TRIBUNE DE LYON n°998 - Page 4 - 998 3 TRIBUNE DE LYON NO 998 DU JEUDI 23 AU MERCREDI 29 JANVIER 2025 5 L’édito de LilianRenard 6 L’instantanédelasemaine. Courseeneauxtroubles Ça bouge 8 L’invitée. HélèneLafont-Couturier. «On n’imaginerait plus Lyon sanslemuséedesConfluences» 12 Lebaromètre despersonnalitéslyonnaises. 13 Dansl’antichambre 14 Lieuxetgensdepouvoir. Disparition.Renée Richard, grande dame de la gastronomie lyonnaise, vient de nous quitter Logements.Le plan d’urgence de la Métropole pour les projets bloqués a rempli ses objectifs. Et après? 2026. Après la crise du conservatoire, NPG met un pied en campagne 18 Aménagement etenvironnement. Villeurbanne. Unprojetpourtransformer l’Astroballeensalledespectacle Vénissieux–Saint-Priest. 18,7 millions d’euros pour augmenter de 40 % la capacité de la plateforme de fret 20 SciencesetSanté. MaladiedeCharcot. Essai clinique novateur à Lyon 22 Économie. Légumesmoches.«Ce qui marche le mieux, c’est le savon à la carotte tordue!» Focus 24 Mobilités. Le Vélo’v électrique passe à la vitesse supérieure Dossier 28 Municipales2026. La course est lancée Sorties 36 Lesimmanquables. Théâtre.Danslecorpsd’unautre 38 Pêle-mêle. Théâtre, concerts, cinéma… 40 Cinéma. Joueraveclefeu. De Muriel et Delphine Coulin Mémoiresd’unescargot. D’Adam Elliot Babygirl. De Halija Reijn 41 C’estpasduBergman. WolfMan. Il y a un loup 42 L’escapade. Plongée sous la glace à Chamrousse L’Instant T 44 Larencontreavec Salva Vincent Scali 46 Topgourmand. Nos adresses véganes préférées à Lyon – 1/2 47 Chauddevant. Celsius Roasters Le mercato des restos 48 Lerestaurantdelasemaine. ChezBrachon. Révisons nos classiques 49 Surlepouce. CaféNoon. Délicatesseetréconfort Oùboireunverre. Pote. Boire, manger, sourire 51 Leportrait. StéphanieGerbaud. Artiste sculptrice 52 Patrimoine. Ilétaitunefois… La fresque de Louis Janmot 53 Lejouroù… L’Olympique de Lyon et du Rhône joue son premier match Quiest-ce? Georges et Blanche Caton Parlonslyonnais. Plier Annonces légales 54 Ventes aux enchères, appels à candidatures, annonces judiciaires et légales Sommaire TRIBUNE DE LYON NO 998 DU JEUDI 23 AU MERCREDI 29 JANVIER 2025 © DIVE XTREME © MAËLLE MONTAUDON © PIERRE FERRANDIS L A S E M A I N E P R O C H A I N E Lyoninventel’alimentation dedemain L’escapade. PlongéesouslaglaceàChamrousse 28 Politique. Municipales2026. Lacourseestlancée 42 24 Mobilités.LeVélo’v électriquepasse àlavitessesupérieure Cela fait dix-neuf ans que nous écrivons ensemble l’histoire de Tribune de Lyon. En 2006, une petite équipe de journalistes passionnés s’est lancée dans l’aventure avec la volonté farouche de créer un hebdomadaire indépendant au service des Lyonnais. Le 6 février, 2025, dans moins d’un mois, nous ferons paraître le numéro 1 000 de votre hebdomadaire. Entre-temps, Tribune de Lyon a évolué et n’a cessé d’enrichir son contenu. Nous avons lancé en 2011 un mensuel dédié aux sorties dont la formule vient d’être complètement revue, puis repris le mensuel des familles lyonnaises Grains de Sel en 2015. Ces magazines accompagnent désormais chaque mois votre hebdomadaire et vous proposent de très nombreuses idées de sorties, que vous soyez célibataires ou en famille. Nous avons aussi renforcé notre présence en ligne. Notre vaisseau amiral Tribunedelyon.fr vous propose chaque jour une dizaine d’informations exclusives dédiées à notre territoire. Nous étions six aux premiers jours. Nous sommes aujourd’hui une trentaine à faire vivre ce projet. C’est grâce à votre fidélité et votre confiance que nous avons pu parcourir ce chemin. Cela nous a permis de conserver notre indépendance alors que la plupart des titres de presse lyonnais sont aujourd’hui détenus par des grands groupes. Merci. Pendant quinze ans, le tarif de notre formule papier est resté inchangé, à 65 euros par an. L’augmentation drastique des coûts de production nous oblige, à contrecœur, à revoir profondément ces tarifs, afin de pouvoir équilibrer nos