PARIS MATCH n°3928 - Page 2 - 3928 L’ENTRETIEN Isabelle Huppert L’esprit libre CULTURE Livres. La critique de Marie-Laure Delorme Humour. Le Chat de Geluck fait du sport Art. Calendrier Pirelli Ethan James Green prend date PERSONNALITÉS POUVOIRS DESSIN Joann Sfar 6 10 11 12 14 16 22 Crédits photo : P. 4 : A. Scotti. P. 6 à 9 : V. Capman, J. Prebois, DR. P. 10 : F.Mantovani,DR.P.11 :P.Geluck.P.12et13 :E-J.Green,A.Scotti. CASSELSEJETTEÀL’EAU Parmilespersonnalitésducalendrier Pirelli2025,shootéesparlephotographe américainEthanJamesGreenàMiami, setrouvenotreVincentCasselnational. Imagesenexclusivité.(Pages12et13) PARIS MATCH DU 14 AU 21 AOÛT 2024 4 LASEMAINEDE L’ENTRETIEN Puissante et exigeante, une actrice iconique. À la Terrasse by Albane du JW Marriott, à Cannes, le 18 mai 2024. InterviewYannickVély/PhotosVincentCapman À quoi reconnaît-on une star? Au fait qu’elle vous accueille dans une suite qui porte son nom, à l’hôtel Lutetia plus précisément. Pour sa décoration, Isabelle Huppert a choisi des souvenirs personnels, telle cette robe haute couture signée Yves Saint Laurent, mais aussi les livres dans la bibliothèque. Parmi ceux-ci, un retient notre attention: «Trois femmes puissantes», de Marie NDiaye. Puissante, Isabelle Huppert l’est assurément, tant elle symbolise l’exigence et la prise de risque. Celle qui fut sacrée meilleure actrice du XXIe siècle par le «New York Times» en 2020 sera cette année la présidente du jury de la Mostra de Venise, une fonction prestigieuse occupée jadis par d’autres étoiles du 7e art comme Catherine Deneuve, Gong Li ou Cate Blanchett. Elle succédera à Damien Chazelle, mais dans un contexte plus apaisé, la grève à Hollywood n’étant plus qu’un lointain souvenir. Ce rôle, comme chaque nouvelle incarnation au cinéma ou au théâtre, représente, nous confie-t-elle, un saut dans l’inconnu. Paris Match. Pour “La prisonnière de Bordeaux”, vous retrouvez Patricia Mazuy, qui vous avait dirigée dans “Saint-Cyr”. Vous aviez le désir de retravailler avec elle? IsabelleHuppert. Patricia Mazuy est l’une de nos très grandes cinéastes, j’ai toujours suivi son travail. Elle nous surprend à chaque fois, notamment avec son dernier film, “Bowling Saturne”, qui n’est pas un film “aimable”, mais d’une puissance, d’une force, incomparables. J’étais très heureuse de la retrouver et de partager à nouveau l’affiche avec Hafsia Herzi, avec laquelle je venais de tourner “Les gens d’à côté”, d’André Téchiné. C’était amusant, aussi, d’enchaîner deux films avec la même actrice. Des retrouvailles heureuses. Qu’est-cequivousaséduitedanslepersonnaged’Alma? D’abord, j’adore son prénom ! Alma, c’est le prénom de la femme d’Alfred Hitchcock et de l’épouse de Gustav Mahler. En travaillant ce rôle avec Patricia, j’ai été séduite par sa légèreté, son côté fantasque. Ce n’était pas une évidence dans l’écriture et c’était à moi de prendre en charge l’aspect drôle et léger des situations. Le film offre une vision du ISABELLEHUPPERT L’ESPRITLIBRE L’actriceseralaprésidentedujurydelaprochaine MostradeVenise.Ettientlehautdel’affiche de« LaprisonnièredeBordeaux »,lenouveau filmdePatriciaMazuy. PROFIL 1974 Premier grand rôle dans «Les valseuses», de Bertrand Blier. 1995 Deuxième coupe Volpi à Venise et premier César, en 1996, pour «La cérémonie». 2000 Tient le rôle principal de «Saint-Cyr», de Patricia Mazuy. 2009 Présidente du jury du Festival de Cannes. 