ELLE n°4162 - Page 1 - 4162 SOMMAIRE 52 P A G E Ce numéro comporte, insérées entre les pages 106 et 107, 8 pages spéciales numérotées de I à VIII (édition Bourgogne-Franche-Comté); ou 8 pages spéciales numérotées de I à VIII (éditions Bretagne et Pays de la Loire). Sur la page 19, collage d’une carte avec Scentseal Miu Miu (édition France métropolitaine), entre les pages 66 et 67, un encart jeté abonnement ELLE de 2 pages (kiosques de la France métropolitaine), et, posés contre la 4e de couverture, un chéquier et une enveloppe retour de SelectPresse sur une partie des abonnés. Ce numéro comporte un encart abonnement Dynapresse sur les exemplaires kiosques Suisse et des envois de correspondance sur la France métropolitaine + Dom-Tom. Des exemplaires de ELLE n° 4162 sont vendus avec en cadeau un Sérum Booster d’Hydratation Respire (15 ml) sur une partie de la diffusion kiosques France métropolitaine (liste des points de vente disponible sur elle.fr, rubrique beauté). Offre valable du 25 septembre au 8 octobre 2025. Dans la limite des stocks disponibles. 9ÉDITO Binge-moi,jerêve! ParAlixGiroddel’Ain. 1OINFO FashionweekdeParis: lematchJonathanAndersonMatthieuBlazy. 21CULTURE Ciné,expo,festival,musique… 28LIVRES Lasélectiondelarédaction. 37STYLE Spécialgreen. 46MAG JafarPanahi,cinéaste iranienhumaniste. 66MODE Uniqueensongenre. 86BEAUTÉ Cosmétogreen: rechargez,toutes! 92ART DE VIE Food:Uma-mythesetréalités. 1O3« ELLE » S’ENGAGE 1O5 HOROSCOPES 1O7 FICHES-CUISINE Lastar,c’estlaconserve. 66 P A G E MODE : CHIC, DU VINTAGE ! 92 P A G E UMAMI : LA SAVEUR QUI FAIT SALIVER. SANTÉ : ALERTE SUR LES MÉDICAMENTS ANTI-OBÉSITÉ. LÉA SALAMÉ PORTE UNE VESTE, WEEKEND MAX MARA BY GIULIVA HERITAGE. UN PULL, VANESSA BRUNO. UN PANTALON, EMPORIO ARMANI. RÉALISATION ANNE-MARIE BROUILLET. PHOTOGRAPHE PATRICK SWIRC. MAQUILLAGE CONSTANCE HAOND. COIFFURE CYRIL FRICAUD. EN COUVERTURE BUZZ WHITE ; THOM LEACH/SCIENCE PHOTO LIBRARY ; SOPHIA HSIN/STOCKSY. 4 ELLE 25 SEPTEMBRE 2O25 French : français Photos : Flavien Carlod, Baptiste Le Quiniou, non contractuelles. Architectes Atelier Data. Pour Pedro Almodóvar comme pour Roche Bobois, la couleur est un langage, une signature, une émotion, à l’origine d’une collaboration et de plusieurs créations exclusives. L’iconique canapé Bubble dessiné par Sacha Lakic se décline dans des coloris inédits créés par Pedro Almodóvar. Les coussins, le mobilier et les tissus prolongent l’hommage rendu à son univers cinématographique. Bubble Pedro Almodóvar. Canapé 3-4 places arrondi, design Sacha Lakic. Coloris exclusif créé par Pedro Almodóvar. Rondo 2. Vaisselier, impression « Tacones ». French Art de Vivre 9 PAR ALIX GIROD DE L‘AIN ÉDITORIALISTE UNE BONNE NOUVELLE VENUE DES U.S.A., QUELQU’UNESTPRENEUR?Quelquechose qui n’aurait rien à voir avec l’administration Trump? Eh bien j’ai la joie d’avoir ça en magasin: une étude publiée par la revue «ActaPsychologica»etrelayéeparslate.fr vient de renverser le canapé de nos croyances, et cette métaphore n’est pas choisie au hasard. Loin d’être une sale manie,lebingewatching,cettepulsionqui nouspousseàenchaînerlesépisodesd’une série, serait «bénéfique pour le cerveau» et « contribuerait à une meilleure gestion dustress».