L'OPINION n°250612 - Page 1 - 250612 2 l’Opinion 12 juin 2025 La réunion du Conseil d’orientation des retraites (COR) de ce jeudi s’annonçait «très difficile ». Dans une pré-version de son rapport annuel qui a fuité dans la presse (notamment dans l’Opinion), l’institution explique pourquoi augmenter l’âge de départ en retraite est meilleur pourlesfinancespubliquesetpourl’économie. Plusieurs médias ont même titré sur le fait que le COR proposait une augmentation de l’âge légal à 66,5 ans. Un chiffon rouge pour les syndicats, en pleines négociations finales du «conclave»surlesretraites. Son président, l’économiste Gilbert Cette, a aussitôt été pointé du doigt. « [Il] sort comme à son habitude de ses prérogatives de président et de la nécessaire neutralité qu’il devrait avoir », a déclaré la négociatrice de la CFE-CGC, Christelle Thieffine, à France Info. Pour la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, qui réclame la retraite à 60 ans, « le COR privilégie une orientationplutôtqu’uneautre,cen’estpassonrôle». « Nous proposerons de supprimer plusieurs parties », a réagi Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, selon Le Monde. Cette dernière ne conteste « pas les données, mais la présentation qui en est faite ». « S’il reste en l’état, notre organisation pourrait ne pas l’adopter », a-t-elle prévenu, en déplorant «une peau de bananelancéeauxdiscussions». Le rapport du COR ne fait pourtant que rappeler une vérité, à savoir que le recul de l’âge moyen de départ (que ce soit par l’âge légal ou la durée de cotisation) aboutit « à augmenter l’offredetravailetdoncàtermel’emploietlePIB, et en conséquence toutes les recettes fiscales et sociales des administrations publiques au-delà desseulsprélèvementsfinançantlesretraites». Au contraire, les autres leviers d’ajustement disponibles – l’augmentation des cotisations ou la désindexation des pensions – ont un « effet récessif» et entraînent «un appauvrissement du pays [moindre PIB par habitant] et à une réductiondesrecettesfiscalesetsociales[...]». Consensus. La décision de l’écrire aussi clairementappartientauprésidentduCOR,maisses membres doivent ensuite discuter s’ils valident ou une telle rédaction. L’institution fonctionne normalement par consensus. Elle n’en arrive quasimentjamaisauvote.Lestermespourraient donc évoluer devant la fronde syndicale. Mais le camp patronal devrait soutenir la version initiale duprésidentetdesonsecrétariatgénéral. Le rapport est traditionnellement discuté par les membres du COR le jeudi qui précède le 15juin.Aveclerisque,cetteannée,deparasiterle conclave dans lequel le Medef refuse d’abandonner le recul de l’âge de départ à 64 ans prévu par la réforme Borne. C’est sous son gouvernement que Gilbert Cette, aux compétences incontestables, a été nommé à son poste en Conseil des ministres, en replacement de Pierre-Louis Bras, réputéplusprochedespositionssyndicales. Le rapport 2025 du COR souligne bien, dès sa synthèse, que les différentes voies permettant de combler le déficit ne sont pas « exclusives les unes des autres et [peuvent] donc être combinées ». Comme chaque année, l’institution calcule ensuite les ajustements nécessaires pour retrouver l’équilibre financier. Et précise bien que « ces simulations ont une vocation pédagogique » et « ne constituent en aucune manière despropositionsderéforme.» En jouant uniquement sur l’âge l’égal, il faudrait le porter à 64,3 ans en 2030, puis à 65,9 ans en 2045 et à 66,5 ans en 2070. Ce dernier chiffre a fait couler beaucoup d’encre. Il n’est pourtant pas nouveau. Le rapport de l’année dernière mentionnait que «dans le scénario de référence [...] il serait nécessaire de porter cet âge à 64,8 ansen2030et66ansen2070».Pasgrand-chose denouveausouslesoleil! Ce qui n’empêche pas Pierre-Louis Bras de se montrer critique. « Ce n’était pas ma conception du rôle de président du COR, une institution dont le rôle est de faire un diagnostic partagé », assène-t-il. Personne n’a jamais pensé que l’on pouvait se mettre d’accord sur les solutions. Par ailleurs,jenem’exprimaisjamaissurcequ’ilfaudraitfaire». «Sur le fond, affirmer que repousser l’âge de départ donne plus de croissance à long terme, est une évidence », reconnaît-il. Même s’il précise « qu’à court terme, cela peut augmenter le chômage dans un contexte où l’on détruit des emplois ». A long terme, objecte Pierre-Louis Bras,«lesFrançaisaurontmoinsdetempsdisponibles aux âges élevés pour faire autre chose que travailler.» Selon lui, il aurait donc «fallu ajouter au rapport que c’est un choix de société. » Une voiedesortieleCOR? Marc Vignaud @mvignaud @mvignaud X X DurififiauConseil d’orientationdesretraites rait même aller au-delà, en indexant l’âge de départ sur l’évolution démographique et le marché du travail. Jusque-là, il n’y a pas de surprise. En revanche, la nouveauté réside dans les contreparties avancées sur les deux autres thèmes de la négociation chers aux syndicats, la reconnaissance de nouveaux critères de pénibilité et les mesures en faveur des retraites des femmes. Quel accueil ont reçu ces propositions ? Les chefs des trois centrales restantes doivent encore en discuter entre eux ce jeudi. Mais la CFE-CGC a déjà lâché l’affaire. « Nos exigences sont d’autant plus fortes qu’on n’a pas réussi à avoir celle de l’âge », prévient toutefois la négociatrice Christelle Thieffinne. A commencer par une hausse de cotisations. Les choses sont dites moins franchement du côté de la CFDT et de la CFTC. Marylise Léon « prend comme une avancée » les ouvertures faites sur la pénibilité, tandis que l’opposition du Medef à tout bougé sur l’âge était « compris depuis le début ». « Si je devais hiérarchiser les attentes des travailleurs, il y a un sujet sur lequel on est particulièrement attendus, c’est la question de la pénibilité », a ajouté la secrétaire générale de la CFDT sur Franceinfo mardi soir… Avant de nuancer : « Je ne dis pas pour autant que je lâche le reste ». Le tout est de savoir ce que les syndicats pourraient obtenir en échange du maintien des 64 ans. Un geste, non pas sur l’âge légal de départ à la retraite, mais sur l’âge à partir duquel la décote est annulée est une option. « Ce serait un minimum », estime le président de la CFTC Cyril Chabanier, à qui le Medef a expliqué s’être déjà « tordu le bras » pour arriver à ses propositions. Décote. La centrale chrétienne souhaite obtenir une annulation de la décote à 66 ans, au lieu de 67 aujourd’hui. Montant de la facture : 1,2 milliard d’euros d’ici 2030, pour environ 120 000 personnes concernées, essentiellement des femmes. « Un coût très élevé » pour la porte-parole du Medef Diane Milleron-Deperrois. Revenir sur les 64 ans par la porte de la pénibilité, voire par la mise en place d’un « mécanisme d’âge de départ à la carte » dans un second temps, pourrait aussi constituer des « bougés » sur l’âge, a ajouté le négociateur cédétiste Yvan Ricordeau. Le terrain sur lequel se déroule la bataille de l’âge n’est en effet pas limité au conclave. François Hommeril, le président de la CFECGC, voit « une place à prendre dans le débat public », à deux ans de la prochaine élection présidentielle. Cela se prépare dès à présent : les syndicats entendent bien amender, avant qu’il ne soit finalisé, le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) qui écarte les pistes de financement d’un recul de l’âge et se projette, au contraire, vers un relèvement à horizon 2070. Rendez-vous est donné ce jeudi. lll Suitedelapage1 Au Parlement aussi, une fois les négociations finies, le Medef devra veiller à ne pas subir ce que Franck Morel, conseiller social d’Edouard Philippe et observateur avisé du monde social, appelle une « double peine ». Les syndicats peuvent accepter les propositions patronales, signer, mais relancer la bataille des 64 ans au Parlement par la voie d’un autre texte que celui de la transposition de l’accord. Si accord il y a. « Tout n’est pas joué, met en garde un autre leader syndical. S’il n’y a pas d’accord, le Medef devra en prendre la responsabilité avec les conséquences politiques qui vont avec ». Ce ne sera sans doute pas le seul. @sarah_spritz @sarah_spritz X X Le tout est de savoir ce que les syndicats pourraient obtenir en échange du maintien des 64 ans. Un geste, non pas sur l’âge légal de départ à la retraite, mais sur l’âge à partir duquel la décote est annulée est une option Des membres du gouvernement et les représentants des partenaires sociaux réunis pour le lancement du conclave sur les retraites, le 17 janvier. SIPA PRESS Conclavesurlesretraites:finiel’hypocrisie Le chef du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud. SIPA PRESS La pirouette de François Bayrou n’avait échappé à personne – surtout pas aux socialistes. Ce huis clos entre syndicats et patronat, baptisé « conclave », avait été accueilli avec une grande défiance en janvier par les troupes de Boris Vallaud à l’Assemblée nationale. « Un droit de veto donné au Medef », dénonçait alors l’ex-frondeur Laurent Baumel. Les députés PS partisans de la non-censure avaient fini par accepter un sursis de trois mois, après que Matignon les avait rassurés: un texte serait débattu au Parlement. Un marché de dupes, qui arrangeait tout le monde. Le PS avait, lui aussi, ses contradictions: « un totem » à ne pas laisser à LFI – la fin du départ à la retraite à 64 ans – et « un tabou » – l’impossibilité de financer un retour aux 62 ans sans fragiliser davantage le système par répartition. Sur ce dernier point, les socialistes n’étaient pas très diserts : comment assumer d’être un « parti de gouvernement » et d’avoir ratifié un contrat de législature qui fixe l’objectif des 60 ans ? Une entorse à ce principe et Jean-Luc Mélenchon crierait aussitôt à la trahison du NFP. Quelques vérités, pourtant, ont percé à la faveur du congrès socialiste. Début mars, NicoAprèslevetoduMedefsur les64ans,lePSattenduautournant las Mayer-Rossignol, candidat malheureux au poste de premier secrétaire, dénonçait un PS « qui promet la lune pour sauver des accords électoraux ». Pour le maire de Rouen, faire croire à la retraite à 60 ans pour tous, c’est « raser gratis »: « Ce n’est même pas de gauche, c’est du populisme ». Dialogue social. D’autres, comme le député PS de l’Eure Philippe Brun, choisissaient de donner sa chance au conclave au nom du « respect du dialogue social »: « Si la CFDT juge qu’il y a un espoir d’obtenir des avancées sur les carrières hachées, sur la pénibilité et les femmes, alors nous les suivrons. S’ils pensent que c’est une vaste mascarade, alors nous monterons au créneau avec eux ». La charte d’Amiens a ainsi servi de bouclier pour dévier les flèches insoumises. Voilà que la fumée du conclave se dissipe et, sans surprise, le Medef exclut formellement de toucher à l’âge légal de 64 ans. Restent quelques ajustements sur « l’usure » et « l’impact de la maternité ». « Fini de jouer à cachecache, prévient l’insoumis Hadrien Clouet. Les socialistes doivent choisir entre le Medef et les électeurs ». Les élus roses peuvent-ils se dérober? « Le PS devra rappeler à François Bayrou sa promesse de repasser par le Parlement. Cela suppose une loi ad hoc et sans arguties pour empêcher la discussion d’un éventuel amendement sur l’âge légal », prévient Laurent Baumel. Faute de quoi, une motion de censure pourrait s’imposer pour sanctionner le non-respect de la parole donnée. Un stratège de l’écurie rose en pose le cadre : « On ne veut pas censurer le dialogue social, mais le gouvernement. On peut donc dire que l’on votera un texte qui serait amené à mettre en œuvre les préconisations des partenaires sociaux, tout en disant aussi que nous censurons le gouvernement qui ne veut pas infléchir sa politique injuste socialement ». Encore faut-il que ce véhicule législatif ne soit pas une coquille vide. Sinon, ironise Hadrien Clouet, « on aura une sauce gribouille à la place d’une sauce gribiche, avec la gestion différée des carrières de femmes enceintes une quatrième fois les années bissextiles. Le problème d’un plat immangeable, ce n’est pas le service, c’est le contenu ». Attention, ça tache. Antoine Oberdorff @A_Oberdorff @A_Oberdorff X X Le président du Conseil d’orientation des retraites, Gilbert Cette. SIPA PRESS Le rapport du COR ne fait que rappeler une vérité, à savoir que le recul de l’âge moyen de départ aboutit « à augmenter l’offre de travail et donc à terme l’emploi et le PIB » 12 juin 2025 l’Opinion 3 Chocdescultures La commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok arrivera à son terme à la fin du mois. Le rapport, rédigé par la rapporteure macroniste Laure Miller et le président socialiste Arthur Delaporte est attendu pour le mois de septembre. Dinah Cohen C’est presque une expérimentation dans laquelle le sujet se retournerait contre le chercheur. Mardi, la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok a reçu une poignée d’influenceurs, sélectionnés selon leur popularitéconstatéedanslaconsultationcitoyenne lancée sur le sujet. Oubliant qu’ils avaient à faire à des professionnels de la communication, les députés ont parfois perdu le contrôle de leurs propres auditions. A tel point que le lendemain encore,lesvidéosdecettejournéeinondaientles réseauxsociaux,àcommencerparTikTok. Les influenceurs ont fait dans le sur mesure. Ainsi d’Adrien Laurent, acteur porno connu sous le nom d’ « AD Laurent » et récemment suspendu de la plateforme à la demande de la ministre à l’Egalité, Aurore Bergé, lisant les paroles les plus crues du chanteur Orelsan pour prouver que son contenu à lui n’est pas si problématique et qu’il n’est surtout « ni sexiste, ni misogyne, ni masculiniste ». « Je crois qu’on a compris », a tenté à plusieurs reprises de l’interrompre le député socialiste et président de la commission, Arthur Delaporte, alors que l’influenceur récitait « sale p*** », titre sorti en 2009 et ayant valu à son auteur d’être poursuivi en justice par des associationsféministes.