PARIS MATCH n°3978 - Page 2 - 3978 LE TOUR DU MONDE 8 au 28 février 2026 TMR, depuis 1987 - 349 avenue du Prado - 13417 Marseille cedex 08. 7 Immatriculation et garantie Atout France IM013100087. Document non contractuel. Photos : DR., EuroAtlantic, InterContinental. PMR250731 ©TMR Immatriculation et garantie Atout France IM013100087. contractuel. Photos : DR., EuroAtlantic, InterContinental. •RIODEJANEIRO-BRÉSIL •IGUAÇU-BRÉSIL/ARGENTINE •ÎLEDEPÂQUES-CHILI •PAPEETE-TAHITI •SYDNEY-AUSTRALIE •ANGKOR-CAMBODGE •BAIED’HALONG-VIETNAM •HANOÏ-VIETNAM •SAMARCANDE-OUZBÉKISTAN LE 50ÈME TOUR DU MONDE AU SUMMUM DU VOYAGE du 8 au 28 février 2026 •RIODEJANEIRO-BRÉSIL •IGUAÇU-BRÉSIL/ARGENTINE •ÎLEDEPÂQUES-CHILI •PAPEETE-TAHITI •SYDNEY-AUSTRALIE •ANGKOR-CAMBODGE •BAIED’HALONG-VIETNAM Bienvenue à bord de votre Jet privé ! TMR vous l’a entièrement réservé auprès d’une excellente compagnie européenne, avec laquelle, nous avons réalisé, en confiance, 15 Tours du Monde. En 2026, nous aurons l’immense fierté de célébrer la 50ème édition du plus mythique des voyages. Ne manquez pas cet anniversaire qui marquera les esprits : l’aventure sera encore plus exceptionnelle ! Découvrez tout notre Art du Voyage, une équipe aux petits soins (passage facilité aux aéroports, port des bagages...), des palaces 5 étoiles et des destinations mythiques… Rio de Janeiro,sesvastesplagesetleChrist Rédempteur ; les plus belles chutes d’eau du monde, à Iguaçu ; l’Île de Pâques ; Tahiti ; Sydney ; les Temples d’Angkor ; la Baie d’Halong ; Hanoï ; Samarcande, pour un final inspiré des Mille et Une Nuits... 9 mondes en un seul voyage, tout-compris et 100 % francophone. TMR vous offre bien la meilleure garantie de réussir votre Tour du Monde, et vous invite à réaliser le Voyage de votre Vie... ne manquez surtout pas cette 50ème édition ! www.tmrfrance.com contact@tmrfrance.com Album, informations gratuites et sans engagement au... Hanoï ; Samarcande, pour un final inspiré mondes en un seul voyage, tout-compris et offre réussir et vous invite Voyage de votre Vie... ne manquez surtout pas cette contact@tmrfrance.com PARTICIPEZ À L’ÉVÉNEMENT : OFFREZ-VOUS LE VOYAGE DE VOTRE VIE ! C’est historique ! TMR, expert incontesté du Tour du Monde, vous donne rendez-vous du 8 au 28 février 2026, pour son 50ème et ultime volet. Depuis près de 40 ans et 49 éditions (dont 9 en Concorde), TMR vous invite à vivre le summum du voyage. Chaque édition est légendaire, chaque itinéraire un poème et chaque escale un trésor. Cette 50ème sera plus riche, plus émouvante et plus festive que jamais ! Un anniversaire inoubliable, à bord d’un avion privé doté d’une Première Classe. TMR FÊTE SON 50ème TOUR DU MONDE Crédits photo : P. 6 : M. Martin Delacroix. P. 8 et P. 9 : V. Capman. P. 10 : Camille Henrot ADAGP Paris 2025, Huang Yong Ping ADAGP Paris 2025 et Ugo Rondinone / Photos Archives Mennour / Courtesy the artist and Mennour. P. 11 : V. Capman. P. 12 et P. 13 : DR, S.Kirszenbaum.P.14 :J.-M.Fichaux,C.Bruneau,DR,L.Braquet. 8 12 13 14 16 17 18 26 L’ÉVÉNEMENT Kamel Mennour Donateur bienheureux CULTURE Livres. La critique de Marie-Laure Delorme Cinéma. Marine Vacth La Badh girl Spectacle. Festival de Ramatuelle: quarante ans de souvenirs PERSONNALITÉS ROYAL POUVOIRS DESSIN Joann Sfar MARINEVACTH PASSEÀL’ACTION Loinducinémad’auteurquil’arévélée, elleincarneuneagentesecrète dans«Badh».Unregistreinéditpour uneactricequiaimecultiverlemystère. Rencontre.