TRANSPORT INFO n°691 - Page 3 - 691 Espace Clichy 9, allée Jean-Prouvé 92587 CLICHY CEDEX Vous pouvez joindre votre correspondant en composant le 01 41 40 suivi du numéro indiqué entre parenthèses Président du conseil de surveillance Patrick Casasnovas Présidente du directoire Sophie Casasnovas Directeur général Frédéric de Watrigant Éditeur: Karim Khaldi (33 11) RÉDACTION Contact : prénom.nom@editions-lariviere.com Rédacteur en chef Bertrand Euloge (56 52) Secrétaire de rédaction Gilles Wullus Rédacteur graphiste Richard Gillouin (56 55) Ont collaboré à ce numéro: E.Bayon,R.Chasle,V.Chrzavzez, J-LFoucret,M.Fressoz,G.Geneste,R.Innan. PUBLICITÉ et ANNONCES Chef de publicité Eric Pellerin (56 65) Assistantedepublicitéet petitesannonces Manon Dimanche (56 51) Responsable administrative Catherine Caulle (34 35) Promotion des abonnements Carole Ridereau (33 48) ABONNEMENTS ET VENTE PAR CORRESPONDANCE Tél.: 03 44 62 43 79 e-mail: abo.lariviere@ediis.fr TARIFS ABONNEMENTS France: 1 an 183 € TTC (TVA 2,1 %) Étranger: nous contacter au (+33) 03 44 62 43 79 CORRESPONDANCE ABONNEMENT TRANSPORT INFO - SERVICE ABONNEMENT 43, avenue Général Leclerc 60643 Chantilly Cedex Directeur de la publication et responsable de la rédaction Patrick Casasnovas Impression: Imprimerie de Compiègne, Compiègne (60) « Papier issu de forêts gérées durablement » Origine du papier: Belgique Taux de fibres recyclées: 0 % Certification: PEFC / EU ECO LABEL Eutrophisation: 0,01 kg/tonne LE MAGAZINE DES PROFESSIONNELS DU TRANSPORT ROUTIER Espace Clichy Immeuble Agena 12, rue Mozart 92587 CLICHY CEDEX Tél.: 01 41 40 32 32 Fax : 01 41 40 32 50 Transport Info est une publication des ÉDITIONS LARIVIÈRE, SAS au capital de 3200000 euros Dépôt légal: 1e trimestre 2025 Commission paritaire: 1025 T 84699 ISSN: 1774-8917 Numéro de TVA intracommunautaire: FR 96 572 071 884 RCS Nanterre: B 572 071 884 CCP 115 915 A Paris «Braquage à l’anglaise» BERTRAND EULOGE RÉDACTEUR EN CHEF SOMMAIRE Édito © WAD ❚ZOOM Renault Trucks va commercialiser les “petits” Flexis 4 ❚ACTUALITÉS Ducournau met la main sur la société RTMD 6 ❚STRATÉGIES & MARCHÉS PORTRAIT DU MOIS Patrick Galtier 8 À LA UNE Rapiteau et ses Fils en route vers un avenir durable 12 Geoffroy Roselle, l’histoire d’une renaissance 14 ENTRETIEN Julien Gunst, PDG de STB 16 Cyril Gardien, dirigeant de Gardien Transports 18 PORTRAIT DE DIRIGEANTE Julie Lee-Quil: dirigeante des Transports Quil 20 Repères 22 ❚POLITIQUES & RÉGLEMENTATION ENTRETIEN: J. Lenormand (SRoad Logistic) 24 Ministère: les plans de Philippe Tabarot 26 ENTRETIEN: A. Laplace (Dreal Centre-Val de Loire) 28 Directeur général de Gardien Transports, Cyril Gardien revient sur son actualité et nous explique ses orientations pour 2025, une année résolument tournée vers l’intermodalité et la décarbonation. Entretien: Cyril Gardien 18 PROCHAINE PARUTION le 21 mars «Braquage à l’anglaise». Non, il ne s’agit pas d’un titre du journal L’Équipe pour parler du dernier crunch rugbystique, mais d’une expression en vogue chez tous les transporteurs français opérant outre-Manche. Depuis le milieu de l’année 2024, ces dirigeants sont en effet littéralement rackettés par les autorités britanniques si ces dernières découvrent un passager clandestin caché dans leur camion, direction l’Angleterre. «Avant, les conducteurs et l’entreprise devaient chacun payer 2000 livres par migrant. Depuis six mois, les pénalités ont été multipliées par six: 12000 livres pour l’entreprise et 12000 livres pour le conducteur (soit environ 29000 euros à la charge du dirigeant!)», dénonce David Sagnard, patron des Transports Carpentier (62) à nos confrères de France 3 Hauts-deFrance. Pour expliquer