L'OPINION n°250624 - Page 1 - 250624 2 l’Opinion 24 juin 2025 A force de ne plus faire l’appel, personne n’a vu que la salle était vide. Jusqu’à ce que le Rassemblement national s’installe et prenne toute la place. Ces dernières semaines, les députés macronistes ont enchaîné les revers et mesuré combien leur absence à l’Assemblée nationale pouvait porter à conséquence. Le jour où les députés de Laurent Wauquiez et ceux de Marine Le Pen ont soumis au vote la suppression des zones à faible émission (ZFE), seuls 19 d’entre eux siégeaient dans l’hémicycle – sur un groupe de 93 élus. La veille, la gauche avait été contrainte de faire traîner les débats en longueur pour repousser le vote sur la suppression du Zéro artificialisation nette (ZAN) et ainsi laisser une chance à l’ex-majorité de mobiliser ses troupes. L’exercice s’est répété sur l’examen de la proposition de loi du sénateur Gremillet, sur l’énergie. Ce jeudi-là, les députés d’Ensemble pour la République (EPR) ont encaissé deux échecs de plus, toujours en lien avec la politique d’Emmanuel Macron. Le premier sur un amendement porté par le lepéniste Jean-Philippe Tanguy et visant à rouvrir la centrale nucléaire de Fessenheim, en cours de démantèlement. Le second à l’initiative de Jérôme Nury de la Droite républicaine, pour un moratoire sur l’éolien. Des cadres ont tenté en catastrophe de rameuter leurs collègues. Faute de motivation, un député confie avoir délibérément ignoré les messages alors qu’il était encore à Paris. Neuf élus EPR ont répondu à l’appel sur le nucléaire, 21 sur l’éolien. Désordre. Un cadre du groupe décrit une spirale; l’accumulation de textes sans cap crée de la démobilisation ; la démobilisation crée des défaites; les défaites créent de la démobilisation. « C’est le cercle vicieux du désengagement », poursuit-il. En face, « le RN se surmobilise parce que ses élus se sentent dans une dynamique. Ils assument de transformer l’Assemblée nationale en simple tribune pour leurs idées », observe le député de Paris, David Amiel. Que peut une spirale face à un bloc? Les députés ne peuvent pas, non plus, compter sur leurs partenaires, qui votent ce que bon leur semble et cherchent à se différencier du chef de l’Etat. Sans parler des députés de droite, régulièrement à l’initiative du détricotage des mesures écologiques et qu’importe que cela implique une entente avec l’extrême droite. Il n’y a plus de doute ; les macronistes sont les derniers défenseurs du bilan d’Emmanuel Macron. Mais même entre eux, l’unité est introuvable. Une cadre décrit des réunions de groupe où une position est actée sans savoir si elle est véritablement partagée – surprise le moment venu. C’est ce qu’il s’est passé sur le texte simplification, pour lequel consigne avait été donnée de le rejeter. Le projet de loi est finalement passé grâce à l’abstention et au soutien d’une partie des députés EPR. La discipline de groupe était secondaire par rapport aux préoccupations du terrain. Isolés à l’extérieur, éparpillés à l’intérieur. Dans ce désordre ambiant, l’élan donné par leur président de groupe, Gabriel Attal, ne semble pas les projeter très loin. Plusieurs regrettent un manque d’anticipation dans les appels à la mobilisation par rapport à Aurore Bergé – souvent critiquée, à l’époque, pour ses tendances autoritaires. « Symboles ». « Le groupe est devenu très difficile à tenir, je pense qu’Attal est lucide sur son incapacité à réellement mobiliser », nuance un poids lourd qui juge la responsabilité partagée. En privé, l’ancien Premier ministre, davantage impliqué dans la vie du parti que celle du Parlement, ne cache pas non plus sa déception. Lui s’attendait à ce que la Chambre basse soit au centre de l’attention; il considère que ce n’est pas le cas. Erreur, estiment certains députés, qui placent au contraire le cœur du débat encore dans les murs du Palais Bourbon. « On voit les députés RN ramener des victoires et avoir des choses à raconter en circonscription alors que nous, on a baissé les bras », alerte Guillaume GouffierValente,quiplaidepourqu’unsystème de permanenciers soit à nouveau instauré. « La politique, c’est aussi les symboles », complète son collègue Charles Sitzenstuhl, alors que les macronistes ont pris pour habitude de refaire ce qui a été défait grâce aux miracles de la mécanique parlementaire. « Il ne faut pas croire que lacirconscriptionestdéconnectéedelaviepolitique nationale », appuie l’élu. Lundi soir, Gabriel Attal publiait un texte sur X pour défendre son groupe comme le seul du bloc central à « s’opposer à tous les reculs environnementaux ces dernières semaines ». Ce n’est pas l’image renvoyée par l’hémicycle. Dinah Cohen @DinahCohen @DinahCohen X X Commentlesmacronistes ontdésertél’Assembléenationale blique, est celui de l’écologie, et il le restera », a-t-il encore écrit lundi sur X. Les LR acceptent bien volontiers ce nouveau découpage. Depuis l’élection de Bruno Retailleau à la tête du parti, le rapprochement entre Les Républicains et Horizons, qui cheminait tranquillement jusque-là, a pris l’autoroute. « Notre avenir à terme, il est avec Horizons », n’hésite plus à lancer un haut responsable LR. « Quand on regarde sur les sujets de fond, il y a unegrandeproximité.Etsurlesvotes,iln’yapas de différences très prononcées. Humainement, ça se passe aussi particulièrement bien », ajoute ledéputéDR,AlexandrePortier. Certes, il n’est pas question de nouer un accord avant la présidentielle, qui pourrait voir s’affronterBrunoRetailleauetEdouardPhilippe, chaque camp espérant encore voir son champion prendre le dessus sur l’autre. Mais le maire duHavre «n’est pas l’ennemi», insiste ce proche deBrunoRetailleau,quienglobedanscettebienveillance quelques figures de l’aile droite de Renaissance jugées Retailleau-compatibles, telles queMaudBregeon. Dislocation. L’ennemi, c’est d’abord La Franceinsoumiseetsesalliés,biensûr,maisaussi Renaissance et le MoDem, impitoyablement renvoyés à gauche de l’échiquier politique, dans l’espoir qu’ils disparaissent dans les limbes politiques.Cen’estpassisimplequelesLRlepensent car, dans le même temps, le MoDem montre de plus en plus d’agacement à l’égard de Renaissanceetdel’illisibilitédesalignepolitique. La préparation des municipales dessine tout de même deux camps : Renaissance et le MoDem ; Horizons et les Républicains. Si ces derniers affichent leur bienveillance à l’égard des maires sortants Horizons au moment de nouer des accords locaux pour les municipales, il n’en est pas de même pour les élus Renaissance et le MoDem. Un cas pratique: les Yvelines, département dont la fédération LR est dirigée par Othman Nasrou, nouveau secrétaire général du parti. Les maires Horizons devraient y être épargnés. « De toute façon, ce sont d’anciens LR », remarque l’ancien secrétaire d’Etat. Les édiles lll Suitedelapage1 Renaissance et MoDem, eux, risquent fort de trouver un candidat LR face à eux en mars prochain. Tant pis pour l’accord global négocié patiemmentcesderniersmoisparlesénateur(LR) des Yvelines Gérard Larcher avec Yaël BraunPivet et Aurore Bergé pour Renaissance et JeanNoël Barrot pour le MoDem. Paradoxalement, Bruno Retailleau et Edouard Philippe se préparent pourtant à se retrouver face à face au moment de la présidentielle. Ils sont d’autant plus bienveillants aujourd’hui que chacun peut encore miser sur lesfaiblessesdel’autre.« EdouardPhilippepeut s’effondrer », espère-t-on côté LR. L’électorat modéré aujourd’hui séduit par le ministre de l’Intérieur se détournera quand la vérité du personnage se dévoilera, parie-t-on à Horizons. « Le créneau politique et idéologique de Bruno Retailleau est ancien, documenté, légitime et... petit », lâche un philippiste. « Retailleau ne parle que de sécurité et d’immigration pour l’instant, mais quand il va se mettre à parler de sujets de société, d’Europe, d’économie, tout un électorat va ouvrir les yeux et se dire: “Il est quand même très à droite, ce monsieur!” », estime un député Horizons. Pour autant, le même voit en lui un allié solide pour demain: « Edouard Philippe et lui sont faits du même bois. Ils ont le sens de l’Etat. Retailleau est plus construit que Wauquiez ou Bertrand et c’est un allié plus sûr pour le jour où il faudra trouver des alliés. » Le député EPR Pieyre-Alexandre Anglade résume la situation, en l’appliquant aux questions écologiques : « Le socle commun aujourd’hui est plutôt entre le RN et LR avec un trait d’union qui s’appelle l’UDR (NDLR: le parti d’Eric Ciotti), plutôt qu’avec Ensemble pour la République. » Deux blocs, trois blocs, voire quatre... le « socle commun » se disloque. La poutre a tant travaillé qu’elle est tombée. @mdeprieck @mdeprieck X X @Chr_Ollivier @Chr_Ollivier X X «Retailleauneparlequede sécuritéetd’immigration pourl’instant,maisquand ilvasemettreàparlerde sujetsdesociété,d’Europe, d’économie,toutun électoratvaouvrirlesyeux etsedire:“Ilestquand mêmetrèsàdroite, cemonsieur!”»,estime undéputéHorizons Edouard Philippe et Bruno Retailleau se préparent à se retrouver face à face lors de la prochaine élection présidentielle. SIPA PRESS Soclecommun:l’implosion Il aurait été difficile de faire pire! Un hémicycledéserté,undébatpolariséàl’extrêmeentre ceux qui voudraient du 100% nucléaire et les autres ne voyant le salut que dans les renouvelables, des députés écologistes souvent absents sur un sujet qui a priori les concerne, des Républicains qui avaient un temps fait semblant de s’intéresseràl’écologieetontretournéleurveste avecunesurprenantefacilité... L’examen par les élus de la PPL du sénateur Gremillet a tourné au fiasco. « En quelques jours, l’Assemblée nationale a fait la démonstration d’une certaine irresponsabilité, juge Brice Lalonde, ancien ministre de l’Environnement, président d’Equilibre des Energie. La France mérite un projet énergétique cohérent, clair et équilibré. Il est urgent d’arrêter les postures politiciennes: il nous faut une feuille de route intégrant complémentarité nucléaire-renouvelables, objectifs clairs, transparence sur les coûts ettrajectoires,pourconstruireunvraiconsensus national». Cette idée, aussi défendue par Daniel Gremilletaététorpilléeparlesdéputés. Les RN et les Républicains ont fait carton plein en mettant le paquet sur l’atome. Avec notamment le vote d’objectifs de relance du nucléaire supérieurs à ceux du gouvernement, puis en faveur du redémarrage de la centrale de Fessenheim. Il fallait ensuite mettre un coup d’arrêt aux renouvelables. Le groupe socialiste a d’abord fait adopter un objectif de 560 TWh de production d’électricité décarbonée, comporLa programmationénergétique,unnaufrageparlementaire tant « au moins 200 TWh d’énergies renouvelables électriques ». Mais cela n’a pas empêché qu’un amendement contraire de la Droite républicaine soit voté ensuite avec les voix du RassemblementnationaletdugroupeUDR. Ainsi est apparu un « moratoire sur l’instruction, l’autorisation et la mise en service de tout nouveau projet d’installation de production d’électricité » utilisant l’énergie éolienne terrestre ou maritime, ainsi que l’énergie solaire photovoltaïque, «à l’exception des projets ayant déjà reçu une autorisation administrative préalable » à la date de la promulgation de la loi. Ce quiafaitl’effetd’unebombe. « Serein ». Ce vote est « parfaitement irresponsable et dévastateur » a aussitôt réagi le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, s’inquiétant du mauvais signal envoyé aux industriels. Le député Antoine Armand, rapporteur du texte et membre du groupe Ensemble pour la République, a lui prédit « une catastrophe économique ». Si une telle disposition était maintenue, c’est toute la filière industrielle renouvelable qui serait mise à mal. Ainsi, Mattias Vandenbulcke, délégué généraldeFrancerenouvelables,aqualifiécetteperspective de « plus grand plan social jamais voté à l’Assemblée », avec la destruction de 80000 emplois. La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a estimé dimanche 22 juin que ce moratoire n’avait aucun sens et «Legroupeestdevenu trèsdifficileàtenir, jepensequeGabriel Attalestlucide sursonincapacité àréellementmobiliser» a appelé à la responsabilité des parlementaires pourlasuitedel’examendutexte. Selon elle, ce sont 150000 emplois qui sont menacés. «Soyons lucides, si le moratoire est voté,ceseraitdramatiquepourlesecteur.L’énergie est un métier d’ingénieur, cela s’organise, il n’y a pas d’aléas. Il s’agit de définir le futur énergétiquedelaFrancepourlesvingt-cinqàtrenteans à venir, et de voir comment on sort des énergies fossiles », juge Guillaume David, président du groupe Solstyce, expert de l’énergie photovoltaïque. Il juge que ce sujet n’a pas été débattu par les députés, qui se sont enfermés dans un débat dogmatique.Débatquel’onespéraitcloscarilest clairquenousavonsbesoindemarchersurdeux jambes, nucléaire et renouvelables, pour avancersurlechemindeladécarbonation. « Je ne suis pas serein sur le vote », confie Guillaume David. Sauf surprise, il y a pourtant peu de chances pour que la PPL Gremillet soit approuvée. La gauche et les écologistes voteront contre. Marc Fesneau, président du groupe MoDemàl’Assembléenationale,adéclaréauxEchos qu’il allait proposer à son groupe de s’opposer à un texte « totalement désarticulé, sans aucune perspective,niaucunetrajectoire». Le groupe Ensemble pour la République serait aussi dans ce camp du refus. Ne le voteraient in fine que le RN et Les Républicains. Si le « non » l’emporte, le Sénat le réexaminera le 8 juillet, pour revenir sans doute à sa version initiale. Marc Ferracci, qui veut publier un décret sur la programmation pluriannelle de l’énergie avant la rentrée, a choisi de faire, le 23 juin, un déplacement en Vendée pour visiter… un chantier d’éoliennes en mer. « Nous sommes ici pour réaffirmer une conviction et un soutien indéfectible à la filière des énergies renouvelables » a-t-il déclaré. Irène Inchauspé @iinchauspe @iinchauspe X X «Enquelquesjours,l’Assembléenationale afaitladémonstrationd’unecertaine irresponsabilité»,regretteBriceLalonde, ancienministredel’Environnement. SIPA PRESS 24 juin 2025 l’Opinion 3 Veto Sept députés et sept sénateurs ont rendezvous ce mardi matin pour tenter de dégager un accord en commission mixte paritaire (CMP) sur la proposition de loi réformant le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille (PLM). Matthieu Deprieck et Christine Ollivier Le rêve parisien de Rachida Dati va-t-il se fracasser sur un veto de Gérard Larcher ? Le président (Les Républicains) du Sénat tient le sort de la réforme du mode de scrutin à Paris, Lyon, Marseille (PLM) entre ses mains. Et donc les chances de victoire de la ministre de la Culture aux municipales de mars 2026. Ce mardi, à 9 h 30, sept députés et sept sénateurs ont rendez-vous pour tenter de dégager un accord en commission mixte paritaire (CMP) sur la proposition de loi portée par le député (Renaissance) de Paris, Sylvain Maillard. Si les sénateurs LR de Gérard Larcher maintiennent leur opposition au texte, le mode de scrutin, défavorable à la droite parisienne, restera inchangé. Celui-ci prévoit actuellement un vote distinct dans chaque arrondissement et une élection au suffrage indirect pour le maire des trois plus grandes villes de France. L’issue des discussions en CMP s’annonce très incertaine. Sur le papier, le texte y compte six soutiens (2 RN, 1 EPR, 1 LFI, 1 Modem, 1 député