PARIS MATCH n°3871 - Page 2 - 3871 Créditsphoto :P.4 :DR.P.6à9 :V.Capman,Disney,DR.P.11 :GettyImages,P.Fouque, DR. P. 12 : D. Prost, DR. P. 14 : D. Prost, DR. P. 18 : J. Kroehl, S. Cobb, E. Kusevic. P. 20 à25 :GettyImages,T.Grossin,DR. LESOLEIL-LEVANTS’ANIME Àl’occasiondela22e éditiondeJapanExpo auparcdesExpositions(Villepinte),ParisMatch arencontréceuxquiontouvertl’Hexagone àlaculturenipponne.(Pages20à25) PORTRAIT François Civil Un pour tous, tous pour lui CULTURE Cinéma. Barbie Un coup marketing historique? Merve Dizdar L’étoile d’Anatolie Simon Pegg Mission accomplie Art. Julie Mehretu roule pour BMW Dossier Japon Les lois de l’attraction PERSONNALITÉS ROYAL POUVOIRS DESSIN Joann Sfar 6 11 12 14 18 20 26 27 28 36 4 LASEMAINEDE PARIS MATCH DU 13 AU 19 JUILLET 2023 PARIS MATCH DU 00 MOIS 2022 6 PORTRAIT 7 FRANÇOISCIVIL UNPOURTOUS, TOUSPOURLUIDe« BacNord »aux« Troismousquetaires », l’acteurn’enfinitplusd’affirmersonstatutde nouvellestarducinémafrançais. FabriceLeclerc/PhotosVincentCapman Tout ne tient souvent qu’à un cheveu. Surtout avec François Civil. Oubliées les dreadlocks de «Five», en 2016, qui l’avait révélé au public. C’est avec la mèche brune rebelle qu’on l’a retrouvé, début avril, en d’Artagnan. Avant de le croiser en blond peroxydé. Et, il y a quelques jours, le crâne quasi rasé. La faute aux tournages qui se succèdent à un train d’enfer. Tout le monde veut travailler avec lui. «Je me sens tellement comblé, tellement chanceux, avec toutes les opportunités que j’ai en ce moment», lance-t-il dans un sourire qui lui zèbre le visage. Il vit à cent à l’heure, ne passera qu’un court moment au Festival du film de Cabourg, où il est venu présenter «Une zone à défendre», de Romain Cogitore. Avant de repartir dans les Hauts-de-France poursuivre le tournage du nouveau film de Gilles Lellouche. Timing serré, certes, mais François prendra le temps de faire des selfies avec les badauds qui l’attendent. Les caprices de (nouvelle) star, très peu pour lui. Depuis ses débuts, il y a déjà près de vingt ans, il reste cet éternel beau gosse, accessible, acteur talentueux à la tête bien faite, tout sauf enflée. Rare dans ce métier. Il n’a que 33 ans mais rien n’est jamais acquis: «J’ai déjà eu la chance de vivre tout ça, c’est un cadeau.» Après la comédie entre potes ou les thrillers qui ont forgé son image et sa notoriété grandissante, il incarne, dans «Une zone à défendre», première fiction française produite par la plateforme Disney+, un officier de la DGSI infiltré dans le milieu zadiste qui va tomber amoureux d’une jeune rebelle. Et remettre en question sa mission. Un flic désabusé, un héros romantique et un propos sociétal: finalement, ne serait-ce pas la somme des personnages qu’il a portés jusque-là? «J’essaie toujours de mettre de la distance entre ce que je suis et mes rôles. Mais que ce soit dans “Bac Nord” ou “Le chant du loup”, ce sont clairement des personnages en plein questionnement sur l’institution qu’ils représentent. J’étais ravi de la proposition de Romain, avec qui j’avais déjà travaillé, car ce film permet de changer la vision qu’on peut avoir des Zad, loin de la violence que l’on voit sur les chaînes d’infos. Ce sont aussi des lieux de partage, où l’on réfléchit à l’ordre établi. C’est indispensable d’avoir un autre regard. J’aime PROFIL 1990 Naissance à Paris. 2017 «Ce qui nous lie», premier de ses trois films avec Cédric Klapisch. 2019 Premier grand rôle dans «Le chant du loup», d’Antonin Baudry. 2021 «Bac Nord», de Cédric Jimenez, est un gros succès public. 