REVUE DES DEUX MONDES n°3854 - Page 4 - 3854 MARS 2025 Sommaire MARS 2025 4 Éditorial. « Donc c’est non » Aurélie Julia 7 Le trait d’Urbs Dossier – Les droites conquérantes 10 Giorgia Meloni,ou l’ascension du post-populisme en Europe Thibault Muzergues 17 Le drame en trois actes de la droite française depuis 1789 Jacques de Saint Victor 25 Les visages de la droite depuis la IIIe République Éric Roussel 30 Entretien avec Chantal Delsol.Comment peut-on être de droite? Paul-François Paoli 37 Et si c’était « la droite » qui avait tué laVe République? Yves de Gaulle 45 Conservatrice,libérale et sociale: l’alliance des postures sages François Huguenin 52 La France se droitise-t-elle? Brice Teinturier 58 L’après-Macron: trois droites et autant de stratégies Charles Sapin 64 À la recherche de la droite littéraire: retour aux hussards Christian Authier 71 Des mots de droite? Jean Szlamowicz 80 L’Allemagne sur la ligne droite Eryck de Rubercy Dossier – Henri Michaux, l’homme du refus 86 L’homme (de peu) de mots J.M.G. Le Clezio 91 Instants sans partage André Velter 100 HM ou l’effacement Jean-Claude Perrier 106 Écriture et peinture,une hydre à deux têtes Catherine Zittoun 2 MARS 2025 3 Littérature 118 Carnets de NewYork IV.Esquisse d’un portrait olfactif Michaël Ferrier 124 Quand l’écriture se met debout Judith Sibony 129 Inédit.Au fil de l’encre.Les vrais faux manuscrits de Rimbaud Benoît Forgeot Études, reportages, réflexions 136 De Gaulle aurait-il tweeté? Sébastien Noël 142 De Démosthène à Emmanuel Macron: le projet d’une force de réaction rapide Raphaël Doan et François Lefèvre 147 L’écologie intégrale,entre science et conscience GrégoryAimar Critiques 156 LIVRES – Sur les pas de Jean Rolin Christian Authier 158 LIVRES – Poétique du politique: le Hugo de Philippe Raynaud Frédéric Verger 161 LIVRES – D’Annunzio, le goût de l’ornement Paulina Dalmayer 164 LIVRES – Le Gorafi: le bouffon devient roi Ayrton Morice Kerneven 166 LIVRES – Angela Merkel: « Je ne suis pas née chancelière » Eryck de Rubercy 169 LIVRES – Murmure, rumeur et fureur Michel Delon 172 FILMS – Megalopolis, le déclin de Coppola Richard Millet 174 MUSIQUE – Maurice Ravel, l’entretien Olivier Bellamy 178 EXPOSITIONS – Silence et peau de chagrin Jean-Michel Djian Notes de lecture 4 Éditorial « Donc c’est non » H enri Michaux est l’homme du non: non aux entretiens, non aux biographies, non aux conférences, non aux traductions, non aux prix littéraires, non aux bruits du monde. Le poète refuse. Il a décliné tellement de demandes qu’un écrivain belge, Jean-Luc Outers, s’est amusé à recueillir et à publier ses réponses chez Gallimard en 2016 (1). On rit à la lecture de ce florilège: un photographe veut-il tirer son portrait? Réponse: « Je vais justement faire faire une radiographie de mes poumons, car ça ne va pas très fort là-dedans. […] Et un agrandissement de mon nombril. » Un journaliste souhaite-t-il le rencontrer? Réponse: « J’habite la Turquie avec de brefs séjours au Mozambique. Je n’ai plus de voix, mes cordes vocales ont été sectionnées au cours d’expériences en plein air. Je ne parle plus. Du reste je n’ai plus de mémoire. » Face aux multiples sollicitations, Henri Michaux préfère s’éclipser. Il détruit lettres, livres, dessins. Il ne veut pas être encombré ou envahi. Il se débarrasse. Le vide est chez lui synonyme de délivrance et de plénitude. Le peintre a appris la sagesse du détachement lors de ses voyages en Inde, en Chine, au Japon. Il bouge, sans arrêt. Il bifurque, change brusquement d’orientation à l’image de sa pensée, de son écriture et de ses encres. Il s’interdit l’immobilisme et reste ouvert aux possibles. Toute son œuvre littéraire et picturale est une histoire de déplacement. Assoiffé de connaissance, il dort entouré d’encyclopédies. Il se promène une loupe à la main pour observer les insectes. « Moi je veux voir et