60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS n°611 - Page 1 - 611 2 / N° 611 / MARS 2025 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS Dans les coulisses de 60 BRUNO LEVY/«60» ARNAQUES:JAMAIS ÀCOURTD’IDÉES! Une de nos lectrices en voulant juste donner quelque chose via l’application Geev, gérant les dons entre particuliers, s’est vu proposer d’être payée pour les frais d’envoi en passant par Wero, le nouveau Paylib, utilisé par les banques. Naturellement le lien proposé était un fake, elle a mis ses coordonnées et s’est fait dépouiller… À lire sur notre site 60millions-mag.com RETROUVEZ-NOUS en podcast dans le 5/7 de France Inter du 16 janvier où notre journaliste, spécialiste de l’énergie, Fanny Guibert, intervenait pour expliquer l’impact pour les consommateurs de la baisse des tarifs réglementés de l’électricité. Dans les coulisses de 60 QUI SOMMES-NOUS ? 60 Millions de consommateurs et son site 60millions-mag.com sont édités parl’Institut national de la consommation (INC) ; établissement public à caractère industriel et commercial dont l’une des principales missions est de « regrouper,produire, analyseret diffuser des informations, études,enquêtes et essais » (art L.822-2 du code de la consommation). NOS VALEURS INDÉPENDANCE Nous n’acceptons aucune publicité et tous les produits testés sont achetés parnos soins,de manière anonyme, comme tout consommateur. EXPERTISE Nos journalistes-enquêteurs travaillent en étroite collaboration avec les ingénieurs,les juristes et les économistes de l’INC pour une information fouillée et experte. PROXIMITÉ Le réseau 60,c’est plusieurs milliers de contacts parmois : messages des lecteurs,des abonnés à notre page Facebook,à nos filsX, les contributions au forum. Des échanges qui enrichissent nos contenus en continu. Essais mode d’emploi Tous les tests de produits réalisés par notre centre d'essais comparatifs répondent à des cahiers des charges complets, définis par les ingénieurs de l’INC, qui s’appuient sur la norme des essais comparatifs NF X 50-005. Ces essais ont pour but de comparer objectivement les produits (qui ont tous été achetés de manière anonyme) et, le cas échéant, de révéler les risques pour la santé ou la sécurité. Les informations publiées, en particulier essais comparatifs et études, ne peuvent faire l’objet d’aucune exploitation commerciale ou publicitaire.Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation de l’INC. 60 millions retourne en CM2 ! Dans le cadre de la 36e édition de la presse et des médias dans l’école organisée par le Clemi, la classe de CM2 de l’école Gustave-Rouanet à Paris a planché avec nous. 1 Guidée par notre rédactrice en chef, ils ont travaillé sur le dossier du 60 millions Junior qui sortira le 13 mars sur le thème : « Écrans, amis ou ennemis ? » 2 Par petits groupes, ils ont imaginé et dessiné ce qui pourrait être la couverture. 3 Puis chaque groupe a expliqué ses choix à la classe. 1 3 2 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 611 / MARS 2025 / 3 SYLVIE METZELARD Rédactrice en chef ÉDITORIAL J. DULEY RESTONS CONNECTÉS ! 60millions-mag.com •Pour puiser davantage d’infos conso au quotidien •Un forum pour vous exprimer •Les rappels de produits à connaître @60millions Le fil du consommateur averti. @alerte_rappel60 Pour être prévenu tout de suite des gros rappels de produits. Pour suivre, partager les travaux de «60», réagir à des infos insolites, partager une expérience… /60millions deconsommateurs Prix,qualité ettransparence L es hypermarchés, supermarchés… on s’y perd. Où aller pour fairesescourses?Surtoutquandlepaysagedesgrandessurfaces vientdeseredessiner:MatchetCoraontétéavalésparCarrefour et Casino bat désormais pavillon Auchan, Intermarché ou Carrefour – du moins quand les magasins existent encore. Cequinousguideenpriorité?Lesprix,biensûr,ceuxdesgrandesmarques comme ceux des produits distributeurs qui, de crises en poussées inflationnistes, se sont fait une place de choix dans nos achats. Lesgrandsnomsdeladistributionselivrentune guerre de communication sans merci autour de leurs prix, mais qu’en est-il réellement ? Nous avons mené l’enquête avec le concours des