LR) et six opposants (3 sénateurs LR, 3 sénateurs PS). L’attitude du sénateur Horizons et du sénateur centriste est un mystère. « On s’oriente vers un désaccord et une CMP non conclusive, à sept contre sept », anticipe un sénateur LR. Incontournable. Tout est complexe dans cette affaire. Les extrêmes, RN et LFI, ont approuvé avec le bloc central la proposition de loi en avril. Les députés LR ont voté pour ; les sénateurs LR contre. Alors que c’est l’une des leurs,RachidaDati,quienestlaprincipaleavocate. La ministre de la Culture bataille depuis des mois pour obtenir l’adoption de ce texte, avec le soutien d’Emmanuel Macron. Elle y voit en effet une condition sine qua non pour l’emporter dans la capitale en mars prochain. L’élection du maire de Paris sur la base d’une circonscription unique, et non via 17 élections d’arrondissement, lui permettra en effet de personnaliser davantage le scrutin et d’espérer marquer des points dans des secteurs jusque-là tenus par la gauche. « Dati veut PLM pour avoir la main sur tous les conseillers de Paris et pouvoir choisir qui elle veut », confie une élue LR parisienne. Le président des Républicains, Bruno Retailleau, temporise. Personnellement hostile à la réforme, il attend de connaître le sort réservé au texte avant de se prononcer sur un éventuel soutien à la candidature de Rachid Dati, qui divise au sein du parti. Alors qu’un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche place la ministre de la Culture en tête du premier tour avec 28% à 34% des voix, l’adoption de la réforme achèverait de la rendre incontournable. A contrario, « sans PLM, ce sera compliqué pour elle », estime un responsable LR. Les Républicains pourraient alors faire le choix de négocier arrondissement par arrondissement, voire de soutenir une autre personnalité issue de leurs rangs. Pour tenter de débloquer les discussions, le gouvernement a proposé un amendement visant à intégrer de plein droit les maires d’arrondissement au conseil municipal. Est aussi envisagée une « mission flash » sur les compétences des maires d’arrondissement et un projet de loi organique sur les grands électeurs. « Chemin de chèvre ». Au palais du Luxembourg, on assurait il y a quelques jours être ouvert au dialogue. S’il y a un chemin vers un accord, « il est escarpé et compliqué, prévenait toutefois un haut responsable du Sénat. C’est un chemin de chèvre ». Un chemin qu’il va falloir gravir rapidement. Car le temps est compté. « Tout doit être opérationnel pour le 1er septembre, à l’ouverture des comptes de campagne », rappelle le sénateur LR, Stéphane Le Rudulier. Le texte doit donc impérativement avoir achevé son parcours parlementaire avant la trêve estivale, le 11 juillet. Or, un accord ne semblait toujours pas en vue lundi. « Les discussions n’ont pas avancé », selon une source sénatoriale. « Gérard Larcher joue le pourrissement », parie une élue LR parisienne. « Si Gérard Larcher n’avait pas voulu de cette réforme, il n’aurait pas accepté de convoquer une commission mixte paritaire avant l’été », objecte un soutien de Rachida Dati. Une CMP non conclusive, mardi, se traduirait sans doute par un abandon de la réforme. A moins que François Bayrou décide de passer en force. A la direction de Renaissance, on s’interroge sur les intentions du Premier ministre: « Que fera-t-il si la CMP échoue? Fera-t-il revenir le texte à l’Assemblée nationale pour que celle-ci ait le dernier mot ? » Aux yeux des sénateurs, c’est exclu : ils estiment que François Bayrou s’est engagé devant eux à ne pas contourner le Sénat. Les détromper à quelques mois d’une bataille budgétaire risquée serait un pari audacieux. @mdeprieck @mdeprieck X X @Chr_Ollivier @Chr_Ollivier X X MunicipalesàParis:RachidaDati faceaumurduSénat LaministredelaCulturecomptesurlaréformedumode descrutinpourl’emporterdanslacapitaleenmars2026. Maislessénateursneveulentpasdecechangement L’élection du maire de Paris sur la base d’une circonscription unique permettrait à Rachida Dati de personnaliser davantage le scrutin. SIPA PRESS Grandsmoyens Pour les Jeux d’hiver 2030, qui se tiendront danslesAlpesfrançaises,laCourdescomptes se dit prête à « jouer le même rôle d’accompagnement » que pour les JO 2024. Mais elle prévient: le contexte sera beaucoup plus tendu que pour les Jeux de Paris, à cause de la dégradation des finances publiques et del’explosiondeladettedel’Etat. Jon Elizalde Cen’estqu’une«noted’étape»,aprévenuen préambulePierreMoscovici.Unrapportdontles chiffres ne sont pas définitifs (arrêtés au 31mars) et qui ne tient pas compte des recettes générées par l’événement. Pourquoi donc publier aujourd’hui ce « premier recensement » des dépenses liées à l’organisation des JO, alors même qu’un rapport bien plus complet et contenant des recommandations sera présenté aux parlementairesle1er octobre?Lepremierprésidentde la Cour des comptes y tenait, car le coût réel des Jeuxsuscite«desinterrogations,unepréoccupation légitime de nos concitoyens » à un moment où la dégradation des finances publiques génère angoissesetcrispationspolitiques. L’événement a coûté aux finances publiques près de 6milliards d’euros (soit moins de la moitié des Jeux précédents, organisés à Tokyo en 2021), selon la Cour des comptes, dont le calcul diffèresensiblementdeceluideFrançoisBayrou qui, lui, évalue ce coût à 5,3 milliards d’euros. Dans le détail, 2,77 milliards ont été consacrés aux dépenses d’organisation et 3,19 milliards aux infrastructures. Ce dernier point ne fait pas débatetlaCourreconnaîtquelaconstructionde structures, qu’elles soient sportives ou de transport, a bien été réalisée dans un esprit d’« héritage », c’est-à-dire au bénéfice de la population surlelongterme.Leurcoûtaété«tenu». En revanche, le volet « organisation » a été fortement affecté par des dépenses de sécurité très largement sous-budgétisées. Leur estimation s’est même «révélée particulièrement erratique»,affirmePierreMoscovici.Ellessesontélevées à 1,44 milliard (assumées à 95% par l’Etat), soit près de la moitié des dépenses de fonctionnement, alors que le ministère de l’Intérieur les avaitinitialementestiméesà…200millions. « Impératif absolu ». Pour autant, « on ne peut pas parler de dérive budgétaire, assure le président, car le cadrage final des crédits correspond à ce qui a été jugé nécessaire pour répondre à l’impératif absolu de sécurisation des Jeux». Il faut dire que la préparation de l’événement s’est déroulée dans un contexte de très forte tension internationale, quelques semaines après les attentats du 7-octobre en Israël et en pleine guerre en Ukraine. De nombreux experts alertaientalorssurlesmenacesquiplanaientsur les Jeux, en particulier sur la cérémonie d’ouverture. Gérald Darmanin s’est donc emparé du sujet et a déployé les grands moyens. Au quotidien, jusqu’à 35000 policiers et gendarmes et 8000 militaires de l’opération Sentinelle ont été mobilisés.Conséquence,lasécurisationdesJeux a entraîné des dépenses publiques de personnel de 665 millions d’euros dédiées à des primes (485 millions), l’augmentation du temps de travail (86 millions) et au recrutement de renforts temporaires(94millions). « Je ne dis pas qu’on aurait pu sécuriser les Jeux avec moins de moyens. Mais notre rapport regrette que les besoins liés à la sécurité n’aient pasétéassezbienprisencomptedanslabudgétisation initiale des Jeux», nuance Pierre Moscovici, qui rappelle aussi qu’«il était prévu au départ quelasécuritésoitassuréelargementparleprivé mais elle a été en grande partie transférée vers le public ». Car le comité d’organisation a connu les pires difficultés pour recruter des agents de sécurité privée. Le gouvernement a donc fait le choix de miser en grande partie sur ses forces de l’ordre. @Jon_Elizalde @Jon_Elizalde X X Lasécurité desJOacoûté beaucoup pluscher queprévu D’aprèslaCourdes comptes,lesJeux 2024ontcoûtésix milliardsd’euros d’argentpublic Danslacapitale,leleadershipduPSàgauche necoulevraimentplusdesource « La gauche à Paris, ce n’est pas un paysage figé»: Emmanuel Grégoire ne croyait pas si bien dire en concluant ainsi sa campagne interne au PS lors d’un meeting dans le XIXe arrondissement, dimanche. Dans une semaine, le 30 juin, l’ex-premier adjoint déchu par Anne Hidalgo se présentera devant les 1800 votants socialistes dans l’espoir de décrocher une investiture aux municipales au nez et à la barbe de son rival, le sénateur Rémi Féraud. Cette primaire fratricide, les autres prétendants à l’Hôtel de ville l’ont observéeavecuneformed’incrédulité.«Leplusdéroutant,c’estquechaquecampcrievictoire,tout en expliquant que ce sera hyper serré, confie le chef de file de Place publique à Paris, Saïd Benmouffok.Jen’avaisjamaisvupersonnecertifierà 200%unevictoireà51%.» Ces derniers jours, de nouveaux nuages s’amoncellent dans le ciel des roses. La perturbation vient d’un sondage Elabe publié par La Tribune du dimanche dans lequel le PS voit son hégémonie sérieusement contestée à gauche. EmmanuelGrégoireouRémiFéraud,lapunition reste la même: avec 16% à 19% d’intentions de vote au premier tour, la liste PS se place derrière celle des Ecologistes emmenée par David Belliardquirecueille17%à22%desvoix.C’estmême une double peine pour les socialistes qui voient l’insoumise Sophia Chikirou se hisser à leur hauteur,avecjusqu’à17%dessuffrages. Les chiffres sont là, têtus: 24 ans après avoir ravi la mairie de Paris aux chiraquiens, les héritiers de Bertrand Delanoë et d’Anne Hidalgo ne dominent plus le reste de la gauche. En 2020, les 11% de David Belliard ne faisaient pas le poids face aux 29% d’Anne Hidalgo. La fusion d’entredeux-tours s’était donc faite aux conditions de la maire sortante. Les insoumis, eux, ne pouvaient pas prétendre à autre chose qu’à une candidature de témoignage — Danielle Simmonnet avait caléà5%aupremiertour. En 2026, plus rien ne sera comme avant. «Les successions invitent au changement», anticipe un cador de l’écurie verte. De fait, la traditionnelle prime à la sortante n’existera plus dès lors qu’Anne Hidalgo ne se représente pas. Ses successeurs–adoubésou non–neseverrontpas automatiquement crédités de son bilan, quand bien même ils portent les couleurs du PS. « Avec Anne Hidalgo, les Parisiens n’ont pas choisi une maire socialiste, ils ont choisi une maire de gauche écologiste. Son talent a été de préempter le terrain écolo en menant une bataille homérique pour les voies sur berges, mais l’étiquette du PS n’a, en soi, aucune valeur », estime le chef defiledescommunistesàParis,IanBrossat. Assez logiquement, les écologistes poussent leur avantage, pensant que le temps est venu pour eux de prendre les commandes. Finis les postes d’adjoint à l’urbanisme, place aux choses sérieuses. « La donne politique est manifestement en train de changer. Il n’y a pas d’automaticité à avoir une tête de liste socialiste », a clairement revendiqué David Belliard depuis la terrasse de la Bellevilloise, haut lieu de la gauche du nord-est parisien, où il lançait sa campagne municipale ce lundi soir. Dans l’équipe de David Belliard, on plaide pour que les Verts soient la locomotived’uneimprobablecoalitiondepremier tour avec les insoumis et les socialistes. « On va le dire jusqu’au dépôt des listes, avertit un cadre des Ecologistes. Charge aux autres d’expliquer que leurs différences sur le logement, les transports, les arbres et les cantines sont vraiment trop fortes. Il ne peut pas y avoir de victoire au ConseildeParissansLFI.LePSdevras’enrendre comptetôtoutard.» « Pacte avec le diable ». Seul hic: les impétrants socialistes ne veulent pas entendre parler d’un « pacte avec le diable Chikirou ». « Emmanuel Grégoire et Rémi Féraud roulent des mécaniques, mais à force de prôner le “tout sauf LFI”, ils auront “tout sauf Paris” », prévient le député LFI de Paris, Rodrigo Arenas, en lice dans le XIVe arrondissement. Les projections Elabe prêtent jusqu’à34% àSophiaChikirouchez les18-34ans. Lesécologistesparisiens,eux,nes’embarrassent pas d’états d’âme et assument de composer avec lesmélenchonistes. La formule a ceci d’avantageux qu’elle placeraitDavidBelliardcommeunpointmédianentre des gauches supposées irréconciliables. « David est le plus consensuel pour l’union, veut croire l’un de ses soutiens. Il fait plus que Féraud sur le segment PS-EELV et plus que Chikirou sur le segment PS-LFI. Mathématiquement, il est le mieux placé pour une alliance des trois composantes et le seul acceptable par les deux frères ennemis. Le PS ferait bien de le comprendre rapidement, sinon ils se retrouveront au second tour avec des fusions LFI-EELV dans bon nombre d’arrondissements.»AuPS,laperspectivedevoirneseraitce qu’une mairie d’arrondissement tomber dans l’escarcelle mélenchoniste effraye au moins autant que celle de voir Rachida Dati prendre les clésdel’Hôteldeville. AntoineOberdorff @A_Oberdorff @A_Oberdorff X X Les écologistes poussent leur avantage, pensant que le temps est venu pour eux de prendre les commandes 4 l’Opinion 24 juin 2025 En 538 avant l’ère chrétienne, le roi perse Cyrus II ordonna la libération des Hébreux qui avaient été déportés du royaume de Juda à Babylone. Ces derniers furent alors nombreux à décider de rester en Perse, leur exil ayant contribué à faire de leur peuple le peuple d’un livre et non plus d’un Temple, source d’une identité qui résista à une longue suite d’exils et de persécutions. Cette histoire antique est-elle source d’espoir pour la situation actuelle? Le gouvernement israélien a justifié l’offensive Rising Lion lancée le 13 juin dernier contre l’Iran comme le seul moyen d’éradiquer une menace existentielle pour l’Etat hébreu. Neuf jours plus tard, le 22 juin, quand débuta l’opération américaine Midnight Hammer sur les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Téhéran, le président des Etats-Unis rappela à son tour que depuis une quarantaine d’années la République islamique n’avait cessé d’appeler à la mort d’Israël et des Etats-Unis. Le fait que l’Iran était tout près de se doter d’une arme nucléaire n’était pas la seule raison de considérer ce pays comme une menace. Il y avait aussi les actions de déstabilisation que l’Iran mène depuis une quinzaine d’années au Moyen-Orient, directement ou par l’intermédiaire de mouvements terroristes affiliés, comme le Hezbollah au Liban, les Houtis au Yémen, les groupes chiites en Irak, les combattants syriens restés fidèles à Bachar Al-Assad, et aussi le Hamas. La quasi-destruction de la base pétrolière de Saudi Aramco en septembre 2019 en Arabie saoudite fut l’une des plus spectaculaires de ces actions. Offensives. En réponse à ces attaques, l’Etat israélien a multiplié les actions militaires contre les bases militaires iraniennesinstallées en Syrie ainsi que les assassinats ciblés en Iran (Ismaïl Haniyeh fut tué le 31 juillet 2024 au siège des Pasdaran) et ailleurs (mort de Nasrallah à Beyrouth en octobre 2024). Les Américains ne furent pas en reste: ils assassinèrent en janvier 2020 Qassem Soleimani, le plus prestigieux des généraux iraniens. Il y a quelques semaines, la donne a changé. Les services de renseignements israéliens et même l’AIEA ont alerté sur le fait que les Iraniens étaient sur le point d’atteindre un taux élevé d’enrichissement de l’uranium. Par ailleurs, l’Iran n’avait plus d’affidés capables de lancer des agressions, tandis que ses alliés, la Russie et la Chine, étaient occupés par d’autres