BIEN-DIRE n°152 - Page 6 - 152 Contactez-nous au +33 (0)4 78 30 88 49 ou scannez ce code Le numérique avec audio à partir de 15€/an par apprenant* www.biendire.com *Conditions : Tarif valable pour un minimum de 5 abonnements «apprenant» associés à un abonnement «enseignant» actif • Un fonds documentaire sur l’actualité et la culture francophones. • Des outils langagiers variés. • Des audios de qualité adaptés au niveau. • Des exercices en ligne et imprimables. Animez vos cours de FLE avec : E x i s t e e n version imprimée et/ou nu m é r i q u e Qu’est-ce qui pousse certaines et certains d’entre nous à tout quitter pour partir à l’aventure? L’attrait pour des horizons lointains, l’inattendu, la quête de soi-même, l’exploit, les rencontres? De tout temps, des femmes et des hommes ne se contentent pas de rêver d’ailleurs mais partent explorer la planète. Pour ce premier numéro de l’année, nous vous invitons à rencontrer des aventurières et aventuriers francophones. Les femmes ne sont pas les dernières à se dépasser pour poser un regard différent sur le monde qui nous entoure. Mais est-il nécessaire de partir très loin pour tenter cette expérience? Non, car l’aventure peut aussi se vivre près de chez soi. En France métropolitaine, il suffit de passer une des frontières pour se retrouver dans un pays étonnant à plus d’un titre. Outre le fait qu’on y parle quatre langues, il possède deux capitales : l’officielle (Berne) et l’autre, mondialement connue pour héberger plusieurs organisations internationales. Il s’agit de Genève, que nous vous proposons d’explorer au fil de ces pages. Bonne lecture et bon début d’année 2024! Pascale H. Roche, rédactrice en chef LANGUE oBc LES DIX MOTS p. 11 10 mots de Suisse romande oc SOYONS CURIEUX p. 28 La Suisse, pays surprenant pb LA BOÎTE À OUTILS p. 29 Motiver et encourager quelqu’un +pbB CONVERSATIONS p. 32-33 PRATIQUES S’engager dans le bénévolat Bc LE SAVIEZ-VOUS? p. 36-37 Entre le courage et la peur Bc SUR LE BOUT p. 38-39 DE LA LANGUE Les mots voyageurs pbBcC LA RONDE DES MOTS p. 41 CULTURE +bB SOUS LES SPOTS p. 12-13 La Société des explorateurs français +B L’HISTOIRE EN MARCHE p. 14-16 Alexandra David-Néel et Ella Maillart ocC UN ARTISTE, UNE ŒUVRE p. 30-31 Nicolas Bouvier, L’usage du monde opB CUISINE & GASTRONOMIE p. 44-45 Spécialités genevoises obB CULTURE D’HIER p. 46 Le jet d’eau de Genève b CULTURE D’AUJOURD’HUI p. 47 Festivals et aventure obBcC QUIZ p. 48 ACTUALITÉS pbB LES INFOS p. 4-5 +pb SOCIÉTÉ p. 8-9 Le tourisme solidaire +B AU QUOTIDIEN p. 17 Les associations 1901 +pb LE COIN ÉCO p. 34-35 Le volontourisme pB QUOI DE NEUF? p. 42-43 pB QUELQUES CHIFFRES p. 43 RENCONTRES +pB PORTRAIT p. 6-7 Eliott Schonfeld, l’amoureux du vivant ob ICI ET AILLEURS p. 10 Corinne, Genevoise d’adoption pb L’INTERVIEW p. 20-22 Linda Bortoletto, exploratrice VOYAGE op B DESTINATION p. 18-19 FRANCOPHONIE Genève, une ville impliquée oB DÉCOUVERTE p. 24-27 Genève, heure par heure Le tourisme solidaire p. 8 © E.SCHONFELD/PAYOT Eliott Schonfeld p. 6 p. 38 Les mots voyageurs p. 24 Genève © DR/Preus Museum p. 14 Alexandra David-Néel Crédit photo de couverture : © Triff/Shutterstock.com bien-dire n° 152 janvier-février 2024 ÉDITO SOMMAIRE Ce symbole indique que l’audio est disponible en CD ou en téléchargement sur biendire.com Le numéro de la piste audio est intégré au symbole. Ce symbole indique que l’article concerne la francophonie. Ce symbole indique les exercices en ligne de sur www.biendire.com/my-books Les niveaux attribués à chaque article suivent le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR) : B1 : Intermédiaire B2 : Intermédiaire fort C1 : Avancé C2 : Avancé fort Niveaux Bien-dire n°152 janvier-février 2024 3 SYMBOLES Les DAB en recul Le nombre de distributeurs automatiques de billets poursuit sa baisse en France métropolitaine : l’an dernier, il y en avait 3,4% de moins sur tout le territoire, soit 12% de moins depuis 2018. Fin 2023, trois importantes banques françaises (BNP Paribas, Crédit Mutuel Alliance Fédérale et Société Générale) ont décidé de mettre en commun leurs distributeurs de billets pour réduire leurs coûts de fonctionnement, dans un projet