2017 Deuxième César, pour «Elle». [SUITEPAGE8] DU 14 AU 21 AOÛT 2024 PARIS MATCH 7 monde assez désenchantée, même si on a l’illusion que les deux héroïnes vont réussir à en faire abstraction. Nous faire croire à l’utopie plutôt qu’à l’échec de leur rencontre, c’est la force du film. Quand nous l’avons présenté à Cannes, les gens ont beaucoup ri, ç’a été une très bonne surprise. “La prisonnière de Bordeaux” raconte une histoire de sororité qui se confronte au réel. C’est un sujet qui vous intéressait? On n’attend pas qu’elles se rencontrent mais elles sont face à un contexte particulier qui crée tout de suite une complicité. Elles sont toutes les deux femmes de détenus. La condition de la prison abolit le fossé social. Qu’on soit grande bourgeoise ou prolétaire, quand on se rend en prison pour voir son mari ou son frère, cela vous ramène à votre simple condition. Ça, c’est l’idée vraiment très forte du scénario de Pierre Courrège et de François Bégaudeau, rejoints par Émilie Deleuze. Vous avez déjà été en prison en tant que visiteuse? Oui, deux fois. La première fois, c’était à Strasbourg, dans une prison pour très jeunes femmes où j’avais présenté “Violette Nozière”, de Claude Chabrol. Cela a été une expérience assez hallucinante, c’était le choix du directeur de la prison. Quand on traverse le sas pour la première fois, on a vraiment l’impression de passer dans une autre dimension, de l’autre côté du monde. La seconde fois, c’était pour voir un spectacle de Claude Régy, en sa compagnie, “L’Ecclésiaste”, à Rennes dans une prison pour femmes aux peines lourdes. Écouter leurs réactions et partager leur émotion a été quelque chose d’extrêmement fort. Alma et Mina, elles, rendent visite à leurs maris, c’est encore autre chose. Le film “La cérémonie” de Claude Chabrol semble d’ailleurs une référence inconsciente. Ce sont deux films sur la lutte des classes. On retrouve dans le film de Patricia Mazuy quelque chose qui était présent dans les œuvres de Chabrol. Les tonalités comiques n’apparaissent pas forcément de la même manière, mais ses films naviguaient aussi entre la tragédie et la comédie, avec toujours un certain réalisme comme toile de fond. Il donnait à voir quelque chose d’implacable et faisait un pas de côté pour observer l’humanité. Il s’amusait à la regarder s’affronter, se déchirer, tels des insectes dans un bocal. Il laissait les choses arriver ou pas, comme des précipités chimiques. Cela rejoint aussi le cinéma de Michael Haneke, non? Les très grands cinéastes ont ce regard-là, un peu extérieur. Celui de Haneke est encore plus impitoyable. Et,justement,dèslalecture,avez-vousressenticetteprofondeur-là? Il y avait une attention aux dialogues, une ambition, disons, pas littéraire, mais un choix des mots, des phrases, qui étaient assez particulières. Je crois qu’on a réussi finalement à dire les choses pour qu’elles ne soient jamais banales. Il y a une scène magnifique, au bord de la piscine, quand vous prononcez les mots du jeune poète Pierre Butic… J’ai cru qu’on n’y arriverait jamais parce qu’il s’est mis à pleuvoir des cordes. Il faisait nuit, il fallait que je m’allonge à côté de la piscine. Mais finalement la pluie a créé quelque chose d’unique. Il valait mieux que je ne sache pas qu’il s’agissait d’un poème, parce que sinon je me serais dit: “Oh! c’est un poème, ça va forcément être déclamé!” Le fait que je sois allongée, que ce soit comme hors du temps, c’était comme une rêverie. Comment avez-vous accordé vos