GP RACING n°43 - Page 5 - 43 ÉDITO l n’a pourtant pas son nez, mais le panache dont fait preuve Fabio Quartararo depuis le début de saison plairait à n’en pas douter à Cyrano de Bergerac... Même sa dernière action lors du dernier GP des Pays-Bas, décriée par bien des commentateurs, cette attaque osée sur Aleix Espargaro en début de course, jugée inopportune et surtout précipitée, aurait ravi à coup sûr le grand homme, fier et généreux. Et elle l’aurait ravi au moins à deux titres. Le premier, parce que comme lui, on peut considérer qu’il n’est pas de belle action dans la retenue. Puis également parce que si cette attaque a échoué cette fois, elle aurait pu tout autant réussir, et que la glorieuse incertitude du sport s’écrit dans les virages d’Assen comme dans ceux de Barcelone, du Sachsenring ou de Doha. Ça n’est pas passé, non, mais cet engagement témoigne de la confiance qui anime le Français cette saison, tout autant que l’honnêteté de ses déclarations d’avant-course où il répète à l’envi ne pas penser au championnat mais à la course présente, roulant sans calculatrice mais avec appétit et implication. Une méthode qui non seulement fonctionne, mais aussi façonne la carrure du nouveau Fabio Quartararo, impressionnant toujours un peu plus ses adversaires, course après course. Le second parce qu’en éperonnant (sans le couler) Aleix Espargaro, Fabio a permis à son rival espagnol de se révéler pour de bon aux yeux de tous. Envoyé dans le bac à gravier dont il s’est extrait sans autre dommage que du temps perdu, l’officiel Aprilia a enclenché la surmultipliée pour grignoter secondes et positions, plaçant un ultime freinage venu d’ailleurs pour déborder, en toute maîtrise, dans le dernier virage du circuit et de la course, le duo Binder/ Miller médusé. Dans sa remontée et cette dernière manœuvre, Espargaro est entré dans une nouvelle dimension, montrant à tous de quel bois il était vraiment fait. Si, vu depuis notre Hexagone – fenêtre forcément un peu chauvine –, on espère que Quartararo pourra en fin de saison le «rompre», on sait déjà qu’Aleix ne pliera pas. Une interrogation que l’on peut légitimement se poser concernant Alvaro Bautista, solide leader comptable du championnat du monde Superbike. Une vista impeccable en action, et une avance telle sur Rea et Razgatlioglu qu’on l’imaginerait logiquement lancé sur la voie royale. Pourquoi employer le conditionnel alors ? Parce qu’un précédent le concernant nous fait encore douter... Ce précédent, c’est l’année 2019 où, déjà officiel Ducati, et déjà en maîtrise totale, l’Espagnol avait dominé de la tête et des épaules la première partie de saison avant de sombrer littéralement dans la seconde. Aura-t-il appris de ses erreurs ? Saura-t-il gérer la pression d’un sacre mondial lui semblant promis ? Face à une main qui tremble, Cyrano lui aurait conseillé de jouer sa carte personnelle... « Du panache, encore du panache, toujours du panache ! » Espace Clichy, immeuble Agena 12 rue Mozart 92587 Clichy Cedex. Tél : 01 41 40 32 32. Fax : 01 41 40 32 50 Espace Clichy 12 rue Mozart 92587 Clichy Cedex. Tél : 01 41 40 32 32 Pour joindre votre correspondant, composez le 01 41 40 suivi du numéro de poste qui figure à la suite de son nom. Président du Conseil de surveillance Patrick Casasnovas Présidente du Directoire Stéphanie Casasnovas Directeur général Frédéric de Watrigant Éditeur Philippe Budillon ..................................+ 32 00 Rédacteur en chef Thierry Traccan.....................................+ 31 89 Rédacteur Jean-Aignan Museau Directeur artistique Olivier Mallardeau ................................+ 34 37 Secrétaire de rédaction Julie Elmoznino..................................... + 31 81 Ont collaboré à ce numéro Michel Turco (LBSM) • Valentin Roussel • Alexis Delisse • Thomas Morsellino Responsable de la photogravure Béatrice Ladurelle Publicité Chef de publicité Guillaume Khemache.......................... + 32 07 Assistante : Émilie Gonin ...................