«LoveIsBlind»,«Surface»,«The Morning Show», des médicaments? Oui, à condition de les enchaîner. Et le même processusvertueuxvautpourleslivres:une nuit blanche avec Adélaïde de ClermontTonnerre ou Emmanuel Carrère, c’est bon pour nous. Joshua Baldwin, chercheur à l’UniversitédeGéorgieetauteurprincipaldel’étude,évoquelesbienfaits de « l’engagement imaginatif rétrospectif » (le fait que les récits nous accompagnent longtemps) et souligne une chose qu’aucun enfant de plus de 1 an ne contredirait: l’être humain est « câblé pour les histoires ». Poursesentirapparteniraumonde,pourmieuxlecomprendre,pourtrouver du réconfort, non seulement nous avons besoin des contes, des films, deslivresetdesséries,maisilfautqueçadureencoreetencore,la«longue plage de temps ininterrompu étant la meilleure forme de récupération psychologique face aux tensions de la vie quotidienne», c’est un scientifiquequiparle.Cequipourraitouvrirdesperspectivesséduisantes.Sion se met à découvrir que ce que l’on pensait délétère est en fait très bon pour nous, jusqu’où ira-t-on? Après la réhabilitation du binge-watching, va-t-on découvrir que prendre le temps de finircettetablettedechocolatoucettebouteille de blanc est la seule chose raisonnable pour mater notre taux de cortisol? Bon, la mauvaise foi a ses limites… Mais quand même, cette idée du «plus ça dure, plusçanousfaitdubien»estàcreuser.Etun amouraulongcoursn’étantpasàlaportée de tout le monde, on commencerait par se satisfaire d’un gouvernement qui tienne plusqu’unesaison,non? Cettepulsion quinouspousse àenchaîner lesépisodes d’unesérieserait «bénéfiquepour lecerveau». Binge-moi,jerêve! ÉDITO SOPHIE STEINBERGER ELLE 25 SEPTEMBRE 2O25 10 INF ELLE 25 SEPTEMBRE 2O25 PRÊTSÀBRILLER M O D E LafashionweekdeParisararementétéaussiattendue. RegardscroiséssurJonathanAndersonetMatthieuBlazyàlaveille deleursgrandsdébutschezDioretChanel. PAR ILARIA CASATI JONATHAN ANDERSON. 11 ELLE 25 SEPTEMBRE 2O25 A NDERSON VS BLAZY. L’affiche tient en haleine depuisdesmoisunpetitmondedécidémentavide de théâtralisation. Il est vrai que la fashion week n’avaitpasétéaussiexcitantedepuis2012,quand leBelgeRafSimons,nouvellementchezDior,etleFrançais Hedi Slimane, depuis peu chez Saint Laurent, avaient jeté leurpavédanslamode.C’estquelematchques’apprêtentà jouerJonathanAndersonpourDior(1er octobre)etMatthieu Blazy pour Chanel (6 octobre) a tout pour enthousiasmer. Chacuns’apprêteàdévoilersapremièrecollectiondeprêtà-porterféminin,concrétisantl’arrivéed’unenouvellegénérationdestylistestalentueuxàlatêtededeuxdesplusprestigieusesmaisonsdecouturefrançaises.Lepremier,41ans, d’origine nord-irlandaise, a su faire de Loewe l’une des marques les plus en vue de la décennie. Nommé en avril dernier directeur de la création de l’ensemble des lignes de Dior, il a présenté cet été une collection homme, dont le romantismecasualaremportétouslessuffrages.Lesecond, 41ansluiaussi,asutranscenderlagriffedusavoir-faireitalien Bottega Veneta. Nouvel homme fort de la rue Cambon depuisdécembredernier,ils’estdonnéletempsnécessaire pourseconfronteraupatrimoinedelamaisonaudoubleC, de comprendre comment s’amuser avec ses iconiques. « Cette confrontation, à quelques jours l’une de l’autre, apporteunebonnedosed’oxygène,defraîcheuretmême de folie », s’enthousiasme Serge Carreira, maître de conférences à Science Po et directeur des marques émergentes delaFédérationdelahautecoutureetdelamode. Jeunesetaudacieuxdansleurstylecommedans leurfaçond’être,cesdeux-làlesontassurément.Quadragénairesàl’allurede«boysnextdoor»,touche-à-toutbrillants –Jonathanserêvaitacteur,Matthieus’estfrottéaumondede l’artcalifornien–,ilsdéfendentunemodeaussicréativeque commerciale,quis’ouvreàd’autressecteurstelslapeinture, l’architecture, le design, le cinéma. Avec eux, un sac peut prendrelaformed’unebotted’aspergesoud’unjournal.Les bouclesd’oreilles,celled’unémojioud’uneallumette.