ROCK AND FOLK n°683 - Page 10 - 683 Juillet 2024 R&F 003 Edito La rose est sans pourquoi “Est-ce que vous êtes contre le rythme ? Pour le romantisme ?”, l’interrogeait Mireille dans l’émission Le Petit Conservatoire des années ORTF. “Je suis entre les deux”, répondait la très jeune “mademoiselle Hardy”. C’était déjà ça, oui. La fille désarmante. Qui n’existe pas. Aucun être humain comme ça n’existe. Sauf elle. Une anomalie des yé-yés ? Une brune à l’époque des blondes. Une compositrice parmi les interprètes. Une meneuse au milieu des muses. Une amoureuse sans amoureux. Une rose sans pourquoi… “La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu’elle fleurit. Elle n’a souci d’elle-même, ne demande pas si on la voit” On a en tête l’image de cette jeune fille à l’air triste, assise dans la nacelle d’une grande roue, place de Clichy, les cheveux volant au rythme du va-et-vient lancinant du manège. Dès le scopitone de la chanson “Tous Les Garçons Et Les Filles”, réalisé par Claude Lelouch, tous les éléments de la mythologie de Françoise Hardy sont déjà là : un regard mélancolique sur le monde et les relations amoureuses, seule au milieu de tous, un positionnement en tant qu’outsider, à l’écart de ce qui se faisait alors. Et puis ce charme, mélange de fragilité et d’élégance, d’absence, qui a rendu fou ses contemporains et a fait d’elle l’icône d’une génération, celle de ses débuts et aussi de celles d’après. “Les plus désespérés sont les chants les plus beaux” disait Alfred de Musset qu’aimait citer Françoise Hardy quand on lui demandait pourquoi elle écrivait des chansons tristes. Elle a sublimé comme personne la mélancolie et créé une œuvre unique, œuvre refuge quand le spleen, le vague à l’âme nouent la gorge. Il y a quelques mois, nous évoquions de la malédiction du bouclage, cette manie qu’ont certaines personnalités de mourir pile au moment où le magazine entre en presse. Quand Françoise Hardy a enfilé sa combinaison lamée pour rejoindre les astres qu’elle avait appris à lire, la question ne s’est pas posée. On arrête les rotatives et on reprend tout à zéro. Voici notre hommage. Retour sur Terre : en 1943, au plus fort de la Seconde Guerre mondiale, Woody Guthrie écrit une chanson intitulée “Talking Hitler’s Head Off Blues” et décide alors d’afficher sur sa guitare un autocollant qui allait devenir emblématique : “This machine kills fascists”. Plusieurs de ses disciples, Bob Dylan en tête, allaient faire du rock — musique de métissages — un vecteur de la lutte contre le fascisme. Donovan allait même arborer une guitare simplement ornée de “This Machine Kills”, pensant naïvement que le fascisme était mort. Aujourd’hui, le choix n’est pas si simple… Cette dissolution laisse un peu deux options : d’un côté l’orchestre péruvien à bonnet et flûte de Pan, de l’autre la fanfare militaire… ou Mireille Mathieu… pour utiliser la métaphore musicale, hein. A l’heure où des partis véhiculant des idéologies dont la date limite de consommation semblait atteinte depuis longtemps — sans un mot pour la culture — sont aux portes du pouvoir, peut-être serait-il bon de penser à tonton Woody. De se dire que notre musique qui a tant fait pour l’égalité à peut-être encore son mot à dire. Que sa voix compte. Votons ! Vincent Tannières Parution le 20 de chaque mois Mes Disques A Moi Stan Cuesta OLIVIER LORQUIN 10 Tête d’affiche Matthieu Vatin PENNY ARCADE 14 Jérôme Soligny JOHN CALE 16 Romain Burrel CAGE THE ELEPHANT 18 Alexandre Breton MICHAEL HEAD 20 Jonathan Witt Slash 22 Alexandre Breton Alan Vega 24 En vedette Romain Burrel EELS 26 Eric Delsart CALEb LANDRY JONES 30 Thomas E. Florin RENDEZ-VOUS 34 Jérôme Soligny DAVID BOWIE 38 Nicolas Ungemuth RICHARD THOMPSON 42 En couverture Pierre Mikaïloff Françoise Hardy 48 RUBRIQUES edito 003 Courrier 006 Telegrammes 008 Disque Du Mois 061 Disques 062 Reeditions 070 REHAB’ 074 vinyles 076 DISCOGRAPHISME 078 HIGHWAY 666 REVISITED 080 Qualite France 081 Erudit Rock 082 Et justice pour tous 084 FILM DU MOIS 086 Cinema 087 SERIE du mois 089 IMAGES 090 Bande dessinee 092 LivRes 093 Live 094 PEU DE GENS LE SAVENT 098 Sommaire 683 48 Françoise Hardy www.rocknfolk.com Photo Neil Krug-DR 18 Cage The Elephant couverture photo : Jean-Marie Périer Rock&Folk Espace Clichy - Immeuble Agena 12 rue Mozart 92587 Clichy Cedex – Tél : 01 41 40 32 99 – Fax : 01 41 40 34 71 – e-mail : rock&folk@editions-lariviere.com Président du Conseil de Surveillance Patrick Casasnovas Présidente du