SO FOOT n°220 - Page 2 - 220 OURS SO FOOT, mensuel, édité par SO PRESS, S.A.S. au capital de 543344 euros. 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Couverture – Roberto Baggio, par Alain Gadoffre / Icon Sport ADMINISTRATION Président et directeur de la publication Franck Annese Actionnaires principaux Franck Annese, Pierre-Antoine Capton, Édouard Cissé, Patrice Haddad, Stéphane Régy, Serge Papin, François Saugier Directeur général Éric Karnbauer Directeur du développement Brieux Férot Responsable administratif et financier Baptiste Lambert Comptable François Natali COMMUNICATION / SYNDICATION communication@sopress.net publishing@sopress.net Community Management Maxime Lenormand DIFFUSION Agence BO CONSEIL Directeur Otto Borscha 09 67 32 09 34 oborscha@boconseilame.fr PUBLICITÉ Régie H3 Média 15 rue du Ruisseau 75018 PARIS 01 43 35 82 65 E-mail: prenom.nom@sopress.com Directeur Guillaume Pontoire Directeur de publicité Jean-Marie Blanc Cheffe de publicité Christelle Semiglia Cheffes de projet Olivia Boulnois, Angie Duchesne, Juliette Louis SOFOOT.COM Directeur des rédactions numériques Pierre Maturana Rédacteurs en chef sofoot.com Clément Gavard et Mathieu Rollinger Secrétaire de rédaction sofoot.com Julie Canterranne Webmasters Gilles François et Aina Randrianarijaona Publicité: DERBY DIGITAL Jean-Philippe Vigneron et Vincent Arnould jean@sofoot.com et vincent@sofoot.com ISSN: 1765-9086; CPPAP n° 0525K83784; Dépôt légal en cours. Imprimé par Léonce Deprez; Distribution MLP. Copyright SO FOOT. Tous droits de reproduction réservés. L’envoi de tout texte, photo ou document implique l’acceptation par l’auteur de leur libre publication dans la revue. La rédaction ne peut être tenue responsable de la perte ou de la détérioration de textes ou photos qui lui sont adressés pour appréciation. Origine du papier: Couverture. Belgique Taux de fibres recyclées: 0% Ptot: 0,019 Kg/tonne Intérieur. Origine du papier: Suisse Taux de fibres recyclées: 55% Ptot: 0,013 Kg/tonne. Encart Red Bulletin toute diffusion Abonnement Responsables abonnement Vincent Ruellan et Louise Besse assistés de Melvin Coq Contact: abonnement@sofoot.com Offres d’abonnement page 89 Prochainnuméro enkiosquele07/11/2024 Retrouvez les anciens numéros et toutes les offres d’abonnement sur lire.sopress.net Vincent Labrune est un joueur de poker. Il a fait croire qu’il possédait une paire d’as, alors que ses adversaires savaient qu’il n’avait rien dans les mains. Roberto De Zerbi a tout l’attirail pour bien commencer et mal finir à Marseille. Depuis 2001, et la victoire du Bayern sur le Valence de Mendieta, les équipes espagnoles ont disputé 19 finales européennes contre des clubs étrangers sans en perdre une seule. L’Allemagne aime se vanter du fait qu’elle possède la meilleure D2 du monde. Certes, le championnat italien n’est plus aussi puissant que dans votre jeunesse, et non, vous ne retrouverez peutêtre pas le nouveau Ronaldo, le nouveau “Batigol” ou les cheveux soyeux de Paolo Maldini après un tacle rageur. Mais il reste toujours diablement romantique. Georges Mikautadze dort chez papa et maman comme au bon vieux temps. Ce qui lui permet de prendre le petit-déjeuner avec son frère et sa sœur. Ça fait plaisir. En traversant le Koningin Julianabrug, le long viaduc perché à 56 mètres du sol qui mène à Willemstad, capitale du Curaçao, l’île caribéenne dévoile toutes ses facettes. Federico Valverde, celui qu’on appelait L’Oisillon à Montevideo, pour son petit gabarit et sa voix fluette, s’est transformé en patron du plus grand club du monde, capable d’envoyer en plein match du “lâche la balle la putain de ta mère” à son coéquipier