SCIENCE FICTION MAGAZINE n°106 - Page 2 - Terminator : Dark Fate Tim Miller (TM), Arnold Schwarzenegger (AS), Linda Hamilton (LH), Mackenzie Davies (MD), Natalia Reyes(NR), Gabriel Luna (GL) ATTENTION SPOILERS SFMAG : Comment toute cette aventure a-t-elle commencé ? TM : Ce fut une évolution à plusieurs niveaux. Le point central était David Ellison, producteur et fondateur de « Skydance », qui m’a demandé de faire ce film après avoir vu « Deadpool » Il n’y avait aucune histoire d’écrite, rien. Et ce n’était pas « Cela va être une continuation de l’histoire de Linda ». On me l’a présenté comme « nous devons continuer cette franchise et vous êtes la personne pour le faire ». AS : C’était plus une combinaison de 1984 et 1991. C’était vraiment sympa que nous travaillions tous à nouveau. C’était super. Je me rappelle que c’était la première fois que je jouais une machine et c’était amusant de le faire. J’avais regardé Yul Brynner dans « Westworld » et la façon dont il jouait le rôle était tellement puissante et tellement crédible que je voulais le jouer exactement de la même façon. C’était donc ma motivation: Yul Brynner ! C’est la raison pour laquelle quand j’ai rencontré Jim Cameron pour la première fois, et que je lui ai dit ce qu’il fallait qu’il se passe, comment le Terminator devait jouer, comme il devait se tenir, comment il devait se comporter. Cameron m’a offert le rôle. J’avais été le voir pour jouer le rôle de Kyle Reese, c’était ça l’idée. Mais Jim a réalisé que je pouvais très bien jouer le Terminator. Voilà comment cela s’est passé. LH : Jim (Cameron) était en charge, même si ce n’était pas directement. Je dois dire qu’il était vraiment la force créatrice sur les deux premiers films, et que sa supervision, son encadrement du concept de la franchise est très impor2 SUITE PAGE 143 ITWcinéTerminator(15):Mise en page 1 28/09/2019 13:53 Page 1 Sommaire Chroniques BD 12 pages p. 5 Chroniques Littérature 18 pages p. 17 Chroniques TV 14 pages p.35 Chroniques film 9 pages p.49 Science et SF Lovecraft et la science p.61 Dossiers La Lune au ciné p.64 - La Conquête de la Lune p.71 - Daredevil p.73 - Joker p.78 - Hellfest p.83 - Terminator p.88 Interviews Cinéma “Terminator : ” Tim Miller, Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton, Mackenzie Davies, Natalia Reyes, Gabriel Luna p. 2 “Framing John Delorean” Tamir Ardon p.117 “Nekrotronic” Kiah Roache Turner p.122 “Joker” Todd Phillips p. 126 - Joaquim Phoenix p.128 “Dark Crystal : Age of Resistance” Louis Leterrier p. 130 “Gemini Man” Ang Lee p. 136 - Jerry Bruckheimer p.141 Littérature Armel Gaulme p. 93 BD Florian Huet p. 98 - Ugo Bienvenu p.104 - Jérôme Alquié p.109 Histoire du cinéma Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Delorean sans jamais oser le demander p.115 science fiction magazine No 106 nov.-déc. 2019 janv. 2020 ISSN 1286-479X Trimestriel sfm éditions Commission paritaire 0619 K 78296 Dépôt légal octobre 2019 Imprimerie Spektar Distribution Presstalis Service des ventes kiosques : À JUSTE TITRES réservé aux diffuseurs de presse Sandra Jamin : 04.88.15.12.43 s.jamin@ajustetitres.fr Titre modifiable sur le portail-diffuseurs : www.direct-editeurs.fr Textes copyright Sfmag Administration, rédaction sfmag Alain Pelosato 1, place Henri Barbusse 69700 Givors Tél/fax 04 72 24 05 22 pelosato@yahoo.fr Bureau à Los Angeles Science Fiction Magazine 21226 Lull Street Canoga Park, CA 91304 Cell : 818 294 8243 marc.sfmag@gmail.com Directeur de la publication et rédacteur en chef : Alain Pelosato ABONNEMENTS 6 numéros : 30 euros 12 numéros : 55 euros Chèque à l’ordre de Sfmag N’oubliez pas d’indiquer votre adresse ! Vous pouvez également vous abonner sur notre site http://www.sfmag.net (voir notre adresse postale ci-dessus) Maquette couverture Harald Bodo - Alain Pelosato Maquette intérieure Harald Bodo, Greg Covin, Pierre Dagon