journalistes du magazine spécialisé Linéaires qui sillonnent,toutel’année,lesmagasinsdeFrance pour établir des relevés de prix. Une aide précieuse qui nous permet aujourd’hui d’établir un classement. Maisnousvoulionsallerplusloinetévalueraussilaqualitédesproduits. En brassant les données de la méga-base alimentaire Open Food Facts, nousavonstravaillésurleNutri-Score(lenouveau,celuiquiestplusexigeant)desproduitsdistributeursafindevoiroùchaqueenseignesesitue: plutôt dans le vert, le orange, le rouge... Et nous nous sommes intéressés de près aux additifs qu’ils contiennent, susceptibles de poser problème. Untravaildetitan,forcémentimparfaitcarunebasededonnéescollaborativeprésentetoujoursdesmanques.D’autantquetouteslesmarquesne jouent pas le jeu en l’alimentant régulièrement. Croisons les doigts pour quecetteétudelesfasseévoluerversplusdetransparence.Laqualitédes produitsygagnerait.C’est danscebutquenousœuvronsetrécidivrons.• En brassant la base de données Open Food Facts, nous avons voulu aller plus loin sur la qualité des produits et les additifs. MENSUELÉDITÉ PARL’INSTITUT NATIONALDELA CONSOMMATION (Établissement public à caractère industriel et commercial) Le Polaris,76,avenue Pierre Brossolette, 92240 Malakoff Tél.: 01 45 66 20 20 www.inc-conso.fr Directeur de la publication : Olivier Dailly Rédactrice en chef : Sylvie Metzelard Rédacteurs en chef adjoints : Hervé Cabibbo (mensuel) Sophie Coisne (hors-série) Élodie Toustou (Web) Directrice artistique : Emmanuelle Mondor Secrétaire générale de la rédaction : Martine Fédor Rédaction : CHEFS DE RUBRIQUE : Patricia Chairopoulos, Fanny Guibert, Lionel Maugain,Amine Meslem (hors-séries),Adélaïde Robert, Adrian de San Isidoro SECRÉTARIAT DE RÉDACTION : Bertrand Loiseaux et Mireille Fenwick (premiers secrétaires de rédaction), Cécile Demailly MAQUETTE : Valérie Lefeuvre (première rédactrice graphiste) RESPONSABLE PHOTO : Céline Derœux SITE INTERNET : www.60millions-mag.com Matthieu Crocq (éditeur Web), Laura Hendrikx (cheffe de rubrique), Brigitte Glass (relations avec les internautes) redactionweb@inc60.fr Diffusion : William Tétrel (responsable), Gilles Tailliandier (adjoint), Valérie Proust (assistante) Relations presse : Anne-Juliette Reissier-Algrain, Tél. : 01 45 66 20 35 Chef adjoint du centre d’essais comparatifs : Antoine Haentjens Cheffe du service juridique,économique et de la documentation : Patricia Foucher Contact dépositaires,diffuseurs et réassorts : Destination média, Tél. : 01 56 82 12 06 Service abonnements : 60 Millions de consommateurs, CS90006, 59718 LILLE CEDEX 9.Tél. : 09 69 322 983 TARIFS DES ABONNEMENTS ANNUELS 11 numéros mensuels + Spécial impôts : 49 € ; étranger : 62,50 €. 11 mensuels + Spécial Impôts + 7 hors-séries : 83 € ; étranger : 108 € Photogravure : Key Graphic Impression : groupe Maury Imprimé sur papier : Leipa Lux Origine du papier : Schwedt/Oder,Allemagne Taux de fibres recyclées : 100 % recyclées Certification : PEFC Eutrophisation : 0,08 kg/tonne Distribué par : MLP Dépôt légal : février 2025 Commission paritaire : 0927 K 89330 ISSN : 1267-8066 Ce numéro comporte un encart d’abonnement sur une partie du tirage. Carton rouge 4 / N° 611 / MARS 2025 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS Le constat Google a déployé une mise à jour pour ses téléphones Pixel 4a 4G. Le problème L’autonomie est passée d’une journée à quelques heures maximum. La conséquence Les utilisateurs exigent une compensation à la hauteur du préjudice. Miseàjourlogicielle Onneremerciepas Google! L e 6 janvier, Google annonce sur son site supportl’arrivéed’unemiseàjourversAndroid 13 sur ses téléphones Pixel 4a 4G. « Pour certainsappareils[…]lamiseàjourlogicielleréduira la capacité de la batterie disponible et affectera les performances de recharge », prévient le géant américain. Déployée le 8 janvier, cette mise à jour, obligatoire, provoque l’ire des utilisateurs. « Chargé à 100 %, le téléphonen’aplusqu’1h30d’autonomie», témoigne un lecteur. Et il n’est pas le seul : en quelques jours, une centainedetémoignagesontaffluéàlarédaction.Tous observent une baisse d’autonomie, passée d’environ une journée à quelques heures seulement. DES