«ADLaurentestarrivétrèsbien préparé », constate la macroniste aussi rapporteure de la commission, Laure Miller. «Il avait un propos introductif dont on voyait qu’il avait été très bien rédigé, et on n’a pas réussi à apprendre grand-chose»,observel’élue. Misogynie. Parmi les scènes les plus virales, celle aussi d’Alex Hitchens, dont les propos sont régulièrement jugés, là encore, misogynes. Mécontent de la question posée par Arthur Delaporte, l’influenceur, connecté à distance, a coupécourtàl’entretien.Ilaensuitepréciséenprivé qu’il ne se représenterait qu’après convocation parunhuissier. Le socialiste a également été pris à partie par Nasdas, connu pour ses publications Snapchat maisaussiprésentsurTikTok.Alorsqu’ildéplace le débat sur « la santé mentale des créateurs de contenu», Arthur Delaporte esquisse un sourire motivé, assure-t-il, par la vue d’un message sur son portable. « Ça vous fait sourire Monsieur le député?»,luilancealorsNasdasàdeuxreprises. « Je ne vous demande pas de me faire des remarques»,répondl’élu. « C’était un exercice très délicat », confie a posteriori Arthur Delaporte. « Le chemin de crête pour éviter la stigmatisation ou la complaisance était assez dur à trouver quand vous avez face à vous des gens qui sont habitués au clash et n’ont pas l’habitude du cadre institutionnel», poursuit celui qui considère que « dans un mondenormal,onnefaitpasça». « Mondeparallèle ».DéstabiliséspardesattitudesauxquelleslePalaisBourbonestétranger, les députés ont souvent payé leur méconnaissance de l’univers sur lequel ils se sont penchés. « C’est un sujet sur lequel nous ne sommes pas bons, nous parlementaires nationaux », reconnaît en ce sens Laure Miller, qui dit avoir «découvert une espèce de monde parallèle » par cette commissiond’enquête. Sur le fond, les députés regrettent en plus de n’avoir obtenu que peu d’informations sur la manière dont les influenceurs tirent profit de leur activité sur TikTok. Les créateurs de contenu ont le plus souvent renvoyé la responsabilité aux plateformes elles-mêmes ou aux parents, qui ne surveilleraient pas assez leurs enfants. « On a l’impression qu’ils ne comprennent pas l’impactqueleurscontenuspeuventavoirsurles mineurs, ils nient toute responsabilité», déplore ArthurDelaporte. Devenusl’objetdu«buzz»qu’ilssouhaitaient décortiquer, les élus ont tout de même pu observer de plus près la mécanique qui forge le réseau social. «Les vidéos qui circulent et l’ampleur que ça prend ne me plaît pas forcément », affirme d’ailleurs Laure Miller, alors que les extraits servent le plus souvent à tourner en dérision les travaux parlementaires. « Ça confirme que les réseaux sociaux fonctionnent en mettant en avant des propos excessifs, violents et polarisés pour maintenir notre attention, et qu’eux s’engouffrent là-dedans », ajoute la députée, qui fait aussi le lien avec le décès d’une surveillante poignardée mardi dans un collège en Haute-Marne, et dont le drame a une fois de plus mis la focale surl’expositiondesjeunesauxréseauxsociaux. Les auditions reprendront jeudi, avec cette fois-ci des employés de TikTok. Le rapport est aussi attendu pour le mois de septembre, avec l’espoir pour ses auteurs de reprendre le dessus surunécosystèmequileuréchappeencore. @DinahCohen @DinahCohen X X LacommissionTikTok,unclash entredéputésetinfluenceurs Lesparlementairesontsouventété déconcertéspardescréateursdecontenu peuhabituésauxcodesduPalaisBourbon Brasdefer Mardi, sur le plateau de France 2, Emmanuel Macron a réagi à la mort d’une surveillante tuée par un collégien, en proposant une nouvelle fois l’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Matthieu Deprieck C’est une histoire belge qui dure depuis deux ans et qui ne fait plus rire personne. Mardi, Emmanuel Macron a promis une nouvelle fois d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Exactement ce que prévoit une loi qu’il a lui-même promulguée en juillet 2023. Comment une telle absurdité est-elle possible? Au printemps 2023, la création d’une majorité numérique fixée à 15 ans, portée par le député Horizons Laurent Marcangeli, est adoptée à l’unanimité. Le texte passe tous les obstacles, mais bute sur l’ultime haie. Les décrets d’application ne seront jamais pris parce que jugés contraires au droit européen. Le règlement sur les services numériques (DSA) encadre les plateformes et notamment la protection des mineurs en ligne. C’est le plus haut niveau de contrainte. Aucun Etat membre ne peut aller au-delà. Lorsqu’il commence à travailler à sa proposition de loi en septembre 2022, Laurent Marcangeli ne l’ignore pas. Un conseiller dans son équipe, expert du sujet, sait qu’à l’article 35 du DSA figure un alinéa qui exige des plateformes la protection des enfants. « Responsabilités ». Un mois après la promulgation de la loi, en août 2023, le commissaire européen Thierry Breton envoie un courrier pour notifier à la France que deux propositions de loi sont contraires au règlement européen: celle sur les influenceurs et l’interdiction des réseaux sociaux aux mineurs de 15 ans. La première se faufile, pas la seconde. Depuis, nombreux sont les responsables politiques à jurer qu’ils vont imposer cette interdiction des réseaux sociaux. En mai, la ministre déléguée au numérique, Clara Chappaz, affirmait dans La Tribune dimanche se donner trois mois pour convaincre la Commission européenne de renforcer le DSA. Sinon ? « La France prendra ses responsabilités. » Mardi, Emmanuel Macron a brandi la même menace si la situation n’évolue pas « d’ici quelques mois ». A Renaissance, on s’agace d’un « surplace insupportable pour les gens », qui entendent toute la classe politique promettre en boucle une mesure qui ne vient pas. En décembre 2023, alors ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal avait qualifié l’utilisation des réseaux sociaux par les enfants de « catastrophe sanitaire ». En avril 2025, il a, lui aussi, proposé l’interdiction aux moins de 15 ans. Que peut la France ? Plusieurs initiatives sont en cours. Les eurodéputés français du groupe Renew proposent d’intégrer à un rapport d’initiative l’obligation de vérification de l’âge par les réseaux sociaux. Ce rapport doit être adopté en octobre et fixer la position du Parlement européen avant l’examen par la Commission du prochain règlement sur le numérique, le Digital Fairness act, qui ne sera pas proposé avant mi-2026. Le temps est très long à Bruxelles. Si la France envisage de se comporter en bonne élève, elle pourrait attendre 2028 ou 2029 pour obtenir un strict contrôle de l’âge sur les réseauxsociauxdanslecadredeceDigitalFairness Act. A moins que le fond de l’air ne change et que le tempo s’accélère. La sénatrice Union centriste, Catherine Morin-Desailly revient de la réunion des représentants des 27 parlements de l’UE à Varsovie. Elle note que le sujet a été largement débattu. « C’est le moment de mener le combat contre des plateformes qui ont un modèle toxique », encourage-t-elle. Lobbying. La France essaie de bâtir une coalition, qui pour l’instant se limite à la Grèce et l’Espagne. Côté Renew, on observe les Danois se rapprocher. Catherine Morin-Desailly est prête à déposer une proposition de loi pour encadrer l’usage des réseaux sociaux par les enfants et une proposition de résolution européenne pour aider la France à plaider auprès de la Commission européenne. Ce lobbying prendra du temps, très certainement beaucoup plus que les quelques mois évoqués par Emmanuel Macron. Ne restera alors plus que la manière forte : appliquer les décrets de la loi Marcangeli, malgré l’opposition de la Commission. « La France est passée outre sur le contrôle de l’âge pour les sites pornographiques, rappelle-t-on côté Renew. Mais refaire le coup sur les réseaux sociaux risque d’être mal vu par Bruxelles. » Malgré leur dangerosité avérée, les réseaux sociaux ne souffrent pas de la même image que les sites porno. Ce qui a été toléré pour les uns le sera-t-il pour les autres ? Certaines voix au Parlement européen s’élèvent en plaçant le débat sur le terrain de la liberté d’expression. « Qu’est-ce qui empêcherait Viktor Orban d’interdirelesproposenlignefavorablesauxdroits LGBT par exemple? », soulève une conseillère du groupe Renew. Emmanuel Macron va certainement devoir utiliser la matière forte s’il veut mettre fin à ce cas d’humour absurde. @mdeprieck @mdeprieck X X Interdirelesréseauxsociaux: lamauvaiseblaguesepoursuit Bientôtunemajoriténumériqueà15ans?Une loiencesens,adoptéeen2023,n’ajamaisété appliquée,surfonddeconflitavecBruxelles A Renaissance, on s’agace d’un « surplace insupportable pour les gens », qui entendent toute la classe politique promettre en boucle une mesure qui ne vient pas Arthur Delaporte est député socialiste et président de la commission TikTok. SIPA PRESS Santémentaledesjeunes:enfindesmesures,maiscelasuffira-t-il? Lorsque Michel Barnier, éphémère Premier ministre, a annoncé lors de son discours de politique générale que la santé mentale serait la grande cause nationale pour 2025, les acteurs du secteur se sont mis à espérer que la psychiatrie, considérée comme le parent pauvre de la médecine, serait enfin valorisée, appuyée, reconsidérée. Car la situation est gravissime : d’un côté, des besoins de plus en plus importants, avec en particulier une jeunesse fortement impactée par la crise de la Covid ; de l’autre, des métiers peu attractifs, qui font peur aux étudiants en médecine et pâtissent d’un manque d’attractivité – c’est surtout le cas pour la pédopsychiatrie, avec parfois un an d’attente pour obtenir un rendez-vous. Entre 30 et 40% des postes dans la psychiatrie hospitalière sont aujourd’hui vacants. Pensées suicidaires. Une enquête d’ampleur menée par la Drees a montré une progression des pensées suicidaires dans l’ensemble de la population depuis 2020, en particulier chez les moins de 25 ans, mais aussi une augmentation des difficultés émotionnelles chez les enfants et les adolescents, ainsi que de l’exposition aux facteurs de risque du syndrome dépressif (en particulier l’utilisation compulsive des réseaux sociaux) chez les jeunes femmes. Las, avec l’instabilité politique et le manque de marge de manœuvre du gouvernement actuel, la grande cause nationale a accouché d’une souris. Bien sûr, parler de santé mentale est déjà une bonne chose en soi et permet un début de déstigmatisation. Mais concrètement ? « Il ne s’est rien passé », résument en substance nombre de professionnels. En ce début de semaine, l’actualité est venuepercuterl’agendapolitiqueaveclemeurtre d’une surveillante de collège en Haute-Marne par un élève de 14 ans, après lequel Elisabeth Borne a rappelé l’importance d’agir sur la santé mentale des élèves. Hasard du calendrier, c’est ce mardi que Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, avait prévu de dévoiler ses mesures en la matière. Repérage. Il n’est pas certain que cellesci rassurent complètement les professionnels concernés, d’autant que le ministère de la Santé a tenu à souligner avant toute chose que les annonces n’étaient « pas financières », sans préciser si cela signifiait que les mesures se feraient donc à budget constant ou que leur volet financier serait détaillé plus tard. La priorité des priorités: repérer en amont les personnes qui souffrent de problèmes psychiatriques. C’est LE gros manque aujourd’hui en France et l’exécutif veut donc former tous azimuts à la détection précoce, surtout en milieu scolaire. D’ici 2026, tous les établissements scolaires du second degré (collèges et lycées) devront disposer de deux « personnels repères », formées pour ce repérage précoce, pour lequel sera créé un « modèle national ». Le gouvernement a également l’intention de développer les formations au secourisme en santé mentale, ainsi que de fournir un « kit de repérage » aux écoles. Concernant le soin lui-même, la France dispose de nombreuses structures, mais leur articulation fait défaut. Le ministère de la Santé veut donc remettre de la cohérence, « du souffle » dans ce maillage territorial du parcours de soins psychiatriques. Cela passera notamment par le renforcement des centres médico-psychologiques (CMP), à qui les agences régionales de santé accorderont des enveloppes supplémentaires, en particulier pour les rendez-vous non programmés et les suivis post-urgence. En cas de crise psychique, il sera aussi possible d’appeler un service d’urgence – au bout du fil, des personnes formées spécifiquement pour ces maux. Et puis le gouvernement veut doubler le nombre de médecins conventionnés participant au dispositif Mon Soutien Psy, de 6000 à 12000. Enfin, il y a la formation. On le disait, les jeunes docteurs fuient les filières psy, accentuant la pénurie de médecins spécialisés. « C’est aussiunecrisedevocation,d’attractivitédumétier », reconnaît l’entourage de Yannick Neuder, qui veut donc implémenter dans chaque école de médecine un module de psychiatrie avancée, et faire passer le nombre d’internes dans ce domaine de 500 à 600 par an. Une mission nationale sera lancée, afin d’étudier les conditions de travail en psychiatrie. Ses conclusions et un plan d’action seront présentés début 2026. Jon Elizalde @Jon_Elizalde @Jon_Elizalde X X 4 l’Opinion 12 juin 2025 Devoirdevacances Le ministre de la Justice lance la concertation sur sa réforme ce jeudi en invitant présidents des partis politiques, groupes parlementaires et syndicats à y participer. Marie-Amélie Lombard-Latune Deux mois et demi : c’est le délai que Gérald Darmanin dit avoir attendu pour que l’administration lui fournisse la liste des « 235 » peines aujourd’hui applicables en France. Un registre qu’il entend réduire à 3 ou 4 sanctions. Ce labyrinthe, que même les magistrats spécialisés ont, il est vrai, souvent bien du mal à expliquer, le garde des Sceaux en a eu, dit-il, une illustration avec les comparutions des fauteurs de troubles lors de la finale de la Ligue des champions. Pour constater que les magistrats, quand ils condamnent à une simple amende et du sursis un homme ayant lancé un mortier d’artifice sur un policier, appliquent la loi. « C’est notre faute si elle est mal faite », conclut le ministre. Presque six mois après son arrivée place Vendôme, et beaucoup de temps passé sur les prisons et le narcotrafic, Gérald Darmanin lance ce qu’il dit lui-même « appeler immodestement » sa « révolution pénale ». Soit une profonde révision de l’échelle des peines. Un sujet d’apparence technique mais aux implications majeures : réponse à la violence des mineurs, et, plus généralement, à la délinquance « qui empoisonne la vie des Français », lutte contre la récidive et réaction à la surpopulation carcérale endémique. « Utiles ». Le garde des Sceaux achève un semestre à la Justice mais sait aussi que deux ans le séparent, lui et les autres potentiels candidats, de la présidentielle de 2026. Or, dans la logique Darmanin, « Bruno [Retailleau] et moi, on fait des trucs », quand, simple constat, Edouard Philippe n’est, lui, « ni au gouvernement, ni au Parlement ». Le numéro trois de l’équipe Bayrou en est convaincu : « Deux ans, c’est long. Et les Français n’acceptent que les gens utiles : le maire et le ministre qui ont des trucs à dire ». Il espère donc boucler fin juillet, après concertation, un texte court, « de cinq ou six articles maximum » pour discussion à l’automne et entrée en vigueur en janvier 2026. Mais ne s’appesantit pas sur l’encombrement du Parlement, ni sur les propositions de loi (PPL) portant sur les peines planchers qui sont dans la file d’attente au Sénat (PPL Kervran) ou bientôt à l’Assemblée (PPL Ciotti). Pour couper l’herbe sous le pied à ces textes, Gérald Darmanin vend, lui, un projet « cohérent », avec étude d’impact et avis du Conseil d’Etat. Il met d’abord fin à l’aménagement quasi obligatoire des peines de moins d’un an de prison qui envoie « un message laxiste et est un non-sens pour le commun des mortels ». Mais il rappelle que la responsabilité en revient à la droite comme à la gauche, la mesure datant de Dominique Perben à la Chancellerie et ayant perduré sous « Taubira, Belloubet, Dupond-Moretti ». Idem pour le sursis, qui « a correspondu à une façon de fonctionner de la justice » mais ne va plus quand « on s’attaque à des policiers ». Mieux vaut « une peine immédiate, qui peut être exécutée », court séjour en prison mais aussi bracelet électronique ou travail d’intérêt général (TIG). Quant aux peines minimales – système « beaucoup plus dur que les peines planchers » – elles auront vocation à montrer que le justice peut « taper fort, et vite », alors qu’aujourd’hui, « nous traitons durement les récidivistes, mais pas les premiers faits [délictueux] ». Le ministre sait