CRIMES MAGAZINE n°29 - Page 2 - 29 Cet encart d’information est mis à disposition gratuitement au titre de l’article L. 541-10-18 du code de l’environnement. Cet encart est élaboré par CITEO. TRIONS SYSTÉMATIQUEMENT LES « VEUVES NOIRES » 04 Nannie Doss Elle cherchait le vrai amour 05 Aileen Wuornos La Demoiselle de la Mort 05 Gwendolyn Graham et Cathy Wood Les deux perverses 05 Genene Jones L’infirmière de la mort DRAMES 06 J’ai engagé un tueur à gage pour tuer mon mari ! 08 Pour se venger, il brûle son ex à l’acide ! 10 Enrôlée dans une secte : On m’a drogué pour me sacrifier ! 12 Enquêtes sexuelles 12 Il n’est pas assez performant au lit : elle lui tire deux balles dans la tête ! 14 Pour se venger de son mari infidèle, elle assassine leur enfant 16 Sa maîtresse veut qu’il divorce... Il la tue 18 Assassinée par son ex : « Quand j’ai su qu’elle couchait avec un autre, j’ai pété les plombes » 20 « Vingt ans plus tard, j’ai tué celui qui a violé et assassiné ma fille » AFFAIRES AMÉRICAINES 22 Armuchee, Géorgie Il tue sa grand-mère en l’enfermant dans le congélateur 24 New York Le corps ensanglanté d’une mère de famille retrouvé dans un sac de sport 26 Eureka, Utah Fou de jalousie, l’homme a tué un couple d’adolescents 28 Maplewood, Minnesota La mère noie ses trois enfants dans le lac... Le père tué d’une balle dans la tête INCROYABLE 30 Au secours, mon frère est un tueur ! 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Dom-Tom et étranger : +2 euros par revue envoyee Abonnementsurgroupe-entreprendre.shop M A G A Z I N E M A G A Z I N E Le prochain Crimes Magazine paraîtra en kiosques le 10 juin 2025 28La mère noie ses trois enfants dans le lac... 22Il tue sa grand-mère en l’enfermantdans le frigo 04Les veuves noires : G. Graham et C. Wood Trimestriel N°29 Mars - Avril - Mai 2025 N annieDoss,GeneneJones,Belle Gunness…Ilestfortpossiblequeces noms-lànevousparlentpas,moins connuqueTedBundy,deJack l’EventreuroudeLandru.Maisces femmesontétéderedoutablestueusesensérie. Ellesontparfoiscommisdescrimessansbruit, pendantdesannées,sansêtreappréhendées. Lesserialskilleusespeuventêtresouventtrès méthodiques,extrêmementprudentes,ellessont parfoisaussidangereusesqueleshommes. Pourtant,leurfaçondefaireestdifférente. Contrairementauxhommes,elless’attaquentle plussouventàdespersonnesdeleurentourage. Etquandleshommesvontavoirrecoursàla violencepourtuer(armeblanche,strangulation ouobjetcontondant),lesfemmesseserventdu poisonoud’injectionsmortelles.Ellesn’ontpasla mêmeperversionqueleshommessouventliée ausexemaisplussouventmotivéesparl’argent oulavengeance. Elle a tué ses maris successifs parce qu’elle cherchait « le véritable amour, comme dans les magazines et les romans ». Les«veuvesnoires» ACCUSÉESD’ASSASSINATS, ELLESONTMARQUÉLESESPRITS… Rappelant l’araignée venimeuse qui, après l’accouplement, dévore son compagnon, cette dénomination de tueuses en séries, en criminologie, s’applique aux femmes qui assassinent leurs propres époux, leurs amants, enfants ou familles. NANNIE DOSS Ellecherchaitlevraiamour Nevousfiezpasàsabonnetête…Cette souriantemamieatué11personnesaux États-Unisentre1920et1954,lorsqu’ellefut enfinconfondue.C’estsuiteaudécèsdeson cinquièmemari,dontl’autopsiearévéléla présenced’arsenicdanslesang,queNannie Dossafinalementétéarrêtée.maiscen’est pastout,elleaétéreconnueaussicoupablede lamortdesamère,desesdeuxsœurs,d’un petit-fils,d’unneveu,dedeuxenfantsetde quatredesesmaris!Quelétaitsonmode opératoirehabituel?C’esttrèssimple,elle utilisaitdupoison,del’arsenicoudela mort-aux-rats,qu’ellemélangeaitàla