violons avec Hafsia Herzi? Hafsia a l’essentiel de ce qu’on peut attendre de quelqu’un avec qui on joue. Elle sait écouter. Dans ces cas-là, il y a une sorte d’entente, mais au sens premier du mot, une écoute. L’art du jeu, c’est l’art de l’écoute, autant que l’art de dire. Prendre en compte ce que dit l’autre. Ne pas être pressé de lâcher sa réplique. Ça signifie qu’on a compris ce qu’on vous dit. Cela fait exister l’autre d’une manière permanente et c’est ça que Hafsia sait faire. Et puis elle met en scène. C’est une personne singulière avec un univers très fort, une vraie cinéaste. Vous auriez aimé mettre en scène? Pas sûr. Peut-être par curiosité, parce que je suis très curieuse. J’aime savoir plein de choses, y compris sur moi-même ! Cela m’amuserait de découvrir ce qui sortirait de mon cerveau comme metteuse en scène plutôt que comme actrice. Mais ça demande tellement de patience, d’endurance. Et puis, il faut faire des choix. Ce n’est pas mon fort. Choisir, c’est renoncer. Vous avez expliqué que le Sud-Coréen Hong Sang-soo filmait la vie comme elle vient. C’est la méthode qui vous convient le mieux? Ce qui me convient, c’est de tourner avec Hong Sang-soo! C’est un immense cinéaste, j’ignore d’où vient son inspiration. J’ai fait trois films avec lui, c’était vraiment extraordinaire à chaque fois. Il n’y a pas de scénario et je ne sais toujours pas comment ça devient une histoire, comment ça devient un film. En fait, il y a juste des êtres humains, des interactions, des récits. Je n’ai jamais vu une telle dichotomie entre le peu de jours de tournage et le temps qu’il prend pour le faire. Ce n’est pas du tout impro«Hafsiaal’essentieldecequ’onpeut attendredequelqu’unavecquionjoue. Ellesaitécouter» Sortiele28août. Avec Hafsia Herzi. Les deux actrices étaient déjà réunies cette année dans «Les gens d’à côté», de Téchiné. PARIS MATCH DU 14 AU 21 AOÛT 2024 8 LASEMAINEDE Vous faites une différence entre le théâtre et le cinéma? Non, je n’ai jamais fait de différence, pour moi c’est exactement pareil. À l’exception peut-être de propositions plus abstraites comme justement chez Bob Wilson ou chez Romeo Castellucci. La phrase est alors avant tout musicale et échappe à la narration d’un récit classique. Il y a un théâtre réaliste et un théâtre qui l’est moins. Avec des propositions plus abstraites, plus stylisées. Vousavezprisénormémentderisquesauthéâtrecommeaucinéma. D’où vous vient cette volonté de toujours surprendre? C’est tout sauf ma volonté. Chaque nouvelle expérience est inédite, spontanée, un saut dans l’inconnu qui est vraiment excitant et exaltant. C’est à la fois un langage commun et tout le temps différent. Dans le cinéma, où qu’on soit, il y aura toujours une caméra. Pourtant, quoi de commun entre Hong Sang-soo avec son équipe de trois personnes et une superproduction américaine? Avez-vous conscience que votre filmographie concentrelemeilleurducinémamondialdecestrente dernières années? Le meilleur, je ne sais pas, ça m’a toujours paru normal, ça raconte un peu le cinéma, peut-être. J’aime aller d’un univers à un autre, d’un pays à l’autre. Mais je ne suis pas “Le guide du routard”! [Elle rit.] Le cinéma, ce sont des choix, des expériences, des miracles, dans des univers et des contextes parfois complètement étrangers au sens premier du mot. Ressentez-vous un vide entre deux projets? Je ressens plutôt de la nostalgie. À l’intensité succède la brutalité de la rupture. Les Américains