marquer des points en sortant des arcanes techniques du sujet, jonglant avec les exemples. Les peines de probation ? « Les Allemands les utilisent beaucoup. La prison est réservée aux gens très violents et il n’y a pas de surpopulation carcérale ». Pas de grande théorie, non plus. « Ce qui m’intéresse, c’est le spectre bas : les mineurs, les petits réitérants, les infractions inférieures à trois à cinq ans de prison, les rodéos urbains ». La suppression de tous les sursis ? Réponse pragmatique : « On en discutera. Au minimum pour les cinquante infractions qui emmerdent le monde ». Sa « lettre aux magistrats », datée du 11 mai et annonçant ce programme, n’avait pas eu beaucoup d’échos. Gérald Darmanin « récidive » donc auprès des médias. Pour le meeting de son mouvement, Populaires, ce mercredi soir, sur le thème des retraites, il a déjà son slogan : « Travailler tous ». Lui, dit-il, s’apprête à prendre « peu de vacances » tout en brossant le portrait du bon candidat pour une présidentielle – « une telle campagne, ça vous oblige à sortir de votre couloir ». @malombard @malombard X X Unministre,ça« faitdes trucs»:Darmaninveutsaloi Unprojet«cohérent»surlespeines deprison:c’estl’objectifquesefixelegarde desSceauxpourlesprochainsmois « Economies », « redressement », « responsabilité »: voici les mots qui reviennent ces derniers mois dans la bouche des ministres. Il était temps! Mais la situation est telle que de simples aménagements ne suffiront pas, nous n’avons pas le temps. La charge de la dette est déjà le deuxième poste de dépenses de l’Etat, et celui-ci devra lever cette année plus de 300 milliards d’euros sur les marchés financiers, après avoir déjà battu un record à 285 milliards en 2024. On ne pourra se contenter de ralentir l’augmentation de la dépense publique : il faut la réduire. On ne pourra se satisfaire de simplifier les normes : il faut déréglementer. On ne pourra se limiter à stabiliser les prélèvements obligatoires: il faut les baisser. Seule une méthode rationnelle et radicale permettra de redresser les finances de notre pays. Il n’y a pas de fatalité. Il suffit de regarder ce que d’autres ont réussi : la Suède, la Nouvelle-Zélande, le Canada, sans oublier la Grèce, qui était ruinée il y a dix ans. Regardons aussi le Portugal, ou encore l’Espagne et l’Italie, qui ont su se doter d’une industrie plus puissante que la nôtre et rétablir leurs comptes. Poincaré. Regardons l’Argentine, qui est désormais en excédent budgétaire. Regardons aussi ce que la France a su faire dans le passé pour se redresser, avec Poincaré dans l’entredeux-guerres, et en 1958 avec de Gaulle et le plan Rueff. Il est plus qu’urgent d’en finir avec le laisser-aller. Entre 2017 et aujourd’hui, si nous nous étions contentés de suivre la trajectoire moyenne de la zone euro, nous aurions 400 milliards de dette en moins et des charges d’intérêts divisées par deux. Pour l’instant, malgré la convocation de « comités d’alerte », de « conférences financières »etde« roquelaures »,iln’yaaucunplan concret sur la table sinon la menace constante de hausse des impôts. Alors comment faire ? Dans un contexte parlementaire d’une difficulté inédite, c’est d’abord en disant la vérité aux Français sur lesquels il faut s’appuyer pour proposer un changement radical de logiciel. Dans cet exercice de « table rase à la Descartes », voici quelques certitudes libérales: –Avant de dépenser, il faut produire. Le PIB doit donc toujours croître plus vite que les dépenses publiques; –Les entreprises sont les seuls créateurs de richesse, par le travail et le capital; –Trop d’impôt tue l’impôt… et le contribuable. Et finit même par tuer le service public; –Un Etat fort sur ses missions fondamentales – notamment la sécurité et la justice – est indispensable au fonctionnement de l’économie et à la société; –Plus l’Etat s’occupe de ce qui ne relève pas de lui, moins il est efficace sur ce qui relève de sa raison d’être, le régalien; –La liberté locale, et son corollaire la responsabilité, sont un gage de performance publique. A l’inverse, le centralisme, qui éloigne la décision et l’action publiques du citoyen, déresponsabilise : il est inefficace, coûteux, sclérosant; –La dépense publique n’est pas mauvaise en soi, mais son excès par rapport à la richesse, oui : réduire les dépenses de fonctionnement est efficace, raboter les dépenses d’investissement est contre-productif. Une fois ces principes posés, il faut examiner objectivement où sont les dépenses. Les collectivités locales, quelles que soient les erreurs de gestion qui peuvent toujours exister – et il en existe – ne sont pas sur le plan macrofinancier le problème des comptes publics : elles ont des budgets à l’équilibre et respectent la règle d’or, leur dette est stable depuis trente ans à 9% du PIB, et elles n’empruntent que pour investir. Malgré le millefeuille, elles représentent 19% (11% du PIB) de la dépense publique contre une moyenne européenne de 31% (40% du PIB). Il y a des cas de gaspillages et de dépenses excessives. S’ils doivent être dénoncés et supprimés, faire porter la faute de la dérive des comptes publics sur les collectivités détourne l’attention des erreurs et de la responsabilité des exécutifs nationaux qui se sont succédé. Et du vrai problème. Car ceux qui ont accumulé 3000 milliards d’euros de dette viennent aujourd’hui expliquer aux gestionnaires locaux qu’il faut être « responsables ». L’hypocrisie ne s’arrête pas là: à l’heure où les collectivités sont sommées de réduire leurs dépenses, le gouvernement continue « en même temps » de leur en imposerdenouvelles.C’estlecaslorsqu’ilaugmente de 13 points (!) entre 2023 et 2028 leurs cotisations retraites (dans lesquelles il a déjà pioché plus de 100 milliards ces dernières décennies pour sa propre fonction publique !) pour alimenter un système déjà mort qu’il refuse de réformer. C’est aussi le cas avec la transposition en cours de la directive sur la rénovation énergétique, qui va imposer aux collectivités de rénover chaque année 3% de la surface chauffée des bâtiments de plus de 250 m², chiffrée à 10 milliards d’euros pour les collectivités. C’est le cas toujours lorsqu’il ajoute des compétences nouvelles aux collectivités sans financement, comme l’entretien des digues, la protection des inondations ou le service public de la petite enfance. Doublons. S’il faut permettre aux collectivités de faire des économies, l’urgence est d’abord de réformer l’Etat et le système social. La suppression des agences inutiles et des doublons est un travail indispensable, mais qui n’a de portée que si l’on déréglemente et réduit le périmètre de l’Etat, privatise tout ce qui peut l’être, abroge massivement des normes. Et ne fonctionne que si l’on supprime les 600 000 postes administratifs de trop en ciblant le non-remplacement des départs à la retraite et remet des agents sur le terrain, introduit de la concurrence y compris dans le fonctionnement des administrations et des collectivités, et instaure une culture de la responsabilité dans l’administration. Il faut aussi refondre notre « modèle social » avec en premier lieu notre système de retraites, qui représente un quart des dépenses publiques. Introduction d’un étage de retraite par capitalisation obligatoire, convergence des régimes de retraite public et privé, limitation de l’indexation des pensions les plus élevées et suppression de l’abattement de 10% : les propositions existent. Enfin, notre système fiscal est à bout de souffle. Il pénalise les entreprises, le travail, la propriété, l’investissement. Il est donc plus que temps de baisser massivement les impôts de production, supprimer de la fiscalité nationale et la remplacer en partie moindre par de la fiscalité locale qui engage ceux qui la votent et incite ainsi à la sobriété, cesser le matraquage fiscal des propriétaires qui résulte de la création de l’IFI et de la nationalisation de la taxe d’habitation. « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée », écrivait Descartes dans son Discours de la méthode. Alors, soyons méthodiques, pensons avant de dépenser. Ainsi va la France. David Lisnard est président de Nouvelle Energie et maire de Cannes. « Faire porter la faute de la dérive des comptes publics sur les collectivités détourne l’attention des erreurs et de la responsabilité des exécutifs nationaux qui se sont succédé » Retrouveztoutesnoschroniques surlopinion.fr « Il faut refondre notre modèle social, avec en premier lieu notre système de retraites, qui représente un quart des dépenses publiques » Ainsiva laFrance Cogitoergosum –pensonsavant dedépenser Lachronique de David Lisnard « Les Français n’acceptent que les gens utiles », estime Gérald Darmanin. SIPA PRESS Fin juillet, le ministre de la Justice espère boucler après concertation un texte court, « de cinq ou six articles maximum », pour une entrée en vigueur en janvier 2026 A l’issue d’une réunion avec les organisations de taxis, mobilisés depuis plusieurs semaines contre la nouvelle convention de l’Assurance maladie régissant le transport des malades, le gouvernement a fait savoir, par la voix de Yannick Neuder, le ministre de la Santé, qu’il fallait « continuer à travailler ensemble pour trouver des solutions qui soient d’intérêt national ». Censé entrer en vigueur le 1er octobre, le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par la Sécurité sociale, puis un tarif kilométrique. Une nouvelle réunion entre les pouvoirs publics et la profession aura donc lieu dans quinze jours. D’ici là, l’Assurance maladie (Cnam) devra évaluer les propositions faites par les taxis. « Le ministre a compris que le système proposé par les services de la Cnam n’était absolument pas viable pour les entreprises de taxi », a souligné à l’issue de la réunion Rachid Boudjema, président de l’Union nationale des taxis. Il s’agit notamment de prendre en compte le retour au compteur (et non au forfait) pour la plupart des trajets, et la « marche lente » en cas de bouchons. Transportdemalades. Legouvernement vaétudierlespropositions destaxis 12 juin 2025 l’Opinion 5 à lait confondues – dans les deux cas, c’est de la viande en moins. La production ovine, pourtant vertueuse car extensive, est sous pression de la concurrencenéo-zélandaiseetduloup.Lecheptelareculéde9%en10ans. « Nous devrions reconquérir la production, la souveraineté. C’est essentiel dans ce monde où, en un discours, le président d’une grande puissance peut bouleverser tous les échanges mondiaux, avance Philippe Bizien, président de la section porcine de la Coopération agricole. Mais nous faisons face à un défi générationnel énorme : 40% des porcs sont élevés par des agriculteurs de plus de 65 ans ! Si on n’incite pas les jeunes générations à prendre le relai, on n’y arriverapas.» Contraintes. Le monde de l’élevage pointe l’opprobre qui le frappe, la difficulté paradoxale à faire évoluer la production pour répondre aux besoins. Pour le porc, comme pour la volaille, installer des élevages, ou les agrandir, est un parcoursducombattant.«Aujourd’hui,endépitdes besoins,desélevagesnevoientpaslejouràcause de l’insécurité normative, des difficultés administratives et de la multiplication des recours. Nous avons formulé depuis plus d’un an des demandes d’évolution règlementaires. Toutes Saignée La loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture a été promulguée le 24 mars 2025. Elle prévoit l’organisation de conférences de la souveraineté alimentaire en 2026. Pour la viande, il y a urgence. Emmanuelle Ducros La consommation de viande des Français baisse, individuellement. Elle est passée de 90 kilos par an et par personne en 1990 à 83 kilos aujourd’hui, selon France Agrimer. Pour autant, elle ne baisse pas en volumes : 5,9 millions de tonnes équivalent carcasses en 2024, c’est 3,6 % de plus qu’en 2023 et 10% de plus qu’il y a 30 ans. C’est, en partie, dû à l’augmentation de la population. Et aussi à l’évolution des types de viandes consommées. On mange, en volumes globaux, 12% de bœuf et 46% d’agneau de moins qu’en 1995... Mais 63% de poulet en plus. C’est, à 2,2 millions de tonnes équivalent carcasses par an, la viande la plus consommée en France depuisl’anpassé. Or, la production ne suit pas. S’il y a 30 ans, l’Hexagone répondait très bien à ses propres besoins en viande, ce n’est plus le cas. La productionabaisséde12,5%surcettepériode.Seule la filière porcine se maintient. Les volumes ont chutéde15%pourlavolaille,de21%pourlebœuf et de 36% pour l’agneau. « La question de la souveraineté alimentaire se pose pour les produits carnés, insiste Bruno Colin, président du pôle animal de la Coopération agricole. On produit de moins en moins, mais on importe de plus en plus pour compenser. Le consommateur ne s’est aperçu de rien. Les rayons sont remplis. La réalité, c’est que pour certaines viandes, nous ne nousnourrissonsplusnous-mêmes.» Selon les décomptes du ministère de l’Agriculture de 2023, les importations de viande en Francereprésentaientplusde30%delaconsomont été refusées dans les projets de loi successifs », tonne Philippe Bizien. En attendant que, peutêtre, la loi dite « Duplomb » corrige ce point, lors de son examen en commission mixte paritaire le 30 juin, la France applique toujours à ses élevages des contraintes de seuils supérieurs à ce quefontsesvoisins. Un exemple ? Les classements en installations industrielles (ICPE), qui impliquent de lourdes contraintes et des enquêtes publiques, se déclenchent en France pour 2 000 porcs élevésparan,quandc’est3000enEurope.Pourles volailles, le seuil est de 40 000 têtes en France, 60 000 ailleurs. La taille de nos élevages reste logiquementinférieureàlamoyenneeuropéenne. « Tout est ralenti, compliqué, décourageant. Nous ne voulons pas un allègement des contraintes environnementales. Seulement les mêmes règles du jeu ! plaide Philippe Bizien. On a tous à y gagner, les consommateurs et les citoyens aussi. Des élevages modernes, pour lesquels on ne décourage pas la prise de risque et l’investissement, ce sont des effets sur l’environnement réduits, pour les effluents comme pour le carbone, un bien-être animal amélioré et une meilleurequalitédeviepourleséleveurs.» @emma_ducros @emma_ducros X X mationtotale.C’estlamoitiépourlepoulet,60% pour la viande ovine – dont 55% pour l’agneau, qui vient surgelé par bateaux de Nouvelle-Zélande. Pour la viande bovine, l’Institut de l’élevage calcule qu’un quart de la consommation françaisevientmaintenantd’ailleurs.Iln’yaplus quepourleporcquelaFranceestautosuffisante, mais ce chiffre masque l’affaiblissement de certains segments. « Pour le porc, comme pour d’autres productions, la France est compétitive sur les animaux vivants, mais dès qu’on parle de produits transformés, c’est fini, détaille Thierry Pouch, chef économiste des chambres d’agriculture.Donc,leporcfraisconsomméenFranceest français,maislesproduitsàvaleurajoutée,charcuteries et salaisons, sont de plus en plus importés. » Cela finit par coûter cher. En 2024, selon Agreste, l’institut statistique agricole, la France a importé pour trois milliards de viandes. Une facture alourdie de 3% en un an... mais surtout trois foissupérieureàcequ’elleétaitilya10ans. Les professionnels de l’élevage alertent. Nos capacités de production s’érodent et, le renoncement à la viande n’étant le fait que de 2,5% de