nourrituredesesvictimes,quoideplus classiquepouruneempoisonneuse.Durant sonprocès,elleadéclaréqu’ellen’avaitpas tuépourtoucherleshéritagesetles assurances,maisparcequesesmaris n’étaientpasàlahauteuretqu’ellecherchait «lepartenaireidéal,levraiamour».Elleaété condamnéeàlaprisonàperpétuité,elleest morted’uneleucémieen1965 (empoisonnementdusang…) 4 Elle a tué entre 11 et 46 bébés et enfants dont elle s’occupait entre 1978 et 1982. Elle a été condamnée en 1985. Pendant 2 ans, avec une arme à feu, elle tua au moins 7hommes. Ces deux aides-soignantes ont étouffé 5 vieilles dames dans leur lit. AILEEN WUORNOS “LaDemoiselledelaMort” Dufaitdel’adaptationdesavieaucinéma, danslefilm«Monster»,Cettetueuseen sérieestsansdoutelapluscélèbre. Aprèsuneenfancedifficile-elleaété abandonnéeparsamèrepuisélevéepar sesgrands-parentsviolentsetalcooliques. Lajeunefilleacommencéàboirebeaucoup dèsl’adolescence.Elles’estmêmemiseà sedroguerettantqu’àfaireseprostituer. Àquatorzeans,elletombeenceinte,et aprèsl’accouchement,lorsqu’elleveut rentrerchezelle,sesgrands-parentsla chassentdeleurmaison. Ellen’ad’autresolutionquedevivredansla rue,depetitsvolsetdelaprostitution. En1986,dansunbargay,ellefaitune néfasterencontreenlapersonnedeTyria Moore,trèsbellefemmeetdevintson amante.Lesdeuxfemmessemettentalors àvoyagerpendantplusieursannées,vivant uneexistencemisérableetdormantdans deshôtelsmiteux,dansdesgrangesou mêmedansleschamps.Pleinederancœur enversleshommesquil’avaientmaltraitée etsansdouteviolée,Aileenestplus agressiveetcolériquequejamais.En1989, elledécidedesevengersursesclientsles plusviolentsetpendantunan,avecune armeàfeu,elleatuéaumoins7hommes. Trahieparsonex-amante,elledécida d’assumersescrimes.En1992elleaété condamnéeàmortetexécutéeen2002 dansuneprisond’ÉtatdeFloride. GENENE JONES L’infirmièredelamort GeneneJones,infirmièrepédiatriqueaexercédansplusieursétablissements hospitaliersdeSanAntonio,auTexas,aétécondamnéeen1985pouravoirtué entreonzeetquarante-sixbébésetenfantsdontelleavaitlachargeentre1978 et1982.Cettejeunefemme,fascinéeparlamortetquelquepeuperturbée administraitdefortesdosesd’héparineetdesuccinylcholineàsesjeunes patients.Ellearévélélorsdesonprocèsvouloiraccéderaustatutd’héroïneetla surmortalitédanssonserviceatrèsviteinquiétésessupérieursquiont demandéuneenquête.Ladirectiondel’hôpitalcourageusementlapoussèrentà démissionnersanstoutefoisladénoncer,defaçonànepasternirlaréputation del’établissement.C’estunefoisenpostedansunautrehôpitalqu’ellefutenfin confondue.GeneneJones,enprisondepuisprèsde25ans,devraitbénéficier d’unelibérationconditionnelleen2017etainsiretrouverlaliberté. GWENDOLYN GRAHAM ET CATHY WOOD Lesdeuxperverses DansleMichigan,petitétatduMidwestauxÉtats-Unisen1988, unemaisonderetraitehautdegammeaconnuunpicdemortalité assezbizarre:eneffetcinqvieillesdamesontétélesunesaprèsles autresétoufféesdansleurlit.Quiapufairecela?Aprèsdes semainesd’enquête,lapoliceaarrêtédeuxaides-soignantesde l’établissementhospitalier,GwendolynGraham,26ans,etCathy Wood,28ans,mèredefamille.Elless’étaientvantéesdeleurs meurtresdevantplusieurstémoinsavantd’êtreprisesausérieux etinculpées.Leprocèsapermisderévélerquelesdeuxfemmes, devenuesamantes,avaienttuéparperversité.Ellesnesubirent paslemêmesort:l’unes’enesttirébeaucoupmieuxquel’autre,et cen’étaitpasforcémentlapluscoupable.WoodaaccuséGraham d’êtrel’instigatricedecescrimesetparvintàréduiresapeineà 20ansdeprison,quandsonex-amanteaétécondamnéeàla prisonàperpétuité. 