Corrections Andrée Cormier, Alain Pelosato 3 Edito106:edito72.qxd 28/09/2019 13:58 Page 1 Et voici le superbe numéro de 156 pages du nouveau science fiction magazine avec sa nouvelle maquette ! Le coup de cœur est le Terminator Dark Fate avec pas moins de quinze pages d’interviews de toute l’équipe, le réalisateur (Tim Miller) et les acteurs (Arnold Schwarzenegger ainsi que tous les autres). Et dans la rubrique “dossiers” une revue des films de la série Terminator et aussi de quelques “cousins”. D’autres films sont traités avec des interviews, des chroniques et aussi des historiques dans cette rubrique dossiers comme Joker, par exemple. Marc Sessego poursuit ses investigations sur les films sortis aux USA et pas (encore ?) sortis en France, comme Framing John Delorean (voir ci-contre) et Nekrotronic... Nous n’avons pas oublié les premiers pas de l’homme sur la Lune avec une filmographie des fictions sur la conquête de la Lune et un historique de cette fabuleuse et réelle aventure. Nous vous offrons également pas moins de trois interviews d’auteurs de BD : Florian Huet, Ugo Bienvenu, Jérôme Alquié et celle d’un illustrateur des oeuvres de Kipling et Lovecraft : Armel Gaulme. Et enfin, à propos de Lovecraft, le premier article de notre nouvelle rubrique la SF et la science. Ce numéro vous offre également quatorze pages de chroniques TV et neuf pages de chroniques ciné. Et toutes les rubriques habituelles avec 12 pages de chroniques BD et 18 pages de Chroniques livre. Bonne lecture ! Alain Pelosato 4 Coups de coeur “Retour vers le futur” avec le film Framing John Delorean et l’interview de son producteur Tamir Ardon interviewé par Marc Sessego Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Delorean sans jamais oser le demander Edito106:edito72.qxd 28/09/2019 13:58 Page 2 Après un numéro zéro sans grand intérêt, puis un premier volume indéniablement très beau et indubitablement trop orienté action, le « marvelous » Brian M. Bendis a-t-il enfin réussi à équilibrer son récit pour offrir quelque chose d’un peu plus passionnant qu’un Superman affrontant un ô combien terrible adversaire ? Premier constat, Superman ne se bat pas à toutes les pages, on revoit Lois Lane, le Daily Planet vivote, et on avance sur ces incendies qui incriminent notre héros. L’intrigue accroche enfin le lecteur, tout simplement parce qu’il y en a désormais une. Comme d’habitude, Bendis est accompagné des meilleurs dessinateurs et les planches se succèdent, superbes, tout comme les révélations et autres rebondissements. Quand on est un lecteur de Superman, on sait combien il est difficile de dresser les aventures d’un personnage quasi invincible, avec une vie professionnelle et personnelle stable, pour ne pas dire rangée ; après deux opus, Bendis semble avoir appuyé sur le bon bouton pour envoyer notre Kryptonien et son univers sur une orbite intéressante. Espérons que ça dure. Grégory Covin L’humanité a quitté une Terre devenue inhabitable et s’est élancée en quête d’une nouvelle planète d’accueil. Decornum est ainsi peuplée de gentils primitifs, mais également de leur version guerrier/sorcier qui leur pose bien des problèmes, puisqu’ils sont capables d’utiliser l’énergie de leur environnement pour la retourner sur les colons. S’inspirant quelque peu d’Avatar pour ce qui est du relationnel entre hommes et habitants de Decornum – usant d’une technologie 5 Clark Kent : Superman 2 Bendis – Gleason Sook Urban Comics Juillet 2019 Conquêtes 3 Jarry – Créty Soleil Mai 2019 BD(12):Mise en page 1 28/09/2019 13:44 Page 5 qui leur permet d’infiltrer la tribu, les primitifs étant de grands êtres à la peau bleue – on s’en éloigne rapidement au dernier tiers de l’album pour aborder le final avec un ton bien plus sombre et mélodramatique. Et c’est ce qui reste irrémédiablement en tête sitôt l’histoire terminée : une conclusion forte, matière à