2023 Il est d’Artagnan dans le diptyque «Les trois mousquetaires», de Martin Bourboulon. [SUITEPAGE8] DU 13 AU 19 JUILLET 2023 PARIS MATCH aussi les films qui nagent à contre-courant des idées reçues. Je me refuse à prendre la parole sur des sujets politiques mais mes choix parlent pour moi. Et ces films sont beaucoup plus intelligents que ce que je pourrais dire. Même si, comme des gens de ma génération, j’ai l’impression de faire trop de concessions, sur l’écologie, le bien commun ou l’égalité.» Lorsqu’on l’avait croisé, il y a un an, sur le tournage en région parisienne, François Civil jouait des scènes d’affrontement ultra-réalistes. Parmi la centaine de figurants, de vrais zadistes et de vrais policiers. Qui prenaient bien soin de ne pas se mélanger pendant les pauses entre deux prises. Et puis, comme dans «Mon inconnue», d’Hugo Gélin, les histoires d’amour se déroulent mal en général pour ses personnages. Comme celle qu’il vit dans le film avec Myriam, incarnée par Lyna Khoudri. Il la retrouve pour la quatrième fois après le diptyque des «Trois mousquetaires» et les voix françaises de «Buzz l’éclair». Presque un compagnonnage. «François est constamment tourné vers l’autre, estime l’actrice. Son succès veut aussi dire qu’il est toujours au bon endroit au bon moment. Sur “Les trois mousquetaires”, nous avons travaillé sur le rythme, le rapport au corps.» L’autre binôme de François Civil s’appelle Pierre Niney. Impossible de parler de l’un sans évoquer l’autre. Ils sont copains depuis plus de dix ans lorsqu’ils se rencontrent sur le court-métrage du troisième larron de la bande, Igor Gotesman, qui donnera naissance au long-métrage «Five» cinq ans plus tard. Niney a déjà une belle notoriété, Civil, lui, a certes un peu tourné («Soit je meurs, soit je vais mieux», «Bus Palladium»), mais c’est à ce moment-là qu’il explose. Leur alchimie comique est évidente: «François a toujours un temps de retard, explique alors Pierre Niney. Et ce retard crée un contre-temps bien précis, comme en musique, et c’est aussi ça qui le rend hilarant.» Ils délirent ensemble dans la série «Castings», sur Canal+, jouent à leurs heures perdues au «Rouge et le noir», apparaissent dans une vidéo avec Squeezie, la star d’Internet (onze millions de vues). Igor Gotesman observe à cette époque le duo: «Ils ont une énergie complémentaire, ils s’alimentent l’un l’autre, ils se challengent dans des défis idiots.» Au cinéma comme dans la vie, la bande est essentielle pour François Civil: «J’ai cette chance. Sans mes amis, je ne serais rien. Je les connais quasiment tous depuis l’enfance, nous avions la même nourrice et le noyau n’a pas bougé. J’ai une photo de moi et de mon amie Louise à la crèche et, aujourd’hui, je suis le parrain de sa fille.» La bande traîne dans le quartier Ledru-Rollin à Paris, où François est né, en 1990, dans une famille d’universitaires, profs d’espagnol. Le jeune Civil est un peu turbulent. Pour cacher des complexes et se canaliser, il fait de l’escalade. Scolarité compliquée. Mais un goût pour le théâtre naît dès le cours préparatoire. Et, qui se poursuit à l’adolescence. Même si c’était avant tout pour suivre une fille qui lui plaisait qu’il s’est inscrit à un cours de théâtre. «Je n’ai jamais eu de désir intime et fort pour faire ce métier, ce sont les autres qui m’ont poussé. Frédérique Moidon, qui est agent, me repère au théâtre quand j’ai 14 ans et propose à mes parents que je fasse un casting. Puis Igor et Pierre. Je