PARIS MATCH n°3949 - Page 3 - 3949 Crédits photo : P. 4 : KC Armstrong/Deadline/Getty Images. P. 6 à 9 : Julien’s Auctions/ Scott Richie/Bestimage, DR, Disney+, MPL Communications/MJ Kim/Shutte/SIPA. P.11 : DR, courtesy Albin Michel. P.12 et13 : Jacovides-Borde-Moreau/Bestimage, DR. P.14 et15 : DR, KCArmstrong/Deadline/GettyImages. 6 11 12 14 16 18 24 L’ENTRETIEN Ringo Starr Le cœur battant CULTURE Livres. La critique de Marie-Laure Delorme Série. Ben Stiller Fini de rire Cinéma. Walter Salles soigne le Brésil PERSONNALITÉS POUVOIRS DESSIN Wolinski. En hommage à «Charlie Hebdo» UNDESTINBRÉSILIEN Danssondernierfilm,«Jesuistoujourslà», leréalisateurWalterSallesévoquela dictaturequi sévitdanssonpaysde1964à1985.Ilposeici entreSeltonMelloetFernandaTorres,qui incarnentundéputéenlevéparlesmilitaireset safemme.Unehistoirevraie.(Page14et15) 4 LASEMAINEDE PARIS MATCH DU 9 AU 15 JANVIER 2025 1 Test in vitro sur ingrédient. 2 Brevet en cour s FR3144515. 3 Brevet FR3130156. 4 Test clinique effectué par un dermatologue - 34 femmes - après usage du sér um et de la crème. Comparaison entre T0 et T7. EN 7 JOURS, LA PEAU EST 4X PLUS FERME, 2X PLUS LISSE.4 [OX-C TREATMENT] ACTIVE L’OXYGÈNE, AMPLIFIE LE COLLAGÈNE.1 CAPTURE ENRICHI D’UN EXO-LIPOSOME PRO-PÉNÉTRANT BREVETÉ2 POUR LE SÉRUM, ET D’ACIDES HYALURONIQUES COMBLANTS BREVETÉS3 POUR LA CRÈME. NOUVEAU ACTIVE L’OXYGÈNE, AMPLIFIE LE COLLAGÈNE.1 CAPTURE D I S P O N I B L E S U R D I O R . C O M L’ENTRETIEN PROFIL 1940 Naissance le 7 juillet à Liverpool (Angleterre). 1962 Remplace Pete Best au sein des Beatles. 1966 Chante «Yellow Submarine» sur l’album «Revolver». 1967 Interprète «With a Little Help From My Friends». 1981 Épouse la James Bond girl Barbara Bach. 1989 Lance son All-Starr Band pour partir en tournée. DU 00 MOIS 2022 PARIS MATCH 7 À84ans,l’ancienBeatlessortundisquecountry dehautefacture,hommageàlamusiquedesonenfance. Entretienexclusifavecunmusiciendelégende. InterviewLéaBitton Paire de baskets Asics, lunettes de soleil aux verres fumés et jogging Sergio Tacchini… On a du mal à croire que Ringo Starr a 84 ans. Il préfère d’ailleurs saluer avec son coude plutôt que de serrer la main: on a beau être un Beatles, mieux vaut rester prudent. «Que puis-je faire pour vous?» dit-il en s’installant dans son fauteuil. Déjà, parler de «Look Up», son nouvel album country. Mais, surtout, on rêve de l’entendre raconter des anecdotes sur ses potes Paul McCartney, John Lennon et George Harrison. Du quatuor, ils ne sont plus que deux. Toujours soudés. Au point que sir Paul a invité le batteur à jouer deux titres à ses côtés le 19 décembre 2024, pour l’ultime concert de sa tournée, à Londres. Il y a quelques mois, c’était dans le clip de «Now and Then» – la dernière chanson des Beatles – que Ringo et Paul apparaissaient en compagnie des deux disparus. Beyoncé et Taylor Swift, nommées face aux garçons de Liverpool pour le morceau de l’année aux Grammy Awards, n’ont qu’à bien se tenir. Paris Match. Pourquoi avoir voulu faire un nouvel album country, plus de cinquante ans après “Beaucoups of Blues”? Ringo Starr. À vrai dire, ce n’était pas dans mes projets, même si j’ai toujours été un grand fan de musique country. Il y a un an, à Los Angeles, Olivia, la veuve de George Harrison, organisait une lecture du livre qu’elle lui a consacré. J’y suis allé, pour la soutenir, et il y avait plein de gens que je connaissais. L’un d’eux était le musicien et producteur T-Bone Burnett. Nous nous étions croisés plusieurs fois dans les années 1970, sans jamais vraiment accrocher. On assistait aux LECŒURBATTANT [SUITEPAGE8] mêmes soirées, souvent organisées chez moi, d’ailleurs. Aujourd’hui, ça nous fait marrer, mais je ne l’avais jamais invité une seule fois! Lecoupdefoudremusicala-t-ilétéimmédiat? Je lui ai dit de m’envoyer une composition s’il pensait à moi. J’ai été très surpris de recevoir un morceau country, parce