5 Quand son mari l’a menacé de ruiner sa vie, sa réputation, sa société, et de lui prendre ses enfants, après avoir découvert son infidélité, Gill a pris une mauvaise décision : celle d’engager un tueur à gage pour se débarrasser de lui. J e ne suis pas fière de ce que j’ai fait. Ou failli faire. Avec le recul, j’ai réalisé que mon acte était démesuré et que si mon plan avait fonctionné, mes enfants seraient orphelins. Ma bellemère, que j’adore, aurait perdu son enfant. Et pour cause : mon mari serait mort. Pourtant, si rien ne s’est passé, je croule tout de même sous les verrous depuis plusieurs mois. Et lui, vit encore. Il prend soin de mes enfants, travaille pour ma société, et moi, ma vie est fichue. Comment ai-je pu tout perdre de la sorte ? Encore aujourd’hui, je cherche à comprendre comment la colère a pu m’aveugler au point d’engager un homme pour tuer mon mari. Je crois que justement, c’est cette peur de tout perdre, mes enfants et ma réputation, l’entreprise que j’ai construite seule, qui m’a poussé à commettre l’irréparable. POUR TUER MON M J’AI ENGAGÉ UN TUEUR À 6 J’ai créé ma société dans les années 2000. Au début, c’était une petite boite de décoration d’intérieur mais très vite, ma réputation a grandi et ma clientèle s’est élargie. En 2013, j’ai fait mon premier million de chiffres d’affaire après avoir entièrement décoré la villa d’une star du cinéma. Le bouche à oreille a fonctionné. Et depuis, les affaires n’ont jamais été aussi florissantes. Mon mari, Edmund, travaillait avec moi. Je l’avais embauché après qu’il ait été licencié de sa société pour faute en 2005. Il faisait partie de mon équipe marketing et cela se passait très bien. Il savait que j’étais la patronne et ne cherchait pas à empiéter sur mon travail. Ses horaires étaient plus souples que les miens et cela lui permettait de récupérer les enfants et de s’en occuper le soir lorsque je devais faire des diners avec des clients. Cela arrivait souvent. A force de côtoyer des célébrités, je m’étais fait un nom dans le showbiz. Et un soir, lors d’un gala, je me suis retrouvée à la table d’un producteur célèbre, et très sexy, qui était aussi mon client sur un prochain projet de décoration d’une ville entière pour un film à gros budget. Il était marié, mais terriblement attirant. Le feeling est passé et nous avons eu une liaison qui a duré des mois… Edmund a fini par l’apprendre et il est devenu fou. C’est là que le cauchemar a commencé. Je lui ai dit que je voulais le quitter, que je n’étais plus heureuse et qu’il ne pouvait travailler pour moi. En réponse, il m’a montré des photos prises par un détective privé, où mon adultère était clairement affiché. Il m’a dit qu’il me prendrait tout, qu’il rendrait cette liaison publique sur les réseaux sociaux et que j’allais perdre ce contrat. Il m’a assuré qu’il allait ruiner ma réputation et me prendre tout mon argent. Qu’il allait demander la garde exclusive des enfants et ne m’autoriser qu’un droit de visite, sous sa surveillance, car je n’étais qu’une droguée. Il avait un sacré dossier contre moi, comme des messages où je lui demandais de me trouver de la weed. Comme grand nombre d’artistes, j’avais besoin de fumer pour créer et il comptait bien se servir de cette carte pour m’anéantir face à un juge. Sauf si j’acceptais de lui léguer les parts de ma société, que je lui laissais les comptes bancaires et la maison. Alors dans ce cas, nous pourrions trouver un arrangement à l’amiable. Dans tous les cas, je perdais quoi qu’il arrive. Quand un ami m’a parlé d’un tueur à gage, j’ai été séduite par l’idée. Je ne pouvais pas risquer de tout perdre. L’idée qu’il garde la maison que