Directoire Sophie Casasnovas Directeur Général Frédéric de Watrigant Editeur Philippe Budillon Rédacteur en Chef Vincent Tannières (32 99) Rédacteur en Chef adjoint Eric Delsart Chef des Infos Yasmine Aoudi (32 94) Chef de la rubrique Live Matthieu Vatin (32 99) Conseiller de la Rédaction Jérôme Soligny Maquette Christophe Favière (32 03) Secrétaire de rédaction Manuella Fall Publicité : Directeur de Publicité Olivier Thomas (34 82) Assistant de Publicité Christopher Contout (32 05) PHOTOGRAVURE Responsables : Béatrice Ladurelle (31 57), Flavien Bonanni (35 29) Chromiste : Hugues Vuagnat (3489) VENTES (Réservé aux diffuseurs et dépositaires) : Emmanuelle Gay (56 95) ABONNEMENTS : Promotion Abonnements : Carole Ridereau (33 48) Abonnement : France 1 an - 12 numéros papier et numérique : 131,48 e, prélèvement mensuel : 5,95 e Suisse et autres pays et envoi par avion : nous contacter au (33) 03 44 62 43 79 ou sur : abo.lariviere@ediis.fr VENTE PAR CORRESPONDANCE : Accueil clients 03 44 62 43 79 Commande par Carte Bancaire ou sur www.rocknfolk.fr COMPTABILITé (32 37) Fax : 01 41 40 32 58 Directeur de la Publication et Responsable de la Rédaction : Patrick Casasnovas IMPRESSION : Imprimerie de Compiègne Zac de Mercières 60205 Compiègne Cedex. Papier issu de forêts gérées durablement, origine du papier : Allemagne, taux de fibres recyclées : 63%, certification : PEFC/ EU ECO LABEL, Eutrophisation : 0,003 kg/ tonne. Diffusion : MLP – Rock&Folk est une publication des Editions Larivière, SAS au capital de 3 200 000 euros. Dépôt légal : 3ème trimestre 2024. Printed in France/ Imprimé en France. Commission paritaire n° 0525 K 86723 ISSN n° 07507852 Numéro de TVA Intracommunautaire : FR 96572 071 884 CCP 11 5915A Paris RCS Nanterre B 572 071 884 Administration : 12, rue Mozart 92587 Clichy Cedex – Tél : 01 41 40 32 32 Fax : 01 41 40 32 50. Les manuscrits et documents non insérés ne sont pas rendus. Courrier des lecteurs Drama pop sans pathos Flamme des années 80 Et si, au lieu de rendre hommage à des Beach Boys moribonds, on célébrait plutôt trois rockeuses bien vivantes dont le premier album a soufflé ses quarante bougies en avril ? Car elles naquirent, comme groupe, en même temps que les années quatre-vingt. Avec l’ambition d’être l’équivalent féminin des Beatles. Ceux d’avant l’arrêt des concerts et du repli en studio, qui accoucha de la révolution que l’on sait. Des Beatles au féminin, elles le furent de leurs premières compositions, compilées depuis (certaines auraient leur place sur une BO de Tarantino) à l’impeccable “All Over The Place” en 1984 donc. A l’instar de leurs fabuleux prédécesseurs, elles avaient le charisme, les mélodies, les harmonies... Et l’énergie, mâtinée juste ce qu’il faut de punk... Bref, elles avaient la grâce. Mais au milieu des années quatre-vingt, le swinging sixties et le punk définitivement enterrés, les marchands reprennent la main. Flairant la bonne affaire, ils fondirent sur le groupe pour en faire leur chose, leur vache à lait. Reléguèrent les compos originales, qu’ils ne prirent même pas la peine de produire décemment, au second plan. Mirent l’accent sur les reprises ou les chansons “offertes” par des baltringues. “Manic Monday”, le début de la fin. Et que dire de ces looks imposés, putassiers ? Seuls les concerts continuèrent d’entretenir la flamme. Voyez, à Pittsburgh, en 1986, Susanna Hoffs et Vicki Peterson se tordre sur leurs guitares, et Debbi Peterson cogner ses fûts. Trois sorcières en plein sabbat, mettant le feu à leur répertoire. “All Over The Place” en ressort transfiguré. L’insipide “Different Light” régénéré. Mais alors, “éternelle”, la flamme ? Au-delà des conflits d’ego sciemment orchestrés en coulisses, entraînant leur séparation en 1988... Oui. Une décennie suffira à ce qu’elles renouent et à faire reprendre à leur musique une pente ascendante. Leur dernier album en date a pour titre “Sweetheart Of The Sun” et, dans ses meilleurs moments, nous ramène à la Californie du Summer Of Love. A n’en pas douter, elles auraient eu leur place dans la bande-son de ce Summer Of Love. Hélas, elles sont arrivées trop tard pour ça. Trop tard aussi pour jouer les premiers rôles au CBGB ou dans le Londres punk. Ce fut le drame, au final poignant, des Bangles. Se faire les ambassadrices de trente ans de rock depuis la Californie du capitalisme triomphant. Mais quarante années après, c’est aussi ce qui, en ces temps de bêtise et de laideur généralisées, continue