SO FOOT n°225 - Page 1 - 225 OURS SO FOOT, mensuel, édité par SO PRESS, S.A.S. au capital de 543344 euros. 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Imprimé par Léonce Deprez; Distribution MLP. Copyright SO FOOT. Tous droits de reproduction réservés. L’envoi de tout texte, photo ou document implique l’acceptation par l’auteur de leur libre publication dans la revue. La rédaction ne peut être tenue responsable de la perte ou de la détérioration de textes ou photos qui lui sont adressés pour appréciation. Origine du papier: Couverture. Belgique Taux de fibres recyclées: 0% Ptot: 0,019 Kg/tonne Intérieur. Origine du papier: Suisse Taux de fibres recyclées: 55% Ptot: 0,013 Kg/tonne. Encart Red Bulletin toute diffusion Abonnement Responsables abonnement Vincent Ruellan et Louise Besse Contact: abonnement@sofoot.com 01 43 35 82 52 Offres d’abonnement page 97 Prochainnuméro enkiosquele08/05/2025 Retrouvez les anciens numéros et toutes les offres d’abonnement sur lire.sopress.net Samedi 22 mars 2025, veille de quart de finale retour entre la France et la Croatie. Comme d’habitude, Didier Deschamps se présente en conférence de presse. Comme d’habitude, il n’a rien à dire, hormis qu’il faudra “être efficace”, que “l’envie sera là”, que “le milieu de terrain peut être plus créatif dans l’absolu” et que “Modric joue au Real Madrid”. Puis soudain, l’étincelle. Un journaliste se lance: “Didier, on a vu la Croatie faire pas mal tourner devant lors de ses derniers matchs avec Kramaric, Matanovic, Petkovic, Perisic… - … Baturina. Oui, je les connais, oui. - Oui mais est-ce que vous n’avez pas peur de voir débuter demain soir le jeune Baleglawic? Il fait une grosse année 2025. S’il débutait, avez-vous préparé un plan pour le contrer? - Écoutez, on connait tous les adversaires. Si vous savez qui débute demain chez les Croates, ça m’intéresse.” Que DD se rassure, ledit Baleglawic, pour “bats les glaouis”, ne débutera malheureusement jamais. En revanche, que l’auteur de cette question n’hésite pas à postuler à So Foot. Il trouvera chez nous du mauvais café et peu de lumière du jour, mais aussi pas mal de gens qui partagent sa vision du journalisme. DPAR LR édito Avant-match 10. Rapido. Jean Butez cause pôle Nord et Golf GTI. 12. Clasico & co. Des nouvelles rubriques déjà cultes. 14. Copains d’avant. Retour sur le Festival de Cannes 91, version Zizou et Luis Fernandez. 16. Stade d’eux. Petite virée au Groupama Stadium avec Okis, le rappeur qui monte dans le 69. 18. Jour après jour. Un mois de battles, de pieds décollés et de manœuvres militaires. 24. 30 Glorieuses. Ping-pong avec JeanPhilippe Mateta et ses 25 points de suture. Couverture 28. Top 30. Chèvres, pipes, pompes à vélo: appelez-les comme vous voulez, nous on les aime comme les autres. Voire un peu plus. 38. João Félix. Beau, doué, élégant: il devait être le nouveau visage étincelant du foot portugais. À la place, le gamin de Viseu a préféré enchaîner les flops. Mais bordel, que s’est-il passé? 44. Les sous-doués. Mesdames, messieurs, voici l’Avoine Olympique Chinon-Cinais. La pire équipe de France. 50. La chèvre. Ode aux anti-héros, par David Lopez. 52. Les matchs types des nuls. Attention, vous risquez fortement de vous reconnaître. sommaire Reportages 54. Le tournoi. Des dribbles, du poisson grillé, des coups de sang: depuis cinquante ans, le meilleur du foot égyptien se joue pendant le ramadan sur le bitume du Falaki, au cœur d’Alexandrie. Il fallait aller voir ça. 78. Syrie, l’après Bachar. Tués, torturés ou exilés sous la dictature, les joueurs dissidents ayant survécu cherchent à faire revivre le football syrien. Et à dribbler les fantômes du passé. Portfolio 66. Corps réels, supportrices réelles. Comment les Sud-Américaines vivent-elles leur passion pour leur club chez elles, loin des tribunes et des regards des hommes? 