sujets. Surtout, les négociations amorcées au début du mois de juin avec les Etats-Unis avaient vite achoppé sur la demande américaine de voir l’Iran renoncer à toute production souveraine d’énergie nucléaire, ce que les Iraniens refusèrent catégoriquement. Tout cela créait une fenêtre d’opportunité pour les Israéliens qui ont jugé le moment venu de contraindre par les armes les Iraniens à négocier la fin de tout programme de nucléarisation. Ils le firent en détruisant des infrastructures, en éliminant des scientifiques et en portant atteinte à la transmission de l’expertise acquise. S’agissait-il d’une attaque préemptive quand, face à une menace incontestable et imminente, un pays en attaque un autre avant d’être attaqué par lui? Le fait de prendre les devants est alors considéré comme une forme de légitime défense anticipée. Tel était le cas de l’attaque israélienne de la Syrie et de l’Egypte le 5 juin 1967, quelques heures avant que ces deux pays ne lancent leur offensive. Les bombardements du 13 juin dernier avaient, eux, une visée différente: il ne s’agissait pas de frapper avant d’être attaqué, mais de neutraliser une menace grave qui se serait concrétisée à court ou moyen terme. C’était une attaque préventive et non préemptive. Cette distinction est décisive. Car si une attaque préemptive est en général tenue pour légitime puisqu’elle renvoie au droit de se défendre par anticipation, tel n’est pas le cas avec une attaque préventive dont la légitimité dépend de la réalité des menaces auxquelles elle s’en prend. L’offensive préventive lancée par les Etats-Unis en Irak en 2003 prétendait être justifiée par la présence d’un stock considérable d’armes de destruction massive en Irak. Or il s’est avéré que ces armes étaient largement hors d’usage et que Saddam Hussein n’avait de toute façon aucune intention de les utiliser ou de s’allier à Al-Qaida. Cette guerre fut alors jugée inutile et injustifiée. Avec les opérations israéliennes et américaines de ces derniers jours, la question de la légitimité se pose de façon différente. Il y a peu de doutes sur la réalité des efforts déployés par l’Iranpourdevenir une puissance nucléaire, et encore moins de doutes sur le refus des Iraniens de renoncer à cette ambition. Mais le fait que la menace soit avérée ne suffit pas justifier une attaque préventive. Dans le cas présent, le constat que les frappes israéliennes et américaines ont été limitées à des objectifs précis, directement liés aux activités nucléaires de l’Iran, qu’elles n’ont pas visé le pouvoir politique et surtout l’insistance avec laquelle les Américains ont rappelé que ces frappes devaient conduire l’Iran à discuter d’une nouvelle donne géopolitique au MoyenOrient laissent penser que dans ce cas l’usage des armes pourrait conduire à une solution diplomatique. Renverser Hitler. Dans PaixetGuerreentre lesnations, Raymond Aron observait que « si en 1933, la France avait suivi le conseil que lui avait donné le général Pilsudski et avait employé la force pour renverser Hitler à peine au pouvoir […] la violence faite à la nation allemande aurait été marquée du sceau de l’infamie, et les historiens n’auraient jamais su de quel malheur la disparition d’Hitler aurait sauvé l’humanité ». Autrement dit, toute action préventive, même justifiée par le fait qu’elle élimine un grand danger, reste toujours en partie illégitime et même honteuse car son succès a pour effet qu’on ne saura jamais combien le danger qu’elle a écarté était réel. De plus, les guerres préventives se produisent dans des situations d’incertitude, où il est aussi risqué d’agir que de ne pas agir. Tous les lecteurs de MeinKamp savaient en 1933 ce que Hitler voulait infliger à l’Europe, comme les Israéliens savent le sort que l’Iran nucléarisé leur réserverait. Le danger semble à présent écarté mais l’essentiel reste à inventer: une coexistence pacifique pour Israël et l’Iran, dans le prolongement de la paix de Babylone. @canto_sperber @canto_sperber X X Monique Canto-Sperber est universitaire, présidente du think tank libéral GénérationLibre et auteur de plusieurs livres, dont La liberté cherchant son peuple (Calmann-Lévy, 2025). « Si une attaque préemptive est en général tenue pour légitime puisqu’elle renvoie au droit de se défendre par anticipation, tel n’est pas le cas avec une attaque préventive dont la légitimité dépend de la réalité des menaces auxquelles elle s’en prend » Retrouveztoutesnoschroniques surlopinion.fr «Touteactionpréventive, même justifiée par le fait qu’elle élimine un grand danger, reste toujours en partie illégitime et même honteuse car son succès a pour effet qu’on ne saura jamais combien le danger qu’elle a écarté était réel » Libertés 13juin2025, 22juin2025, oucomment justifier lesattaques préventives Lachronique de Monique Canto-Sperber Toutes les informations sur : https:/ /www.lopinion.fr/evenements NOS PROCHAINS ÉVÈNEMENTS 9 décembre 7 octobre 14 novembre 23 septembre et 19 novembre 26 juin Conférences by L’OPINION PARTENAIRE DE : 27 et 28 août 3, 4 et 5 juillet 24 juin 2025 l’Opinion 5 Brutdebrut Le baril de Brent ne s’est pas enflammé sur les marchés lundi 23 juin. Un blocage du détroit d’Ormuz serait particulièrement pénalisant pour la Chine, grand importateur d’or noir de la région, qui se trouve être aussi l’un des rares alliés de l’Iran. Claude Leblanc et Muriel Motte Après les bombardements des sites nucléaires iraniens par Washington, on ne veut pas imaginer le pire mais tout est possible. Le problème pour les économistes est de quantifier l’incertitude. Face à la succession des chocs depuis cinq ans, le marché pétrolier ne s’est pas enflammé lundi matin, dans l’attente du... choc suivant. « Le cours du Brent était déjà en hausse de 18% depuis début juin, avant les frappes américaines. L’ampleur de cette nouvelle hausse dépendra fortement de la réaction de l’Iran – notamment d’une éventuelle perturbation du détroit d’Ormuz – et de l’ampleur de l’engagement militaire américain, note Gregor Hirt, directeur mondial des investissements chez Allianz Global Investors. La question de savoir si la hausse des prix du pétrole sera temporaire ou durable sera cruciale pour les économies mondiales et l’inflation ». Autour de 76 dollars lundi 23 juin dans la matinée, le baril fluctue toujours à des niveaux « raisonnables », en tout cas toujours inférieurs à ceux de janvier dernier, mais la partie est loin d’être jouée. Signal. Comme un signal envoyé au monde, le parlement iranien a déjà voté le blocage du détroit d’Ormuz par lequel transite entre 20% et 30% de l’approvisionnement mondial en hydrocarbures. Téhéran passera-t-il à l’acte ? « Je doute de la capacité de l’Iran a pouvoir bloquer totalement un détroit qui mesure 31 kilomètres dans sa partie la moins large, alors que la cinquième flotte américaine est basée à proximité, note Benjamin Louvet, expert en matières premières chez Ofi AM. Par ailleurs, ce détroit est la principale voie d’exportation du pétrole iranien, cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied. Enfin, je ne suis pas sûr que son allié la Chine verrait cela d’un bon œil. » De fait, l’an dernier, environ 84% du pétrole brut et 83% du gaz naturel liquéfié transitant par le détroit d’Ormuz étaient destinés aux marchés asiatiques. La Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud représentant à eux seuls 69% de l’ensemble des flux d’or noir empruntant cette voie maritime stratégique. Ces marchés seraient probablement les plus touchés par toute perturbation de l’approvisionnement. Pékin, dont près de 45% des importations de pétrole passent par cette zone, a des raisons particulières de s’inquiéter puisque l’Iran lui vend son pétrole en yuans plutôt qu’en dollars, ce qui lui a permis de créer une relation commerciale plus solide avec ce pays soumis à des sanctions. Depuis quelques années, Pékin profite aussi d’une énergie bon marché, le brut iranien étant négocié à un prix inférieur à celui du marché. Aujourd’hui, les autorités chinoises s’organisent. Selon Reuters, le pays accumule des réserves de brut en raffinant moins que ce qu’il achète et produit lui-même, ce qui signifie qu’il stocke l’excédent. Stratégie occidentale. Sans bloquer totalement le détroit, il est possible d’en bouleverser gravement le trafic avec des brouilleurs de GPS. Deux pétroliers viennent d’ailleurs d’entrer en collision pour cette raison. Sans aller jusque-là, la navigation de centaines de navires est perturbée depuis plusieurs jours dans ce fameux couloir maritime. Celui-ci n’est d’ailleurs pas emprunté que par des supertankers, mais aussi par des porte-conteneurs chinois... Toute la région est (re)devenue une zone de tension majeure ces dernières années. Fin 2023-début 2024, en réponse au conflit israélo-palestinien, les Houthis multipliaient les attaques contre les navires civils et militaires transitant par la mer Rouge et empruntant le détroit de Bab-el-Mandeb, au large du Yémen. A l’époque, des armateurs préféraient opter pour des alternatives, notamment le (très long) contournement de l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance. Cette nouvelle crise pourrait amener la Chine à se tourner davantage pour son approvisionnement énergétique vers la Russie, son principal fournisseur, à l’instar de l’Inde. Cette dernière a intensifié ses achats de pétrole russe en juin, important plus que les volumes combinés de ses fournisseurs du Moyen-Orient. Lesraffineriesindiennesdevraientacheterentre 2et2,2millionsdebarilsparjourdepétrolerusse ce mois-ci contre 1,9million de barils par jour en mai. Il s’agit du volume le plus élevé depuis deux ans.Encasdeprolongationduconflit,Chinoiset Indiens, respectivement premiers et troisièmes importateurs de brut dans le monde, pourraient bien faire les bonnes affaires de Moscou. Ce qui irait totalement à l’encontre de la stratégie occidentale visant à limiter les gains pétroliers de la Russiepourlacontraindreàmettreuntermeàla guerreenUkraine. Ledétroitd’Ormuz,danslegolfePersique, lignedefeudupétrolemondial AprèslesbombardementsaméricainsenIran,lesmarchésredoutent unefermeturedecettevoiemaritime...sansycroirevraiment SOURCES : POLYMARKET, BLOOMBERG Janvier 2025 Mars Avril Mai Juin 60 50 40 30 20 10 Le détroit d’Ormuz peut-il être fermé ? Sondageauprèsdesopérateursdemarché, réponseoui,en% par répartition », peut-on lire sur le site de Populaires!. Ce fonds serait géré par « les partenaires sociaux », autrement dit les organisations syndicales et patronales. « Permettre une capitalisation démocratique, populaire, nous permet de réduire les inégalités sociales. Aujourd’hui, qui peut réellement constituer une épargne retraite, investir dans l’assurancevie ou les produits financiers », a défendu le ministre lors d’une réunion publique à Paris, le 12 juin. Gérald Darmanin défend ainsi une capitalisation obligatoire et collective. Dans le détail, il propose pourtant de financer ce fonds « par l’intéressement, la participation, la vente d’actifs publics gérés par l’Agence des participations de l’Etat ou ses recettes ». Cela veut-il dire que les salariés de très petites ou de petites entreprises, dans lesquelles il n’y a pas de participation ni d’intéressement, n’en profiteraient pas? Pour inciter plus d’entreprises à passer à l’acte, le forfait social sur les sommes versées serait supprimé ou fortement abaissé (un manque à gagner de deux milliards par an pour les finances publiques). Gérald Darmanin enchaîne en expliquant que les plans d’épargne retraite en entreprise seraient « obligatoire(s) », dans celles « qui en ont les moyens ». Mais ces plans risquent de concurrencer le fonds collectif et obligatoire, qu’il voulait déjà faire abonder par la participation et l’intéressement… La répartition entre ces plans et le fonds « populaire » C’est la nouvelle mode à droite. Tous les candidats déclarés ou putatifs se ruent sur la retraite par capitalisation. Avec l’idée que le rendement espéré des marchés financiers permettra de contrecarrer, au moins en partie, le déclin démographique. De quoi compléter la retraite par répartition, système dans lequel les actifs cotisent non pour leur propre retraite, mais pour les retraités du moment. Après Edouard Philippe, c’est Gérald Darmanin qui en a fait une proposition de son micro parti, Populaires !. Avec pour ligne directrice de « réconcilier le capital et le travail » en faisant en sorte que « tout le monde soit actionnaire ». Désindexer. Mais comme tous les partisans de la capitalisation, Gérald Darmanin va devoir clarifier son projet, car, en l’état actuel, ses propositions ne sont pas exemptes d’ambiguïtés. Il plaide en effet pour la « création d’un fonds obligatoire en complément de la retraite pourrait être de 50/50, suggère le ministre de la Justice. Les promoteurs de la capitalisation – et Gérald Darmanin en a parfaitement conscience – achoppent en réalité tous sur les modalités de financement d’un tel système, alors qu’il faudra continuer à financer les pensions des retraités actuels. Ce qui nécessiterait de faire cotiser deux fois les actifs : une fois pour payer les retraites de leurs aînés, une seconde fois pour leur propre retraite par capitalisation. Plan d’épargne entreprise. Voilà pourquoi la plupart d’entre eux espèrent abonder la capitalisation sans cotisations obligatoires supplémentaires, mais avec de l’argent qui nourrit aujourd’hui la capitalisation individuelle. Tout le problème est de savoir comment financer la retraite par capitalisation de ceux qui en touchent peu ou pas du tout. Aujourd’hui, beaucoup de Français préfèrent aussi garder une partie des sommes touchées à disposition pendant leur carrière en les plaçant sur un plan d’épargne entreprise, déblocable au bout de cinq ans. Gérald Darmanin a en tout cas le courage de proposer de désindexer en partie les retraites (sauf les petites) d’un demi-point par rapport à l’inflation pendant cinq ans afin de financer la montée en charge de son fonds. Malgré le poids électoral des retraités. @mvignaud @mvignaud X X « Populaire »,«obligatoire »:laretraite parcapitalisationfaçonGéraldDarmanin Leministreplaidepourunfondsabondéparlessommesissuesdela participationetdel’intéressementdonttoutlemondenebénéficiepas Clarification L’ancien ministre des Comptes publics a détaillé le projet de son micro parti en matière de retraite, le 12 juin à Paris. Il se prononce pour une stabilisation de l’âge légal de départ à 64 ans, au moins pendant cinq ans. Marc Vignaud Sauvegarde La Commission européenne, le Conseil et le Parlement tenteront, ce mercredi, de s’accorder sur les mécanismes de régulation des importations de riz cambodgien et birman. Ces produitssontdétaxésparl’UEpoursoutenirle développement des pays producteurs. Mais les riziculteurs européens les accusent de leurlivreruneconcurrencedéloyale. Emmanuelle Ducros L’Europeveut-elleprotégersonbolderiz?Cette question, exotique, est en cours de traitement à Bruxelles. L’UE est, sur la scène rizicole mondiale, toute petite: 0,4% de la production. Des cultures locales existent, en Italie (59% de la production de l’UE), en Espagne (25%), en France (5,5%),auPortugaletenGrèce...Maisdes2,8millions de tonnes qu’elle consomme, l’Union a besoind’importer1,2million. Or, les riziculteurs européens alertent, depuis plusieurs années. Leur production est victime de la concurrence qu’ils