qui sera totalement déployé fin 2025. Le nombre de DAB diminue surtout dans les grandes villes les plus peuplées et les mieux équipées. En zone rurale, ce nombre a plutôt tendance à augmenter. Aujourd’hui, 80 % de la population se trouve à moins de cinq minutes en voiture du distributeur le plus proche. n être en recul to be decreasing un distributeur automatique cashpoint, ATM une baisse decrease soit (here) or les coûts de… operation costs ... fonctionnement (masc.) © RVillalon/Shutterstock.com La France manque de bras La réindustrialisation de l’Hexagone* est devenue une priorité depuis que la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine ont mis en lumière la dépendance du pays dans de nombreux secteurs vis-à-vis de l’étranger. Oui, mais voilà : le nombre d’emplois industriels vacants (environ soixante mille) a été multiplié par trois entre 2017 et 2022. Seul un jeune formé sur deux finit par travailler dans l’industrie. Les raisons en sont multiples : l’inadéquation géographique (les candidats ne sont pas dans la même région que les offres d’emploi), des salaires peu attractifs par rapport à des conditions de travail parfois très difficiles physiquement et un déficit d’image de certaines entreprises. n * Nom donné à la France métropolitaine en raison de sa forme. manquer de bras to be short-staffed mettre en lumière (here) to reveal vis-à-vis de (here) with regards to l’étranger (masc.) abroad formé (here) trained par rapport à (here) compared to Centenaire olympique 1924 a été une authentique année olympique, puisque la France a accueilli les premiers Jeux olympiques d’hiver (à ChamonixMont-Blanc) et les septièmes Jeux olympiques d’été de l’ère moderne (à Paris). Cette année marque donc le centenaire d’un événement particulièrement historique. En effet, l’édition 1924 fut* la dernière de Pierre de Coubertin en tant que président du Comité international olympique, et la première à être médiatiquement couverte pour le monde entier en direct à la radio. On retient de ces jeux les trois médailles d’or de Johnny Weissmuller (le futur Tarzan d’Hollywood) et la conquête de la gloire pour deux athlètes britanniques, qui inspira bien plus tard le film Les Chariots de feu. n * «Être» au passé simple, le temps littéraire du passé. en effet indeed en tant que as retenir (here) to remember © DR Bien-dire n°152 janvier-février 2024 4 LES INFOS ACTUALITÉS Article de Waléry Doumenc Bretagne et partage La Bretagne compte deux cent cinquante SCOP (Société coopérative de production) et SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif). Cela représente près de quatre mille quatre cents employés qui sont sociétaires et détiennent donc pouvoir et capital dans l’entreprise. La région occupe la première marche du podium national, loin devant les Pays de la Loire et la Normandie. Depuis la loi PACTE (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) du 22 mai 2019, l’actionnariat salarié plaît de plus en plus, et le succès de l’objectif initial (10 % du capital des entreprises françaises détenu par les salariés d’ici à 2030) semble bien parti, surtout du côté de la région bretonne. n un sociétaire member la loi law la croissance growth l’actionnariat salarié employee ownership © Dusan Petkovic/Shutterstock Succès du congé paternité Introduit en 2012 dans le but de resserrer les liens père-enfant, de favoriser l’égalité professionnelle femme-homme et d’équilibrer les tâches familiales, le congé paternité (rallongé en 2021 à vingt-cinq jours) semble être définitivement entré dans les mœurs. La DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) a publié cette année une étude confirmant cette tendance à la hausse entre 2013 et 2021 : la proportion des pères qui ont pris ce congé est passée de 68% à 71%, et c’est surtout du côté des travailleurs indépendants que l’augmentation est la plus évidente, même s’ils ne sont encore que 46% à y avoir recours. n le congé paternité paternity leave resserrer les liens to strengthen ties entrer dans les mœurs to be part of society life à la hausse on the rise Dette nucléaire De 1966 à 1996, la France a effectué cent quatre-vingt-treize essais nucléaires en