87 photographes issues de 11 pays répondent à cette question avec leurs caméras. Décrassage 98. Pierre La Police fait les mêmes dessins qu’un enfant de 4 ans, et c’est très inquiétant. 98. Novlangue. Les nouveaux mots du foot que même l’IA galère à expliquer. Culture foot 94. Philippe Vilain. Des HLM d’Évreux aux grandes maisons d’édition françaises, Vilain est ce qu’on appelle un transfuge de classe. L’ancien numéro 10 n’a heureusement rien perdu de sa passion pour le foot. Entretiens 60. Sonia Bompastor. Seule technicienne française à la tête d’un grand d’Europe, femmes et hommes confondus, la coach de Chelsea donne sa recette du succès. 74. Dominik Szoboszlai. Le numéro 8 de Liverpool, qui a remis à lui seul le football hongrois sur la carte, reçoit sur ses terres, à Budapest. Où il panse les bobos infligés par la tornade PSG. Légende 84. Oh Gigi! Dans les eighties, Andrés Iniesta, ça se dit Alain Giresse. Entretien mythique avec le presque Ballon d’or 82. IMAGO / ICON SPORT 79, comme le département des deux chèvres. ICON SPORT 10 SOFOOT _ AVANT-MATCH Cantona a dit: “Les Anglais ont inventé le football, les Français l’ont organisé et les Italiens le mettent en scène.” Tu confirmes? Oui! Quand tu joues à San Siro ou au stade Olympique, rien n’est laissé au hasard. Les tifosi sont incroyables. Et puis y a rien de mieux qu’un Italien pour discuter avec l’arbitre et demander des cartons. À choisir, tu élimines la mitraillette ou la pizza Margarita? J’élimine sans hésitation la mitraillette. J’ai découvert la pizza Margarita italienne et c’est une tuerie de ouf! Luis Fernandez disait que le football n’était pas des mathématiques. C’était quoi, toi, ta matière préférée à l’école? Alors, contrairement à Luis, je suis un matheux. J’ai fait un bac scientifique. J’aime bien résoudre les problèmes et les énigmes. Si tu pouvais voyager dans le temps, t’irais où? Dans les années 80, 90. Au niveau de la musique, du foot et des films, c’était assez fort. Ça avait l’air plutôt cool et libre. Moins de réseaux sociaux et certainement beaucoup plus de partage. T’as une destination de vacances à nous déconseiller? Le pôle Nord. OK, c’est peut-être cool et ressourçant, mais il fait trop froid, et surtout, il n’y a pas grand-chose à faire. Une vidéo spectaculaire montrant des géants construisant les pyramides égyptiennes a récemment enflammé les réseaux sociaux. T’as une théorie du complot préférée, toi? J’en ai deux. Les platistes, qui me font bien marrer, et celle sur Michael Jackson qui ne serait pas mort mais sur une île déserte à kiffer sa meilleure vie. C’est quoi la chose la plus bizarre que tu collectionnes? Alors, c’est pas super bizarre mais je suis fan de voitures vintage. J’ai le premier modèle de Golf GTI qui a plus de 40 ans. Je passe pour un ringard auprès de mes potes du même âge. En 2019, l’Américaine Michelle Lesco a ingurgité trois pots et demi de mayonnaise en à peine trois minutes, établissant un record du monde. Et toi, c’est quoi ta sauce préférée? En vrai, une bonne sauce mayo maison. Mais maison, parce qu’en pot, c’est de la merde. Et avec des bonnes frites au gras de bœuf du nord de la France si possible. vPAR VICTOR JEZEQUEL / PHOTO: IMAGO / ICON SPORT C’est quoi ta madeleine de Proust? Quand je retourne dans le nord de la France manger une bonne carbonade flamande en famille. Ça me rappelle les midis avec mes grands-parents qui la cuisinaient. En tant que natif de Lille, c’est quoi ta bière préférée? L’Anosteké. C’est une bière des Flandres, huit degrés environ, qui n’a évidemment rien à voir avec celles qu’on trouve en Italie ou ailleurs. Le gardien de Côme, Jean