cette situation ubuesque, la profession pointe du doigt les accords du Touquet, signés en 2004 par Tony Blair et Jacques Chirac, visant à juguler l’immigration clandestine vers le Royaume-Uni. Dans les faits, les forces de l’ordre des deux pays peuvent procéder à des contrôles sur le territoire de l’autre pays. Mais c’est à Calais, point névralgique des chemins d’immigration, que cet accord est le plus prégnant. Le gouvernement français serait donc bien avisé de dénoncer cette règlementation inique, au risque de siffler la fin de partie pour de nombreux transporteurs tricolores. ❚GESTION & MANAGEMENT Fiche pratique : le contrôle du contenu des outils professionnels du salarié 29 CARTE BLANCHE Athina Argyriou, présidente déléguée de la CSIAM 30 ❚DIGITAL & TRANSPORT Axxès lance le nouveau badge C’Moov 34 ❚LOGISTIQUE URBAINE Entretien : Éric Pozzo, (Pick Up Service International) 36 ❚FUTURAMA MAN rend publiques ses données de conduite autonome 38 ❚PRODUITS & SERVICES Pneus PL : des nouveautés pour relancer le marché 40 Essai conso: Scania 45 R BEV 44 Immatriculations et repères 48 ❚VÉHICULES UTILITAIRES LÉGERS Comment Flexis entend révolutionner la distribution urbaine 49 ❚PETITES ANNONCES 50 TRANSPORT INFO MARS 2025 - N°691 3 4 N°691 - MARS 2025 TRANSPORT INFO ZOOM RENAULT TRUCKS VA COMMERCIALISER LES «PETITS» FLEXIS 5 TRANSPORT INFO MARS 2025 - N°691 ZOOM Renault Trucks vient d’annoncer la commercialisation, au sein de son réseau européen, de la nouvelle gamme de VUL électriques Flexis (lire page 49). Rappelons que cette coentreprise est issue du partenariat entre les groupes Renault, Volvo et CMA CGM. Les premières livraisons des trois modèles, baptisés Step-in Van, Panel Van et Cargo Van, sont programmées pour 2026. F rédéric Ducournau, président du groupe éponyme, a officialisé début février l’acquisition de la société RTMD (Réseau Transport Mauduit Distribution), située à Château-Renault (37). Avec ses 120 employés et 70 véhicules, cette entreprise est spécialisée dans le groupage et la logistique, grâce à une superficie de 10000 m². RTMD réalise 11 millions d’euros de chiffre d’affaires, ce qui porte le CA du groupe varois à 80 millions d’euros au total. Cette croissance externe renforce la présence nationale de Ducournau, qui est déjà implanté à Flassans-sur-Issole (83), Peynier (13), Cavaillon (84), Meyzieu (69), Gonesse (95) et Douai (59). Rappelons que l’année dernière, la reprise de Rizzo à Gaillac (81) lui avait déjà permis d’améliorer son maillage. «Stéphane Mauduit, qui n’avait pas de successeur, souhaitait céder son entreprise. Nous avons saisi l’opportunité de reprendre sa société pour pouvoir proposer davantage de solutions à nos clients et étendre notre distribution à toute la Touraine et la Bretagne», explique Frédéric Ducournau. Lequel ne ferme pas la porte à d’autres acquisitions dans les prochains mois pour compléter son réseau. VALÉRIE CHRZAVZEZ 6 DUCOURNAU MET LA MAIN SUR LA SOCIÉTÉ RTMD (37) David Sagnard, PDG des transports Carpentier, a finalisé la reprise des Transports Jean-Jacques de Coninck situés à Ostricourt (59). Créée en 1999 par Jean-Jacques de Coninck, cette entreprise est spécialisée dans le transport national et international pour le secteur de l’aviation. Elle compte 5 salariés et 5 véhicules. «Nous avons pour projet de doubler rapidement son chiffre d’affaires, actuellement de 900000 euros, en profitant de son positionnement pour être plus réactifs pour nos clients qui souhaitent des liaisons vers la Belgique. Cette opération de croissance externe nous permettra de renforcer notre présence sur le marché du transport de marchandises en Europe», déclare David Sagnard, qui a rebaptisé