comptes. C’est seulement à ce prix que nous pourrons conserver notre indépendance économique et éditoriale. Le tarif d’abonnement de la formule simple « papier » passera à 85 euros par an à partir du 21 janvier. Le tarif de nos autres formules d’abonnement reste inchangé ! La formule « web+papier », qui vous permet de recevoir votre hebdomadaire directement dans votre boîte aux lettres tout en accédant à tous nos articles en ligne, demeure à 99 euros par an. De même, notre formule d’abonnement numérique, offrant un accès complet à tous nos contenus sur le web, reste au prix attractif de 49 euros par an. Notre ambition est de continuer à investir dans le numérique pour vous proposer une expérience toujours plus enrichissante et des contenus disponibles à tout moment, où que vous soyez. En vous abonnant à Tribune de Lyon, vous contribuez à faire vivre un média local indépendant. Toute l’équipe de Tribune de Lyon vous remercie une nouvelle fois pour votre fidélité et vous souhaite une merveilleuse année. François Sapy · Directeur de la publication et de la rédaction Nos tarifs abonnés évoluent en 2025 Tandis que s’agitent et bruissent les ambitions, que les pions s’alignent sur le grand échiquier de 2026, la droite peine à émerger de la brume. Il est vrai que, dans son talon d’Achille, plantée comme une épine de plomb, l’insistance de son ancien leader métropolitain, Philippe Cochet, à s’accrocher à son fauteuil de maire de Caluire, lui pose un défi quasi existentiel. Les caciques de LR l’observent, sans piper mot ni trop s’en émouvoir, essayer par tous les moyens de différer l’application de la décision de justice qui l’a frappé d’inéligibilité pour détournement de fonds publics et l’emploi fictif accordé à son épouse lorsqu’il était député. Alors que la Préfecture l’avait démissionné d’office et de droit, Philippe Cochet a attaqué l’arrêté et introduit un recours pour contester l’exécution provisoire de sa peine. En effet, même s’il a fait appel de sa condamnation, le tribunal a considéré que l’inéligibilité devait s’appliquer sur-le-champ et un nouveau maire lui succéder sans attendre. Mais l’élu ne compte pas s’y soumettre encore et, par ce nouvel acte, se donne un sursis, légal faute d’être moral, ferraille jusqu’au bout pour repousser le déshonneur et la réprobation. Le voilà dans l’entêtement de ces élus qui se maintiennent contre vents et marées et par-delà des faits qui, quelle qu’en soit l’appréciation judiciaire finale, ternissent lourdement un mandat et le disqualifient de fait. Il est certes dans son droit de justiciable, fondé à explorer toutes les voies de recours, mais aussi dans un déni qui pèse lourd sur l’image des Républicains et les renvoie aux affaires qui hier plombaient la candidature d’un François Fillon. Pareils fantômes rôdent parfois autour de Laurent Wauquiez, visé par plusieurs enquêtes concernant l’emploi de certains collaborateurs, le financement de sondages ou le fameux Dîner des sommets. Lui aussi n’a rien concédé aux exigences de la justice, refusant d’exécuter l’obligation de communiquer à son opposition les documents relatifs à ces coûteuses agapes. C’est d’ailleurs sous cette double tutelle et dans cet héritage délicat que la droite se cherche un candidat pour la Métropole de Lyon. Le débat, encore à mots feutrés, oppose le maire de Saint-Priest, Gilles Gascon, fraîchement élu à la tête du groupe des élus de droite, et son homologue d’Écully, Sébastien Michel, qui n’y siège pas et compte sur une primaire pour se faire adouber. Un duel de générations certes, mais aussi de méthode et d’obédience, entre une candidature se revendiquant des élus de la Métropole et de l’héritage de Philippe Cochet, et une autre inspirée par Laurent Wauquiez et sa jeune garde fidèle. Quel que soit celui qui sortira gagnant du vote prévu le 2 février, LR n’en aura donc pas fini avec l’ombre portée des affaires. La dissiper, si elle le peut encore, semble devenir son plus grand