Butez, s’intéresse sans doute de près à l’affaire de Bétharram, à la menace de Troisième Guerre mondiale et à la crise institutionnelle en Israël. Mais on l’a sondé sur d’autres sujets profonds. JEAN BUTEZ RAPIDO Comment t’as choisi devant ta télé entre le Classique et l’Atlético-Barça? J’ai pas choisi, je suivais les deux! J’ai mis PSG-OM sur la télé et la Liga sur mon téléphone. À la mitemps, j’étais pas bien du tout, surtout que l’Inter et United gagnaient et que Dembélé avait déjà marqué. Il me manquait plus que le Barça, qui perdait 1-0… Après, avec le temps, j’ai pris de la distance. Avant, je matais tout, mais ça m’a poussé à cash out certains paris que j’aurais pu gagner au final, donc aujourd’hui, je ne regarde quasiment plus. Parier Dembélé buteur en 2025, c’est tout sauf un jeu de hasard, non? C’est ça. Pour moi, c’était obligatoire qu’il marque durant le Classique. Je crois qu’il a parié “des Patek et des Rolex” avec Désiré Doué qu’il allait marquer plus de 30 buts cette saison. Les deux viennent du Stade Rennais, d’ailleurs. Mon club de cœur en tant que Breton! T’as parié uniquement sur les quatre grands championnats européens. T’es pas du genre à trop t’aventurer dans la vie? Quand je ne trouve rien dans le Big Five, j’essaye souvent d’aller chercher des grosses cotes en Bulgarie ou en Algérie par exemple. Je regarde le classement, les résultats des journées précédentes, la forme des joueurs… J’essaie d’analyser un maximum. Après, oui, j’ai quelques grosses équipes auxquelles je fais généralement confiance, notamment en ligue des champions. Sur ce combiné, tu as mis 19 euros. Pourquoi 19 et pas 20? Tous mes amis me l’ont aussi demandé! En fait, j’avais gagné au poker le week-end d’avant. Il me restait 319 euros sur mon compte Winamax, et je voulais arriver à une somme ronde. Tout simplement. Avec les 3872 euros empochés, tu vas pouvoir t’offrir un beau maillot du Stade Rennais, non? Quand je vois leur classement, ça ne me donne pas vraiment envie de le commander, même en tant que supporter… Je prendrai plus vite le maillot du vainqueur de la ligue des champions que le maillot du Stade Rennais. Peut-être celui de Lamine Yamal, tiens! En vrai, je dois surtout payer mon permis moto, donc je pense que je vais tout mettre dans les équipements et les leçons de conduite. Quels sont tes principes pour un jeu responsable? Je suis un gros joueur, mais je sais aussi m’arrêter quand il faut. Je me mets un budget de 150 euros par mois à ne pas dépasser, à part si je fais un gros gain. – PROPOS RECUEILLIS PAR JOSEPH BRIAT / ILLUSTRATION: WINAMAX Le coin des parieurs Maxime, alias BZH.Nounours, avait 19 euros à miser sur son compte Winamax. Bien inspiré, le Breton a validé une cote à 198,66 pour récupérer la coquette somme de 3872 euros et 35 centimes. De quoi faire le plein de galettes-saucisses. Et financer son permis moto. “C’était obligatoire que Dembélé marque dans le Classique” “Quand je vois le classement du Stade Rennais, ça ne me donne pas vraiment envie de commander leur maillot” CHAIR FRAÎCHE L’Alchimiste Les footeux aiment tous la même chose. Dans leur bibliothèque, L’Alchimiste de Paulo Coelho a une place particulière. Mais pourquoi, bordel? Fiche de lecture. Santiago est un berger espagnol élevé au lait de brebis et à la possession de balle. Une nuit, au lieu d’imaginer, comme tout le monde, que sa maman lui fait des bisous bizarres, Santiago rêve d’un trésor caché au pied des pyramides. L’histoire aurait pu tranquillement s’arrêter là, les moutons auraient été bien gardés, mais non: visiblement pas au fait des notions freudiennes de condensation et de déplacement, Santiago décide d’aller vraiment chercher son trésor, et ainsi de forger sa “légende personnelle”… En même