l’entité Transport De Coninck Carpentier. VC Les Transports Jean-Jacques de Coninck (59) repris par les Transports Carpentier (62) Le groupe Prismeo (59), dirigé par Alain Dondainas depuis début 2024, a signé l’acquisition de Catroux Transport, adhérent du groupement Flo. Créée en 1966, cette entreprise familiale compte 120 salariés, 80 véhicules et 25000 m² de surface de stockage. En reprenant les parts de Mathieu Ghestem début 2024, Alain Dondainas avait décidé de changer le nom de la société Ghestem Cargo en Prismeo. Il ne cachait pas alors sa volonté de croissance externe. C’est chose faite avec ce rachat, qui permet au groupe nordiste d’élargir son offre de services au marché de l’agroalimentaire, sur lequel Catroux est actif depuis de nombreuses années. Cette reprise renforce aussi le maillage territorial de Prismeo en Loir-etCher et en région parisienne, où Catroux dispose d’une agence à Wissous (91). VC Mousset-Jetransporte a vendu l’activité distribution de sa filiale Jetfreeze, spécialisée en transport frigorifique, à Sofrilog. Cette opération s’inscrit dans la stratégie de la nouvelle présidente, Céline Mousset-Eloumou Zoa, qui souhaite recentrer son groupe sur ses métiers historiques: cour de ferme, transport et messagerie industriels. Sur les 250 collaborateurs que compte Jetfreeze, Mousset conserve 50 salariés pour garder une activité de transport frigorifique, régional et national, sous l’appellation MSF (Mousset services frigorifiques). Fondée en 2007 à Boulogne-sur-Mer, la société Jetfreeze (145 cartes grises) avait été reprise par Mousset en 2018. Elle s’appuie sur 7 agences en France: Athies, Rungis, Boulay-Moselle, Mâcon, Montagny, Pland’Orgon et Les Sables-d’Olonne. VC Catroux (41) rejoint le groupe Prismeo (ex-Ghestem Cargo) Le groupe Mousset vend sa filiale Jetfreeze à Sofrilog (14) Les principaux rachats du mois ACTUALITÉS © Photos DR N°691 - MARS 2025 TRANSPORT INFO C’est environ le montant de l’amende que devra payer un transporteur aux autorités britanniques pour chaque passager clandestin interpelé dans son camion pour tenter de rejoindre l’Angleterre. Cette amende a été multipliée par six en une année. 12000€ L a troisième et dernière réunion des négociations annuelles obligatoires (NAO) concernant les grilles salariales conventionnelles du transport routier de marchandises (TRM) s’est déroulée le 6 février. Comme prévu, les organisations professionnelles ont maintenu leur position de ne pas accorder d’augmentation salariale pour 2025. En revanche, la FNTR a proposé une revalorisation des frais de déplacement, fixée à +1,5%. Cette offre est ouverte à signature avec une application prévue au 1er mars. TLF attend de consulter ses adhérents avant de prendre une décision sur cette proposition. Quant à l’Otre, elle a indiqué qu’elle n’avait pas encore reçu de mandat de ses adhérents du transport de fonds concernés par cet accord, pour s’engager sur cette offre. Elle prévoit également une consultation. VC 7 ACTUALITÉS …C’est dans l air D’après le journal Le Monde,le discounteur néerlandaisAction fait appel au groupe italienTorello pour livrer certains de ses magasins depuis sa plateforme logistique de Belleville-en-Beaujolais (69).La firme transalpine a ainsi remplacé,fin 2024,plusieurs transporteurs français sous-traitants de Kuehne+Nagel.Et les lignes acquises ont été confiées à des conducteurs roumains et serbes… i ti f i ll t i t l Schenker France, par le biais de sa filiale (depuis 2022) Les Triporteurs français, a inauguré, le 14 février, un centre de cyclologistique de messagerie à Paris. Situé dans le 18e arrondissement, l’entrepôt affiche près de 1200 m2 . Les sept cyclistes recrutés