Polynésie française, sur les atolls de Mururoa et de Fangataufa. De nombreuses personnes ont été victimes des retombées radioactives. Depuis sa création en 2010, le Civen (Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires) a enregistré près de deux mille trois cents demandes d’indemnisation, dont trois cent vingt-huit nouvelles demandes en 2022, le nombre annuel le plus élevé depuis 2010. Les associations de défense des victimes déplorent que seuls 53% des dossiers soient acceptés et que l’indemnisation soit insuffisante. Elles demandent que la liste des cancers reconnus soit élargie. n des retombées (fém.) (here) fallout une indemnisation compensation un dossier file, case Permis à 17 ans Depuis début janvier, les jeunes Français peuvent passer leur permis de conduire dès l’âge de 17 ans. L’âge légal pour conduire est donc abaissé d’un an pour, entre autres, favoriser l’accès à l’emploi des jeunes en apprentissage. L’aide de 500 euros déjà versée aux apprentis pour financer leur permis sera également élargie aux élèves des lycées professionnels. La France rejoint ainsi des pays comme l’Islande, l’Irlande, la Slovaquie et le Royaume-Uni, où il n’est pas nécessaire d’attendre sa majorité pour passer le permis. n le permis (de conduire) driving license dès as soon as abaissé lowered versé (here) given un lycée professionnel vocational school passer le permis to take your driving test 2-8 Bien-dire n°152 janvier-février 2024 5 I l ne faut pas se fier à sa voix d’adolescent espiègle ni à son look aux antipodes de celui d’un baroudeur : le benjamin de la Société des explorateurs français n’a rien à envier à ses aînés. Quitter la ville Comme Eliott est un collégien parisien plutôt remuant, ses parents décident de l’envoyer au vert, dans un lycée en Normandie. Il étudie ensuite pendant six mois en maths sup, mais rester assis toute la journée lui donne la bougeotte : «J’avais bien conscience d’avoir pris brutalement une sortie d’autoroute sans savoir où elle allait me mener. J’ai repensé à ma sœur aînée, qui avait fait un break d’un an en Australie après son bac. Je me suis dit que j’allais faire pareil. J’ai travaillé pour me payer mon billet d’avion et je suis parti!» L’aventure par accident À 19 ans, il débarque sur un continent inconnu, dans l’idée de traverser l’île Fraser, la plus grande île de sable du monde. Il pense l’endroit suffisamment touristique pour y trouver des épiceries et un certain confort sur sa route. Il n’en est rien, et il doit survivre pendant une semaine avec pour seule nourriture un paquet de pain de mie, un pot de Nutella et un sachet de pâtes crues : «Ce qui aurait pu être un désastre a été une révélation : jamais je ne m’étais senti aussi vivant que dans cette nature sauvage là.» Eliott l’explorateur Il traverse ensuite l’Islande à pied pendant dix-sept jours : «400 km sans accrocs. Cette réussite m’a donné suffisamment confiance en moi pour me dire que ce que je voulais, c’était devenir explorateur.» Mais pas seulement. Il filme aussi ses expéditions et les raconte dans des livres. Les glaciers d’Islande, le désert de Gobi, l’Alaska, la chaîne de l’Himalaya, l’Amazonie : il aborde pendant de longs mois ces contrées sauvages à pied, en canoë, à cheval, en chiens de traîneau ou sur un radeau, guidé par sa soif de comprendre la nature et de témoigner de sa destruction par l’homme. Eliott Schonfeld, l’amoureux du vivant Aventurier, écrivain et réalisateur, ce jeune homme de 31 ans a déjà effectué de longues expéditions aux quatre coins du monde. un réalisateur director se fier à (here) to judge by espiègle mischievous aux antipodes de differing sharply from un baroudeur adventurer un collégien secondary school student remuant restless, overactive au vert in the countryside la bougeotte (here) wanderlust le bac secondary school final exam faire pareil to do the same cru (here) uncooked un accroc (here) problem, hitch la réussite success la confiance en soi self-confidence aborder (here) to take on une contrée land en chiens de traîneau by dogsled un radeau raft la soif thirst témoigner de to testify to © E.SCHONFELD/PAYOT © PAYOT BIO EXPRESS 11 septembre 1992 : naissance