(Page13) 6 LASEMAINEDE PARIS MATCH DU 31 JUILLET AU 6 AOÛT 2025 L’ENTRETIEN L’ÉVÉNEMENT ParAnaëlPigeat/PhotosVincentCapman Le matin, à la galerie, c’est souvent lui le premier. Il arrive juste après avoir déposé à l’école, à vélo, les plus jeunes de ses cinq enfants. «Je fais le tour des expositions et je regarde les œuvres qui m’appellent», dit-il. Juste après notre conversation, il a rendez-vous avec Fabrice Hergott, directeur du Musée d’art moderne de Paris (Mam), et avec une partie de ses équipes, pour travailler à la liste des 180 œuvres de 45 artistes, dont il a décidé de faire don, il y a deux mois à peine. «C’est arrivé de façon inopinée, au cours d’une conversation avec Fabrice Hergott. Nous parlions des donations faites par des galeristes à des musées, celle d’Anthony d’Offay à la Tate en 2008 et celle de Michael Werner au Mam en 2012. Je lui ai dit que c’était une chose que je ferai un jour… J’avais d’ailleurs déjà offert une œuvre de Bertrand Lavier, un hommage à Frank Stella, au Centre Pompidou, déclare Mennour en souriant. Pour une galerie, il est naturel de donner à des musées. Et pour moi, donner n’est pas un exercice de style. J’ai toujours eu autant de plaisir à donner qu’à recevoir.» À la suite de cette conversation, le galeriste a parlé à ses équipes. Emma-Charlotte Gobry-Laurencin, Jessy Mansuy et Christian Alandete ont préparé une liste d’œuvres, revu Fabrice Hergott, et la donation a été annoncée. «Au deuxième rendez-vous sur le sujet, raconte Fabrice Hergott, Kamel a posé un gros dossier sur la table. Je lui avais dit que nous pourrions faire une exposition au musée au printemps 2027 dans les salles de l’Arc [Animation-RechercheConfrontation, le département contemporain du Mam Paris] – un espace de 1500 mètres carrés – et l’accompagner d’un catalogue. J’ai pensé qu’il me demandait de faire un choix très serré, mais ce qu’il me proposait était une grande partie de la donation qu’il avait prévu de faire. Il avait une idée très précise de ce qu’il voulait.» Rien ne prédestinait ce jeune homme né de parents algériens, titulaire d’une maîtrise d’économie, à s’élancer dans le monde de l’art. «J’aurais été un KAMELMENNOUR DONATEUR BIENHEUREUX Legaleristevientd’annoncerunedonation historiqued’unepartiedesacollection personnelleauMuséed’artmodernedeParis. Ilnousexpliquesonchoix. [SUITEPAGE10] PROFIL 1964 Né à Constantine, en Algérie. Deux ans plus tard, sa famille s’installe à Paris, puis à Montreuil. 1983 À sa majorité, il demande la nationalité française. 1999 Ouvre sa première galerie parisienne, rive gauche, rue Mazarine. 2013 Considéré par Artnet comme «l’un des dix marchands d’art les plus respectés d’Europe». 2023 Est sacré chevalier de l’ordre national du Mérite par Bruno Le Maire. 9 DU 31 JUILLET AU 6 AOÛT 2025 PARIS MATCH «MartialRaysse,AnishKapoor,LeeUfan, DanielBuren:jelesaiachetésenpensant quejepourraisunjourvivreavec.C’estunrapport trèsintime,del’ordredelarelationamoureuse» KamelMennour mauvais banquier, et je suis entré par effraction dans le milieu de l’art», s’amuse-t-il. Son histoire, il l’a souvent racontée: alors que, vêtu d’une blouse blanche, il était démonstrateur en télévision à l’Euromarché de Rosny 2, l’un de ses amis l’a entraîné dans un commerce de lithographies vendues dans les comités d’entreprise. «Annika, ma femme, me disait que ce n’était pas cela, l’art. À l’époque, les galeries comme Durand-Dessert et Yvon Lambert montraient de l’art conceptuel auquel je ne comprenais