Brahim Diaz. Un jour, Peter Knowles, attaquant surdoué et flambeur de Wolverhampton, a décidé d’abandonner le football pour devenir Témoin de Jéhovah. – PAR STÉPHANE MOROT résumé de l’épisode précédent Je me souviens de la première fois où je l’ai rencontré, c’était dans les couloirs de L’Équipe TV. Il portait un maillot de foot orange, je crois que c’était une équipe mexicaine, mais je me trompe peut-être. Ce n’était pas les Pays-Bas, en tout cas, le maillot était vraiment laid. Didier Roustan m’avait reçu à l’époque pour parler des commentateurs, de leur rôle, de leur évolution, et de celle du football. So Foot n’existait pas encore vraiment, c’était avant le numéro 1, il y avait eu des prémices peu reluisantes (deux numéros dits “0” vraiment affreux), mais Didier avait senti qu’on avait quelque chose à défendre et il nous avait encouragés à continuer l’aventure. Parmi les “stars” du petit écran footballistique, il était bien le seul. Eugène Saccomano et Thierry Roland m’avaient gentiment expliqué qu’un magazine qui parlerait de football sans évoquer ni résultats ni classements n’avait absolument aucune chance. Même pas la peine d’essayer. Ils avaient ricané. Une idée de merde, en somme. Didier, lui, y croyait. Parce qu’il avait pigé que le foot était culturel, politique, scientifique, total. Didier Roustan aurait pu écrire dans So Foot. Ça ne s’est jamais fait et je ne saurais dire pourquoi. Parce qu’à dire vrai, il a toujours été là, à nous soutenir, à nous encourager, nous inspirer. Il incarnait la pureté du football, son essence, sa grandeur, sa magie. Il était la beauté du football. Malgré son maillot hideux.&PAR FRANCK ANNESE édito PETER ROBINSON / PA IMAGES / ICON SPORT sommaire Avant-match 12. Rapido. Stéphane Chapuisat répond en toute neutralité à des questions que personne ne se pose. 14. Annales Football Club. Une année 1994 faite de soft power, de morts un peu hard et de pêche à la crevette. 18. Fiction. Bleu miroir. Un monde où Gérard Houllier et David Ginola s’enlacent. Et où Diego Maradona adoube Corentin Martins. 20. Voyage voyage. Privée du raout mondial américain, l’équipe de France est allée panser ses plaies au Japon pour l’anonyme et pluvieuse Kirin Cup. Le début d’une grande histoire. 22. Copains d’avant. La Colombie de Pacho Maturana aurait dû rouler sur cette World Cup. Elle a vécu un calvaire. Que sont devenus ses martyrs? 24. Hélico presto. La cérémonie d’ouverture devait faire émerger le soccer aux US. C’était sans compter sur une chute d’Oprah Winfrey, un péno raté de Diana Ross et la fuite d’O.J. Simpson. À la culotte 28. Le frère Scott. Mais qui est cet avocat mormon, ami de Sepp Blatter et de Michel Platini, à qui les USA doivent l’obtention de l’organisation de leur World Cup? 68. Le magicien noir. Ancien champion de bodybuilding autoproclamé nutritionniste, Daniel Cerrini était le gourou qui devait permettre à Diego Maradona de brûler ses kilos superflus et d’illuminer le mondial américain. Il est au contraire devenu l’homme à abattre. 78. Un Dino presque parfait. Lui aussi s’appelle Baggio, lui aussi vient de Vénétie et lui aussi a mené l’Italie vers la finale. Sauf que l’Histoire a oublié ce pauvre Dino. Couverture 34. C’était la World Cup 94. Lalas, Romario, Valderrama, Baggio, Campos, Stoitchkov, Salenko, Milla, Oliseh, Hagi… La plus chaude des coupes du monde de l’histoire du pied-balle racontée comme jamais par un casting XXL. Diego et une grosse ligne. sommaire Décrassage 96. Histoire vraie. Wilfred Agbonavbare, gardien n°3 du Nigeria, n’a pas marqué le mondial 1994. Mais la lutte contre le racisme, si. 98. Test comparatif La victoire à trois points est-elle la Cadillac des changements de règles du football? Entretien 64. Michel Preud’homme. Il a certes quitté le mondial américain dès les huitièmes de finale. Mais Michel est rentré en Belgique avec le titre de meilleur portier de l’édition dans ses bagages. Reportages 58. Bebeto. L’ancien partner in crime de Romario brigue aujourd’hui un poste de député au Brésil, sous les couleurs du Parti social-démocrate. Carnet de campagne d’un sexy centriste. 