à Paris; 2015 : publication de Nomades ; 2016 : publication de Seul en Alaska ; 2020 : plus jeune membre de la Société des explorateurs français; 2020 : publication de Comment survivre à l’attaque d’un ours et autres aventures. Bien-dire n°152 janvier-février 2024 6 Article de Waléry Doumenc PORTRAIT RENCONTRES L’art de la vie Pour Eliott, «un monde sans exploration possible serait un monde vide. Vide de sens, vide de vie. Tant que les explorateurs pourront exercer leur métier, rien ne sera tout à fait perdu». Sa devise, «Voyager pour vivre et vivre pour voyager», lui permet d’observer la faune sauvage et de réapprendre à «vivre surTerre»,enharmonieaveclanature,biensûr,mais aussi d’«essayer de renouer avec des connaissances que l’homme a connues et expérimentées 99,9 % de son histoire». Pour aborder les chaînes de l’Himalaya, à 25 ans, il vise «l’autonomie absolue» et abandonne tout objet issu du monde «moderne», mis à part sa caméra. Critique unanime Ses films comme ses livres sont salués par la critique, tant Eliott affiche une fraîcheur et une philosophie de vie pleine d’esprit. Mais son espoir secret est bien plus modeste que la conquête d’une gloire éphémère : s’il pouvait encourager l’humain à changer ses modes de vie consuméristes et à prendre conscience de la fragilité du monde sauvage, il réussirait sans aucun doute la plus belle mission de sa vie : «Trouver un accomplissementdanscequidemeureànotreportée, l’amour, l’amitié, la réflexion, la contemplation. Voilà les seules choses qui comptent pour une vie substantielle et heureuse.» Parcourir la cordillère des Andes, descendre tout le fleuve de l’Amazonie en canoë, traverser l’Antarctique à pied, Eliott a encore plein de quêtes en tête. La dernière? Survivre nu, avec juste un couteau, pendant plusieurs mois, sans aucune assistance, sur une île déserte du Pacifique Sud. En témoignant sans cesse que «l’aventure, c’est l’amour du vivant», Eliott Schonfeld passe du cœur aux actes et séduit sans ambages l’aventurier qui sommeille en chacun de nous. n © Eliott Schonfeld/PAYOT Eliott Schonfeld en Amazonie En 1949, Raymond Maufrais, ancien jeune résistant de 23 ans, décide de partir «respirer l’air pur du risque» dans la forêt amazonienne de Guyane, en laissant derrière lui une Europe dévastée par la guerre. Il voyage seul et à pied dans la jungle guyanaise en direction des monts Tumuc-Humac, mais ne reviendra pas. Il abandonne ses carnets de notes, au bord d’une rivière, avant de disparaître pour toujours. La lecture du journal de cette aventure inachevée a bouleversé Eliott Schonfeld et l’a convaincu de terminer, en 2020, cette «expédition impossible». Un documentaire captivant à retrouver sur son site internet, www.eliottschonfeld.com. un pas step ancien (here) former inachevé unfinished bouleverser to move deeply DANS LES PAS DE RAYMOND MAUFRAIS En général, on parle de «maths sup/maths spé», en utilisant l’abréviation de «mathématiques supérieures» et «mathématiques spéciales». C’est la filière scientifique des classes préparatoires aux grandes écoles. Le cursus est élitiste et seuls les meilleurs élèves sont admis. Il s’intègre après l’obtention du baccalauréat et prépare au concours d’entrée des grandes écoles. tant que as long as une devise (here) motto renouer avec to reconnect with être salué par… to receive… ... la critique … critical acclaim tant… (here) due to afficher (here) to demonstrate la fraîcheur (here) fresh approach modeste (here) humble parcourir (here) to travel across sans ambages plainly sommeiller (here) to lie dormant in 9-10 Bien-dire n°152 janvier-février 2024 7 Un autre sens au tourisme Les voyages permettent de vivre de nouvelles expériences : voir des monuments, goûter de nouveaux plats, parler avec des gens ou même éprouver des climats différents. Mais pour certaines personnes, tout cela ne suffit plus. Afin de donner un sens supplémentaire à leur séjour, elles se tournent vers le tourisme solidaire ou humanitaire. Un tourisme censé engendrer des retombées économiques, sociales et environnementales pour les populations locales. Seulement 4 % des Français et des Françaises ont déjà effectué un voyage solidaire ou