j’avais construite à la sueur de mon front et que je devienne la maman des weekends et des vacances scolaires me rendait folle. Pour 200 000 dollars, je pouvais me débarrasser du problème Edmund. Alors, j’ai pris le contact de son « ange noir » que j’ai contacté dès le lendemain. Nous nous sommes vus, un soir, dans parking. Enfin, je n’ai pas vu son visage, il s’est contenté de me poser des questions, caché derrière sa voiture. J’ai choisi une mort rapide : une mort par balle. Nous ferions passer cela pour un car-jacking qui aurait mal tourné. Deux jours plus tard (et deux jours avant la date à laquelle était prévue l’assassinat), j’ai laissé un message pour tout annuler. J’étais rongée par la culpabilité. Mais le soir même, j’ai été cueilli à la sortie de mon bureau par des policiers. Mon « ami » en avait parlé à un « ami », concurrent dans le milieu, qui avait averti la police. Voilà comment j’en suis arrivé là… Je suis incarcérée, en attente de mon procès. Je risque jusqu’à 25 ans de prison. ■ Gill, 41 ans MARI ! À GAGE MARI ! À GAGE 7 POUR SE VENGER, A out 2016. Il fait chaud et Nana, qui habite au rez-de-chaussée d’un immeuble deVilleurbanne, a laissé toutes les fenêtres ouvertes… C’est grâce à ces « ouvertures » que son exconjoint va en profiter pour s’introduire dans son salon. Et lui faire subir le pire, comme elle va le confier à la presse : « Je vois son regard noir et je sais que je vais y passer. Il me met deux coups de poing, je titube. Il me met encore deux coups de poing, je tombe au sol, je suis sonnée. Je sens un liquide chaud, je sens ce goût de souffre dans ma bouche, c’est quelque chose chimique donc je suis brûlée au visage, au crâne, au cou à 35% au troisième degré » ! Par instinct, Nana se lève et file à la salle de bain ou elle s’asperge d’eau froide. Une erreur à ne pas commettre dans ce genre de situation. Hélas, elle l’ignore : « Je hurle, je ne sais plus quoi faire. C’est une douleur insoutenable, je suis figée. Je sors dans l’allée, je vois le regard de ma voisine, je comprends qu’il y a quelque chose qui ne va pas. On m’a confirmé que c’était de l’acide sulfurique » ! UNE VIE QUI BASCULE ET DEVIENT UN CAUCHEMAR… Après l’agression, cette mère de famille de 48 ans va passer deux mois dans le coma. Puis, elle va subir de nombreuses opérations chirurgicales. C’est toute sa vie qui bascule puisqu’elle va aussi IL BRÛLE SON 8 Nana, âgée de 46 ans, a été brulée à l’acide et a subi huit interventions chirurgicales. Elle a aussi perdu de l’acuité visuelle. Elle a assuré que pendant l’agression, son ex lui avait affirmé qu’ainsi elle ne « referait plus sa vie ». que l’accusé était en état de récidive, puisqu’il a déjà été condamné pour violences conjugales en 2013. IL L’A BRÛLÉ AU VISAGE, MAIS AUSSI, AU PUBIS… Durant les débats, le trentenaire a nié. Il a reconnu avoir frappé Nana d’une gifle et d’un coup de poing, mais a nié catégoriquement l’avoir aspergée d’acide. D’après lui, c’est elle qui se serait mutilée pour lui nuire et ainsi pouvoir toucher des dommages et intérêts. Une insupportable accusation pour celle qui a été brûlée sur 30% de la surface du corps, aspergée à trois reprises au crane, à la poitrine et au pubis. « Des endroits tellement symboliques, qui disent cette volonté d’anéantir, d’avilir », a relevé Me Alexandre Plantevin, avocat de la partie civile. Au total, la victime de 46 ans a subi près de huit interventions chirurgicales et a perdu l’acuité visuelle. Elle a assuré que pendant l’agression, Grégory Alga lui a assuré qu’ainsi elle perdre son