ont trouvé la solution: à la fin de “La porte du paradis”, de Michael Cimino, personne ne s’est dit au revoir, comme si la fin n’existait pas. Le théâtre, c’est une autre histoire, c’est vraiment l’éphémère, c’est pour ça que j’aime faire des tournées, reprendre les spectacles dans des temps, des lieux différents. Justement,votreactualitéva-t-elleêtreprincipalementthéâtrale en 2025? Oui, je poursuis “Bérénice” un peu partout en Europe, puis il y aura “Mary Said What She Said” en Corée et à New York. Plus tard, “La ménagerie de verre” et “La cerisaie” en Chine. Poursuivre tous ces spectacles en tournée et si loin, c’est se donner l’illusion qu’ils sont éternels et qu’on ne va jamais cesser de les jouer. Consolation très illusoire! InterviewYannickVély SERENISSIMAÀVENISE L’actrice française sera dès le 28 août la présidente du jury de la Mostra de Venise, le grand rendez-vous cinéphile de la rentrée. Récompensée à deux reprises dans la Cité des doges, Isabelle Huppert est particulièrement impatiente de tenir ce rôle. «C’est toujours génial de découvrir les films de la manière la plus privilégiée. Découvrir le cinéma dans tous ses états, au double sens du mot, est une expérience unique… À Cannes, j’ai été jurée en 1984 et présidente en 2009. Je ne vois pas comment on peut être une présidente de jury tyrannique! Un jury, c’est quand même une petite démocratie.En principe,ce n’estpas encore unedictature, mais on peut vouloir être le plus convaincante possible. Et on peut aussi se laisser convaincre ou être prête à se laisser convaincre.» «Leplaisirdujeu vientdetoutce qu’onn’avaitpas prévu.C’est aussilepouvoir delavie» IsabelleHuppert visé. Il filme beaucoup, fait plein de prises. C’est très travaillé, tellement mis en scène qu’il ne fait pas des contrechamps dans tous les sens. Dans “A Traveler’s Needs” [Ours d’argent à Berlin, il sortira en janvier 2025, NDLR], j’interprète une étrange prof de français, mi-fée mi-sorcière, et le film s’interroge sur comment la langue nous réunit ou nous sépare. Il me place au cœur de cette interrogation-là. D’où qu’on vienne, comment se situe-t-on les uns par rapport aux autres? Pour vous, le jeu, par définition, c’est de l’improvisation? Oui, Bob Wilson me le dit tout le temps. Même si on a travaillé, élaboré, réfléchi à ce que nous allons jouer, au moment de le faire, l’invention triomphe. Le plaisir du jeu vient de là, tout ce qu’on n’avait pas prévu. C’est aussi le pouvoir de la vie. Pour atteindre ce niveau, il faut d’abord maîtriser à la perfection son texte, non? Il vaut mieux… mais pas forcément. Au théâtre, on ne peut pas faire autrement que de savoir son texte. Surtout si on dit des vers comme dans “Bérénice”, par exemple! Quand on joue de la prose, on peut toujours improviser. Sur “Bérénice”, c’est impossible! [Elle rit.] La prose, même dans Tchekhov, on peut toujours dire soleil à la place de lumière. Mais en vers, on ne peut pas. DU 14 AU 21 AOÛT 2024 PARIS MATCH 9 LA CRITI UE PARIS MATCH DU 00 MOIS 2022 10 LASEMAINEDE PARIS MATCH DU 14 AU 21 AOÛT 2024 NATHAN HILL VIE DE COUPLE Réussites et échecs d’un mariage américain au XXIe siècle. DeMarie-LaureDelorme Comment savoir ce qui est vrai? Les débuts sont enchanteurs. Nous sommes à Chicago, en 1993. Jack Baker est photographe artistique, Elizabeth Augustine est étudiante en psychologie. Deux solitaires. Ils habitent dans des immeubles voisins. Ils s’observent mutuellement, la nuit, à