les regardais faire, écrire, se passionner. Et c’est à ce moment-là que l’envie d’être acteur est devenue concrète. Même si j’abordais ce métier sans aucune base cinéphile.» Après le succès de «Five», il reçoit évidemment beaucoup de scénarios de comédie. Trop facile. Il préfère aller se frotter à l’univers doux-amer de Cédric Klapisch dans «Ce qui nous lie». Ils tourneront trois films ensemble en cinq ans («Deux moi», «En corps»). Encore et toujours ce besoin de faire partie d’une famille. «J’avais été son parrain en 2009 pour la soirée des César des jeunes espoirs, explique le réalisateur. Il avait seulement 19 ans. » Klapisch, comme tous ceux qui ont travaillé avec lui, insiste sur la qualité intrinsèque de François Civil, un mélange rare de spontanéité, d’intuition et de travail. «C’est sa richesse et son talent. Avec aussi une vraie modernité. Il ne la fabrique pas, il est intuitivement moderne.» Dans «Le chant du loup», d’Antonin Baudry, en 2019, il impressionne public et critique dans le rôle d’un sous-marinier, «oreille d’or». Une com«Jemerefuseà prendrelaparolesur dessujetspolitiques, maismeschoix parlentpourmoi» FrançoisCivil LASEMAINEDE PARIS MATCH DU 13 AU 19 JUILLET 2023 8 Avec Lyna Khoudri, sa partenaire dans «Une zone à défendre». 9 «Ilaunevraiemodernité.Ilnelafabriquepas, ilestintuitivementmoderne» CédricKlapisch position tout en nuances. Car sous des dehors dilettante qu’il revendique – «J’aime l’oisiveté, la paresse» – se cache aussi un très gros bosseur. «Je suis un forcené du détail» dit-il. Pour «Deux moi», il s’exile seul à Bruxelles pendant quinze jours pour composer son personnage solitaire. Il prend des cours de kiné pour «En corps», perd du poids pour «Une zone à défendre» ou passe des mois à apprendre l’équitation et l’escrime pour «Les trois mousquetaires». Quitte à souffrir: «Après un an de cascades et un pied cassé sur le tournage, je n’en pouvais plus physiquement», sourit-il. «C’est le seul d’Artagnan qu’on ait jamais envisagé avec Dimitri Rassam, le producteur, raconte Martin Bourboulon, le metteur en scène des «Trois mousquetaires» et de sa suite, prévue en décembre prochain, à la fois sympathique, jovial et insolent. François vient à chaque prise avec des propositions, des nuances très différentes. Et surtout il est au service du film, pas de sa propre image.» Le succès du premier volet fait plus que jamais de François Civil l’acteur en vogue. Ce qui le fait sourire: «Bon, ça va, on ne m’arrache pas encore mon teeshirt dans la rue! Peut-être qu’au fur et à mesure des paliers que je franchis le regard des gens change sur moi.» Après la bande des «Trois mousquetaires» (Pio Marmaï, Romain Duris, Vincent Cassel) , François Civil a retrouvé au printemps dernier la bande Niney-Gotesman pour «Fiasco», une série Netflix où un comédien voit son premier film de réalisateur dynamité de l’intérieur. D’où les mèches blondes printanières qu’il arborait. Et donc, désormais, la coupe à ras pour «L’amour ouf», troisième film de Gilles Lellouche, après «Narco» (coréalisé avec Tristan Aurouet) et l’énorme succès du «Grand bain». Cette fois, d’Adèle Exarchopoulos à Karim Leklou, c’est la bande de «Bac Nord» qui se reconstitue dans ce film coécrit par Audrey Diwan et adapté du roman éponyme de Neville Thompson. Un tournage marathon de dix-huit semaines, 3000 figurants, Poelvoorde et Chabat en guest stars et un budget dépassant les 30 millions d’euros. De quoi panser les plaies de la polémique lors de la sortie de «Bac Nord», en 2021? Pas