CIEL ET ESPACE n°588 - Page 8 - 588 Découvrez nos destinations sur www.afastronomie.fr JEVOYAGE AVEC L’AFA ©H.Cunningham Ciel austral en Namibie du 14 au 23/06/2023 | N°588 S ans aucun doute, le télescope spatial James Webb (JWST) est l’outil d’une révolution. Sans précédent, il entre déjà dans l’histoire de l’astronomie comme l’œil de cyclope qui permet aux astronomes de ce siècle de “voir”, au sens propre du terme, les galaxies les plus jeunes de l’Univers avec une acuité inégalée. Et ce, quelques centaines de millions d’années après le big bang. Mais surtout, et c’est l’énorme surprise des observations précises de ce cosmos lointain, il révèle dans ces premiers âges la présence, en grand nombre, de galaxies massives, avec des formes diversifiées. Lesquelles imposent un constat fascinant : l’Univers tel que nous le connaissons est apparu très tôt ! Nous savions que le JWST pouvait enrichir nos connaissances là où son prédécesseur, le télescope spatial Hubble, perdait en finesse et en luminosité. Mais nous ignorions que son diamètre imposant (une surface collectrice sept fois supérieure à celle de Hubble) et son domaine de longueur d’onde privilégié (l’infrarouge) provoqueraient l’équivalent d’un saut quantique… de notre vision de l’infiniment grand. Les premiers résultats qui sont présentés dans ce dossier de Ciel & espace sont édifiants. Qu’ils concernent l’Univers jeune, l’évolution stellaire, ou les planètes extrasolaires et leur atmosphère, chausser les lunettes du JWST équivaut à passer du flou au net, avec la facilité d’une technologie de verres progressifs. Et la publication de chaque image nouvelle est l’occasion d’un émerveillement renouvelé. Certes, le travail de mise en couleur, et en valeur, des photos utilisées pour la communication y est pour beaucoup, mais la mesure de l’intérêt de la communauté scientifique est, elle aussi, spectaculaire. Fin janvier de cette année, le nombre de demandes pour le deuxième cycle d’utilisation du télescope a battu un record : 1602 propositions issues de 52 pays différents, 7,3 fois plus de requêtes que de temps disponible. Avec, en tête des intérêts, “les galaxies et le milieu intergalactique”, suivi de très près par “les exoplanètes et les disques”. L’acquisition de données spectrales étant privilégiée (à 73 %) sur l’imagerie classique. Ces faits sont sans doute un peu arides et spécialisés pour le commun des mortels, mais ils étayent, plus que tout, le pari gagné du télescope spatial le plus complexe et le plus cher du monde. Pour dix milliards de dollars, et plus de vingt ans de travail, l’astronomie a touché le gros lot. Et les scientifiques du monde entier rêvent de l’utiliser. Le pari n’était pas gagné, loin de là, tant les miroirs, les boucliers et les instruments du JWST tentaient l’emploi de nouvelles technologies ; le tout placé dans le vide, loin de la Terre. Mais le risque a payé et la collecte de données nouvelles s’annonce à la hauteur des espoirs. Connaître la composition des atmosphères d’exoplanètes aussi petites que la Terre, ou encore, documenter le cycle de la vie des étoiles, de la naissance à la mort, s’annonce comme de formidables avancées dans notre appréhension du cosmos. Mais plus encore, et de façon fondamentale, l’acquisition de nouvelles données d’observations va éliminer des théories et favoriser la naissance de nouvelles idées. Il y a ce que nous imaginions et ce que montre la nature. Et le moins que l’on puisse dire, en paraphrasant Saint-Exupéry, c’est qu’en matière de cosmologie, l’essentiel est invisible. Est-il