«Ilest intéressant de voir ce genre de designers arriver avec une approchecollaborative,c’estnouveau»,soulignel’expert. Au-delà du buzz que la mise en scène de ce « duel » permet de créer, le milieu attend beaucoup de ce leverderideau:onmisesurcesarrivéespourdonneruncoup defouetaumarché,atonecesdernierstemps.Commel’observe Serge Carreira, le retour en force de nombreux créateursdanslecalendrierofficieldelafashionweekdeParisen est un signe tangible. Ainsi les regards se tourneront aussi versBalenciaga,Mugler,Carven,Loewe,JeanPaulGaultier, Maison Margiela et Celine, qui accueillent également de nouveaux designers. Ces jours-ci déjà, à Milan, ils sont quelques-unsàfaireleurspremierspas:DemnachezGucci, DarioVitalechezVersace,SimoneBellottichezJilSanderet LouiseTrotterchezBottegaVeneta.Nonpasdeux,maistoute uneconstellationdedestinsengerme.Tobecontinued… MATTHIEU BLAZY. BESTIMAGE ; RICCARDO GIORDANO/IPA/ABACA. CHIRURGIENDEL’ESPOIR Unbiopicretracel’histoiredeDenisMukwege,cegynécologuecongolaisquisoigne lesfemmesvictimesdeviolsdeguerre.Rencontre. ÉDOUARD ELIAS/LE PICTORIUM 12 INFO ELLE 25 SEPTEMBRE 2O25 LOIN DES VIOLENCES QUI SECOUENTl’estdelaRépublique démocratiqueduCongo,sonpays,leDr DenisMukwege estàParispourlasortie,ce24septembre,de«Muganga. Celuiquisoigne».Lefilmretraceleparcoursdecethomme qui répare les femmes victimes de violences sexuelles. Gynécologueobstétricien,militantetPrixNobeldelapaix, ilporteuneparoleraredansunpaysoùleviolestunearme de guerre. Il ne se contente pas d’opérer les corps, mais brise l’omerta en nous parlant d’un combat qui dépasse deloinlesmursdePanzi,sonhôpitaldeBukavu. ELLE. Comment avez-vous accueilli l’adaptation de votre vie au cinéma? DENIS MUKWEGE. Voirquelqu’unincarnersonhistoireest étrange.Maisj’aiététrèsimpressionnéparl’interprétation d’IsaachdeBankolé,dontjerespectebeaucoupletravail. ELLE. Parlez-nous du Dr Cadière, incarné à l’écran par Vincent Macaigne… D.M. C’estungrandami.Ilvienttroisfoisparanpouropérer à Panzi. Nous avons des points communs qui nous permettentdetravaillerensemble.Etnouspartageonsconnaissancesetempathievis-à-visdelasouffrancedesfemmes. ELLE. Au Congo, les femmes sont victimes de groupes armés et aussi de soldats congolais. Comment l’expliquer? D.M. Le viol n’est pas une affaire de tel ou tel camp. Qu’il soit commis par des groupes armés ou par des soldats congolais, rwandais ou ougandais, il reste inacceptable. Le corps des femmes doit être respecté, leur dignité ne se négociepas.Jamais. ELLE. Des victimes de viol sont parfois contraintes d’épouser leur agresseur, par pression sociale ou tradition. Comment combattre ces pratiques? D.M. Obligerunevictimeàépousersonagresseurestune tragédie.Etabsoutimplicitementlescriminels.Leviolestun crimegrave,cen’estpasàlafamilledelerégler,maisaux juridictions compétentes. Toute tentative d’arrangement àl’amiabledoitêtrecombattue. ELLE. À Panzi, vous soignez également des nourrissons. Pourquoi ces agresseurs s’en