que je n’avais même pas songé à lui dire que je faisais de la pop. C’était un titre très “old school”, ressemblant à ce que j’écoutais quand j’avais 17 ans. Vous savez, le genre de morceau qui parle de l’épouse qui s’est barrée, du chien qui est mort et du manque de monnaie pour le juke-box! [Il rit.] Et d’un titre, vous êtes passé à un album? Après avoir reçu la chanson, je me suis mis à composer “Thankful” pour compléter mon EP. La musicienne Linda Perry y a elle aussi participé. Puis T-Bone est venu à Los Angeles. Il m’a dit qu’il avait neuf chansons pour moi. C’est comme ça que ça a commencé. Sans grand projet. À la fin de cette tambouille, et avec le travail de nombreux artistes tels que Larkin Poe, Alison Krauss, Joe Walsh et Billy Strings, vous obtenez “Look Up”. “Thankful” semble d’ailleurs être une déclaration d’amour à votre femme, Barbara Bach. Pourquoi dites-vous qu’elle a fait de vous “un homme meilleur”? Elle m’a dit d’arrêter de me regarder dans le miroir, d’arrêter d’être malheureux, de me reprendre en main. Et nous voilà. On est toujours ensemble après quarante-quatre ans. J’ai traversé une période vraiment compliquée, mais c’est la vie… Elle m’a remonté comme il faut. Dansledocumentaire“Beatles’64”,produitparMartinScorsese,on réalise à quel point vous étiez tous très jeunes. Comment découvret-on la vie dans de telles circonstances? C’était incroyable. Nous étions là les uns pour les autres. On était aux États-Unis, d’où venait toute la musique que nous aimions. On était sursollicités, notre entourage n’arrêtait pas de nous demander: “Peux-tu faire ceci? Peux-tu faire cela?” Je me souviens qu’on s’était réfugiés dans des toilettes, tous les quatre, pour faire une pause. On s’est dit: “On est vraiment bien ici.” Les images de ce documentaire sont folles. Je ne sais même pas qui a demandé aux frères Maysles de filmer. Vous devriez interroger Paul, il saura forcément. Enfin, je lui demanderai moi-même… [Il sourit.] Quelsouvenirgardez-vousdecettepremièretournéeauxÉtats-Unis? Je me souviens surtout d’un concert à Washington où on jouait sur une scène centrale. Mon estrade tournait sur elle-même. À un moment donné, elle s’est bloquée. Mais on est des mecs «J’aitraverséunepériodevraimentcompliquée. Mafemmem’aditd’arrêterdemeregarderdanslemiroir, demereprendreenmain.Etonest toujoursensembleaprèsquarante-quatreans» RINGOENSOLO Dubonetdumoinsbon Les débuts. «SENTIMENTAL JOURNEY» (1970) La sortie du premier album solo du batteur des Beatles, le 27 mars 1970, est éclipsée par l’annonce, deux semaines plus tard, de la séparation des Fab Four. Dommage, car ce recueil de reprises de standards – «les chansons préférées de ma mère», dit-il – est d’une haute tenue. Et permet à Ringo de développer sa voix de crooner. Le chef-d’œuvre. «RINGO» (1973) Pour son troisième opus, il demande un coup de pouce à ses vieux potes, Paul, John et George. Qui redoublent tous d’efforts pour lui offrir un disque flamboyant, avec les tubes «Photograph», «You’re Sixteen» et «I’m the Greatest», l’une des plus belles compositions de John Lennon. La meilleure vente de sa carrière et la dernière fois qu’on les retrouvait sur un même 33-tours. Le délire. «GOODNIGHT VIENNA» (1974) Enregistré à Los Angeles, l’album transpire l’alcool de titre en titre, boosté par la présence de John Lennon ainsi que celles d’Elton John et de Harry Nilsson. Cinquante ans plus tard, le disque a des allures de chevauchée fantastique au milieu d’un monde éthylique. astique au milieu d’un monde éthylique. Le chef-d’œuvre. Le chef-d’œuvre. «RINGO» (1973) «RINGO» (1973) deux semaines plus tard, de la sépar Dommage, de r – « de ma mèr d’une haut à Ringo de dév sa v 9 DU 9 AU 15 JANVIER 2025 PARIS MATCH de Liverpool ! Alors je me suis levé, on a essayé de la réparer nous-mêmes. C’est pour vous dire à quel point on débutait… Ça n’arriverait plus de nos jours. Vous