travers leurs fenêtres. Le coup de foudre a lieu dans un bar du coin. Froid glacial, bourrasques de neige, amour immédiat. Vingt ans passent. Mariage, enfant, travail. Ils décident d’acheter un appartement sur plan, en 2014, dans la banlieue chic de Park Shore. Là, tout explose. L’épouse exige une chambre séparée. Étaient-ils faits l’un pour l’autre? Dans «Bien-être», le romancier américain Nathan Hill, né en 1975 dans l’Iowa, raconte l’histoire d’un mariage au XXIe siècle. Il explore le temps (de l’enfance à l’âge adulte) et l’espace (des prairies du Kansas aux ruelles de Chicago). Le grand sujet du livre est la vérité. Elizabeth Augustine travaille pour la clinique du Bien-être. Elle est spécialisée dans les études sur les placebos et chargée de tester les effets sur la santé de produits nouveaux. Régimes bidons, cristaux mystiques. Quelles sont les frontières entre les remèdes réels et les traitements imaginaires? Nous baignons dans les fausses croyances. Jack Baker pense qu’il est responsable de la mort de sa sœur, en 1984, dans un incendie; Elizabeth Augustine se sent coupable d’appartenir à une riche famille amorale. On se pose alors la question: leur couple ne s’est-il pas aussi construit sur une fausse idée de la vie commune? Ils sont tombés amoureux du jour au lendemain, au milieu d’artistes soi-disant non conformistes. Elizabeth Augustine et Jack Baker sont, comme tout le monde, écartelés entre ce qu’ils aimeraient être et ce qu’ils doivent se contenter d’être. L’épouse lance à son mari: «Ne soyons pas si quelconques.» Quand ils se sont rencontrés, en 1993, à travers leurs fenêtres respectives, ils souhaitaient abolir l’espace entre eux. « Bien-être »,deNathanHill, éd.Gallimard,680pages,26euros. Vingt ans plus tard, emménageant dans leur nouvel appartement, ils parlent de suites parentales séparées. Elizabeth Baker étouffe dans son mariage. Elle n’a plus de désir pour son mari sans aspérités, et son fils unique multiplie les comportements inquiétants. L’auteur des «Fantômes du vieux pays» (éd. Gallimard, 2017) met en scène un couple de la classe moyenne américaine en pleine crise. D’un projet de partouze à un père complotiste, l’auteur réussit à peindre des hommes et des femmes névrosés, attachants, contradictoires. Dans un monde capitaliste, Nathan Hill interroge notre fascination insatiable pour les nouveautés dans tous les domaines, l’amour et la santé en tête. «Bien-être» est construit sur le temps long. Jack Baker et Elizabeth Augustine ont 40 ans. Ils courent déjà après leur jeunesse. Retrouver un corps svelte, retrouver le désir et l’amour, retrouver une ivresse de liberté. Le passé va bel et bien resurgir, sous forme de traumatisme. Jack Baker se revoit enfant anxieux aux prises avec une mère tyrannique dans les prairies du Kansas; Elizabeth Augustine se revoit fille d’une riche famille ayant construit sa fortune sur l’exploitation et le pillage. C’est justement ce passé-là qu’ils ont voulu fuir dans le couple. Leur mariage ressemble à un placebo. Nathan Hill met en scène notre besoin de croire, de trouver du sens à tout prix, d’entendre une histoire cohérente, d’avoir des certitudes. À ce prix-là, «rien» peut faire du «bien». Devant les Grandes Plaines du Midwest, où Jake Baker a grandi, les nouveaux spectateurs restaient étrangers à la poésie des prairies. Où sont les montagnes, les rivières, les forêts? Ils ne comprenaient pas la beauté de la monotonie. EXCLUSIF E