estiment déloyale degrainscambodgiensoubirmans.Ilsexhortent l’UE à mieux les protéger, alors qu’elle révise actuellement ses mécanismes de protection commerciale – dans l’idée de les rendre plus réactifs, plus durables et plus équitables, d’ici à 2026. Le riz pourrait préfigurer les négociations pour les autres produits agricoles. Cette céréale fait figure de cas d’école. Au début des années 2000, l’Union a mis en place, à destination des pays les moins avancés, une politique dite « tout sauf les armes». Le principe est simple: permettre à une cinquantaine d’Etats d’exporter tous leurs produits vers l’UE sans droits de douane ni quotas, à l’exceptiondesarmesetdesmunitions. Phytosanitaires.Desaccordsgénéreux,qui ont eu des effets positifs... mais aussi leurs revers quand les importations entrent en concurrence avecdesproductionslocales.Commepourleriz. «LesimportationsduCambodgeoudeBirmanie ont explosé, expose Paolo Di Stefano, expert au sein du think tank bruxellois Farm Europe. Rien que pour 2024, c’était 40% en plus. Au 1er juin 2025, on en est déjà à 13% de plus que l’an passé. » Le Cambodge est même devenu le premier fournisseurderizdel’UE(25%).Problème:ceriz bénéficiant de taxes nulles est aussi bien moins cher à produire, du fait du coût du travail et de produits phytosanitaires interdits en Europe. Il génèredoncuneconcurrencejugéedéloyale. « Jusqu’ici, les mécanismes de sauvegarde prévus dans les accords “tous sauf les armes” ont été insuffisamment appliqués ou trop longs àmettreenplace»,soulignePaoloDiStefano.En 2019,laCommissionconstatait,déjà,unehausse des importations de riz de 89% sur cinq ans, qui avait fait chuter la part de marché du riz européen de 61% à 29%. L’Europe avait donc réétabli des droits de douane. La mesure, contestée par lespaysconcernés,avaitétécasséeen2022. Maintenant que l’Union repense ses mécanismes de protection, « les producteurs de riz plaident pour une sauvegarde automatique, rapide et efficace, qui se déclenche dès qu’un volume d’importations est franchi. Cela devrait être la norme dans tout accord commercial conclu par l’UE, afin de garantir la compétitivité desesagriculteursetuneconcurrenceéquitable, respectant la durabilité économique, environnementaleetsociale»,détaillePaoloDiStefano. C’est aussi l’idée du Parlement. Mais pas exactementcelledelaCommissionetduConseil. Leur proposition ne prévoit que le déclenchement automatique... de mécanismes de surveillance, regrettent les producteurs qui déplorent aussi que la réciprocité des pratiques sociales et environnementales soit si peu prise en compte. Dans ces conditions les trilogues, prévus ce mercredi, pourraient ne pas déboucher sur un accord. Ils donneront pourtant le «la» pour toutes les renégociations à venir des mécanismes de protectioncommercialeeuropéens. @emma_ducros @emma_ducros X X Leriz,symbole delaprotection commerciale del’agriculture européenne Lesimportations détaxéesdepuis leCambodgeetla Birmanieontexplosé cesdernièresannées Cette nouvelle crise pourrait amener la Chine à se tourner davantage pour son approvisionnement énergétique vers la Russie, son principal fournisseur, à l’instar de l’Inde SOURCE: BOURSORAMA 23 mars 2025 23 juin 75 85 80 70 65 60 Le Brent sous tension Prix du baril, en dollars @Japonline @Japonline X X @murielmotte @murielmotte X X 6 l’Opinion 24 juin 2025 Commandandcontrol Au moment où le conflit entre Washington et Téhéran s’intensifie, le gouvernement italien insiste sur son contrôle des activités menées depuis le territoire national par les forces américaines. Francesco Maselli (à Rome) Alors que les tensions au Moyen-Orient ravivent les inquiétudes sur l’engagement occidental dans la région, l’Italie s’interroge sur le rôle stratégique de son propre territoire. Environ 12000 militaires américains sont actuellement stationnés dans la péninsule, répartis sur huit bases clés dans la stratégie de défense de WashingtonenEurope. Parmi celles-ci, Ghedi, en Lombardie, et Aviano, entre Venise et Trieste, jouent un rôle central dans le dispositif nucléaire des Etats-Unis sur le Vieux Continent. Ghedi s’inscrit dans le programme de partage nucléaire de l’Otan: le pays hôte y dispose d’avions capables de transporter des bombes atomiques, tandis que Washington y met à disposition les ogives, selon un protocole strictement encadré par l’Alliance. A Aviano, en revanche, sont stockées des bombes nucléaires destinées à un usage tactique ou stratégique,dontlagestionrestesouscontrôleexclusifdesforcesarméesaméricaines. Labased’Ederle,prèsdeVicence,est,elle,le quartier général de la Southern European Task Force,Africadel’arméedeterreaméricaineainsi que de la 173e brigade aéroportée, unité d’élite de l’infanterie parachutiste, même si certains membres de ces unités sont déployés en Toscane, sur un site qui abrite également l’un des plus grands dépôts de missiles et de munitions d’Europe. Le rôle de l’Italie est tout aussi central pour la présence navale américaine dans la région. Le port de Gaète, dans le Latium, est mis à disposition de la flotte des Etats-Unis, tandis que Naples accueille non seulement l’un des deux commandements stratégiques de l’Otan en Europe, mais aussi le quartier général de la sixième flotte, chargée des opérations en Méditerranée. Plus au Sud, la base sicilienne de Sigonella constitue le principal hub aérien de la flotte américaine dans la région, ainsi qu’un centre logistique stratégique pour les opérations de drones. Toujours en Sicile, à proximité du petit village de Niscemi, les Etats-Unis disposent également d’un centre de communication militaire stratégique. C’est l’un des quatre centres terrestres du système MUOS, un réseau de communications satellitaires militaires géré par le département de la Défense américain. Cette forte présence aide à comprendre la fidélité des gouvernements italiens vis-à-vis de leur allié américain, même si l’utilisation de ces bases est encadrée par plusieurs accords bilatéraux signés au début des années 1950 – dont certains dans le cadre de l’Otan. L’opposition de gauche, très critique à l’égard de l’opération militaire menée contre l’Iran ce week-end, a déjà interpellé la présidente du Conseil Giorgia Meloni, lui demandant des éclaircissements sur l’utilisationdesbasessituéesdanslapéninsule. Le ministre de la Défense Guido Crosetto a répondu que les Etats-Unis « peuvent utiliser ces bases uniquement en expliquant à quoi elles serviront, et uniquement après autorisation du gouvernement italien ». A ce jour, a-t-il ajouté, « aucune demande d’autorisation n’a été formulée ». Giorgia Meloni a confirmé « qu’aucun avionimpliquédansdesopérationsmilitairesn’a décollé depuis les bases situées sur le territoire italien»dansundiscoursprononcéàlaChambre desdéputéscelundi. Sites sensibles. Pour le gouvernement italien, la question n’est pas seulement diplomatique. Ces installations sont aussi des sites sensibles sur le territoire national et peuvent constituer des cibles potentielles pour d’éventuelles attaquesterroristes,aumêmetitrequeleVatican ou d’autres lieux symboliques. Rome a ainsi relevéleniveaud’alertepourleursurveillance. Il a fait de même pour l’ensemble des bases italiennes situées au Moyen-Orient. Rome a également pris des précautions pour éviter d’être touchée par d’éventuelles représailles, en procédant notamment à un redéploiement préventif de certaines unités engagées à l’étranger. Des militaires stationnés à Bagdad ont ainsi été rapatriés, après les menaces visant une base accueillant également des forces américaines. Les troupesitaliennesdéployéesenIraketauKoweït ont été mises en état d’alerte, de même que les 1100 soldats engagés au Liban dans le cadre de la mission de la Finul, chargée du maintien de la paixdanslesuddupays. Par ailleurs, la frégate Andrea Doria, qui participe à l’opération européenne Aspides, est probablementlecontingenttransalpinleplusexposé en cas d’affrontement conventionnel entre Washington et Téhéran. Elle est en effet chargée, avecses200membresd’équipage,deprotégerla navigationcommercialeenmerRougecontreles missiles et drones lancés depuis le Yémen par les Houthis,alliésdel’Iran. @FrMaselli @FrMaselli X X EnItalie,ledébatsurlesbases américainess’intensifie Lapéninsuleaccueille12000militairesdes Etats-Unisetresteuneplateformestratégique pourWashingtonenEuropeetenAfrique Divisions Donald Trump souhaitait organiser une réunion avec les dirigeants du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande pendant le sommet de l’Otan, qui se tient mardi et mercredi à La Haye. Une initiative compromise par l’absence des Premiers ministres australien et japonais, et celle du président sud-coréen. Claude Leblanc Alors que le sommet de l’Otan, qui se tiendra du 24 au 25 juin à La Haye, est chamboulé par la situation au Moyen-Orient et les frappes américaines contre l’Iran, le rôle et l’influence de l’organisation en dehors du périmètre européen, notamment dans la région IndoPacifique, occupent les esprits. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a exprimé, le 6 juin, son espoir que la France s’oppose à « l’ingérence » de l’Alliance atlantique dans cette partie du monde, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue français, Jean-Noël Barrot. Il a souhaité que Paris « adopte la bonne position » à ce sujet. Ce n’est pas la première fois que Pékin exprime son opposition à l’idée d’un élargissement de l’Otan au continent asiatique, que certains défendent avec ferveur. C’est notamment le cas du secrétaire général de l’organisation, Mark Rutte, qui a estimé, le 9 juin, à Londres, que ce qui se passait dans le Pacifique était également l’affaire de l’Alliance atlantique. « Nous ne pouvons pas penser qu’il existe un seul théâtre, celui de l’Europe et de l’Atlantique, a-t-il affirmé. Nous devons être conscients du fait que tout cela est lié à ce qui se passe dans le Pacifique. » « Comme nous le savons tous, ils soutiennent l’effort de guerre de la Russie contre l’Ukraine », a-t-il ajouté, dans une référence à la Chine, à l’Iran et à la Corée du Nord. « Il n’y a plus d’Est ni d’Ouest, il n’y a plus que l’Otan », a-t-il poursuivi après avoir rappelé que la Chine modernise son armée, dispose de la plus grande marine militaire au monde et renforce son arsenal nucléaire. Tutelle. La montée en puissance de Pékin sur le plan militaire est un sujet particulièrement sensible dans plusieurs pays de la région Indo-Pacifique – notamment au Japon, en Australie et aux Philippines – qui observent avec inquiétude les diverses actions menées par l’Armée populaire de libération (APL) dans le Pacifique occidental, en mer de Chine méridionale ou dans le Pacifique Sud. Pour Tokyo qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a toujours compté sur Washington pour assurer sa défense, l’idée d’une Otan asiatique sous tutelle américaine fait partie des évidences. Avant de prendre la direction du Parti libéral-démocrate et de devenir Premier ministre, Shigeru Ishiba avait clairement exprimé sa volonté de promouvoir le projet. Compte tenu des tensions entre l’APL et l’armée philippine et des manœuvres chinoises au large des côtes australiennes, Tokyo n’a guère eu de difficultés à s’entendre avec Manille et Canberra. Le 31 mai, en marge du Dialogue ShangriLa, les ministres de la Défense des trois pays et leur homologue américain se sont réunis pour la quatrième fois en trois ans. Bien qu’encore informelle, cette alliance est provisoirement baptisée « Pacte de défense du Pacifique » et pourrait servir de base à la version asiatique de l’Otan. D’autant plus que le Japon cherche à définir la région allant de la péninsule coréenne aux mers de Chine orientale et méridionale comme un théâtre unique d’intervention stratégique, ce qui constitue une condition préalable fondamentale à la mise en place d’une structure de défense collective semblable à l’Alliance atlantique dans la zone. Toutefois, cette approche se heurte à de nombreuses oppositions. La plupart des pays membres de l’Association des nations du sudest asiatique (Asean) n’y sont pas favorables car ils ne souhaitent pas se mettre à dos la Chine qui est leur principal partenaire commercial et qui investit massivement dans la région. En novembre, le ministre de la Défense philippin a ainsi reconnu que les « dichotomies et divergences d’intérêts entre les pays » de l’Asean rendaient difficile la mise en place d’une alliance militaire unifiée. Par ailleurs, les exigences américaines portant sur un accroissement des dépenses militaires à 5% du PIB telles que le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, les a exprimées à Singapour au début du mois, effraient ces mêmes pays qui dépensent déjà beaucoup pour leur sécurité. C’est sans doute pour cette raison qu’ils ont accueilli avec une certaine bienveillance la proposition d’Emmanuel Macron de créer « une nouvelle alliance positive entre l’Europe et l’Asie, fondée sur nos normes communes, sur nos principes communs ». Une approche qui ne devrait pas susciter l’opposition de Pékin, observateur attentif des diverses initiatives. L’absence du président sud-coréen Lee Jae-myung, du Premier ministre australien Anthony Albanese et finalement de Shigeru Ishiba à La Haye devraient temporairement éviter de créer un nouveau point de crispation avec la Chine même si l’engagement américain contre l’Iran ne remettra pas en cause la stratégie du pivot asiatique entamée sous Barack Obama et poursuivie avec insistance par ses successeurs. @Japonline @Japonline X X EnAsie,l’Otannefaitrêverque lesJaponaisetlesPhilippins L’idéed’étendrel’influencedel’Alliance atlantiqueresteuneprioritémalgré lasituationactuelleauMoyen-Orient Les frappes récentes des bombardiers américains B-2 sur les sites nucléaires de l’Iran illustrent concrètement le lien entre subventions à l’industrie et souverainetés industrielle et nationale. Le coût complet d’un seul avion B-2 est estimé à 3 milliards de dollars et leur existence ne serait pas possible sans une politique de subventions aux industries. Des études récentes de l’OCDE distinguent entre subventions directes au sens strict, allègements fiscaux et financements à taux préférentiels. Elles montrent que, presque partout dans le monde, les Etats subventionnent leurs industries pour défendre leur souveraineté industrielle et/ou leur dominance technologique… sauf en Europe. Ainsi,danslesecteurdessemi-conducteurs, lessubventionsontsignificativementaugmenté danslemondedepuislapandémiedeCovid-19, enlienaveclavulnérabilitédeschaînesd’approvisionnementmondialesqu’ellearévélée.La Chinesubventionnedésormaissonindustrie dessemi-conducteursenmoyennetroisàquatre foisplusquelespaysdel’OCDE,àhauteurde dizainesdemilliardsdedollars. AuxEtats-Unis,leChipsandScienceAct (2022)prévoitplusde50milliardsdedollars desubventions,notammentsouslaformed’un créditd’impôtde25%pourlesinvestissements danslafabrication(voirBownetWang,2024, dansleJournalofEconomicPerspectives).L’objectifconsisteàréduireladépendanceàl’Asiede l’Estetàmaintenirleleadershiptechnologique etsécuritaire. Concurrence.EnEurope,l’EuropeanChips Actautorisecerteslessubventionsd’Etatau secteurdessemi-conducteurs,maislesbudgets publicssonttrèslimitésetlespolitiquesnationalespeucoordonnées.Lespouvoirspublics européenssemblenthésiterentreattirerdes investissementsétrangers(TSMC,Intel)ourenforcerleschampionseuropéensexistants(STMicroelectronics,ASML);entresécuriserlachaîne