débats, et qui correspond tout à fait aux agissements de la race humaine. Grégory Covin Quand on est le sorcier suprême de la Terre et que l’on ne sait plus manier un sort, c’est embêtant. Le docteur Strange va ainsi changer d’air, partir dans l’espace et tenter de dénicher un remède à ce mal étrange. Après Black Panther dans les étoiles, au tour de notre magicien pour un voyage dépaysant, vers l’infini et audelà, et un constat étonnant : oui, Strange a sa place dans une aventure cosmique, ce dont on pouvait douter. D’autant que le scénario aborde la magie d’une façon originale, celle-ci se révélant tout autant une science qu’un art qu’il faut comprendre pour maîtriser – la magie n’étant qu’un terme pour le qualifier. Entre Super Skrull, pierre de l’infini et nouveaux compagnons de route, les épisodes se suivent et ne se ressemblent pas, d’autant que Jesus Saiz, le dessinateur, est très en forme. Bref, un album des plus ensorcelants. Grégory Covin Marvel ayant vendu les droits cinéma des 4 Fantastiques à la Fox, la maison d’édition n’apprécie pas vraiment ces films qui sortent et ses propres comics qui servent à les promouvoir. Alors elle stoppe les rotatives, met un coup d’arrêt à la série et envoie Mr et Mme Fantastiques dans le multivers. Où ça, plus exactement ? Ben quelque part par là... Les derniers épisodes se terminent presque dans l’indifférence. Et c’est la fin des FF. Ils reviennent aujourd’hui et, après lecture, force est de constater qu’ils auraient mieux fait de rester cachés. On critique le dernier des films FF de la Fox, ce relunch chez Marvel est tout aussi mauvais. Combats ineptes et lorgnant vers une facilité surprenante – l’ennemi semblait pourtant redoutable –, blabla incessant, dessins moyens, les quatre malheureux épisodes de l’album n’ont pas un seul moment de grâce quant à leur retour. On s’ennuie, on souffle devant ces pages qui ne racontent rien de bon et de bien, et on constate que les FF, finalement, ne nous ont pas manqué tant que cela... Grégory Covin BD 6 Doctor Strange 1 Waid – Saiz Panini Comics Juillet 2019 Fantastic Four 1 Slott - Pichelli Panini Comics Mai 2019 BD(12):Mise en page 1 28/09/2019 13:44 Page 6 Comment rendre Hulk intéressant ? Curieusement, le scénariste a décidé de le rendre immortel, donc encore plus fort qu’avant, et de trouver la faille dans ce processus. C’est tout de même fort, non ? D’autant que l’auteur continue de diluer la formule super-héroïque du personnage dans un genre bien plus horrifique qui lui va à ravir. On retrouve ainsi une ambiance à la The Thing, tandis que le (Oh Oh Oh) Géant Vert voit ses aptitudes atteindre ses limites et le lecteur de se demander : est-ce toujours Hulk dont on parle ici ? Ou le personnage a-t-il finalement laissé la place à autre chose de plus terrible encore ? Un album plus surprenant que le premier, indéniablement original, et qui ne vous fera plus jamais voir notre géant de jade de la même façon. Grégory Covin C’est tout d’abord une scène d’ouverture avec des tueurs – dopés au sérum ayant transformé le docteur Jekyll en mister Hyde – qui tombent du ciel et ravagent Londres (ce qui m’a rappelé de très bonnes scènes du comics The Authority). Puis le retour de Sherlock Holmes, d’une intrigue qui met en lumière les différents protagonistes de son univers pour un final haletant et des planches superbes, à la méticulosité impressionnante. C’est aussi et surtout un adversaire incroyable, Moriarty, dont l’ingéniosité s’étend au point de lui permettre de vaincre la mort elle-même. La façon dont le scénario appréhende son existence est d’ailleurs des plus intéressantes, un peu comme celle d’Homère (la légende dit qu’il n’y avait pas qu’un conteur..). Ainsi, pour qui pourrait penser que lire une histoire avec comme personnage principal Sherlock Holmes ne peut qu’être affilié à ces récits d’autrefois, un rien désuets, je