier chantier a été bouclé en 2008 pour un coût de 140 millions d’euros, le second a été abandonné du fait des sommes colossales qu’il aurait englouties. Seule Nathalie Kos(:iusko—Morizet sem— blait encore accorder du crédit à cette vision lorsqu’elle était candidate à la ’élue UMP avait chiffré le projet: 10,4 milliards d’euros mairie en 2014. pour un demi—siècle de travaux! Anne Hidalgo avait alors dénoncé la «légèreté» de la proposition sans renoncer, pour autant, à réformer profondément le périphérique. Avec 1,2 million de véhicules chaque jour, Panneau parisien est l’autoroute urbaine la plus fréquentée d’Europe. 35 KM À 35 KM/H Sous-dimensionné dès ses premières heures, le périphérique est engorgé plus de la moitié du temps. Sa vitesse moyenne est en chute libre: 40 km/h en 2011, 35 km/h aujourd’hui. Une telle saturation se traduit par des niveaux de pollution que plus personne ne peut tolérer à l’heure où les problématiques environnementales et sanitaires occupent très largement le devant de la scène. Lors de la remise de son rapport, Laurence Goldgrab a insisté sur «le choc terrible provoque’ par les explications des me? decim». La rnise en place des interdictions de circulation à Paris pour les véhicules Crit’Air 4 et au-delà «était nécessaire mais non snﬁïsante», a indiqué la présidente de la MIE, tout en rappelant qu’un million d’enfants avaient consulté pour de Fasthme entre 2006 et 2015. Et ce ne sont pas les valeurs de bruit qui parviendront à redorer le blason de Yhonni périphérique. Son ron— flement atteint 80 dB alors que le Code de [environnement ﬁxe un objectif de 68 dB. À l’heure où les premières « Méduses», ces capteurs de bruit automatique, sont de’ployées en Île-de-France (voir page 12), nul doute que la question des nuisances sonores viendra alourdir le cas du périphérique. La 17° préconisation du rapport est limpide: «Demander que le contrôle des émissions sonores des moteurs des véhicules, en pnr0 I O wwvvmotomagcom j MOTO MAGAZINE j 9 ACTU exemplaire Entre 2015 et 2016, Rennes a expérimenté une baisse de la vitesse sur sa rocade. Les résultats, peu concluants, ont incité la ville bretonne à revenir sur sa décision. Ah quand le bon sens l'emporte! Réduire la vitesse sur son périphérique n'est pas qu'une Iubie parisienne. Lille et Lyon ont récemment tranché en faveur du 70. Toulouse, de son côté, s'accorde le temps de la réflexion avec un président métropolitain qui a déjà déclaré à la Dépêche ne pas y être favorable. Jean-Luc Moudenc s'appuie sur l'exemple rennais: «Alors qu'après une année de test, finalement pas concluant, Rennes a choisi de rétablirà 90 km/h la limitation de la vitesse sur son boulevard périphérique, attendons (...) avant de prendre une mesure qui contraindrait fortement et inutilement les Toulousains. » À mille lieues de ce qui se pratique à Paris. Avec les interdictions de circulation les plus strictes d'Europe. la capitale a érigé la contrainte en modus operandi. Entre 2015 et 2016, Rennes a en effet choisi d'abaisser la vitesse sur sa rocade de 20 km/h, passant certains tronçons de 110 à 90, d'autres de 90 à 70. Un état initial de la qualité de l'air, principalement axé sur le taux de dioxyde d'azote, a été réalisé. Au terme de l'année d'expérimentation, le passage de 110 à 90 a été jugé positif alors que celui de 90 à 70 se soldait par une augmentation de la pollution, «un trafic moins fluide avec plus de zones de saturation et de congestion, plus d'accidents et un gain sonore imperceptible». Rennes est donc revenu sur sa décision et a choisi de passer l'intégralité de sa rocade à 90 km/h. À Paris, la stratégie est plus expéditive et la décision d'abaisser encore la vitesse sur le périph est presque entérinée. L'imminence des prochaines élections municipales pourrait bien expliquer cette précipitation. Ainsi, si 2024, année des J0 à Paris, avait d'abord été évoquée pour le passage à 50 km/h, Anne Hidalgo a déclaré ne pas être certaine d'y aller «aussi mollo que ça». Une erreur selon l'économiste Pascal Perri, «réduire la vitesse à 50 km/h sur deux voies sera parfaitement envisageable dès lors qu'il y aura des solutions alternatives. Les outils de transports collectifs sont aujourd'hui très insuffisants. La manière de procéder actuelle, c'est exactement ce qu'il faut faire pour dégoûter les Français de l'écologie». 