prennent-ils à eux? D.M. Violer un bébé, c’est innommable. Ce n’est pas un actesexuelmaisunactededestruction.Malheureusement c’estunearmeextrêmementefficace. ELLE. Que diriez-vous aux personnes qui ne se sentent pas concernées par la guerre qui fait rage au Congo? D.M. Cette situation concerne tout le monde : tous nos appareils électroniques contiennent des minerais rares, 80%issusduCongo.Chacundenousaunpetitmorceau de ce pays dans ses poches. Mais au-delà de cela, toute viehumainesedoitd’êtrerespectéeetdéfendue. « MUGANGA. CELUI QUI SOIGNE », de Marie-Hélène Roux, avec Isaach de Bankolé et Vincent Macaigne (1h45). PAR SARAH MAMBEKE DENIS MUKWEGE À L’HÔPITAL PANZI, EN NOVEMBRE 2014. C R I M E S D E G U E R R E 14 NéeàStrasbourgd’unpèrecamerounaisetd’unemèremarocaine,celle quis’estd’abordfaitappelerCrazySallyest,commel’influenceusestar,àlatête d’uneentreprisedecréationdecontenus.SiellearenoncéàentreràHEC, lajeunefilleestréputéepoursarigueuretsesfinesanalysesjuridiquesou géopolitiques.FandeMadonna,deSerenaWilliamsetdel’actriceIssaRae, elleadébutésurYouTubeen2018avecdestutoscheveux,avantdeseréorienter rapidement,enbonnejuristedeformation,versl’analysed’affairesjudiciaires. Aujourd’huiSally,deuxièmed’unefamilledetroisenfants(«l’enfantdumilieuveut toujourssefaireremarquer»,dit-elle),quihésitaitàdevenirmagistrateoudirectrice deprison,atrouvésaplace,etfaitmêmefigurede«rolemodel».«C’estvrai quemevoirestlapreuvequ’ilestpossibledepénétrerdesmilieuxquel’onpensait fermésetd’atteindredesobjectifsquel’oncroyaitinatteignables.» LajeunefilleHPI(«j’aisautédeuxclasseset eumonbacà15ans»,confie-t-elle),hyperactive ettrès«controlfreak»,s’estaussilancéedans laréalisationdedocumentairesd’investigation. «Jenerecherchenilalumièrenilacélébrité,jene suispasfaitepourça,dit-elle.Jesuisdavantage danslaproduction,laréalisation,l’écriture, lemontage… J’aimetravailleretquelesgens apprécientmontravail.»Enchantierpour sesfuturscontenus:undocsurces«mamans désenfantées»,privéesdegardeaprèsavoir déposéplaintepourviolencesincestueuses contrelepère,unautresurlebusinessdela religion,etdeuxdocumentairessurlaprostitution digitaleetlescourantsmasculinistes.Sallyestà l’écoutedelasociété,àlamanièred’ÉliseLucet. 35% ÉLISE LUCET Commelasuperstaraméricaine, elleaimeàaccoucherlesâmes etlescélébrités–parfois internationales–quiacceptent d’êtreinterviewéesàsonmicro. LerappeurKidCudis’estainsi épanchépourlapremière foissursadépressionetson ancienneaddictionàla cocaïnedans«Dinnerwith Sally»,lemodulequ’elle déclinesursachaîneYouTube (743000abonnés).Lajeune femme,quiparlecouramment anglaisetavécuàLondres, aégalementmisàtable TheWeeknd,OmarSy, SpikeLee,DenzelWashington ouRaphaëlQuenard.Des dialoguesquidétonnentpar leuracuitéetleursincérité. «J’aimequ’ilyaitdufond, quecesoitclair,structuré», plaide-t-elle.Lepremierépisode desaminisériedocumentaire «Motherland»(2021),surle Sénégal,afficheplusd’unmillion devuessurYouTube,eton attendcesjours-cisondocusur laculturevaudoueauBénin. AU BIARRITZ FILM FESTIVAL-NOUVELLES VAGUES, LE 28 JUIN. 4O% OPRAH WINFREY C O C K T A I L LEMONDE SELONSALLY Réalisatricededocumentaires etintervieweuse,cettejuriste deformationcompte1,4million d’abonnéssurInstagram. Portraitd’unedécrypteuseaffûtée. PAR FLORENCE TRÉDEZ 25% LENA MAHFOUF FRANCK CASTEL/ABACA ELLE 25 SEPTEMBRE 2O25 INFO 16 INFO ALESSANDRO VIERO, LUCA