72. Soccer Town. Une bourgade du New Jersey croit avoir inventé le foot avant les Anglais. Elle a surtout enfanté Tony Meola, John Harkes et Tab Ramos, trois des piliers de la sélection US de 1994. Légendes 84. Ssons of liberty. Sensation de cette World Cup, dont elle a fini meilleure attaque, la bande à Brolin n’a pas eu besoin d’Ibra pour remettre la Suède sur la carte du football mondial. 90. La tuerie de Loughinisland. Pendant que l’Irlande fait tomber l’Italie au Giants Stadium de New York, deux hommes armés jusqu’aux dents entrent dans un pub d’un petit bled nord-irlandais… Trente ans plus tard, les assassins courent toujours. “Un impact? Prenez rendez-vous avec John Harkes sur Carglass.fr.” GEORGE ETHEREDGE POUR SO FOOT Dans ton combo, tu as parié sur un étonnant Albanie-Géorgie. Tu as une passion secrète pour Willy Sagnol? Même pas! Ni pour Sylvinho, d’ailleurs. J’avais juste regardé leurs précédentes performances, les Géorgiens avaient largement gagné contre les Tchèques, mais contre l’Albanie, ils n’avaient pas l’air d’être favoris. La cote était intéressante, donc ça pouvait se tenter. On voit aussi dans ta grille un Émirats arabes unis-Iran et un Lettonie-Îles Féroé. Honnêtement, est-ce que tu connais au moins un joueur de ces quatre pays? Peut-être un attaquant, car je fais pas mal de paris sur les buteurs… Mais là, comme ça, non, j’avoue, je ne peux t’en citer aucun (rires). Mon côté foot asiatique, c’est le fruit du hasard. J’aime aussi bien parier sur des matchs et des championnats exotiques comme ceux d’Océanie ou d’Amérique du Sud. Il y a des équipes que je ne connaissais même pas, mais les cotes sont souvent très intéressantes. Et puis, j’ai cette curiosité de découvrir des joueurs et des pays. La Lettonie, par exemple, qui m’a fait valider ce pari, mériterait que je m’y intéresse plus! Et pourquoi pas pour un petit voyage? Tu t’infliges de regarder les matchs, ou tu t’évites cette torture? J’ai parié vers 17h30, après le travail, et les premiers matchs de qualification pour la coupe d’Asie étaient à 18 heures. Ensuite, il y avait les matchs de ligue des nations vers 21 heures. Je me suis dit que je ne pourrais pas tout regarder, donc au début je suivais vite fait. Le soir, j’ai coupé et je me suis mis devant Koh-Lanta sur mon PC en terrasse, sans les notifications. Avec une cote à 450, je me suis dit: “On verra ce qui se passe.” À la fin, il me manquait uniquement la Géorgie. Quand j’ai vérifié les cash out, ils me proposaient 800 ou 1000 euros, ce qui est déjà très beau pour juste 20 euros de mise. Vers la fin, je voyais que la Géorgie poussait, j’ai pris le risque de pas prendre le cash out, et finalement les Géorgiens marquent et mènent au score, ce qui faisait que virtuellement tout était validé. Je te cache pas que sur les dix dernières minutes, là oui, j’étais stressé. Tu as gagné 10 158,32 euros avec ce pari. Tu vas en profiter pour t’offrir un maillot des Îles Féroé ou de l’Iran pour le souvenir? Oui, ça peut s’envisager! Les Féroé, si j’ai l’occasion d’aller voir un de leurs matchs, ça sera avec plaisir. Je fais des paris sportifs depuis dix ans, et ce n’est pas tous les jours qu’on passe une cote à 450. Quels sont tes principes pour