LIRE n°466 - Page 1 - UNE IRRÉSISTIBLE INVITATION A LA LECTURE UN RECUEIL SUPERBEMENT ILLUSTRÉ DE TEXTES ENLEVÉS. DRÔLES. ENTHOUSIASTES. INÉDITS. CONVAINCANTS. NÉCESSAIRES. JEAN-cHRzsm-EHE ËUISËÜN, LE FIGARO MAGAZINE MAGNIFIQUE ! FRANÇOIS BUSNEL. LA GRANDE LIBRAIRIE ENTRONS. ADMIRONS ET LISONSHLIRE In PIERRE VAVASSEUR, LE PARISIEN JOLIMENT ILLUSTRE. JOYEUX ET PASSIONNÉ. fiERNARD gm: a osons PIVOT ' BERNARD LEHUÎ} WE’; vous SEREZ cApTIvEsI NAGUI, FRANCE INTER UNE DÉCLARATION D'AMOUR AUX LIVRES. NICOLAS CARREAU, EUROPE 1 UN ÉLOGE DE LA LECTURE. RAPHÀËLLE LEYRIS. LE MONDE AU BONHEUR DES MOTS. aréma.a.;a%r2 Esmsnzus. MARIE FRANCE À DÉVORER ! CLAIRE BALDEWYNS. GALA C'EST UNE MERVEILLE ! cHRzsmLA PELLÈDQUËL. PSYCHOLOGIES JUBILATOIRE. FRANCIS MATTHYS, LA LIBRE BELGIOUE ‘ x 'J2z.a>zJ'o12 MUSÉE DU LUXEMBOURG 7 MARS 1e’ JUILLET Z018 INTORET N/MSSANCE D'UN GÉNIE MUSÉE DU . V. M‘ LUXEMBOURG Wallraf SENAT H das Museum PUBLIC _.. artn fii§;?fifi8 Ë CIIEŒ PSYCHOIOGIES Innlsnuuuuns - -Rani Ë-‘uix 3., = ..:'o v. rx:'::' ,: ;a3<-".;§:::1.'.\-: a ~71: EÎ »1-..ro:crtr.2-r .:‘S '5-1' ‘Q é 5.7 ‘Z :--“ 53$: ". :: . ‘J‘ ~‘-" \ ‘I . 7 f.‘.=: s‘: -< .._<:>2e"I‘.:V-_‘-V94?! DE BAPTISTE LIGER N NE COMPTE PLUS LES LIENS ENTRE LE DROIT ET LA LITTÉRATURE — qui ne se limitent pas aux seuls procès pour atteinte à la vie privée. Et s’il y a un terme, parmi tout le vocable juridique, qui collerait particulièrement bien au parallèle entre ces deux domaines, ce serait probablement celui d’« héritage » (à ne pas confondre avec le testament littéraire !). L’imaginaire d’un auteur apparaît en effet comme une sorte de patrimoine — des connaissances et un univers qu’il a fait fructifier —, à partir duquel est établi un texte qui (se) donne, symboliquement, à autrui. Attention, celui qui l’a rédigé peut toujours être de ce monde! Écrire demande, quoi qu’il en soit, une forme de générosité, d’abandon d’une partie de soi à destination de l’autre — d’autant que le prix d’un livre s’avère somme toute moins prohibitif que les frais de notaire... Au risque, parfois, d’avoir de mauvaises surprises, mais qu’importe. IBHÊRITAGE, C’EST JUSTEMENT LE TITRE DE L’UN DES PLUS CÉLÈBRES ROMANS DE JOHN GRISHAM. S’il y a, aujourd’hui, un écrivain faisant le pont entre la fiction littéraire et le domaine judiciaire, c’est bien lui. Depuis près de trente ans, Pex-avocat et homme politique américain enchaîne les thrillers juridiques à succès, avec force << objection, votre honneur! », pressions sur les témoins, magistrats corrompus, et autres éléments essentiels. Souvenez-vous de La Firme, L’Affaire Pélican, Le Client et de tant d’autres. Mais au-delà des simples divertissements robustes et bien huilés, il a indéniablement donné sa patte au genre, imposé sa maîtrise et, sans en avoir l’air, montré une Amérique contemporaine pas forcément « photogénique », tout en soulevant des questions morales ou sociétales inhérentes à celle-ci. Il nous semblait dès lors intéressant d’interviewer ce grand professionnel dans le présent numéro, au moment où 1’on découvre en France son nouveau roman, Le Cas Fitzgerald. Outre son intrigue reposant — au départ — sur un vol de précieux manuscrits, John Grisham s’amuse ici avec la littérature, multiplie les références ludiques — qu’importe si on ne les perçoit pas toujours l — et s’interroge sur les règles de la création (tiens, l’un des chapitres est justement intitulé... « La fiction » !). Bref, notre homme a parfaitement honoré le contrat. PAR AILLEURS, QUI DIT « HÉRITAGE » DIT « TRANSMISSION ». Et il existe bien des manières pour qu’une œuvre littéraire arrive entre les mains des lecteurs. Dès lors qu’il est question de format, et de réédition, le livre dit << de poche » a aujourd’hui une place essentielle. Quand on le regarde dans le détail, celui-ci n’a rien d’un simple remake ou prolongement automatique et attendu de la « première vie » d’un titre... Pratique en raison de sa petite taille et moins cher qu’une édition classique, cet objet fait véritablement partie des passeurs essentiels de la culture — qu’elle soit dite << haute » ou qu’el1e relève du simple moment de plaisir jetable (qui n’a rien de honteux). Comme chaque année à cette période, Lire vous propose ainsi sa sélection de titres en « modèles réduits » récemment parus, mettant essentiellement en lumière des ouvrages un peu rares ou que nous n’avions pas traités lors de leur publication initiale. Même si, désormais, vous pouvez retrouver chaque mois deux pages dans notre rubrique intitulée << la pochothèque >>. HORS DES VOLUMES DISPONIBLES EN LIBRAIRIES 0U EN BIBLIOTHÈQUES, la découverte d’une œuvre littéraire peut passer par un échange bien vivant. Pourquoi pas dans le cadre d’un cercle privé de lecteurs — enfin, majoritairement, de lectrices. Encore (pour l’instant) peu usitée en France, la pratique dite du << book club >> — abordée dans ce numéro — n’en est pas moins très populaire dans les pays anglo—saxons. On se réunit ainsi entre amoureux de littérature et on discute, tranquillement, passionnément ou avec véhémence, au sujet d’un livre que tout le monde (ou presque) a lu. Histoire de partager ses émotions, ses interprétations, sa subjectivité. Une œuvre ne serait-elle pas, au fond, que Fagglomération de tous les sentiments qu’elle a provoqués ? Et un roman ne pourrait-il pas être résumé à la seule addition de ses lectures individuelles ? Voilà une hypothèse qui, pour revenir aux problèmes juridiques, ne simplifierait pas les questions de droits d’auteur et de propriété intellectuelle... LlRE JUIN 2018'5 DES LECTEURS Trop d’étoiles e suis abonné à votre magazine depuis trois ou quatre ans. Je le lisais déjà quand j’étais étudiant en hypokhâgne (mais ça, c’était il y a bien longtemps). Et si je vous lis encore, c’est que j'aime toujours le magazine et ses évolutions. J ’aime que les différents types de littérature y soient abordés, j’aime les extraits, la maquette toute en couleurs, l’index pour se repérer dans les critiques. Et c’est là où je veux en venir. Qu’il soit en dernière page ou ailleurs, peu m’importe. En revanche, c’est le nombre d’étoiles qui me gêne. Une notation sur quatre étoiles, c’était déjà beaucoup. Mais maintenant, avec cinq, c’est la Voie lactée! Surtout que les livres en dessous de trois étoiles n’ont pas leur place dans le magazine. Sincèrement, quatre, ça suffit largement, même trois serait suffisant. Si vous voulez changer, mettez des L à la place des étoiles. L comme Lire (comme les T dans Télérama). L pour « lisible », LL pour « à lire », LLL pour « à lire et relire ». Et exceptionnellement LLLL pour « le livre Lire de l’année ». Geoffroy Brandy La réponse de Lire. Ah, l'éternel problème dit des « étoiles »l Comme Lire met traditionnellement en avant ses coups de cœur (pourquoi perdre de la place pour une descente alors qu’on peut soutenir un ouvrage ?), il est normal que les livres chroniques aient tous une « bonne note ». Pour créer une sorte de hiérarchie - en maintenant un artifice formel, disons, « positif » 1 on commence donc à deux étoiles et on peut monter jusqu'à cinq, pour les titres absolument essentiels. Lire sur iPad i Téléchargeable gratuitement dans l’Apple Store, l'application donne accès a toute l'actualité littéraire en temps réel, ainsi qu'aux anciens numéros de Lire à un tarif préférentiel. Où adresser votre courrier ? > par voie postale: 18, rue du Faubourg-duTemple, 75011 Paris. > par