LECHATFAITDUSPORT LematoudeGelucknousprouvequ’ilestunchampiontoutescatégories ! DU 14 AU 21 AOÛT 2024 PARIS MATCH 11 ETHANJAMESGREEN PRENDDATE Lephotographeaméricainaétéchoisipour réaliserletrèschiccalendrierPirelli. Enexclusivité,nousvousdévoilonslescoulisses decetteséancehorsnorme,àMiami. ParFrançoisLestavel C’est le moins pratique des calendriers au monde: faute de cases dédiées, impossible de noter le déjeuner chez mamie Anne le 10 janvier, l’anniversaire du petit Léon le 22 juillet ou le passage d’EDF le 8 septembre, à moins d’avoir une écriture en pattes de mouche. Et surtout une très bonne vue pour se relire. Ça tombe bien, ce n’est pas le but de l’objet arty qu’est The Cal depuis sa création, en 1964. D’ailleurs, qui aurait l’audace de couvrir de gribouillis aussi terre à terre les sublimes portraits signés Annie Leibovitz, Karl Lagerfeld, Richard Avedon, Helmut Newton, Patrick Demarchelier et autres stars du boîtier ? Pour se prémunir d’un tel crime, Pirelli a quand même évité de commercialiser son objet culte, pour le réserver à quelques privilégiés. Dernier en date, Ethan James Green, photographe américain de 34 ans, qui, bien sûr, connaissait l’objet mais n’avait pas la chance d’en posséder ne serait-ce qu’un seul. Il fallait bien l’immerger dans la tradition en lui envoyant une sélection des éditions les plus iconiques. Excusez du pneu. Autant dire que l’élu était aux anges. «C’était une surprise qu’on me choisisse, je pensais que, si ça se présentait, ça serait bien plus tard dans ma carrière ! » se réjouit l’intéressé, auteur jusqu’à présent de seulement deux livres, « Young New York» (2019) et «Bombshell» (2024). Mais celui dont la notoriété internationale va désormais être boostée est loin d’être ART Le photographe qui a eu l’honneur de mettre en boîte l’édition 2025 du calendrier Pirelli. LASEMAINEDE Séances de shooting entre studio et plage mythique à Miami. De g. à dr.: Vincent Cassel, l’actrice Hunter Schafer et la chanteuse italienne Elodie Di Patrizi. L’artiste Martine Gutierrez. un inconnu pour les magazines chics, puisque ses portraits ont déjà illustré «Vogue», «The New Yorker » ou « M le magazine du Monde ». Et les marques prestigieuses comme Louis Vuitton, Prada, Dior ou Fendi ont déjà eu recours à son talent, qui s’exprime souvent en noir et blanc. Pour l’édition 2025 du calendrier, le petit veinard a été invité à œuvrer sur le sable blanc de l’Historic Virginia Key Beach Park, à Miami. Deux séances de deux jours, sous le soleil exactement, étalées entre mai et juin, en toute confidentialité. Avec la crème des invités à immortaliser: de Simone Ashley («La chronique des Bridgerton») à l’artiste transgenre Martine Gutierrez, en passant par John Boyega («Star Wars») ou la Coréenne Jung Ho-yeon («Squid Game »). Avec de tels modèles, pas question pour Ethan James de jouer au petit dictateur. «Je voulais que tous se sentent à l’aise, explique-t-il. J’ai discuté avec chacun d’entre eux de ce qu’il voulait porter ou pas. On commençait par exposer le concept imaginé par la styliste Tonne Goodman [exrédactrice en chef du “Vogue” américain et figure incontournable de la mode, NDLR], les décors devant lesquels on avait envisagé de les faire poser. Le but, c’était d’impliquer tout le monde dans le projet en prenant en compte leurs suggestions.» Pas question non plus de se fâcher avec l’invité surprise, notre Vincent Cassel national. «Il voulait porter un pantalon et