défi pour 2026. ILS LE DISENT ICI Cochet,cejusqu’au-boutiste prêtàplomberladroite Édito © ÉLISA HILAIRE HÉLÈNELAFONT-COUTURIER Directricedumusée desConfluences>P8 «Noussommes fidèlesàcequi fondaitleprojet: uneexcellence accessible àtous.» © PIERRE FERRANDIS «Cen’estpasparce quejevaisavoir 60ansqu’ilfaut selaisseraller,et quetouts’arrête.» SALVAVINCENTSCALI Mannequinsenior>P45 STÉPHANIEGERBAUD Artistesculptrice>P51 «Jetravaille beaucouppar levide,j’enlève pourcréer,pour révélerune nouvellelecture.» © PIERRE FERRANDIS Édité par Rosebud SA • 10 rue des Marronniers, CS 40215, 69287 Lyon Cedex 02 • Pour joindre votre correspondant, composez le 04 72 69 15 15. 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Ce dimanche matin, Lyon est plongée dans un épais brouillard. Malgré ces conditions, 251 nageurs se sont retrouvés à côté du pont Poincaré, près de la Cité internationale. Pas vraiment un temps à se jeter dans le Rhône, et son eau qui oscille entre 4 et 7 °C. Les participants de la traditionnelle traversée de Lyon à la nage, organisée depuis 44 ans par le club Thalassa Lyon Plongée, se sont lancés dans les courants du fleuve. Venus des quatre coins de la France, leur objectif: descendre le Rhône jusqu’au pont Raymond-Barre situé à huit kilomètres en aval. Des conditions peu engageantes, mais pas assez pour les arrêter. APOLLINE TISSIER L’instantané de la semaine PAR PIERRE FERRANDIS Hélène LAFONT-COUTURIER «Onn’imaginerait plusLyonsans lemuséedes Confluences» Le musée des Confluences vient de fêter ses dix ans, qu’en retirez-vous comme bilan? Hélène Lafont-Couturier: «Ces dix ans, c’est vraiment et surtout célébrer un succès. Il faut se souvenir que l’ouverture avait été douloureuse. Heureusement, le public a répondu présent. Après cinq ans, on commençaitàsestabiliser,maislacrisesanitaireestarrivée. Maintenant, parvenus à ce dixième anniversaire, nous pouvons enfin profiter pleinement. C’est une reconnaissance, avec plus de 700 000 visiteurs en 2024. 65 % viennent de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et, parmi ceux-là, 40 % de la métropole lyonnaise. Cette année, nous comptons 15000 abonnés, contre 4000 l’an passé, et un visiteur sur deux découvre le musée pour la première fois, ce qui est exceptionnel. Il y a aussi la reconnaissance de nos pairs, la fidélité des collectionneurs. C’est une réussite. Le musée des Confluences est en effet devenu l’un des plus fréquentés après les grandes institutions parisiennes. Quel est son secret? Plusieurs facteurs. D’abord, bien sûr, l’architecture singulière qui interpelle, le positionnement physique et géographique du musée. Comme le disait une membre de notre conseil scientifique, on n’imaginerait plus Lyon sans lui. Il en est devenu l’un des emblèmes. Mais cela ne suffit pas. Notre parcours permanent y fait beaucoup. Il a été réussi et est soigneusement entretenu et adapté chaque année. C’est pour cela que nos visiteurs aiment revenir. Ensuite, notre programmation, très diversifiée, repose sur une approche interdisciplinaire. C’est la recette Confluences! Chaque exposition raconte une histoire immersive, adopte un principe narratif et une forme d’écriture rendant l’expérience accessible à tous, quel que soit son niveau de connaissance. On rentre dans une histoire et jamais personne ne s’en sent exclu. C’est ce qui fait l’identité du musée? Oui, nous sommes fidèles à ce qui fondait le projet: une excellence accessible à tous. L’autre atout est que nous n’avons pas de commissariat d’exposition classique. Chaqueprojetestnourriparuncomitéscientifiqueaux regardscroisés,garantissantunediversitédepointsde vue, de thématiques. On peut parler de tout ainsi: © ÉLISA HILAIRE Le musée des Confluences est devenu, en dix ans, un véritable emblème de la ville et l’un des plus visités de France après les grandes institutions parisiennes. Un succès populaire qui doit beaucoup à sa directrice et à sa volonté de donner des clés de compréhension