humanitaire, mais 40% des personnes interrogées souhaiteraient en faire un prochainement. Cette habitude de voyager pour aider l’autre est moins répandue qu’aux États-Unis (40%) ou qu’en Grande-Bretagne (24%). Pour un quart des personnes interrogées, la crisedelaCovid-19estàl’originedecette envie de voyage solidaire. Le rôle des associations Si le concept de tourisme solidaire et humanitaire existe depuis la fin des années 1970, ce n’est qu’au début des années 2000 qu’il émerge grâce aux associations. En 2006, l’Union nationale des associations de tourisme définit le tourisme solidaire comme «les formes de tourismes alternatifs qui mettent au centre du voyage l’homme et la rencontre, et qui s’inscrivent dans une logique de développement des territoires. L’implication des populations locales dans lesdifférentesphasesduprojettouristique,lerespect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources générées sont les fondements de ces types de tourisme». Née en 2004, l’association Agir pour un tourisme responsable (ATR) a développé un label pour les agences de voyages dont les séjours solidaires proposés ont un réel impact positif pour les populations locales et l’environnement. À ce jour, une vingtaine d’opérateurs bénéficient du label ATR. Le tourisme solidaire Pour ne plus être de simples consommateurs, de plus en plus de voyageurs se tournent vers le tourisme solidaire. Une tendance pour donner du sens au voyage. le tourisme solidaire sustainable tourism un sens (here) meaning un séjour trip engendrer (here) to produce les retombées... economic benefits ... économiques (fém.) prochainement in the near future répandu (here) widespread grâce à thanks to s’inscrire dans to be in the line of une implication involvement une répartition distribution équitable fair un fondement foundation, cornerstone © ShutterPrice/Shutterstock © ShutterPrice/Shutterstock.com © Luison1976/Shutterstock Bien-dire n°152 janvier-février 2024 8 Article de Camille Larbey SOCIÉTÉ ACTUALITÉS Parmi eux, Double Sens, qui propose d’aider à la rénovation de bateaux de pêcheurs dans un village du Pérou, de travailler dans une coopérative de femmesauSénégal,oudeparticiper,auKirghizistan, à la grande transhumance bisannuelle aux côtés des bergers semi-nomades. «Nous soutenons des initiatives existantes qui bénéficient soit à l’intérêt général, soit à des familles d’accueil désignées à tour de rôle, dans un cycle vertueux», explique le voyagiste qui a mis en place un cahier des charges pour vérifier la fiabilité des associations sur place et être sûr que les projets et l’argent bénéficient réellement aux habitants. Les femmes engagées Les femmes sembleraient être plus intéressées par la démarche du tourisme solidaire, puisqu’elles représentent 80% de la clientèle de Double Sens. Mais il n’y a pas de profil type, assure son cofondateur Antoine Richard : «On a le salarié qui veut faire un break dans sa vie et qui est en recherche de sens, les pères et mères de famille qui veulent dire à leurs enfants“vous pouvez consommer différemment et vous ouvrir à autre chose” et des entreprises qui nous contactent pour mobiliser leurs employés autour d’un projet solidaire.» Vous voulez repenser votre manière de voyager, mais vous n’avez pas un gros budget? Rassurez-vous, il n’estpasobligatoiredepartiràl’autreboutdumonde pour s’adonner au tourisme solidaire. Le réseau d’associations MigranTour organise des promenades à Paris, en Île-de-France, à Marseille ou à Bruxelles, où les guides sont des immigrés, réfugiés, exilés et migrants. Ces «passeurs de culture» racontent leurs histoires et sont rémunérés pour ces balades. Un tourisme urbain centré sur l’humain, l’échange et la solidarité. n © Franco Volpato/Shutterstock Le 4L Trophy, le Rallye Aïcha des Gazelles, l’Europ’Raid, le 205 Trophée, le Renault Raid : ces rallyes automobiles promettent aux participant(e)s l’aventure et une dimension solidaire. De l’aventure, il y en a certainement. Pour ce qui est de la solidarité, c’est une autre histoire. Tous ou presque se déroulent au Maroc. Les organisateurs communiquent sur la distribution de matériel scolaire, sportif ou médical aux populations