ne pourrais que lui conseiller cette série : moderne dans le ton et le style, furieuse dans son déroulement, avec l’un des héros les plus intemporels et incroyables qui soit… tout simplement le plus grand détective du monde. Grégory Covin L’heure est venue de comprendre comment cet autre univers, peuplé de créatures difformes et dangereuses, a été découvert et est venu se juxtaposer sur le nôtre ; avant d’entrer dans le vif du sujet et de déployer le thème central de Robert Kirkman : et si des hommes et des femmes préféraient vivre dans cette autre dimension, malgré ses nuisances et ses monstres, au lieu de retourner sur Terre ? Et si un retour à une BD 7 Immortal Hulk 2 Ewing – Bennet Panini Comics Juillet 2019 Moriarty 2 Duval – Pécau Subic Delcourt Juin 2019 Oblivion Song 2 Kirkman De Felici Delcourt Mai 2019 BD(12):Mise en page 1 28/09/2019 13:44 Page 7 forme d’état sauvage était préférable à cette société qui est tout autant une survie du plus fort dans un monde de brutes ? Sous cette question intéressante se déploie un récit plutôt décompressé, qui n’avance pas bien vite, et finalement très classique : il y a des choses qui veulent nous bouffer et il faut leur échapper. Moins complexe qu’un Walking Dead dans la construction de ses personnages, Kirkman instaure une problématique de vie, ou de lieu de vie, qui semble tout de même – pour l’heure – dure à avaler. Vivre dans un monde de monstres plutôt que dans le nôtre ? Euh, vraiment ? Grégory Covin Ultime volet de cette trilogie, et l’heure de la confrontation a sonné pour espérer sortir enfin de ce monde de cauchemars dans lequel les doudous – et les souvenirs qui leur sont affiliés – sont emprisonnés. Alex arrive enfin aux portes de ce drôle d’univers pour sauver sa petite sœur, et les monstres auxquels il va devoir faire face deviennent carrément gigantesques. Visuellement, c’est une confiserie pleine de couleurs, de courbes et de reliefs pour des affrontements déconseillés aux âmes sensibles ; c’est effectivement gorgé de sang et de déchirures à tous les étages. S’il y a un peu de facilité dans ce combat final, une sorte de David entre Goliath qui privilégie parfois un peu trop David, on ne peut qu’applaudir devant le dernier rebondissement et une fin délicieuse et finement amenée. Une bien belle histoire (pour adultes) que voilà ! Grégory Covin Tout comme Conan est devenu roi, au tour de la belle Sonja de prendre place sur le trône pour de nouvelles aventures. Savoir manier l’épée mène finalement à la direction d’un peuple, plus encore quand l’esprit de liberté et de sauvagerie se retrouve contenu dans celui de la protection d’autrui. Le scénario mène ainsi la combattante, une responsabilité après l’autre, à venger l’opprimé, à asseoir sa stratégie pour renverser l’oppresseur, jusqu’à mener une armée pour y parvenir. Magie, mort-vivants, traîtrise, affrontements sanguinolents et rois maudits, tous les ingrédients sont là. Sans le moindre temps mort, voire à certains moments trop rythmé tant tout va vite, ce récit pourrait conclure les aventures de cette justicière de la Fantasy tant on la sent apaisée et maîtresse de son destin face aux dieux du chaos qui oseraient encore se dresser sur sa route. Grégory Covin BD 8 Obscurcia 3 Boriau – Dhondt Delcourt Avril 2019 Queen Sonja Ortega – Rubi Graph Zeppeli Mai 2019 BD(12):Mise en page 1 28/09/2019 13:44 Page 8 Véritable mine de références, entre l’âge d’or de Métal Hurlant et L’écho des savanes, puisant dans l’érotisme d’un Liberatore à l’inventivité sans borne d’un Moebius – sans se priver d’un humour à la Gotlib – , Ferran Xalabarder, dans ce récit, crée et rêve une aventure psychédélique foisonnante aux multiples surprises. Quasiment impossible à résumer, Oniria : Genesis nous plonge dans le songe hallucinatoire de deux femmes fatales fusionnées en un même corps par une entité démoniaque tout