COMPENSATIONS TROP LÉGÈRES Pour l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP), cette mise à jour pose question. « Le dysfonctionnementdelabatterieestprovoquéparunemiseà niveauobligatoire,auxeffetsdélétèresconnusparGoogle», déploreFlavieVonderscher,responsableduplaidoyer pour HOP. Qui a mis en ligne un formulaire de signalements sur https://urlr.me/ak2ru5. Pourtenterdefaireavalerlapilule aux détenteurs des Pixel défectueux, Google propose 50 $ (48 €) en numéraire ou 100 $ (96 €) en bons d’achat, à dépenser sur le GoogleStore.Descompensations jugées trop légères par de nombreux consommateurs. D’autant que pour récupérer l’argentennuméraire,ilfauts’inscrire sur la plateforme Payoneer qui facture 30 $ de frais de compte annuels, si moins de2000$sontcréditéssurlecomptedouzemoisaprès sa création ! Mieux vaut donc supprimer son compte Payoneer après réception des fonds. FAIRE JOUER LES GARANTIES LÉGALES Hélas, la solution de réparation, pourtant proposée dans d’autres pays, n’est pas disponible en France. Et installer une batterie neuve ne garantit pas de résoudreledysfonctionnement,del’aveumêmed’un responsableduservicesupportdeGoogle!Contacté, leservicecommunicationdeGoogle,laconique,s’est contenté de renvoyer vers son site support. VousavezachetévotrePixel4ailyaplusdedeuxans? Tentez de faire jouer auprès du vendeur la garantie légaledesvicescachés(article1641etsuivantsducode civil). Elle doit être initiée au plus tard dans les deux ans suivant le problème rencontré et il vous revient d’apporter la preuve de l’existence du vice caché. S’il y a moins de deux ans, vous pouvez invoquer la garantie légale de conformité (article L217-8 dudit code). Envoyez votre demande de mise en conformité par lettre recommandée (LRAR)auvendeurdutéléphone. Et demandez la réparation ou le remplacementdel’appareil.Sila miseenconformitén’estpasréalisée, ou si elle intervient trente jours après votre réclamation, mettez en demeure le vendeur d’effectuer le remboursement de l’appareil sous une à deux semaines.•ADRIAN DE SAN ISIDORO CE QUE DIT LA LOI Article L441-2 du code de la consommation : « Est interdite la pratique de l’obsolescence programmée qui se définit par le recours à des techniques […] par lesquelles le responsable de la mise sur le marché d’un produit vise à en réduire […] la durée de vie. » DIRE / RÉAGIR / REVENIR 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 611 / MARS 2025 / 5 SOMMAIRE N° 611 / MARS 2025 DIRE / RÉAGIR / REVENIR Le regard de «60» sur l’actualité de la consommation.................................................................................................................................................................... p.6 Plastiques jetables : Bravo les JO !.............................................................................................................. p.6 Microplastiques : Après l’eau, les sols................................................................................................ p.6 Hors la loi : Un compte courant payant, sinon rien !...............................p.7 À la une Grandedistribution Quelle qualité des produits MDD ?...................................................................................................... p.8 Qui vraiment est le moins cher ?................................................................................................................p.13 ALIMENTATION & SANTÉ Toutes les infos sur la nutrition, les problématiques de santé, la beauté.................................................. p.18 Enquête Plastique : Notre corps frôle déjà l’overdose !.................................................. p.20 Zoom Régime cétogène : Des bénéfices réels ou pas ?...................................... p.23 Zoom Dépistage : Tous en selles !..............................................................................................................................................p.24 Enquête Origin’Info : Une démarche qui prend son temps......................................p.26 Enquête Prévention : Doucement avec les boissons énergisantes...... p.30 ÉQUIPEMENT & LOISIRS Toutes les infos sur l’équipement de la maison, le