la population, nos importations sont vouées à augmenter encore. En 10 ans, le cheptel bovin français, qui compte dix millions de bêtes, a perdu 10% de ses effectifs, vaches à viande et vaches La consommation française de viande et les importations En millions de tonnes SOURCES : AGRESTE, FRANCEAGRIMER ET IDELE Volaille 2,17 Importations 2,1 1,4 0,2 Porc Bovins Ovins 50% 1% 25% 60% Laproductiondeviandefrançaisebaisse, alertesurlasouverainetéalimentaire Désormais,30%desproduitscarnésconsommésdansl’Hexagonesontimportés, alorsquelescapacitésetvolumesdeséleveursnationauxnecessentdebaisser Nombre de vaches en France En milliers de têtes, au 1er décembre SOURCES : GEB-INSTITUT DE L’ÉLEVAGE D’APRÈS SPIE-BDNI 4 200 2012 2008 2016 2020 2024 4 000 3 800 3 600 3 400 3 200 Vaches allaitantes Vaches laitières -542 -440 Les Français consomment plus de volailles qu’ils n’en produisent En milliers de tonnes-équivalent-carcasse SOURCE : AGRESTE 2005 2000 2010 2015 2020 2023 4 000 3 800 3 600 3 400 3 200 Production Consommation 6 l’Opinion 12 juin 2025 Vœupieux 95 pays viennent d’appeler à l’adoption d’un futur traité « ambitieux » qui restreint la production de plastique. Irène Inchauspé « Beaucoup de pays disent : “On va arrêter, on va faire du recyclage”. Mais non, il faut sortir du tout plastique », a insisté Emmanuel Macron, invité de France 2, mardi 10 juin, pour la soirée « Urgence océan: un sommet pour tout changer ». Pour le chef de l’Etat, la priorité est désormais de « réduire massivement l’utilisation du plastique », en menant cette transition « secteur par secteur ». Pas moins de 95 pays ont signé une déclaration en ce sens. « Nous appelons à l’adoption d’un objectif mondial visant à réduire la production et la consommation de polymères plastiques primaires à des niveaux durables », écrivent les signataires de cette déclaration. Les 95 pays réclament également la mise en place d’une obligation juridiquement contraignante pour « éliminer progressivement les produits plastiques les plus problématiques et les substances chimiques préoccupantes », ou encore la création « d’un mécanisme financier » pour appliquer les mesures de ce traité, notamment à travers le principe de pollueur-payeur pour aider les pays en développement. De belles intentions qui pourraient se concrétiser à Genève en août. La communauté internationale doit à nouveau s’y rassembler, pour négocier un accord contraignant sur le plastique. Les dernières négociations en décembre 2024 à Busan (Corée du Sud) avaient échoué sur ce point. Même si un accord contraignant était finalement signé, il y a un éléphant d’Asie et un bison d’Amérique dans la pièce. La Chine est largement le premier producteur de plastique au monde (33% du total) suivi par les Etats-Unis (17%). Or, ces deux pays ne sont pas signataires de la déclaration. La pollution plastique ne doit pas être une priorité du président des Etats-Unis. Dès février, Donald Trump a d’ailleurs signé un décret pour annuler les objectifs de suppression des plastiques à usage unique dans l’administration américaine. Joe Biden avait décidé de bannir tous les objets en plastique jetables – tels que les pailles, les assiettes ou les couverts – des ministères et agences fédérales d’ici à 2035. Plan quinquennal. La Chine, elle, avait lancé en 2020 un plan quinquennal pour réduire la consommation de plastique, notamment ceux à usage unique dans la restauration, les commerces et les hôtels. Selon les chiffres officiels donnés avant les négociations de Busan, de gros progrès ont été faits. En matière de réduction à la source, dans le secteur de la livraison de repas, plus de 6 milliards de commandes « sans couverts » ont été enregistrées en août 2023, réduisant considérablement l’utilisationdevaisselleenplastiqueàusageunique. Dans le secteur de la livraison express, fin 2020, 90% des emballages utilisaient des rubans adhésifs « allégés », 70% des colis du commerce en ligne n’étaient plus emballés deux fois, et le taux d’utilisation de sacs de transport recyclés a atteint 90%. Il reste quand même à la Chine un océan à franchir pour signer un accord contraignant. Comme au Brésil, à l’Arabie saoudite, à la Russie et à l’Iran qui ne sont pas signataires non plus de la déclaration. @iinchauspe @iinchauspe X X Pollutionplastique:pourquoila déclarationdeNicenesuffitpas NilaChine,nilesEtats-Unis,lesplusgros producteursaumonde,nesontsignatairesde l’engagementprislorsdusommetsurl’océan Avertissement La Chine et les Etats-Unis devraient prolonger un peu leur trêve commerciale. Mais rien n’est réglé, comme pour la majorité des partenaires économiques de Washington. Muriel Motte Pas de récession en vue, mais peut-être la stagnation. Mardi, la Banque mondiale a revu en baisse la croissance économique mondiale : 2,3% cette année, un chiffre réduit de 0,4 point, et le plus faible depuis dix-sept ans si on fait abstraction des deux récessions du siècle (2008 et 2020). En cause, notamment, « le haut niveau d’incertitude politique et l’augmentation de la fragmentation du commerce », a commenté le chef économiste de la Banque, Indermit Gill. De quoi étayer le discours prononcé à Pékin par la présidente de la BCE, Christine Lagarde devant ses homologues de la banque centrale chinoise. « Des frictions se multiplient entre des régions dont les intérêts géopolitiques ne sont pas toujours parfaitement alignés. Pourtant, ces régions sont plus profondément intégrées économiquement que jamais. Il en résulte que, si l’incitation à coopérer est réduite, les coûts de son absence sont désormais amplifiés », a-t-elle insisté. Quelques chiffres pour argumenter son propos : depuis la fin de la guerre froide, le commerce de biens et services a pratiquement quintuplé pour atteindre plus de 30 000 milliards de dollars. Sa part dans le PIB mondial est passée d’environ 38% à près de 60%. Et les pays sont devenus beaucoup plus intégrés grâce aux chaînes d’approvisionnement désormais planétaires. A la fin de la guerre froide, ces chaînes représentaient environ les deux cinquièmes du commerce mondial. Aujourd’hui, elles en représentent plus des deux tiers. Coup de massue. Particulièrement ouverte au monde, en pleine négociation avec les Etats-Unis sur les tarifs douaniers, l’Europe joue gros : « Les exportations de l’UE vers le reste du monde génèrent plus de 2 500 milliards d’euros de valeur ajoutée, soit près d’un cinquième de la valeur ajoutée totale [de l’UE], et soutiennent plus de 31 millions d’emplois », a précisé Christine Lagarde. AlorsquelaBanquemondialeadenouveau alerté sur les risques d’une décennie 2020 historiquement faible sur le plan économique, le lien avec l’état du commerce apparaît évident. Selon le FMI, les restrictions commerciales sur les biens, les services et les investissements ont triplé depuis 2019 seulement. Les droits de douane de Donald Trump sont un coup de massue supplémentaire. « Aujourd’hui, la moitié de la croissance chinoise est le fait de l’extérieur, note Florence Pisani, responsable de la recherche chez Candriam. Malgré la “trêve” commerciale annoncée avec les Etats-Unis, atteindre 5% de taux de croissance sera difficile ». Elle estime qu’une hausse des “tariffs” américains de 30% seulement retirerait 1% à la croissance chinoise. Washington comptant sur les recettes douanières pour équilibrer son budget, un retour à la situation pré-“liberation day” est inenvisageable. Malheureusement pour le reste du monde, les Etats-Unis, qui représentaient moins de 30% de la demande générée par les pays du G20 il y a dix ans, pèsent aujourd’hui près de 35%. C’est ce déséquilibre croissant de la demande américaine que Donald Trump compte corriger avec un mauvais instrument: les droits de douane. @murielmotte @murielmotte X X ChristineLagardealerte surlescoûtsdudécouplage APékin,laprésidentedelaBanquecentrale européennes’inquiètedel’effetnéfaste despolitiquescommerciales«coercitives» Nichefiscale Le crédit d’impôt pour les emplois à domicile coûtait près de six milliards d’euros en 2023. Marc Vignaud Le gouvernement paraît décidé à faire des économies sur le crédit d’impôt sur les services à domicile. Interrogée sur RTL mardi, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, l’a clairement inclus dans le périmètre des niches fiscalesauxquelleselleapromisdes’attaquer. Que les parents et les seniors se rassurent, ils ne seront pas concernés. « Il y a deux sujets sur lesquels je crois que, collectivement, nous voyons que ça marche et qu’il ne faut pas toucher: c’est tout ce qui touche à la garde d’enfants et à l’accompagnement des personnes âgées», a précisé la ministre. En revanche, les autres prestations,dontleménage,lejardinageoulesportà domicile,nesontpassanctuarisées. Le crédit d’impôt pour les services à domicile, qui concerne 26 activités, atteint 50% des dépenses engagées (salaire net + cotisations patronales). « Est-ce qu’au fond, c’est le bon périmètre? Est-ce que c’est un bon taux de remboursement? Quel est le bon équilibre entre le travail au noir qu’on ne veut pas encourager et le bon usage de l’argent public? », a feint de s’interrogerlaministre,encitantlescoursdesoutienscolairesetlesportàdomicile. Un rapport publié en octobre 2024 par le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) répond à ses questions. « Le crédit d’impôt sur l’emploi à domicile constitue une parfaite illustration des dérives d’un avantage fiscal mal suivi et aux objectifs multiples», pouvait-on lire dans le rapport particulier dédié au sujet attaché à ce travail plus large. Avant de cingler: « ll est (…) toutàfaitclairqueladépense,souffredésormais d’uneréelleinefficience».Etlemanqueàgagner est important pour l’Etat: près de six milliards d’euros en 2023. Sur ce montant, les dépenses consacrées à l’entretien de la maison et les travaux ménagers comptent pour jusqu’à la moitié. Lebricolageetlejardinageatteignent15%. «Résultatsdécevants».Alorsquelesdéfenseurs du crédit d’impôt mettent en avant la lutte contre le travail au noir, les auteurs du rapport particulierconsidèrentqueles«résultatssontdécevants»surcepoint.Lenombred’heuresdéclarées dans le cadre des dispositifs de soutien aux servicesàlapersonneareculéde9%depuis2011. Du point de vue de l’équité fiscale, le crédit d’impôt à domicile est loin d’être optimal. Ce sontlesplusaisésquienprofitentleplus.Letaux de recours dépasse 50% pour le 1% de ménages les plus riches contre 10% pour ceux qui correspondentauseuildes30%lesmieuxlotis. Adéfautd’uneréformepluslarge,leCPOpropose de réduire l’avantage fiscal de 50% à 40%, hors garde d’enfant à domicile et prise en charge despersonnesâgées.Pourl’Etat,celapermettrait de récupérer plus de 700 millions d’euros. Sans pour autant favoriser le travail au noir, à en croire le CPO. Selon lui, le coût d’un salarié à domicile est « substantiellement moins coûteux » que le travail dissimulé. La facture pour l’employeur, charges comprises, représentait 18,69 euros par heure en 2021, soit 9,35 après crédit d’impôt, contre11,38eurosaunoir. Une rationalisation sans doute nécessaire, mais qui joue une nouvelle fois sur le levier fiscal. Amélie de Montchalin a promisderecyclerunepartiedes gainsenbaissesd’impôts. Commentlecréditd’impôtsur l’emploiàdomicileseraitraboté LaministredesComptespublics,Amélie deMontchalin,apromisd’épargnerlagarde d’enfantsetlesoutienauxpersonnesâgées C’estlebouquet Longtemps dénigré, le viager est de plus en plus demandé, tant par les vendeurs que les investisseurs.Lesopérationsnesontpluscantonnées en Ile-de-France (23% d’entre elles), ni dans le Sud-Est (13%). Plus de 80000 retraités ont choisi de franchir le pas. Sandra Mathorel L’histoire est aussi célèbre que sa tête d’affiche. En 1965, André-François Raffray, notaire quadragénaire exerçant à Arles (Bouches-duRhône), pense faire une bonne affaire en achetant en viager l’appartement d’une dame de 90 ans, situé sur la pittoresque place Antonelle. Lavendeusedécède32ansplustard.Elles’appelait Jeanne Calment. Au total, le bien a été payé plus de deux fois son prix. «Il y a pas mal d’idées reçuessurleviager,défendStanleyNahon,directeur général de Renée Costes, pionnier français de ce type de ventes en démembrement. En réalité,laduréemoyenned’unviagerestde15ans.» Si cette opération a longtemps véhiculé une imageerronéede«placementpourpigeons»par la culture populaire, le viager connaît depuis la Covidunregaind’intérêt.«C’estunpetitmarché, mais il est en croissance de 20% depuis 2020, à rebours du résidentiel classique », commente Stanley Nahon, en préambule de la présentation du baromètre du viager et de la nue-propriété, publié mercredi 11 juin. Les investisseurs sont séduits par ce placement sans impôt, ni risques locatifs. Les retraités, eux, y voient une bonne solution pour améliorer leur pouvoir d’achat, largement grignoté par le coût de la vie, et pour fairedesdonationsàleursenfantsdeleurvivant. Chaque année, le viager permet de redistribuer 1,1 milliard d’euros aux bénéficiaires... Voilà de quoi en convaincre plus d’un. Le viager consiste à vendre la nue-propriété d’un bien immobilier à un tiers en échange d’un « bouquet » (en général 30% de la valeur du bien), et d’une rente périodique (le plus souvent mensuelle), qui prend en compte l’âge et l’espérance de vie du vendeur. Il est aussi appliqué une décote si le vendeur souhaite continuer à vivre dans son logement(leviagerditoccupé,lepluscourant). Donation.SelonlebaromètreRenéeCostes, qui gère environ 16 000 contrats, le bouquet moyens’élèveà76252eurosetlarenteà711euros parmois.«Quandonsaitquelaretraitemoyenne en France est de 2300euros mensuels, on comprend vite que cette rente améliore beaucoup le quotidien, note Stanley Nahon. C’est d’ailleurs la raison principale de la vente en viager, pour plus de la moitié des vendeurs. Pour 21% d’entre eux, il permet aussi de faire une donation d’argent à leurs enfants. Le potentiel de développement du viager est important, car il répond aujourd’hui à devraisenjeuxsociétaux.» L’investisseur, lui, apprécie ce placement sansfiscalité(mêmel’impôtsurlafortuneimmobilière est payé par le vendeur), ni contrainte locative. « Certains se sont tournés vers cette solution patrimoniale, car ils ont été échaudés par des impayés de loyers ou qu’ils ne veulent plus acquitter de revenus fonciers, explique Igal Natan, directeur associé de Renée Costes. Il y a eu un afflux de demandes l’année dernière au moment du changement de fiscalité de la location meublée non professionnelle (LMNP). Nous avons aujourd’hui bien plus d’investisseurs potentielssurlisted’attentequedevendeurs.»Seul bémol et pas des moindres, l’acheteur doit tenir compted’unaléanonnégligeable:ilneserapleinementpropriétairequ’audécèsduvendeur. @MathorelS @MathorelS X X Laventeenviager serefaitunejeunesse Selonunbaromètredévoilémercredi, lemarchéestenpleinecroissancedepuis lapandémiedeCovid-19 Uncréditd’impôt toujoursplus coûteux En milliards d’euros SOURCE:CONSEILDESPRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES-D’APRÈSLACOURDES COMPTES 7 2017 2019 2021 2023 6 5 4 3 2 1 Réduction d’impôt @mvignaud @mvignaud X X 12 juin 2025 l’Opinion 7 Showdown Un couvre-feu partiel a été instauré mardi soir dans le centre de Los Angeles, alors que les manifestations se poursuivent en Californie depuis la fin de semaine dernière. 