vivre. » Et ses poèmes, « tordus de désir », nous rendent vivants. MARS 2025 5 S’il était encore en vie, nous aurions certainement reçu un courrier glacial à la parution de notre dossier. Ses amis et admirateurs Jean-Marie Gustave Le Clézio, Catherine Zittoun,André Velter et Jean-Claude Perrier se seraient aussi attiré ses foudres. Disons, pour notre défense, que 2025 marque le 41e anniversaire de sa mort. A-t-on déjà rendu un hommage à l’occasion d’une telle date? En art et en littérature, le mouvement peut être une énergie vitale, un moyen de lutter contre les a priori et de sans cesse se renouveler. Il n’en va pas de même en politique: les flottements et les volte-face alimentent l’incertitude et la méfiance. La droite française se cherche. Personne ne parvient aujourd’hui à définir ses contours. Le flou qui la caractérise n’a rien d’artistique, il symbolise plutôt un manque de vision et de lignes directrices. La droite veut plaire et choisit de donner des gages à la gauche ou de se compromettre avec l’extrême droite, ce que son électorat désapprouve. Résultat, le parti se divise. La cause de ces dissensions internes ne relève pas uniquement de petites cuisines personnelles. La droite a du mal à s’assumer. C’est en remontant les siècles que nous parvenons à comprendre la situation actuelle. Jacques de Saint Victor propose un aperçu historique depuis 1789, « année zéro de la droite », jusqu’à la collaboration. Éric Roussel poursuit le tableau chronologique et évoque les différents visages de la droite sous la Ve République. Que retenir? De belles idées mais aussi un lourd héritage qui combine prises de position honteuses (affaire Dreyfus, Vichy) et personnalités intellectuelles nationalistes (comme Charles Maurras). Charles de Gaulle lui-même refusait l’étiquette de droite: « C’est pas la gauche, la France. C’est pas la droite, la France. […] Je ne suis pas d’un côté, je ne suis pas de l’autre, je suis pour la France. (2) » À la différence de nos voisins britanniques, il n’existe pas dans notre pays de « conservatisme éclairé »: personne n’a réussi à allier les beaux principes des Lumières – liberté d’opinion, liberté de l’individu (l’ habeas corpus), séparation des pouvoirs – avec le respect des traditions. En cause, la Révolution française, matrice de notre vie politique. Or qui dit révolution dit violence et jusqu’au-boutisme. Rien ne semble pouvoir se décider dans le calme, d’où un passé sur lequel il n’est pas facile de construire un avenir. La sémantique dessert également la droite, le linguiste Jean Szlamowicz le montre avec finesse et humour. Les mots « progrès », « innovation », « découverte », « entrepreneur » associés à la gauche sonnent beaucoup mieux que les termes « conservation », « passé », « origine », « patron » dits de droite. Pour discréditer un argument, on le qualifie de droite, pire, d’extrême droite. Le couperet tombe, le débat se clôt. MARS 2025 6 Que peut faire la droite pour valoriser son image? Donald Trump, selon certains, redonne de la fierté à l’Occident. Chantal Delsol nous rassure: un trumpisme à la française est impossible; en politique, nous aimons les tribuns, pas les cow-boys. D’autres lorgnent vers l’Italie, devenue en 2024 le quatrième exportateur mondial derrière la Chine, les États-Unis et l’Allemagne. Cette réussite tient aux choix et aux décisions du parti Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, qui, en moins de cinq ans, a redressé la situation économique de son pays. Thibault Muzergues décrit le parcours d’une femme aux idées claires et au francparler qui reprend à son compte le combat de la droite contre la gauche et non du peuple contre les élites. Cette Romaine a abandonné quelques positions radicales de ses débuts. Elle invente une nouvelle droite qui mêle mœurs très conservatrices, politique anti-immigration, industrie protectionniste, économie libérale, respect des institutions nationales et européennes. Giorgia Meloni entraîne l’Italie sur une voie qui n’est pas la nôtre. La droite française doit trouver la sienne sans miser sur le repli identitaire ou le recul des libertés. « On ne fait pas de politique avec de la morale, disait André Malraux, mais on n’en fait pas davantage sans. » Aurélie Julia 1. Henri Michaux, Donc c’est non, lettres réunies, présentées et annotées par Jean-Luc Outers, Gallimard, 2016. 