courrier électronique : redaction@lire.fr n > sur la page Facebook du magazine: wwwjacebook.com/LireMagazine 5'L|RE JUIN 2018 rand lecteur, friand de découvertes et de nouveaux livres, c’est toujours avec un réel plaisir que j’achète et que je parcours votre revue. Celle d’avril 2018 « spécial polar » m’a presque régalé! Quelques bonnes idées de lecture (la sélection italienne, par exemple), un peu trop d’auteurs convenus dans l’univers du polar, mais bon. Avide de nouveautés, je parcours avec intérêt les pages 42-43, et j’achète sans attendre le livre de Christian Roux, Que la guerre est jolie, en me fiant à la critique d’HubertAI1us « Une des plus belles voix du polar social à la française. » Excuse—moi pour cette familiarité, Hubert, mais sérieusement: tu l’as lu ? Et si oui, t'es sérieux ? Soit c’est un copain à toi (et je peux comprendre), soit tu veux publier chez Rivages, soit tu avais une chronique à rendre et tu étais à la bourre, mais quand même! L'histoire, le suspense et surtout l’écriture. .. C’est plat, l'histoire est bidon et le style!!! On n'écrit plus comme ça! Ou en tout cas, on ne devrait plus! Hubert: arrête ce genre de conseils! Nicolas Durand Et la science-fiction ? hers tous, j’abonde dans le sens du lecteur qui met en avant le fait que Lire n’a pas, ou que très peu, de place pour les sciences humaines et l’histoire. J’ajouterai aux propos de M.Constant que la science-fiction et la fantasy sont totalement oubliées. Pourtant, Mme Robin Hobb, par exemple, était assaillie par ses fans au Salon du livre le 18 mars. Que faire, donc? Catherine Marneur La réponse de Lire. Depuis octobre, la S.F. est de retour dans Lire avec une rubrique mensuelle. Nous avions d'ailleurs honoré ce genre dans nos « 20 meilleurs livres de l'année », avec la présence au palmarès, dans cette catégorie explicite, du très beau C'est le cœur qui lâche en dernier de Margaret Atwood. En outre, dans le présent numéro, vous pourrez découvrir quatre pages consacrées à un monument de la littérature de l'imaginaire: 1984, de George Orwell. à l'occasion de la parution d'une nouvelle traduction. 1 : FONDE EN 1975 PAR BERNARD PIVOT ET JEAN-LOUIS SERVAN-SCHREIEER Société éditrice EMCQ SAS au capital de 600 O00 euros Siège social 18 rue du Faubourg-du-Temple, 750M Paris. Tél. l O1 4'7 O0 4949 RC8 832 332 399 Paris Président et Directeur de la publication Jean-Jacques Augier Directeur général Stéphane Chabenat Adjointe Sophie Guerouazel REDACTION Directeur de la rédaction Baptiste Liger Assistante de la rédaction Sabine Dard Chroniqueurs Philippe Delerm. Bruno Dewaele, Diane Ducret, Luc Ferry, Fabrice Gaignault, Gérard Oberlé, Josyane Savigneau, Sylvain Tesson Direction artistique Isabelle Gelbwachs Première rédactrice graphiste Marie-Thérése Poux Révision et secrétariat de rédaction Meriem Djebli, Brigitte de Zélicourt Service photo Cyrille Derouineau ont collaboré à ce numéro Hubert Artus, Raphaële Botte, Philippe Chevallier, Jean-Pierre Colignon, Louis-Henri de La Rochefoucauld, Mamadou Diallo, llan Ferry, Alexandre Fillon, Marie Lechevalier, Estelle Lenartowicz, Gladys Marivat, Françoise Monier, Jean Montenot, Pascal Ory, Dominique Poncet, Lou-Ève Popper, Marc Riglet, Alain Rubens, Jérôme Serri. Mina Soundiram Publicité et développement Mailys Leynaud O1 47 O0 03 23 Service abonnements 4, route de Mouchy ' V 60438 NOAILLES GEDEX Tél. : 01 70 37 31 54 Courriel: abonneme_nts@lire.fr Tarlf d'abonnement , 1 an. 10 numéros, 45€ (France Métropolitainelï r Ventes au numéro: 0488151240 Diffusion: Presstalis IMPRESSION: ROULARTA PRINTING, MEIBOOMLAAN 33, 8800 ROESELARE (BELGIQUE). PHOTOGRAVURE: MAURY IMPRIMEUR Publication mensuelle éditée par EMC2 SAS. © EMC2 N° Commission