temps, le mec est berger, hein. Pourquoi ils aiment autant ça? Parce qu’en plus de “nul à chier”, l’autre qualificatif qui revient souvent quand on parle de L’Alchimiste est “inspirant”. Traduit du mongol aussi fidèlement que possible par un type heureusement rémunéré pour ça, L’Alchimiste est en effet axé autour d’idées telles que “les obstacles n’existent pas (il n’y a que notre peur d’échouer)”, “l’échec n’existe pas (il n’y a que des apprentissages)” ou encore “le 11-Septembre n’existe pas (il n’y a que notre interprétation des événements, après voilà, comme je dis bien souvent, l’important c’est de prendre du plaisir)”. Les genres de phrases dont s’inspire autant Karim Benzema pour ses posts Insta que Corinne pour la déco de son mur taupe. Est-ce que c’est vraiment de la merde? À 100%, et au-delà. 12 SOFOOT _ AVANT-MATCH Ladirlo C’est les yeux mouillés de larmes de rage que vous lisez ces quelques mots atterris dans votre boîte mail: la crèche sera en grève demain. Il est 17h38 et vous n’avez strictement aucune solution de garde alternative sous la main… La tactique de Paulo Animation défensive: Alors comme ça vous voulez presser haut, les filles? Pas de souci. En bon émule des intellectuels à tête ronde (Guardiola, De Zerbi, Pedro Pony), vous repartez de derrière et vous confiez la mission de première construction à votre charnière idéologique. La grève au fond, qu’est-ce que c’est? C’est un droit, certes –et vous êtes de tout cœur avec elles, hein, vraiment–, mais les droits impliquent aussi des devoirs, tels que celui du service minimum. Hé oui. Allez, “envoyer mail”, vous avez des milieux un peu techniques, ça devrait marcher. Animation offensive: Ça n’a pas marché. Laissez passer la nuit, profitez-en pour ne pas dormir (la rage, toujours) et le lendemain, présentez-vous à 8h02 devant l’école maternelle de votre quartier. Sans surprise, la directrice refuse de prendre votre enfant sous le double prétexte techniquement juste qu’il n’est pas inscrit dans cet établissement pour la simple et bonne raison qu’il n’a que neuf mois, et que vous êtes en retard. Pas de souci, ça part en front contre front, que vous agrémentez d’un “Tu vas faire quoi la dirlo, tu vas faire quoi?” qu’une bonne soixantaine d’enfants tétanisés reprendront en chœur d’ici trois-quatre jours, une fois passé le traumatisme. Vous avez toujours misé sur le futur. Que faire avec les couloirs? Misez tout sur le côté droit (vous travaillez à Lyon). uPAR MAXIME CHAMOUX ET SYLVAIN GOUVERNEUR / PHOTOS: ICONSPORT AYYOUB** BOUADDI POIDS NET: 72 KG EMBALLÉ LE 02/10/2007 ÉLEVAGE: AFC CREIL ET LOSC LILLE TRAÇABILITÉ FUTURE: CHELSEA – MANCHESTER CITY – SÉVILLE – MARSEILLE – AL-NASSR LABEL: XAVI-FRIENDLY À CONSOMMER JUSQU’À: LA REMISE DE LA MÉDAILLE FIELDS 2034 ORIGINE: FRANCE (SENLIS) PRIX AU KILO 138 888,90 € CONSEILS DE PRÉPARATION: limiter les écrans, réviser la trigonométrie, ne surtout pas couper les cheveux. UNE QUESTION? S’adresser à Pep Genesio. WHAT WOULD PAULO FONSECA DO? CLASICO 2 1. Luis Fernandez. À l’époque, le numéro 10 des Bleus, c’est lui. Luis Fernandez. L’idole des Minguettes offre à l’AS Cannes les dernières gouttes de son football tout en impact et en grinta. Pas de frappes, pas de passes, pas de buts, Luis laisse ça aux autres. Sur le terrain il est encore ce joueur au cœur gros comme ça, et aux cojones encore plus grands. C’est à Cannes qu’il raccroche les crampons et qu’il enfile le costard de coach. Et fait mentir l’adage qui veut qu’un grand joueur ne puisse pas devenir un grand entraîneur. 