2. Charles de Gaulle, lors d’un entretien télévisé avec Michel Droit, le 15 décembre 1965. Retrouvez des éditos, des critiques, des reportages, des entretiens sur notre site www.revuedesdeuxmondes.fr. MARS 2025 dossier LES DROITES CONQUÉRANTES 10 Giorgia Meloni,ou l’ascension du post-populisme en Europe Thibault Muzergues 17 Le drame en trois actes de la droite française depuis 1789 Jacques de Saint Victor 25 Les visages de la droite depuis la IIIe République Éric Roussel 30 Entretien avec Chantal Delsol.Comment peut-on être de droite? Paul-François Paoli 37 Et si c’était « la droite » qui avait tué laVe République? Yves de Gaulle 45 Conservatrice,libérale et sociale: l’alliance des postures sages François Huguenin 52 La France se droitise-t-elle? Brice Teinturier 58 L’après-Macron: trois droites et autant de stratégies Charles Sapin 64 À la recherche de la droite littéraire: retour aux hussards Christian Authier 71 Des mots de droite? Jean Szlamowicz 80 L’Allemagne sur la ligne droite Eryck de Rubercy 10 MARS 2025 Giorgia Meloni,ou l’ascension du post-populisme en Europe Thibault Muzergues Les apparences sont parfois trompeuses. Et nombreux ont été ceux qui, à l’image de Silvio Berlusconi ou Matteo Salvini, ont sous-estimé à leurs frais les capacités de ce petit bout de femme d’un mètre soixante-trois qu’on voyait se faufiler dans les salles de réunion sans qu’on lui prête attention. Tout du moins jusqu’à ce que porte sa voix, forte et à l’accent romain inimitable, issu du quartier populaire du sud de Rome où elle a grandi, Garbatella. Giorgia Meloni est un ovni dans la politique européenne. D’abord par son origine, modeste, et son éducation politique, qu’elle a faite dans la rue – ce qui ne l’empêche ni de manier l’anglais, le français et l’espagnol avec maestria ni d’articuler ses idées de droite distinctement et directement. Avec Meloni comme avec la langue de Dante, il n’y a pas de lettre muette, pas de double sens, son programme est clair comme de l’eau de roche: conservateur, même très conservateur sur les questions sociales, mais pragmatique; l’essentiel est de parvenir à ses objectifs, et si Paris valait bien une messe, le palais Chigi, siège de la présidence du Conseil des ministres, à Rome, vaut bien de s’accommoder avec les institutions, y compris européennes – Bruxelles, elle aussi, vaut bien quelques compromis sur le patriotisme (bien réel) qui habite « la Meloni », comme on l’appelle en Italie. Thibault Muzergues est politologue. Dernier ouvrage publié: Post-populisme. La nouvelle vague qui va secouer l’Occident (L’Observatoire, 2024). 11 MARS 2025 LES DROITES CONQUÉRANTES « Je suis Giorgia. Je suis une femme. Je suis une mère. Je suis italienne. Je suis chrétienne. » C’est ainsi que celle qui devait devenir quelques années plus tard la première femme présidente du Conseil italien s’était présentée à ses compatriotes lors d’un meeting sur la place Saint-Jean-de-Latran, le 19 octobre 2019. À l’époque, son parti, Fratelli d’Italia, héritier de l’Alleanza nazionale qui avait rompu avec le post- fascisme de ses aïeux sous Gianfranco Fini, peinait à se faire une place sur l’échiquier politique italien, tant la dynamique à droite était favorable au courant populiste dominé par Matteo Salvini – lequel ne s’était pas gêné, pour accéder au poste de viceprésident du Conseil l’année précédente, de faire alliance avec le Mouvement 