paritaire: 0614 K 85621. Dépôt légal: mois en cours. ISSN n° 0338-50-19. Second Class Postage Paid At Long Island City N.Y. Q49 Audience mesurée par AuwPREssE Dé Abonnez-vous à LÎRE: î5\Vfi0funK.v‘«.x—=;—a4q-v\«œw72r/“ä« ‘V + EN CADEAU LE ROMAN DE SYLVAIN TESSON Un été avec Homère Pour écrire Un été avec Homère, Sylvain Tesson s'est retiré ” une île des Cyclades, au bord de la mer Égée, dans la lumière, |’écume et le vent. L’auteur nous invite ains redécouvrir I’IIiade et l’Odyssée. A A « N’entendez-vous pas la musique des ressacs en ouvrant ces deux livres? Certes, le choc des armes la recouvrecparfois. Mais elle revient toujours, cette chanson d'amour adressée à notre part de vie sur la Terre. Homère est le musicien.» Un voyage entre la mythologie et le monde d’aujourd’hui, érudit, épique, droiatique, époustouflant. JE M’ABONNE À LIRE Bulletin à renvoyer complété et accompagné de votre règlement à : LIRE — 4, rue de Mouchy - 60438 Noailles Cedex DU l, je désire bénéficier de votre offre spéciale : an d'abonnement à LIRE (10 numéros) + Un été avec Homère )our 45€ seulement au lieu deB9€’. Ci-joint mon règlement par : L] Chèque à l'ordre de EMC2 l:l Carte bancaire N° : Expire fin : U__| A Date et signature obligatoires : l_L_ll_l__ll__l_l LIOMBLP 'ous pouvez également, si vous le souhaitez, acquérir séparément In été avec Homère au prix de 15€ et chaque numéro e LIRE au prix unitaire de 6,50€. Délai de livraison : dans le mois suivant l'enregistrement de votre règlement. Offre valable jusqu'au 31/12/2018 en France métropolitaine uniquement, et pour un premier abonnement à LIRE. Conformémentà la loi "lnformatique et libertés" du 6 janvier 1978, vous disposez d'un droit d'accès et de rectification en adressant un courrierà LIRE. Les informations nécessaires à la mise en place de votre abonnement pourront être cédéesà des organismes extérieurs sauf si vous cochez la case ci-contre EI. Conformément ‘a l'article L221618 du code de la consommation, vous bénéficiez d'un délai de rétractation de 14 jours à compter de la réception du premier numéro de l'abonnement en adressant votre courrierà Lire, service des abonnements, 4 rue de Mouchy 60 438 Noailles Cedex. LIRE EST ÉDITÉ PAR EMC2 - SAS AU CAPITAL DE 600 000 € - 18 RUE DU FAUBOURG DU TEMPLE, 75011 PARIS  VUE uoi de plus simple que de rencontrer sa * tendre moitié sur son lieu de travail. La difj ficu1té,lorsqu’on est écrivain, c’est que la j plupart de nos collègues ont rejoint les muses célestes. Autrement dit, ils ont clamsé. Mais cela ne les empêche pas de nous séduire, les bougres l Les rencontres furtives au gré des librairies, les tête-à-tête lors des voyages en train, les mots, enfin, qu’ils sèment dans nos esprits, suffisent à faire naître en nos cœurs un idéal qui tient la dragée haute à nos contemporains. Moi, j’aimerais rencontrer un type romantique et fébrile comme Musset, qui me dirait que « la nuit a des puissances telles, que les femmes y sont, comme les fleurs, plus belles », qui sait souffrir avec panache, aimer à s’en faire péter les ventricules. Il aurait le sens de l’humour de Flaubert, et m’amuserait d’un peu de mauvais esprit à la nuit tombée quand « le doigt de Dieu se fourre partout» et qu’il est d’humeur divine. Il aurait un petit côté aventurier à la Saint-Exupéry, m’emmènerait en bimoteur au-dessus des mers et, bien sûr, serait engagé dans son temps et aurait des convictions à la Victor Hugo. Et il aurait les yeux fauves de Jack Kerouac. Hélas, dans mon purgatoire célibataire, je rencontre beaucoup d’hommes baraqués comme Musset, et au physique de Flaubert; des gringalets post-pubères et des chauves aux bajoues tutoyant d’un peu trop près la gravité. Autre écueil