transportent quotidiennement entre 2 et 2,5 tonnes de colis, soit l’équivalent d’une tournée de livraison réalisée avec un camion. Schenker ambitionne d’atteindre les 4500 livraisons dès juin 2025. TRANSPORT INFO MARS 2025 - N°691 © AdobeStock NAO du TRM Source:France24 ZOOM 0% sur les salaires et +1,5% sur les frais de déplacement soumis à signature N°691 - MARS 2025 TRANSPORT INFO 8 ENTIER, PASSIONNÉ ET FIER DE SON MÉTIER DE TRANSPORTEUR, PATRICK GALTIER EST UN PATRON CHARISMATIQUE, QUI CONTINUE DE MARQUER L’HISTOIRE DU TRM HEXAGONAL. AUJOURD’HUI, ENTOURÉ DE SES DEUX FILS PRÊTS À PRENDRE SA RELÈVE, IL REVIENT SUR SES SUCCÈS ET SON AMOUR POUR SA RÉGION, L’AVEYRON. PATRICK GALTIER PORTRAIT I dentifiable à son accent et à son franc-parler, Patrick Galtier évoque avec émotion ses débuts dans l’affaire familiale, dont il incarne la cinquième génération. «Dès l’âge de 6 ans, mon père, qui avait repris avec son frère la société à son oncle, m’emmenait sur les routes avec lui.» À 18 ans, il obtient son brevet de technicien de transport. Nous sommes en 1983, l’année où son oncle André Galtier décède d’un arrêt cardiaque en chargeant un camion. Cet évènement tragique, qu’il évoque encore avec tristesse, le pousse à épauler ses parents dans l’entreprise, alors composée de 15 salariés. Pour pouvoir remplacer les conducteurs en congé, il passe son permis PL en accéléré. Sous sa direction, la société basée à Roquefort-sur-Soulzon (Aveyron), qui proposait jusqu’alors des prestations de transport pour l’industrie laitière en régional, se lance dans le transport international. «Il existait à l’époque une surproduction de lait. J’en ai profité pour proposer des liaisons vers l’Italie et l’Espagne», explique Patrick Galtier. Une initiative qui rencontre un grand succès, au point de mobiliser rapidement 15 citernes. À la fin des années 80, la construction d’un premier dépôt à Roquefort marque une étape dans l’expansion de l’entreprise. Autre date clé, 1999. À l’aube du nouveau millénaire, Stef-TFE sollicite Patrick Galtier pour devenir son interlocuteur pour l’Aveyron et la Lozère. Cette collaboration lui permet de se lancer dans la distribution de produits frais et surgelés en créant Galdis. «Lorsque nous sommes devenus trop gros pour notre site historique, nous avons construit un nouveau bâtiment de stockage de 400 palettes» à Baraqueville (12), indique Patrick Galtier. Le succès est immédiat: «Dès la première année, nous avons été obligés d’agrandir pour pouvoir disposer de 800 palettes de stockage de plus.» DES SUCCÈS À RÉPÉTITION Puis, ses clients aveyronnais ont voulu lui confier leur logistique. «Nous avons démarré cette activité dès 2004. Et comme, en parallèle, Stef continuait à nous externaliser son portefeuille clients sur l’Aveyron, nous avons monté un autre dépôt à Rodez en 2012, où nous avons prévu de quoi stocker 3200 palettes de surgelés avec une autosuffisance énergétique grâce aux panneaux solaires», souligne le transporteur. Sur sa lancée, Patrick Galtier est contacté par la CCI de Rodez, qui souhaitait se défaire du bâtiment de stockage multitempérature qu’elle possédait. «Nous avons saisi cette opportunité et repris les magasins généraux de la CCI en 2016. Ce qui nous a permis d’être le seul transporteur de l’Aveyron à proposer du stockage multitempérature allant de +2 à –25 degrés, via une nouvelle filiale, Galgel», se félicite-t-il. Désormais à la tête de trois sociétés (Galtier, Galgel et Galdis) qui réalisent près de 28 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 160 personnes, Patrick Galtier se sent investi d’une responsabilité envers les familles que son entreprise fait vivre: «Quand on se trouve sur