emploi : « C’est le but : briser ma vie sentimentale et de femme. Il m’a massacrée, il m’a mutilée, il m’a détruite. Aujourd’hui, c’est l’horreur, j’ai tout perdu. Je ne me sens plus femme. J’ai perdu mon boulot, je ne peux plus rencontrer personne. Je vis avec l’allocation adulte handicapé de 860 euros, je vis dans un logement social. Je vis comme je peux. Il a détruit ma vie complète. Je n’ai plus rien. Je survis » SON EX EST UN RÉCIDIVISTE ! Une peine de 18 ans de réclusion criminelle va être demandée à l’encontre de l’accusé, que l’avocate générale Dorine Breysse va qualifier de : « vraie dangerosité humaine » ! Pour son crime, celui d’avoir frappé et aspergé d’acide sulfurique son ex-conjointe, Grégory Alga, 36 ans, va finalement être condamné par la cour d’assises du Rhône à dix ans de réclusion criminelle. Le magistrat a ensuite rappelé ne « referait plus sa vie » ! Pour Nana, son histoire doit servir. Ainsi, après son témoignage, elle va montrer ses blessures à la presse mais aussi dans les collèges et les lycées de la région : « J’ai envie de parler aux jeunes filles qui ont 14 ans pour leur expliquer que l’amour ce n’est pas de recevoir un coup de poing, de se faire tirer les cheveux pour rigoler. L’amour, ce n’est pas ça » ■ N EX À L’ACIDE ! «Jehurle,jene saisplusquoi faire.C’est unedouleur insoutenable, jesuisfigée.» N EX À L’ACIDE ! 9 ON M’A DROGUÉ POUR ME SACRIFIER ! P lus jeune, j’ai traversé une période très diff icile. L’hommeavecqui j’étais en couple m’a quittée, j’étais en dépression. J’étais très amoureuse, et nous étions ensemble depuis 5 ans… J’étais vraiment mal. J’ai eu mon diplôme, et je me suis vite retrouvée sans emploi ni perspective d’avenir. Je n’avais pas de contacts, et comme je n’avais jamais cotiséjen’avaispasdroitauchômage. Tous mes envois de CV restaient sans réponses. Je passais mes journées chez moi à me morfondre, je me demandais comment j’allais m’en sortir. Mes parents vivaient loin, je n’ai pas de frère ou de sœur. J’étais seule au monde. Fauchée. Désespérée. J’ai fini par trouver un job de caissière dans un supermarché, je faisais aussi le ménage pour payer mon loyer. Je me couchais tous les soirs avec la peur de finir SDF. Je pleurais en rentrant chezmoiparcequejepatronétaitodieux, et que je me tuais à la tâche pour un salaire de misère. J’ai essayé de voir un psychologueouunpsychiatrepourm’aider, mais j’étais entre deux caisses de sécurité sociale, et je ne pouvais pas avancer l’argent. Finalement, j’ai laissé tomberlathérapiequej’avaiscommencé. Un jour, alors que je sortais en pause déjeuner, j’ai été abordée par deux hommes en costume. Ils étaient sympathiques, élégants. Ils voulaient me parler de leur religion. Je n’étais pas intéressée, je ne suis pas croyante. Mais ils m’ont parlé d’autre chose : du quartier, de ce qu’on faisait dans la vie. Ils étaient gentils, ça me faisait du bien de parler avec eux. On a mangé ensemble, et j’ai vidé mon sac : je leur ai dit que rien n’allait chez moi, que j’étais mal dans ma vie, mal dans ma peau … C’était une mauvaise idée, mais j’étais dans un tel étatquejem’enfichaispasmal.Ilsm’ont laissé leur carte et sont partis. Cette semaine a été très dure encore, au travail, au niveau du moral … Mes propriétaires ont augmenté mon loyer cette même semaine. Le samedi arrivant, je les ai contactés. Ils m’ont dit de venir déjeuner à leur siège, qu’on discuterait de tout et de rien. J’étais dans un état de détresse total. On m’a accueillie avec Onm’aaccueillieavec beaucoupdebienveillance,j’ai discutédemessoucisàune