locales, mais n’est-ce pas un prétexte pour se donner bonne conscience et prendre le Maroc pour son bac à sable? Marie-Aude, une Française qui vit au Maroc depuis vingt ans, est très critique dans une note de blog : «On a une armée de touristes qui apportent des fournitures, les distribuent en vitesse en se prenant en photo et repartent. Il est où, le contact avec les gens? Les vrais besoins sont ailleurs que dans les “opérations cartables” (surtout en plein milieu d’année scolaire). Ils sont dans les constructions d’écoles, dans les équipements sanitaires, dans les possibilités de transport pour les élèves, voire d’hébergement. Quand on organise des distributions comme ça, il ne faut pas s’étonner que le touriste/l’Européen soit vu comme un distributeur, justement.» ou presque or almost se dérouler to take place un bac à sable (here) playground les fournitures (fém.) school supplies en vitesse quickly un cartable schoolbag voire even l’hébergement (masc.) accomodation s’étonner to be surprised justement (here) fittingly LES RALLYES HUMANITAIRES bisannuel biennial un berger shepherd soutenir (here) to support soit… soit… either… or… à tour de rôle in turn mettre en place to draw up un cahier… set of... ... des charges … specifications la fiabilité reliability sur place (here) local engagé (here) socially committed sembler to seem une démarche (here) approach mobiliser to rally s’adonner à to experience un réseau network être rémunéré to be paid une balade (familier) outing, walk Polysémique, «éprouver» est synonyme de «ressentir» pour un sentiment ou une sensation, de «mettre à l’épreuve» et «vérifier la valeur et la résistance de quelque chose», ou, comme dans le texte, de «constater quelque chose par soi-même», d’«en faire l’expérience». 11-12 Bien-dire n°152 janvier-février 2024 9 Dans cette rubrique, nous donnons la parole à un(e) expatrié(e) : soit une personne qui n’est pas française mais qui vit en France, soit un Français vivant dans un pays francophone.Ici ou ailleurs, les cultures se rejoignent grâce à la langue française! Genevoise d’adoption Française d’origine, Corinne a suivi son mari pour s’installer à Genève. Depuis combien de temps vivez-vous à Genève ? Depuis vingt-cinq ans. J’ai rencontré mon mari en Bretagne, ma région d’origine. Très vite, nous avons voulu vivre ensemble et avoir une famille. Il était plus facile pour moi de déménager et de retrouver du travail en Suisse. J’ai donc décidé d’épouser la Suisse en même temps que mon mari! Cela dit, nous retournons souvent en Bretagne pour voir ma famille. Comment s’est passée votre intégration ? Bien sûr, l’intégration a été plus facile que si j’étais partie vivre dans un pays où on ne parle pas la même langue, mais il y a tout de même des différences entre laFranceetlaSuisse :danslamentalité,lesmanières de faire et la langue aussi! Pouvez-vous nous donner des exemples ? Ici, on ne dit pas un téléphone portable, mais un «natel». Vous allez retirer de l’argent dans un «bancomat» et pas au distributeur de billets. Vous mettez de la «benzine» dans votre voiture et non de l’essence. Vous demandez un «cornet» dans un magasin et non un sac en plastique ou en papier. Si un policier vous demande votre «permis de circulation», il vous demande votre carte grise… Et ici, on ne donne pas des bisous, mais des «becs». La liste des différences est longue! Quelles sont les différences de mentalité ? Les Suisses sont plus discrets, plus humbles que les Français. Dans le travail et dans la vie en général, il est mal vu de se mettre en avant ou de se faire remarquer.D’ailleurs,lesFrançaissontsouventconsidérés comme arrogants et trop volubiles! Comme je suis de nature timide, je n’ai pas eu ce problème! Voyez-vous d’autres différences ? Les Suisses sont généralement plus respectueux des règles et de la hiérarchie. Ils n’essaient pas de gruger. Résultat : il y a un climat de confiance entre les employeurs et les employés. Dans certaines entreprises, on peut prendre jusqu’à trois jours de congé maladie par mois sans donner de justificatif, mais très peu de gens abusent de la situation. Qu’appréciez-vous le plus en Suisse ? La fiabilité des transports