un territoire à faible démographie, en tant que chef d’entreprise, nous avons une responsabilité qui va au-delà des affaires.» Une déclaration qui se concrétise dans les faits, comme il l’a démontré début 2024, en reversant au comité des sports de Saint-Affrique les 91000 euros que l’Urssaf lui avait remboursés après un trop-perçu. «Pour que les personnes aient envie de rester dans notre région, il est important d’agir», justifie-t-il. Au quotidien, Patrick Galtier utilise donc sa notoriété et le poids économique de ses entreprises pour dialoguer avec les décideurs locaux, leur demander de se battre pour que la région puisse conserver ses écoles, ses services publics, ses maternités… STRATÉGIE & MARCHÉS Ses dates marquantes 1983: mon arrivée dans l’entreprise. 1994: l’entreprise commence à travailler avec Fleury Michon et à développer une activité au départ de la Vendée. 2000: le groupe Stef-TFE nous confie sa distribution pour l’Aveyron et la Lozère. 2008: investissement de 8 millions pour la construction du dépôt à Lauras et création de l’activité logistique de stockage surgelé-frais. 2016: acquisition des magasins généraux d’Arsac, spécialisés dans la logistique de produits frais et surgelés, et arrivée de Bastien Galtier dans l’entreprise. Patrick Galtier entouré de ses deux fils, David et Bastien. 9 TRANSPORT INFO MARS 2025 - N°691 NOSTALGIQUE DE LA CONVIVIALITÉ D’ANTAN Si Patrick Galtier est fier du succès de son entreprise, ce qui le rend vraiment heureux, c’est l’arrivée de ses fils Bastien et David à ses côtés. Les deux frères sont devenus directeurs adjoints de toutes les filiales. David a pris en charge la logistique et l’immobilier, tandis que Bastien chapeaute l’exploitation. Fidèles à la tradition familiale, ils ont leurs permis et n’hésitent pas à grimper dans un camion en cas de besoin. «La famille, c’est important chez nous», confie Patrick Galtier, dont la maman, Éliane Galtier, 82 ans, continue à suivre de près la vie de l’entreprise. Son fils rappelle qu’elle a été 10 N°691 - MARS 2025 TRANSPORT INFO Ce que vous auriez aimé faire si vous n’aviez pas été transporteur? Pompier. J’ai failli entrer comme volontaire dans le SDIS 83, mais étant déjà occupé par l’entreprise et le rugby, j’ai finalement renoncé. Ce que vous admirez chez les autres? J’admire les gens qui entreprennent et, dans un autre registre, ceux qui savent cuisiner. J’ai épousé un fin cordon bleu, mais moi je n’ai jamais appris. Je le regrette, car je suis gourmand. Vos vacances idéales? J’ai eu la chance de beaucoup voyager pour suivre mes équipes de rugby. Mais ma région est tellement belle que, lorsque je rentre, je me dis toujours qu’on est très bien chez nous. Si vous pouviez exaucer un vœu… Que Dieu me donne la santé. Je sais à quel point c’est important, car j’ai vu celle de mon père, décédé l’an dernier, décliner. Les fautes que vous pardonnez? Celles pour lesquelles on demande pardon. Cela vient sans doute de mon éducation chrétienne, je pardonne facilement. Je ne suis pas rancunier, mais j’ai de la mémoire. Votre meilleur souvenir? Devenir papa. Mes plus beaux souvenirs sont les naissances de mes enfants. Mais j’ai aussi eu la chance d’assister à la Coupe du monde de rugby en Nouvelle-Zélande en 2011, et de voir mon club de Saint-Affrique devenir champion de France en 2017. Votre plus belle réussite? D’avoir pu faire passer les effectifs de l’entreprise de 15 personnes en 1983 à 160 personnes 40 ans plus tard, tout en étant rentable. Les Transports Galtier sont devenus un acteur qui compte au niveau régional. J’en suis fier, mais cela me donne aussi des responsabilités. Une erreur dont vous avez tiré des enseignements? De