rien. Nous habitions porte de Vanves, j’ai acheté des livres au marché aux puces, et je me suis formé. Je suis aussi devenu le meilleur client de La Chambre claire, la librairie spécialisée dans la photographie, rue Saint-Sulpice.» En 1999, il ouvre une minuscule galerie de photographies rue Mazarine, où il montre les plus grands photographes, d’Araki à Martin Parr. Puis il se lance dans l’art contemporain. Aujourd’hui, Kamel Mennour dispose de quatre espaces à Saint-Germain-des-Prés et avenue Matignon. «Un nouveau chapitre de la galerie s’ouvre. Nous préparons d’ailleurs un livre chez Gallimard, avec la conservatrice Sylvie Patry, pour faire le point sur l’histoire de la maison», continue Kamel Mennour. Pour cette donation, il a choisi l’ensemble des artistes qu’il représente aujourd’hui, mais aussi ceux avec lesquels il a travaillé dans le passé: une forme d’autoportrait, de définition de ses attirances, de ses obsessions. Son goût? «C’est une perception poétique de l’existence, de l’espace et du rapport au corps, une vision lumineuse du monde, attentive à l’être humain, explique Fabrice Hergott. Et cela représente une part importante de l’art contemporain.» Les œuvres de la donation sont pour l’essentiel celles qu’il avait gardées dans sa collection personnelle – un galeriste, comme un artiste, conserve souvent des pièces au fil des ans, par envie ou pour soutenir les artistes. Comme Kamel Mennour le confie: «Plonger dans ces listes, c’était comme lorsque l’on monte au grenier et que l’on y redécouvre des objets. Je ne me rendais pas compte de ce qu’il y avait dans ces réserves. Ce sont des œuvres que j’ai achetées en pensant que je pourrai un jour vivre avec, même lorsque je ne les comprenais pas. C’est un rapport très intime, de l’ordre de la relation amoureuse.» Pourquoi le Musée d’art moderne de Paris? «C’est sa façon de dire merci pour ce qu’il a pu y voir depuis la fin des années 1980, à l’époque où Suzanne Pagé – aujourd’hui directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton – était à la tête de ce musée», analyse Fabrice Hergott. Depuis une dizaine d’années, une relation de confiance s’est construite entre les deux hommes, «The Sound +the Mighty» (2019) d’Ugo Rondinone. «Sans titre» (2016) de Huang Yong Ping. Des sculptures de Camille Henrot, que le galeriste représente depuis 2006, lors de l’exposition «Days Are Dogs» (2017-2018). 10 PARIS MATCH DU 31 JUILLET AU 6 AOÛT 2025 Ilétaitdémonstrateurentélévision quandl’undesesamisl’aentraînédans uncommercedelithographiesvendues danslescomitésd’entreprise DENOUVEAUXVENUSDANSLACOLLECTION DUMUSÉED’ARTMODERNEDEPARIS Sur les 45 artistes de la donation de Kamel Mennour, plus d’une trentaine feront leur entrée dans la collection. Les autres compléteront des ensembles existants. Comme le souligne Fabrice Hergott: «Nous réunissons, autant que possible, un ensemble d’œuvres pour chaque artiste reconnu, afin de pouvoir constituer une salle, montrer l’étendue de son travail à des époques différentes, et ainsi permettre au public de mieux suivre sa pensée, comme on peut le voir dans les grands musées européens (Bâle, Cologne, etc.). Je crois que Kamel Mennour nous donne les meilleures œuvres dont il dispose pour servir l’artiste et le public.» notamment au moment de la préparation, en deux mois à peine, de l’exposition de Mohamed Bourouissa en 2018, alors que ce dernier n’avait pas l’aura dont il jouit aujourd’hui. Des œuvres d’autres artistes