besoin de rappeler que la plus grande part de la masse de l’Univers est une énigme ? Que la force qui accélère son expansion est d’origine inconnue ? Que nous ne savons toujours pas si les conditions qui ont permis à la vie d’apparaître et de se maintenir à la surface de notre planète sont communes ou uniques ? Nul doute, pour tenter d’y voir clair, le renfort d’un œil de géant n’est pas du luxe. 3ÉDITORIAL Alain Cirou directeur de la rédaction ©MéBé 5 Prochaine parution le 16 mai Revue de l’Association française d’astronomie 17, rue Émile-Deutsch-de-la-Meurthe 75014 Paris. Tél. : 01 45 89 81 44 (10 h - 12 h). www.cieletespace.fr - www.afastronomie.fr - www.galleryastro.fr Directeur de la publication : le président de l’Association française d’astronomie, Olivier Las Vergnas Directeur de la rédaction : Alain Cirou, alain.cirou@cieletespace.fr. Rédacteur en chef : Philippe Henarejos, philippe.henarejos@cieletespace.fr. Rédacteur en chef adjoint : David Fossé, d.fosse@cieletespace.fr. Chef.fes de rubrique : Jean-Luc Dauvergne, jl.dauvergne@ cieletespace.fr, Émilie Martin, e.martin@cieletespace.fr. Rédacteur : Guillaume Langin, guillaume.langin@cieletespace.fr. Ont collaboré à ce numéro : Victoire Renard Dewynter, Sylvain Guilbaud, Adrien Denèle, Mathis De Géa, Antoine Meunier, Grégory Martin, Emmanuel Beaudoin. Secrétaire de rédaction : Emmanuelle Lancel, e.lancel@cieletespace.fr. Direction artistique : Olivier Hodasava, o.hodasava@cieletespace.fr, assisté de Florence Can. Publicité et développement commercial : Cécile Fouqué, cecile.fouque@cieletespace.fr. Contact photo : Nicolas Franco, contact@galleryastro.fr. Comptabilité : Sandrine Dorbais, s.dorbais@cieletespace.fr. - 2 Contact diffuseurs de presse : Destination média. Tél. : 01 56 82 12 04. Abonnement : Ciel & espace c/o Abomarque CS 60003, 31242 L’Union Cedex. Tél. : 05 34 56 35 60 (10 h-12 h/14 h-17 h). Site : www.cieletespace.fr/abonnement . 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P tot. : 0,01 kg/t (couverture) et 0,1 kg/t (intérieur). avril / mai 2023 | N°588 SOMMAIRE 3 éditorial 7 télescopages 8 tout image 14 bloc-notes Décryptage, interview… : l’actualité astronomique et spatiale en bref 24 drôles d’idées Explorer les exoplanètes avec des spores artificielles 48 Une source de neutrinos débusquée dans une galaxie proche 52 Juice s’élance à la découverte de l’océan de Ganymède 56 récit Comment trois fondus d’astro ont débusqué un nuage près de M 31 64 interview Mathieu Kassovitz : “Aller dans l’espace ? Je signe tout de suite !” 66 portfolio Chasseurs de vaisseaux spatiaux 72 portrait Léa Griton : parcours sans-faute vers Uranus 76 histoire Saturne 5, la fusée protégée par la chance 86 l’image à remonter le temps Strindberg et les célestographes 88 premier contact Messier 82, une galaxie à supernovas 92 dans le ciel Les rendez-vous étoilés de ces deux mois 96 observation Les cratères insolites de la Lune 102 aux astres citoyens On a suivi l’astéroïde Didymos à la trace 106 test Lunette TS AC 152/900 RTF : une exploratrice pour le ciel profond 110 ouvert la nuit Vos plus belles photos du ciel 120 du côté de l’association Une nuit sous les étoiles d’hiver 124 loisirs astro Livres, films, animations, conférences, stages… : notre sélection pour découvrir l’astronomie 130 regard L’axe du monde 26 DOSSIER Avec le télescope James Webb : lumière sur les origines Un an après son lancement, le JWST ne déçoit pas ! Le nouveau télescope spatial pulvérise les records de distance pour l’observation des galaxies, plonge