aussi dévergondée, voire davantage. Esclavage sexuel, fantasmes délurés, délires oniriques à base de personnages historiques dénaturés ; les intrigues pullulent et Xalabarder ne manque pas, par la même occasion, d’interroger la notion de moralité dans une société pervertie où toute manifestation d’amour se trouve désacralisée. Ces enjeux, servis par une illustration rappelant agréablement Manara, Serpieri et Bilal, font de ce récit fantasmatique une agréable découverte, à suivre dans le second tome qui sort en octobre. Lothaire Berthier La flotte spatiale de l’Écume vient de commencer son œuvre de destruction. Mais alors qu’elle poursuit sa route, son chef Shaan envoie un limier traquer le chien de l’espace, le démon–aux–yeux– de–sang : Lone Sloane, le déicide ! Mais sur Kazhann la géante, où sont stockés bien des trésors des Barons Bleus (les anciens vassaux de Shaan), arrive un container qui viendrait de Babel. Mais Babel n’est qu’un mythe ! À l’intérieur se trouve l’Abbé, ambassadeur suprême du collectif de Babel. Il intime aux Barons Bleus de le mener à Lone Sloane. Celui-ci apprend ainsi qu’au sein du monde-mémoire se trouve un livretabou. Cet ouvrage raconte comment Lone Sloane a vaincu (vaincra ?) l’Écume. Ralliant ses amis, Yearl le NéoMartien et Vuzz le Fol, Lone Sloane, afin de contrer une menace qui aurait dû appartenir au passé, part en quête d’un ouvrage n’existant… que sur un monde mythique ! Créé il y a plus d’un demi-siècle par Philippe Druillet, Lone Sloane est de retour. Le scénario de Xavier Cazaux-Zago et le dessin de Dimitri Avramoglou suivent la trace du maître en procurant une large place à la démesure. Au conflit cosmique s’ajoute l’essence même du héros, appartenant comme bien d’autres au domaine légendaire. Damien Dhondt BD 9 Oniria : Genesis F. Xalabarder Graph Zeppelin Mai 2019 Babel Lone Sloane Cazaux-Zago Avramoglou Glénat Septembre 2019 BD(12):Mise en page 1 28/09/2019 13:44 Page 9 Entre comics de superhéros et bande dessinée érotique, Ember se complaît dans l’accumulation des poncifs des genres. D’un côté, des personnages aux formes et au costume d’une rare concupiscence – parmi lesquelles une starlette irresponsable en proie au doute et à la lassitude, et une méchante ultra-bourrine. De l’autre, la mise en valeur fort alléchante de courbes généreuses à toutes les sauces (souvent à la limite de la vulgarité gratuite). Peu de personnages pour un enchaînement effréné de situations prétextes à l’exhibition de son héroïne dans les moments les plus abscons et les moins appropriés, avec une unique scène de sexe pour ponctuer l’intrigue. Le résultat se montre évidemment d’une idiotie rare, mais jubilatoire au possible. Si Zanier n’avait pas misé sur une telle surenchère d’absurdités, Ember se serait mollement engoncé dans le simplisme de son intrigue ; mais, parce que chaque case de son histoire permet de se rincer l’œil de la plus extravagante des façons, on ne peut qu’applaudir de satisfaction devant tant d’érotisme carnassier. À noter, pour les amateurs de nudité, en « deuxième partie » de cette édition, des extraits d’une version totalement dénudée et d’autant plus voyeuse du comics original… Lothaire Berthier Nana Sakashita dispose encore de 61 points de chance pour la semaine. Elle compte en utiliser une trentaine lors de la réunion de présentation des projets de son entreprise. Son assistant vient de lui apporter les documents sur une clef USB. Or, celle-ci vient de tomber par terre avant d’être écrasée par le talon d’une secrétaire. Rei Sugimoto, la rivale de Sakashita, vient de dépenser 60 points de chance pour que ce soit son projet qui soit retenu. Il reste 28 minutes avant la réunion… Dans le monde futur, les humains disposent d’un capital de points de chance. Le centre japonais d’aide au mariage permet de détecter, au niveau de l’ADN, les affinités entre les