de la galerie sont également entrées au musée récemment: «Camille Henrot avait souhaité offrir au musée la quasi-totalité de ses vidéos. Et c’est à cette occasion que Kamel a évoqué pour la première fois son envie de faire une donation», se souvient Fabrice Hergott. Aujourd’hui, cette liste s’affine et sera entérinée par le comité d’acquisition du musée. «Il y aura d’abord des artistes que j’ai commencé à accompagner alors qu’ils étaient encore très jeunes, comme Alicja Kwade, Camille Henrot, Latifa Echakhch, Neïl Beloufa, Mohamed Bourouissa, Hicham Berrada ou Petrit Halilaj, se réjouit Mennour. Puis il y aura des artistes plus proches de ma génération, avec lesquels j’ai vécu, comme Ann Veronica Janssens, Michel François, Huang Yong Ping, Anish Kapoor. Les figures tutélaires seront aussi présentes: Daniel Buren, Lee Ufan, François Morellet, Martial Raysse… ainsi que de très jeunes artistes, comme Ymane Chabi-Gara ou Dhewadi Hadjab, des lauréats de la bourse Émergence, que nous avons lancée en partenariat avec des écoles des beaux-arts. C’est excitant et inquiétant car, pour la première fois, je vais voir cette histoire se dérouler sous mes yeux dans son ensemble.» L’histoire des galeries est souvent secrète. Les galeristes n’aiment jamais se raconter, car, dans le marché de l’art, l’information se négocie chèrement: «Les choix d’un galeriste sont de l’ordre de la névrose, de la jouissance, de l’excitation et du plaisir, précise l’intéressé. Combien de nuits me suis-je levé pour manger du chocolat et du fromage, et prendre des notes dans mon petit carnet! Il n’y a jamais de moment de répit…» Cette donation, la plus importante des dernières années, s’inscrit dans la série de celles qui ont construit l’histoire du musée. La première, en 1951, fut celle du Dr Girardin, collectionneur et galeriste dans les années 1920 et 1930, qui constitue le socle de l’actuelle collection. D’autres ont suivi dans les années 1960 et 1970 – les donations Henry et Thomas. Plus récemment, une cinquantaine d’œuvres de la Fondation Giorgio et Isa de Chirico, une trentaine de la Fondation Josef et Anni Albers, et une centaine d’Anna-Eva Bergman, de la Fondation Hartung-Bergman, sont arrivées à Paris. En 2012, 129 pièces de la collection du galeriste Michael Werner avaient donné lieu à une donation et à une exposition. Mais celle de Kamel Mennour dépasse largement les moyens dont le musée dispose. «Aujourd’hui, le budget d’acquisition annuel du musée est de l’ordre de 380000 euros, explique Fabrice Hergott. Une somme de plus en plus concentrée sur des acquisitions majeures du XXe siècle – la dernière en date est un tableau de Paula Modersohn-Becker, la première œuvre de cette artiste à entrer dans la collection d’un musée d’art moderne.» L’association des Amis du Musée d’art moderne de Paris soutient également des acquisitions en photographie et en art contemporain. « Leur contribution annuelle est trois ou quatre fois plus importante que le budget alloué par la ville de Paris. Cela a pour effet, poursuit Fabrice Hergott, d’encourager les donateurs à apporter leur vision de l’art, comme le fait Kamel Mennour. C’est très vertueux.» AnaëlPigeat 11 LASEMAINEDE DU 31 JUILLET AU 6 AOÛT 2025 PARIS MATCH LA CRITI UE RICHARD RUSSO L’EXPÉRIENCE DE LA VIE Dans le dernier volet de sa trilogie, l’écrivain américain poursuit le portrait d’une petite ville. DeMarie-LaureDelorme Samedi, dimanche, lundi. Durant trois longs jours, dans une