tant que ça. «On l’a très mal pris, se souvient Civil. Moi qui connais les opinions de toute l’équipe, dire que le film faisait le jeu du Front national nous a secoués.» Jusqu’où ira François Civil dans une carrière pour l’heure sans faux pas? «Il n’en est qu’aux prémices, c’est justement ce qui est intéressant», analyse Cédric Klapisch. On pourrait lui prédire un destin à la Dewaere ou Belmondo. « Mais ce serait presque réducteur. François est moderne, c’est ce qui fait son succès.» La question ferait presque peur au principal intéressé. «Je suis incapable de me projeter. Vraiment… J’ai des envies, oui. Tourner dans une langue étrangère par exemple, pour sortir de ma zone de confiance, même si je l’ai déjà fait.» Des rêves? «S’il faut rêver, alors tourner avec Paul Thomas Anderson! Non, sérieusement, je veux juste continuer comme ça, si bien sûr on veut encore de moi. Et si cela n’arrive pas, je ferai autre chose, ce n’est pas un problème. Je ferai toujours de l’escalade, je retaperai une maison où il y aura mes amis. Un peu façon Zad», conclut-il l’œil malicieux. François Civil le sait trop bien: dans la vie, tout ne tient souvent qu’à un cheveu. FabriceLeclerc UNEZONEÀDÉFENDRE De Romain Cogitore Avec François Civil, Lyna Khoudri… Après l’impeccable série «Oussekine», ce premier film tricolore produit par Disney +n’a pas choisi la facilité ni la norme avec cette œuvre qui se joue du mélange des genres (romance, thriller, chronique) à travers une histoire d’amour impossible. Cellequivanaîtreentreunpolicierinfiltréetunemilitantezadiste,remettantencause leurs idéaux et leurs priorités. Inspiré de faits réels (l’émergence des éco-infiltrés), le premierintérêtd’«Unezoneàdéfendre»reposesurletalentdeRomainCogitore(«Nos résistances»). Pas d’emphase dans sa mise en scène pourtant très solide, qu’il filme les scènes d’affrontement entre zadistes et forces de l’ordre ou les méandres d’une relation impossible. Il évite aussi les travers de personnages dessinés à coups d’idées reçues (le défenseur de l’ordre, la militante pure et dure, l’enfant comme détonateur d’uneintrigue).Portéparunemiseenscèneélégante,osantlesplans-séquences,«Une zone à défendre» est un bel objet de cinéma et confirme,s’il en était encore besoin,le talent de François Civil, qui porte de bout en bout ce film bien pensé. Fa.L. DisponiblesurDisney+. DU 13 AU 19 JUILLET 2023 PARIS MATCH «Five», «Bac Nord», «Les trois mousquetaires»... François Civil aime les films de bande. TISSOTWATCHES.COMBOUTIQUEs : 76 AVENUE DES CHAMPS-ÉLYSÉES - 75008 PARIS / LES 4 TEMPS, NIVEAU 2 - 92092 PARIS LA DÉFENSE ATELIER HORLOGER : 78 AVENUE DES CHAMPS-ÉLYSÉES - 75008 PARIS TISSOT SEASTAR 1000 ÉTANCHE JUSQU’À UNE PRESSION DE 30 BAR (300 M) 475€ TTC* *PRIXPUBLICCONSEILLÉ.PHOTOGRAPHIERETOUCHÉE BARBIEUNCOUPMARKETINGHISTORIQUE?Le film glamour pourrait offrir un nouveau souffle à la célèbre licence Mattel. 2022 ne s’est pas clôturée en beauté pour Mattel. Au dernier trimestre, les ventes de Barbie et autres jouets Fisher-Price chutaient de plus de 20% par rapport à 2021. À croire que le Père Noël avait oublié le géant du jouet. Mais la direction avait d’autres atouts dans sa manche. Mi-décembre, elle dégainait un teaser de «Barbie», son premier film, en salle le 19 juillet. Pour contrer les «body positivistes» écœurés par les impossibles mensurations de la célèbre poupée, le film a été confié à Greta Gerwig, réalisatrice féministe. Au casting, Margot Robbie et Ryan Gosling (photo), valeurs sûres tout en dents