du monde à chacun, de manière accessible et poétique. PROPOS RECUEILLIS PAR LILIAN RENARD L’invitée de la semaine 8 TRIBUNE DE LYON NO 998 DU JEUDI 23 AU MERCREDI 29 JANVIER 2025 Ses journées, souvent, sont un voyage aux quatre coins du monde et dans le profond des sentiments humains. Hélène LafontCouturier peut très bien prendre un café matinal en Égypte, devisant avec quelques illustres momies antiques, enchaîner par une conversation avec des bouddhas khmers au déjeuner, avant de retrouver son équipe pour lui parler d’amour ou de rêves, de coiffes sioux ou d’expéditions polaires... tout ce qui, puisé dans cette matière universelle et immémoriale, fait la proposition du musée des Confluences, synthèse entre les arts, les sciences, les cultures et les passions humaines. Ces voyages pourraient donner le tournis. La directrice du musée arrive pourtant ce jour au Siprès, une élégante et douce table du 7e arrondissement, dans le calme et la sérénité bienveillante. En cela, elle incarne tout de l’esprit de son musée: l’intelligence accessible, la culture qui se met à portée, le récit clair de la science contre l’obscurantisme. Voilà sans doute ce qui a fait son succès indéniable depuis dix ans, parvenant à éclairer le monde sans fatuité ni arrogance, avec l’humilité de ceux qui cherchent à comprendre et donnent à penser. Hélène Lafont-Couturier est ainsi, telle qu’en son musée et attentive aux autres. Elle offrira même à son interlocuteur un présent inattendu ce jour-là, une part de ce pâtécroûte qui a fait la réputation des chefs du Siprès et que nous n’avions pas eu l’occasion de goûter au menu. Comme quoi, ses voyages quotidiens la ramènent toujours à Lyon, où elle est parvenue à ancrer le musée, devenu l’un des totems de la ville et un phare repéré en France. Malgré les contraintes budgétaires, elle entend faire s’envoler plus haut encore cet étrange oiseau posé entre deux fleuves et aux carrefours des civilisations. En dix ans, il a déjà fait mille fois le tour du monde. © ÉLISA HILAIRE Mon déjeuner avec Hélène Lafont-Couturier Siprès 2 place du Prado, Lyon 7e . —Notrerepas— Deux saumons gravlax, sabayon de miso, et pickles de betterave de Chioggia. Deux filets de lieu snackés, sucrine grillée, chutney de courges au poivre de Sichuan. Deux ganaches montées chocolat noir, sorbet cacao-menthe, nougatine au grué de cacao. Deux verres de vin blanc. —L’addition— 67 € 9 TRIBUNE DE LYON NO 998 DU JEUDI 23 AU MERCREDI 29 JANVIER 2025 d’amour, de rêves, d’explorations, du vivant... Dans l’approche, et du coup dans l’écriture d’une exposition, ça change beaucoup de choses. On est plus justes. Ce modèle nous distingue et fait que l’on nous considère même parfois comme un exemple. Si vous deviez retenir prioritairement certaines expositions, lesquelles citeriez-vous? Il y a eu Dans la Chambre des merveilles. Ou Antarctica, qui était un vrai défi parce qu’on l’a montée en très peu de temps et qu’elle était tellement réussie. On entendait, dans le tram, des enfants qui disaient: “Je veux revoir Antarctica.” Je pourrais citer Venenum, la donation des coiffes d’Antoine de Galbert, la première de cette importance. Et puis Le Temps d’un rêve, Sur la PistedesSioux... En fait, je les aime toutes, c’est comme des enfants. Et quelles sont celles qui marqueront les prochaines années? En février, Trop forts, pour les enfants. En avril, une exposition sur l’Amazonie dans le cadre de l’année du Brésil. À la rentrée, nous reprenons l’exposition Zombis du musée du quai Branly, et en 2026, une grande exposition sur l’Afrique, notamment le Mali et la région de Ségou. Une autre portera ensuite sur les relations entre l’homme et l’animal. Qu’aimeriez-vous encore améliorer? Je souhaite que le musée s’intègre encore davantage dans la ville et dans le quotidien des Lyonnais. Qu’il devienne un lieu où l’on passe, où l’on prend un verre, où l’on s’assoit. Pour cela, il nous faut davantage d’aménagements confortables et