TRIBUNE DE LYON n°995 - Page 4 - 995 3 TRIBUNE DE LYON NO 995 DU MARDI 31 DÉCEMBRE 2024 AU MERCREDI 8 JANVIER 2025 5 L’édito de LilianRenard 6 L’instantanédelasemaine. Homme de Vitruve Ça bouge 8 L’invitée. ArianeDENOYEL: «On s’est mis à considérer le médicament comme une bénédiction» 12 Lebaromètre despersonnalitéslyonnaises. 14 LesConfidentiels. 16 Lieuxetgensdepouvoir. Politique. Métropole de Lyon: 10 ans mais pas encore toutes ses dents Incidents. L’influenceur Hachemi met la Presqu’Île en ébullition 18 Aménagement etenvironnement. Innovation. Un robot lyonnais pour démanteler les sites nucléaires 19 Sciencesetinnovation. Diabète. Grosse innovation à Saint-Étienne Dossier 20 Transports. Quand, pourquoi, comment… Tout savoir sur la Zone à faibles émissions (ZFE) de Lyon Sorties 26 Pêle-mêle. Humour, théâtre, concert… 28 Cinéma. UnoursdansleJura. De et avec Franck Dubosc Moninséparable. D’Anne-Sophie Bailly Bird.D’Andrea Arnold 29 C’estpasduBergman. LeDéluge. De Gianluca Jodice 30 L’escapade. Sortie raquette féerique sur le plateau de Retord L’Instant T 32 Lerestaurantdelasemaine. Cafédesadjoints. Un style direct 33 Chauddevant. Tee time 34 Patrimoine. Ilétaitunefois… La Halle Tony-Garnier 35 Lejouroù… La praline est arrivée à Lyon Quiest-ce? Marcelle Bramy Parlonslyonnais. Cadole Annonces légales 36 Ventes aux enchères, appels à candidatures, annonces judiciaires et légales Détente 42 Lyondanslesmédias. 43 Bulles. Papiers de l’ombre - 7/10 Sommaire TRIBUNE DE LYON NO 995 DU MARDI 31 DÉCEMBRE 2024 AU MERCREDI 8 JANVIER 2025 © PIERRE FERRANDIS © PIERRE FERRANDIS © PHILIPPE CARRARA Aveccenuméro,GrainsdeSel#197 L A S E M A I N E P R O C H A I N E Ces Lyonnais qui vont marquer 2025 Escapade. Sortie raquette féerique sur le plateau de Retord Dossier. Transports. Quand,pourquoi, comment…Toutsavoir surlaZoneàfaibles émissions(ZFE)deLyon L’invitée. ArianeDENOYEL : «Ons’estmisàconsidérerle médicamentcommeunebénédiction» Rendez-vous en février 2025 Rendez-vous en février 2025 Jeudi 6 février pour la sortie du numéro spécial Week-end du 8 et 9 février pour deux jours de festivités SAVE THE DATE Z one à faibles émissions (ZFE) dès le 1er janvier, zone à trafic limitée (ZTL) au printemps… 2025 s’éveillera sous le signe du Z, à rebours et dans la crainte qu’elle ne marche à l’envers. Dès les premières lueurs de l’an nouveau, la Métropole de Lyon durcira donc les conditions d’accès à sa ZFE, cette zone d’où sont progressivement exclus les véhicules les plus anciens et polluants. Pour cette nouvelle étape, les voitures Crit'Air 3 seront bannies de Lyon et Caluire, ainsi qu’à Villeurbanne, Bron ou Vénissieux dans la partie intérieure au périphérique, soit les « essences » immatriculées avant 2006 et les « diesels » d’avant 2011, 160000 véhicules majoritairement détenus par les ménages modestes. Cela concerne par exemple un tiers du parc à Vénissieux, Bron ou dans le 8e arrondissement de Lyon, un véritable big-bang du quotidien et lourd de conséquences sociales. Cette disposition, une obligation légale d’abord cajolée par les écologistes et portée comme un étendard volontaire, est devenue au fil du temps un casse-tête politique incandescent qu’ils ont essayé d’amender à la marge. Elle porte, il est vrai, tous les risques de l’impopularité et les ressorts de l’injustice, malgré la nécessité de réduire les émissions liées à la circulation automobile. Pire, elle cristallise les inquiétudes et les oppositions d’une constellation hétéroclite de mécontents, dans l’union inédite des classes populaires et du monde économique. Les premiers, repoussés aux frontières du centre, où la voiture demeure un rare outil pour rompre l’isolement, doivent supporter le coût d’une mesure qui les oblige à changer de voiture. Or les aides à la conversion ont été supprimées par l’État et celles de la Métropole (3000 euros maximum) demeurent si peu incitatives qu’à peine deux ou trois cents dossiers ont été déposés. Toutes les études montrent ainsi l’iniquité du dispositif, fracture béante entre le centre-ville aisé, mieux équipé en transports et en voitures récentes, et les communes populaires. L’État en