ultra blanches et tenues flashy. Budget total alloué: 100 millions de dollars. Si sa dernière bande-annonce a laissé le public sceptique, le film a déjà relancé l’engouement autour de la licence. Des dizaines de marques de prêt-à-porter, de H & M à Gap, affichent dans leurs rayons des collections entières rose fuchsia. Qu’importe le boxoffice, Mattel ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Ynon Kreiz, président du groupe, a annoncé que, après Barbie, Barney, le dinosaure violet, et Hot Wheels s’installeraient à leur tour sur grand écran… Avant le lancement d’une série de jeux vidéo, de format court pour les plateformes et l’ouverture d’un parc d’attractions. Voilà qui devrait secouer le pays des jouets. L’INCONTOURNABLE CULTURE Trente ans après sa première apparition en France, dans «Les égouts de Los Angeles», l’inspecteur Harry Bosch, imaginé par Michael Connelly, fera son retour en librairie le 6 septembre avec «L’étoile du désert» (éd. Calmann-Lévy). Il devra composer avec l’inspectrice Renée Ballard. Duo explosif garanti.30 CHIFFRE UN LETTRES ETDESNINABLOOMGARDEN INGÉNUEGÉNIALE Un nom comme sorti d’un roman victorien, un grand-père producteur de théâtre et une beauté sauvage, il n’en fallait pas plus pour que Nina Bloomgarden, 25 ans, s’impose comme un phénomène à part. New-Yorkaise pur jus, elle s’est pourtant formée au métier d’actrice au Royal Welsh College of Music and Drama de Cardiff, au pays de Galles. Nina a été repérée grâce à des «petits» films (la comédie familiale «Un papa hors pair», le teen movie «Jane»), dans lesquels elle distillait son énergie communicative. Jusqu’à ce rôle, enfin à sa hauteur, dans la très belle et inclassable série «The Resort» (sur Canal+), où elle incarne une étudiante disparue lors d’un ouragan au Mexique. Une partition mystérieuse qui lui va à ravir. JEUNEPOUSSE CoordinationClémenceDuranton 11 DU 13 AU 19 JUILLET 2023 PARIS MATCH LASEMAINEDE MERVEDIZDAR L’ÉTOILED’ANATOLIEPrixd’interprétationaudernierFestival deCannes,qu’elleareçuavecundiscourstrèspolitique, l’actriceturqueestimpressionnante dans« Lesherbessèches »,deNuriBilgeCeylan. ParFabriceLeclerc/PhotoDorianProst C’est la magie du Festival de Cannes. Vous entrez dans une salle inconnue du grand public et vous en ressortez deux heures plus tard sous les feux des projecteurs. C’est ce qu’a vécu Merve Dizdar en mai dernier, coiffant sur le poteau Cate Blanchett ou l’Allemande Sandra Hüller. Et, comme Justine Triet, elle s’est lancée dans un discours politique : « Je dédie ce prix à toutes les femmes qui luttent au risque de leur vie, sans perdre l’espoir quoi qu’il arrive, et à tous les esprits combatifs qui attendent de vivre les beaux jours qu’ils méritent en Turquie.» Un coup de griffe au régime d’Erdogan qui va lui valoir une série de remontrances à Ankara. Alors, quand on la retrouve un mois plus tard à Paris, elle n’a pas envie de remettre de l’huile sur le feu. De toute façon, le film de Nuri Bilge Ceylan parle pour elle, avec sa critique en filigrane d’une société turque qui se débat entre tradition et modernité. Dans «Les herbes sèches», elle incarne une militante blessée lors d’un attentat, affublée d’une prothèse et qui cherche à surmonter son drame. Un membre arraché, symbole d’une liberté d’expression impossible? «Il faut toujours faire avec ce qui nous manque, sourit Merve Dizdar. Tout handicap a aussi pour effet de décupler la force et la rage de vaincre.» Elle y rencontre Samet, un jeune professeur d’art qui ne supporte pas