d’approvisionnementenpréservantlaconcurrenceetdéfendrelaprimautétechnologiqueet lasouverainetéindustrielleeuropéenne. Desconstatsvoisinspeuventêtreappliqués auxsecteursdel’acieroudelafabricationde panneauxphotovoltaïques.Encequiconcerne cesderniers,laChinelessubventionnebeaucoupplusquelesautrespays–saufen2023où l’InflationReductionActauxEtats-Unisafait exploserlessubventionsallouéesoutre-Atlantiqueauphotovoltaïque.EnEurope,l’industrie duphotovoltaïquen’apasétédéfendue,entoute conscience,pournepasfreinerlatransitionbas carbone. Autotal,lesEtats-UnisetlaChineontfait lechoix–certescoûteux–deprotégerleurs industriesetdelessubventionner.Ladoctrine européenneestmoinsclaire:ellen’apaspour objectifexpliciteetprioritairedeprotégerles championscontinentaux,etelleprivilégie régulièrementdesobjectifsenvironnementaux. L’arbitragedélicatentretransitionbascarbone etsouverainetéindustriellemériteraitdavantage depondérationetdemesureenEurope. @FredericGonand @FredericGonand X X FrédéricGonandestprofesseurd’économie àl’UniversitéParisDauphine-PSL. « Dans le secteur des semi-conducteurs, les subventions ont significativement augmenté dans le monde depuis la pandémie de Covid-19, en lien avec la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales qu’elle a révélée » Lebongrain etl’ivraie B-2,subventions àl’industrieet souveraineté nationale Lachronique de Frédérice Gonand La base américaine d’Aviano, dans le nord-est de l’Italie. SIPA PRESS La montée en puissance de Pékin sur le plan militaire est un sujet particulièrement sensible dans plusieurs pays de la région Indo-Pacifique 24 juin 2025 l’Opinion 7 Lignerouge L’Iran a envoyé des missiles vers des bases américaines au Qatar et en Irak lundi, deux jours après les frappes américaines sur les sites de Natanz, Fordo et Ispahan. Donald Trump, qui devrait se rendre à La Haye ce mardi, avait fait savoir dimanche que toutes représailles iraniennes « se heurteront à une force bien plus grande » de la part des Etats-Unis. Lola Ovarlez Après leurs frappes de samedi, les EtatsUnis veulent-ils désormais un « regime change » en Iran ? La réponse dépend de qui parle dans l’administration Trump. Dimanche, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a assuré que non. Marco Rubio, le secrétaire d’Etat, a confirmé, réitérant que le seul objectif de l’intervention américaine était de « dégrader et/ou détruire les trois sites nucléaires » de Natanz, Ispahan et Fordo. Quelques heures plus tard, Donald Trump a, lui, laissé la porte ouverte. « Si le régime iranien actuel n’est pas en mesure de rendre à l’Iran sa grandeur, pourquoi n’y aurait-il pas un changement de régime ? », s’est-il interrogé sur Truth Social. C’est la première fois que le président américain évoque aussi clairement cette idée, une semaine après le début des hostilités entre l’Iran et Israël. Jusqu’ici, le renversement du pouvoir théocratique iranien était avant tout un objectif plus ou moins assumé de l’Etat hébreu. Après tout, pourquoi le nom de l’opération « Rising Lion » ne ferait-il pas aussi allusion à l’animal royal du drapeau iranien avant la révolution de 1979? Pour les Etats-Unis, le « regime change » était plutôt une ligne rouge dans ce conflit. Le président et ses ministres n’oublient pas qu’ils font face à un pouvoir hostile qui, depuis la révolution, chante « mort aux Etats-Unis », brûle ses drapeaux et menace ses intérêts à travers le Moyen-Orient. Mais jusqu’ici, ils étaient encore prêts à le tolérer tant que les autorités de Téhéran acceptaient de s’asseoir à la table des négociations en vue de sceller un accord de paix, avec la promesse d’abandonner définitivement ses ambitions d’arme nucléaire. C’estpourquoiDonaldTrumparefuséqu’Israël « neutralise » l’ayatollah Khamenei, même si le président américain a lui-même menacé de le faire il y a seulement une semaine. Car malgré sa rhétorique antagoniste, le guide suprême iranien au pouvoir depuis 36 ans est un mal connu qui, jusqu’à présent, s’est montré suffisamment pragmatique pour accepter de participer à cinq rounds de discussions. Rien ne garantit que son successeur serait plus enclin à rentrer dans les clous dictés par les Américains. Faucons. Mais les frappes de samedi mettent désormais à l’épreuve la volonté de Téhéran de discuter. Jusqu’ici, rien n’indique que le régime est véritablement prêt à reprendre les négociations interrompues et à plier face aux Etats-Unis. Au contraire, il s’est préparé à une riposte, menée lundi contre des bases américaines au Qatar et en Irak ce lundi, enhardi par le renforcement du sentiment nationaliste chez les Iraniens depuis le début des attaques israéliennes. Or, s’il n’est plus prêt à discuter, pourquoi Washington accepterait-il encore de le tolérer ? Et, finalement, comme l’a dit Trump : « Pourquoi n’y aurait-il pas de changement de régime? » Cette déclaration signale qu’il exclut de moins en moins ce scénario, influencé par les voix interventionnistes dans son camp qui se sont exprimées en faveur d’une intervention militaire. Ces faucons, tels que Lindsey Graham et Ted Cruz, ne croient pas à la voie diplomatique, considérant que l’Iran sera toujours une menace pour les Etats-Unis et Israël tant que le régime des mollahs restera en place. Dimanche, le premier s’est d’ailleurs empressé de complimenter le président, déclarant qu’il avait « raison de vouloir redonner sa grandeur à l’Iran en changeant le régime ». En parlant de « regime change » en Iran, DonaldTrumpapeut-êtrefaitplaisiràsesalliés interventionnistes. Mais il a surtout rouvert la plaie à peine fermée chez ses soutiens isolationnistes. Le président avait pourtant réussi à apaiser leurs inquiétudes au sujet d’une intervention militaire en Iran, leur assurant qu’il n’était question que de détruire le nucléaire iranien. Mais Jack Posobiec, Charlie Kirk et d’autres influenceurs MAGA s’inquiètent désormais que ses objectifs aient changé, sous l’influence des faucons et d’Israël. « C’est presque comme si tout avait toujours été une question de....changement de régime ! », a dénoncé l’ancien représentant Matt Gaetz, un temps nommé au poste de procureur général, dénonçant des guerres de changement de régime inutiles, dangereuses et coûteuses. Il reste toutefois incertain que Donald Trump mène ce genre de guerre contre l’Iran, lui qui a toujours été un très grand critique de celles menées, notamment au Moyen-Orient, par ses prédécesseurs, comme en Irak en 2003. Son pari demeure que le régime de Téhéran, trop affaibli, finisse par plier et à négocier, ou que les Iraniens eux-mêmes se soulèvent contre les autorités. Un scénario que chaque nouvelle bombe israélienne lâchée sur Téhéran rend pourtant plus improbable. @lolaovarlez @lolaovarlez X X Trumpenvisage-t-ilvraiment un«regimechange»enIran? Leprésidentaméricainabriséuntabouenévoquant,pour lapremièrefois,l’éventualitéd’unrenversementdelaRépublique islamique.Maiscetteidéenefaitpasconsensusdanssoncamp « Si le régime iranien actuel n’est pas en mesure de rendre à l’Iran sa grandeur, pourquoi n’y aurait-il pas un changement de régime? », s’est interrogé Donald Trump. CARLOS BARRIA / AP / SIPA PRESS Compétitivité La stratégie industrielle de Keir Starmer, publiée lundi, détaille les investissements et priorités identifiées pour huit secteurs clés de l’économie britannique. L’objectif est aussi de renforcer les formations sur des compétences spécifiques. Chloé Goudenhooft (à Londres) Attendue depuis des mois, la stratégie industrielle du gouvernement britannique a enfin été publiée le 23 juin. Ce plan décennal, le premier depuis 2021, a pour objectif d’accélérer les investissements dans huit secteurs stratégiques représentant 32% de l’économie nationale. Sont inclus l’industrie manufacturière de pointe, les énergiespropres,lesecteurcréatif,ladéfense,le numériqueetlestechnologies,lesservicesfinanciers, les sciences de la vie, de même que les servicesprofessionnelsetauxentreprises. Pensé en collaboration avec les milieux d’affaires, ce plan répond à de nombreuses attentes des entreprises. « Une grande partie de ce que nous avons discuté avec les décideurs a été entendue», a confirmé Shevaun Haviland, la directrice générale des Chambres de commerce britanniques(BCC). Le nouveau programme pour réduire les coûts d’électricité pour les entreprises à forte consommation d’énergie va dans ce sens. Il concerne des secteurs manufacturiers tels que l’automobile, l’aéronautique et la chimie. La facture des quelque 7000 entreprises visées par cettemesurepourraitbaisserdeprèsde40livres (47 euros) par mégawattheure. Le coût moyen était d’environ 260 livres (304 euros) pour la fin 2024,toutesindustriesconfondues. « Les entreprises tirent la sonnette d’alarme depuis des années au sujet de factures d’énergie noncompétitives,apoursuivilacheffedelaBCC. Ce soutien permettra d’alléger les pressions sur les coûts à long terme. » Ces entreprises seront par exemple exemptées de certaines redevances, comme la Renewables Obligation – un mécanisme imposé aux fournisseurs d’électricité pour financer les énergies renouvelables et dont le coût est répercuté sur les gros consommateurs industriels. Le gouvernement prendra aussi en charge une plus grande part des frais de réseau électrique. Ainsi, la réduction dont elles bénéficient déjà devrait passer de 60% à 90% à partirde2026. Formation. Les milieux d’affaires ont aussi apprécié l’attention portée à la formation professionnelle. Un financement supplémentaire de 1,2 milliard de livres (1,40 milliard d’euros) par an a été annoncé d’ici 2028-2029. De nouveaux programmes courts sur des compétences ciblées seront également financé. Si de nombreux points de cette stratégie ont déjà été révélés dans les mois passés, le ministère des Affaires et du Commerce a précisé de nouveaux objectifs pour certainsdeceshuitsecteurs. 4,3 milliards de livres (5 milliards d’euros) sont par exemple prévus pour l’industrie manufacturière de pointe afin de consolider les chaînes d’approvisionnement au RoyaumeUni. 2,8milliards de livres (3,28milliards d’euros),tirésdecetteenveloppe,serontconsacrés à la recherche et au développement au cours descinqprochainesannées.Legouvernement entend par exemple développer le secteur de l’aviation à faible émission ou augmenter la production de véhicules à 1,35million – contre unpeumoinsd’unmillionaujourd’hui. Enfin, le rapprochement avec l’Union européennefaitpartieintégrantedecettestratégie.Ledocumentrappellelesdemandesclés des Britanniques en matière de « réinitialisation des relations ». Il indique aussi la volonté d’améliorer les connexions avec le marché européen pour réduire les coûts de l’énergie ou encore le renforcement de la coopération avec l’UEsurlatarificationcarbone. @chloegouden @chloegouden X X Londres veutréduire lescoûtsen énergiedes entreprises Legouvernement prendraencharge uneplusgrande partdesfrais deréseauélectrique ATéhéran,l’enjeudelasuccessiond’AliKhamenei Quand Benjamin Netanyahu parle d’éliminer Ali Khamenei, qu’il prétend savoir où il se cache, il a probablement en tête les derniers sondages. Selon l’Institut d’études de sécurité nationale (INSS),61%desIsraélienspensentqueleursautoritésdevraientnonseulementchercheràneutraliser la menace nucléaire iranienne mais aussi à renverserlerégime. Depuis le début de la guerre à Gaza, l’INSS mène régulièrement des enquêtes pour jauger de l’évolution des opinions à l’égard de la guerre et de sa conduite. Le Premier ministre israélien a regagné des points dans les sondages, mais près de la moitié de ses compatriotes pense qu’il n’a pas de plan pour conclure la guerre. La « tête » d’Ali Khamenei, comme celle avant d’Ismaël Haniyehoud’HassanNasrallah,pourraitluifaire gagner de nouveaux gains de popularité. Mais le scénario de succession proposé par certains lobbys pro-israéliens – une alternance confiée au Prince Reza Pahlavi – est une hypothèse peu sérieuse. En Iran, Ali Khamenei, 86 ans, s’est en tout cas préparé à toutes les éventualités, bien avant ledéclenchementdesfrappesisraéliennes.Dans sondiscourspréenregistré,diffusémercredidernieràlapopulation,leguidesuprêmenecompte pas capituler « sans condition » comme le lui demande Donald Trump. Il a plutôt appelé ses compatriotes à résister et à poursuivre la révolution islamique entamée en 1979, confiant dans la capacité de l’Etat à combler le vide laissé par son départ. « Nous avons des institutions et une constitution qui assure la continuité de l’Etat », assure un diplomate iranien. La Loi fondamentale en vigueur a été adoptée, le 24 octobre 1979, après le renversement du chah Mohammad Reza Pahlavi. Celle-ci prévoit que le guide suprême assume le rôle de chef de l’Etat en tant que plus haut dignitaire politique et religieux. Le guide suprême est choisi par l’Assemblée des experts, composée de 88 dignitaires religieux élus lors d’élections nationales tous les huit ans. « A l’instar d’autres composantes de l’Etat iranien, cet organe est hautement institutionnalisé et conçu pour fonctionner par consensus, notamment pour amortir les chocs subis par la République islamique », explique le site d’information sur l’Iran Anwaj media. Selon l’article 111 de la Constitution, « jusqu’à la nomination d’un nouveau guide, un conseil composé du président de la République, du chef du pouvoir judiciaire et d’un spécialiste de la jurisprudence islamique, sur décision du Conseil d’urgence de la nation, assumera temporairementtouteslesfonctionsduguide». Supputations. Ali Khamenei occupe la fonction de guide suprême depuis la disparitiondel’ayatollahRuhollahKhomeinien1989. L’Iran n’a connu jusqu’à présent que deux guides suprêmes. Comme son prédécesseur, Khamenei a le titre d’ayatollah, l’un des plus élevésdanslahiérarchiereligieusechiite. « La mort du guide est dans les mains de Dieu, poursuit le diplomate iranien, assez énigmatique. L’assemblée des experts n’a jamais cessé de travailler pour définir le profil et les caractéristiques du successeur d’Ali Khamenei en tenant compte de l’évolution du temps. Il y aura sûrement des changements danslesaspectsduleadership.» En attendant, les supputations vont bon train sur la succession. Certains croient savoir que le guide aura soufflé trois noms, sans les dévoiler. D’autres qu’il a demandé à l’Assemblée des experts de se réunir très rapidement, s’il venait à être tué, pour nommer son successeur. D’autres encore pensent que le pouvoir pourrait revenir cette fois à un militaire, au regard du contexte, au moins temporairement alors que Khamenei a déjà transféré à l’armée et au Corps des Gardiens de la révolution le pouvoir de décider des opérations en fonction des nécessités du terrain,sanspasserparlui. La pérennité de la doctrine du velayat-e faqih, qui confère aux religieux la primauté sur le pouvoir politique, est en jeu. Beaucoup en Iran necroientplusvraimentdansl’avenirdelathéocratie et aspirent au changement. Ali Khamenei, lui-même, a évoqué le besoin d’un renouvellement générationnel avant le déclenchement des frappesisraéliennes. PascalAirault @P_Airault @P_Airault X X Certains pensent que le pouvoir pourrait revenir cette fois à un militaire, au regard du contexte Ali Khamenei occupe la fonction de guide suprême depuis la disparition de l’ayatollah Khomeini en 1989. SIPA PRESS 8 l’Opinion 24 juin 2025 BEY MEDIAS PRESSE & INTERNET