dame.Ellem’aréconfortée... ENRÔLÉE DANS 10 Elodie a cru avoir trouvé une seconde famille, un nouveau départ, auprès d’un groupe de personne qui lui voudrait du bien. En réalité, elle s’est retrouvée dans une secte et a failli perdre la vie. Une expérience traumatisante, qu’elle n’est pas près d’oublier. beaucoup de bienveillance, j’ai discuté de mes soucis à une dame. Elle m’a réconfortée, m’a dit que je n’avais pas eu de chance, que je traversais une mauvaise passe. Je voyais un peu de lumière au bout du tunnel. C’était la première fois que j’avais l’impression d’être traitée comme un être humain. Je suis revenue plusieurs fois, pour des entretiens. A la fin des cinq entretiens, on m’a proposé un travail. C’était de l’administratif, c’était correctement payé, j’avais des collègues sympathiques. L’environnement était agréable : cela m’a changé la vie du tout au tout. J’avais des perspectives d’évolution, aussi. J’envisageais déjà de quitter mon appartement minuscule pour avoir quelque chose de décent : je vivais enfin normalement, j’avais des amis, j’étais enfin heureuse. Il y avait tout le temps des déjeuners ou des soirées organisées par « le temple », onappelaitçacommeça.Iln’yavaitrien de religieux, en fait. Pas de dieu ou de prières, c’était plus une communauté. Un soir, il y a eu une grande soirée, cela faisait presque un an que j’étais arrivée. C’était un peu la fête de l’année, d’après les autres membres du temple. Cela se passait dans un bois, c’était un peu mystique. On mettait de grandes tablées blanches sous les arbres, il y avait despetitslampionsaccrochésauxarbres, c’était vraiment très beau. On m’a dit que c’était une tradition durant laquelle on remerciait la nature, ça me semblait très bien. La soirée s’est très bien passée, il y avait plein de bons petits plats, chacun avait apporté quelque chose. Ceux qui étaient là depuis moins d’un an étaient censés juste profiter, ce que j’ai fait. Durant la soirée, je me suis sentie un peu bizarre. J’ai pensé que j’avais mangé quelque chose de mauvais, deux amies m’ont emmenée sous une des tentes et m’ont allongée là, en me disant qu’elles restaient à côté de moi, le temps que j’aille mieux. Quand je me suis réveillée, j’étais à l’hôpital. J’ai sonné pour voir un médecin, mais il est venu avec deux policières. Je ne comprenais pas. Elles m’ont expliqué que j’avais été droguée, et que les autres membres du temple comptaient me tailler les veines et boire mon sang. Ensuite, abandonner mon corps dans une clairière, comme si je m’étais suicidée. Je n’en revenais pas. J’ai cru que c’était une blague. Elles m’ont dit qu’elles surveillaient cette secte depuis le meurtre de l’année précédente, qui leur avait paru suspect. Cette année, c’étaitmoiquidevaisêtresacrifiée.Heureusement, des policiers attendaient cachés dans les bois pour intervenir et prendre les membres en flagrant délit. Sinon, je ne serais plus là pour raconter cette terrible histoire. On m’a directement dirigée vers une unité psychiatrique, car j’étais en état de choc. Je suis toujours suivie aujourd’hui, et je vais mieux. J’ai trouvé un travail, et une vie « vraiment » normale. Cette secte a profité de ma vulnérabilité à un moment où j’étais au plus mal. Je crois que tout simplement, j’avais besoin qu’on m’aide et qu’on écoute. Je me suis engouffrée là où on m’ouvrait la porte. Je pense qu’on devrait davantage aider les gens, pour qu’ils ne se précipitent pas vers les sectes… ■ Elodie, 33 ans S UNE SECTE, S UNE SECTE, 11
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