2. Aliocha Asanovic. Avant l’éclosion des BG de la fratrie Schneider, le seul Aliocha qui comptait, c’était Aliocha Asanovic. Sorte de version bêta de Modric, Asanovic sait tout faire: marquer, passer, faire jouer. À l’Hajduk Split d’abord, puis à Metz, ce qui en termes de joga bonito est l’exact inverse de l’Hajduk Split. Suivront Cannes, Montpellier, de l’Espagne, de l’Italie et de l’Angleterre où il ne s’impose nulle part. Pas grave, le climax c’est à nouveau en France, en 1998 et une troisième place en coupe du monde. “Genije”. Ça veut dire “génie” en croate. Merci Google trad. 3. Jean-Luc Sassus. Le 22 mai 2015, le football perd un défenseur incontournable des nineties et les amateurs de blagues faciles perdent à jamais l’occasion de faire rire pour pas cher. Avant ça il y a eu Toulouse, Cannes, le PSG, l’OL, Sainté et un profil unique en son genre. Sassus c’était les pieds mais surtout la tête: maths sup, maths spé, diplôme d’ingénieur chimiste. Et cette formule mathématique imparable dans le foot comme ailleurs: c’est toujours les meilleurs qui partent en premier. 4. Franck Priou. Contrairement à ce que laisse penser son physique, 1,81 mètre pour 84 kilos, et les villes qu’il a fréquentées, Mulhouse, Sochaux, Caen et Saint-Étienne, non Franck Priou n’était pas représentant CGT branche métallo. Il était attaquant de formation et du genre à terminer meilleur buteur du championnat. Bon, de division 2 et de National. Mais meilleur buteur quand même. Revenu chez lui à Marseille, il entraîne depuis 2019 l’US Endoume et sa vignette Panini vaut, elle, dans les 80 centimes. 5. Zinédine Zidane. À l’époque il a des cheveux et il s’appelle Yazid. Mais déjà ses contrôles sont délicieux et son sens de la passe est exquis. Dans sept ans il mettra les Bleus sur le toit du monde mais pour le moment il se contente de quelques apparitions dans le Top But de Téléfoot en crampons Diadora. À noter que si vous êtes l’heureux possesseur de la vignette Panini de Zizou à Cannes saison 1990-91, un acheteur eBay vous en proposera pas loin de 3000 euros. 6. José Bray. “J’ai joué avec Zidane mais aussi au Shanghai Shenhua. Avant ça je suis passé par Nîmes avec qui je descends en National. Dans la foulée je signe au Stade Briochin avec qui je remporte le championnat de National. En 1997, je fais ma last dance avec Cannes et je revis une nouvelle relégation.” José Bray c’est pas une carrière de footballeur, c’est un kamoulox. 7. André Amitrano. Un prénom de vieux parrain, un nom de gangster du Sud. Mais Dédé n’a jamais braqué rien d’autre que des attaquants. Gardien de petite taille, il fait sa carrière dans l’ombre de la moustache de Jean-Luc Ettori. Monaco, Nice et Cannes, le foot pour Amitrano s’est déroulé sur un périmètre de 30 bornes. Champion de France de division 3, vice-champion de France de division 2 et vrai champion de France de division 1 en 1982. Pas naze. Pas fou non plus. Depuis qu’elle a été rachetée par un groupe américain il y a deux ans, l’AS Cannes revit. Héroïques en coupe de France, placés pour la montée en N1, les Dragons ont belle allure. Mais pas encore le niveau de l’équipe de 1991, faite de vieux briscards et de jeunes loups. Une époque dorée qui sentait bon les casinos louches, la Côte d’Azur sous influence, les faits divers inquiétants et où on pouvait rider la croisette en Renault 19 Cabriolet. AS CANNES 1991 1 COPAINS D’AVANT 14 SOFOOT _ AVANT-MATCH 3 6 4 8 9 10 7 8. Pierre Dréossi. Entre Lille, Sochaux, Nice, Paris et Cannes, Pierre Dréossi c’est 502 matchs de championnat. Et seulement 5 buts. Mais 1287 évités pour ce stoppeur comme on les aimait à cette époque. Propre au duel et bon relanceur. Faux. Dur sur l’homme et ses articulations. Vrai. S’ensuit une carrière où les mots “directeur” et “général” ne le quittent plus. Directeur général à Lille, puis manager général à Rennes, puis manager général au Paris FC, puis directeur sportif au Panathinaïkos, puis directeur sportif à Metz pour finir aujourd’hui directeur général à Lens. Un CV qui pèse sur LinkedIn. 