high-tech, les transports et les loisirs...........................................p.34 Essai Logiciels de contrôle parental : Des progrès restent à faire dans le filtrage......................................................................................................................................................................p. 36 Pratique Automobiles : Les meilleurs plans de l‘occasion........................................p.42 ARGENT & LOGEMENT Toutes les infos sur la gestion de vos dépenses, votre habitation et vos droits de consommateur.............................................................................................................................................................................. p.48 Pratique Thermodynamie : Le chauffe-eau qu’il vous faut ?.......................... p.50 Zoom Services bancaires : Comment payer moins cher........................................ p.53 Coaching Assurance retraite : Des erreurs bloquent mon départ à la retraite............................................................................................................................................................................................................................p.54 Ne vous laissez pas faire Récupérez une assurance-vie.................................................................................................................................. p.57 Pratique Sites marchands hors UE : Un consommateur averti en vaut deux.....................................................................................................................................................................................................................p.58 Enquête Immobilier : Placements en SCPI, la déception.................................................. p.60 Courriers, courriels, Vos coups de gueule, vos questions, nos réponses............................................................................................................................................p.62 La flèche de Madame 60 Trop de fidélité tue la fidélité.................................................................................................................................... p.66 60 secondes pour retenir l’essentiel ...................................................................p.67 Vous voulez vous abonner : voirpage33 Vous recherchez un article ou un ancien numéro : voirpage56 ouwww.60millions-mag.com Le programme des émissions Consomag diffusées sur France 2, France 3, France 4, France 5 et France Info : voirpage29 Retrouvez-nous chaque samedi dans “franceinfo: conso” à 15h50, 17h50 et 21h20 sur TOUT CRÉDIT SAUF MENTION CONTRAIRE : GETTY IMAGES/ADOBESTOCK/SHUTTERSTOCK DIRE RÉAGIR REVENIR LE REGARD DE «60» SUR L'ACTUALITÉ DE LA CONSOMMATION PAR FANNY GUIBERT, LIONEL MAUGAIN,ADÉLAÏDE ROBERT,ADRIAN DE SAN ISIDORO ET ÉLODIE TOUSTOU 6 / N° 611 / MARS 2025 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS Plastiquesjetables Bravo les JO ! Bilan des JO de Paris : -52 % de plastiques à usage unique par rapport à ceux de Londres, d’après le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris2024.Cesuccèstientsurtout à la baisse de l’eau vendue enbouteille(10millionscontre 18millions),remplacéepardes gourdesetlamiseàdisposition de points d’eau. L’association No Plastic in My Sea estime que l’absence d’incidents aux JO où, pourlapremièrefois,lesgourdesenmétalouenplastiquejusqu’à 75 cl étaient autorisées, plaide pour la levée des restrictions de sécurité. Elle souhaite que l’autorisation perdure et que les établissementsrecevantdupublicdonnentaccèsàdespointsd’eau, conformémentàlaloiAGEC,enespérantatteindrel’undesobjectifs de la loi : - 50 % de bouteilles en plastique dans cinq ans.• Acide glyoxylique Alerteconfirmée Nous en parlions à l’automne : l’acide glyoxylique, utilisé dans certains produits de lissage pour cheveux, était suspecté de provoquer des insuffisances rénales aiguës, avec douleurs abdominales et lombaires, nausées et/ou vomissements. C’est désormais confirmé. L’Anses estime donc nécessaire de restreindre, voire d’interdire cette substance. En attendant, elle recommande d’éviter l’utilisation des produits qui en contiennent.