de les rendre indispensables. Vincent FAurie 006 R&F Juillet 2024 Les rois d’Angleterre On dira ce qu’on voudra des Anglais mais ils ont réussi en quelques mois, durant les sixties, à engendrer les quatre groupes majeurs de l’histoire du rock. A titre de comparaison, à la même époque, le paysage musical français était surtout constitué d’adaptations des hits du moment, pratique courante de ces années-là et des éternels thèmes d’amour juvéniles pour midinettes de 12 ans, impossible pour nous de rivaliser. Notez, qu’en fonction des décennies, il leur est arrivé, eux aussi, de tomber dans le peu digeste, rappelons-nous les boursouflures prog-rock des seventies avec leur lot de guitaristes bien trop bavards et les zozos à brushing des eighties, entre autres, mais dans l’ensemble, le bilan est plus qu’honorable. Ils ont d’ailleurs, toujours été les seuls à rivaliser avec les Américains. Un coup d’œil dans le rétro suffit pour constater que nos chers voisins sont, en Europe, les cadors incontestés du temple depuis plus de six décennies. Je peux bien vous le dire maintenant, il m’arrive de penser que leur singularité découle en définitive de leur manière inégalable d’être anglais... So British, quoi... ! Méfisto Tout est parfait dans “You Can’t Hurry Love”, symphonie de poche ultime, drama pop sans son pathos larmoyant, qui n’excède pas les 2’47 minutes, pont ascensionnel inclus, dans une réplique exaltée et fugace de l’existence, concentrée ici entre béatitude et regrets, allégresse et mortification, intériorité contrariée et exaltation candide. Un morceau très représentatif au sens où l’art du trio Holland-Dozier-Holland résidait précisément dans cet équilibre, d’apparence très humaine, entre superficialité et profondeur. Une dualité inextricable, d’une beauté enjouée et douloureuse, juste effleurée, qui frappe encore aujourd’hui, éternelle comme les diamants, l’imagination. Doo-Dah Band Incroyables et merveilleuses Quand Nicolas Ungemuth écrit, à propos de Holland-Dozier-Holland, “reste une leçon de songwriting époustouflante”, il convient néanmoins de se demander d’où le trio avait lui-même reçu en premier lieu cette leçon. Et que nous disent les auteurs-compositeurs dans “Hitsville: The Making Of Motown” (2019) ? Eddie Holland : “On n’était pas musiciens de formation. Brian [Holland] séchait les cours pour venir ici [à Hitsville] apprendre à écrire des chansons. Je ne connaissais moimême rien à l’écriture de chansons. Mais pour moi, Smokey [Robinson] était le plus grand auteur du monde. Je le pense encore. Alors j’ai pris deux de ses titres, j’ai recopié les paroles et je les ai étudiées.” Lamont Dozier : “Eddie a eu une idée : ‘Brian et toi, vous allez composer la mélodie. Vous allez échanger des idées et dès que vous aurez une piste, je me mettrai aux paroles’, c’est comme ça que Holland-Dozier-Holland est né. Un atelier au sein de l’usine.” Ce qui, en théorie pourrait donc faire de Smokey Robinson le plus grand d’entre eux. Enfin, jusqu’à un certain point. Car ce serait sans compter sur le fait que Smokey concéderait lui-même ce statut à Stevie Wonder, Robinson déclarant rétrospectivement : “Sa musique, c’est à la fois du jazz, du gospel, de la pop, il y a tout dedans, Stevie Wonder est l’un des plus grands génies de l’histoire de la musique”. De sorte qu’il apparaisse un peu vain dès lors de les départager tant tous nous ont offert de toute façon la plus belle musique qui soit. Même si, quant à moi, la merveille des merveilles demeure l’œuvre effectivement du trio Holland-DozierHolland, ce titre étant “You Can’t Hurry Love” (1966) exposé fiévreux, haletant et frémissant, indépassable à tous points de vue, beat, structure (et pour son canevas mélodique et harmonique, son interprétation), de leur génie... Et bien sûr, Diana Ross, Florence Ballard et Mary Wilson y sont irrésistibles, l’image au Ed Sullivan Show tout en grâce lamée, superbe, ce “Before Loneliness” harmonisé à l’unisson par le chœur, une pure féerie épiscopale, sacrée. Marseillais ? A propos de votre article sur “Born In The USA”. “Dancing in The Dark”, plus grand riff de synthé de l’histoire du rock à guitares ? Et “Jump” de Van Halen, c’est de la petite bière ? Tonton JC Entre incontournable et excellent La rubrique “In Memoriam” du dernier Rock&Folk m’apprend que “The Weirdness” des Stooges, enregistré par Steve Albini, est un album raté. Il avait pourtant obtenu cinq étoiles à sa sortie, une de plus que le disque du mois