bourgade de l’État de New York, on se croise, on s’aime, on se déteste. La modeste North Bath va être annexée par la riche Schuyler Springs. Dans «Le testament de Sully», tout part d’un cadavre découvert dans un hôtel abandonné, un samedi, à la limite des deux villes américaines. L’enquête commence. Doug Raymer, ancien chef de la police de North Bath, a été remplacé par sa compagne: Charice Bond est devenue la première femme noire à diriger un poste de police à Schuyler, au nord d’Albany. L’endroit où tous se croisent est le café décati du Horse, à North Bath. Sully Sullivan, aujourd’hui mort, y occupait un tabouret. «Le testament de Sully», troisième volet d’une trilogie sur l’Amérique profonde, prend la suite d’«Un homme presque parfait» (1995) et de «À malin, malin et demi» (2016). Richard Russo, né en 1949 aux États-Unis, y parle de transmission. Peter Sullivan, le fils de Sully, est professeur d’université. Il est de retour à North Bath pour gérer l’héritage de son père mort: une maison à rénover pour la revendre, des économies, une liste de personnes sur lesquelles il faut veiller. Le fils indigne souhaite repartir le plus vite possible pour reprendre le cours de sa vie, bien loin de la moribonde North Bath. On se débrouillera sans lui. Il se souvient que Toby Roebuck avait appuyé son ongle rouge sang sur son cœur pour l’interroger: est-ce qu’il y avait des sentiments là-dedans? Un jour, Thomas Sullivan, le fils de Peter, réapparaît, comme Peter Sullivan, le fils de Sully, avait ressurgi un jour. Pères et fils ont des comptes à régler. Car leurs liens sont marqués par le ressentiment, les foyers brisés, l’abandon. Peter Sullivan n’a pas vu Thomas grandir. Le garçon à la dérive a été élevé en Virginie-Occidentale par sa mère. Portrait d’une petite ville ouvrière en chute libre. L’auteur du «Déclin de l’empire Whiting» (2002, Prix Pulitzer) raconte la gentrification, le racisme et la misogynie, la modernisation. Richard Russo excelle dans les dialogues, les interactions humaines, les secrets. L’émotion se manifeste par de minuscules pointes tranchantes, pour aussitôt disparaître dans le brouillard des paysages. Un homme seul dans une cafétéria se rend compte que l’on peut vivre avec des doutes, mais pas avec des certitudes. Les différents personnages se comprennent en miroir les uns des autres. Dans une courte scène, on découvre que Sully Sullivan a confié à chacun de ses proches, avant de mourir, une liste de gens à protéger. Son fils, Peter, figure sur l’une d’entre elles. Le temps a fait son œuvre. Si beaucoup de choses ont disparu, il en demeure beaucoup à reconstruire. Les romans de Richard Russo évoquent tous, d’une manière ou d’une autre, ce qui reste à réparer. Est-ce qu’il y a des sentiments là-dedans ? Quand le jeune Thomas Sullivan avait souri, une dent noire était apparue. Une vision fugace. Le père en avait eu le cœur brisé. « Le testament de Sully » tourne autour de l’idée d’héritage: dettes, culpabilité, dons, réparations. Qu’est-ce que doivent les vivants aux morts? Vivre. Sully Sullivan avait coutume de dire: «Fais quelque chose, n’importe quoi. Si ça ne marche pas, essaie autre chose. » Il avait combattu durant la guerre et il y avait appris que l’indécision est la pire des choses. Le retour de la paix avait fortifié sa philosophie faite d’actions, d’erreurs, de tentatives, de recommencements. Il méprisait les « théories de fauteuil ». Une seule voie lui semblait digne d’être empruntée: l’expérience de la vie. « LetestamentdeSully », deRichardRusso, éd.LaTableronde,550pages,24euros. 