SASU - 8, rue Bellini, 75116 Paris - www.lopinion.fr - Actionnaire : Bey Médias SAS. Président, directeur de la publication : Nicolas Beytout. Vice-président, rédacteur en chef : Rémi Godeau. Rédacteurs en chef adjoints : Olivier Baccuzat, Emmanuel Ginisty et Cécile Desjardins. BEY MEDIAS PUBLICITÉS - Tél : 01 40 69 46 96. Directrice générale adjointe, commerce : Cécile Colomb. Publicité commerciale : Ronan Daligault, Pierre-Louis Orsini. Publicité financière : Nicolas Wattinne. SERVICE ABONNEMENTS L’OPINION : 45 avenue du Général Leclerc, 60643 Chantilly Cedex - Tél : 01 55 56 70 73 du lundi au vendredi de 9h à 18h - Email : abonnements@lopinion.fr. Formule d’abonnement pour 1 an – France métropolitaine : 319 €. IMPRESSION : Paris Offset Print (La Courneuve). Dépôt légal mai 2013 – ISSN : 2266-9922 / CPPAP : 1128 C 91894. Papier produit à partir de fibres issues de forêts certifiées gérées durablement. Origine du papier : Norvège. Taux de fibres recyclées : 0%. Eutrophisation : Ptot 0,022 kg / tonne de papier Et retrouvez Emmanuelle Ducros de l’Opinion à 8h49 pour sa chronique Voyage en absurdie 7H-9H EUROPE 1 MATIN Dimitri Pavlenko Et retrouvez Emmanuelle Ducros de l’Opinion à 8h49 pour sa chronique 7 EUROPE 1 MATIN Dimitri Pavlenko © CAPA Pictures / Europe 1 L’invitédu8Bellini L’ échéance de 2027 nous oblige à repenser la place du libéralisme, taxé de social-traîtrise à gauche et d’adjectif au terme conservatisme à droite. C’est que les écuries se préparent déjà et, au pays de l’hyperprésidence, nous sommes structurellement sommés de choisir celle la plus à même de prendre d’assaut les institutions. Or, l’actuelle tectonique des plaques offre un retournement spectaculaire : la captation du terme libéral par des illibéraux. On s’étonne par exemple de lire dans les colonnes d’un grand quotidien de droite que « Bruno Retailleau est un libéral ». Que les idées de liberté puissent s’accommoder de discours invoquant la « régression ethnique » des descendants d’immigrés, la négociation avec l’Etat de droit, ou encore les bienfaits de la colonisation dit assez le renversement des repères. Ce glissement n’est ni anecdotique ni spontané. Il est pensé, structuré, financé. Des initiatives comme le projet Périclès du milliardaire Pierre-Edouard Stérin assument une alliance entre libéraux économiques, conservateurs moraux et réactionnaires identitaristes. Si Jordan Bardella devient le visage du RN en 2027, cette droite post-libérale aura trouvé sa synthèse: marché, autorité, identité. Ce repositionnement repose sur une architecture idéologique solide. Comme l’a montré Jérôme Perrier dans une note de la Fondapol, Murray Rothbard, figure centrale du libertarianisme, a pensé l’alliance entre libéralisme économique et conservatisme politique. Son concept pivot: le propriétarisme, c’est-à-dire la suprématie du droit de propriété, faisant dès lors du contrat la manifestation maximale de la liberté individuelle. Dans cette perspective, les droits sociaux deviennent des « privilèges », voire des atteintes à la liberté, car ils supposeraient une redistribution forcée. Un exemple frappant peut être trouvé chez Rothbard : fustigeant les droits des minorités et lois anti-discriminations comme des « faux-droits » qui se font « aux dépens des droits réels de chaque personne sur sa propre propriété », il se fait l’apologète d’une société où la possibilité pour un employeur de discriminer ses salariés en fonction de critères de genre ou d’origine fait partie intégrante de la liberté. Reprenant une formule fasciste, pourrait-on dire que, dans cette perspective : Tout dans le Contrat, rien en dehors du Contrat, rien contre le Contrat! Propriétarisme. Il faut bien l’admettre, le propriétarisme aboutit à des énoncés programmatiques séduisants pour les libéraux. Moins d’impôts, moins d’Etat, moins de règles : autant de mots d’ordre qui résonnent avec les intuitions premières du libéralisme ; « afuera ! » ajoutent certains. Mais en rabattant la liberté sur la propriété, le rôle de l’Etat cesse d’être arbitral : il devient exécutif, vertical, rapide — garant non plus des droits, mais de l’ordre. Le propriétarisme ne nie pas l’Etat : il l’instrumentalise. Il l’épure de ses fonctions sociales, le dénude de ses contrepouvoirs, pour en faire une forteresse au service des intérêts privés. Ce fantasme d’un Etat rapide, vertical, sans friction, trouve ses figures tutélaires aux Etats-Unis. « Tout est géré depuis le bureau ovale maintenant. Et c’est très efficace », commente en ce sens Curtis Yarvin, auteur conservateur de référence dans les sphères de J.D. Vance à propos de la gouvernance en place depuis le retour de Maga à la Maison Blanche. Son utopie, « la monarchie entrepreneuriale », dit-il, c’est Apple: autorité, hiérarchie, efficacité pour être sa devise. Et d’invoquer comme références d’un côté la figure de Napoléon pour exposer la dépendance du mouvement de l’Histoire aux influx de forces personnelles et charismatiques, et de l’autre celles de Carl Schmitt et Alexandre Kojève pour souligner la nécessité d’une autorité politique sans concession. Que la Heritage Foundation en Europe (à l’initiative du « Project 2025 » de Maga visant à démanteler l’Etat de droit) ou Pierre-Edouard Stérin investissent des discours et segments du débat public similaires, sans volonté d’ajouter ici le soupçon conspirationniste ni présumer une coordination organisée de ces acteurs, est signifiant quant à l’offensive réactionnaire en cours. Ordre spontané. Ce que le propriétarisme ignore du libéralisme, c’est sa vision morale : l’exigence, selon les termes de Paul Ricœur, que « quelque chose est dû à l’être humain du seul fait d’être humain ». La propriété est un dû. Mais pas que. Elle est une composante, parmi d’autres, négociable, relative, conditionnée par la normativité parallèle d’autres droits politiques. Valorise le contrat, c’est oublier que la possibilité même de contracter, loin de constituer un ordre spontané, est tributaire d’une définition préalable de l’Homme comme capable d’exprimer son consentement. C’est dans le contenu de cette définition que nous entrevoyons la possibilité de combattre l’offensive réactionnaire. Nous proposons de la formuler en trois points selon les termes de Raymond Aron, John Rawls et Axel Honneth. Le libéralisme doit pleinement assumer sa vocation éthique : la liberté est le fruit d’une relation intersubjective. L’exigence que chacun a de voir sa liberté défendue présuppose en effet la reconnaissance équivalente de celle d’autrui qui est mon vis-à-vis. La possibilité de nous poser comme personnes morales – une autre manière de parler de liberté – est conditionnée par la réciprocité. On ne saurait être reconnu par autrui dans ce qu’on lui refuse. Le traitement politique de la vulnérabilité apparaît à cet égard prépondérant. La vulnérabilité révèle en effet notre dépendance fondamentale aux autres. C’est dans le sujet qui se découvre, du fait par exemple de la maladie ou la pauvreté, « dans la passivité de la “peau offerte”, mise à nu, […] pour l’autre dans un rapport antérieur à tout ce que l’autre lui fait subir », où la « fierté inhérente au fait d’être soi, constitutive du sujet » (KS Ong-Van-Cung) est battue en brèche, que la reconnaissance prend corps. Entente rationnelle. Dès lors, le libéralisme politique est une structure ouverte, qui s’enrichit au contact des injustices dénoncées par les marges : ce sont les groupes lésés qui nous informent en permanence des conditions nécessaires pour participer sur un pied d’égalité au processus d’entente rationnelle que constitue le corps social. Reconnaître que l’amour-propre et le désir de vivre sont vulnérables, structurellement dépendants du traitement d’autrui, c’est collectivement organiser la parade à leur décomposition éventuelle. Donc, la définition de la liberté et de l’égalité n’est jamais achevée. Elle évolue avec les luttes, les contextes, les expériences. Au XIXe siècle, l’esclavage était compatible avec la propriété ; au XXe , les droits sociaux sont devenus les conditions d’effectivité des droits civils. Aujourd’hui, la question écologique ou celle des discriminations raciales ou de genre redistribuent encore la donne. Cette conception exigeante du libéralisme ne s’oppose pas aux préoccupations économiques. Elle admet la nécessité d’une économie de marché, d’une fiscalité modérée, d’une simplification administrative. Mais ce libéralisme postule que la reconnaissance de la vulnérabilité, de l’être susceptible d’assistance et de soins, est un corolaire indispensable à la dignité politique et du rapport d’interdépendance qui fonde la civilité. C’est un rejet en bloc de la tronçonneuse à la Milei. Elle admet encore que le « wokisme », loin de constituer un phénomène strictement totalitaire, expose également de nouvelles conditions nécessaires de participation au corps politique portant, entre autres, sur les barrières systématiques qui empêchent les minorités de bénéficier de conditions égales d’accès à la société politique et économique. Lutte contre la pauvreté, combat antiraciste, défense des libertés publiques, rejet du présidentialisme,luttecontrelesrenteséconomiques, régulation des positions dominantes, réforme de l’Etat… Cette articulation conceptuelle d’un libéralisme ouvre des possibilités concrètes en termes de politiques publiques, du revenu universel en passant par la tarification carbone ou le scrutin proportionnel. Le Sommet des Libertés, entre autres organisé par Périclès, est une nouvelle étape dans la dissolution du libéralisme français au sein d’un axe réactionnaire et vertical. Dans ce genre de rapprochement, il n’est jamais question de pacte — mais d’abdication. Libéraux de toutes sensibilités, refusons-la. Rafaël Amselem RafaëlAmselem «Nelaissonspaslelibéralismefrançais sedissoudreauseind’unaxe réactionnaireetvertical» Lafabriquede « La définition de la liberté et de l’égalité n’est jamais achevée. Elle évolue avec les luttes, les contextes, les expériences » Analyste enpolitique Rafaël Amselem, journaliste indépendant, est l’ancien directeur des études du think tank libéral GenerationLibre. Lebombardementdel’Iran,durégime desmollahsetlecoupd’arrêtmisau programmenucléairedelaRépubliqueislamiquepeuventréjouiraupremierregard: lemondeestplussûraujourd’huiqu’hier, lamenacenucléaires’éloignedelarégion. Restequetouteidéed’ordreinternational bâtisurautrechosequelerapportdeforce avoléenéclats.C’estunpointessentiel, pourladiplomatiecommepourlasituation denosdémocraties. Pourladiplomatiebiensûrcar l’Occidentplusquejamaiss’assoitsurles principesqu’ilapourtantpatiemment construitsdepuis1945.L’idéepremière, c’estquelanégociationdoitprévaloirsurla guerre.Danslecasiranien,c’estcaricatural:leprogrammeiranien,suiteàlasignatureduJCPOA,étaitencadréetmaîtrisépar legroupedecontact.Entre2015et2018, lesIraniensavaientarrêtéd’installerdes centrifugeuses.AprèsleretraitparlesEtatsUnisdel’accord,ilsontrecommencéàen installer.EtlesIsraéliens,quiavaientmilité pourlasortiedel’accordparlesEtats-Unis, ontexpliquéqu’ilfallaitqu’ilsinterviennent pourcirconvenirunesituationquiavaitété causéeparlapolitiquequ’ilspréconisaient en2018.Laguerreplutôtqueledroit.La guerrequimèneàlapaixcommeledisent NetanyahuetTrump. La paix, mais quelle paix? Aucune sortie de crise n’est dessinée: changement de régime, maintien du régime, éclatement de l’Iran… Le plan est aussi clair qu’après la chute de Saddam Hussein. Et les principes n’ont pas changé: le shérif revient. La différence, c’est qu’en 2003, c’étaient les néo-conservateurs qui menaient la danse. Aujourd’hui, c’est le Premier ministre israélienqui a tordu le bras du président américain qui fait le contraire de ce à quoi il s’était engagé. Force. Quel impact pour l’UE? La séquence a montré la division des Européens et leur impuissance, rien de neuf. Ce qui est nouveau, c’est le fait de suivre les « nouveaux autoritaires », Netanyahu et Trump quand ils piétinent l’ordre international. Avec un risque de changement d’échelle: quand on légitime la loi du plus fort à l’extérieur, pourquoi ne pas le faire à l’intérieur? C’est exactement ce que font Netanyahu et Trump qui passent en force, au nom de leurs intérêts, dans leur propre pays. Que dire à Poutine dans ce contexte qui est très à l’aise avec le principe du droit du plus fort? TrumpetNetanyahusontévidemment applaudisparl’extrêmedroitequiconsidère queledroit–sous-entenduleslibertéspubliques,l’ordreconstitutionnel–estautant unobstacleàl’intérieurqu’àl’extérieur. C’estlesensdesattaquescontrelaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme,le Conseilconstitutionneletles«juges»quine fontjamaisqu’appliquerlaloi. Rappelonslesfaitsencoreunefois:cet ordrejuridiqueaétéconstruitaprès1945 auseindesdifférentspayseuropéenspour tirertouteslesleçonsdelaSecondeGuerre mondialeetàl’extérieurpouréviterqu’elle nerevienne.Enoubliantcettehistoirede l’EuropeetcelleplusrécenteduProcheOrient,onprendlerisquedevoirlaguerre revenirdeplusenplusprèsdenous. @helkaroui @helkaroui X X Identités Laguerre ànosportes Lachronique de Hakim ElKaroui DR Stephen Miller voulait que lesavionspoursuiventleurvol,et c'estcequ'ilsontfait. En mars, un juge fédéral a ordonné à l'administration Trump de faire rebrousser chemin aux vols transportant des immigrés expulsés vers le Salvador. De hauts responsables ont alors convoqué en urgence une conférence téléphonique le samedi soir afin de décider de la marche à suivre. Certains membres du gouvernement craignaient d'enfreindre une décision de justice s'ils ne ramenaient pas les passagers. Stephen Miller, chef de cabinet adjoint du président Trump, a insisté pour que les avions poursuivent leur vol, ce qu'ils ont fini par faire. Le juge a déclaré par la suite que permettre au gouvernement de défier une décision de justice revenaità« bafouer »laConstitution. Cet architecte d'une politique migratoire radicale de 39 ans, proche de Donald Trump depuis la campagne de 2016, s'est imposé comme une figure bien singulière du second mandat du milliardaire républicain. Il exerce un pouvoir sans précédentàlaMaisonBlancheetn'hésite pas à contourner la loi pour mener à bien son programme. Il dispose de sa propre équipe d'une trentaine de personnes et d'une protection des services secrets, qui, selon des responsables de la Maison Blanche, lui a été accordée en raisondesmenacesdemortqu'il areçuesetdesonrôledeconseiller à la sécurité intérieure. Il est àl'originedesmesuresfédérales contre des universités, des cabinets d'avocats et même des musées. Il rédige ou vérifie tous les décrets signés par le président. Ce cerveau de la politique anti-immigration de M. Trump exerçait déjà une influence considérabledurantsonpremier mandat. Cependant, selon un ancienresponsabledel'administration, lorsque des conseillers avaient suggéré au président de promouvoir M. Miller à un poste de direction au département de laSécuritéintérieure,M. Trump avait refusé, estimant qu’il n'avait pas l'étoffe d'un leader. Depuis, son influence n'a cessédecroître,grâceengrande partie à sa loyauté indéfectible envers M. Trump. Ce résumé du parcours de M. Miller s'appuie sur des entretiens menés auprès de responsables de la Maison Blanche, actuellement ou anciennement en fonction, de conseillers de M. Trump et d'autres personnalités éminentes du Parti républicain. Certains collaborateurs