lorsqu’on flirte avec les livres: la machine à fantasme s’emballe sur des types qui n’existent pas. Mon délire, c’est Cyrano. Gascon qui ne s’en laisse pas compter, que ÿimagine en demi de mêlée avec l’accent de chez moi, tenant tête haute aux puissants, mais avec le cœur si délicat qu’il meurt tout bas si on ne l’aime pas Pour lui, l’amour, c’est la gloire en bécots! Eh oui, en ce qui me concerne, tout le charme d’un homme repose sur son nez. L’appendice premier. On dit que la taille ne compte pas: c’est faux. J’aime les hommes 8°LlRE JUIN 2018 Un du que la taille ne compte pas: [lest faux DIANE DUÛRET DE NEZ aux yeux montés à cru sur un tarin aux dimensions respectables. Laquelle est souhaitable ? Si je ne peux lire l’heure à son ombre au fil de la journée, tel un cadran solaire, il n’est pas assez grand. S’il n’est pas semblable à l’aiguille du pic du Midi sur la géographie de ses traits, non plus. Si un aigle harassé ne s’en approche pas pour s’y percher, cela n’est pas assez. Si, lorsqu’il ronfle à plein nez, on n’entend pas la mer gronder, nenni. Un nez courageux qui prend les coups de soleil pour protéger sa face, un nez dont la vue rend Parchéologue nostalgique des pyramides d’Égypte, et fait rougir la fleur à l’idée d’être humée par un tel organe. Il n’a pas besoin d’être droit, il doit avoir de la personnalité, vivre sa propre vie, comme Le Nez trop humain de Nicolas Gogol. Asymétrique, busqué, cassé. Que les détenteurs d’un tel spécimen soient avertis, cela me donne envie de venir m’y abriter des rudesses de l’hiver et du monde, et de me nicher juste en dessous d’un battement de lèvres. Au printemps, pensez cependant à Fentretien de ce bosquet, un jardinage à la française s’impose. Lorsque je sors de chez moi, je ne vois que trop nombreux des nez bien policés, censurés par de lourdes lunettes ou par une moustache prétentieuse qui voudrait s’attirer tout le mérite de sa sagacité. Pire, parfois, comme une infamie amputant leur visage, un cache-nez! Je vois aussi de timides nez dissimulés derrière un mouchoir, des nez, en somme, auxquels il ne manque qu’une chose que la bienséance et les canons de beauté voudraient leur enlever, le panache! N’écoutez pas Proust vous dire que « le nez est généralement l organe où s’e’lale le plus aisément la bêtise », qu’y connaît-il, ce dadais? Osez, osez avoir un blase à la de Gaulle qui inspire l’envie de résister, et aux femmes qui ont un peu trop lu Cyrano de Bergerac, celle de vous embrasser. Où donc la moutarde vous monterait-elle, sans cela ? QÉRAQTIFN |-umnv Hbre’rTo200ns.fr Abonnez-vous à CLASSIC A N 10 numéros |LAN NI 59€ SEULEMENT au lieu deJQ-ê l! SCALA DE EN i a Le coffret 30 CD Maria Callas 8: La Scala de Mila s/VL/ARIA CALLAS JE M’ABONNE À CLASSICA Bulletin à compléter et à renvoyer accompagné de votre règlement à : CLASSICA » Service Abonnements - 4 rue de Mouchy 60438 Noailles Cedex Ci-joint mon règlement par : C Ou I, je désire bénéficier de votre offre \ \ _ E] Cheque a l'ordre de EMC2 E] Carte bancaire exceptionnelle : 1 an d'abonnement à Classica (1 o numéros) + le coffret 3o CD La Callas & La Scala N°=l_1_LLJLl_|_|_J|_L_LJ_|LJ_|_|_| de Milan pour 59 € seulement au lieu de 74€ Expire fin: Clé’, Nom : Date et signature obligatoires : Offre valable jusqu'au 31/12/2018 dans la limite des stocks disponibles, en France métropolitaine. Vi Code postal : pouvez également, si vous le souhaitez, acquérir chaque numéro de Classica au prix unitaire de 7.9i Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d'un droit d'aci et de rectification des données que vous avez transmises, en adressant un courrier à CLASSICA. l . Informations requises sont nécessaires à CLASSICA pour la mise en place