de notre regrettée Amy. JEan-Marie Flaureau Ecrivez à Rock&Folk, 12 rue Mozart, 92587 Clichy cedex ou par courriel à rock&folk@ editions-lariviere.com Chaque publié reçoit un CD 008 R&F Juillet 2024 AC/DC A l’occasion du jubilé des Australiens, Teufel annonce la sortie d’une enceinte portable en édition limitée. La Boomster AC/DC Edition estampée du logo doré du combo est affichée au prix de 369,99 €. AMEN DUNES Le projet musical de Damon McMahon sera en concert à Paris au Trabendo le 1er juillet. L’opportunité de (re)découvrir son dernier-né “Death Jokes”. ANIMAL COLLECTIVE Pour ses quinze ans, “Merriweather Post Pavilion”, album emblématique du trio originaire de Baltimore, s’offrira une réédition vinyle Deluxe à découvrir le 28 juin. SYD BARRETT & PINK FLOYD Le documentaire “Have You Got It Yet? – The Story Of Syd Barrett And Pink Floyd” de Roddy Bogawa bénéficiera enfin d’une sortie au format DVD et Blu-ray le 19 juillet. BLACK KEYS Le duo a annulé sa tournée de concerts nord-américains prévus de septembre à novembre 2024 et s’est séparé de son management. Raison invoquée : réduire la taille des salles de spectacles pour offrir une “expérience excitante et intime aux fans”. Les nouvelles dates n’ont pas encore été annoncées. BON JOVI Grosse actualité pour les rockers américains dont le seizième opus “Forever” vient de sortir le 7 juin. Le documentaire “ThankYou, Goodnight: The Bon Jovi Story” diffusé en avant-première le 26 avril dernier aux États-Unis devrait bientôt débarquer en France. ETIENNE DAHO Le dandy rennais a décroché l’or pour sa dernière livraison, “Tirer La Nuit Sur Les Etoiles”, qu’il interprétera sur la Grande Scène lors de la 4ème édition du Festival Sœurs Jumelles à Rochefort (17300) le 29 juin. ELMER FOOD BEAT “30 cm”, album culte du quintette originaire de Nantes, toujours sur les routes à travers l’Hexagone, fait son retour sur un vinyle (30 cm, forcément) jaune transparent. On y retrouve des hits du groupe tels que “Le Plastique C’est Fantastique”, “Daniela” ou “La Caissière De Chez Leclerc”. EUROPAVOX Shaka Ponk, The Libertines, Dionysos, Phoenix, L’Impératrice… font partie des artistes qui déferleront sur les scènes de la 18ème édition du festival clermontois les 28, 29 et 30 juin. FESTIVAL BEAUREGARD Idles, Justice, Etienne Daho, Parcels, The Prodigy, Fat White Family, Black Pumas, LCD Soundsystem, Archive, Baxter Dury, Massive Attack, L’Impératrice seront à HérouvilleSaint-Clair (14200) du 3 au 7 juillet, dans le cadre de la 16ème édition du festival normand. FESTIVAL DE CARCASSONNE En Occitanie, le festival de Carcassonne accueillera GretaVan Fleet, Toto, Sting, Shaka Ponk, IAM, Scorpions, Status Quo, The Stranglers, LouiseAttaque, FFF, Thibault Cauvin & M… du 28 juin au 31 juillet dans divers lieux. Télégrammes par Yasmine Aoudi Photo Alain Dister-DR Photo Michael Schmelling-DR Amen Dunes Jimi Hendrix, Le Bourget, 1967 ALAIN DISTER La ville de Mérignac met à l’honneur le regretté journaliste qui a fait l’histoire de Rock&Folk à travers une exposition photographique. L’occasion de redécouvrir son œuvre avec des clichés certains inédits, de Jimi Hendrix aux Cure en passant par les blousons noirs parisiens, documents sonores et écrits. Jusqu’au 28 juillet prochain. FESTIVAL DE NÎMES The Offspring, Avril Lavigne, Simple Minds, Eagle-Eye Cherry, Etienne Daho, Patti Smith Quartet… entre autres seront présents aux arènes de Nîmes jusqu’au 20 juillet pour la 27ème édition. FESTIVAL RETRO C TROP Pour sa 8ème édition, du 28 au 30 juin prochains, le festival picard réunira un aréopage d’artistes ; Soft Cell, Edith Nylon, The Human League, Deep Purple, Hawkwind, Slade, Phil Campbell & The Bastard Sons, Patti Smith, The Damned, The Nits, Ko Ko Mo…, qui se produira sur la scène du Château de Tilloloy (80). GARBAGE Shirley Manson et ses complices seront au Grand Rex à Paris le 6 juillet prochain. MURRAY HEAD Le chanteur et acteur britannique assurera le show le 28 juin dans le cadre du festival Printemps de Pérouges (du 25 au 30 juin) aux côtés du Dire Straits Experience, Zucchero, Ayron Jones, Véronique Sanson, Mika… sur le site du château de SaintMaurice-de-Rémens (01500). JARDIN SONORE FESTIVAL A Vitrolles (13), au Domaine de Fontblanche, se tiendra la 7ème édition du festival Jardin Sonore du 10 au 13 juillet. Au programme, Queens Of The Stone Age, Fonky Family, Louise Attaque, Archive, Rodrigo Y Gabriela, The Inspector Cluzo… MANU LANVIN Le fils de son père flanqué de