4800 membres de la Garde nationale et des Marines ont été déployés dans l’Etat démocrate depuis dimanche et devraient y rester « jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de danger », a promis Donald Trump. Lola Ovarlez Lorsque Donald Trump s’en est pris à Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale, il n’a pu s’empêcher de penser aux caméras braquées sur lui. « Ça va être de la grande télévision », s’est-il amusé aux côtés du président ukrainien décomposé. Une énième preuve du besoin constant du président américain de produire des images chocs: il guide en réalité une grande partie de sa politique étrangère et domestique. Mais s’il y a bien un domaine sur lequel Donald Trump met le paquet, c’est l’immigration. Tandis que les arrestations et expulsions d’immigrés se déroulaient dans la discrétion sous Joe Biden, elles sont surmédiatisées par la nouvelle administration. Sur les réseaux sociaux, l’ICE (la police anti-immigration) publie de manière quasi quotidienne les images de migrants détenus, en détaillant leur nom, leur lieu de naissance, leur casier criminel, et quelques émojis. Téléréalité.Toutestmisenscène,ycompris les ministres en charge du dossier. La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, surnommée « Ice Barbie », se prend en photo en gilet pare-ballesàlafrontièrecalmeavecleCanada,et pose aux côtés d’agents de l’ICE, arme en mains et Rolex au poignet. En mars, elle s’est même filmée seule devant la cellule remplie d’hommes tatouésd’uneprisonsalvadorienne. La lutte anti-immigration de Donald Trump a tout d’une émission de téléréalité en temps réel. Au point où même le présentateur Dr. Phil a été invité à participer à des raids, y compris à Los Angeles en fin de semaine dernière. Et pendant un temps, des rumeurs circulaient sur la préparation d’un vrai jeu télévisé, en collaboration avec le département de Kristi Noem, dans lequel des immigrés illégaux s’affronteraient pour obtenir la citoyenneté américaine. En se mettant en scène, l’administration cible deux audiences: les étrangers résidant ou voulant se rendre aux Etats-Unis qu’elle veut dissuader, et l’opinion publique américaine. Car Donald Trump compte sur sa politique migratoire pour maintenir sa cote de popularité à flot. Contrairement à ses droits de douane impopulaires, les expulsions et les arrestations sont politiquement efficaces. D’abord parce que l’administration peut aisément prouver, par des images et des chiffres, qu’elle ne chôme pas : 150 000 individus ont été renvoyés depuis janvier. Ensuite, parce qu’elle répond à un sentiment durable d’insécurité: 64% des Américains pensent que la criminalité ne cesse d’augmenter, selon un sondage Gallup. Avec ses arrestations et ses expulsions, l’administration Trump joue donc pleinement la carte sécuritaire, promettant de « Make America Safe Again ». Elle présente tous les immigrés illégaux, et même certains légaux, comme des criminels, venus pour « piller, tuer, violer » ou droguer les Américains. Avec des exemples à l’appui, comme le cas d’un Egyptien à l’origine d’une attaque aux cocktails Molotov contre une manifestation en hommage aux otages israéliens, dans le Colorado, il y a deux semaines. Dramatisation. C’est pourquoi Donald Trump dramatise aussi volontairement les tensions en Californie. Des manifestations ont certes explosé en fin de semaine en raison de raids organisés par l’ICE, mais les forces de l’ordre et le gouverneur démocrate Gavin Newsom assuraient avoir la situation sous contrôle. Sauf que pour le président, il s’agissait de l’occasion parfaite pour prouver que les immigrés et la gauche représentent une véritable menace à la sécurité intérieure. Il a donc envoyé 4 800 membres de la Garde nationale et des Marines, soit plus que le nombre de militaires américains présents en Iraq et en Syrie. Ils n’ont néanmoins pas le droit d’intervenir, mais Donald Trump ne se prive pas de surjouer la carte du sauveur. « Si nos troupes n’étaient pas allées à Los Angeles, la ville serait en train de brûler, a-t-il déclaré mercredi. Les habitants ont beaucoup de chance que j’aie pris la décision de les aider! » Cette surenchère migratoire et sécuritaire coûte cher. Les expulsions par avion militaire, depuis suspendues, s’élevaient à 28500 dollars par heure de vol, selon Reuters. Le département de la Sécurité intérieure dépense 200 millions de dollars dans des publicités pour dissuader les migrants. Et le prix du déploiement de la Garde nationale et des Marines sera de 134 millions de dollars, selon le Pentagone. Des dépenses inutiles ? Pas pour Donald Trump. Car même si son objectif de renvoyer un million de personnes cette année est loin d’être atteint, une majorité des Américains continue de le soutenir. Selon une enquête CBS, 54% des sondés approuvent ses expulsions, et 42% se sentent davantage en sécurité grâce à elles, contre seulement 30% qui pensent le contraire. @lolaovarlez @lolaovarlez X X CommentTrumpsurvendsa politiquemigratoireetsécuritaire Leprésidentchercheàmaintenirsacotedepopularitéàflot. EnCaliforniecommedanslerestedupays,iln’hésitepas àchoquerpourseprésentercommelesauveurdesAméricains DesmembresdelaGardenationale américainedevantunbâtimentfédéralde LosAngeles,mardi,lorsd’unemanifestation anti-ICE(policefédéraledel’immigration). SIPA PRESS toujours convenu!). » Il met ainsi en évidence l’une des questions les plus importantes pour le gouvernement chinois qui s’était élevé contre l’annonce par le secrétaire d’Etat Marco Rubio d’un plan visant à « révoquer de manière agressive » les visas de certains étudiants chinois. Si ce dossier semble résolu, le président américain n’évoque pas dans son message un autre point crucial, les exportations de semi-conducteurs. Du côté chinois, Li Chenggang, le vice-ministre du Commerce qui a conduit les discussions au Royaume-Uni, a estimé que « les progrès réalisés lors de cette réunion à Londres contribueront à renforcer la confiance entre la Chine et les Etats-Unis », laissant entendre que Au terme de deux jours de négociations marathon à Londres, les Etats-Unis et la Chine se sont entendus sur un cadre pour rétablir la trêve que les deux pays avaient conclue en mai, mais que les parties n’avaient pas respectée. Face aux menaces que la détérioration du climat entre les deux premières économies de la planète faisait peser sur la production mondiale, Pékin et Washington ont convenu de reprendre des discussions après l’entretien téléphonique entre Donald Trump et Xi Jinping la semaine dernière. Pour le président américain, qui a pris connaissance du contenu des pourparlers dans la capitale britannique, il s’agit d’un « accord définitif ». Dans un message publié en majuscules sur Truth Social, il affirme que « notre accord avec la Chine est conclu », ajoutant que les deux pays avaient décidé d’assouplir les restrictions à l’exportation, conformément à l’accord préalable conclu le mois dernier en Suisse. Assouplissement. Du point de vue américain, la question la plus sensible portait sur les terres rares, levier stratégique que Pékin a su utiliser pour faire pression sur Washington. Dans son court texte, Donald Trump se félicite de voir le problème apparemment réglé. « L’ensemble des aimants et toutes les terres rares nécessaires seront fournis directement par la Chine », indique-t-il avant de noter que les Etats-Unis respecteront leurs engagements, notamment « l’accès des étudiants chinois à nos universités (ce qui m’a les principaux obstacles avaient été levés, y compris au niveau des puces. Lundi, la Maison Blanche avait laissé entendre qu’un assouplissement des restrictions sur la vente de ces composants à la Chine pourrait être mis en place si Pékin acceptait d’accélérer l’exportation de terres rares. Donald Trump a sans doute évité d’aborder ce sujet dans son message pour laisser à son homologue chinois le temps de réagir à l’accord. En effet, la condition de son application dépend de son approbation par les deux dirigeants. Alors que le président américain a réagi avec enthousiasme, la réaction de Xi Jinping sera probablement moins démonstrative. Gagnants. Même si « les deux parties avaient une motivation supplémentaire pour faire avancer les choses, car nous avons tous deux nos présidents derrière nous, qui nous poussent à veiller à ce que nous prenions soin de nos intérêts respectifs », comme l’a déclaré le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, qui dirigeait la délégation américaine à Londres, Pékin a rappelé, par la voix de son vice-Premier ministre He Lifeng qu’« il n’y a pas de gagnants dans une guerre commerciale. La Chine ne veut pas se battre, mais elle n’a pas peur de se battre ». En d’autres termes, cet accord doit être suffisamment solide et précis pour que Pékin ne brandisse pas à nouveau la menace des terres rares qui a réussi à faire trembler le monde. Claude Leblanc @Japonline @Japonline X X Guerrecommerciale:Washingtonsatisfait dudeal avec PékinenattendantlaréponsedeXiJinping «Lesdeuxparties avaientunemotivation supplémentairepourfaire avancerleschoses, carnousavonstousdeux nosprésidentsderrière nous,quinouspoussent àveilleràceque nousprenionssoin denosintérêtsrespectifs » Révision Les dépenses publiques britanniques devraient augmenter de l’ordre 2,3% par an en termes réels d’ici à la fin de la décennie. Chloé Goudenhooft (à Londres) La ministre des Finances britannique a annoncé, mercredi, une hausse des dépenses publiques de l’ordre 2,3% par an en termes réels d’ici à la fin de la décennie. Pour Rachel Reeves, cette « largesse » est le résultat des réformes réalisées à l’automne et de hausses d’impôts pour les entreprises. Les dépenses courantes atteindront ainsi 190 milliards de livres (224 milliards d’euros) par an en 2028– 2029, contre 162 milliards (191 milliards d’euros) en 2024–2025. C’est surtout la santé qui va bénéficier de cette hausse : 29 milliards de livres (34 milliards d’euros) supplémentaires ont été alloués au NHS (le service national de santé), dont 10 milliards pour la digitalisation du service. Ce budget devrait ensuite augmenter de 3% par an jusqu’en 2028-2029. La ministre a également rappelé des hausses de dépenses déjà annoncées, dont 39 milliards de livres (46 milliards d’euros) pour la construction de logements sociaux ou encore 11 milliards de livres (13 milliards d’euros) supplémentaires pour la défense. Si cette augmentation permet de fixer le budget militaire à 2,6% du PIB britannique pour 2027, Rachel Reeves n’a pas indiqué comment atteindre les 3% d’ici à la fin de mandat de ce gouvernement, comme l’a promis le Premier ministre, Keir Starmer. La ministre a par ailleurs promis un investissement de 280 millions de livres (330 millions d’euros) par an pour la sécurité aux frontières d’ici à 2028-2029 et la fin à l’utilisation des hôtels pour loger les demandeurs d’asile. Cette mesure, entre autres réformes, permettra une baisse des coûts liés à l’asile de l’ordre d’un milliard de livres par an d’ici à 2028-2029. Taxe d’habitation. Au final, sans intégrer le NHS, Paul Johnson, directeur de l’Institute for Fiscal Studies, estime l’augmentation moyenne globale des dépenses à 1,2% par an, ce qui est « historiquement très faible ». « Hors période d’austérité du début des années 2010, et comparée à ce que nous avons observé depuis 2019 et pendant les décennies précédant 2010, cela semble assez serré », commente-t-il sur X. Les ministères qui souffriront de cette révision des dépenses seront l’Intérieur, avec une baisse de 2,2% par rapport à 2023-2024, l’Agriculture et l’Environnement (0,7%) ou encore les Transports (0,4%), malgré 15,6 milliards de livres (18,4 milliards d’euros) annoncés il y a quelques semaines pour le développement des infrastructures en région. D’autres ministères profiteront néanmoins de cette révision, à l’instar de la Science, de l’Innovation et de la Technologie, qui voient leur budget augmenter de 2,8%, ce qui est apprécié des entreprises. « L’investissement de 2 milliards de livres (2,36 milliards d’euros) dans le soutien à l’intelligence artificielle est une bonne nouvelle, a commenté Lex Veitch, directeur des politiques aux chambres de commerce britanniques. De nombreuses PME peinent encore à tirer le meilleur parti de l’IA. » L’opposition, de son côté, estime que les travaillistes ne pourront pas tenir un tel budget sans remettre en cause leurs règles fiscales, c’est-à-dire en recourant davantage à l’emprunt ou en augmentant les impôts. « Nous ne pouvons pas nous permettre ce budget », a résumé Mel Stride, le ministre des Finances « fantôme » des conservateurs. A titre d’exemple, Paul Johnson estime notamment que les collectivités locales pourraient augmenter leur taxe d’habitation (council tax) d’environ 5% par an, le plafond actuellement autorisé, pour assurer leurs dépenses courantes. @chloegouden @chloegouden X X Lesnouvelles priorités budgétairesdu gouvernement britannique L’exécutifa notammentannoncé 29milliardsdelivres supplémentairespour lesystèmedesanté Cette stratégie radicale coûte cher. Les expulsions par avion militaire, suspendues depuis, s’élevaient à 28500 dollars par heure de vol 8 l’Opinion 12 juin 2025 BEY MEDIAS PRESSE & INTERNET SASU - 8, rue Bellini, 75116 Paris - www.lopinion.fr - Actionnaire : Bey Médias SAS. Président, directeur de la publication : Nicolas Beytout. Vice-président, rédacteur en chef : Rémi Godeau. Rédacteurs en chef adjoints : Olivier Baccuzat, Emmanuel Ginisty et Cécile Desjardins. BEY MEDIAS PUBLICITÉS - Tél : 01 40 69 46 96. Directrice générale adjointe, commerce : Cécile Colomb. Publicité commerciale : Ronan Daligault, Pierre-Louis Orsini. Publicité financière : Nicolas Wattinne. SERVICE ABONNEMENTS L’OPINION : 45 avenue du Général Leclerc, 60643 Chantilly Cedex - Tél : 01 55 56 70 73 du lundi au vendredi de 9h à 18h - Email : abonnements@lopinion.fr. Formule d’abonnement pour 1 an – France métropolitaine : 319 €. IMPRESSION : Paris Offset Print (La Courneuve). Dépôt légal mai 2013 – ISSN : 2266-9922 / CPPAP : 1128 C 91894. Papier produit à partir de fibres issues de forêts certifiées gérées durablement. Origine du papier : Norvège. Taux de fibres recyclées : 0%. Eutrophisation : Ptot 0,022 kg / tonne de papier Et retrouvez Emmanuelle Ducros de l’Opinion à 8h49 pour sa chronique Voyage en absurdie 7H-9H EUROPE 1 MATIN Dimitri Pavlenko Et retrouvez Emmanuelle Ducros de l’Opinion à 8h49 pour sa chronique 7 EUROPE 1 MATIN Dimitri Pavlenko © CAPA Pictures / Europe 1 L’invitédu8Bellini D onald Trump met l’agriculture sous le feu des projecteurs. Volontairement ou non, il l’a fait même parfois primer sur d’autres thématiques, ce que son patronyme génère après tout. En effet, To Trump Ahead signifie l’emporter, passer devant. Souvenons-nous déjà de son premier mandat. Il s’était posé en défenseur de l’Amérique rurale et besogneuse, faisant du farmer une figure clef de son socle électoral puis de ses supporters, une sorte de contre-modèle aux élites urbaines et aux fonctionnaires de l’Etat fédéral. Pour compenser les pertes à l’export liées aux guerres commerciales avec la Chine, Trump avait débloqué près de 30 milliards de dollars pour aider les producteurs de soja, de maïs ou de porc. Il s’était positionné contre les importations, à travers l’un de ses slogans phares : « Buy American, Hire American ». Le