de votre abonneme ' ‘ ‘ ' ' ‘ ' ' ' ‘ ‘ ‘ ' ' ‘ ‘ ' ' ' ' ‘ ' ‘ ' ‘ ‘ ‘ ‘ ' ' ‘ ' ‘ ' ' ' ' ‘ ‘ ' ‘ ' ' ‘ ' ‘ ' ’ ‘ ' ' " ' ' * ' ' ' ' ‘ * ' ' ’ ' ‘ ‘ * ' ‘ ’ ‘ ‘ ' ' ' ‘ ' ' ‘ ' ‘ ' ' ' ' * ' ' ‘ ' ‘ ' ' ' ' ' ' * ' ' * ' ' ' " Elles pourront être cédées à des organismes extérieurs sauf si vous cochez la case ci-contre: Conformément à l'article L221618 du code de la consommation, vous bénéficiez d‘un délai de rétract E _ de 14 jours à compter de la réception du premier numéro de l'abonnement en adressant un cour -mal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. à Classica Service abonnements, 4 rue Mouchy. 60438 Noailles cedex. CLASSICA EST ÉDlTÊ PAR EMC2 — SAS AU CAPITAL DE 600 000 € — 18 RUE DU FAUBOURG DU TEMPLE - 75011 PARIS MGM MAGAZINE FOCUS SUR... Jean Harlow omment fabrique-t-on une icône? Telle est la question posée en creux par Platine (Actes Sud), roman qui retrace la vie méconnue de l’actrice Jean Harlow, surnommée « la bombe platine ». Véritable sex-symbol, elle a joué, entre autres, dans Scarface de Hawks, La Belle de Saigon de Fleming, et, bien sûr, La Blonde platine de Frank Capra. Celle qui aura fait les beaux jours de la MGM entre 1932 et 1937 fut fauchée par la maladie en pleine gloire, à |’âge de 27 ans. D’abord engoncé dans un style analytique - qui le dessert et alourdit quelque peu son propos -, le livre de Régine Detambel se fait dans un second temps plus intime, sonde I’âme de son héroïne comme les hommes n’ont cessé de sonder sa poitrine. De la relation fusionnelle avec une mère adepte de la Science chrétienne aux rapports destructeurs (aux sens propre et figuré) qu’elle entretenait avec les hommes et en particulier son beau-père, mi-incestueux mi-proxénète, c’est une vie brisée, broyée par les feux ardents de la rampe, que Detambel nous conte. Mais au-delà de son caractère sulfureux, Platine décrit aussi un combat: celui d’une femme désirant reprendre le contrôle de son corps, accaparé par les studios et par des hommes qui n’auront de cesse de vouloir le remodeler, se l’approprier pour mieux en faire l’objet et non le sujet de leurs convoitises. À travers Jean Harlow, l’auteure dépeint également une société machiste, obsédée par l’image et encore hantée par la crise de 1929. L’empathie face au désir ou l’étrange imbrication de ces deux sentiments, voilà ce qui donne toute sa force à ce portrait charnel, farouchement féministe, mais qui ne cède jamais aux sirènes du discours pur. llan Ferry LIRE JUIN 2018°11 EN HAUSSE LES CHATS, SÏARS DES LlBRAlRlES. Non contents de régner sur internet et sur les couvertures de nombreux ouvrages, les félins ont pris possession des boutiques. Certaines enseignes ont su insérer le mot « chat» dans Ieur nom (Le Chat Pitre, à Paris, Le Chat qui pelote, à MaisonsLaffitle...) ou en font des vitrines thématiques (comme A Livr'Ouveit, à Paris). Mieux, certains gros minets, bien réels, sont devenus les mascottes des lieux. Ainsi Spike, chat errant américain devenu vedette (médiatique) de la Left Bank Books de Saint-Louis. Paris a également son fauve star en la « personne n d’Aggie, icône de la fameuse librairie anglophone Shakespeare and Co. Miaulez, tant qu’i| en est encore temps l EN BAISSE PAS DE NOBEL DE LITTÉRATURE 2018. L'académie suédoise - qui attribue cette distinction - a en effet décidé, le 4 mai, de reporter son choix à l'année prochaine. Cette décision intervient après les révélations du quotidien suédois Dagens Nyheter qui a publié les témoignages de dix-huit femmes accusant Jean-Claude Arnault, époux de Pacadémicienne Katarina Frostenson, de harcèlement. Le même individu était par ailleurs suspecté d’avoir dévoilé, en avant-première, le nom de certains lauréats