son Devil Blues, aux côtés de Johnny Gallagher, Shemekia Copeland et The Devon Allman Project entre autres, prendra de la hauteur les 19, 20 et 21 juillet dans le cadre du Megève Blues Festival. LED ZEPPELIN Annoncé au Festival du Film de Venise en 2021, le film hybride docu-concert de Bernard MacMahon devrait prochainement sortir en salles. Enfin achevé, “Becoming Led Zeppelin” narre l’épopée des Londoniens, et propose de nouvelles interviews des membres vivants, ou inédites de feu John Bonham, des photos et films personnels et des images inédites de live de 1969. JOHN LENNON “Mind Games”, album de 1973, enrichi de nouveaux mixages, extraits, instrumentaux et entretiens en studio sera réédité. Supervisé par Yoko et Sean Lennon, “Mind Games – The Ultimate Collection” verra le jour en plusieurs formats dont deux coffrets Deluxe et Super Deluxe et en coffret vinyle, CD et Blu-ray le 12 juillet prochain. LOUISE ATTAQUE Le trio parisien sera en tournée des festivals jusqu’au 14 septembre. LYNYRD SKYNYRD Dans l’ouvrage sobrement intitulé “Lynyrd Skynyrd”, notre confrère Bertrand Bouard décortique le parcours musical du combo rock sudiste originaire de Jacksonville. Aux éditions Le Mot Et Le Reste, 176 pages à lire dès le 28 juin. MAIN SQUARE FESTIVAL A l’occasion du vingtième anniversaire du festival arrageois, plus d’une cinquantaine d’artistes seront attendus du 4 au 7 juillet. Parmi eux : Lenny Kravitz, Placebo, Nathaniel Rateliff, Justice… JESSE MALIN L’Américain, paralysé depuis un an, revient avec un live, “Chasing The Light”, sorti le 21 juin dernier. PAUL McCARTNEY Cinq albums du bassiste et chanteur des Fab Four, remasterisés entre 2010 et 2018, vont bénéficier d’une réédition japonaise en édition limitée au format SHM-CD et seront disponibles le 28 juin. MALCOLM McLAREN Pour les trente ans de l’album “Paris” de l’ex-manager des Sex Pistols, Legacy propose une réédition vinyle. Déjà en vente. JONI MITCHELL Dans la série “Archives”, “The Asylum Albums (1976-1980)”, présente la face jazzy de la Canadienne et renferme les albums remasterisés de la fin des années 1970 en coffret 6 LP ou 5 CD. Une peinture originale de l’artiste illustre la pochette. NEBULA Les stoners californiens s’associent aux stoners italiens Black Rainbows pour “In Search Of The Cosmic Tale : Crossing The Galactic Portal Split”, en vinyle, CD et digital. Disponible le 28 juin. PRETENDERS Chrissie Hynde et ses acolytes enflammeront la scène lors de la 31ème édition du festival charentais, le Cognac Blues Passions, qui aura lieu du 2 au 6 juillet. TY SEGALL Le Californien jouera à l’Aéronef de Lille le 2 juillet. ROD STEWART Rod The Mod interprétera son dernier album “Swing Fever”, concocté avec l’aide de Jools Holland, au Zénith de Paris le 30 juin prochain. JOSS STONE Après dix années de silence, la chanteuse soul et actrice anglaise se produira au Casino de Paris le 10 juillet. VAN HALEN “For Unlawful Carnal Knowledge” (1991) sera revisité dans une nouvelle édition comprenant l’album original remasterisé, augmenté de raretés, vidéos et séquences live inédites. Elle arrivera le 12 juillet en coffret 2 LP, 2 CD, et Blu-ray. TOM WAITS Le rocailleux troubadour revêt à nouveau son costume d’acteur. Il fait partie du casting du prochain film de Jim Jarmusch “Father Mother Sister Brother” dont le tournage prendra fin cette année. Juillet 2024 R&F 009 YES “Fragile”, classique de 1971 des Britanniques, s’offre un coffret Super Deluxe 4 CD, vinyle et Blu-ray. “Fragile (Super Deluxe Edition)”, en Dolby Atmos et DTS-HD MA 5.1 Mix, renfermant l’album original remasterisé, des raretés et enregistrements live inédits, sera à écouter le 28 juin. Condoléances Jean-Philippe Allard (producteur de musique français, Juliette Gréco, Brigitte Fontaine…), Brother Marquis (rappeur américain, 2 Live Crew), Palle Danielsson (contrebassiste suédois de jazz, Keith Jarrett), Christian Escoudé (guitariste et compositeur français de jazz), Françoise Hardy, Frank Ifield (chanteur et guitariste australien de country), Doug Ingle (chanteur et musicien américain, Iron Butterfly), Mark James (auteurcompositeur italo-américain, Elvis Presley, Brenda Lee), Ed Mann (percussion-niste américain, Frank Zappa), Brad Raub (bassiste américain, Eternal Champion...), Alex Riel (batteur danois de jazz et de rock, Bill Evans, The Savage Rose), Ranch Sironi (bassiste américain, Nebula). Jesse Malin Photo Paul Storey-DR OLIVIER LORQUIN A EU PLUSIEURS VIES. Il dirige