12 LASEMAINEDE PARIS MATCH DU 31 JUILLET AU 6 AOÛT 2025 CULTURE ParLéaBitton/PhotoMathieuMartinDelacroix « On a quasiment le même âge », se rassure-t-elle d’emblée, esquissant un sourire. Marine Vacth murmure presque. Elle rêverait de se fondre dans le décor feutré de cet hôtel parisien, mais c’est elle qui captive tous les regards. L’exercice de l’interview ne semble pas être sa tasse de thé, alors le tutoiement s’impose naturellement pour briser la glace. La comédienne défend « Badh », un film d’action réalisé par Guillaume de Fontenay, dans lequel elle incarne une agente secrète française chargée d’éliminer un puissant trafiquant d’armes en Syrie. Loin des rôles contemplatifs du cinéma d’auteur, elle est cette fois-ci une sorte de Jason Bourne à la française, et au féminin. «Ça faisait longtemps que j’avais envie de tourner dans un film d’action, explique-t-elle. Mon personnage possède une dimension humaine complexe, avec de grandes failles, mais aussi une physicalité très intéressante. C’est ce mélange qui m’a attirée.» Comme l’espion incarné par Matt Damon, elle est rattrapée par son passé, confrontée à ce qu’elle a fui, et cherche à se reconstruire. Contrairement à son habitude de ne pas préparer ses rôles, Marine Vacth a dû cette fois-ci renouer avec ses anciens cours de judo et remettre sa ceinture marron autour de sa taille. « J’ai recommencé le sport cinq mois avant le tournage, confie-t-elle. J’en ai eu besoin pour tenir le rythme. Un mois avant, j’ai travaillé avec le régisseur cascades. Les journées étaient chargées : maniement d’armes, déplacements tactiques, apprendre à donner et à recevoir des coups sans se blesser, tomber correctement… » On est loin de l’adolescente révélée par François Ozon dans « Jeune et jolie », où elle incarnait une lycéenne des beaux quartiers qui se prostituait pour tromper l’ennui. Dans « Mascarade », de Nicolas Bedos, elle subjuguait en escort girl et arnaqueuse professionnelle déterminée à s’offrir la vie rêvée, usant de ses charmes pour séduire des hommes riches. Le cinéaste la qualifiera même de « génie ». Depuis plus de dix ans, ses grands yeux verts et sa silhouette hypnotisent le cinéma français. Absente des réseaux sociaux – elle apparaît de temps en temps sur le compte Instagram de son compagnon, Paul Schmidt –, Marine Vacth cultive le mystère, garde son silence, et fascine. « Ce moyen de communiquer ne me correspond pas vraiment », justifie-t-elle. Quand on lui demande avec quels réalisateurs elle aimerait tourner, elle hésite. « Je ne sais jamais quoi répondre à cette question. Je suis attirée par des univers très différents. » La comédie, peut-être ? « Oh ! ça me plairait beaucoup ! » Bingo. Pourquoi pas l’imaginer dans le prochain film d’Artus? «Je vais travailler avec lui à la rentrée, dans un projet réalisé par Clovis Cornillac. Ce n’est pas une comédie, mais je pense qu’il y aura des scènes vraiment rigolotes. » Elle s’interrompt : « Ce n’est pas trop bancal comme réponse?» Avec Marine Vacth, même les doutes ont du charme. Et c’est précisément ce qui fait tout son talent. « Badh », sortiele6août. Ceinture marrondejudo, elles’estremise ausportpour préparercerôle MARINEVACTH LABADHGIRL À34ans,ellebousculesonimagepours’aventurerdans unregistreinédit :lethrillerd’action.Rencontre. CINÉMA Avec Salim Kechiouche. 