un jeu responsable? Il faut miser ce qu’on est capable de perdre, connaître ses limites. Personnellement, j’ai une gestion précise, avec tel ou tel pari je mise tel ou tel pourcentage d’argent que j’ai sur l’application. Pour un pari safe, je vais être à 5% ou 8%, alors qu’un pari fun, ça sera 2%. Et j’ai 1000 euros sur Winamax que je garde tout le temps. – PAR SAMY OCCHIPINTI / ILLUSTRATION WINAMAX Le coin des parieurs Peut-on ne connaître aucun joueur d’une équipe, parier quand même sur elle et gagner le gros lot? Oui, répond MisterZib, dont la curiosité l’a conduit à s’intéresser à des championnats et des sélections exotiques, comme la Lettonie ou les Émirats arabes unis. De quoi lui donner des envies de voyage. “Le soir, j’ai coupé et je me suis mis devant Koh-Lanta” “La Lettonie, qui m’a fait valider ce pari, mériterait que je m’y intéresse plus! Pourquoi pas pour un petit voyage?” BILDBYRÅN / ICON SPORT – SPORTS / ICON SPORT index ! ? ? ? # @ p.78 Baggio n.f. Morceau ou pièce musicale à exécuter dans un tempo lent. La baggio d’Albinoni. p.58 Bebeto adj. et n.f. fam. Un peu bête, niais. Syn. Migaud. Un ancien socialiste au ministère de la Justice, c’est vraiment un Migaud! p.68 Cerrini n.f. Forme extérieure, solennité avec laquelle on célèbre le culte du religieux. Cerrini du baptême, du mariage, du sacre. p.12 Chapuisat n.m. Chat qui a le droit de puiser de l’eau (ou des croquettes) sur le fonds du voisin. p.14 Cobain n.f. Petite habitation grossièrement construite. J’ai construit une petite cobain au bord de l’eau, même si j’ai rarement l’occasion d’y aller. p.20 Di Méco, société française animant un réseau de déménageurs professionnels. p.34 Etcheverry n.m. Risotto au chèvre. p.18 Ginola n.m. Individu qui renverse du Gini à chaque fois qu’il en boit, ou qu’il en sert. p.90 Houghton 1. n.m. Unité de mesure de force correspondant à une accélération d’un mètre par seconde carrée communiquée à une masse d’un kilogramme. 2. Saison qui succède à l’été et précède l’hiver, caractérisée par le déclin des jours et la chute des feuilles. p.34 Lalas interj. Interjection de plainte, exprimant la douleur, le regret. Constatons-nous l’introduction de secoués du bulbe dans l’architecture du gouvernement Barnier? Lalas! Oui. p.72 Millar adj.m. et n.m. Catégorie aux limites variables selon les sports (boxe, haltérophilie, judo, lutte, etc.), immédiatement inférieure à celle des poids lards. p.34 Oliseh adj. et n.m. Vent régulier soufflant toute l’année de l’Est, sur la partie orientale du Pacifique et de l’Atlantique comprise entre les parallèles 30° N et 30° S. “L’oliseh austral soufflait avec sa plus exquise douceur.” p.64 Preud’homme n.m. Magistrat élu de l’ordre judiciaire appartenant à un tribunal spécialisé dit “conseil de preud’hommes” statuant sur les litiges dérivant du contrat de travail. p.34 Ravelli n.m. Petit carré de pâte renfermant de la viande hachée ou des légumes. L’autre jour, je suis sur le site du quotidien régional français L’Union, je fais un petit quiz sur Claude François, et d’un seul coup, tu vois, je sens un truc coincé entre deux dents, c’était un ravelli. p.28 Reagan n.m. Mets qu’on trouve particulièrement délicieux. Je dépose de la banane sur mes chips au Nutella, c’est un vrai reagan. p.24 Ross adj. 1. Se dit d’un fait qui se déroule à l’intérieur d’une voiture hippomobile de luxe, à quatre roues. Cas ross. 2. Se dit d’une fée très dure, impitoyable. Fée ross. PAR SIM TRIQUETTE p.96 Cota n.f. abrév. fam. Événement fâcheux. Je me suis fait arnaquer à la pompe à essence de Bouc-Bel-Air, c’est la cota. !!! Pas de week-end pour Sunday Oliseh. Air selfie chez Foot Locker. 