ZANONI/LAUNCHMETRICS/SPOTLIGHT ; MONICA FEUDI ; LAUNCHMETRICS/SPOTLIGHT. ELLE 25 SEPTEMBRE 2O25 P AS DE DOUTE, LA SAISON S’ANNONCE INTENSE.Maisplutôtquedecéderàlafrénésie du mercato mode, les créateurs américains ont préféré affirmer leurs convictions. Face aux menacesquipèsentsurlesdroitsdesfemmes–enaoût dernier,lesecrétaireàlaDéfensePeteHegsethafait polémique pour avoir posté sur X son soutien à des théologiens masculinistes qui réclament la fin du droit devotedesfemmes–,ilsprennentpositionetbalaient d’un revers de manche l’essor de l’esthétique «tradwife». Celle qui prône le retour de la mère de famille toutenbrushingtravailléettabliernouéàlataille,aux petits soins pour son mari.Etilslefontsavoir. Backstage, la styliste américaine Tory Burch explique sans détour «vouloirs’engagerpersonnellement pour que lesfemmess’organisent de façon à être encore plus puissantes que ce qu’elles sont déjà ». Force et glamour, voilà leprogramme! Une résistance qui s’est exprimée partout : par une féminité autoritaire et gracieuse chez Khaite, avec un aplomb très américain chezRalphLauren,une douce sévérité chez CalvinKlein,unesophistication décontractée chezMichaelKorsCollection,ouuneindépendance raffinée chez Tory Burch. Des collections vibrantes, portéespardesfemmesplurielles,àl’imagedesmannequinsPalomaElsesseretVivianWilson,lapremière, star du mannequinat dit «grande taille», la seconde, fille d’Elon Musk et modèle transgenre. Toutes deux refusant d’être réduites à des stéréotypes ou à des objets. Mais tandis que sur les podiums les designers allaientdel’avant,d’autrestentaientunpérilleuxcomeback. Le très controversé Alexander Wang – accusé d’agressions sexuelles par plusieurs hommes en 2020–faisaitsonretourdanslecalendrierdesdéfilés, et le roi déchu d’American Apparel, Dov Charney, égalementsoupçonnédeviolencessexuelles,inaugurait sa première boutique Los Angeles Apparel sur deuxétagesàSoHo,remettantaugoûtdujourl’esthétiquesoftpornopourtantlongtempsdécriée.Dequoi, décidément,sortirlesgriffes. INFO INFO INFO F A S H I O N W E E K FORCES VIVES Pourlesdéfilésprintemps-été2026à NewYork,lescréateursonthabillé unefemmeraffinéeetindépendante. Unvestiairepolitique,àcontrecourantdel’esthétiqueMAGA. PAR ILARIA CASATI ENVOYÉE SPÉCIALE À NEW YORK (ÉTATS-UNIS) F A S H I O N W E E K FORCES SPLASH! UN COLLIER ET DES B.O. COQUILLAGE, UN SAC FILET DE PÊCHE, ON SE RÊVE EN SIRÈNE À MANHATTAN. Pourlesdéfilésprintemps-été2026à NewYork,lescréateursonthabillé unefemmeraffinéeetindépendante. Unvestiairepolitique,àcontrecourantdel’esthétiqueM F A S H I O N W E E K SPLASH! SPLASH! Pourlesdéfilésprintemps-été2026à NewYork,lescréateursonthabillé unefemmeraffinéeetindépendante. Pourlesdéfilésprintemps-été2026à unefemmeraffinéeetindépendante. SPLASH! SPLASH! SPLASH! CALVIN KLEIN PRABAL GURUNG FFORME RALPH LAUREN COACH KHAITE TORY BURCH TORY BURCH MICHAEL KORS COLLECTION RALPH LAUREN MICHAEL KORS COLLECTION ULLA JOHNSON DIOTIMA P menacesquipèsentsurlesdroitsdesfemmes–enaoût dernier,lesecrétaireàlaDéfensePeteHegsethafait polémique pour avoir posté sur X son soutien à des théologiens masculinistes qui réclament la fin du droit devotedesfemmes–,ilsprennentpositionetbalaient d’un revers de manche l’essor de l’esthétique «tradwife». Celle qui prône le retour de la mère de famille toutenbrushingtravailléettabliernouéàlataille,aux CALVIN KLEIN PRABAL GURUNG PRABAL GURUNG PROENZA SCHOULER ELLE 25 SEPTEMBRE 2O25 MICHAEL OCHS ARCHIVES/GETTY IMAGES ; THE HOLLYWOOD ARCHIVE/PICTURE LUX/BUREAU 233 ; COLLECTION STARFOTO/STARFACE. 