13 DU 31 JUILLET AU 6 AOÛT 2025 PARIS MATCH SergeReggianirégénéré «Il est venu chanter une fois, en 1991. Quand il est arrivé, il était fatigué, au bout du rouleau, usé par la vie, l’alcool. Mais quand il a fallu qu’il monte sur scène, en une seconde, il était redevenu le grand Serge. On aurait presque pu croire que c’était un gamin qui chantait… J’ai vu la même chose avec Danielle Darrieux, déjà âgée, mais qui, dès qu’elle était sur le plateau, semblait avoir 40 ans.» UNEÉDITION2025 HAUTDEGAMME Cadeau pour l’ouverture du festival: un concert acoustique de Matthieu Chedid, le 1er août. Le public de Ramatuelle pourra aussi voir Laurent Voulzy (9 août), découvrir le nouveau one-manshow de Dany Boon (12 août) ou encore assister au magnifique spectacle d’Alex Lutz (5 août), pour lequel il reste encore des places. À voir également, «Pauvre Bitos», «Les gros patinent bien», «Les liaisons dangereuses» et le seul en scène d’Éric Dupond-Moretti, qui n’affichent pas encore complet. LeFestival deRamatuelle, du1er au12août. FESTIVALDERAMATUELLE QUARANTEANSDESOUVENIRS Jacqueline Franjou, la fondatrice de la manifestation azuréenne, revient sur les moments les plus marquants de ces quatre dernières décennies. Propos recueillis par Benjamin Locoge Dany Boon sera sur scène le 12 août. SPECTACLE ÉternelleJulietteGréco «Elle avait accepté de clôturer la première édition, en 1985. Dix jours après son récital, elle m’appelle: “Pour moi, Saint-Tropez, c’est fini. Je veux une maison à Ramatuelle, peux-tu me trouver un terrain? Et je veux que ce soit Serge Mège, l’architecte du théâtre, qui la dessine.” Elle a habité chez moi durant deux ans, le temps que sa propriété se construise. Elle me disait: “Ce théâtre existe en réalité depuis toujours, il est né de la terre.” On est devenues amies, elle était comme une deuxième mère pour moi, elle m’a demandé de la marier avec Gérard Jouannest en 1988. Lors de son dernier concert à Ramatuelle, en 2013, elle a fait un malaise vagal sur scène. On était tous affolés, mais elle a tenu à aller elle-même parler au public, qui l’a ovationnée debout durant vingt minutes. Vingt minutes!» LasagessedeMichelBouquet «Il était familier du festival. En 2016, nous l’avions programmé dans “À tort et à raison”, une pièce sur un chef d’orchestre berlinois. Mais, le jour même, des trombes d’eau s’abattent et le décor est réduit à l’état de miettes. On lui dit qu’il est plus sage d’annuler. “Hors de question! répond-il. Car enfin je vais pouvoir jouer dans Berlin détruit!” Et il est monté sur scène. “Imaginons un monde sans théâtres, disait-il, il n’y aurait plus rien entre l’État et le citoyen, les gens n’auraient plus de lieux pour se rassembler. Ce serait la mort de la liberté et de la démocratie…” Il avait tellement raison!» QuandMichelLeebfaitjouerPatrickBalkany «Il est venu très souvent. Une année, il présentait un one-man-show durant lequel il avait besoin d’un spectateur pour jouer un mari trompé. Il a pris quelqu’un au hasard dans le public et est tombé sur Patrick Balkany. Un très bon acteur au demeurant. Quelques années plus tard, c’est le patron du café de l’Ormeau qui l’a interpellé en plein spectacle, lui demandant de faire une pause parce qu’il avait besoin d’aller aux toilettes: “Michel, faut que j’aille me vider les burettes.” Leeb s’est exécuté et toute la presqu’île en rigole encore.» SPECTACLE 14 LASEMAINEDE PARIS MATCH DU 31 JUILLET AU 6 AOÛT 2025
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