12 SOFOOT _ AVANT-MATCH T’es plutôt Donald Duck ou Donald Trump? Plutôt Donald Duck, quand même. Il me fait plus rire. L’autre est trop sérieux, et puis je ne suis pas d’accord avec lui. O.J. Simpson, il était coupable ou innocent au final? Je pense quand même qu’il a donné beaucoup de signes de culpabilité, donc je pencherais plutôt vers cette version. Quand l’homme a découvert que la vache faisait du lait, il cherchait à lui faire quoi, au juste? Alors, j’ai jamais réfléchi à ça, et sincèrement, je préfère ne pas savoir. Toi qui es allé aux USA, ils cachent quoi, les Ricains, dans la Zone 51? Navré, mais je n’en ai aucune idée. Pour tout vous dire, je ne suis pas un grand fan des États-Unis. Ce serait qui, le Bill Clinton suisse? Vous connaissez la Suisse, on n’a pas vraiment de président, donc je ne peux pas vous dire. As-tu ramené un Discman à tes enfants de ton séjour aux États-Unis? Non, et tu sais pourquoi? J’en avais déjà un à Dortmund en 94. C’est quoi le secret d’une vie heureuse? Le plus important, c’est la santé. Et aussi prendre du plaisir et être entouré de bonnes personnes. Tu peux le dire, maintenant: c’est à cause de vous que la ville de Detroit s’est effondrée? C’est possible, hein! J’avais vu une photo du stade en piètre état… Nous, on a pris nos quatre points et on s’est qualifiés pour les huitièmes, on était contents. Tu ne trouves pas que l’on en fait un peu trop sur les cow-boys, qui au fond étaient juste des mecs qui surveillaient des vaches? Je crois que les cow-boys, pour ma génération, c’était bien. C’était les films que l’on adorait regarder durant notre enfance. Donc oui, on en fait peut-être trop, mais j’y suis attaché. Switzerland, Sweden. Est-ce que les Américains vous confondaient avec les Suédois? Oui, clairement. Ce sont deux petits pays, dont les noms se ressemblent… Mais je ne peux pas leur en vouloir, moi non plus je ne connais rien à leur pays.sPAR SAMY OCCHIPINTI / PHOTO: ICON SPORT Peux-tu citer un point commun entre la Suisse et les États-Unis? Dur à dire. Nous sommes neutres et tranquilles, eux, ils croient être les plus forts. On n’a pas la même mentalité, on fonctionne différemment. Quand as-tu accepté ton passage à l’âge adulte? Ah, bonne question! Assez tôt, en réalité, car à 16 ans, je jouais déjà avec des adultes en troisième division. Donc quand tu te retrouves confronté à ces gens-là, forcément… C’était vraiment mieux, les années 90? Mieux, on ne peut pas dire. Disons qu’on était plus libres. J’ai des enfants en bas âge, ils sont toujours sur le portable. Nous, on était plus dans la nature. Les faux tiroirs qui ne s’ouvrent pas sur les meubles, tu valides? Personnellement, je n’en ai pas. Et de toute façon, c’est plutôt ma femme qui est la cheffe de l’aménagement. Elle a plus de goût que moi. Buteur prolifique du Borussia Dortmund et de la Nati, Stéphane Chapuisat a évidemment scoré à la World Cup, lors de la raclée infligée par sa Suisse à la Roumanie de Gheorghe Hagi (4-1). Une bonne raison de lui poser des questions de la plus haute importance. RAPIDO STÉPHANE CHAPUISAT 14 SOFOOT _ AVANT-MATCH 19 94 À l’été 1994, Bill Clinton est ce président quadra, cool et saxophoniste qui ringardise les vieux croulants de la vieille Europe que sont Mitterrand, Kohl, Major et surtout Eltsine, tsar alcoolo d’une ex-URSS grande vaincue de la guerre froide. America first! Bill surfe sur une prestigieuse séquence sportive US, coupe du monde 94 et JO 96 d’Atlanta, où tout lui sourit: après avoir joué les intermédiaires entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin lors des accords d’Oslo, mettant temporairement fin au conflit israélo-palestinien, il devient