est comptable pour avoir imposé la mesure sans en penser l’accompagnement ni lui accorder de moyens; la Métropole de Lyon pour avoir tardivement évalué la facture sociale derrière le bienfait écologique. Son président, Bruno Bernard, avait certes entendu les risques, jusqu’à détricoter ses ambitions. Ce fut d’abord le report à 2028 de l’interdiction du diesel, contre 2026 initialement, et la mise en œuvre d’une série de dérogations, dont la dernière a été adoptée in extremis en faveur des ménages travaillant en «horaires décalés». Mais la contrainte est là, bien réelle pour des milliers de ménages, et même si cette disposition a déjà démontré son utilité et fait de Lyon l’une des villes où la qualité de l’air s’améliore notablement. L’idée n’est donc pas d’en abandonner le principe, mais d’en constater les biais et d’en assumer le coût, seule façon de rendre acceptable le changement et soutenable la contrainte. Si on respire tous le même air, on n’a pas tous le même salaire… ILS LE DISENT ICI Lyon:2025,Zcommezizanie Édito © PIERRE FERRANDIS MICHAELJOCAMPO Entraîneurchefdelatournée duCirquedusoleil>P6 «Pourmoi,c'est l'histoirequi rendnotreshow magique.» © DAVID GOSSART «Cesmanœuvres visentàessayerde mesalir,delapart degensquin'ont nibilanniprojet.» LAURENCEFAUTRA Maire(LR)deDécines-Charpieu>P17 GILLESGASCON Maire(LR)deSaint-Priest>P23 «Enbannissant lesCrit'Air3,4et 5,cesontd'abord lesfamillesqui sontpénalisées.» © SUSIE WAROUDE Édité par Rosebud SA • 10 rue des Marronniers, CS 40215, 69287 Lyon Cedex 02 • Pour joindre votre correspondant, composez le 04 72 69 15 15. 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À la LDLC Arena, la célèbre compagnie du Cirque du Soleil s’est installée pour jouer l’un de ses spectacles le plus emblématiques: Corteo. Tournant depuis une vingtaine d’années dans 22 pays et ayant émerveillé près de 10 millions de spectateurs, cette représentation mêle numéros aériens, jongles, mais aussi beaucoup d’agrès. Composée d’une cinquantaine d’artistes issus de 28 nationalités, la troupe raconte pendant deux heures les funérailles du clown Mauro qui nous replonge dans le fil de sa vie au travers des différents numéros. «Pour moi, c’est cette histoire qui rend notre show magique», confie Michael J Ocampo, l’entraîneur chef de la tournée. MATHILDE MURCUILLAT L’instantané de la semaine PAR PIERRE FERRANDIS ArianeDENOYEL «On s’est mis à considérer lemédicament comme une bénédiction» Comment vous êtes-vous intéressée à la question des médicaments? Ariane Denoyel: «J’ai constaté que les gens qui souffraient d’un effet indésirable avaient beaucoup de mal à faire admettre aux médecins que c’était bien le médicament qui en était à l’origine. Cela m’a interrogée et j’ai commencé à gratter il y a une douzaine d’années. Je suis tombée sur les travaux de chercheurs sur les antidépresseurs, et là j’ai vu des effets que je ne pensais même pas possibles: cela pouvait entraîner de l’alcoolisme chez des gens qui n’avaient aucun antécédent. Ils commençaient à prendre le traitement et tout à coup ils avaient des pulsions irrésistibles de boire et n’arrivaient pas à arrêter tant que le traitement était en cours. En revanche, dès qu’ils l’arrêtaient, les pulsions à boire s’arrêtaient. Vous avez publié Génération zombie en 2021 sur ce que vous décrivez comme “le scandale des antidépresseurs”. J’ai écrit le livre parce qu’il y a tout un continent sur les psychotropes et les antidépresseurs. À partir de la sortie du bouquin, j’ai reçu des dizaines et des dizaines de témoignages, d’abord sur les antidépresseurs, puis sur d’autres médicaments. Je dois leur répondre que je ne suis pas médecin, que je ne prétends pas du tout l’être et que je n’ai pas le droit de leur donner du conseil. Tout ce que je peux faire, c’est les renvoyer vers des études. J’appartiens également à une association, l’Acopav (Association pour le contrôle des psychotropes et l’aide aux victimes, NDLR), face à l’errance médicale de nombreux patients en recherche de sevrage. Elle a principalement pour but de permettre aux gens de se rassembler et d’échanger des infos et peut-être un jour d’ester