accueillants : des assises, plus de couleurs. Nous voulons aussi étendre les espaces dédiés aux donateurs et exposer des pièces remarquables dans des vitrines situées dans les espaces clients. Si on se projette sur les dix prochaines années, quels seront les axes prioritaires? J’ai actualisé notre projet scientifique et culturel. L’un des axes majeurs est l’enfance: une visite peut marquer durablement la construction d’un enfant, un parcours de vie. Ça peut être une émotion devant une œuvre, une idée attrapée dans une conférence. Aussi, en juin, nous ouvrirons un espace, Nuage des Petits, pour les 2-6 ans, et donc l’exposition Trop forts, en février, sur les capacités incroyables des espèces à vivre en milieu hostile, pour les 8-12 ans. Par ailleurs, nous voulons renforcer notre ancrage local tout en nous ouvrant à l’international. Nous travaillons déjà avec le Vietnam, en formant des équipes de musées, et où nous comptons remonter l’exposition Nous, les Fleuves. Vous dites souvent que le musée joue un rôle d’éveil, d’ouverture au monde... Oui, ce musée ouvre au monde, à la curiosité. Ce sont, il me semble, deux choses très importantes dans la vie et dans l’époque. Et puis, il aide à comprendre, à relativiser. Il donne des clés de compréhension, en diffusant une information qui est fiable, ce qui est primordial dans le brouhaha du monde et des réseaux sociaux. Les retours du public disent qu’ils ont confiance dans la parole du musée. C’est très important. Et ça aide à ne pas sombrer dans les polarités excessives. Le musée sert à cela. Avec son approche interdisciplinaire, il relie les arts, les sciences, les cultures : il donne des clés pour comprendre. J’aime ce musée, ce qu’il raconte. Je viens d’une formation en beaux-arts; j’aurais de la peine à revenir à une seule discipline. Les contraintes budgétaires qui pèsent sur la culture et la baisse des financements accordés au musée risquent-elles de le fragiliser? Nous avions déjà perdu un million de subventions peu après l’ouverture, puis les recettes du parking, qui représentaient 500000 euros. Aujourd’hui, avec une baisse de 10 % de la subvention métropolitaine (1,4 million d’euros), il devient crucial d’augmenter nos recettes propres. Nous expérimentons des offres payantes complémentaires comme Nuage des Petits et envisageons des services d’expertise, des coproductions ou des itinérances. Car il faut éviter de tomber dans un cercle vicieux : augmenter les tarifs pourrait dissuader les visiteurs. On a toujours essayé de trouver des solutions, de réfléchir à moindre coût — réduire la hauteur des cimaises, penser les choses pour que tout soit modulable. Mais aujourd’hui, on arrive un peu au bout de l’exercice. Il vous reste donc encore un peu de travail... Le musée fait partie du paysage lyonnais. Mon rôle est de m’assurer qu’il continue de rayonner localement et à l’international, et que son avenir est solidement préparé. Mais il faut aussi que je me prépare à le quitter. J’avance en âge. Je pouvais m’arrêter en mai. Mais je n’étais pas prête. J’ai été reconduite pour trois ans ; ce sera la dernière fois. Cela me laisse le temps de permettre au musée de se consolider, de le rendre plus fort, plus inscrit à l’international. Et puis de bien veiller au collectif, aux équipes. Oui, parce que c’est à partir d’une équipe que tout cela fonctionne et c’est aussi ce qui fait la qualité de Confluences.» «Chaque exposition raconte une histoire, adopte un principe immersif accessible à chacun.» HÉLÈNELAFONT-COUTURIER L’invitée de la semaine SESDATESCLÉS 20.12.2014 L’émotion des premiers visiteurs à l’ouverture des portes. 09.02.2016 Accueil du millionième visiteur, un jeune garçon de sept ans qui passait ses vacances chez sa tante. 27.10.2017 Antoine de Galbert choisit de donner sa collection de coiffes du monde au musée des Confluences. 30.03.2019 Installation du squelette de la baleine, devant lequel, 60 ans auparavant, une visiteuse avait été demandée en mariage. 