de M.Millers'inquiètentdecertaines des manœuvres juridiques qu'il a proposées pour mener à bien la politique migratoire de Washington,etM.Trumpluiamêmegentimentreprochédese«réjouir»un peutropdesexpulsions. M.Miller,bienquesansexpérience juridique, a été le premier Lire PORTS en page II Faceàlamenace russe,l’Europeveut fortifiersesports les déploiements militaires ne nuiseàleurcompétitivité.Lesresponsables européens se sont engagésàtrouverunéquilibreentre lesbesoinsenmatièredesécurité et les intérêts économiques. Lors du sommet annuel de l'Otan qui s'ouvre mardi, les pays membres veulent parvenir à un accord pour porter leurs dépenses militaires à 5% de leur PIB, contre un objectif de 2% actuellement. Une grande partie du nouveau budget, soit 1,5% du PIB des Etats, sera allouée à des domaines liés à la défense et jugés essentiels à la sécurité du territoire de l'Alliance, comme lacybersécurité,larésiliencedes institutions,ainsiquelesroutes, les chemins de fer et les ports. L'Union européenne a proposédeconsacrerjusqu'à75 milLe président Trump réclame que l'Europe augmente son budgetdedéfense.LeVieuxcontinent accèdeàcettedemande,enpartie en élargissant le périmètre de ses dépensesmilitaires. Craignant une guerre totale avec la Russie, les responsables de l'Union européenne et de l'Otan s'intéressent de près aux ports européens, qui pourraient jouer un rôle stratégique si l'alliance militaire devait rapidement envoyer d'importantes forces armées vers sa frontière orientale. Les gouvernements augmentent leurs dépenses militaireshabituelles,maischerchent égalementàintégrerlescoûtsliés auxinfrastructuresetauxcentres de transport dans leurs budgets de défense. Les chefs d'entreprises maritimesredoutentquelareconfiguration des ports pour permettre Lire ESPIONS en page II PourquoilesEtatsrévèlent-ilssubitement lesexploitsdeleursespions Lebâtimentdelaradioettélévisiond’Etatiranienne aététouchéparunefrappeisraélienne,le16juin. SIPA PRESS Mais, pendant un demi-siècle, personne n'avait pu mettre d'images sur les opérations commando qu'il décrivait, jusqu'à ce que le film à succès Lawrence d'Arabie fasse revivre les exploits del'officierbritanniqueàl'écran. Denosjours,quelquesheures suffisent pour que le monde entier puisse assister aux dernières attaques de drones ukrainiens contredesciblesmilitairesrusses. La mise à feu par Israël d'explosifs cachés dans les bipeurs de membresduHezbollahs'est,elle, quasiment déroulée en temps réel sur Internet. Ces dernières années, les Etats-Unis ont, eux aussi, régulièrement diffusé sur lesréseauxsociauxlesdétails—et parfoisdesimages—deleursopérations spéciales contre les dirigeantsdel'Etatislamique. Cette nouvelle donne a profondément bouleversé l'art de la guerre, faisant émerger « une agissements constituait en soi un actedeguerrepsychologique,une manière de vanter la capacité de Tel-Avivàagirentouteimpunitéà l'intérieur des frontières de l'Iran et de mettre en lumière l'incapacitédeTéhéranàl'enempêcher. Israël a ostensiblement affiché sa victoire tactique en diffusant une vidéo de mauvaise qualité,surlaquellefigurelelogo du Mossad, où on peut voir des agents et des frappes de drones à l'intérieur de l'Iran. Il n'y a pas si longtemps, ce type d'opérations restaient secrètes. Aujourd'hui, les belligérants,del'UkraineauxEtats-Unis, communiquent de plus en plus surleurssuccès,relayésentemps réelsurlesréseauxsociauxquien amplifientlaportée. Lorsque Thomas Edward Lawrence avait voulu faire la publicité de ses actions au cœur du territoire ottoman pendant la Première Guerre mondiale, il avait écrit un livre et des articles. Les frappes aériennes israéliennes contre l'Iran ont fait le tourdesécransdumondeentier, offrantlesimagesd'unevéritable démonstrationpubliquedepuissance. En coulisses, une opération secrète, moins visible mais tout aussi cruciale, avait permis de localiser les cibles, de guider les attaques et de frapper l'Iran de l'intérieur. DesagentsduMossadontopéré sur le territoire iranien avant et pendant les premiers raids aériens, ont fait savoir des responsables israéliens. Révéler ces Lire MILLER en page III nepeutêtrevenduséparément DOW JONES 24 juin 2025 SIPA PRESS Proche du président depuis la campagne de 2016, le chef de cabinet adjoint joue un rôle de premier plan dans la politique américaine. CommentStephenMillermarquedeson empreintelesecondmandatdeTrump 24 juin 2025 l’Opinion I liards d'euros de son prochain budget pluriannuel à la modernisation des infrastructures de transport à usage militaire, une première depuis la Seconde Guerre mondiale. Les discussionssepoursuiventconcernant les montants définitifs, mais même si le chiffre final était inférieur, cet objectif représenterait une augmentation considérable parrapportaux1,7 milliardd'eurosallouésàlamobilitémilitaire dans le budget actuel, qui prend fin en 2027. « Lacapacitéàdéplacerrapidement des troupes et du matériel militaire à travers l'Europe est une priorité militaire, mais pas seulement, souligne Apostolos Tzitzikostas, commissaire européen aux transports, qui supervise le plan. Elle est également essentielle pour répondre aux crises, mais aussi pour rendre nos réseaux de transport plus efficaces et plus résilients. » Lesresponsableseuropéens veulent identifier les vulnérabilités des ports, telles que le manque d'infrastructures physiquesoulamauvaisequalitédes connexions Internet, qui pourraiententraverlesdéplacements militaires. Lors d'une récente réunion en Grèce de l'Organisation des ports maritimes européens, le renforcement de la sécurité fut le seul sujet abordé. « Nous en comprenons la nécessité,maisnousdevonstout de même rester compétitifs », explique Katarzyna GruszeckaSpychala, vice-présidente des finances du port de Gdynia, en Pologne.Lesinvestisseursprivés pourraient rechigner à investir dans des entreprises susceptiblesd'êtreprisespourciblepar la Russie, ajoute-t-elle. Les responsables de la sécurité affirment que les investisseursdoiventintégrerladéfense dans leur réflexion. Aleksandrs Bucens, chargé de la logistique au sein de la division de la politique de planification de la défense de l'Otan, a indiqué aux participants que les ports devaient se préparer à participer à desexercicesdemanutentionde cargaisons militaires. C’était la premièrefoisqu’unresponsable de l'Otan assistait à une réunion sur les ports européens. « On ne peut pas se contenter de regarder une carte, a-t-il ajouté. Il faut être sur le terrain, parler aux gens, déplacer les marchandises. Il faut donc être préparés,flexiblesetrésilients. » Les responsables soulignent quelesactivitéscommercialeset la sécurité peuvent être complémentaires. L'Otan et la Commission européenne ont identifié 500 sites sensibles à travers l'UE quidoiventêtremodernisésafin de parer à un éventuel affrontement avec la Russie, selon des sources proches du dossier. Ces améliorations pourraient également faciliter la circulation civile. « En collaboration avec l'Otan, nous avons cartographié lescorridorsprioritairesetidentifié les principaux points d’engorgement; nous continuerons également à orienter les investissementsverslamodernisation des ports et des centres logistiques critiques, affirme le commissaire européen M. Tzitzikostas. Ces infrastructures doivent être compétitives en temps de paix et prêtes à défendre les citoyens européens lorsque les circonstances l'exigent. » Les ports jouent un rôle central dans les programmes de défensedel'Otandepuislacréation de l'Alliance en 1949. Un conflit en Europe entraînerait un afflux important de troupes et matériels américains sur le continent par voie maritime. Les forces de l'Otans'entraînentrégulièrement audéplacementdetroupesviales ports.Lorsd'unexerciceorganisé au printemps dernier, environ 25 000 soldats américains et alliés, avec 3 000 équipements militaires, se sont entraînés à se déployerenEuropeviadesports situés du nord de la Norvège à l'est de la Grèce. Après le retour au pouvoir de Donald Trump, et face à sa réticence à faire pression sur la Russie concernant son invasion de l'Ukraine, les Etats membres de l'UE ont décidé de renforcer considérablement leurs capacités de défense. L'Europe ne financepasdirectementleséquipements militaires destinés au front, mais elle soutient de plus en plus son industrie de défense et apporte une contribution financière aux opérations civiles indispensables à la défense. Plusieurs ports européens ont déjà reçu des fonds pour financerunusagemilitaire.EnPologne,leportdeGdyniaprocède à des travaux d'amélioration de ses infrastructures afin de faciliter le chargement et le déchargement des navires, tandis que celui de Szczecin renforce sa capacité à acheminer des troupes et du matériel par voies maritimes, routières, ferroviaires et aériennes depuis un centre de commandement unique. En Lettonie, le port de Riga modernise ses capacités d'accueil des convois militaires et desnaviresdeplusgrandetaille. Celui de Klaipeda, en Lituanie, un important centre de transit, agrandit ses postes d'amarrage en eau profonde et ses liaisons ferroviaires afin de faciliter la logistique militaire et les déplacements de troupes. Ce port de la mer Baltique ne gèle pas en hiver,cequienfaitunatoutstratégique en cas de conflit. L'UE vise également à protéger les ports et autres infrastructuresdetransportcontreles cyberattaques. L'Agence européennepourlasécuritémaritime aidelesportsàidentifierleursfaiblessesenmatièredecybersécuritéetàaméliorerleursréponses auxattaques.LeNordicMaritime Cyber Resilience Center, une société à but non lucratif créée par des compagnies maritimes norvégiennes, considère les pirates informatiques russes comme une menace importante pour les infrastructures et la défense de l'Europe. La protection des câbles de communication sous-marins contre le sabotage figure désormaisparmilesprioritésdel'Otan et de l'UE. Les responsables européens soupçonnent la Russie d'être à l'origine d'une série d'incidents au cours desquels descâblesetdespipelinesontété endommagésousectionnéssous lamerBaltique,unetendancequi s'amplifie à l'échelle mondiale. Lacheffedeladiplomatieeuropéenne, Kaja Kallas, a déclaré que Bruxelles prévoyait de créer un centre de sécurité maritime en mer Noire afin de surveiller la région, à l'image des initiatives similaires mises en place en mer Baltique. Ce projet, qui implique les pays bordant la mer Noire, en est encore à ses débuts. « Dans un contexte où la Russie viole l'espace aérien et attaque des ports ainsi que des routes maritimes, l'amélioration delasécuritédanslarégionestau cœurdecettemission»,aindiqué MmeKallas.LaBulgarieetlaRoumanie,deuxpaysdel'UEsituésau bord de la mer Noire, investiront dans la modernisation des infrastructuresportuairesafindegarantir que « les troupes puissent se trouverlàoùellessontnécessaires quand elles sont nécessaires », a préciséladiplomate. CostasParis etDanielMichaels (Traduitàpartirdela versionoriginaleenanglais parAurélieHenri) Editedfromtheoriginal batailledestimelines».Jamaisl'espionnage et les opérations clandestines, au sens traditionnel du terme,n'ontétéaussidifficiles.Les donnéesbiométriquesrendentla falsification de documents obsolète. Des milliards de caméras, installées sur des téléphones, des rétroviseurs et des interphones, peuvent capter les moindres faits et gestes de tout agent soucieux de rester tapi dans l'ombre. En quelques secondes, l'intelligence artificielle peut passer au crible desmillionsdephotospouridentifierlesvisagesd'espionsétrangers opérantsurleterrain. Les combats en Ukraine et au Proche-Orient ont donné naissance à une nouvelle doctrine de l'espionnage, qui résulte à la fois de l'évolution des objectifs poursuivis par les responsables des services de renseignement et de la manière dont l'information se propage. Des opérations qui auraient autrefois été conçues pour rester secrètes sont désormais destinéesàêtrevuesduplusgrand nombre et à produire des images spectaculaires. Elles se déroulent désormais non seulement sur le champ de bataille, mais aussi sur lesréseauxsociaux,galvanisantle moral du camp qui les mène tout en démoralisant l'ennemi qui les observesursesécrans. « L'un des principaux objectifs des opérations clandestines est souvent de montrer aux dirigeants adverses que nous avons identifié ceux qui sont impliqués dans des activités meurtrières et que nous pouvons leur nuire, explique Norman Roule, ancien haut responsable des services de renseignement américains. Nous espérons que la démonstration de cette capacité ait un effet dissuasif et pousse nos adversaires à rechercher des solutions diplomatiques. » De telles missions ne sont pas menées à la légère, car ellessontdangereusesetrisquent d'exposer des sources et des moyensconfidentielsqui,unefois compromis, ne peuvent plus être utilisés,poursuit-il. « On ne gaspille pas des cartouches aussi précieuses pour une victoire politique dérisoire, insisteM.Roule.Celaétant,outre leurimpactopérationnel,cesmissionspeuventêtreexploitéesavec desfinspropagandistes,psychologiquesoudiplomatiques.» Autrefois, les opérations clandestines restaient longtemps secrètes après leur exécution ou étaientrévéléesaccidentellement. Les efforts déployés par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondialepourdéchiffrerlescodesutilisés par les nazis sont restés globalement méconnus durant trois décennies. D'innombrables missionsd'espionnagedel'époquede laguerrefroiden'ontattirél'attention qu'après l'effondrement de l'Unionsoviétique.Leseffortsdela CIApourrenflouerunsous-marin soviétiquequiavaitcoulén'ontété renduspubliquesqueparhasard, àlasuited'uncambriolagedansun bureauàLosAngeles. Les missions secrètes, appelées « black ops » parce qu'elles sont menées dans l'ombre, s'inscrivaient traditionnellement dans un subtil jeu de ruses et de tromperies. L'une des raisons pourlesquelleslapublicationdes Pentagon Papers avait inquiété la Maison Blanche en 1971 était que certaines de leurs informations ne pouvaient provenir que d'un microcachédanslavoituredudirigeantsoviétiqueLeonidBrejnev, assuraitl'ancienprésidentRichard Nixonen1984. Trenteansplustard,en2021, le président Joe Biden a pris une décision sans précédent: il a décidé de rendre publiques des informations hautement sensibles sur les plans de Moscou visant à attaquerl'Ukraine.Ladivulgation préventive de secrets obtenus de haute lutte n'a pas empêché l'invasion, mais elle a restauré la confiance des alliés envers les Etats-Unis — et leurs services secrets. Depuis que les Américains avaientaffirméquel’Irakdétenait des armes de destruction massive pour justifier leur entrée en guerrecontrelepays,laméfiance était en effet de mise. Aujourd'hui, le secret n'a souventpluslieud'être.Presque chaquesemaine,desattaquesde drones ukrainiens au cœur de la Russie se déroulent selon le même scénario : un passant ordinaire sort son téléphone pour les filmer dans le ciel nocturne, quelques secondes avant qu'ils ne réduisent en cendres une cible stratégique, comme une raffinerie de pétrole, une base aérienneouundépôtferroviaire. Les images circulent alors rapidement sur les réseaux sociaux. Des amateurs passionnés de la chose militaire publient des photos prises par des satellites commerciaux montrant les dégâts, puis les services secrets ukrainiens revendiquent la paternité de l'attaque, pour prouver leurs capacités aux citoyens russes qui regardent les