+ 32 16 Service abonnements - GP Racing 45 avenue du Général Leclerc 60643 Chantilly Cedex Tél. : 03 44 62 43 79 e-mail : abo.lariviere@ediis.fr Tarifs France : 5 numéros : 39 € Autres pays & par avion......+33 3 44 62 43 79 Directeur des abonnements Nicolas Guidarini ...................... 01 41 40 34 47 Service des ventes/chef de produit (réservé aux diffuseurs et dépositaires) : Emmanuelle Gay....................... 01 41 40 34 99 Directrice de la publication & Responsable de la rédaction Stéphanie Casasnovas GP Racing est une publication des Éditions Larivière, Société par Actions Simplifiée au capital de 3 200 000 euros. 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WARM-UP Grand angle..................... 006 Chiffres.............................012 Le casque de Marquez.......014 Marco Bezzecchi en 10 points..016 Confidences .....................018 News .............................. 020 MOTOGP Temps fort MotoGP...............024 Un quasi sans-faute pour Fabio Quartararo Temps fort Moto2 ..................034 Le match à deux est lancé Temps fort Moto3 ..................040 Il ne pourra en rester qu’un Une MotoGP à la loupe..........044 La Suzuki nous manque déjà ! Story Fabio Quartararo...........048 Retour sur les années Conti La nouvelle vie de Rossi..........056 C’est désormais sur quatre roues qu’elle se passe Portrait Danilo Petrucci............064 MotoGP, Superbike, Dakar... Danilo l’éclectique 20 ans de Ducati en MotoGP..070 Premier épisode de la saga italienne Rencontre Zarco/Bayle...........078 On a pris la roue du pilote et de l’entraîneur 004 /GPRACING - Septembre-Octobre-Novembre 2022 #4343GP RACINGGP RACING #43 SEPTEMBRE-OCTOBRE-NOVEMBRE 2022 p. 024p. 024 p. 096p. 096 004 /GPRACINGP - Septembre-Octobre-Novembre 2022 005Septembre-Octobre-Novembre 2022 - GPRACING / TÉLÉCHARGEZ L’APPLICATION Tous les trois mois, retrouvez l’édition digitale de votre magazine sur votre smartphone ou tablette Temps fort Supersport............. 110 Aegerter au-dessus du lot Rencontre Samuel Di Sora....... 116 Le jeune Français en lutte pour le titre 300 ENDURANCE Retour sur les 24H de Spa......122 La classique ardennaise se mérite toujours Suzuki quitte l’EWC..................126 Le SERT dans la tourmente RÉSULTATS MotoGP, WSBK, etc............130 Tous les chiffres jusqu’au Grand Prix des Pays-Bas CHAMPIONNAT FSBK Focus...................................134 Martin Renaudin challenge les cadors GP Racing dans la course...... 140 Les jeunes pousses aiguisent leurs crocs TECHNIQUE & TEST KTM 890 Duke R................. 144 Un roadster GP Racing préparé pour le Bol d’Argent BONUS GP RACING Truck de course ......................154 Visite du camion d’Alex Design Décrypte-moi un circuit.......160 Le circuit de Spa à la loupe Wonder Woman...................162 Mathilde Poncharal, attachée de presse chezTech3 p. 048p. 048 p. 070p. 070 p. 122p. 122 p. 102p. 102 Ce numéro comporte un encart abonnement broché sur la diffusion kiosque p. 122p. 122 p. 144p. 144 159 ABONNEZVOUS page p. 056p. 056 I BELIEVE I CAN FLY... Il aurait préféré ne pas y croire, et c’est pourtant haut (et loin) dans les airs que s’est envolé Alex Rins lors du départ du GP de Barcelone. Une bévue de Nakagami – trop optimiste au freinage – dont la Honda percutera la Suzuki de Rins, tandis que le casque du pilote japonais viendra heurter le pneu arrière de Bagnaia qui tombera à son tour quelques instants plus tard. Espargaro et Quartararo, devant à cet instant, s’en tireront, eux, sans dommage... © Gold and Goose GRAND ANGLE 006 /GPRACING - Septembre-Octobre-Novembre 2022 LA CHENILLE DEVIENT PAPILLON Transparent depuis le début d’une saison 2022 qu’il attaquait en tant que rookie, on aurait pu imaginer Fabio Di Giannantonio ne faire qu’un petit tour dans la catégorie reine des MotoGP. Mais au Mugello, le jeune Italien a signé une fantastique pole position, au nez et à la barbe de tous les cadors de la catégorie. Depuis, le pilote Ducati/Gresini enregistre des résultats intéressants. De quoi lui donner de vrais espoirs pour la suite. © Gold and Goose GRAND ANGLE 008 /GPRACING - Septembre-Octobre-Novembre 2022 010 /GPRACING - Septembre-Octobre-Novembre 2022 GRAND ANGLE STOP OU ENCORE ? «Stop», c’est ce qu’a annoncé l’usine Suzuki à l’équipe mancelle historiquement liée à la marque japonaise. «Encore», c’est ce que le SERT a en tête : continuer avec son partenaire Yoshimura à se battre dès 2023, et à gagner, en championnat du monde d’endurance. © Jean-Aignan Museau NEWS EN CHIFFRES Auteur d’un début de saison brillant, le team Suzuki Ecstar a totalement sombré suite à l’annonce de son retrait du MotoGP en fin de saison. Alors qu’ils pointaient dans le haut du classement provisoire avant le Grand Prix de France, Alex Rins (photo) et Joan Mir ont ensuite enchaîné les résultats blancs avec seulement six points inscrits en 5 courses pour le premier et 21 points pour son coéquipier Mir. Des résultats qui ont fait plonger la marque à l’avant-dernier rang du classement constructeurs, juste devant le team Honda, également en difficulté. En baisse : Suzuki Ecstar En hausse : Augusto FernandezLégèrement en deçà de ses attentes sur les premières courses, Augusto Fernandez a fini par trouver ses marques chez Ajo et passer la surmultipliée à partir du Grand Prix de France. Vainqueur au Mans, l’Espagnol est également monté sur le podium en Catalogne avant de s’imposer à nouveau en Allemagne et aux Pays-Bas. De quoi franchir le cap de la mi-saison à égalité de points avec le leader du classement provisoire, Celestino Vietti, et aborder la seconde moitié du championnat en pleine confiance. 17 1982 En n’inscrivant pas le moindre point lors du Grand Prix d’Allemagne pour aucune des RCV engagées, Honda a mis fin à une série de 40 ans. Il faut en effet remonter au GP de France 1982 (qui avait été boycotté par une grande partie des équipes) pour trouver trace d’une feuille de résultats sans la moindre Honda dans les points. Soit le nombre de courses d’affilée avec au moins une Ducati sur le podium (série en cours). Un record que la marque italienne entend bien battre dès le retour des MotoGP en piste à Silverstone. Soit l’écart, à l’arrivée du Grand Prix d’Italie MotoE, entre Dominique Aegerter et Marc Alcoba qui ont coupé la ligne rigoureusement en même temps. Les deux hommes n’ont pu être départagés par la photo finish et c’est donc le meilleur tour en course du pilote suisse qui a fait la différence ! 012 /GPRACING - Septembre-Octobre-Novembre 2022 Avec 57 Grands Prix Moto3 au compteur au cap de la mi-saison,Ana Carrasco est devenue la femme comptant le plus de départs en championnat du monde de l’histoire.57 À 18 ans et 4 jours au moment de sa victoire au Mugello, Pedro Acosta a décroché un nouveau record de précocité en devenant le plus jeune vainqueur de la catégorie intermédiaire. Il détrône ainsi un certain Marc Marquez... En s’imposant lors de la course Superpole à Estoril, Jonathan Rea a battu un nouveau record en Mondial SBK détenu jusque-là par Noriyuki Haga. Il s’est en effet écoulé 12 ans, 11 mois et 1 jour entre sa première victoire à Misano en 2009 et ce succès au Portugal ! Et vu la forme du pilote Kawasaki, on a toutes les raisons de penser qu’il ne s’arrêtera pas là. Soit, en km/h, la vitesse atteinte en course par la Ducati Desmosedici de Jorge Martin au Grand Prix d’Italie au Mugello. Le nouveau record de vitesse absolue d’une MotoGP sur circuit. John McGuinness est devenu, à 50 ans, le 5e pilote de l’histoire du Tourist Trophy à passer le cap des 100 départs lors de l’édition 2022. Un chiffre étourdissant alors que Michael Dunlop a, lui, décroché sa 21e victoire sur la mythique épreuve de l’île de Man, à 5 unités du record absolu de son oncle, Joey. 363,6 Par Alexis Delisse. Crédits photos DR. 18 12 100 HEAUME SWEET HEAUME 14 /GPRACING - Septembre-Octobre-Novembre 2022 SHOEI X-SPR-PRO MARQUEZ 2022 RODAGE À TERMINER D ernière mouture du fer de lance de Shoei en matière de casques de course, le X-SPR-Pro a déjà reçu sa livrée propre à Marc Marquez. Reprenant le thème favori de l’octuple champion du monde – la fourmi, symbole du travail