5 étoiles, autre parti populiste, issu de la gauche, une chose que Meloni avait alors fort peu goûtée. Face au leader de la Lega, qui comptait sur le clivage peuple contre élites pour devenir président du Conseil, Meloni avait été sans ambiguïté: pour elle, le clivage droite-gauche était plus important que celui entre populistes et establishment. Une différence bien entretenue qui lui donnera raison durant la période 2020-2022, durant laquelle la crise Covid, le Brexit ou encore l’invasion de l’Ukraine par la Russie vont briser les ailes des populistes et redistribuer les cartes sur la scène politique européenne. Aujourd’hui solidement installée à la tête de la droite italienne et de son pays, Giorgia Meloni a le vent en poupe: elle est l’une des rares leaders à avoir survécu sans égratignure aux échéances électorales de 2024, s’offrant même le luxe d’améliorer le score de Fratelli d’Italia aux élections européennes par rapport aux élections législatives de 2022 qui l’avaient portée au pouvoir. Les Italiens apprécient son franc-parler, ses expressions faciales parfois fort peu diplomatiques (Emmanuel Macron et Viktor Orbán en ont fait les frais l’an dernier), mais aussi ses efforts pour remettre du sérieux et du contenu (certes brut) dans la politique italienne – et notamment à droite, là où des Silvio Berlusconi ou Matteo Salvini avaient trop souvent réduit la politique à un gigantesque cirque où des danseuses exotiques côtoyaient les préparations de pizzas au feu de bois en direct à la télévision. Ne plus renverser le système Donner du sens à la politique, c’est un objectif de toujours de Giorgia Meloni, de ses années militantes, dans sa jeunesse, au Mouvement social italien, le parti post-fasciste de la Ire République italienne alors en voie de normalisation dans les années quatre-vingt-dix, à la fondation de Fratelli d’Italia en 2012, dont elle devient présidente dès 2014, à une époque où le LES DROITES CONQUÉRANTES 12 MARS 2025 populisme était en pleine ascension – à gauche d’abord, puis à droite, avec beaucoup plus de succès. Dans ses premières années à la tête de cette formation politique, Meloni n’a d’ailleurs pas résisté aux sirènes du populisme, fustigeant un système qu’elle jugeait alors indéfendable et se prononçant pour un référendum sur la sortie de l’euro ou encore pour la suppression des régions italiennes, une vraie bombe dans un pays où le particularisme local (le fameux campanilismo) est tout autant constitutif du caractère national italien que source d’inefficacité du point de vue de l’État central. Que Meloni ait exprimé des idées et fait des propositions qui l’apparentaient à l’extrême droite dans les années deux mille dix, cela ne fait aucun doute. Qu’elle ait progressivement changé son fusil d’épaule, cela n’en fait guère plus, dans la mesure où sa campagne électorale de 2022, et sa gouvernance depuis lors, la rapproche plus de la droite traditionnelle que de l’extrême droite populiste qui sévissait en 2018 en Italie, ou encore celle actuellement au pouvoir en Hongrie sous Viktor Orbán. Contrairement à ce que prédisaient les plus pessimistes il y a encore quelques années, l’arrivée au pouvoir de Meloni n’a signifié ni le retour des Chemises noires dans les rues de Rome ni la mise en place d’un programme de transformation radical de la société, selon les critères corporatistes et racialistes du fascisme mussolinien. Avec Meloni, on a plutôt affaire à une nouvelle droite, certes très conservatrice sur le plan des mœurs, protectionniste quant à sa politique industrielle (une idée dans l’air du temps, par ailleurs), anti-immigration, mais également d’un libéralisme classique sur le plan économique, et surtout respectueuse des institutions en place, que celles-ci soient des institutions nationales (qui n’ont pas plus souffert de la gouvernance Meloni que sous d’autres gouvernements, de