9. Éric Guérit. Dans la vie, on peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. La carrière d’Éric Guérit, c’est pareil. Côté pile, il a la chance de jouer aux côtés de Zidane à Cannes puis à Bordeaux. Côté face, il est convoqué en EDF par Platini mais ne disputera jamais la moindre minute sous le maillot bleu. Côté pile, à sa retraite, il intègre la cellule recrutement du Stade Rennais grâce à son pote Pierre Dréossi nommé entraîneur. Côté face, il quitte la cellule recrutement du Stade Rennais suite au licenciement de Pierre Dréossi. Là encore, l’inverse aurait quand même eu plus de gueule. 10. Franck Durix. Dans la vie, on peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. La carrière de Franck Durix, c’est pareil. Côté pile, il est le passeur décisif du premier but de Zidane en pro. Côté face, il est convoqué en EDF par Jacquet mais ne disputera jamais la moindre minute sous le maillot bleu. Côté pile, il suit Arsène Wenger pour son aventure japonaise au Nagoya Grampus. Côté face, il prend sa retraite et devient gérant d’un magasin de chaussures haut de gamme à Grasse. L’inverse aurait quand même eu plus de gueule. 11. François Omam-Biyik. Qui n’a jamais entendu parler du lion François Omam-Biyik ne mérite pas de tenir ces pages entre ses mains. En 1990, pour le match d’ouverture de la CDM italienne, il met Maradona et l’Argentine championne du monde en titre dans sa poche. But et victoire 1-0 pour le Cameroun. Figure d’une ligue 1 qu’on appelle à l’époque “division 1”, François s’impose à Laval, Rennes et Cannes avant de flopper à l’OM et de devenir une idole à Lens, où il récolte plus de sang que d’or. •PAR L’INSUPPORTABLE ALEXANDRE GONZALEZ / PHOTO: ALAIN GADOFFRE / ICON SPORT 11 5 Même le sponsor a été blanchi. AU GROUPAMA STADIUM AVEC OKIS 6 C’est le lot de tous ces supporters de clubs dont les bons vieux stades de centre-ville ont été remplacés par des “outils” construits à perpette: chaque trajet donne envie de solliciter l’intelligence artificielle pour savoir comment ne pas passer trois heures dans les transports. En ce qui concerne l’OL et son Groupama Stadium, il y a l’option navette, celle du tram T7 jusqu’à l’arrêt Décines OL Vallée, ou encore celle du T3 jusqu’à Décines Grand Large, qui nécessite d’ajouter un peu de marche jusqu’au stade. Pour la réception du FCS Bucarest en huitièmes de finale retour d’Europa League, ce jeudi 13 mars, Okis a pris ses précautions et opté pour le T7. Résultat: il arrive une heure et demie avant le début du match, comme un con. Heureusement, Jean-Michel Aulas a tout prévu: “Je vais te montrer OL Vallée, ce bel endroit pour nous, consommateurs, et non supporters”, ironise le “rappeur qui monte” dans la ville des Gones. Joggo Adidas, sac bandoulière, polaire sur un haut de survêt de l’OL et bonnet noir sur un crâne dégarni, Maxime, pour les intimes, nous balade entre le McDo, le bowling, la salle de sport et le clou du spectacle: la piscine à vagues –ou “city surf park”. Tout ce qu’exècre ce marxiste revendiqué. “J’vois du foot, Ponsot voit des pourcentages”, écrit-il dans sa chanson J’arrive, référence à l’ancien directeur général du football à l’OL, réputé pour être injouable sur les chiffres et les contrats, mais aussi pour ne rien piper au ballon. Une “punch” qui, selon ce “pur Lyonnais” de 26 piges, lui aurait coûté l’annulation par l’OL d’un shooting photo qu’il devait faire avec le survêtement du club fin 2023. C’est pourtant via le club de sa ville qu’Okis –“mon chéri” en arménien, comme l’appelait sa grand-mère– a lancé sa carrière, en plein Covid. À l’époque, le jeune homme, diplômé de journalisme à l’Institut d’études