publics, par exemple. Si votre train n’a que deux minutes de retard, c’est exceptionnel, et les CFF (chemins de fer fédéraux suisses) vont se confondre en excuses. Les Suisses sontaussiconsultéstouslestrimestressurdifférents sujets politiques via des votations (des sortes de référendums). C’est ça, la vraie démocratie. Qu’appréciez-vous le moins ? S’ils pensent souvent à l’intérêt général avant de penser au leur, les Suisses sont assez nationalistes. Il y a un sentiment de rejet envers les frontaliers français qui «volent» le travail des autochtones… Mais si vous êtes installé(e) dans le pays, ils sont plutôt très accueillants, un peu comme les Bretons! Merci, Corinne ! Corinne, LEXIQUE EXPLIQUÉ tout de même : cela dit, malgré tout la carte grise : certificat d’immatriculation d’un véhicule se faire remarquer : attirer l’attention gruger : duper un congé maladie : un arrêt de travail pour maladie un justificatif : une preuve la fiabilité : le fait d’être sûr ne… que : seulement Bien-dire n°152 janvier-février 2024 10 Interview de Pascale H. Roche ICI ET AILLEURS RENCONTRES 10 mots de Suisse romande Oui, on parle français à Genève comme dans toute la Suisse romande, mais certains termes sont typiquement romands. En voici dix, parmi les plus utilisés au quotidien. Vous l’aurez compris à l’intonation de la phrase : ici, on ne vous demande pas des nouvelles de votre lieu d’habitation. Votre interlocuteur est simplement en train de vous signifier qu’il trouve votre geste, ou votre action, absurde. C’est l’équivalent de l’expression française «Ça va pas la tête!». Ça va le chalet ou bien ? L’expression est surprenante! Elle veut dire que l’on est étonné d’un résultat qu’on pensait être mauvais, mais qui est bon, contre toute attente. Elle est si utilisée qu’elle est entrée dans le dictionnaire Larousse. À croire que lorsqu’un Suisse est surpris, il est toujours déçu… mais parfois en bien. Complexe! Être déçu en bien À la différence des Français, les Suisses romands n’utilisent pas cette expression pour trinquer, mais lorsque la personne en face d’eux éternue. C’est l’équivalent de «À vos/tes souhaits!». C’est peut-être pour eux une manière de souhaiter que la personne ait simplement le nez qui la chatouille et qu’elle n’ait pas attrapé un rhume. Santé ! Voilà une expression utile à connaître. Si l’on vous invite à «aller dîner», ce n’est pas pour le soir! Contrairement aux Français, «dîner» pour les Suisses romands signifie «déjeuner», donc manger à midi. Le «dîner» français est appelé le «souper». Aller dîner Vous voilà au bord du lac de Genève. Si vous demandez à une personne déjà installée sur un banc public si vous pouvez vous asseoir à côté d’elle, il y a neuf chances sur dix pour qu’elle vous réponde «Faites seulement», c’est-à-dire «Je vous en prie». Faites seulement ! L’expression n’a strictement rien à voir avec une partie de tennis ou de football, encore moins avec une partie de poker. Si on vous demande si ça joue, on veut en fait savoir si c’est OK, si tout va bien pour vous. Vous pouvez donc dire que vous allez bien ou que… ça joue! Ça joue (?) L’expression signifie «Bonne chance». Ainsi, au moment des vœux, vous pourrez souhaiter à vos amis et collègues de Suisse romande «Tout de bon pour la nouvelle année!». Tout de bon Ce n’est pas obligatoire, mais vous pouvez donner une bonne main, c’est-à-dire un pourboire. En Suisse, beaucoup de gens laissent environ 10% du total de l’addition en pourboire ou arrondissent le montant de l’addition au chiffre supérieur. Donner une bonne main Votre ami suisse vous donne rendez-vous à noveyon. Ne cherchez pas, ce n’est pas un quartier de Genève mais un moment de la journée. En Suisse romande, «à noveyon» signifie «à la nuit tombée». À noveyon Les Français ont tendance à penser que les Suisses sont lents et que leur accent, quand ils parlent, est traînant. Cette expression semble aller dans ce sens. Un brin sarcastique, elle signifie qu’il n’y a pas urgence et qu’il est inutile de se presser. Il n’y a pas le feu au lac ! Bien-dire n°152 janvier-février 2024 11 LES 10 MOTS LANGUE Article de Pascale H. Roche
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