aujourd’hui le musée Maillol — créé par sa mère, Dina Vierny, la muse du sculpteur — où il nous reçoit. Mais il a aussi été doublure équestre au cinéma, réalisateur de courts-métrages — dont un fameux avec Vince Taylor — et chanteur avec à son actif plusieurs singles aux pochettes dessinées par son ami Frank Margerin. A 75 ans, il sort enfin son premier album ! Sympathique et cultivé, c’est aussi un grand passionné de blues, de rock et de folk... Et de Rock&Folk. Premier choc ROCK&FOLK : D’où vient votre goût pour la musique ? Olivier Lorquin : Ma mère était musicienne, on chantait tout le temps ! En 1961, j’étais à New York avec mes parents et le premier 33 tours qu’ils m’ont offert, c’était un disque de Pete Seeger, produit par John Hammond. Et puis, quand le rock’n’roll est arrivé, par la radio... c’était ma musique. R&F : Votre mère suivait ? Olivier Lorquin : Elle aimait bien, elle m’a même offert un LP de Cochran et un pressage américain des Stones. Elle respectait... R&F : Premier disque acheté ? Olivier Lorquin : En 1961, j’ai 12 ans, deux45tours,“HelloMaryLou”deRicky Nelson, et Vince Taylor, “Shaking All Over”.Maislepremierchoc,c’estCochran avec son premier album, la claque de ma vie. Je n’avais jamais entendu chanter et jouer de cette façon. Avec lui, il y a un après, pas un avant. Cochran passait des heures à déplacer les micros pour créer un équilibre parfait entre les musiciens, ce qui donne à des titres comme“SummertimeBlues”uneprofondeur inhabituelle pour l’époque. R&F : En 1976, vous avez tourné un film avec Vince Taylor ! Olivier Lorquin : J’avais écrit un court-métrage et je pensais à lui comme chanteur. On m’a dit qu’il chantait à la Contrescarpe. Je suis allé le voir et le courant est passé. Je lui ai dit ce que je voulais faire, il était d’accord. Et contre toute attente, ça a marché. J’ai trouvé un producteur, un très bon cameraman et on a fait ce film, “Abracadabra Rock’N’Roll”. Dans la première séquence, Vince s’assied derrière la chanteuse des Lou’s, Raphaëlle, sur sa Norton Commando. On tourne, et il me dit : “Olivier, il faut que je te parle... Qui je suis ?” “Tu es Vince Taylor.” “Qui c’est, Vince Taylor ?” “Le roi du rock’n’roll.” “Tu as vu le roi du rock’n’roll derrière une gonzesse à moto ?” “Tu as raison, on la retourne !” Et juste après, il fait une des plus belles séquences, l’hommage à Gene Vincent... Tout était comme ça. Il y a une très belle expression allemande : “Il n’a plus toutes les tasses dans l’armoire” (rires). Par moments, il pétait un câble. Mais je l’adorais. Et quand il donnait sa confiance... Mon assistant venait le chercher tous les matins à huit heures et il était là ! Gominé, prêt. R&F : Beatles ou Stones ? Olivier Lorquin : Beatles ! Ils passaient à l’Olympia, j’ai demandé à ma mère et elle a dit : “On y va”. Evidemment, avec elle, on était bien placé, au troisième rang ! On s’est pris les Beatles dans la gueule. Mais quand sont arrivés les Rolling Stones, les Beatles n’existaient plus... Pour moi, accroché à mon transistor, le premier titre qui a fait que les Stones ont dépassé les Beatles, c’est “It’s All Over Now”... Ensuite, un disque pour moi très important, c’est “Get Yer Ya-Ya’s Out!”, un live exceptionnel. Je l’ai écouté comme un fou quand il est sorti, j’allais dans une boîte de nuit, La Bulle, et le matin, vers cinq heures, quand il fallait se barrer, le disc-jockey mettait toujours “Midnight Rambler” et “Sympathy For The Devil”. Ça laisse des traces ! R&F : Même époque, Hendrix... Olivier Lorquin :Sanshésiter“Electric Ladyland” ! Il est au sommet de son art, époustouflant, j’aime particulièrement “Voodoo Child”… Entre le monde de l’art et celui du rock’n’roll, le directeur du musée Maillol n’a pas choisi. Ce touche-à-tout sort son premier album, plus de quarante ans après ses premiers singles. Olivier Lorquin Recueilli par Stan Cuesta - photos william Beaucardet 010 R&F Juillet 2024 Mes disques à moi “Je suis un dingue de Rock&Folk !” Juillet 2024 R&F 011 012 R&F Juillet 2024 R&F : Vous êtes aussi un grand fan de blues, avec des choix assez pointus comme ce “Source Point” de John Hammond Jr ! Olivier Lorquin : Sur ce disque, un blues, “My First Plea”, m’a submergé quand je l’ai découvert. John Hammond Jr. chante et joue de l’harmonica comme un ange. Il a composé la musique du film “Little Big Man” d’Arthur Penn. C’est un immense bluesman. J’ai eu la chance de le voir en concert dans les années 1970 à Paris. Extraordinaire. Roi