21.10.2021 La prise de parole, en iakota, de Walter Litllemoon, pour l’exposition Sur la piste des Sioux. 10 TRIBUNE DE LYON NO 998 DU JEUDI 23 AU MERCREDI 29 JANVIER 2025 tribunedelyon.fr Ça bouge LE BAROMÈTRE DES PERSONNALITÉS LYONNAISES +3 VÉRONIQUE ET LAURENT DUCROT. Récompensés. Le 11 janvier dernier se tenait la 15e édition du Concours international du gamay à la Cité internationale de Lyon. Plus de 700 vins étaient en compétition. Après une première sélection, un grand jury a décerné le prix du Meilleur gamay du monde et il a été attribué cette année au beaujolais-villages cuvée 2023 du Relais du Colombier de Véronique et Laurent Ducrot. -1 LES LYONNAIS. Pester. Les Lyonnais sont-ils des râleurs intrinsèques? D’après une étude menée par Preply, une plateforme d’apprentissage des langues, les habitants de Lyon sont ceux qui se plaignent le plus en France, devançant Parisiens et Niçois. Parmi les sujets qui nous agacent: les voisins bruyants, le coût de la vie ou encore les embouteillages. Mieux, plus de deux Lyonnais sur trois affirment que «se plaindre est nécessaire pour progresser». Le progrès est donc en marche. +5 LAURENT GERRA. Distingué. Probablement l’une des personnalités lyonnaises les plus connues, il a été nommé chevalier de la Légion d’honneur dans le cadre de la promotion du 1er janvier. Une agréable reconnaissance pour l’humoriste aux 35 ans de carrière. Deux autres figures locales, Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne, et Fabienne Buccio, préfète de région, ont été respectivement nommés chevalier et commandeur de la Légion d’honneur. +2 DAN OHLMANN. Décoré. Fondateur du Musée Cinéma et Miniature, Dan Ohlmann va être distingué par la Ville de Lyon. Celui qui a désormais cédé l’établissement culturel à Julien Dumont, un jeune réalisateur et producteur de films, sera la vedette d’une soirée honorifique organisée par la Mairie de Lyon le 6 février prochain. Cette figure du quartier du Vieux-Lyon recevra la médaille de la Ville pour son engagement pour le musée. -2 DIEUDONNÉ. Obstiné. Prévue vendredi dernier à Lyon, une représentation du spectacle Vendredi 13 de Dieudonné a été interdite par la Ville, évoquant le lourd passé judiciaire de l’homme: «des discours négationnistes, antisémites, incitant à la haine raciale ou faisant l’apologie du terrorisme», rappelait l’arrêté. L’humoriste a tout de même assuré sur les réseaux avoir assuré un show à guichets fermés dans une autre salle de la région. -3 PIERRE SAGE. Dépassé. L’OL est dans une mauvaise passe et son entraîneur semble ne plus avoir de solution. Depuis un grand match face à Francfort à la mi-décembre (3-2 pour les gones), le club rhodanien enchaîne les prestations décevantes. Malgré un match nul des plus ennuyeux face à Toulouse le week-end dernier (0-0), le coach lyonnais a vu des «signes encourageants». Pas les supporters. TOP3 Cumuldes pointsdepuis le01.01.2025 +5 -1 +3 -2 +2 -3 FLOP3 12 TRIBUNE DE LYON NO 998 DU JEUDI 23 AU MERCREDI 29 JANVIER 2025 Les confidentiels Après s’être heurtée à la résistance de la municipalité écologiste lors de ses tentatives d’installation à la Guillotière en 2021, puis à la Croix-Rousse en 2022, la chaîne de restauration rapide KFC a finalement ouvert deux restaurants coup sur coup à Lyon — ses 10e et 11e dans la métropole — dans les rues de la République (Lyon 2e ) et Garibaldi (Lyon 7e ). Son offensive lyonnaise va visiblement se poursuivre. Selon nos informations, l’enseigne américaine devrait prochainement ouvrir un troisième restaurant lyonnais dans la place basse de la nouvelle gare de la PartDieu. De quoi alimenter un peu plus le ressentiment de ceux estimant que Lyon s’offre aux fast-foods et fait la part belle à la malbouffe. Consciente de ces problématiques, et des difficultés pour les indépendants à exister face à de tels mastodontes, la Ville avait organisé des assises du commerce et de l’artisanat. La synthèse de ces travaux et