président milliardaire avait déconnecté les Etats-Unis de leur engagement climatique mondial tout en assouplissant nettement les règles environnementales pour soutenir les agriculteurs. Non sans raison, une grande partie du secteuragricoleavaitvotépourluien2020,ceque Joe Biden a souvent eu à gérer par la suite tant la popularité du républicain persistait dans les contrées profondes du pays. En 2024, bis repetita : 75% des agriculteurs et 65% des ruraux votent pour lui. Et depuis, autant dire que cela sème par tous les temps avec le locataire de la Maison Blanche. Tarifs douaniers. Trump I avait lancé la dynamique, Trump II sort la dynamite. Le déficit commercial des Etats-Unis l’obsède. Il a atteint 1 200 milliards de dollars en 2024, là où le rival chinois affiche un excédent record de 1000 milliards. Les deux géants ont cependant un point commun: au niveau agricole, ils sont dans le négatif. Près de 200 milliards pour Pékin, habitué à être dans le rouge sur ce registre, bien que ce montant s’amplifie chaque année. Et 30 milliards pour Washington, qui découvre cette situation depuis…2018. Une première dans l’histoire contemporaine du pays. La suite est connue. Depuis le 20 janvier, Donald Trump joue à pique-sous et annonce des tarifs douaniers à toute la planète ou presque. Le 2 avril, qu’il baptise « Jour de la libération », il égrène sa liste de pays ciblés en fonction de l’importance du taux appliqué. Bien que ces taxes soient depuis négociées, réhaussées, abaissées ou mises en pause, et même désormais contestées par le tribunal de commerce international des Etats-Unis, il est intéressant de croiser les chiffres de ces tarifs avec ceux des échanges agricoles défavorables pour l’Amérique. Prenons la moyenne annuelle sur 20222024. Mexique et Canada sont ceux qui exportent le plus aux Etats-Unis, avec 46 et 40 milliards de dollars respectivement. Donald Trump n’a pour le moment pas été très tendre avec ses voisins. Les agriculteurs et industriels de ces pays s’inquiètent d’une perte de compétitivité si des taxes s’érigent. L’Union européenne est le troisième fournisseur, avec 35 milliards de dollars de produits agricoles et alimentaires, principalement issus d’Italie, d’Espagne et de France, car les vins, spiritueux et bières pèsent le quart de cette balance (un excédent sectoriel pour l’UE qui s’élève au total à 20 milliards). 20%, c’est le chiffre annoncé par Trump. Deux fois moins pour le Brésil, quatrième exportateur agricole vers les Etats-Unis, mais bien plus concernant la Chine, cinquième au classement. Notons aussi des taxes annoncées de 32% à l’Indonésie, à 36% à la Thaïlande, à 26% à l’Inde et à 46% au Vietnam, pays situés entre la septième et la quinzième place des fournisseurs de biens agricoles et alimentaires vers les Etats-Unis. Dit autrement, le bras de fer tarifaire instauré par Trump aura un impact majeur sur leurs agriculteurs et entreprises du secteur. Etant la troisième population mondiale, avec un pouvoir d’achat moyen conséquent et des dispositifs réglementaires largement plus simples qu’en Chine ou en Inde, les Etats-Unis demeurent un marché extrêmement attractif pour de nombreux opérateurs économiques dans le monde. Ne plus y accéder, ou y être moins performant, devient potentiellement problématique. Alors Pékin, pour son assiette, se tourne encore plus vers le Brésil et la Russie, et exporte elle-même davantage vers l’entourage asiatique. Un exemple parmi d’autres de mouvements géoéconomiques agricoles que l’ouragan trumpien provoque. Exemples. En parlant de changement climatique, quid de la COP30, en novembre à Belém, au Brésil, si les Etats-Unis confirment leur retrait de toute initiative multilatérale et si Trump renvoie les transitions écologiques aux calendes grecques? Les farmers américains ne sont pas insensibles à son discours productiviste et peu soucieux des normes vertes que l’administration Biden avait timidement développées. Par ailleurs, comment ignorer les logiques de prédation qui s’expriment à propos du Groenland ? Donald Trump place les ressources au centre de sa diplomatie. Et sur cette île danoise se trouvent 25% des terres rares de la planète, 10% de l’eau douce, du sable et, chosemoinsconnue,desengraisvertsprometteurs issus de farine de roche glaciaire, avec cette calotte fondant à mesure que les températures de l’Arctique se réchauffent. Que dire de Panama et de cette volonté de reprendre le contrôle d’un canal longtemps piloté par Washington? Il est notamment emprunté par desnavirestransportantdesproduitsagricoles et alimentaires, car le commerce international de ces derniers s’effectue à plus de 80% par l’océan. C’est une constante là où d’autres marchandises transitent de manière circonstancielle ou à moindre fréquence dans l’année. Et comment taire le conflit russo-ukrainien, dont Donald Trump sait trop bien à quel point il comporte une dimension agricole. Vouloir accaparer une partie des minerais et des terres de l’Ukraine, en contrepartie de l’aide apportée depuis des années, c’est pour lui un moyen de rappeler à tous ceux qui en doutent que la géographie, ça sert avant tout à faire… du business. Combien d’entreprises américaines lorgnent déjà l’agriculture ukrainienne de l’après-conflit? Sur le terrain de la diplomatie, le président américain muscle le ton quand il s’agit d’argent. Si cela existait, il serait sans nul doute favori au prix Nobel de la guerre économique. Dans sa tournée golfique, des contrats passés autour de l’intelligence artificielle, du numérique et de technologies à même de favoriser l’essor de secteurs extra-énergétiques pour les monarchies locales. Parmi les objectifs de celles-ci, accroître leur sécurité alimentaire et les productions agricoles à domicile. Trump, Ben Salmane et consorts n’ont pas bu que du thé pendant ces négociations. Mais Donald s’émeut des violences humaines. Impuissant face à l’aveuglement de Netanyahu, il cherche à éviter des drames supplémentaires à Gaza et veut que l’approvisionnement alimentaire soit garanti. Un comble, ou presque, quand on sait que le président des Etats-Unis coupe les fonds de l’USAID, dont le rôle en matière de santé et de nutrition demeure considérable dans de nombreuses zones en conflit ou pauvres de la planète. Autre paradoxe, quand Trump et ses équipes réduisent la contribution volontaire au Programme alimentaire mondial (PAM), agence onusienne dont 50% du budget provient du financement américain. Résultat, une insécurité supplémentaire, là où le PAM constate déjà l’étendue de malheurs silencieux, comme au Soudan. Conscient des risques hydriques dans son propre pays, notamment pour l’agriculture, Donald Trump s’est aussi ému de la conflictualité indo-pakistanaise et des déclarations de Narendra Modi à propos de la fermeture du robinet à eau que constitue le fleuve Indus. Ce dernier assure la production agricole du Pakistan, cinquième population mondiale… Les exemples ne manquent pas où les dimensions agricoles et alimentaires sont stratégiques dans les dossiers agités par Donald Trump. Terminons par les débats intérieurs. L’inflation aux Etats-Unis? Le prix des œufs est devenu le baromètre. La santé? Tous les yeux se tournent vers la grippe aviaire et sa transmission possible à l’homme. L’immigration illégale? Plusieurs filières agricoles, notamment en Californie, redoutent un manque de maind’œuvre. Le Farm Bill et ses subventions alimentaires pour les plus pauvres? Le flou artistique sur les montants qui seront préservés. Avec Trump, l’agriculture au centre, certes, mais jamais rien de sûr pour autant. Make Agriculture Complex Again… Sébastien Abis SébastienAbis «MakeAgricultureTrumpAhead»:comment ladiplomatietrèsoffensiveduprésidentaméricain bousculelesecteurauniveaumondial Lafabriquede « Pour lui, la géographie, ça sert avant tout à faire… du business. Combien d’entreprises américaines lorgnent déjà l’agriculture ukrainienne de l’après-conflit? » Agroalimentaire etgéopolitique SébastienAbis est directeur du Club Demeter, un think tank rassemblant de nombreuses entreprises du secteur agricole et agroalimentaire. Il est aussi chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), enseignant, chroniqueur et auteur. L’idéequiresurgitd’uneaugmentation delaTVAsocialeémeutsanssurprise lessyndicatsetunepartiedel’opinion,qui yvoientunesourced’inflationdontilsse passeraientvolontiers.C’estdommage,car sousréserved’êtrebiencalibrée,ellepourraitavoirquelquessérieuxavantages. Les syndicats n’aiment pas la TVA sociale pour au moins deux raisons: elle ne profite pas au pouvoir d’achat et elle réduit un peu plus la part des cotisations dans le financement de la protection sociale et partant, l’influence des partenaires sociaux dans la gestion du système au profit de celle de l’Etat. CarlaTVAsocialeexistedepuisbelle lurette,etn’ariend’illégitimedèslorsqu’elle apourobjetdefinancerlesprestations socialesquirelèventd’unelogiquedesolidarité.Aprèstout,l’impôtestfaitpourcela;et àmesurequecettelogiquegagneduterrain dansl’opinion(pourfinancerladépendance parexemple),l’impôtestappeléàjouerun rôlecroissantparrapportauxcotisations, dontlalogiqueestassurantielle.Déjà,les sommesverséesparlesemployeurset salariésnecouvrentque48%desrecettes delaSécu.UnehaussedelaTVAcompensée parunebaissedescotisationspatronales (quipèsent22,5%desprélèvementsobligations)pourlapartabondantlesprestations relevantdelasolidariténationaleneserait scandaleusenisurleprincipe,nientermes declartédesfinancements. Moyenne européenne.Ellerapprocherait,deplus,lecoûtdutravailfrançais deceluiquiprévautdansl’Union,oùles cotisationspatronalesreprésententmoins de20%desprélèvements,selonlescalculs dusitespécialiséFipeco;enrenchérissant lesimportationssanspénaliserlesexportations,elledevrait,enoutre,réduirele déficitcommercialavecdesconséquences heureusessurl’emploi,permettant de compenser,aumoinsenpartie,lamodérationsalarialequirisqued’enrésulter. Demême,laTVA,quiresteplutôt basseenFrance,serapprocheraitdela moyenneeuropéenne,d’unpointetdemi plusélevée.Encasdebaissed’unpointdes cotisationspatronales,0,8pointdehausse delaTVAseraitsuffisantpourcompenser,à prélèvementsobligatoiresconstants. Pourtant,unrelèvementd’unpoint entierseraitjustifiés’ilservaitàabonder unFondsderéservedesretraitesréformé. Cruellementprivéed’uneressourcepérennedepuissacréationilya25ans,cette allocationde0,2pointdePIB,soitprèsde 8milliardsparan,auraitunesignification heureuse:cellededoterlaréformedes retraitesàvenird’unequilledecapitalisationpubliquerenforcéeetprofitantàtous, surtoutsiétaitsanctuariséleproduitdeses investissements,tropsouventconsidéré parleTrésorcommeunetirelirebiencommodepoursesbesoinslespluspressants… @PhMudry @PhMudry X X Lignesdefond Pourquoi augmenter laTVAsociale n’estpas forcémentune mauvaiseidée Lachronique de Philippe Mudry DR PIERRE CHIQUELIN A la fin du mois dernier, des officiers de l’armée israélienne et des sous-traitants militaires américains observaient la situation avec inquiétude depuis leur centre opérationnel commun. Une nouvelle tentative de distribution de nourriture et d’autres formes d’aide à des milliers de personnes affamées à Gaza venait d’être lancée, mais était sur le point de virer au chaos. La foule s’est ruée vers les portesdunouveaucentrededistribution de Rafah, rapidement enproieàdesscènesdechaoset de pillage. Une quarantaine d’Américainstravaillantpourunesociété desécuritéprivéeontbattuenretraite. A l’extérieur du centre de distribution,lessoldatsisraéliens ont ouvert le feu pour disperser la foule. Ce fut le début d’un cycle de violence et de dysfonctionnements qui allait se répéter les jours suivants, sabotant la dernière tentative en date pour acheminer de la nourriture aux personnes dans le besoin. Les événements du 27 mai ont mis en évidence le manque de préparation de l’armée israélienne et de la nouvelle organisation non gouvernementale avec laquelle elle collabore, la FondationHumanitairedeGaza(GHF), face à la famine et au désespoir qui règnent dans l’enclave après un an et demi de guerre. Un responsablemilitaireisraélienconsidèrequelessous-traitantsaméricains ont commis une erreur en se retirant et en abandonnant le site de Rafah à la destruction. Il n’a pas rouvert depuis. Unporte-paroledeSafeReach Solutions(SRS),unesociétéprivée américaine engagée par la GHF pour assurer la sécurité de l’aide humanitaire,affirmequeceretrait a été décidé conformément à un protocoleprévupourprotégerles vieshumaines.SRSestchargéede sécuriserlescentresd’aidehumanitaire, tandis que l’armée assure lasécuritéauxalentours,làoùles tirsonteulieu. Les deux parties ont fait part en privé de problèmes de coordination. Deux semaines plus tard, les organisateurs n’ont toujours pastrouvédesolutionpourmener àbienceprogramme. A cinq reprises au moins la semaine dernière, les forces Lire RUSSIE en page II Lenégociateur depaix enchefdela Russie adopteunelignedure cycle de négociations à Istanbul, a modéré l’impact de la récente attaque de drones ukrainiens qui adétruitaumoins12bombardiers russes,affirmantquelespourparlersnes’entrouvaientpasaffectés. Le négociateur russe a prévenu qu’en refusant tout compromis, Kiev ne ferait que perdre davantagedeterritoires. « Nousvoulonslapaix »,a-t-il déclaré.