du play-back R&F : Et ce “Homesick James & Snooky Pryor”, encore moins connu... Olivier Lorquin : Je l’ai découvert à sa sortie grâce à mon ami Christian qui régnait dans son magasin de disques, Music Action, carrefour de l’Odéon, tel un roi dans son palais. Il a participé à mon éducation musicale. En 1973, ces deux bluesmen étaient en tournée en Europe et leur producteur a eu la bonne idée d’enregistrer ce disque à Londres avec de jeunes Anglais. Le résultat est formidable. Christian m’avait dit : “Achète-le, tu ne le regretteras pas !” Il avait raison. R&F : Vous avez choisi deux autres albums de 1971 ! Olivier Lorquin : Grosse période, 1971... Ike & Tina Turner : “Live In Paris, Olympia 1971”, sublime. Ike est dans les poubelles de l’Histoire, c’était une ordure, il frappait sa femme et elle a eu raison de le quitter, mais c’est lui qui l’a découverte et ce concert est fantastique, particulièrement “I’ve Been Loving You Too Long” d’Otis Redding. Tina est incroyable, leur duo érotique est génial. L’autre disque, c’est Eric Von Schmidt, “2nd Right, 3rd Row”, on est entre le rock’n’roll et le blues... Il s’en dégage une sensualité, une douceur, qui m’ont fait perdre pied. Depuis sa sortie, c’est mon disque de chevet. J’écoute particulièrement un titre en boucle, “My Love Come Rolling Down”. Le solo d’harmonica de Paul Butterfield, tout en wah-wah, est le plus envoûtant que j’aie jamais entendu. R&F : C’est à cette époque que vous êtes passé derrière le micro ? Olivier Lorquin : J’aimais chanter, mais pour le fun, devant la glace. J’étais le roi du play-back (rires). En 1973, l’extrême gauche et l’extrême droite se foutaient sur la gueule dans les manifs. Mon frère sortait avec une copine de Jean-Louis Rançon, un proche de Guy Debord. Il voulait absolument mettre du rock dans les manifs, pour les gauchistes... Cette fille lui a parlé de moi. Un matin, coup de téléphone, je n’étais même pas au courant, “On cherche un chanteur”. Je prends ma bagnole, je débarque à Clamart, dans un pavillon, je descends dans une cave qui sent l’humidité, il y a une table de mixage et ils me disent : “Voilà, tu chantes ci, tu fais ça”... Je n’avais jamais chanté avec des musiciens ! Il y avait Olivier Kowalski à la basse, qui faisait partie de Komintern, un groupe très politisé. Ils avaient écrit des adaptations en français pour les manifs : “I Can’t Control Myself” était devenu “Laisse La Shooteuse, Prends La Sulfateuse !” Et une autre, très drôle, “Les Flics Arrivent”, détournement d’une chanson de Johnny Hallyday, “Les Guitares Jouent” (1964, “Surfin’ Hootenanny”, de Lee Hazlewood, ndr). D’abord on a répété dans cette putain de cave, ensuite on est allé enregistrer au studio Saravah. Ça n’a pas eu de suite, mais à partir de là j’ai commencé à écrire en français, parce qu’ils écrivaient vachement bien, ça m’a donné envie. Un train fantôme rock’n’roll R&F : Entre cette expérience et votre premier 45 tours en 1980 ? Olivier Lorquin : J’ai rencontré Gilles Thibaut, je l’embêtais avec “Le ciel bleu, les oiseaux, ça me fait chier, faut s’appeler Charles Trenet pour chanter ça” Juillet 2024 R&F 013 “Blue Suede Shoes”, je voulais absolument qu’il me présente Johnny, il n’en pouvait plus. Là, Elvis Presley meurt, Lee Hallyday sort Lucky Blondo de la naphtaline et l’envoie à Nashville faire des adaptations de titres qu’Elvis avait chantés. Et il demande à Gilles Thibaut de lui adapter “Blue Suede Shoes”. Gilles répond : “Il y a un mec qui me fait chier depuis une éternité, je te l’envoie”... C’est comme ça que j’ai pu placer “Les Pompes Bleues”. Ensuite, j’ai rencontré ces Marseillais, Connection : Petit Robert, docker de son métier, à la guitare, un immense riffeur, Tony Braccini, un super batteur et Luis Garcia, bassiste. Ils étaient à fond dans AC/DC, moi plutôt dans le rock anglais... Je suis parti dans un délire de faire un 45 tours, j’ai enregistré la nuit, signé en distribution chez WEA et réussi à imposer Frank Margerin pour la pochette. J’avais un manager, Claude Pupin... R&F : Qui écrivait dans Rock&Folk ! Olivier Lorquin : Et qui était un fou des Cramps ! C’est lui qui m’a présenté à Frank, que j’avais découvert dans “Metal Hurlant” Spécial Rock. Je voulais absolument rencontrer ce mec ! On est encore potes aujourd’hui, je l’ai exposé au Musée Maillol. R&F : Les Cramps ? Olivier Lorquin :J’ai découvert “Songs The Lord Taught Us” chez Music Action. En les écoutant, j’ai l’impression d’être dans un train