• Action de groupe réussie Cdiscount Énergie va devoir indemniser ses clients L’association Consommation logement et cadre de vie (CLCV) a obtenu une indemnisation pour les clients lésés par GreenYellow–Cdiscount Énergie. Ces filiales de Casino (la première gérant les contrats de la seconde) avaient annoncé, début 2022, qu’elles cessaient la fourniture de gaz. Plus de 30 000 personnes qui pensaient être à l’abri avec un contrat à prix fixe de deux ans ont été priées de changer de fournisseur en pleine crise de l’énergie ! La CLCV a engagé une action de groupe qui a débouché sur un accord rendu public en janvier. Les clients ayant résilié leur contrat à prix fixe entre le 3 janvier et le 6 avril 2022 pourront obtenir un forfait de 10 € multiplié par le nombre de mois restant à courir jusqu’à l’échéance normale. La CLCV a ouvert l’adresse gaz2022@clcv.org.• Microplastiques Aprèsl’eau,lessols Onpensaitquelapollutionparlesmicroplastiques touchait surtout les milieux aquatiques. Mais une étude, publiée en janvier par l’Agence de transition écologique (Ademe), atteste de leur présence danslessolsdel’Hexagone. Les trois quarts des échantillons analysés, prélevés dansdesgrandescultures,prairies,forêts,vigneset vergers comportaient des microplastiques. Il s’agit majoritairement de polyéthylène (PE), la matière plastique la plus commune. Pour en déterminer la source, l’Ademe a analysé 21 familles de matières organiques fertilisantes : boues de stations d’épuration, déchets verts, compostsdontceuxissusdetrimécano-biologique(TMB). Résultat, les familles les plus contaminées sont les déchets de TMB, alors que les matières provenant de fumiers ou lisiers en sont quasi exemptes. L’Agence recommandederéduirelesplastiquesdanslesemballages et d’améliorer la collecte séparée.• 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 611 / MARS 2025 / 7 La Caisse d’Épargne ne respecte pas la loI.Elle ne peut pas obligerà ouvrir un compte courant pour utiliserson épargne. M a r yl i s e, cliente de longue date de la Caisse d’Épargne, ne détient plus qu’un livret A dans cette banque. En novembre dernier, lorsqu’elle tente de faire un virement vers son compte courant qui, lui, est à la Société générale, la Caisse d’épargne lui oppose une fin de non-recevoir. « La conseillère m’a affirmé que leur règlement interdisait les virements ponctuels de mon livretAversmoncomptecourant,pourtant tous les deux à mon nom », nous écrit-elle. La banque lui confirme que « conformément à la réglementation bancaire en vigueur, il n’est pas autorisé d’effectuer un virement direct d’un compte épargne vers un autre compte externe ». Solution proposée à Marylise : ouvrir un compte courant àlaCaissed’épargnepourpermettre letransfert.Cequiimpliquedesfrais de gestion. INTERDIT EN JUILLET 2023 LaCaissed’Épargnerespecte-t-ellela réglementationcommeellel’affirme? Non ! Depuis juillet 2023, en effet, (arrêtés du 10 nov. et 20 déc. 2022), les clients des banques ne peuvent plus se voir imposer de détenir un compte de dépôt et leur(s) livret(s) dans le même établissement pour réaliser des transferts entre eux. « Faire des virements depuis et sur son livret A, son LDDS [livret de développement durable et solidaire, NDLR] oud’autres,depuisetversuncomptede dépôtsituédansn’importequellebanque doit être possible, si ces comptes sont au même nom », précise Corinne Lamoussière-Pouvreau, juriste à l’Institut national de la consommation, éditeur de «60». ARGUMENT ÉTONNANT Interrogée par «60», la Caisse d’épargne avance une argumentation déconcertante : « Notre groupe [la BPCE, NDLR] a mené des développementsinformatiquesimportantspour permettre de réaliser, depuis l’agence du client, un virement du livret A vers un compte dépôt, à son nom, dans une banque concurrente. Ces développements […] seront pleinement opérationnelsdanslecourantdupremiertrimestre 2025. » En clair, les clients doivent se déplacer en agence pour initier leur virement vers le compte courantlogéàlaconcurrence.Dissuasif! Prendre le virage numérique était pourtant l’argument avancé par la BPCE pour justifier la fermeture de 400 agences bancaires de proximité (Banque populaire et Caisse d’épargne) entre 2017 et 2020 !