la vie morne d’un village reculé d’Anatolie. Et qui va être accusé de harcèlement sexuel. Le plus grand réalisateur turc, Palme d’or 2014 pour «Winter Sleep», poursuit sa quête d’un cinéma épuré, long mais passionnant où il décortique l’âme humaine, ses renoncements, ses zones d’ombre. À 37 ans avec déjà une solide carrière dans son pays entre théâtre, cinéma et séries, Merve Dizdar ne pouvait pas dire non à Ceylan, acceptant de passer une journée pour tourner un seul gros plan. Ou d’apprendre quatorze pages de texte pour un long et incroyable plan-séquence. «Avec Nuri, nous avons beaucoup parlé de notre rapport à la liberté. Il me disait qu’il faut aussi savoir ne pas fuir pour se confronter à la réalité», se souvient-elle. En revenant à Cannes le soir du Palmarès, elle savait que le film allait avoir un prix. Mais elle n’aurait jamais pensé qu’il lui serait attribué. Moment suspendu où la jurée Brie Larson prononce mal son nom. «Je n’ai pas compris, j’ai regardé autour de CRITIQUE SOUSLETAPIS De Camille Japy Avec Ariane Ascaride, Bérénice Bejo… Le cadavre n’est pas dans l’armoire maissouslelit.Odile,quifêtesonanniversaire, nepeutserésoudreàannonceràsesenfants quiarriventlamortbrutaledeleurpère.Ilfallait bienletalenttoutenfinessed’ArianeAscaride pourportercepostulatpresqueimpossible.Et àl’actriceCamilleJapy,quisigneicisonpremierlong-métrage,l’envie de traiter de sujets forts de manière douce-amère, la déflagration d’undeuilimpossible,lesmensonges,l’égoïsmeetlespetitssecrets de famille. Le film a du mal à trouver sa voie sur un sujet sûrement trop rebattu et fragile, mais sa poésie et sa tristesse jamais forcée en font un essai attachant. Fa.L. Sortiele19juillet. « Lesherbessèches », ensalleactuellement. moi et Nuri m’a souri. J’étais décomposée.» Elle sait qu’un tel prix est un accélérateur de carrière, se dit prête à tourner partout où les beaux projets fleuriront. On l’avait déjà remarquée dans le film, mais de visu, cela devient évident: sa ressemblance avec Marion Cotillard est presque troublante. Merve Dizdar n’a pas vu «De rouille et d’os» de Jacques Audiard, mais elle prend cette comparaison comme l’ultime compliment. Marion Cotillard aurait presque trouvé sa petite sœur… DRAME Pourelle,«tout handicapaaussipour effetdedécupler la force et la rage devaincre» 12 LASEMAINEDE PARIS MATCH DU 13 AU 19 JUILLET 2023 Je joins mon règlement par chèque bancaire ou postal à l’ordre de Paris Match Je règle par carte bancaire (plus sécurisé, plus rapide), en me connectant sur www.parismatch.com/valise-noire ou en scannant le QR code ci-contre Visuelsnoncontractuels.Certainescaractéristiquesduproduitprésentépourrontvariersanspréavis. 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Comme quoi, la vie est plus que surprenante.» Car, presque vingt ans plus tard, Tom est devenu un collègue. Ils partagent depuis cinq films l’aventure de «Mission: impossible», dont le septième opus, distrayant mais sans surprise, vient d’arriver sur les écrans. Un drôle de parcours pour ce clown qui a fait ses classes dans le stand-up et la télé britannique avec son alter ego Nick Frost. Mais finalement pas si étonnant que ça. «C’est en voyant “Shaun” que J.J. Abrams m’a proposé de rejoindre “Mission: impossible 3” en 2006. Vous pensez bien que ça ne se refuse pas. Moi, le comique qui faisait des petits films d’auteur ou des comédies dans mon coin, j’ai découvert le monde des superproductions. Mais si les moyens changent du tout au tout, l’art y est aussi important que