10 l MOTO MAGAZINE l wwwmotomagcom une. n... u Les restrictions de circulation ont été durcies le ieljuillet 2019. Les 2-roues mis en circulation avant le 1°’juin 2000 ne peuvent plus circuler sur le périphérique quand les Crit'Air 4 et au-delà (mis en circulation avant le i°ijuillet 2004) sont interdits intra-muros. Si les contrevenants n'avaientjusqu'alors que peu de chances de se faire pincer, la donne va changer avec le rachat des portiques écotaxe par la ville de Paris poury placer des caméras de vidéoverbalisation. o o o tieulier des deux-roues, soit renforce». Ultime reproche fait au périphérique pari— sien, il enferme la capitale et nuit à toute intercommunalité avec ses 29 villes limitrophes. BARRIÈRE socIALE Ilarchitecte Pierre-Alain Trévolo de Yagence TVK, qui a fait du périphérique un objet d’étude approfondi — «éminemment français » —, y voit une couronne qui symbolise le pouvoir dans la capitale. René Mestais, chef des services techniques de topographie et d’urbanisme, indiquait dès 1943: «Il importe deviter a‘ tout prix que Paris ne “coule” dans une banlieue qui l enliserait a nouveau pour un siècle». Une vision passéiste avec laquelle le Paris de 2020 aimerait bien prendre ses distances. Oh certes, pas au point de renoncer à cette pointe d’élitisme qui fait le «sel » de la capitale. Si Yon pouvait, en revanche, abattre la carte de Pintercommunalité pour faire reculer toujours plus Fusage de la voiture, ce serait une cerise sur le gâteau que les écologistes parisiens sauront apprécier à sa juste valeur. C’est d’ailleurs sans surprise que le 2RM est le grand absent de ce rapport. Les rares fois où l’on en parle, c’est pour évoquer son rendement « tellement mauvais quïls (les 2RM) polluent 4 a 5foz'5p1u5, a la même génération de construction, qu’une voiture» ou Yaccidentalité en inter-ﬁles. IÏéternelle rengaine. Autant dire que les arguments développés par la FEMA (Fédération eu— ropéenne des associations motocyclistes) et la F FMC ne reçoivent pas beaucoup d’écho ici. Pas plus que Fétude belge de Transport 8c Mobility qui a montré qu’une transition de 10 % des automobilistes vers le ZRM réduirait la durée des embouteillages de 40 % et les émissions de 6 %. l’heure de Furgence climatique et de sa litanie de rapports, plus alarmants (alarmistes?) les uns que les autres, vouloir se déplacer en empruntant un véhicule personnel ne tardera pas à vous ranger du mauvais côté de la barrière. MUTATIONS À VENIR Pour aider le périphérique à faire sa mue, les signataires de la MIE ont donc imaginé différentes mesures. Pour Ïheure, le Conseil de Paris n’en a validé aucune, mais il ne fait aucun doute qu’elles animeront les débats des municipales de 2020 et dessineront les déplacements de demain. Parmi les propositions les plus marquantes figure Yabaissement de la vitesse de 70 à 50 alors même que «la limitation a 70 km/b sur le périphérique se rapproche a’e l optimum des émissions a’e polluants de Fair. Nous n’ob— tienilrions pas de véritables gains a abaisser la vitesse sur le plan de la qualité de l ’air au jour daujourtlbui », indique le rapport de la MIE. Oui mais pourquoi alors? Parce que la réduction des émissions polluantes n’est qu’un objectif parmi d’autres. La capitale, avec la Métropole du Grand Paris dans sa roue depuis le 1“ juillet, compte “v. V‘ aller au-delà et limiter Yusage même du véhicule personnel dit «polluant», pour reprendre la terminologie oﬁicielle de la mairie. Pour y parvenir, la ville met tout en oeuvre pour contraindre les usagers et les inciter à se rendre à Yévidence: la Voiture n’a plus sa place dans Paris, vite prenons le métro ou le vélo. Si vous êtes parisien ou parisienne, vous avez sans doute déjà fait les frais de cette politique. La limitation du nombre de voies de circulation et la réservation de celle de gauche à Yautopartage, aux véhicules autonomes, électriques et d’urgence, va dans le même sens. Jean-Louis Missika, adjoint urbanisme à Paris, imagine ces deux mesures effectives dès 2020, dès lors que la vidéoverbalisation sera opérationnelle pour pruner à la volée ceux qui emprunteraient à tort la voie réservée. On n’ est as encore Y pensez-vous? Détrompez—vous. Paris a déjà fait part de son souhait de racheter à l’Etat les quatre portiques écotaxe du périphérique aﬁn d’ installer les caméras ui contrôleY L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de Palimentation de l'environnement et du travail) recommande de réduire le trafic, et ce, quel que soit le véhicule, et préconise les transports en commun, la mobilité active, voire Pintermodalité ront les flux et enverront les amendes au domicile des contrevenants, notamment ceux qui ne respectent pas les ZFE. Autre piste, évoquée par Gaspard Gantzer, ancien conseiller de François Hollande et candidat à la mairie, celle de détruire le périphérique pour y installer sur les portions en contrebas une voie d’eau qui o oo Pour Gaspard Gantzer, si «Paris est la plus bel/e vil/e du monde, le périphérique est l'endroit le p/us laid de Paris». Il est aussi difficile de lui donner tort que d'imaginer Paris sans cet axe routier. La quadrature du cercle consistera à absorber la hausse de 30% des demandes de transport attendue d'ici 2050 sans pouvoir doubler la capacité routière. L'intermoda|ité est la clé. wwwmotomagcom | MOTO MAGAZINE i 11 MOTO MAGAZINE n°360 - Page 1 MOTO MAGAZINE n°360 - Page 2 viapresse