collectivement en justice. Ce sont ces témoignages qui ont nourri ce nouveau livre? Oui. Les médecins ne sont pas des irresponsables mais ils vivent comme nous dans une bulle de désinformation délimitée par l’industrie, puisque l’information sur le médicament est produite quasiment exclusivement par les firmes, ce qui pose d’évidents problèmes. Cela fait 30 ans qu’on est habitué à cet état de fait. Donc les gens cherchent, se tournent vers leur © PIERRE FERRANDIS Après avoir publié Génération zombie en 2021, livre enquête sur «le scandale des antidépresseurs», la journaliste lyonnaise Ariane Denoyel publie en cette fin d’année Overdose sur la surconsommation de médicaments. Avec le Dr Peter Selley, médecin en Angleterre, elle interroge le processus conduisant à la mise sur le marché de certains médicaments peu efficaces ou aux effets secondaires potentiellement dangereux. PROPOS RECUEILLIS PAR RODOLPHE KOLLER L’invitée de la semaine 8 TRIBUNE DE LYON NO 995 DU MARDI 31 DÉCEMBRE 2024 AU MERCREDI 8 JANVIER 2025 C’est à la Part-Dieu que nous retrouvons Ariane Denoyel, venue de Grenoble spécialement pour notre déjeuner ce 20 novembre. La journaliste indépendante — qui écrit pour L’Humanité, Le Monde diplomatique, Blast — est pourtant une fenotte, et a pigé par le passé pour Lyon Capitale. Le ciel est lourd ce jour-là, tout comme les sujets que nous abordons. «Depuis le Covid, je suis un peu inquiète parce que tout discours sur l’industrie est assimilé à de l’antiscience voire à du complotisme», souffle d’emblée celle qui s’est spécialisée ces dernières années sur le médicament. Comment aurait-il pu en être autrement, avec un grand-père ophtalmologue et chirurgien place de la République, un oncle médecin et une mère passée par le Centre international de recherche sur le cancer, côté administratif. «Mais je ne suis pas scientifique, donc j’ai fait Sciences Po», rigole-t-elle. C’est épaulée par un médecin britannique et à quatre mains qu’elle publie Overdose afin d’asseoir la rigueur scientifique de l’ouvrage. «Nous ne sommes pas anti-science, ni complotiste ni antivax», écrivent d’ailleurs les co-auteurs dès les premières lignes, conscients du caractère éminemment sensible de leur domaine d’intervention. Si Ariane Denoyel s’est investie dans le sujet, «c’est aussi en pensant à toutes les victimes» de la surmédication qu’elle nous décrit au cours de l’entretien: cette jeune femme chez qui la prise d’antidépresseurs provoque une désinhibition sexuelle entraînant des conduites à risque; ces personnes en errance médicale face à des effets secondaires rares, ou à la recherche d’une solution pour se sevrer. Or, rappelle-t-elle, la question interpelle jusqu’à l’Organisation mondiale de la santé pour qui «plus de la moitié des médicaments sont prescrits, dispensés ou vendus de façon inappropriée». © PIERRE FERRANDIS Mon déjeuner avec Ariane Denoyel ¡ Pampa! 14 place Charles-Béraudier (Lyon 3e ) — Notre repas — Crema de coliflor y trufa. Entremets pommes de terre, avocat et rillettes de poulet. Risotto verde aux calamars frits. Un latte au cacao, un double expresso. — L’addition — 50,50 € TRIBUNE DE LYON NO 995 DU MARDI 31 DÉCEMBRE 2024 AU MERCREDI 8 JANVIER 2025 9 médecin: “J’ai ça depuis que vous m’avez prescrit cemédicament.” Ce n’est pas évident. Imaginez un effet secondaire sur le fonctionnement sexuel, sans que ce soit dans la notice. Pour plusieurs médicaments, jusqu’en 2019, il était seulement inscrit “baisse de libido”. Il a fallu un lobbying d’enfer de l’Europe pour qu’il y ait une petite mention dans la notice. Généralement la réponse est: “C’est la dépression, je vais vous augmenter la dose.” Le sujet est donc celui de l’information des patients? Le cœur du problème, c’est la transparence. Les essais cliniques sont menés par les firmes sur leurs propres médicaments, sachant que si c’est le propriétaire qui finance l’essai clinique, il a plus de chances d’être positif, ce qu’on appelle le biais de financement. L’étude allemande de Wolfgang Becker-Brüser a estimé en 2010 que les études cliniques financées par les firmes ont quatre fois plus de probabilité d’arriver à des