gens. Les enfants peuvent être surveillés à domicile (des caméras sont capables de lire les émotions sur leur visage et de détecter leur biorythme). Parallèlement, l’appli « miaou friend » permet de communiquer avec son compagnon félin. De plus, suite au vieillissement de la population, a été mise en place « l’autoprise en charge » : les personnes âgées peuvent envoyer leur conscience dans un robot afin de s’occuper de leur corps humain. Quel que soit l’âge, il est ainsi possible de trouver l’être aimé dans une application de réalité virtuelle. Tout comme il est également possible d‘acquérir des compétences sportives ou intellectuelles en téléchargeant un programme dans son cerveau. Pour chaque innovation technologique, Daisuke Imai fait intervenir des conséquences inattendues et une implication BD 10 Ember : La Chaleur du Phoenix C. Zanier Tabou Ed. Juin 2019 Instants d’après Daisuke Imai Ed. Komikku Juin 2019 BD(12):Mise en page 1 28/09/2019 13:44 Page 10 sentimentale. Le progrès n’est pas forcément néfaste. Il est neutre. Ainsi, c’est en consultant l’historique des « échanges » entre son fils et son chat qu’une mère célibataire constate le problème d’avoir délégué sa tâche de mère à des professionnels et à une surveillance électronique… Damien Dhondt Nouvelle pièce de l’imposant puzzle formant les Terres d’Arran (composée des séries Elfes, Nains et Orcs & Gobelins), sa première qualité – comme ses grandes sœurs – est de ne demander aucune connaissance particulière à son lecteur pour pénétrer ce vaste monde. S’il est fait référence de guerres ou de noms, cela n’entrave en rien une première connaissance des lieux. Comme le titre l’indique, on s’initie ici à la magie et plus particulièrement aux règles qui régentent désormais les mages. Leur dangerosité les lie à des royaumes, à des seigneurs, auxquels ils doivent rendre des comptes, voire obéir. Loin de ces dogmes, on suit une jeune fille qui va faire la rencontre d’un colosse et l’aider à recouvrer la mémoire. Serait-ce un mage, ou totalement autre chose ? Si ce premier épisode sait maintenir le suspens, on appréciera surtout l’effronterie de la gamine, des planches travaillées dans les moindres détails, et un final explosif à défaut d’être surprenant. Grégory Covin Que sait-on du Capitaine Nemo ? L’homme à l’origine du Nautilus, héros de 20 000 lieues sous les mers, conserve sa part de mystère. Ce fils d’un râja indien, connu comme Prince Dakkar, aurait pu devenir Peshwâ, titre qui confère à celui qui le détient les pleins pouvoirs sur l’empire Marathe situé dans le centre de l’Inde. L’homme était passionné de sciences et de voyages. Il vouait aussi et surtout une haine féroce à l’encontre de l’Empire britannique qui devait asservir son peuple. Si son histoire (et celle du Nautilus) est connue de ceux qui se sont plongés dans la lecture de l’œuvre de Verne, la connaissance du passé de l’homme, avant qu’il ne décide de construire son sous-marin, reste parcellaire. Nicolas Hervoches et Gwendal Lemercier ont décidé d’apporter une pierre à l’édifice en proposant leur propre vision des années qui précèdent la construction du Nautilus, soit la période qui s’étend de 1840 à 1859, qui s’achève par l’écrasement de la révolte des Cipayes devant décider le Prince Dakkar à s’investir dans la mise en œuvre de son appareil. Alias Nemo, proposé en fascicules comics, met en scène, dans ce premier volet, le parcours en Europe du Prince Dakkar. L’homme affirme vouloir voyager sur les traces de l’expédition de La Pérouse, et se dirige pour cela vers Brest. Il y rencontre par hasard un inventeur qui devait faire naître dans son esprit des futures envies d’ailleurs… BD 11 Mages 1 Istin – Duarte Soleil Juin 2019 Alias Nemo 1 N. Hervoches G. Lemercier Original Watts! Mai 2019 BD(12):Mise en page 1 28/09/2019 13:44 Page 11
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