17 C ’EST EN LE REGARDANT que toute une génération de femmes a compris ce qu’étaitl’amour.L’amour,le vrai,lebeau,c’est unaventurierqui,au milieudelasavane,vousfaitécouterle Concerto pour clarinette de Mozart, en vous lavant les cheveux. Robert Redford est mort mais son souvenir demeure, lui qui aura su nous prouver que, dans la vie comme au cinéma, il existedesêtresàpart,capablesd’être fortsetdoux,sensuelsetpudiques,présents et lointains, beaux à tomber par terreetpourtantsimplesetgénéreux. L’immenseacteuretréalisateur nousaquittésce16septembre,àl’âge de 89 ans, au cœur des forêts de l’Utah qu’il aimait tant, où il avait créé Sundance–festivalderéférenceinternationale des films indépendants ILÉTAITUNE AMÉRIQUE H O M M A G E Sublime,rassurant,engagé,RobertRedfords’estéteintàl’âge de89ans.EtavecluiunecertaineidéedesÉtats-Unis. PAR FLORENCE BESSON depuis1981,auquelondoitladécouverte de Steven Soderbergh ou de Quentin Tarantino. Robert Redford n’était pas qu’un homme idéal. Il était aussi l’Amérique. Non pas le rêve américain, vulgaire, clinquant. Mais notre Amérique à nous. Il a été, dans «Jeremiah Johnson», ce chasseur solitaire, sublime et taiseux comme les Rocheuses,quitentedevivreparmiles Indiens malgré la haine des colons et la violence des tribus menacées. Il a étécow-boydans«ButchCassidyetle Kid », au grand galop, sa mythique mèche au vent. Il a été, dans « L’Arnaque », cet escroc beau comme un dieu, sourire en coin, bretelles et gomina,plusfortquelesgangsters.Puis vinrent, dans les années 1970, « Les TroisJoursduCondor»–l’undessept chefs-d’œuvre tournés pour Sydney Pollack–,«LesHommesduPrésident», nombre de films engagés dénonçant, jusque dans l’inoubliable « Nos plus belles années », cette Amérique qui écrase,pourlaquelle,commepourson personnage Hubbell Gardiner, «tout est trop facile à gagner». Toujours, il interroge, fouille les clairs-obscurs, lui quiavaitrêvé,danssajeunesseàParis, de devenir peintre. Artiste, mais aussi citoyen engagé, notamment avec sa secondeépouse,Sibylle Szaggars,il s’estbattupourlapréservationdenotre planète, empêchant la construction d’uneautoroute,protégeantdesforêts, répétant inlassablement que «si nous continuons dans la voie des énergies fossiles, nous allons détruire l’air que nousrespirons,l’eauquenousbuvons, lasantédenosenfants». Dans «All Is Lost», l’une de ses dernières apparitions au cinéma, en 2013,telunsymboledecesÉtats-Unis aujourd’hui submergés par le trumpisme, il a joué un homme seul, sur un voilier qui prend l’eau, et qui tente jusqu’au bout de colmater la brèche. Au fond, l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux n’a eu de cesse devouloirréparerlesgenscommeles paysages, et peut-être un peu luimême,luiquiavaitconnuladouleurde perdredeuxenfants.MerylStreep,sa partenaire de l’éblouissant « Out of Africa»,adéclaré:«Undeslionss’en est allé.» Oui, Robert Redford était un lion, un homme des grands espaces et des grands cœurs. Ce que nous avons perdu avec lui, c’est plus qu’un mythe:unhorizon. « BUTCH CASSIDY ET LE KID » (1969). «LES TROIS JOURS DU CONDOR» (1975). « NOS PLUS BELLES ANNÉES » (1973).
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