auriez cinquante roadies qui se précipiteraient pour arranger ça. La presse américaine nous adorait parce qu’on était très différents des autres artistes britanniques. On avait la repartie de Liverpool. Çanevousapasposéproblème,quandvousavezrencontrélafamille royale d’Angleterre, en 1963? Ah ça! C’est un miracle que je ne me sois pas agenouillé devant Elizabeth II. Nous étions tellement jeunes! On a grandi avec une idée et des images bien précises de la reine et de la princesse Margaret, ancrées dans notre esprit depuis l’enfance. LesBeatlessontnomméscetteannéeauxGrammyAwards,pourle titre“NowandThen”,crééd’aprèsunemaquette,avecJohnLennon au chant. Quelle sensation éprouvez-vous? C’est complètement dingue, mais c’est génial. La chanson a plus de quarante ans. Nous avions vaguement travaillé ce morceau, «Lapresseaméricainenous adoraitparcequ’onétaittrèsdifférentsdes autresartistesbritanniques. OnavaitlarepartiedeLiverpool» La catastrophe. «RINGO THE 4TH » (1977) Il s’essaie au disco, alors en vogue, mais oublie de composer de bonnes chansons. Le public ne s’y trompe pas et boude cet album boursouflé, mal chanté, mal joué. Qui signe le début de la traversée du désert pour le plus rigolo des Beatles. Pour l’anecdote, Ringo tenait tellement à la chanson «Wings» qu’il l’a réenregistrée en 2012. La renaissance. «TIME TAKES TIME» (1992) Neuf ans après le très moyen «Old Wave», Ringo retrouve l’inspiration, porté par le succès de sa première tournée solo avec son All-Starr Band. Dans une tonalité pop-rock très années 1990, «Time Takes Time» lui permet de travailler avec Brian Wilson, Jeff Lynne ou encore Don Was. L’hommage. «LIVERPOOL 8»(2008) Une commande de sa ville natale pour un spectacle unique (et sans grand intérêt – nous y étions) lui permet de signer de nouveau avec EMI, le label historique des Beatles. Sur cet album, Ringo retrouve sa jeunesse avec une mélancolie élégante. La bonne surprise. «LOOK UP» (2025) Cinquante-cinq ans après un premier pas vers la country (le disque s’appelait, pour la blague, «Beaucoups of Blues»), Ringo s’entiche de T-Bone Burnett et s’embarque dans un album de country bien fichu. Où il convie aussi bien Alison Krauss que Larkin Poe. Un pas de côté surprenant pour un artiste qui n’a plus rien à prouver. BenjaminLocoge «LookUp»(Capitol/Universal),sortiele10janvier. L’hommage. Une c spec y étions) lui permet de signer de nouv EMI, album, une mélanc La bonne surprise. «LOOK UP» (2025) qu’il l’a réenregistrée en 2012. La renaissance. À g., les Beatles à leur arrivée à New York, le 7 février 1964. Le 19 décembre dernier, Ringo Starr retrouve Paul McCartney sur scène, à Londres. car, à ce moment de nos vies, nous étions concentrés sur “Free as a Bird”. Paul m’a appelé pour me proposer de jouer dessus. J’ai évidemment accepté. Alors j’ai fait ce que j’avais à faire et je lui ai envoyé le fichier. De nos jours, on a juste à adresser un mail… Je lui ai aussi dit que je voulais chanter le refrain, il était surpris. [Il rit.] Le résultat fonctionne vraiment bien. Le clip est génial. On nous voit avec George et John. C’est fabuleux! InterviewLéaBitton IT’S A VUARNET DAY = C’EST UNE JOURNÉE VUARNET IT’S A VUARNET DAY = C’EST UNE JOURNÉE VUARNET VERRE MINÉRAL DEPUIS 1957 – TECHNOLOGIE LYNX™ LA CRITI UE PASCAL QUIGNARD MÉTAMORPHOSES D’UNE FEMME Dans un roman sur la perte, l’auteur suit les déplacements de son héroïne. installé à Dinard, en Bretagne, pour ses vieux jours. Louise a été pensionnaire au lycée de Dreux durant son adolescence. Son parcours est marqué par la nature, l’eau, les chats. La figure de la mère et la fracture du temps sont centrales dans «Trésor caché». Origines et devenir. Pascal Quignard est un écrivain de l’intensité heureuse. On peut vivre des années sans vivre; on peut vivre mille vies en un claquement de doigts. Les deux amoureux, Louise et Luigi, font face au deuil de manière