et d'avoir bénéficié, pour les besoins de l'établissement culturel qu’i| dirigeait, de subsides de la part de l'académie. À la suite de ces révélations, certains sages ont abandonné leur poste. bloquant alors toute désignation... Le sexe et l’amour, vaste sujet qui n'en finit pas de susciter romans et essais. Amour grinçant Le sexe, lorsqu'il est source de souffrance au sein du couple, continue d’inspirer écrivains et chercheurs. La preuve avec quelques ouvrages récents, à la fois drôles et touchants. ncertain, balbutiant, raté, ennuyeux ou au contraire éruptif et ravageur, le sexe Les corps se cherchent et sauce aigre-douce. Plus sérieux, Érection (Odile Jacob), le livre des sexologues Pascal de Sutter au sein des couples d’auSeperdent en et Valérie Doyen, évoque ce jourd’hui est loin d’étre sujet douloureux pour de un long fleuve tranquille. Permanence nombreux hommes sous une Ce printemps, plusieurs ouvrages évoquent avec tendresse, mais aussi cynisme, les tribulations de la bête à deux dos à l’ère moderne. A commencer par la décapante bande dessinée La vie est bonne (Payot), dans laquelle des scènes de la vie conjugale sont croquées avec humour par les auteurs Viande et Macaroni. Dans cet album aussi trash quïmpudique, les couples qui se succèdent sont le plus souvent narcissiques à Fextrême, traînent des fantasmes peu glorieux et demeurent englués dans une sexualité bizarre, enfantine ou extravertie, qui fait sourire autant que grimacer. Accrochez-Vous! TOUS LES COUPS SONT PERMIS Dans la série « le couple est un cauchemar, alors mieux vaut en rire », vous trouverez également le rafraîchissant roman de l’écri— vain italien Francesco Muzzopappa, Divine vengeance (Autrement). Le scénario, simple et efficace, est le suivant: Léo, un loser qui officie comme gardien dans un musée miteux, est en couple avec une jeune femme au sex-appeal ravageur. Problème, cette dernière refuse de faire l’amour avant le mariage. Très amoureux, le héros se plie de bonne grâce à sa volonté jusqu’au jour où il la surprend au lit avec un autre. Dès lors, tous les coups sont permis... À la fois drôle et enlevé, ce petit roman se lit avec un plaisir coupable, comme on visionnerait sous la couette une comédie romantique à la forme originale: << le roman sexo-informatif ». Le principe ? Mélanger la fiction avec des chapitres scientifiques. Car « on enregistre, retient et assimile beaucoup plus facilement et durablement les concepts intégrés dans une histoire romancée que dans un simple self-help book traditionnel », est-il précisé dans Fintroduction. Le livre fait ici le portrait sensible d’un homme amoureux mais fâché avec sa virilité qui, pour reconquérir sa compagne, va tout tenter, y compris servir d’espion pour les services de renseignements au sein des réseaux djihadistes (sic). Bien que farfelu au premier abord, ce curieux objet littéraire se révèle à la fois instructif et touchant. Le sexe peut aussi être douloureux dans une passion charnelle. Dans Un adultère (Actes Sud), l’ltalien Edoardo Albinati convoque, avec une langue travaillée et poétique, le calvaire et le bonheur des amants adultères. Dans ce roman brûlant où les corps se cherchent et se perdent en permanence, l’auteur conclut par cette phrase terrible: « Deux êtres humains restent étrangers l ’un à l’autre pendant qu’ils font l’amour. En se touchant et en se pénétrant, en buvant le même air pendant qu’ils s’embrassent, ils mesurent l étendue de la distance qui les sépare, la résistance des corps a la fusion, l ’impossibilité de ne faire qu’un, aspiration délirante des poètes. » La messe est dite. Lou-Ève Popper SDP A F. JOUBERT/PINK/SAIF IMAGES
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