« Maissil’Ukrainecontinued’êtreguidéeparlesintérêts nationaux d’autres pays, nous serons tout simplement obligés de réagir. » L’Ukraine soutient depuis longtemps que c’est précisément cette rhétorique, reprise régulièrement dans les déclarations du président russe, Vladimir Poutine, qui empêche toute avancée dans les négociations de paix entre Kiev et Moscou. ISTANBUL — Le négociateur en chef du Kremlin durant les pourparlersdepaixavecKievfut l’un des principaux architectes du révisionnisme historique qui a conduit la Russie à envahir l’Ukraine. A présent, Vladimir Medinski s’appuie de nouveau sur sa vision de l’histoire pour tenter de convaincrel’Ukrainederenoncer à son rapprochement avec l’Occident et d’accepter les conditions depaixsoumisesparMoscou. « Avec la Russie, il est impossible de mener une longue guerre », a déclaré M. Medinski lors d’un entretien avec le Wall StreetJournal.Ilanotammentrappelé la guerre de vingt-et-un ans qui a opposé la Russie à la Suède au XVIIIe siècle pour illustrer la capacité de son pays à s’imposer dansdesconflitsprolongés. M. Medinski, qui s’est entretenu avec le WSJ après le dernier Lire GAZA en page II Cestentativesratéesd’acheminementd’aide àGazaquiontfaitdesdizainesdemorts Les autorités gazaouies affirment que plus de 100 Palestiniens ont été tués alors qu’ils tentaient d’accéder à l’aide humanitaire. SIPA PRESS Lire CALIFORNIE en page II nepeutêtrevenduséparément DOW JONES 12 juin 2025 SIPA PRESS Gavin Newsom se sert des troubles liés à la politique migratoire de Donald Trump pour se positionner comme leader de l’opposition. EmeutesàLosAngeles:lecalculpolitique risquédugouverneurdeCalifornie « Je vous attends. Vous avez besoind’unscalp.Vousdevezprouver que vous êtes un dur. Vous devez montrer à votre base que vous allez vous débarrasser des gauchistes. Pourquoi ne pas en finirunebonnefoispourtoutes? Arrêtez-moi,maiscessezdevous président américain l’a désigné commeresponsabledesviolences et des émeutes que, selon lui, les autorités locales n’ont pas su contrôler.Laréponsemuscléede M.Newsomfaceauxprovocations deTrumparéjouilesdémocrates, en quête d’un chevalier blanc. Mais au moment où le gouverneurtentededonnerdesgagesau centre, flatter la base démocrate risque de renforcer son profil de progressiste de la côte ouest et d’associer son image à celles des émeutesurbaines. Interrogé sur ses aspirations présidentielles, M. Newsom, qui quitterasesfonctionsl’annéeprochaine, n’a pas exclu de briguer un poste plus élevé. «Je ne pense pas me présenter, mais c’est une voie que je pourrais envisager », a-t-il déclaré au WSJ. Agé de 57 ans, il a ajouté qu’il était trop tôt pourprendreunedécisionetqu’il attendraitdevoirsilecontextelui semblait propice. « Gavin aime l’attention médiatique, mais je pense que ce serait une bonne chose [qu’il soit arrêté]», a déclaré Trump aux journalistes, lundi, àlaMaisonBlanche.Interrogésur lesmotifspourlesquelsilpourrait êtreinculpé,leprésidentarépondu: « Je pense que son principal méfait a été de se présenter au poste de gouverneur, car il fait un trèsmauvaistravail.» M.Newsomaripostéenmettant Trump au défi de l’arrêter. LOS ANGELES — Gavin Newsom se retrouve une fois de plus au cœur d’une tempête. « C’est un moment extrêmement important», indiquait le gouverneur de Californie lors d’une interview, lundi soir, alors que des manifestants se rassemblaient dans les rues et que des Marines se dirigeaientversl’Etatsurordrede DonaldTrump. L’heureesttoutaussicruciale pour M. Newsom. Considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs espoirs démocrates pour la prochaine présidentielle, il mise sur ce conflit avec la Maison Blanche pour se positionner comme le leader de l’opposition. « Sept cents hommes et femmes courageux sont utilisés comme des pions dans la guerre que Trump mène contre la Constitution », a-t-il précisé au Wall Street Journal, en faisant référence au déploiement de Marines. « Nos pères fondateurs n’ont pas donnéleurviepourcela »,aajoutéle gouverneur depuis le centre des opérations d’urgence du comté de Los Angeles où il s’est enfermé pour aider à coordonner la réponse aux manifestations. M. Newsom s’est rendu dimanche à Los Angeles pour tenter de calmer le mouvement, parfoisviolent,déclenchéparles arrestationsmassivesdemigrants par l’administration Trump. Lundi, le président américain a déclaré que le gouverneur, qu’il qualifie de « grossièrement incompétent », devrait être arrêté. M. Newsoma,quantàlui,accusé M. Trump d’« autoritarisme excessif » et a insisté sur le fait que le sort de l’Etat de droit était en jeu dans ces événements. Sur le plan politique, la situationestaussifavorablequedangereusepourledirigeantdel’Etatle plus peuplé du pays, réélu pour undeuxièmemandaten2022.Le 12 juin 2025 l’Opinion I L’Ukraine prétend que le seul Russe habilité à décider des conditions d’un cessez-le-feu avec l’Ukraine est M. Poutine, et quelesnégociateursenvoyéspar ce dernier à Istanbul n’étaient que des messagers du Kremlin. Les responsables ukrainiens reconnaissent néanmoins que M. Medinski a joué un rôle dans l’organisationd’échangesessentiels de prisonniers. « Les Russes ne veulent pas la paix», estime l’ancien ministre ukrainien de la Défense, Andriy Zagorodnyuk, qui conseille actuellement le gouvernement. « Et nous n’avons pas besoin de Medinskipournousleprouver.» Selon des responsables ukrainiens, M. Medinski aurait régulièrementeurecours,lorsdes pourparlersàIstanbul,àdesinterprétations douteuses de conflits passéspourtenterd’imposerson pointdevueàleurdélégation. C’est grâce à son interprétation de conflits passés que M. Medinski, un homme austère de 54 ans portant des lunettes, s’estd’abordfaitconnaîtresurla scène politique. Danslesannées2000,ilaécrit une série d’essais historiques sur les « Mythes de la Russie » dans lesquels il s’en prend aux stéréotypessurl’alcoolismeetlacruauté desRusses,examineleconceptde l’« âme russe » et dénonce l’idée que les Russes seraient autoritairesdansl’âme. Lorsqu’il était ministre de la Culture de M. Poutine entre2012 et 2020, il a défendu une vision pluspositivedupassédelaRussie. Son ministère a financé plusieurs films d’action historiques, dont au moins trois sur les chars de la Seconde Guerre mondiale, avec des intrigues sommaires et des fusilladesdignesdejeuxvidéoqui ontséduitlepublic.M.Medinskia également supervisé la construction de statues représentant des personnages historiques russes à traverslepays. Ce proche conseiller du maître du Kremlin a coécrit des manuels qui ont été intégrés au nouveau programme scolaire réorientéverscequeMoscouappelle « l’éducation patriotique »: une vision qui minimise les chapitressombresdel’histoirerusse et justifie la guerre en Ukraine, présentée comme une « opération militaire spéciale ». Lors de la présentation en juin 2022 d’une autre série de livres d’histoire, il a rendu hommage aux anciens dirigeants russesquiontcontribuéàlarapide expansion territoriale du pays au fildessiècles.«Aujourd’hui,leterritoirerusseestunpeupluspetit, a-t-ilreconnu.Maiscelanedurera paséternellement.» MikhailZygar,auteurrusseet expertdu cerclerapprochédeM. Poutine, soupçonne M. Medinski d’êtrelaplumedel’ombredenombreuxouvrageshistoriquesdeM. Poutine, notamment un essai publiéenjuin2021quinieledroitde l’Ukraine à l’indépendance et introduitdenombreuxthèmesque le président russe reprendra plus tard pour justifier l’invasion de son voisin. M. Medinski a déclaré avoir rédigé des notes et préparé des documents pour M. Poutine, maisnieêtrel’auteurdestextes. M. Medinski dirige la délégation russe lors des pourparlers avec l’Ukraine depuis 2022. Kiev a quitté la table des négociations après le retrait de la Russie de la capitaleukrainienneetdeszones environnantes, laissant derrière elle des preuves d’atrocités qui l’ontincitéàdurcirsaposition. Lors de son entretien avec le WSJ, M. Medinski a expliqué que l’Occidentcommettaitl’erreurde considérer la guerre en Ukraine commeunconflitsimilaireàcelui qui opposerait l’Angleterre et la France, deux pays ayant chacun leur histoire et leur culture propres. Il a fait valoir que la guerre avec l’Ukraine était plutôt une lutte fratricide entre deux Etats partageant la même langue et la même culture, qui constituent en réalité un seul et même peuple et sont destinés à être des alliésproches. « Ce conflit ressemble à une dispute entre deux frères, l’un plus âgé que l’autre, pour savoir qui est le plus intelligent et le plus important », a-t-il ajouté. « Malheureusement, ce conflit creuse nos différences, c’est pourquoi nous voulons qu’il prenne fin le plustôtpossible.» L’Ukraine affirme que la Russie,encomparantlepeupleukrainienauplusjeunemembred’une fratrie,cacheenfaitsesambitions expansionnistes. « Si la Russie prétend être le « frère » d’un pays d’Europe centraleoudel’Est,elleestalorsCaïn dans cette histoire, brandissant déjà la pierre [qui tuera son frère cadet Abel]», commente Heorhii Tykhyi,porte-paroleduministère ukrainiendesAffairesétrangères. M.MedinskiaavertilesUkrainiens que les longues guerres contre la Russie se soldaient inévitablement par la défaite de ses ennemis.IlacitélaGrandeguerre duNordaudébutduXVIIIe siècle, qui opposa Pierre Ier le Grand à l’Empiresuédois. Le tsar russe avait proposé unetrêvequinelaisseraitàlaRussie que le territoire de l’actuelle Saint-Pétersbourg,avecsonaccès àlamerBaltique.LaSuèderefusa et lança une campagne désastreusecontreMoscouquiaboutità sadéfaiteécrasanteàlabataillede PoltavaenUkraineet,plustard,à lapertedesesprovincesbaltiques. M. Poutine s’est inspiré de cette guerre pour légitimer le conflit en Ukraine, affirmant que laRussierécupèreaujourd’huides territoires qui lui appartiennent de droit. « Cette guerre a duré vingt-et-un ans », a rappelé M. Medinskiàproposduconflitavec la Suède. « Nous ne voulons pas [cela]. Nous voulons la paix. » Selondesresponsablesoccidentaux,laRussieauraitsubidix fois plus de pertes en Ukraine que l’Union soviétique pendant toute la campagne afghane. MatthewLuxmoore (Traduitàpartirdela versionoriginaleenanglais parAurélieHenri) Editedfromtheoriginal israéliennes ont tiré sur des Gazaouis qui se rendaient vers les centres de distribution, affirmant que certaines personnes s’étaient écartées de l’itinéraire autorisé et continuaient à s’approcher des troupes. Les autorités gazaouies rapportent que plus de 100 Palestiniens ont été tuésalorsqu’ilstentaientd’accéder à l’aide humanitaire. L’officier israélien indique que l’armée et les mercenaires Américains apportent des améliorations à mesure de leur expérience sur le terrain. La coordinationetlacollaborationavecles sous-traitants américains s’améliorent, souligne-t-il. L’aide humanitaire est gérée par la GHF, une fondation créée dansleDelawareenfévrier.Selon despersonnesprochesduprojet, laGHFs’estlancéedanscettemission sans grande connaissance de la situation à Gaza. Elle est actuellement dirigée par Johnnie Moore, un leader évangélique et ancienconseillerdecampagnede DonaldTrump. La GHF et SRS travaillent en étroite collaboration avec l’armée israélienne dans plusieurs centres opérationnels communs situés dans le sud d’Israël, où travaillent de concert plusieurs dizaines de personnes. L’armée partage avec les Américains des renseignements,notammentdes détails sur les opérations militaires menées à proximité des centres de distribution. L’armée et la GHF s’étaient préparées à accueillir des foules moins importantes que les dizaines de milliers de personnes qui se sont rendues sur les sites, précise un officier de l’armée israélienne participant à l’opération humanitaire. La GHF comptait initialement ouvrir trois sites dans le sud de Gaza et un dans le centre. SRS a envoyé plusieurs dizaines de personnes sur chaque site, dont des Gazaouis, pour distribuer la nourriture. Mais les moyens sont insuffisants:lesvivresmanquentrapidementetlescentressontsouventle théâtredeviolentesbousculades. Certains jours, seul un des quatre centres est ouvert. Et lorsque certains centres ouvrent, ce n’est généralement que pour une durée limitée, parfois 45 minutestoutauplus,avantdefermer unefoislesstocksépuisés. Les Gazaouis qui se sont rendus dans les centres de distribution au cours des deux dernières semaines racontent qu’ils essaientd’arrivertôtpourêtresûrs d’obtenir de la nourriture avant qu’il n’y en ait plus, même si ce n’est pas autorisé. L’armée israélienne, la GHF et SRS affirment avoir correctement anticipé l’affluence dans les centres. « Nous savions que les besoins étaient énormes et nous nous sommes préparés en conséquence, en nous attendant àuneaffluencesupérieureàceque nouspouvionsgérer»,indiqueun porte-paroledeSRS. Les Gazaouis décrivent des scènes de chaos dans les centres de distribution, jusqu’à voir parfois éclater des affrontements pour obtenir de la nourriture. Un premier projet visait à faire appel à des spécialistes en biométrie pour effectuer des contrôles par reconnaissance faciale, mais il a été abandonné pour le moment car jugé irréalisable compte tenu de la foule trop importante, explique une personne participant àl’opération. LaGHFaannoncéqu’elles’efforçait d’améliorer son fonctionnement. Elle met actuellement enplaceunprogrammepilotequi distribueral’aidedirectementaux communautés, plutôt que d’obliger les Gazaouis à se rendre dans l’undesescentresdedistribution. Elle envisage également d’ouvrir davantage de sites et a mis en place une file d’attente réservée auxfemmesetauxenfants. Acejour,l’organisationcaritativeaffirmeavoirdistribuéenviron 232800colisalimentaires. Ces dernières semaines, des centaines de mercenaires américains, dont beaucoup sont d’anciensmembresdesforcesspéciales,sontarrivésenIsraël.Selon dessourcesprochesdudossier,ils reçoiventenviron1000dollarspar jour,ycomprislesjoursdecongé. Lasemainedernière,dansun hôtel de la ville d’Ashkelon, dans le sud d’Israël, certains mercenaires apportaient des mini-réfrigérateursetdescuiseursàrizdans leurschambres. Les Gazaouis se plaignent du manque de communication de la part de la GHF et de l’armée israélienne. Les heures d’ouverture sont souvent modifiées et annoncées à la dernière minute sur la page Facebook de la fondation, lancée le 28 mai. Dans les commentaires publiés sur la page Facebook et dans un groupe WhatsApp officiel de la GHF, les Gazaouis dénoncent un mode de distribution inéquitable et des vols,etdisentnepascomprendre leshorairesd’ouverture. « Zéro crédibilité. Ce matin, vousavezditNetzarimà6heures. Puis, à 4h30, vous avez dit que la distributionétaitterminée»,peuton lire dans l’un des nombreux commentaires virulents publiés lundi en arabe sur la page FacebookdelaGHF. « Parfois, ils nous disent de reveniretqu’iln’yaurapasdedistributionaujourd’hui.Etpuisdeux heures plus tard, ils ouvrent », déplore Abdullah Jouda, 24 ans, qui s’est rendu ces derniers jours dansdescentresàRafah.Ilraconte avoirétéprispourciblealorsqu’il s’approchaitd’uncentrededistributionàRafahle1er juinetavoirvu mourirunepersonneàcôtédelui. Des querelles internes posent égalementproblème.Ledirecteur généraldelaGHFadémissionnéle jourmêmedulancementdelamission, invoquant son refus d’abandonnerlesprincipesdeneutralité, d’impartialité et d’indépendance de la communauté humanitaire. Le Boston Consulting Group, qui avait contribué à l’élaboration du programme,aannoncélasemaine dernière qu’il rompait ses liens avec le projet et a évincé deux de sesassociésàl’issued’uneenquête interne,lesaccusantd’avoirmené des activités non autorisées. Les organisations humanitaires refusentdesejoindreàlaGHF.Elles estiment que la fondation expose les Palestiniens à des risques trop importants en les obligeant à traverserunezonedeguerrepourse procurerdelanourriture,etquela présence des forces armées israéliennesàproximitédescentresde distributionconstitueundanger. Lescomplicationsfoisonnent. La GHF accuse le Hamas d’avoir menacé les Gazaouis qui collaborent avec elle sur le terrain. Israël soutient que les efforts déployés par la milice pour saboter le programme montrent que TelAviv a réussi à empêcher le mouvement qualifié de terroriste par Washingtondedétournerlescolis alimentairespourlesrevendreafin definancerlaguerre.LeHamasnie détournerl’aidehumanitaire. Les sous-traitants militaires ontdéjàmanifestéleurmécontentementàplusieursreprises. SRS a initialement été engagé par les Etats-Unis et le Qatar pour sécuriseruncorridorétabliparIsraëlàGaza,appeléNetzarim,pendantuncessez-le-feuquiadébuté en janvier. Mais les contrats du personneln’ontpasétéprolongés comme prévu en raison de la reprise des combats par Israël dans l’enclaveàlami-mars.Lasociétéde sécurités’estalorsretrouvéedans l’incertitude pendant plusieurs semaines,poussantdenombreux employésàrentrerauxEtats-Unis, selonl’und’entreeux. Lorsque SRS a appris au printemps qu’un nouveau contrat allaitêtresigné,cettefois-ciavecla GHF, il ne lui restait que quelques semaines pour recruter suffisamment de personnel pour l’opération, ajoute l’employé de SRS. L’entrepriseadûagirviteetalancé unecampagnederecrutementsur LinkedIn pour des postes tels que «analystevidéo». Plus de 20 pays, ainsi que l’UnioneuropéenneetlesNations unies, critiquent ce programme humanitaire, considérant qu’il met inutilement en danger la population civile. Depuis le début de la guerre, delanourritureetdesproduitsde premièrenécessitéontétéacheminés à Gaza par des organisations humanitaires et l’ONU, qui les ont distribués à des centaines de