fantôme rock’n’roll, tout ce que j’aime. J’adore les Cramps, ça n’a pas pris une ride. Mon futur album aura d’ailleurs une petite couleur crampsienne... R&F : Vous avez sorti quatre 45 tours, ça faisait presque un album... Olivier Lorquin : J’avais fait un album qui n’a pas vu le jour, avec une pochette de Frank, dix titres... Mais j’en ai repris un sur le nouveau, “J’Ai Un Coup De Cafard”, adapté de Mickey Jupp, “Down At The Doctors”, grâce à Marc Zermati, qui m’a ouvert à Dr Feelgood. R&F : Les deux versions sont très différentes. Vous avez changé le rythme ? Olivier Lorquin : Complètement, et surtout j’ai fait une rencontre incroyable sans laquelle je n’aurais pas fait de disque. Je faisais ça pour le fun. Un jour je dis à Olivier Kowalski, qui est toujours à mes côtés, “Il me faudrait des habillages de guitare.” C’était pour l’hommage à Vince, justement, “Rock En Vol”. Olivier fait venir Yann Péchin, qui joue sur ce titre, et il se passe quelque chose... Il revient jouer sur un autre et au bout de trois ou quatre, il me dit en plaisantant : “Alors, quand est-ce que tu fais l’album ?” Ça s’est fait comme ça. Pourquoi faire un disque aujourd’hui ? C’est important d’aller au bout de ses rêves. Je ne pensais absolument pas me lancer dans cette aventure. Mais ça me donne des ailes, ça me rend heureux. Drogue dure R&F : Il y a aussi une adaptation de Nick Lowe. Olivier Lorquin : “Tu Me Manques”, adaptation de “You Make Me”, une merveille... Je l’ai écrite en 1978, mais elle me trottait toujours dans la tête. Mon grand regret, c’est que je l’avais fait écouter à Marc, qui était toujours en contact avec Nick et qui m’avait dit : “Je vais lui faire écouter !” Et puis... R&F : A la même époque, vous rencontrez Willy DeVille. Olivier Lorquin : Le mec dans ma vie qui compte le plus... En 1979, j’étais au studio Ferber, je faisais mon premier 45 tours. Il enregistrait “Le Chat Bleu” à Paris. Il savait que je voulais le voir et il est venu avec Joe D’Alessandro ! Le courant est passé, on est devenu potes. Pour moi, “Cabretta”, c’était le rock urbain, j’ai eu la même émotion qu’avec Gene Vincent, en pleine vague punk ! C’était un seigneur. Le D’Artagnan du rock. Et puis il aimait la France. Il bossait avec Jean-Claude Petit, l’arrangeur d’Edith Piaf ! R&F : A propos, vous reprenez aussi Georges Chelon, un choix surprenant... Olivier Lorquin : En 1965, on avait enfin notre identité musicale. On écoutait les Stones, les Beatles, Johnny, etc. Et puis il y avait Georges Chelon, qui ne correspondait pas à tout ça. En écoutant “Prélude” au transistor, je fermais les yeux, j’avais seize ans et je rêvais... C’est l’histoire d’un mec qui perd pied pour la première fois dans les bras d’une femme. Il y a quelques années, je l’ai réécoutée avec la même émotion, à la différence que quand je l’ai découverte, j’étais à l’aube de ma vie amoureuse, et que là c’est le crépuscule (Rires) ! R&F : Un dernier pour la route ? Olivier Lorquin : JJ Cale, “Stay Around” (2019). Sa femme, Christine Lakeland, a eu la belle idée de rassembler des titres qui retracent son parcours et qui n’avaient jamais été publiés. J’étais très ému en l’écoutant. Cet album est d’une rare sensibilité. Je suis un inconditionnel de JJ Cale. La première fois qu’il est passé à Paris, au Palais des Sports, c’était extraordinaire. J’ai tous ses albums. C’est un magicien qui a fait se rencontrer le blues, le rock, la country et le jazz. Si je devais me réfugier sur une île déserte et que je n’avais droit qu’à un seul disque, je choisirais JJ Cale. R&F : Le futur ? Vous avez déjà un autre album en chantier ? Olivier Lorquin : J’ai découvert un groupe extraordinaire, Sparklehorse, grâce à Rock&Folk. Je suis un inconditionnel de Rock&Folk, je n’ai pas décroché, c’est ma drogue dure ! Je suis un dingue de Rock&Folk ! Qu’est-ce que j’aime ce Rock&Folk ! Je le lis, et j’écoute sur Spotify... Sparklehorse, ça m’a bouleversé. Ça va être la couleur du prochain album. J’ai fait une adaptation de “Morning Hollow”. Péchin, qui est un romantique, adore ça, il a fait un mur de guitares... R&F : Ce n’est pas très gai, comme musique... Olivier Lorquin : Non, mais le ciel bleu, les oiseaux, ça me fait chier, faut s’appeler Charles Trenet pour chanter ça. Moi, j’aime ce qui prend au cœur. Les chansons gaies, c’est pas mon kif. H Album “La Drôle De Route” (Lily Music) MES DISQUES A MOI olivier lorquin 014 R&F Juillet 2024
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