l’initiateur de l’Alena, traité nord-américain de libre-échange. Le soft power états-unien rayonne sur la planète. Au cinéma, avec Pulp Fiction, Forrest Gump ou Le Roi Lion, et sur le petit écran avec les séries TV Friends ou Urgences. La sono mondiale résonne des hits pop-rock des Breeders (Cannonball), Jeff Buckley (Hallelujah), Soundgarden (Black Hole Sun) ou Green Day (Basket Case). Queen Latifah ambiance avec U.N.I.T.Y la rap-line internationale. Point noir sur la scène ricaine: le suicide de Kurt Cobain le 5 avril. Il entraîne de fait l’effacement du grunge, genre noisy typiquement US, qui laissera la voie libre à la Britpop et son Big Four irrésistible Oasis-Blur-Suede-Pulp. Mais avec sa World Cup, l’affirmation états-unienne décomplexée de superpuissance désormais unique rejaillit jusque sur l’affiche officielle de cette édition: alors que la sonde spatiale américaine Ulysses se rapproche un peu plus du soleil, l’artiste new-yorkais Peter Max a imaginé un footballeur qui plane dans l’Espace au-dessus de la Terre en accomplissant une bicyclette avec un ballon satellisé. Son accoutrement est aussi flashy que ceux des héros Marvel, entre Captain America et Spider-Man. L’Amérique a ainsi investi l’imaginaire football avec ses justiciers costumés, sans doute pour mieux masquer son insignifiance en matière de soccer… La vieille Europe, elle, régresse dans la guerre des Balkans à deux heures de Bruxelles et dans les affres tardives de la décolonisation franco-belge ratée lors du génocide rwandais. La France de la cohabitation senior Mitterrand-Balladur prend la poussière mais se console en inaugurant le tunnel sous la Manche, en dansant le Mia (IAM), en fredonnant Foule sentimentale (Alain Souchon), en poétisant slam-rap sur le Nouveau Western (MC Solaar), tout en restant joyeusement conscientisée sur le refrain de Sûr et certain (“qu’on nous prend pour des cons!”) du futé Tonton David… Mais avec son méga hit Loser réédité en mars 1994, Beck annonce la face plus sombre d’un mondial pourtant illuminé de soleil: l’élimination de la Team USA dès les huitièmes, l’éjection de Diego Maradona, le CSC d’Andrés Escobar (prélude à son assassinat) et la damnation éternelle de Roberto Baggio. Face à l’Italie, le Brésil avait décroché sa quatrième étoile en suivant celle d’Ayrton Senna, tué sur le circuit d’Imola le 1er mai, et inspirateur posthume d’une Seleção en mission qui s’était promis de triompher pour honorer sa mémoire, 24 ans après son dernier sacre. sPAR CHÉRIF GHEMMOUR / PHOTOS: ICON SPORT ET DR ANNALES FOOTBALL CLUB Ça bronze rouge, évidemment. Pire qu’une célébration de Griezmann. Les maçons du Kurt. Loser 2. Loser 1. Depuis 2015, Yugo Kobayashi décrit la carrière d’Ashito Aoi au fil des 37 volumes du manga Ao Ashi. Attaquant devenu latéral, le jeune personnage est aussi talentueux que tempétueux. Son histoire en dit surtout beaucoup de l’évolution du football japonais. Explications avec son créateur. Tribune VIP 16 SOFOOT _ PUBLICOMMUNIQUÉ “JE DESSINE DES ACTIONS DE FOOT COMME DES SCÈNES DE COMBAT” Comment un mangaka spécialisé dans le football se démarque-t-il des classiques du genre? Le sujet de Ao Ashi reste la formation des jeunes en académie de football et c’est quelque chose d’assez inédit dans le monde du manga. Une différence s’est créée naturellement. Jusqu’ici, ça se passait toujours dans des lycées, c’était une activité de club après les cours et le but des personnages était de participer aux championnats nationaux. Ma principale manière de marquer ma différence a été d’interviewer beaucoup de monde autour du foot, j’ai voulu beaucoup me documenter. On est habitué à des héros au cœur du