centresdedistributiondanstoute l’enclave. Le gouvernement israélienaaccuséàplusieursreprisesle Hamasd’avoirpillélesconvoishumanitairesdesNationsunies,mais l’ONUdémentcesallégations. A Gaza, de nombreux Palestiniens hésitent entre le désespoir de trouver de la nourriture et la crainte pour leur sécurité lorsqu’ils se rendent aux centres de distribution. Samaher Abu Audeh, 40 ans, raconte s’inquiéter chaque matin lorsque son mari, Issa, quitte leur tenteàal-Mawasipourserendreà un centre de distribution à Rafah. Elleluidemandeparfoisdenepas y aller, mais il insiste, car il doit nourrir leurs cinq enfants. Lundi matin,elleadenouveaupriépour qu’ilreviennesainetsauf. « Que Dieu lui fraye un chemin et le ramène sain et sauf aujourd’hui», prie-t-elle. «Peut-être qu’il ramènera de la farine pour quejepuissefairedupainpourles enfants.Lafaminelestue.» AnatPeled (Traduitàpartirdela versionoriginaleenanglais parAurélieHenri) Editedfromtheoriginal II l’Opinion 12 juin 2025 SIPA PRESS Vladimir Medinski est l’un des principaux architectes du révisionnisme historique qui a conduit la Russie à envahir l’Ukraine. GAZA Suite de la page I RUSSIE Suite de la page I De nombreux Gazaouis craignent pour leur sécurité lorsqu’ils se rendent aux centres de distribution d’aide, notamment à celui de Rafah. SIPA PRESS Lenégociateur depaixenchefdu Kremlinaaverti lesUkrainiens queleslongues guerrescontre laRussiese soldaient inévitablement parladéfaite desesennemis Cesdernières semaines, descentaines demercenaires américains, dontbeaucoup sontd’anciens membresdes forcesspéciales, sontarrivés enIsraël Les distributeurs limitent la gratuité des frais de port pour contrebalancerlahaussedescoûts liéeauxtarifsdouaniers. Certainssitesdeventeenligne suppriment la livraison gratuite, d’autres augmentent le montant minimum d’achat pour en bénéficier, cherchant ainsi à répercuter les coûts plus élevés sur les consommateurs. Modern Picnic, qui vend des boîtes à repas façon sac à main, a récemment relevé le panier minimum pour bénéficier de la livraison gratuite, le faisant passer de 150 à 300 dollars. «Cefutunedécisiondifficileà prendre», confie Ali Kaminetsky, fondateur de l’entreprise. «Nous devions compenser ces augmentations d’une manière ou d’une autre, et les frais de port semblaientl’optionlapluslogique.» L’entreprisefacturedésormais 15 dollars pour les commandes inférieuresà300dollars.Cemontant ne couvre pas l’intégralité des frais de livraison de Modern Picnic, mais ils permettent d’atténuer l’augmentation des taxes et des coûts d’expédition, précise M.Kaminetsky.Cettestratégiefait partiedessolutionsenvisagéespar les distributeurs pour compenser lesdroitsdedouaneimposéscette annéeparl’administrationTrump. La Maison Blanche a en effet instauréuntarifdebasede10%pour laplupartdespaysetde30%pour laChine,etamenacéd’augmenter cestaxesdanslesmoisàvenir. Walmart et d’autres grandes enseignesontannoncéleurintention de répercuter une partie des coûtssurleursclientsenaugmentant leurs prix, mais elles n’ont pas encore modifié les conditions delivraison.Certainesentreprises demandent à leurs fournisseurs de supporter une partie de ces charges. D’autres déplacent leur production hors de Chine afin de limiterleurexposition. Les petites entreprises qui vendent en ligne directement aux consommateurs modifient le montantminimumpourobtenirla livraisongratuiteafind’absorberla hausse des coûts sans augmenter leurs prix, indique Anisa Kumar, directrice générale de Narvar, un fournisseurdesolutionstechnologiquespourlesdétaillants. Les commerçants «ne savent pas comment réagiraient les consommateurs s’ils affichaient clairement les droits de douane», expliqueMmeKumar.Ilspréfèrent donc«seconcentrersurlesfraisde livraison ou de retour et d’autres éléments moins visibles pour les consommateurs que les prix de vente»,ajoute-t-elle. Selon Narvar, le montant minimum des commandes pour bénéficier de la livraison gratuite estpasséde82dollarsenmoyenne en2023à103dollarscetteannée. Le vendeur de chaussures orthopédiques KURU Footwear a récemment modifié sa politiquedelivraisongratuite,enplus d’augmentersesprixetdedélocaliser une partie de sa production horsdeChine.Lesclientsenligne peuventdésormaiss’inscrireàun programmedefidélitépourbénéficierdelagratuitédesfraisdeport oupayer8,99dollars. Cette somme ne couvre pas l’intégralitédescoûtsd’expédition del’entreprise,quis’élèventàplus de 10 dollars par colis, souligne Matt Barnes, directeur financier. Néanmoins,cesfraisaidentKURU àabsorberlesnouvellestaxes. Cette stratégie comporte cependant le risque de perdre les acheteurs en ligne habitués à cet avantage. Satish Jindel, président de ShipMatrix, qui analyse les données relatives à l’expédition de colis, estime que l’absence de livraison gratuite « est l’une des principales raisons qui poussent les clients à abandonner leur panier ». « Ne pas proposer de livraisongratuite,quelquesoitle montantdesachats,estlarecette idéale pour voir ses ventes chuter », poursuit M. Jindel. Le taux de conversion de KURU, qui mesure le nombre de ventes par rapport au nombre de visites sur le site Internet, a baissé ces dernières semaines. « Nous pensons que ce sont les frais de livraison qui sont en cause » affirme M. Barnes. Il précisequeKURUréexamineactuellement sa politique. Lesacheteursenligneontpris l’habitude de ne pas payer des frais de port depuis qu’Amazon a lancé en 2005 son abonnement Prime, qui offre une livraison gratuite en deux jours sans montant minimumd’achatmoyennantune cotisationannuelle.Cetteinitiative a incité d’autres détaillants à proposerunelivraisongratuiteoudes frais de port réduits afin de stimuler leurs ventes en ligne. Mais les coûts d’expédition élevés pèsent sur les marges bénéficiaires, en particulier depuis la hausse des droitsdedouane. Selon ShipMatrix, le coût moyen d’expédition d’un colis, surcharges comprises, est aujourd’hui de 12,50dollars, contre 9,53dollarsen2019.Lestransporteurs United Parcel Service (UPS) et FedEx ont augmenté leurs prix moyensde5,9%cetteannée. Certains commerçants en ligneontconstatéqueleursclients étaient prêts à payer les frais de port. Le vendeur de jouets haut degammeparabonnementLovevery a réalisé une enquête auprès de ses clients afin de déterminer comment répercuter une partie descoûtssupplémentairesliésaux droitsdedouane.Ilenestressorti que supprimer la livraison gratuite était « l’une des mesures les moins problématiques que nous pouvions prendre », explique Roderick Morris, cofondateur et présidentdel’entreprise. LizYoungetPaulBerger (Traduitàpartirdela versionoriginaleenanglais parAurélieHenri) Editedfromtheoriginal en prendre à ces personnes vulnérables. » La Maison Blanche estime quelalignedureadoptéeàl’égard des manifestants et la volonté farouche de tenir sa promesse électoralephare—l’expulsionmassive des migrants en situation irrégulière —, lui confèrent un avantage politique. De leur côté, de nombreuxdémocratescraignentd’être perçuscommedesdéfenseursdu chaosetdudésordre.M.Newsom acondamnélesviolencesetappeléàla«tolérancezéro»enversles « agitateurs » qui s’en prennent aux forces de l’ordre, contrairementàl’anciennevice-présidente KamalaHarris,quiaaffirmécette semaine que M. Trump « attisait la peur » et a défendu les manifestants, assurant qu’ils étaient «majoritairementpacifiques». « Les émeutiers violents de Los Angeles [...] ont attaqué les forces de l’ordre américaines, incendié des voitures et provoqué le chaos et l’anarchie, a indiqué la porte-parole de la Maison Blanche, Abigail Jackson, dans un communiqué. Le président Trump est intervenu de manière légitimepourprotégerlesagents de police fédéraux. » La posture combative du gouverneur face au républicain intervient alors qu’il semblait s’être recentré ces derniers mois. Il a, par exemple, lancé un podcast dans lequel il analyse les errements de son propre parti, avec des invités tels que Steve Bannon et Charlie Kirk, deux figures de proue du mouvement MAGA. M. Newsom s’est ainsi attiré les foudres de la gauchepouravoirapprouvéKirk lorsque celui-ci a dit que permettre aux femmes transgenres de participer à des compétitions sportives féminines était « injuste ». Il a également cherché à réduire les prestations de santé accordées par son Etat aux migrants en situation irrégulière et a appelé à l’évacuation des campements de sans-abri. Lorsque des journalistes lui ont récemment demandé si ces prisesdepositionneconstituaient pas une tentative de modérer ses positions à des fins politiques, il a répondu qu’il avait «toujours été unpragmatiquepuretdur». M. Newsom préférerait certainement ne pas se trouver dans la situation actuelle, analyse Dan Schnur, professeur de communication politique à Berkeley et à l’université de Californie du Sud. Mais c’est un politicien instinctif capabledesaisirlesoccasionsqui se présentent avec brio. « Dans l’ère post-Biden, M. Newsom sait quelePartidémocraterecherche desleaderscombatifs,poursuitM. Schnur. Il sait faire sortir Trump de ses gonds, donc il en joue en ripostantdemanièrepersonnelle. Jepensequ’ilserendcompteque les conséquences politiques de sa confrontation avec Trump peuventluiêtrebénéfiques.» Le bras de fer entre les deux hommes a commencé par un coup de fil tardif vendredi soir. M. Trump a appelé M. Newsom à 22 h 23, heure de Californie, alors que les journaux télévisés et les réseaux sociaux commençaient à diffuser des images de manifestants masqués jetant des parpaings et brandissant des drapeaux mexicains. Au cours d’une conversation de seize minutes, le présidentaexhortélegouverneur à déployer la police, selon un responsable de la Maison Blanche. « Je lui ai dit, en substance, de se bouger le cul et de mettre fin aux émeutes », a indiqué M. Trump mardiàFoxNews. En réponse, M. Newsom a dénoncé un « mensonge éhonté ». Il a décrit cet appel comme une conversation cordiale qui ne laissaitguèreprésagercequiallait se passer. Le gouverneur a déclaré qu’il avait tenté de recentrer la conversation sur ce qui se passait à Los Angeles, et que M. Trump n’avait jamais évoqué la Garde nationale. Les deux hommes ont échangé des insultes sur les réseaux sociaux, mais ne se sont pasreparlésdepuis. Legouverneurestrestéchez lui dans le nord de la Californie samedi, puis s’est rendu à Los Angeles dimanche après-midi alors que les manifestations continuaient de prendre de l’ampleur. Après la mobilisation de la Garde nationale par le président malgré ses protestations, M. Newsom a annoncé que la Californie allait poursuivre l’administration en justice. Le gouverneur, extrêmement attentif à ses apparitions publiques, ne s’est pas encore montré depuis son arrivée sur les lieux. Il ne communique avec la population que par le biais d’interviews dans les médias et de publications sur les réseaux sociaux. En coulisses, M. Newsomadonnédesinstructionsàla CaliforniaHighwayPatrol[NDLR: lapoliced’Etat]etarencontrédes responsables locaux ainsi qu’un groupelocaldedéfensedesdroits des migrants. Ses détracteurs affirment que sa réponse aux événements illustre parfaitement l’incapacité des démocrates à lutter contre la criminalité et les troubles qui ravagent les collectivités qu’ils gouvernent.«Lamajoritésilencieuse en veut à Newsom de céder à la fouleetd’ignorerlescitoyensrespectueux de la loi », estime Sean Walsh, ancien collaborateur des gouverneurs républicains Pete WilsonetArnoldSchwarzenegger. M. Trump va peut-être trop loin, mais les responsables politiques comme M. Newsom lui font la courteéchellelorsqu’ilsaffirment que tout va bien alors que tout prouvelecontraire,ajoute-t-il. Un sondage YouGov publié lundi révèle que 45% des Américains désapprouvent les manifestations à Los Angeles et que 36% lessoutiennent.Dansdesproportionssimilaires—45%contre39% —,lapopulationdupayss’oppose à la manière dont M. Trump gère les expulsions. L’envoi par le présidentdelaGardenationaleetdes Marines en Californie est aussi majoritairementrejeté. L’administrationTrumpapris pourciblelaloi«sanctuaire»californienne,quiinterditàauxforces de l’ordre locales et à la police d’Etatdemenerdesopérationsde luttecontrel’immigrationetlimite leurcoopérationaveclesautorités fédérales, mais qui n’interdit pas aux services de l’immigration et des douanes (ICE) de mener des actions. M. Newsom réfute que son Etat protège des criminels. « Je travaille en coordination et collaboreavecl’ICEdepuissixans, assure-t-il. J’ai transféré plus de 10500 personnes aux services de détention de l’ICE, malgré les objections de mon assemblée législative.»Mais,ajoute-t-il,«lorsque despersonnesrespectentlaloi,se présententautribunaletquevous lesexpulsez,vousfranchissezune lignerouge». Lindsey Horvath, superviseuredémocrateducomtédeLos Angeles,assurequeM.Newsoma répondu présent au moment où sesélecteursavaientbesoindelui. «Il est clair qu’il souhaite briguer unposteplusélevé,etilaindéniablement démontré qu’il le méritait, dit-elle. Lorsque notre population est littéralement attaquée parlegouvernementfédéral,nous devonsnousleveretlaprotéger,et jesuisheureusequ’illefasse.» L’attitudeactuelledeM.Newsom vis-à-vis de M. Trump est très éloignée de celle qu’il avait adoptéeenjanvier,lorsqueleprésidents’étaitrenduenCalifornieà lasuited’incendiesdévastateurs. Les deux hommes s’étaient enlacés sur le tarmac à la descente d’Air Force One de M. Trump. Le gouverneur,quicherchaitàobtenir de l’aide fédérale et espérait se positionner comme le plus responsable des deux, avait largement ignoré les insultes de M. Trump.Lemoissuivant,lesdeux hommes s’étaient entretenus pendant plus d’une heure dans le Bureau ovale, et le gouverneur avaitdanslafouléepubliquement remercié le président. MaisM.Newsomaffirmeque M. Trump est ensuite devenu plus vindicatif et plus difficile à gérer.L’aided’urgencequ’ilavait demandéeaprèslesincendiesne s’est pas matérialisée, et l’administration a envisagé de refuser d’autresfondsfédérauxdestinés à l’Etat. Mêmes’ilcontinuedecroiser le fer avec le président, le gouverneurainsistélundisurlefaitqu’il n’était pas mu par des considérationspoliticiennes.«J’ailaresponsabilité d’allier passion et action, de rester ferme, de défendre les valeursquimesontchères—etqui le sont, je pense, aussi à la grande majorité des Américains —, et de mefaireentendreencettepériode cruciale sur le plan moral », a-t-il déclaré. « Je veux que les habitants de mon Etat sachent qu’ils comptent, que nous nous soucionsd’eux,quenouslessoutiendronsetquenouslutteronscontre les tendances autoritaires. Et que nousseronslàpourlongtemps.» MollyBall (Traduitàpartirdela versionoriginaleenanglais parGrégoireArnould) Editedfromtheoriginal CALIFORNIE Suite de la page I Aux Etats-Unis, le coût moyen d’expédition d’un colis, surcharges comprises, est aujourd’hui de 12,50 dollars, contre 9,53 dollars en 2019. SIPA PRESS La livraisongratuite,dernièrevictimedela guerrecommerciale 12 juin 2025 l’Opinion III De nombreux démocrates craignent d’être perçus comme des défenseurs du chaos et du désordre s’ils se rangent du côté des émeutiers. SIPA PRESS «Fairepayer desfraisde port,quelque soitlemontant desachats,est larecetteidéale pourvoirses venteschuter» «GavinNewsom sentqueleParti démocrate recherchedes leaderscombatifs. Ilsaitfairesortir DonaldTrump desesgonds, doncilenjoue enripostant demanière personnelle»
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