conclusions favorables sur la molécule. Des études du Beth Israel Medical Center de New York et de l’Université de Chicago arrivent à des conclusions similaires. L’autre problème est que les données issues de l’essai clinique lui appartiennent, c’est sa propriété commerciale. Elle n’en communique que ce qu’elle veut, même quand elle fait sa demande d’autorisation du médicament. Si elle veut dissimuler des effets indésirables et faire un peu mousser l’efficacité, c’est hyperfacile. D’abord, elle peut orienter l’essai. Si déjà vous faites un pré-essai clinique contre un placebo, et que vous voyez que les gens répondent fort au placebo, vous ne les prenez pas dans l’essai clinique et votre molécule paraîtra plus efficace. L’industrie a tout plein de moyens d’orienter les essais et les régulateurs ne contrôlent quasiment pas. Ils ne font pas leurs propres tests? Non, ils reçoivent les résultats des essais cliniques de la part des firmes. Ils demandent éventuellement plus de détails, et ils décident s’ils autorisent le médicament. J’ai interrogé la présidente de la Haute Autorité de santé (HAS) à ce sujet. Elle me répond : “Ça me paraît normal que ce soit les firmes qui testent les médicamentspuisquecesonteuxquilesvendent.” Incroyable. La présidente de la HAS, qui est justement chargée de décider si les médicaments sont intéressants ou pas, remboursés ou pas, elle trouve cela normal. C’est comme ça que le système fonctionne et tout le monde l’accepte. Les seuls moments où les vraies données des essais cliniques sont sorties, c’est quand il y a eu des procès aux États-Unis. On aurait dû se saisir du Covid pour exiger la transparence totale et dire: “On vous dégage de votre responsabilité parce qu’il y a une dimensiond’urgence,qu’onvousademandéd’allersuper vite,parcequ’onval’administrerenpopulationgénérale et qu’on va peut-être le rendre obligatoire. En revanche, on veut toutes les données.” Cela n’a pas été le cas. La Food and Drug Administration (FDA) a validé le vaccin Pfizer en 109 jours et, quelques mois plus tard, un groupe de professionnels a demandé l’accès aux données à partir desquelles elle avait autorisé le vaccin. La FDA a répondu qu’il fallait qu’elle anonymise les données parce qu’elles étaient sensibles commercialement et que ça lui prendrait 55 ans. Le juge a donné neuf mois et les données sont sorties. Comment en sommes-nous arrivés là? Au fil du temps, on s’est mis à considérer le médicament comme une bénédiction. Par exemple le vaccin Covid, on nous a dit: rougeur au point d’injection, un peu de douleur, parfois un peu de fièvre. Mais il y a des gens qui ont eu des effets graves, et notamment des myocardites qui ont été indemnisées. Et c’est normal: en grec, pharmakon veut dire à la fois poison et médicament. Le philosophe Jacques Derrida le rappelait: “Le pharmakon ne peut jamais être simplement bénéfique.” Un médicament est une substance active et est potentiellement un poison, dont la médecine peut retirer des effets bénéfiques mais dont elle doit aussi savoir se passer dès que possible. Le professeur de pharmacologie et de psychiatrie David Healy en a quasiment fait sa devise. Tout l’art de la médecine est de savoir à qui le donner, à quelle dose et quand. Mais est-on d’accord sur le fait que les médicaments sauvent des vies? Le problème est de raisonner en termes de “les médicaments”. On a connu dans les années 1950-60 une grande période d’innovation pendant laquelle on a découvert des molécules globalement bien tolérées, géniales, qui ont sauvé des centaines de milliers de vies. C’est moins le cas depuis, même s’il ne faut pas oublier les trithérapies, les traitements contre les hépatites, la mucoviscidose. Aujourd’hui, on est sur des traitements de niche vendus très cher, beaucoup plus que leur coût de recherche ou de revient. Que faudrait-il faire pour changer la donne? Il est important que le patient se renseigne, n’hésite pas à demander à son médecin : “Pourquoi vous me prescrivez ça ? Qu’en attendez-vous comme bénéfice ? Quels sont les risques ?” À l’échelle de la société, il suffirait de dire qu’on ne donne pas d’autorisation de mise sur le marché, et a fortiori qu’on ne rembourse pas un médicament dont on n’a pas la totalité des données. C’est tout, et ça renverserait complètement la table. Ce qui n’encourage pas l’espoir, c’est que le système ne s’est pas amélioré de manière significative depuis le procès Mediator ou le scandale du thalidomide…» «L’industrie a tout plein de moyens d’orienter les essais.» ARIANE DENOYEL L’invitée de la semaine BIOEXPRESS 1973 Naissance à Lyon. 1994 Diplômée de l’IEP de Paris. 