jeu, souvent des buteurs, pourquoi avoir choisi de parler d’un défenseur latéral gauche? Mon ambition était de réaliser un manga réaliste. Ainsi, pour imaginer un joueur japonais effectuer une grande carrière, au niveau international, il fallait absolument qu’il joue à cette position. Je pense que ça va être une tendance dans les prochaines années de se focaliser davantage sur le rôle des défenseurs. Au début du manga, je l’avais placé au niveau des attaquants pour que le public puisse s’identifier. Si je l’avais mis directement en défense, je ne suis pas sûr qu’il aurait rencontré le même succès. Certains des personnages sont inspirés de Keisuke Honda et Take Kubo, à quel joueur pourrait correspondre Ashito Aoi? En tant que défenseur et originaire de Ehime, je le comparerais à Yuto Nagatomo (international japonais, désormais au FC Tokyo, après des passages à l’Inter Milan et l’OM, ndlr). Par contre, ils ont un jeu très différent: Nagatomo est capable de faire beaucoup d’allers-retours dans son couloir alors qu’Ashito joue plus à l’intérieur. Il est désireux d’en apprendre plus sur le jeu. La formation universitaire et la thèse sur les dribbles de votre compatriote Kaoru Mitoma vous ont-elles inspiré? Je ne savais pas qu’il avait fait ça, c’est impressionnant! Mitoma est un joueur incomparable et surprenant. Je ne pensais pas voir un joueur japonais avoir ce niveau-là. Avant d’évoluer à Brighton, il a joué au Kawasaki Frontale dont l’esthétique a beaucoup influencé Ao Ashi. Vous montrez les failles des personnages, autant comme joueurs que comme hommes. Devenir professionnel trop tôt peut-il avoir un impact négatif sur ces jeunes selon vous? Tout à fait! Je pense que le plus dangereux, quand on rencontre le succès trop tôt, est l’aspect financier. On peut perdre la tête car le business est très puissant dans cet univers. Pour revenir sur le cas de Mitoma, le fait d’être passé par l’université lui a fait lancer sa carrière plus tard, mais lui a permis d’acquérir de la maturité. C’est une des forces des Japonais pour ne pas voir son talent être écrasé par la situation. En Europe, certains pensent que les joueurs japonais s’intègrent facilement dans le collectif sans faire d’histoire, or votre héros Ashito Aoi est très colérique, voire égocentrique. Selon vous, quels sont les autres clichés qui collent à la peau des joueurs nippons? Malheureusement, je pense que les clichés sont encore assez vrais. Aujourd’hui, Kaoru Mitoma et Junya Ito ne sont pas arrivés parce que le système de formation est formidable au Japon, mais parce qu’ils montrent quelque chose de différent des autres joueurs. Tout joueur japonais, en s’entraînant avec des équipes françaises ou européennes, se rendrait compte de la différence, notamment au niveau de l’entraînement. Le jeu montré dans les mangas est souvent plus spectaculaire que celui que l’on voit sur les vrais terrains. Est-ce cette différence de show qui favorise le succès du manga? On doit comparer le manga de football à celui de combat. Alors, le tir serait le Kamé Hamé Ha de Dragon Ball ou les bras allongés de Luffy dans One Piece. Quand je dessine des actions de foot, je les imagine comme des scènes de combat. Décrire un football réaliste donnerait un manga très sage, ça n’aurait pas de sens. Tout est exagéré, le tir, les dribbles, la défense, mais c’est l’une des forces originelles du manga.— PAR ENZO LEANNI / ILLUSTRATION: © 2015 Yugo KOBAYASHI / SHOGAKUKAN À DÉVORER: AO ASHI, PLAYMAKER, AUX ÉDITIONS MANGETSU “Dans mon manga, le tir serait le Kamé Hamé Ha de Dragon Ball ou les bras allongés de Luffy dans One Piece”
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