•E. T. Horslaloi Un compte courant payant sinon rien ! Ne pas craquer Leretourdel’arnaque auxfruitsetlégumes Ils se disent maraîchers et toquent à votre porte pour proposer de grosses quantités de marchandise prétendument locale. « Ils se conservent plusieurs mois, n’ayez crainte ! » Ils déchargent vite leurs cagettes et l’affaire est dans le sac. Erwan a ainsi payer par carte : près de 1 500 € au total ! Et pas de bordereau de rétractation, comme l’exige la loi. Puis il s’est aperçu qu’il n’avait pas les quantités indiquées sur la facture, que le prix au kilo était deux fois plus élevé qu’en grande surface, et que les fruits et légumes ne venaient pas du tout de sa région.• 100 000 € La pâtisserie Baillardran, connue pour ses cannelés, a été sanctionnée par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour « pratiques commerciales trompeuses ». L’enseigne utilisait des arômes industriels présentés comme naturels, et congelait ses petits gâteaux présentés comme frais. 690 000 € La Répression des fraudes a épinglé la société Crédit Mutuel Arkéa pour des manquements dans son offre de paiement ; laquelle ne permettait pas au client de choisir, lors d’un paiement sur Internet, entre les réseaux CB, Visa ou MasterCard. 50 000 € L’influenceuse Bymounamour, a été condamnée par la DDPP de la Haute-Garonne pour avoir vendu des produits cosmétiques en ligne. Lui sont reprochés un manque d’informations relatif au droit de rétractation et l’absence de coordonnées du médiateur attitré, obligatoires à mentionner. MISÀL’AMENDE ! 8 / N° 611 / MARS 2025 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS L ongtemps considérées comme des ersatz des marques nationales, les marques de distributeurs, ou MDD, prennent leur revanche. Selon les derniers chiffres de NielsenIQ,ellesreprésentent45,7% duvolumedesproduitsalimentaires déposésdanslesCaddieset35,7%du chiffre d’affaires sur ce rayon. La clé deleursuccèsrésidedansleursprix, inférieurs de 30 à 35 % en moyenne auxproduitséquivalentsdesgrandes marques. AVEC LA BASE DE DONNÉES D’OPEN FOOD FACTS Mais quid de leur qualité globale? EntreAuchan,CarrefouretE.Leclerc par exemple, laquelle de ces trois Quellequalité desproduitsMDD? Grandedistribution À LA UNE Au-delà de leurs prix attractifs, les produits alimentaires sous marques de distributeurs (MDD) doivent donner des gages de qualité. Composition, additifs, qualité nutritionnelle… Qui est le plus vertueux ? Pour le savoir, nous avons comparé l’offre MDD de six grandes enseignes. Une première. Comment nous avons procédé • Nous avons comparé les produits vendus sous les marques propres des six principales enseignes de grande distribution (Auchan, Carrefour, Intermarché, E.Leclerc, Lidl, et U). Nous avons utilisé la base de données collaborative Open Food Facts, qui recense les produits alimentaires à code-barres et rapporte, pour chacun, les listes d’ingrédients et valeurs nutritionnelles. Excluant les gammes de MDD comptant moins de dix références, l’analyse porte sur un échantillon global, par enseigne, de 3 000 à 6 000 références scannées en 2023 par des clients en magasin. Pour chaque enseigne, nous avons établi • sur le Nutri-Score (calculé selon le nouvel algorithme), les proportions des produits ayant les meilleures notes (A et B) et les plus mauvaises (D et E). • sur les additifs, le nombre de produits contenant un ou plusieurs additifs problématiques, parmi différentes familles (conservateurs, colorants, émulsifiants, antioxydants, édulcorants, nitrites/ nitrates). La note globale est pondérée selon le degré de transparence de l’enseigne, à savoir la transmission à Open Food Facts des nouveautés, modification des recettes… • Cinq produits (barquette àlafraise,cola,mayonnaise, moussaka, pain de mie complet) ont été évalués sur la qualité de leur composition et sur un critère nutritionnel prépondérant. enseignesfaitpreuve,surl’ensemble de son offre alimentaire MDD, d’efforts sur la qualité nutritionnelle et le choix des ingrédients? Difficile à savoir, les comparatifs de ce type étant inexistants. C’est pourquoi 