les feux d’artifice et les cascades dantesques.» Il y incarne Benji, le geek de l’équipe, «la part humaine de ce monde irréel, note l’acteur. C’est juste un mec normal. Qui devient d’ailleurs plus profond de film en film. Il vieillit, il a failli mourir étranglé ou pendu plusieurs fois, alors, clairement, il prend cela plus douloureusement». Formé comme tous les acteurs britanniques à l’école shakespearienne, Pegg est heureux de faire évoluer ce personnage «qui aurait pu rester le comique de service qu’on réactive à chaque film ». Quand on le retrouve dans cet «TomCruise esttoutsauf untyran. J’aidécouvert unhommetrès trèsdrôle» CINÉMA « Mission :impossible. DeadReckoning,partie1 », ensalleactuellement. CRITIQUE PETITJÉSUS De Julien Rigoulot Avec Antoine Bertrand, Gérard Darmon... Ilestnéledivinenfant,ila10 ansetvoitsonpèreenpleinegalère.Alorsquelquespetitsmiraclespourraient changer sa vie… Le sujet est certes tiré par les cheveux, mais Julien Rigoulot en fait une comédie touchante aux quelquesrelentssociauxbienamenés.Unfilmtoujourssurlefil,quisaitretombersursespattes.Ce«PetitJésus» est aidé par des seconds rôles parfaits (Bruno Sanches, Caroline Anglade, Youssef Hadji) et la prestation tout en nuances de la star québécoise Antoine Bertrand («Starbuck», «Trois fois rien»). Fa.L. Ensalleactuellement. ancien pub des faubourgs de Londres début mai, il n’a pas encore commencé le marathon promo de «Mission: impossible», se dit «encore frais». Et accepte de parler de Tom Cruise, son partenaire de jeu. «On dit beaucoup de choses sur lui. S’il est vrai qu’il a une nature à prendre le contrôle, c’est tout sauf un tyran. Vous n’avez qu’à jouer face caméra avec lui en contrechamp et c’est un concours de blagues et de grimaces pour vous déstabiliser. J’ai découvert un homme très très drôle. Et qui aime retrouver sa petite famille de cinéma…» La famille, Simon Pegg ne connaît que cela, lui aussi. Nick Frost, son double et meilleur ami, l’accompagne depuis ses débuts, comme le réalisateur Edgar Wright. De «Shaun of the Dead» à «Hot Fuzz» ou «Le dernier pub avant la fin du monde», le trio va devenir culte avec ses comédies décalées et déjantées où il rend hommage aux films de zombies de George Romero et à l’humour absurde de Mel Brooks. «Vingt ans après, chaque soirée de Halloween, des gens viennent encore frapper à ma porte déguisés en zombies», sourit le quinquagénaire assagi. Il travaille encore avec Nick Frost à un nouveau projet comique et sur un scénario cette fois beaucoup plus sombre. Espère aussi que Steven Spielberg le rappellera une troisième fois (il incarnait avec Frost les Dupond & Dupont dans «Tintin» et était au générique de «Ready Player One»). «Je n’ai jamais osé lui dire réellement à quel point il a façonné le cinéphile que je suis», confie l’acteur. Qui remercie J.J. Abrams d’avoir été le déclic de tout ce qui lui arrive aujourd’hui, entre «Mission: impossible», «Star Trek» et «Star Wars, le réveil de la force». «Je suis le seul à avoir piloté l’“Entreprise” et le “Faucon Millenium”, et tant pis pour les puristes qui crient à la trahison, rigole-t-il. Nous sommes désormais dans une époque non binaire, non? Eh bien, j’ai réussi ma transition de science-fiction!» SIMONPEGG MISSION ACCOMPLIEL’acteur britannique retrouve Tom Cruise dans le nouveau « Mission : impossible ». Rencontre à Londres avec uncomiquetouche-à-toutdevenu (presque)sérieux. 14 LASEMAINEDE PARIS MATCH DU 13 AU 19 JUILLET 2023
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