ne pas savoir me décider assez vite lorsqu’il y a des investissements importants à réaliser. La création de notre deuxième dépôt, en 2008, aurait sans doute dû être réalisée dès les années 90. Où vous voyez-vous dans 20 ans? Surtout pas en Ehpad. Chez moi, et que je puisse, si possible, encore me rendre chaque jour dans l’entreprise pour y voir les camions et discuter avec les mécaniciens et les salariés… Le dernier jour de votre vie, qu’aimeriez-vous pouvoir dire? Je voudrais surtout choisir mon dernier jour. Je suis un militant de la fin de vie assistée. Si je devais décliner, je ne le supporterais pas. 10 QUESTIONS PERSO présidente de la Maison des transporteurs, devenu l’Otre 12, durant 30 ans, avant de passer le relai à Jacques Portal. Depuis l’arrivée de ses fils, Patrick Galtier assure avoir levé le pied. Mais alors que son épouse Colette, en charge des RH, a prévu de prendre sa retraite, Patrick Galtier sait déjà qu’il ne s’arrêtera pas: «Je prendrai ma retraite le moment venu pour alléger financièrement la société, mais je n’ai pas l’intention de cesser de travailler. Je continuerai à chapeauter le navire et à gérer les soucis tant que Dieu me le permettra.» En se retournant sur l’évolution de sa profession, Patrick Galtier ne peut s’empêcher de regretter que les règlementations imposées aux conducteurs aient mis un terme à la convivialité du métier. «Avant, ils se donnaient rendez-vous pour déjeuner dans les restaurants routiers. Maintenant, la pendule leur impose leurs pauses et ils finissent trop souvent au McDonald’s, faute de trouver un lieu pour pouvoir s’offrir un bon repas. Ils vivent désormais dans leurs cabines et n’ont plus aucun contact entre eux», s’attriste cet amateur de bonne chère et de convivialité. Patrick Galtier est aussi nostalgique des années 70, une époque où, lorsque son père arrivait à Marseille, il était accueilli en héros par les clients. «Aujourd’hui, quand mes conducteurs arrivent avec une demi-heure de retard après avoir roulé toute la nuit, après avoir contourné des barrages ou roulé sur la neige, ils n’ont même pas droit à la moindre considération», comparet-il, tout en étant décidé à continuer à défendre l’image de son métier qui le passionne toujours autant. ■ PORTRAIT 2017. Ce Stralis XP aux couleurs des All Blacks illustre bien la passion de Patrick Galtier pour le rugby (il est président du Club Saint-Affricain). À droite, le premier modèle Strator français, symbole de l’entreprise, dont les clés sont remises par l’ancien patron d’Iveco France, Thierry Kilidjean. JE N’AI PAS L’INTENTION D’ARRÊTER DE TRAVAILLER APRÈS LA RETRAITE. « » 12 N°691 - MARS 2025 TRANSPORT INFO Q ue de chemin parcouru depuis 1949, a n n é e o ù Henry Rapiteau démarrait l’activité de son entreprise, seul, à bord de son camion. En 1971, son fils ainé Jean-Michel le rejoint et devient le 11e salarié. Son frère EN ROUTE VERS UN AVENIR DURABLE Après avoir célébré ses 75 ans, le groupe Rapiteau continue de mener de front son impératif de transition énergétique et le développement de ses activités. Son PDG, Patrice Rapiteau, revient sur les faits marquants de sa société, tout en évoquant ses problématiques actuelles et ses projets. À LAUNE Rapiteau et ses Fils (17) Patrice entre à son tour dans l’affaire en 1974. Et c’est ensemble qu’ils donneront un coup d’accélérateur au développement de la société, qui sera membre fondatrice du groupement Astre en 1992. Quatre ans plus tard, Rapiteau et ses Fils passe le cap symbolique des 50 collaborateurs. En 1998, pour répondre aux besoins de ses clients de la grande distribution, l’entreprise acquiert son premier entrepôt logistique sur son fief d’Orignolles (Charente-Maritime), suivi d’un second à Graveson (Bouchesdu-Rhône), pour disposer de 4700 m² au total. En 2019, les dirigeants achètent des locaux à Sorigny (Indre-et-Loire), avant d’implanter une quatrième agence à Bordeaux (2021), un site qui leur servira à lancer une activité rail-route. «Nous expédions 2 à 3 caisses par semaine de Bordeaux à Lille, principalement du vin », souligne Patrice Rapiteau, qui reconnait s’être lancé dans le combiné pour répondre à la demande de ses clients. « Ils s’étaient engagés à nous donner de quoi recharger pour les retours», se souvient-il. LE PARI DU RAIL-ROUTE En contrepartie, l’entreprise a dû investir dans du matériel et embaucher des conducteurs pour assurer l’organisation des transports depuis le point d’arrivée du train, dans le Nord. Un défi relevé et une opération bénéfique pour la société. Convaincu par l’intérêt du report modal, Patrice Rapiteau a même ouvert une seconde ligne 13 TRANSPORT INFO MARS 2025 - N°691 Rapiteau et ses Fils • Activités: transport en vrac, lots conditionnés et logistique • Salariés: 145, répartis sur quatre sites • Parc: 105 moteurs • CA: 20 millions d’euros EN CHIFFRES R it t Fil EN CHIFFRES entre Avignon et Lille. «Cette nouvelle activité nous a permis de prendre des marchés en retour et de limiter nos kilomètres sur la route, tout en pesant de manière positive sur notre RSE», se félicitet-il. Le transporteur souhaiterait développer cette branche, mais la situation dégradée du secteur le conduit pour l’instant à se concentrer sur la transition énergétique de son parc: «Notre objectif était de parvenir à 25% de notre flotte au B100, nous y sommes presque.» Comme ses confrères, le dirigeant recherche actuellement à baisser ses couts. C’est pourquoi il préfère aussi renouveler sa flotte avec la dernière génération de camions diesel Euro 6, qui lui permettent de réduire sa consommation de carburant. «Ce qui est finalement aussi un moyen de réduire nos émissions de gaz à effet de serre», indique Patrice Rapiteau, qui ne se définit pas comme un écologiste, mais considère qu’il est important de prendre sa part sur la question du développement durable. LA QUESTION DE LA SUCCESSION Un état d’esprit qui l’accompagne depuis des années, à l’image du label Objectif CO2 de l’Ademe obtenu pour son engagement, avant même de se lancer dans l’aventure rail-route et le B100. «Démontrer qu’on travaille à réduire nos émissions va devenir indispensable pour pouvoir répondre aux gros appels d’offres, parce que les clients ont aussi des obligations de résultat en la matière», prédit, en outre, le chef d’entreprise. En attendant, Rapiteau et ses Fils propose du transport en lots conditionnés et en vrac, et s’est diversifié en transports de déchets. Une activité qui a été multipliée par deux en dix ans, en mobilisant 40% de sa flotte. Même si le dirigeant espère qu’elle continuera à se développer, les incertitudes économiques l’obligent à faire preuve de prudence et ne l’autorisent pas à tirer des plans sur la comète. Malgré tout, lui et son frère songent tout de même à assurer leur succession. Rien n’est encore décidé, mais la troisième génération est déjà en poste depuis longtemps. Le fils de Patrice, Arnaud Rapiteau, est responsable d’exploitation, tandis que la fille de son frère, Hélène Latorce, gère l’administratif, et son mari, Xavier Latorce, les ressources humaines. S’ils assurent la relève, l’occasion sera toute trouvée de rebaptiser l’entreprise «Rapiteau et ses Petits-fils»… VC NOTRE OBJECTIF ÉTAIT DE PARVENIR À 25% DE NOTRE FLOTTE AU B100. NOUS Y SOMMES PRESQUE. « » Patrice Rapiteau. © Photos DR
TRANSPORT INFO n°691 - Page 3
TRANSPORT INFO n°691 - Page 4
viapresse