2013 Enseignante associée à Sciences Po Grenoble et responsable de la filière presse écrite de l’École de journalisme de Grenoble. 2021 Parution de Génération zombie, enquête sur le scandale des antidépresseurs. 2024 Parution du livre Overdose sur la surconsommation de médicaments. 10 TRIBUNE DE LYON NO 995 DU MARDI 31 DÉCEMBRE 2024 AU MERCREDI 8 JANVIER 2025 Retrouvez tous les hors-séries sur tribunedelyon.fr Danse. Les indomptables rêves vus par Hofesh Shechter RESTOS KURO GOMA LE JAPONAISAU TOP EXPO SEBASTIAO SALGADO ÀLASUCRIÈRE USIQUE ARALUCIANI NDREDI SUR MER N°1 - NOVEMBRE 2024 RDV le 9 janvier 2025 VOTRE NOUVEAU SUPPLÉMENT DÉDIÉ AUX SORTIES BIENTÔT DISPONIBLE AVEC L’HEBDO TRIBUNE DE LYON Ça bouge LE BAROMÈTRE DES PERSONNALITÉS LYONNAISES +3 JORDAN NAVARRO ET FRANÇOIS OSIURAK. Sages. La recherche universitaire lyonnaise s’est distinguée dans le palmarès World’s Top 2 % Scientists publié chaque année par l’Université de Stanford et récompensant les chercheurs dont les travaux ont été les plus cités. Jordan Navarro et François Osiurak sont tous deux membres du Laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs (EMC) de l’Université Lumière Lyon 2. -2 ETHAN DUMORTIER. Dommage. Après avoir dérivé vers la zone de relégation en Top 14, le LOU Rugby a relevé la tête en décembre avec deux victoires en Challenge Cup et un match nul contre l’ogre toulousain. Problème: la liste des blessés s’est encore allongée pour le club lyonnais. Après Mickaël Guillard, Baptiste Couilloud et Léo Berdeu, c’est l’ailier international Ethan Dumortier qui sera absent quatre mois suite à une rupture du ligament interne de la cheville. +5 OCÉANE SAMSON. Courage. La policière lyonnaise de 27 ans est aussi une redoutable combattante dans l’arène. Celle qui s’entraîne au Ringside Dardilly a remporté fin novembre le Championnat du monde amateur de MMA, arts martiaux mixtes, en Ouzbékistan. Un bonheur n’arrivant jamais seul, Océane Samson a également décroché la victoire fin décembre avec l’émission MMA Academy diffusée sur M6, présentée comme la «Star Academy de la bagarre». +1 LOFI GIRL. Hommage. Avec ses 15 millions d’abonnés, la chaîne YouTube Lofi Girl est un phénomène planétaire dont les racines sont en partie lyonnaises. Si la colline de la Croix-Rousse apparaît sur l’illustration de cette jeune femme révisant en écoutant du hip-hop, c’est que son auteur, Juan Pablo Machado, a étudié à Lyon. Pour Noël, l’artiste a adressé un nouveau clin d’œil à la ville en représentant la Lofi Girl dans l’une des cours de l’Hôtel-Dieu. -4 CHRISTOPHE BRUSCHI. Outrage. Après l’annonce du délibéré dans l’affaire des viols de Mazan, l’avocat lyonnais de l’un des mis en cause — condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis — est ressorti du tribunal sourire aux lèvres. «Mon client a un message pour vous, à toutes ces hystériques, ces mal embouchées, le message, c’est merde», a-t-il lancé à la foule. Le barreau de Lyon a annoncé ouvrir une enquête déontologique. -6 THIERRY DE LA TOUR D’ARTAISE. Marchandage. Avez-vous offert un grille-pain à Noël? Cela pourrait aider Seb et son patron à payer l’amende infligée par l’Autorité de la concurrence, ainsi qu’à onze de ses concurrents, pour des «ententes verticales sur les prix entre fabricants et distributeurs dans le secteur de la fabrication et de la commercialisation des produits d’électroménager». Montant de la sanction: 189,5 millions d’euros. Seb a fait appel. TOP3 Cumuldes pointsdepuis le01.01.2024 +5 -2 +3 -4 +1 -6 FLOP3 12 TRIBUNE DE LYON NO 995 DU MARDI 31 DÉCEMBRE 2024 AU MERCREDI 8 JANVIER 2025 tribunedelyon.fr
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