dans les pouponnières d’étoiles, décrypte l’atmosphère de planètes lointaines. Ses images exceptionnelles nous offrent une vue sans pareil sur l’Univers. Image de couverture : Nasa/ESA/CSA Retrouvez toutes nos formules d’abonnement sur https://www.cieletespace.fr/abonnement Vous abonner c’est recevoir toutes les parutions chez vous à un tarif préférentiel C’est aussi nous donner les moyens de réaliser des reportages, des enquêtes, des tests de matériel, des podcasts, des vidéos… pour vous offrir une information rigoureuse et des contenus originaux. Vous abonner, c’est nous soutenir 7 | N° 588 TÉLESCOPAGES Pour la même raison qu’une balle lancée en l’air retombe vers la Terre au sommet de sa trajectoire. À l’aphélie, point le plus éloigné de l’orbite d’une planète autour du Soleil, l’attraction gravitationnelle qu’elle ressent est minimale. Mais elle n’est pas nulle. Si vous y lâchiez un objet, sans vitesse initiale, il chuterait droit vers le Soleil. Notez qu’à l’approche de l’aphélie, la vitesse radiale (c’està-dire dans la direction opposée au Soleil) de la planète diminue, puis s’annule et change de sens, comme celle de la balle. ChatGPT reproduit une forme d’intelligence en alignant des mots qui ont l’habitude de se suivre, mais il n’a pas compris Kepler ou Newton ! Guillaume Langin ÉCRIVEZ-NOUSÉCRIVEZ-NOUS Ciel & Espace, 17, rue Émile-Deutsch-de-la-Meurthe 75014 Paris revue@cieletespace.fr ÉTERNEL RETOUR P o u r q u o i u n e p l a - nète revient-elle vers le Soleil après avoir atteint l’aphélie de sa trajectoire elliptique ? Elle devrait plutôt s’en éloigner indéfiniment, car c’est là que la force de gravité qu’elle ressent est la plus faible. J’ai posé la question au fameux robot conversationnel ChatGPT, mais je ne me satisfais pas de sa réponse. Patrick Emin CIEL & ESPACE SANS FRONTIÈRES Comme d’autres lecteurs francophones non français de votre revue, je suis parfois surpris par l’approche très franco-française de certains de vos articles. […] L’article sur les deux Français sélectionnés par l’ESA, dont l’un en réserve (C&E n°587 p. 18) ne mentionne pas deux autres astronautes issus de pays francophones qui viennent d’être sélectionnés, le Belge Raphaël Liégeois et le Suisse Marco Sieber. Votre revue devrait-elle être renommée “Ciel & espace français” ? Xavier Kurz, Liège En effet, vous avez raison de mentionner les autres astronautes francophones. Ne voyez pas dans cette omission une quelconque intention. D’ailleurs, nous faisons écho aux nouvelles en provenance de Belgique, de Suisse ou du Québec dès que l’occasion se présente. Votre courrier constitue d’ailleurs une occasion d’inviter les clubs d’astronomie et les structures de vulgarisation de l’astronomie de ces pays à nous envoyer leurs programmes d’activités. Cela, notamment en vue de l’édition prochaine de “L’almanach du ciel 2024”. Philippe Henarejos TOUT SUR ARTEMIS ! Le 14 avril parait notre prochain hors-série entièrement consacré au nouveau programme lunaire américain. De sa genèse à son but ultime — l’installation d’une base près du pôle Sud de la Lune —, tous les aspects humains et techniques de cette entreprise ambitieuse sont détaillés. Hors-série servi aux abonnés Le Belge Raphaël Liégeois Le Suisse Marco Sieber | n° 588 8 TOUT IMAGE 1 10 3 5 6 7 8 9 9 8 10 2 4 PETIT POUCET La scène rappelle un conte deLa scène rappelle un conte de Charles Perrault, mais ce neCharles Perrault, mais ce ne sont pas des morceaux de pain.sont pas des morceaux de pain. Dans le rôle du Petit Poucet :Dans le rôle du Petit Poucet : Perseverance. Sur Mars, le roverPerseverance. Sur Mars, le rover de la Nasa a semé dix échantillonsde la Nasa a semé dix échantillons de roche prélevés par ses propresde roche prélevés par ses propres soins. Achevé le 31 janvier 2023,soins. Achevé le 31 janvier 2023, ce dépôt constitue une solution dece dépôt constitue une solution de secours. Ces éprouvettes scelléessecours. Ces éprouvettes scellées seront récoltées par des drones siseront récoltées par des drones si Perseverance n’est plus capablePerseverance n’est plus capable d’apporter lui-même d’autresd’apporter lui-même d’autres échantillons jusqu’à la fuséeéchantillons jusqu’à la fusée devant les emporter vers la Terre.devant les emporter vers la Terre. Tel est le scénario de la futureTel est le scénario de la future mission Mars Sample Returnmission Mars Sample Return censée nous offrir un bout decensée nous offrir un bout de Mars… en 2033Mars… en 2033.. © Nasa/JPL-CALTECH/MSSS/ASU/NEV-T© Nasa/JPL-CALTECH/MSSS/ASU/NEV-T | N° 588 TOUT IMAGE 1 7 6 5 3 4 2 9 10 TOUT IMAGE | n° 588 LA POUPONNIÈRE DU SERPENT La nébuleuse Sh2-54 est une pouponnière d’étoiles située à 6 000 années-lumière dans la constellation du Serpent. Vue dans l’infrarouge, elle dévoile une multitude d’astres inobservables en lumière visible, à laquelle nos yeux sont sensibles. En effet, le rayonnement infrarouge des étoiles naissantes peut traverser les épaisses couches de poussière de la nébuleuse. La photo a été obtenue par le télescope Vista de l’ESO au Chili, équipé de sa caméra de 67 millions de pixels. © ESO DES VESTIGES DE SUPERNOVAS À FOISON Il explose une supernova par siècle dans la Voie lactée. Mais à cause des nuages de poussière interstellaires, nous n’en voyons qu’une sur cinq. Pour confirmer la statistique, les astronomes ont couplé le SKA (Square Kilometre Array) à l’antenne parabolique de Parkes, en Australie. Et les 36 antennes du radiotélescope encore en construction ont révélé 21 restes de supernovas inconnus sur une seule image prise dans la constellation de la Règle, en direction des régions centrales de notre galaxie. Un aperçu de la sensibilité et de la résolution sans précédent du futur observatoire dans le domaine radio. © R. Kothes (NRC) and the PEGASUS team 11TOUT IMAGE | N° 588 12 TOUT IMAGE | n° 588 UN MOTEUR POUR ARTEMIS 2UN MOTEUR POUR ARTEMIS 2 Au centre spatial Kennedy, en Floride, lesAu centre spatial Kennedy, en Floride, les préparatifs de la mission lunaire Artemis 2 sepréparatifs de la mission lunaire Artemis 2 se précisent. Dans le bâtiment Neil Armstrong, lesprécisent. Dans le bâtiment Neil Armstrong, les ingénieurs de la Nasa et de l’ESA ont installé eningénieurs de la Nasa et de l’ESA ont installé en janvier le moteur principal du module de servicejanvier le moteur principal du module de service du vaisseau Orion. Ce propulseur issu de la navettedu vaisseau Orion. Ce propulseur issu de la navette AtlantisAtlantis aura pour mission fin 2024 d’envoyeraura pour mission fin 2024 d’envoyer quatre astronautes contourner la Lune. Le modulequatre astronautes contourner la Lune. Le module de service, fabriqué par l’Europe, dispose ende service, fabriqué par l’Europe, dispose en tout de 33 moteurs et fournira en outre l’énergietout de 33 moteurs et fournira en outre l’énergie électrique, l’eau et l’oxygène nécessaires à la survieélectrique, l’eau et l’oxygène nécessaires à la survie de l’équipage pendant une dizaine de jours.de l’équipage pendant une dizaine de jours. © Nasa© Nasa
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