60Millionsdeconsommateursadécortiquécesdonnéesvialabasededonnées collaborative Open Food Facts. Une première! À LA UNE 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 611 / MARS 2025 / 9 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 611 / MARS 2025 / 9 i i Postulat de départ : les enseignes ont une entière autonomie sur la composition de leurs produits. Le plus souvent, elles délèguent la fabrication à un industriel mais selon leur propre cahier des charges:prix,ingrédients,goût,etc. Que ce soient les plats, les desserts, les boissons… on les repère soit avec le logo de l’enseigne, soit par un nom derrière lequel la filiation s’efface, comme Monique Ranou (Intermarché),MarqueRepère(E.Leclerc),Rik&Rok(Auchan),Pâturages (Intermarché) ou encore Saint Alby (Lidl). Peut-être pour séduire des Français qui ont longtemps fait la fine bouche devant les MDD. i i De plus, les distributeurs communiquent davantagesurleuractivité MDD : Intermarché se vante de détenir ses propresbateauxdepêche et ses abattoirs, Lidl se pose en spécialiste avec 80 % de son offre en marque propre, etc. MaisquidduNutri-Score, c’est-à-dire de la valeur nutritionnelle de leurs produits? En un coup d’œil sur les emballages,celogo–facultatif–permet de savoir quels biscuits, pizzas, cordons bleus ou autres aliments sont les plus équilibrés. LE NUTRI-SCORE PUBLIÉ EN 2023 EST PLUS SÉVÈRE i i Lancé en 2017 par les pouvoirs publics, le Nutri-Score répartit les produits alimentaires en cinq classes, de A (vert foncé) à E (orange foncé). L’application Open FoodFactscalculelescorenutritionnel de toutes les références, y compriscellesquin’affichentpaslelogo. Précisonsqu’ils’agitdunouvelalgorithme, publié en 2023 mais dont ledécretd’applicationn’esttoujours pasparuenFrance.Ilestplussévère, notammentsurlesteneursensucres et en sel. i i Premier enseignement de notre analyse : quelle que soit l’enseigne, la part des produits (toutes gammes confondues)affichantun score D ou E est majoritaire dans leurs rayons. Peu équilibrés, ils sont à consommer de façon très ponctuelle. Sur ce critère, le plus mauvais élève est Lidl avec la moitié (51 %) de ses produits alimentaires notés D ou E, suivi par E.Leclerc (46 %) et Intermarché (45 %). On y trouve notamment des biscuits, des sauces, des pâtes à tartiner, des fromages râpés et autres mueslis croustillants. 45,7% C’est levolume des produits alimentaires des marques de distributeurs déposés dans nos Caddies. La part des produitsMDD équivalant àDouEest majoritaire. 10 / N° 611 / MARS 2025 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS i i Inversement, les notesAetB,désignant des aliments de bonne qualiténutritionnelleet pouvant être consomméstrèsrégulièrement, atteignent au mieux 35%del’offreMDDchez Auchan. Et si l’on ne prend que les meilleurs aliments notés A, ceux-là représentent 20 % du total des produitsAuchan,contre14%seulement de produits Lidl notés A. Satisfecit, donc,pourl’enseigneaurouge-gorge qui fournit des efforts manifestes sur la qualité nutritionnelle de ses gammes. U et Carrefour sont sur la bonne voie, avec presque un tiers de produits MDD notés A ou B. SUR LA BASE DE TRAVAUX SCIENTIFIQUES… i i Reste que le consommateur n’a pastoujoursaccès àcetteinformation. Ou bien de façon plus ou moins parcellaire.Ainsi,Carrefourdéclare le Nutri-Score pour 80 % de ses produits, un bon point, sauf sur ses marques Sélection, Extra ou Reflets de France. Pour le distributeur, sa clientèleconsommecesproduits«en petite quantité, sans que le profil nutritionnel ne soit son attente principale ». i i OutreleNutri-Score,nousavons évalué lesenseignessurleurvolonté de réduire, voire supprimer, une séried’additifsaujourd’huireconnus problématiquesparlesscientifiques. i i Nous avons sélectionné douze de ces additifs, répartis dans six familles,surlabasedetravauxscientifiques récents. « La science ne s’est penchéequerécemmentsurleurseffets, le niveau de preuve et de consensus sur leur seuil de nocivité, ou au contraire d’innocuité,n’arienàvoiravecceuxsur le sucre et le sel », prévient Mathilde Touvier, directrice de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’Inserm. Son laboratoire a cependant épinglé certaines