opposée. Elle se déploie; il se rétracte. Le paysage intérieur de Louise se retrouve métamorphosé en une année. Qu’est-ce qui l’a changée? La mort d’un chat, l’amour d’un homme, le retour d’une mère, la beauté de la nature. Louise vendra tout: la maisonnette de son père, à Dinard; l’habitation du port de la Clarté, achetée sur un coup de tête; la demeure de son enfance, à L’Aigle. Son attirance pour le vide est à la fois salvatrice et dangereuse. Dans « Trésor caché », cette phrase : « Il est possible que les lieux dominent le destin.» Louise retourne toujours dans la maison de la rive de l’Yonne. L’auteur de «L’amour, la mer» (2022) a composé un roman volcanique sur les deuils et les lieux. Ce qu’ils ferment; ce qu’ils ouvrent. Son héroïne se retrouvera divorcée, veuve, orpheline. Les trois hommes de sa vie (son père, son amour d’Italie, son ex-mari) sont morts. Ils lui ont légué un ultime cadeau, en lui apprenant à vivre sans eux. Le destin de Louise est lumineux parce qu’il a un sens. Malgré les disparitions, on peut continuer à avancer, à pas de félin, vers le bonheur. DeMarie-LaureDelorme Le petit chat est mort. Louise vient de perdre Peer, âgé de 17 ans. Sa disparition la laisse inconsolable. Elle enterre le corps du félin dans sa maison de la rive de l’Yonne et découvre, ainsi, dans son jardin, une vieille boîte remplie d’or. Louise a une fille de 31 ans; habite seule depuis son divorce d’avec Jean ; travaille dans l’édition en indépendante. L’argent va servir à voyager. « Trésor caché » s’inscrit dans la droite ligne de «Villa Amalia» (2006) et des «Solidarités mystérieuses» (2011): portraits de femmes en proie à une liberté farouche. Elles ne sont pas libres, elles sont trop libres. La nature apaise leurs tourments. Le romancier et essayiste Pascal Quignard n’est pas seulement un styliste: il donne ici corps et âme aux sentiments les plus souterrains d’une écorchée vive en quête d’un ailleurs. Grâce à l’argent tombé du ciel, Louise part à l’étranger, où elle recherche la splendeur de la mer et le silence des églises. Elle rencontre un homme prénommé Luigi. Elle ne sait pas qu’il est malade. Ses jours sont comptés. Les deux amants s’aiment, sur l’île de Procida, au sud de l’Italie. Luigi a un défaut: l’homme beau et grand, âgé de plus de 60 ans, parle trop de sa mère. Les deux femmes de sa vie se rencontrent. La mère de Luigi est en train de s’éteindre à petit feu, à 92 ans, dans sa grande villa située en haut de la colline d’Ischia. Leur univers à tous: musique, jardin au-dessus de la mer, chats. Le tremblement de terre de la baie de Naples et des deux îles d’Ischia et de Procida bouleverse tout. Crues, ouragans, tremblements, tempêtes. C’est bien le thème de «Trésor caché»: comment se reconstruire après les séismes? Louise a grandi à L’Aigle, dans l’Orne, en Normandie. Sa mère est partie sans un mot, lorsqu’elle avait 7 ans. La petite fille priait pour son retour. Un jour, mère et fille se reverront. L’enfant a été élevée par son père. Il s’est aujourd’hui « Trésorcaché »,dePascalQuignard, éd.AlbinMichel,300pages,21,90euros. LASEMAINEDE CULTURE BENSTILLERFINIDERIRE Acteur emblématique de comédies cultes devenu réalisateur, il signe une deuxième saison de « Severance », un ovni télévisuel dérangeant et unique. Rencontre. Par Claire Stevens Un univers rétrofuturiste, une ambiance glaciale et bleutée, un générique sidérant… Dès son lancement, en 2022, «Severance» s’imposait comme un surprenant phénomène parmi une profusion de récits dystopiques. À l’origine de ce succès inattendu: Dan Erickson, showrunner alors débutant, dont le scénario avait miraculeusement atterri sur le bureau de Ben Stiller. «Je choisis mes projets à l’instinct. Le potentiel de celui-ci, la dimension universelle de l’histoire m’avaient immédiatement frappé, explique son réalisateur et coproducteur. Qui n’a jamais cherché à occulter une