politiques de Rennes, alterne entre presse locale à Lyon et case chômage. L’horizon est flou. Il a des idées de podcasts ou de livres, sur l’histoire industrielle ou sur le rap, qu’il pratique depuis l’adolescence, seul dans son coin. Puis à l’été 2020, l’OL version Rudi Garcia tape le City de Guardiola et se qualifie pour les demi-finales du Final 8 à Lisbonne. Sur Twitter, Okis sort un rap artisanal intitulé “Y’a cher moy’”, empli d’argot lyonnais. Lyon est éliminé par le Bayern, mais le slogan se retrouve en tendance sur les réseaux. JeanMichel Aulas et Karim Benzema le partagent. “Je l’avais écrit en quelques minutes et enregistré sur mon téléphone, remet Maxime. Musicalement, c’était pas ça…” Peu importe: ce premier buzz lui ouvre les portes du petit monde du rap lyonnais. Un an et demi après, en janvier 2022, sort son premier EP, OK, puis un deuxième en 2023, ainsi que l’album, qui passe la barre des trois millions d’écoutes sur Spotify. C’est parti. “Laréalitéestqu’onaperdu lecontrôlesurnotreclub” Le coup d’envoi approche. Une fois dans l’enceinte, le rappeur est alpagué dans les couloirs par un groupe de supporters. “On sera présents à minuit!”, lui balance l’un d’eux. La réception du FCS Bucarest n’est en effet pas la seule préoccupation du jour d’Okis: à minuit sort sur les plateformes son troisième EP, La Crème, dont les chansons font partager sa vie de jeune Croix-Roussien, un quartier du 4e arrondissement en voie de gentrification accélérée, d’homme de gauche –il a milité dans les Jeunesses Communistes et rêve de se produire à la Fête de l’Huma–, et donc de supporter de l’OL. “Une grosse préoccupation pour moi”, confirme celui qui avait calé une trentaine de références à son club et ses idoles d’enfance dans les 17 chansons de son premier album, Rêve d’un STADE D’EUX 16 SOFOOT _ AVANT-MATCH rouilleur. Comme d’habitude, le nostalgique de Licha Lopez s’installe en virage Nord, celui des Bad Gones, mais en étage supérieur, au-dessus du groupe de supporters à qui il arrive parfois de lâcher quelques saluts nazis entre deux Marseillaise. “L’OL, c’est une passion née très tôt, avant l’époque où tu te fais tes opinions politiques, se justifie l’ancien coco, qui de temps à autre descend au cœur du kop s’offrir de l’adrénaline et quelques pogos. Mais des fois tu te dis: ‘Merde, estce que je ne suis pas du mauvais côté?’ Je te cache pas que ça m’arrangerait si les supporters faisaient des grandes banderoles anticapitalistes, antiracistes et antisexistes!” C’est l’heure de la compo, crachée dans les enceintes. Okis hurle “TESS-MAN”, puis prévient: “Lui, faudra qu’on en parle.” Parlons-en. “Au départ, je lui cherchais des qualités de joueur pro, pour être honnête. Je pense que s’il joue au Havre, jamais l’OL ne le recrute.” Toujours facile de se payer un Ricain. Mais alors que la bande à Fonseca lance ses premiers assauts, Maxime prouve qu’il sait aussi faire dans l’unpopular opinion: “J’ai des doutes sur la capacité de Mikautadze à prendre la suite de Lacazette la saison prochaine.” Sa phrase à peine terminée, l’avant-centre géorgien reçoit la balle de Cherki à l’entrée de la surface, claque un passement de jambes, élimine deux défenseurs, et crucifie le gardien du plat du pied gauche. Bon. À la mi-temps, l’OL mène tranquillement 2-0 et Maxime file engloutir une pinte à sept balles à la buvette. Quand il revient s’asseoir un spliff à la bouche, Mikautadze a déjà planté son doublé. La suite du match est une promenade de santé, alors Okis partage ses souvenirs de dix ans de stade, dont son préféré: le 4-2 face à la Roma de Mohamed Salah, déjà en huitièmes de finale de C3, en 2017. Et l’avenir, alors que l’OL est toujours relégué en ligue 2 à titre conservatoire par la DNCG pour la