catégories d’additifs, en particulier les émulsifiants,trèsprésentsdanslesproduits alimentaires industriels. … DOUZE ADDITIFS QUI POSENT PROBLÈME i i Sur les émulsifiants, l’Inserm suggère, d’après les données de santé de la cohorte française NutriNet-Santé, un lien entre la consommation de certains d’entre eux, tels les mono et diglycérides d’acides L’accès à l’information sur le NutriScore reste parcellaire. Auchan Carrefour Intermarché E.Leclerc Lidl U A 20 % 18 % 16 % 17 % 14 % 17 % B 15 % 13 % 12 % 12 % 12 % 13 % C 26 % 25 % 27 % 25 % 24 % 26 % D 23 % 24 % 24 % 25 % 27 % 23 % E 16 % 20 % 22 % 21 % 23 % 21 % % Bons scores (A + B) 35 % 31 % 28 % 29 % 25 % 30 % % Mauvais scores (D + E) 39 % 44 % 45 % 46 % 51 % 44 % NOTEGLOBALE Moyen Mauvais Très mauvais Nutri-Score des enseignes GRANDE DISTRIBUTION À LA UNE 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS N° 611 / MARS 2025 / 11 gras (E471) et les carraghénanes (E407), et des risques accrus de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2, voire de certains cancers, en particulier du sein et de la prostate. Sur 1000 produits, toutes gammes confondues, nos analyses de données pointent E.Leclerc et Intermarchéavecplusde80produits comptantdesémulsifiantsdansleurs formulations.AuchanetCarrefourse distinguent par un moindre usage. i i Les nitrites et nitrates arrivent en deuxième position quant à leur présence dans les produits de MDD (charcuterie, viande rouge, certains plats cuisinés et autres fromages type gouda). Or « l’Organisation mondiale de la santé a reconnu leurcaractèrecancérogène»,rappelle Mathilde Touvier. Si toutes les enseignes vendent désormaisaumoinsuneréférence de jambon et de certains plats cuisinéssansnitrites,Intermarché et E.Leclerc restent, sur cet autrecritère,enqueuedeclassement. i i Surlesantioxydantsdetypephosphates de calcium (E341) et phosphatestrisodiques(E339),lesexperts de l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) ont estimé, en 2019, que l’apport alimentaire total en phosphates pourrait dépasser le niveau de sécurité européen. Avec une vigilance particulière chez les enfants et les adolescents. Là encore, E.Leclerc et Intermarché s’avèrentêtrelesenseigneslesmoins vertueuses ;laprésencedecesadditifs reste toutefois modeste (moins de 2 % des produits en contiennent). i i Le colorant caramel (E150d) fait partie des additifs suspectés de former des molécules cancérigènes. Selon l’Efsa, ce colorant n’est «nigénotoxique ni cancérigène », mais son groupe scientifique estime prudent de maintenir les concentrations de l’E150 « aussi basses qu’il est possible d’unpointdevuetechnologique». Quelle que soit l’enseigne, on le trouve quasi exclusivement dans les colas et les vinaigres balsamiques, d’où sa faible présence. i i Pour chaque enseigne, la note globaleaétépondérée parunscore de transparence, basé sur la transmission de leurs données en temps réel à Open Food Facts. Ce critère distingue favorablement Auchan, alors que Lidl ne transmet aucune information.L’enseigneévoquel’absencededrive,doncdedataproduits, contrairement à ses concurrents. Aufinal,cesnotesmontrentlegrand écart entre les six distributeurs sur les additifs controversés. De quoi regarder attentivement les compositions des produits des marques E.Leclerc et Lidl. Les émulsifiants pointés dans les produits E.Leclerc. Bien Moyen Auchan Carrefour Intermarché E.Leclerc Lidl U Produits de MDD scannés en 2023 sur Open Food Facts 3 794 5 766 3 072 4 075 4 995 3 584 •Conservateur (E111) 1 1 2 2 1 0 •Colorants (E150d) 1 2 4 5 2 2 •Emulsifiants (E471, E407) 61 61 81 86 64 63 •Antioxydants (E339, E341) 7 11 16 13 9 12 •Edulcorants (E950, E951, E955) 7 11 9 11 14 7 •Nitrites, nitrates (E250, E251, E252) 27 37 57 41 29 33 •Total de ces additifs pour 1 000 produits 104 124 168 158 119 117 •Note additifs 15/20 10/20 5/20 5/20 10/20 10/20 •Note transparence 14,2/20 13,8/20 11,3/20 5,7/20 0/20 6,1/20 APPRÉCIATIONGLOBALE Les additifs problématiques par distributeur (base : 1 000 produits) Mauvais
60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS n°611 - Page 1
60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS n°611 - Page 2
viapresse