partie de son existence pour mieux lui échapper?» À l’instar des équipes qu’il dirige chez Lumon Industries, Mark (Adam Scott) a accepté de se faire greffer une puce dans le cerveau. L’implant lui permet, sitôt arrivé sur son lieu de travail, d’effacer de sa mémoire tout souvenir de sa vie privée, et vice versa lorsqu’il quitte son bureau… Jusqu’à ce qu’une série d’événements dramatiques impliquant sa hiérarchie fassent se télescoper les deux mémoires clivées pour le ramener à un passé douloureux. Aliénation au travail, perte du libre arbitre, totalitarisme à peine voilé… Les sous-textes sont nombreux. Impossible de ne pas voir en Kier Eagan, le gourou fondateur de la multinationale Lumon Industries, une émanation frelatée de Steve Jobs – ironie d’autant plus savoureuse que la série est diffusée par la plateforme de streaming d’Apple. «Severance» questionne notre dépendance à la technologie comme notre relation aux autres. À une époque où les séries à consonance politique («Landman», «The Boys») sont légion mais où ceux qui les créent se refusent à l’admettre, Stiller ne fait pas exception à ce qui semble être devenu la règle. «Si la série fait écho au monde dans lequel elle s’inscrit, elle questionne surtout la manière dont nous luttons pour préserver notre humanité à titre individuel comme collectif», préfère analyser la star… Déclaration qui renvoie directement à son engagement en tant qu’ambassadeur de bonne volonté pour les Nations unies. L’acteur phare d’une certaine comédie américaine, dont il fut parfois le metteur en scène («Tonnerre sous les tropiques», SurAppleTV+, àpartirdu17janvier. «Zoolander»), amorçait en 2018 un virage vers des réalisations plus dramatiques avec la série «Escape at Dannemora». On lui fait remarquer qu’il était déjà question d’univers carcéral dans cette fresque où Benicio del Toro et Paul Dano campaient deux taulards, pieds nickelés en quête éperdue de liberté. « Curieusement, je ne m’en suis rendu compte qu’au bout d’un an de tournage, s’amuse-t-il. Et pourtant, la manipulation comme le dépassement de soi sont au cœur des deux histoires.» L’hommage appuyé au cinéma de son adolescence (celui de Michael Cimino, de Don Siegel ou de Clint Eastwood) dans cette première série réussie fait place aujourd’hui, avec « Severance», à une autre référence revendiquée: «Je suis un immense fan de Jacques Tati. Sa manière de retranscrire à l’écran notre rapport sclérosant au travail, notamment dans “Playtime”, a eu une influence majeure sur moi.» Long crescendo ténébreux, cette deuxième saison, toujours claustrophobique et parfois sinueuse, explore dans un même élan la condition des femmes mûres dans notre société ou celle, finement abordée, de l’homosexualité au travail. «Severance» bouscule surtout les conventions en continuant de s’appuyer sur un casting d’exception majoritairement senior, outre Adam Scott: Patricia Arquette, Christopher Walken ou John Turturro… «Les trajectoires de ces personnages à des moments charnières de leur existence résonnent évidemment en moi, confirme Ben Stiller. J’ai besoin de raconter des histoires qui me ressemblent, et qui ne reposent pas sur des clichés. » On appelle ça la cinquantaine éclairée. Ben Stiller. «Jesuisun immensefande JacquesTati, notammentde “Playtime”» SÉRIE De g. à dr.: John Turturro, Britt Lower, Christopher Walken et Adam Scott. LASEMAINEDE JE VOIS J’ENTENDS JE SENS JE SAVOURE JE RESSENS LA MAGIE ENGLACÉE DU SPITZBERG LE SOUFFLE DU VENT POLAIRE LA FROIDE ÉTREINTE DE L’AIR LA QUÊTE DE LA VIE SAUVAGE ARCTIQUE LE FRISSON DES PREMIERS EXPLORATEURS LA DESTINATION, C’EST VOUS Contactez votre agent de voyage ou appelez le 04 91 16 16 27. Document non contractuel. Droits réservés. ©PONANT/VioletteVauchelle - @ GettyImages. IM013120040 FJORDS ET GLACIERS DU SPITZBERG - 7 NUITS - EXPLOREZ SUR PONANT.COM
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