images chez eux. « L'Ukraine fait un excellent travail dans la planification de ces opérations, et elle sait qu'à l'heure actuelle, chaque attaque sera filmée, souligne Samuel Bendett,conseillerenrussologie au Center for Naval Analyses, un organisme de recherche à but non lucratif financé par le gouvernement fédéral américain et baséàArlington,enVirginie.Elle essaie de concevoir ses frappes de façon que de plus en plus de Russesprennentconsciencedela guerre et en subissent les conséquences. » Face à ses difficultés sur le front, Kiev estime ne pas avoird’autrechoixquedemener une bataille médiatique contre Moscou. De son côté, Tel-Aviv rend publics les résultats de ses opérationsd'espionnageetdeses missions secrètes contre l'Iran et ses proxies afin de convaincre les gouvernements et les populationsétrangersqueTéhéranestà la fois dangereux et vulnérable. Cetteguerredecommunication fait rage dans un contexte où l’information est accessible à tous, gratuitement. Les gouvernements et les élites qui, jusqu'au milieu du XXe siècle, contrôlaientcetenvironnement, tentent aujourd'hui simplement d’ynaviguer,expliqueOferFridman, ancien officier israélien et chercheur en polémologie au King's College de Londres. « Ils ont désormais du mal à communiquer avec leur public cible en raisond'unbruitdefondassourdissant », ajoute-t-il. La numérisation de presque toutes les informations, qu'il s'agisse de nouveaux mémos ou d'archives poussiéreuses, aggrave encore la situation, car aucun événement n'est à l'abri des hackersoud'hommespolitiques avides de notoriété ayant accès aux dossiers. L'impact des fuites de données, notamment celles de l'ancien consultant de la NSA EdwardSnowdenetdupilotede la Garde nationale Jack Teixeira, pèse lourdement sur les responsables du renseignement. La Russie a essayé de s'adapter à cette nouvelle forme de guerre. Le pays a érigé en infractionpénale,assortied'amendes, lefaitdefilmeroudepublierdes informations sensibles sur les attaques militaires dans ses régions frontalières. Mais la police et les services secrets n'ont pas réussi à dissuader les civils de la faire. Certains, presque instinctivement,sortentleurtéléphone lorsquedessaboteursukrainiens passentàl'action.Lessoldatssur le front, désobéissant au réglement, filment aussi régulièrement les opérations militaires. De son côté, Moscou n'a pas vraiment cherché à dissimuler sa participation à une série d'opérations clandestines en Europe. Selon des responsables occidentaux, le GRU, le service derenseignementmilitairerusse, a à plusieurs reprises recruté des civils européens sur les réseaux sociauxetlesanotammentpayés pour incendier un centre commercialàVarsovieouunmagasin IKEAenLituanie.Lorsqu'unpilote d'hélicoptère russe qui avait fait défection en Ukraine a été abattu en Espagne l'année dernière, les chefsdesservicesrussesn'ontpas nié leur implication: ils s'en sont mêmevantés. « Ce traître et ce criminel est devenu un cadavre moral au moment même où il planifiait son crime ignoble et terrible », avait déclaré à l'époque Sergueï Narychkine, le chef des services secretsrusses,auxmédiasd'Etat. Daniel Michaels et Drew Hinshaw (Traduit à partir de la version originale en anglais par Grégoire Arnould) Edited from the original II l’Opinion 24 juin 2025 SIPA PRESS Les ports jouent un rôle central dans les programmes de défense de l’Otan depuis sa création, en 1949. ESPIONS Suite de la page I PORTS Suite de la page I Aujourd’hui, quelques heures suffisent pour que le monde entier puisse assister aux dernières attaques de drones ukrainiens contre des cibles militaires russes. SIPA PRESS «Outre leurimpact opérationnel, cesmissions secrètespeuvent êtreexploitées avecdesfins propagandistes, psychologiquesou diplomatiques» à suggérer de recourir à la «Alien EnnemiesAct»,cetteloiquiautorise à expulser les migrants et que le département de la Justice a ensuite utilisée. Il a également proposé, d'abord en privé puis publiquement, de suspendre l'habeas corpus, c'est-à-dire le droit des prisonniers à contester leurdétentiondevantuntribunal, une mesure que l'administration n'a pas appliquée. Ses propos ont suscitéuneviveréactiondelapart d'autres hauts responsables de la Maison Blanche et du départementdelaJustice. Lorsqu’il a exigé d’étendre les arrestations d’immigrés, mêmeceuxsanscasierjudiciaire, des manifestations ont éclaté à Los Angeles pendant plusieurs jours. M. Miller a coordonné la réponse du gouvernement fédéral, donnant des ordres à plusieurs agences, dont le Pentagone, quand M. Trump a décidé d’envoyer les Marines et la Garde nationale,rapportentdesresponsablesaufaitdelasituation. M. Miller s’occupe à peu près detouslesdossiersquiimportent au président. Ces derniers mois, il s'est entretenu avec divers PDG ausujetd'uneprochaineannonce surlesdroitsdedouane,ilaassisté à une réunion entre Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, et le président au sujet de la procédure antitrust engagée contre le groupe, et il a rencontré d'autres poidslourdsdelatechpourdiscuterd'intelligenceartificielle. Certainspostesauseinmême des cabinets relèveraient directement de M. Miller, selon des responsablesdel'administration, sans rendre compte aux secrétairesd'Etat. Son influence n'est toutefois pas sans limites. Il a soutenu les efforts de Meta pour régler son litige antitrust, mais sans succès. La semaine dernière, M. Trump a laissé entendre que la politique migratoire de son administration étaittropagressive,appelantàune suspension des expulsions dans certains domaines, une décision sur laquelle il est revenu depuis. Interrogé sur la compatibilité entre ses directives et celles de M.Millerenlamatière,M.Trump a refusé de se distancier de son conseiller. « Nous nous comprenonstrèsbien»,a-t-ilrépondu. Cette position radicale commence à soulever une certaine opposition parmi les électeurs. Les sondages révèlent en effet que l'opinion publique désapprouve désormais la politique de M. Trump en matière d'immigrationetd'expulsion. Plusieurs membres de la Maison Blanche affirment que M.Milleradoptetoujourslapositionlaplus« extrême »danstous les dossiers, et que ses prises de position ont coûté cher à l'administration devant les tribunaux. Aucoursdescentpremiersjours dusecondmandatdeM.Trump, la justice a prononcé 25 injonctionscontrelegouvernementfédéraldanstoutlepays,contresix durant le premier mandat de M. Trump et quatre sous l'administration Biden, selon un rapport du Congressional Research Service,unorganismenonpartisan. Plusieurs affaires ont déjà été portéesdevantlaCoursuprême, qui s'est prononcée contre M. Trump dans certains dossiers liés à sa politique migratoire. «Jepensequel'administration a fait une erreur de calcul et est allée trop loin », commente Skye Perryman,directricedeDemocracy Forward, une organisation qui a intenté plusieurs procès contre leprésidentaméricain. M. Miller a qualifié l'intervention des tribunaux de « tyrannie judiciaire».Sesalliéssoutiennent que les entrées de clandestins à la frontière ont atteint un niveau proche de zéro grâce à ses mesures agressives qui dissuadent lesmigrants. « Stephen Miller est l'un des conseillers les plus fidèles et les plusanciensduprésidentTrump, et ce n'est pas un hasard: il tient ses promesses », a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de la MaisonBlanche. L'entre-deux mandats M. Miller est resté aux côtés de M. Trump malgré des défections dans l’équipe du président après l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Il avait participé à la rédaction du discours de M. Trump ce matin-là et avait travaillé jusqu'à midile20janvier,dernierjourdu premier mandat de M. Trump, affirmant à l'agent à qui il rendait son badge qu'il serait de retour dansquatreans. « Le 1600 Pennsylvania Avenue est la plus belle adresse au monde,etmêmesinousquittons aujourd'hui ce lieu, soyez assurés que ce n'est pas un adieu », a-t-il écritàsescollaborateurs. Trois mois plus tard, M. Miller a lancé une organisation à but non lucratif, America First Legal, visant à contrer ce qu'il décrit comme une « offensive juridique unilatérale menée depuis des années » par la gauche. « Nous devons maintenant renverser la situation»,a-t-ildit. Au cours des quatre années suivantes, cette organisation a engagédesdizainesdepoursuites judiciaires, dont beaucoup sont encore en cours, classées sur son site Internet dans des rubriques tellesque«DEI»(diversité,équité, inclusion),«WokeCorporations» (entreprises progressistes) et « Women’s Sports » (sports féminins). Désormais, ces cibles sont également dans le collimateur de l'administrationTrump. En 2022, l'organisation a demandé au département de l'Education de cesser d'octroyer des fonds fédéraux aux universités qu'elle accusait de laisser prospérerl'antisémitisme.Troisansplus tard,l'administrationTrumpallait faire de même avec des universités telles que Harvard, Columbia etNorthwestern. En 2024, America First Legal a soutenu 16 Etat républicains lors de leur procès contre l'administration Biden au sujet d'une politique qui empêchait l'expulsion des immigrés en situation irrégulière mariés à des citoyens américains. Un juge a tranché en faveur de ces Etats, et l'administration Trump a supprimé cette mesure cette année. Au moment où M. Trump revenait à la Maison Blanche, l'organisation comptait une vingtained'avocatsetavaitlevéplusde 60 millions de dollars auprès de donateursdontellen'apasrévélé l'identité. Selon ses informations financières, America First Legal a verséplusde500000dollarsàM. Millerl'annéedernière. Parallèlement, M. Miller a continué de jouer un rôle important au sein du Parti républicain, même si ses initiatives n'étaient pastoujoursbienaccueillies. M. Miller téléphonait longuement aux assistants parlementaires au sujet de l'immigration clandestine, souvent sans demande précise. L'un d'eux le compare à une grand-mère qui nes'arrêtepasdeparleretditque ses appels ressemblaient à un podcast. D'autres racontent qu'il appelaitpourcritiquerlamanière dont ils avaient écrit un message sur les réseaux sociaux à propos d'unsujetparticulieroupourleur reprocher la formulation d'un communiquédepresse. Alors qu'une commission de la Chambre des représentants se préparait à entendre le témoignage de l'ancien secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, M. Miller s'est rendu au Congrès pour tenir le rôle de M. Mayorkas, selon des assistants. Pendant la préparation, il a répondu aux questions à la place du ministre, mais est également intervenu pour donner des conseils aux députés concernant certainesquestions. M. Miller était déterminé à faire échouer un projet de loi bipartisan présenté en 2024 par le sénateur républicain James Lankford, de l'Oklahoma, sur la sécurité des frontières, et il appelait régulièrement le président de la Chambre des représentants, MikeJohnson. Il a également téléphoné au Comité national républicain pour le conseiller sur la manière dont le parti devrait communiquer au sujet de l'immigration, proposant parfois au président du comité ce qu'il pourrait tweeter, rapportent des personnes proches des discussions. Il s'est fréquemment rendu à Mar-aLago pendant la campagne présidentielle, pour s’y entretenir avec M. Trump à l'étage au-dessus de la salle de bal. Selon des conseillersdecampagne,M. Miller voulait toujours aborder davantage la question de l'immigration.Leprincipalsondeurde M. Trump, Tony Fabrizio, et ses autres conseillers souhaitaient quant à eux concentrer le messagesurl'économie.L'équipede M.Trumpacommencéàafficher lors de ses rassemblements des photosinquiétantesd'immigrés. Des centaines de décrets Pour son premier mandat, M. Trump n'avait pas été suffisamment préparé à gouverner. M. Miller se plaignait alors régulièrementqued'autresmembres del'administrationessayaientde bloquersesdécisionsenmatière d'immigration et que des avocats extérieurs entravaient leurs efforts. Cette fois-ci, M. Miller était déterminé à corriger le tir. Il a apporté des centaines de projets de décrets à la Maison Blanche, ainsi que sa propre équipe. Russell Vought, ancien trésorier d'America First Legal, est désormais directeur du budget à la Maison Blanche. Reed Rubinstein, vice-président de l'organisation, a été nommé conseiller juridique du département d'Etat. Matt Whitaker, membre du conseil d'administration d'America First Legal, occupe le poste de représentant permanentdesEtats-Unisauprès de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. Il explique maintenant aux autres membres du personnel comment se comporter avec M. Trump, selon des personnes qui ont entendu ses remarques, et a obtenuunbureaumieuxsitué,à proximité du Bureau ovale. Au cours du premier mandat, M. Miller aurait prôné des politiquesradicalesquifaisaient frémir ses collaborateurs, notamment en préconisant l'ajout de plusieurs dizaines de pays à la liste des sept pays soumis à l'interdictiondevoyage,indique unancienresponsabledel'administration.Iln'étaitpasprisausérieux, pourtant il l'était, ajoutet-il. Mais cette fois, M. Trump a annoncé une interdiction visant une dizaine de pays. Il reste dans les bonnes grâces de M. Trump en lui soumettant des idées, mais surtout en lui permettant de mettre en œuvre les siennes. Des responsables fédéraux ont souligné la manière dont M. Miller a coupé court à la discussion sur l'opportunité pour les Etats-Unis de bombarder des cibles houtistes dans une conversation sur Signal qui a été accidentellement partagée avec lerédacteurenchefdumagazine The Atlantic. Alors que le viceprésident et les hauts responsables de la sécurité nationale discutaient des options, M. Miller est intervenu. « D'après ce que j'ai compris, leprésidentaétéclair»,aécritM. Miller, en ajoutant: « Feu vert ». Audébutdumois,Mme Leavitt, la porte-parole de la Maison Blanche,s'estentretenueavecM. Millerlorsd'unévénementprivé organisé pour des donateurs républicains au Four Seasons à Washington. M.Miller,quiagrandiàSanta Monica,enCalifornie,aexpliqué que de nombreux quartiers de Los Angeles s'étaient engagés dans une « rébellion », selon des personnes présentes. Los Angeles est devenue comme Cancún, a-t-il martelé, c'est une ville agréable pour les touristes, mais pas pour ses propres citoyens. En guise de conclusion, Mme Leavitt a dit à l'assistance que M. Miller devait retourner s'occuper des expulsions. M. Miller a souri, puis est parti pour retourner à la Maison Blanche. Josh Dawsey et Rebecca Ballhaus (Traduit à partir de la version originale en anglais par Aurélie Henri) Edited from the original Lors des manifestations à Los Angeles à la suite des arrestations d’immigrés, Stephen Miller a coordonné la réponse du gouvernement fédéral, donnant des ordres à plusieurs agences, dont celles du Pentagone. MILLER Suite de la page I SIPA PRESS Plusieurs membresdela MaisonBlanche affirmentque StephenMiller adoptetoujours laposturelaplus «extrême», etquesesprises depositionont coûtécherà l’administration devantles tribunaux 24 juin 2025 l’Opinion III Stephen Miller s’occupe de la plupart des dossiers qui importent à Donald Trump, notamment la procédure antitrust menée contre Meta de Mark Zuckerberg. DANIELLE VILLASANA FOR WSJ Lechefdecabinet adjointrestedans lesbonnesgrâces deDonaldTrump enluisoumettant desidées,mais surtouten permettantau présidentde mettreenœuvre lessiennes
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