saison prochaine? “Je suis inquiet, évidemment, confie-t-il. Le moment Pierre Sage nous a mis quelques mois dans le déni, mais la réalité est qu’on a perdu le contrôle sur notre club, à l’image du foot français. Je n’y crois pas du tout, à leur histoire de multipropriété. Ils vont se vautrer à un moment. Mais nous on sera là, à la buvette, à kiffer le football, même en N3 s’il le faut!” Coup de sifflet final, victoire 4-0. Au prochain tour, le 10 avril, c’est Manchester United qui se présentera au Groupama. Peut-être que d’ici là, Okis aura pris un abonnement à la piscine à vagues. “J’y songe, sourit-il. Pour redresser les finances de mon club.” •TOUS PROPOS RECUEILLIS PAR ERWIN CANARD / PHOTOS: EC ????? “Je te cache pas que ça m’arrangerait si les supporters de l’OL faisaient des grandes banderoles anticapitalistes, antiracistes et antisexistes” Samedi 1 mars. “Va chier.” Tel est le slogan coup de poing dégainé par la Ligue contre le cancer pour inciter les boomers récalcitrants à se faire dépister contre le cancer colorectal. C’est aussi, en substance, le message envoyé par Donald Trump à Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale, devant les caméras du monde entier. “Sans nous, vous n’avez pas les cartes. Vous jouez avec la Troisième Guerre mondiale”, a attaqué le président américain, avant de congédier son homologue ukrainien. Le clash diplomatique tourne en boucle sur toutes les chaînes de télévision, sauf sur C8 et NRJ12, qui ont cessé depuis minuit d’être diffusées sur la TNT. Une soirée terminée sur un “Vive la liberté” du révolutionnaire d’extrême gauche Cyril Hanouna. Hélas, l’écran noir tombe aussi pour Jean-Philippe Mateta. L’attaquant français de Crystal Palace est évacué sur civière après huit minutes de jeu et un attentat kamikaze de Liam Roberts, le gardien de Millwall, qui lui arrache l’oreille avec son pied. “Ça joue!”, selon l’arbitre, qui, en constatant les dégâts, sortira finalement le rouge. Dimanche 2 mars. Le monde va mal, et l’heure n’est pas au self-control. Une semaine après le craquage de Pablo “tout corroupte” Longoria contre ce “championnat de merde”, c’est au tour de Paulo Fonseca de péter un plomb lors de la victoire de l’OL face à Brest. Alors que Benoît Millot est appelé par le VAR pour vérifier un potentiel penalty pour Brest dans les arrêts de jeu, le technicien portugais se met à hurler comme un possédé à quelques centimètres du visage de l’arbitre. “L’image est affligeante, inadmissible, honteuse, il n’y aura pas de mot assez fort pour qualifier le geste de Monsieur Fonseca”, charge dans la foulée le syndicat des hommes en noir. Ironie du sort, après examen des images, le penalty n’est même pas sifflé. Toute cette tension ne réussit pas à Gérard Bourgoin. L’ancien président de l’AJA et de la LFP, un temps leader européen du poulet, meurt au volant de sa voiture des suites d’un malaise cardiaque. Il rentrait du stade de l’Abbé-Deschamps, où il venait d’assister à la défaite contre Strasbourg de l’AJ Auxerre. RIP, Gégé. Lundi 3 mars. À Los Angeles, Adrien Brody remporte l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans The Brutalist. Plus au sud de Hollywood, Lizbeth Ovalle frappe un grand coup dans la course au prix Marta, qui récompense le plus beau but de l’année dans le football féminin. La joueuse des Tigres de Monterrey claque un sublime coup du scorpion en pleine lucarne à l’occasion de la victoire (2-0) de son équipe face à Guadalajara. Un éclair de génie qu’elle-même peine visiblement à expliquer: “Qui sait comment JOUR APRÈS JOUR er UN MOIS DE CLASHS, DE PHILOSOPHIE ET DE SONDAGES INQUIÉTANTS 18 SOFOOT _ AVANT-MATCH Même lever le doigt, il le fait de traviole...
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