droite comme de gauche) ou même européennes et atlantiques: non seulement Meloni a très tôt fait le choix de soutenir l’Ukraine et l’Otan après des années de rapprochement de l’Italie avec la Russie et la Chine, mais son gouvernement italien a adopté une attitude conciliante avec l’Union européenne, à l’inverse d’un Viktor Orbán toujours prêt à chercher noise avec Bruxelles, le plus souvent pour mieux se positionner en victime lorsqu’il rentre à Budapest. À l’instar d’autres leaders et partis, dont beaucoup issus de sa famille politique européenne des Conservateurs et réformistes européens (CRE), la leader de Fratelli d’Italia a en fait opéré une fusion en alliant les idées qui faisaient la force, notamment électorale, des populistes à la reconnaissance des institutions déjà en place – il ne s’agit plus de renverser un système présenté comme corrompu et instrument d’oppression des élites contre le peuple, mais au contraire de faire de la politique et de poursuivre une politique de changement à l’intérieur du système, en acceptant de jouer GIORGIA MELONI, OU L’ASCENSION DU POST-POPULISME EN EUROPE 13 MARS 2025 selon ses règles et donc de devoir faire des compromis, voire de perdre des batailles. Le gouvernement Meloni travaille strictement dans le cadre des institutions, ce qui tempère ses excès, mais l’establishment a aussi concédé à la droite melonienne des victoires précieuses, tant sur le besoin de juguler et contrôler l’immigration que sur l’importance de protéger l’industrie nationale contre la concurrence déloyale d’acteurs comme la Chine. En somme, là où les populistes avaient comme principal objectif de redéfinir les rapports de force et les pouvoirs dans le système politique en misant sur le clivage entre peuple et élites, les post-populistes jouent sur le clivage gauche-droite traditionnel pour faire passer leurs idées. Certes, ce clivage a bougé depuis les années deux mille, et la droite melonienne (mais aussi suédoise ou belge) est beaucoup plus conservatrice sur le plan des mœurs (et parfois plus libérale économiquement) que la droite d’antan, mais elle se positionne finalement comme le nouveau parti de la droite traditionnelle, sans volonté de renverser le système. Plus question de démocratie directe ou de leadership charismatique, les choses se passent selon les règles du jeu parlementaire. Plus question non plus de fascination pour la croissance chinoise ou pour le charisme de Vladimir Poutine, dans la mesure où les post-populistes, en tant que conservateurs culturels, restent fortement attachés à l’idée de l’Occident, et revendiquent une proximité avec les États-Unis, y compris lorsque les démocrates sont au pouvoir, en témoigne l’amitié nouée par Meloni avec Joe Biden, par exemple. La difficile relation entre populisme et post-populisme À bien des égards, le post-populisme est donc une façon de dépasser le populisme, de se débarrasser de ses excès tout en admettant que sur bien des sujets, les populistes avaient initialement raison contre l’establishment. C’est ce qui pousse certains partis de centre droit, comme l’Union chrétienne-démocrate allemande ou le Parti populaire espagnol, à adopter des politiques plus conservatrices en matière sociétale et une offre générale plus démarquée des politiques centristes des années deux mille dix. D’ailleurs, la plupart des pays encore touchés de plein fouet par la crise populiste sont des systèmes politiques où le retour à un clivage droite-gauche a été empêché soit par des grandes coalitions centristes (c’est le cas en Roumanie, enAllemagne ou enAutriche), soit, comme en France, par la formation d’un grand centre attrape-tout monopolisant le pouvoir. Qu’on ne s’y trompe pas néanmoins: malgré le développement rapide du post-populisme dans les années 2022 à 2024, marqué par la progression
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