incessant –, le remplaçant du X-Spirit 3 a été particulièrement amélioré sur le plan de l’aérodynamisme, avec des appendices encore mieux intégrés dans le design du casque. L’unique course où Marc l’a porté est pour l’instant le GP d’Italie qu’il a terminé en dixième position. Une version replica est prévue sans que Shoei n’avance pour l’instant de date de commercialisation. du fer de lance QUEZ 2022 10 CHOSESÀ SAVOIR SUR MARCO BEZZECCHI 016 /GPRACING - Septembre-Octobre-Novembre 2022 MÉMO 1 2 5 6 3 7 8 4 9 Marco Bezzecchi est né le 12 novembre 1998 à Rimini, région prolifique pour le sport moto italien. Il a deux sœurs, Laura et Silvia. Champion Moto3 en CIV en 2015, Marco dispute sa première saison complète en Grands Prix en 2017 sur une Mahindra du team CIP. Il monte sur son premier podium en fin de saison au Japon. L’année 2018 est celle de la révélation avec KTM pour celui que l’on surnomme «Bez» et qui va monter sur 9 podiums, dont 3 victoires, pour terminer à la troisième place du championnat. Sa première saison en Moto2 chez Tech3 s’avère plus compliquée que ce qu’il avait espéré avant de rejoindre le team Sky VR46 et de décrocher 14 podiums et 3 victoires en deux ans. De quoi voir s’ouvrir les portes du MotoGP au sein du team de Valentino Rossi. À 23 ans et pour sa première saison en catégorie reine au sein d’un plateau ultrarelevé, Bezzecchi monte sur son premier podium juste avant le cap de la mi-saison avec une magnifique deuxième place à Assen derrière son compagnon de la VR46 Academy, Francesco Bagnaia. Sans doute inspiré par la célèbre bataille entre son mentor, Valentino Rossi et Casey Stoner à Laguna Seca en 2008, Marco rêve de courir un jour sur le tracé californien. Si le football est roi en Italie, c’est le skate-board et le snowboard qui le passionnent en dehors de la moto. Il est d’ailleurs un grand fan de Shaun White. Si Marco a dû céder son numéro 12 fétiche à son arrivée en Moto2 puis en MotoGP, nul doute qu’il cherche à le récupérer dès que l’occasion lui sera donnée. Pour preuve : il se l’est fait tatouer sur les mains ! Marco est l’heureux propriétaire d’un adorable pitbull, nommé Rubik ! S’il devait être sacré champion du monde MotoGP un jour, il a promis d’effectuer son tour d’honneur en sous-vêtements. 10 Par Alexis Delisse. Photos DR. 018 /GPRACING - Septembre-Octobre-Novembre 2022 CONFIDENCES ILS ONT DIT...« Avec les réseaux sociaux, tout a changé. Vous êtes constamment observé. Dans les contrats que vous signez avec les marques, il est écrit ce que vous pouvez dire et ce que vous ne pouvez pas dire. C’est un peu comme être en prison. » Leon Haslam « Il faut que l’on travaille sur l’équilibre du châssis de la KTM, qui est l’un de nos principaux problèmes. On continue à beaucoup utiliser les pneus durs à l’avant et nous sommes en grande difficulté quand, à cause de l’allocation de pneus, on ne peut pas utiliser de gommes plus dures que les autres. » Dani Pedrosa « L’irrégularité avec laquelle les pénalités sont appliquées par le panel des commissaires FIM MotoGP au cours de cette saison 2022 porte atteinte à l’équité du MotoGP et à la confiance accordée aux compétences des commissaires. » Lin Jarvis « Pour 2024, nous sommes capables d’entrer en discussion avec n’importe quelle marque et équipe. Mais encore une fois, ça sera seulement pour un guidon d’usine. Sans quoi, il restera où il est. » Kenan Sofuoglu concernant Toprak Razgatlioglu « Aujourd’hui, si vous êtes petit et léger, vous avez un avantage. Mon problème l’année dernière se situait dans les lignes droites, et ce handicap de deux ou trois dixièmes, c’est quelque chose que vous ne pouvez plus vous permettre en MotoGP aujourd’hui. Si vous pesez 10 kg de moins, vous pouvez avoir 2 dixièmes d’avantage en ligne droite, ce qui, dans une course de 20 tours, représente 4 secondes à l’arrivée. Je pense que la bonne chose à faire serait d’instaurer un poids minimum pour l’ensemble pilote/moto, comme en Moto2 et en Moto3. » Danilo Petrucci
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