un certain nombre de propositions devraient être dévoilées sous peu. Ça bouge DANS L’ANTICHAMBRE Cinéma. Willem Dafoe bientôt en tournage dans la région? Le réalisateur Christian Carion, auteur des films Joyeux Noël ou Mon Garçon avec Guillaume Canet, planche actuellement sur un nouveau film. C’est en tout cas ce que l’homme de 62 ans, installé à Caluire-et-Cuire depuis près de 30 ans, nous a confié au fil d’une interview menée au café La Cloche (Lyon 2e ). «Il s’agira d’un film en anglais qui se passe au Canada. Je raconte l’histoire vraie d’un paysan canadien qui se bat contre les OGM de Monsanto. Cet homme qui dit non pourrait être interprété par Willem Dafoe. Mais rien n’est signé, soufflet-il. Et j’espère en tourner une bonne partie en région Auvergne-RhôneAlpes.» Un tournage qui pourrait débuter en 2026. I.B. Social. Foyer pour jeunes migrants: la Métropole de Lyon attaque la Mairie d’Écully et l’État La Métropole de Lyon a assigné en référé devant le tribunal administratif la Mairie d’Écully pour dénoncer le blocage du foyer de jeunes migrants prévu sur la commune de l’Ouest lyonnais. La collectivité reproche à la Mairie d’entraver volontairement l’ouverture de ce foyer, qui a déjà servi à héberger des familles ukrainiennes. Le Grand Lyon a prévu d’utiliser ce bâtiment pour regrouper les jeunes migrants en attente d’évaluation de leur minorité ou de leur majorité. Le maire d’Écully s’oppose au projet, accusant la majorité écologiste de le lui avoir imposé «sans aucune concertation». Sébastien Michel, possible candidat (LR) aux futures élections métropolitaines, a aussi fait du foyer un sujet très politique. «Vous pouvez compter sur moi pour défendre l’identité d’Écully», a-t-il écrit à ses administrés. L’offensive juridique de la Métropole met en cause l’État par ricochet. La Préfecture pourrait en effet se substituer à la Mairie pour autoriser l’ouverture du bâtiment, ce qui n’a pas été le cas. © PIERRE FERRANDIS © DR Commerces. À la Part-Dieu, KFC va ouvrir son 3e restaurant lyonnais Portée par le CCO au cœur du projet de L’Autre Soie à Villeurbanne, la salle de concert et le tiers-lieu La Rayonne a su rapidement et brillamment trouver son public et sa place depuis son ouverture en 2023. Musique éclectique et engagement social lui avaient permis d’attirer quelque 60000 personnes dans sa toute nouvelle salle et de prétendre à jouer un rôle singulier dans le paysage culturel de la métropole. Las, son directeur Harout Mekhsian a cependant choisi de quitter ses fonctions en fin d’année. Selon nos informations, et bien que la structure a œuvré à faire évoluer son modèle vers plus d’autofinancement, les coupes budgétaires et les baisses de subvention attendues du côté des collectivités, et notamment du Grand Lyon, ont pesé dans sa décision de jeter l’éponge. Et ce, malgré son engagement inconditionnel depuis le début du projet. Le conseil d’administration du CCO va devoir lui trouver un remplaçant. Pas simple tant il incarnait l’esprit de La Rayonne. Culture. Le directeur de La Rayonne a quitté ses fonctions Cinéma.QuandDavidLynchadressait sesderniersmotsàl’InstitutLumière C’est un des privilèges dont nous a gâtés l’Institut Lumière: David Lynch était venu présenter à Lyon, en personne, l’un de ses meilleurs films, Inland Empire, le 4 février 2007, pour ce qui sera finalement son dernier film à sortir en salles. Depuis, Thierry Frémaux l’avait à nouveau invité, notamment après la suite de sa série Twin Peaks. «Cher Thierry! D’abord, merci de penser à moi et de l’honneur que tu me fais de m’inviter à Lyon, répondait le réalisateur américain avec son humilité coutumière. Je ne crois pas que je voyagerai encore désormais, je me vois donc avec regret dans l’obligation de l’abandonner.» Touchant à relire quelques jours après la mort du cinéaste. L.H. © INSTITUT LUMIÈRE 13 TRIBUNE DE LYON NO 998 DU JEUDI 23 AU MERCREDI 29 JANVIER 2025
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