ne souhaitait pas dévoiler autant de son corps que les autres modèles, reprend James, donc on s’est débrouillés autrement. On a travaillé à l’instinct, en s’adaptant aux aléas du moment, sans perdre de vue notre but, qui était de célébrer la sensualité de façon respectueuse. Et d’inclure des personnes qu’on n’avait pas vues auparavant. On voulait revenir aux sources du calendrier Pirelli, tout en épousant la sensibilité d’aujourd’hui.» Bref, la tradition au service de la modernité, et vice-versa. Et un discours calibré pour Ethan James, qui promet que le résultat sera un objet beau, élégant, intemporel. La magie Pirelli opérant chaque année, voilà une des rares prophéties à laquelle on peut croire les yeux fermés. «Notrebut: célébrer lasensualité defaçon respectueuse» DU 14 AU 21 AOÛT 2024 PARIS MATCH 13 PERSONNALITÉS 14 LASEMAINEDE PARIS MATCH DU 14 AU 21 AOÛT 2024 TOUT LEMONDE ENPARLE RIHANNA SONTRUCENPLUMES AucarnavaldelaBarbade, lachanteusearboraitunlookétincelant, àfairepâlirdejalousieLadyGaga. ParChristopheCarrière Fidèle à sa terre natale, Rihanna participe dès qu’elle peut au Crop Over Festival, carnaval organisé chaque année dans les rues de Saint-Michel, à la Barbade, pour célébrer la fin des récoltes de canne à sucre. Le 5 août, parmi 15000 participants, la star a donc défilé tout en bijoux serpentant autour d’un corps post-maternité – qu’elle assume à la grande joie de millions de fans sur les réseaux sociaux –, un an après la naissance de Riot, le deuxième garçon qu’elle a eu avec le rappeur ASAP Rocky. « Shining bright like a diamond» («Étinceler comme un diamant», en version française), chante-t-elle. Des paroles brillamment illustrées. FESTIVAL TÉLÉVISION LESJUGNOTETFLORENCEPERNEL FONTSOURIRERAMATUELLE QuaranteansqueleFestivaldeRamatuelleexisteetdix-septqueMichel Boujenah en est le grand ordonnateur (après Jean-Claude Brialy, qui en était, avecJacquelineFranjou,l’initiateur).C’estl’événementestivalimmanquableoù concerts et pièces sont donnés dans un théâtre en plein air face à la mer.Ainsi, GérardJugnot,sonfilsArthuretFlorencePernelsontvenusjouerle6 août«Le jour du kiwi», de Laetitia Colombani, devant plus de mille spectateurs. Le 12, MichelBoujenahacloslamanifestationavecsonspectacle«Adieulesmagnifiques». À tout seigneur, tout honneur. THOMASBOURGUIGNON L’ÉPOPÉED’UNERÉCONCILIATION Le 8 juillet 1982, la France perd contre la RFA lors de la demi-finaledelaCoupedumondedefootball,entachéeparuneviolenteagression impuniedugardienallemandSchumachercontreleFrançaisBattiston.Ceux quiontvécucematchs’ensouviennentcommesic’étaithier,telThomas Bourguignon, producteur de «Baron noir», aujourd’hui auteur-réalisateur delasériefantastico-policière«Ouija,unétémeurtrier»(àpartirdu15 aoûtsurFrance 3),quiracontecettemauditesemaine au sein d’Utelle, un village provençal dont les jeunes accueillent alors des correspondantsallemands.«Ilyavait,àl’époque,unclashcultureltrèsfort entre les deux pays, rappelle Thomas Bourguignon.Et je voulais raconter, à travers deux époques précises, l’épuration en 1944 et cet été 1982, et trois générations,qu’il n’y avait pas forcément que de bons Français d’un côté et de méchants Allemands de l’autre.» Une remise en perspective empreinte de suspense qui devrait passionner tout le monde. Arthur et Gérard Jugnot aux côtés de Florence Pernel. Thomas Bourguignon sur le tournage de «Ouija, un été meurtrier».
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