DOSSIER SANTÉ n°26 - Page 12 - 26 4 Enquête 8 | I N T E L L I G E N C E M A G A Z I N E E N Q U Ê T E I D É E S N otre système nerveux est composé d’une diversité étonnante de neurones. Pourtant, un très petit nombre de protéines est nécessaire pour générer et déterminer l’identité de ces milliards de neurones. Un nombre encore plus restreint de protéines, appelées protéines proneurales, initie et régule le développement du cerveau et la neurogénèse (fabrication de neurones fonctionnels à partir de cellules souches neurales). LE RÔLE DES PROTÉINES PRONEURALES Ces protéines proneurales sont des facteurs de transcription, c’est-à-dire qu’elles contrôlent l’expression des autres protéines. Ellessontexpriméesdefaçontrès transitoire pendant la neurogénèse précoce. Un point clef non encore élucidé au sein de ce système est la régulation temporelle précise de l’activité des protéines proneurales et la façon dont elle contribue à la différenciation neurale. Comment un ensemble très petit de protéines avec une durée d’expression très limitée contrôle-t-il la génération d’un nombre très élevé et très diversifié de neurones ? Quelles sont les causes et les conséquences de l’expression transitoire de ces protéines ? Enfin, ce mécanisme qui permet le développement du système nerveux est-il conservé entre les espèces ? Selon des recherches antérieures, l’activité des protéines proneurales a deux caractéristiques : une amplitude importante, expliquée facilement par l’auto-activation, et une durée limitée. Comment une protéine qui auto-active sa propre expression peut-elle disparaitre au pic de son expression ? Les résultats suggèrent l’existence d’un mécanisme inconnu qui prend le pas sur l’auto-activation et permet de synchroniser l’amplitude et la durée de l’expression des protéines proneurales. DES RÉSULTATS PLEIN DE PROMESSES Pour répondre à ces questions, l’équipe de Bassem Hassan a étudié le contrôle et le mécanisme de l’expression des protéines proneurales lors du développement de la rétine chez la drosophile. Ces protéines contrôlent la différenciation des neurones de la rétine à partir des cellules souches neurales. Les chercheurs ont découvert un mécanisme binaire de type « tout ou rien » qui permet d’inactiver les protéines proneurales : il s’agit d’une modification chimique réversible (phosphorylation) dans une partie de la protéine très conservée entre les différentes espèces, de la drosophile à l’homme en passant par la souris. C’est ce mécanisme qui permet la mise en place d’un réseau de neurones fonctionnels. Ces résultats, confirmés dans un autre modèle expérimental, révèlent donc l’existence d’un mécanisme très conservé entre les espèces et universel qui régule la neurogénèse et la génération d’un nombre suffisant et diversifié de neurones au cours du développement du cerveau. Des mutations empêchant cette modification chimique entraînent des maladies qui altèrent le développement du système nerveux, l’élucidation de ce mécanisme pourrait donc permettre, à terme, la mise en place de solutions thérapeutiques. Par ailleurs, tout au long de sa vie, un adulte génère de nouveaux neurones qui contribuent à maintenir l’ensemble de ses capacités cognitives et qui jouent un rôle clef dans la mémoire. La compréhension du rôle de ce mécanisme au cours de la neurogénèse chez l’adulte serait une piste prometteuse pour lutter contre les maladies dégénératives. n V.L. Source : Institut du Cerveau et de la Mœlle épinière-ICM L’équipe de Bassem Hassan, neuroscientifique de renommée mondiale qui a rejoint l’Institut du Cerveau en janvier 2016, a découvert un mécanisme inédit et très conservé entre les espèces, qui régule la neurogénèse via un contrôle temporel précis de l’activité d’une famille de protéines essentielles au développement du cerveau, les protéines proneurales. Ce mécanisme, une simple modification chimique réversible, est crucial pour la production d’un nombre suffisant de neurones, leur différenciation et la mise en place du système nerveux. Explications. DÉCOUVERTE SUR… Le développement du cerveau ©ICM 5I N T E L L I G E N C E M A G A Z I N E | 9 E N Q U Ê T E T O U J O U R S P L U S L a réalité augmentée désigne les différentes méthodes qui permettent d’incruster de façon réaliste des objetsvirtuelsdansuneséquence d’images. Elle s’applique aussi bien à la perception visuelle (superposition d’images virtuelles aux images réelles) qu’aux perceptions proprioceptives comme les perceptions tactiles ou auditives. Ces applications sont multiples et touchent de plus en plus de domaines, tels que les jeux vidéo, l’éducation par le jeu, les chasses au trésor virtuelles, le cinéma, la télévision, la culture et le sport (post-production, studios virtuels, retransmissions sportives...), les industries (conception, design, maintenance, assemblage, pilotage, robotique et télérobotique, implantation, étude d’impact... etc.) ou le médical. DES POSSIBILITÉS SANS LIMITES Le site www.augmented-reality.fr explique que la réalité augmentée peut être considérée comme une interface entre des données « virtuelles » et le monde réel. Pour être plus clair, elle doit avoir les trois caractéristiques suivantes : • Combiner le monde réel et des données virtuelles en temps réel, • Être interactive en temps réel (une modification dans le mode réel entraîne un ajustement des données virtuelles), • Utiliser un environnement en 3D (parce nous vivons dans un monde en 3D). La réalité augmentée permet de contextualiser des données. Bien que de nombreux exemples soient liés à la vision, la réalité augmentée peut « augmenter » n’importe lequel des cinq sens. Les scènes réelles sont capturées par un systèmeetinterprétéesparun ordinateur. Une grande partie du traitement va consister à « caler » le lien entre réel et virtuel. Pour faire apparaître des lunettes sur un visage par exemple, il faut savoir caler correctement la position des yeux, du nez, etc. Tout cela, bien sûr en temps réel. SelonGrégoryMaubon,consultant expert en réalité augmentée et usages numériques, à l’origine du site www.augmented-reality. fr : « La réalité augmentée est la réponse de l’Internet aux questions décisionnelles que nous nous posons dans la vie de tous les jours. En effet, plus simple à mettre en œuvre que les univers virtuels et plus compréhensible par la majorité des gens, la RA va nous permettre de rendre la réalité de tous les jours plus riche. Combinées aux richesses énormes de l’Internet, ses possibilités sont sans limites. » Pour illustrer son propos, l’expert croit beaucoup à la « Spatial Augmented Reality » que l’on pourrait traduire en français par « Espace Augmentée ». Dans ce contexte, les utilisateurs ne portent pas sur eux d’appareils spécifiques de visualisation. Ce sont des capteurs et des projecteurs autour d’eux qui vont observer et réagir. On n’arrête définitivement plus le progrès ! n J.B. Sources et plus d’infos sur www.augmented-reality.fr La réalité augmentée désigne les systèmes informatiques qui rendent possible la superposition d’un modèle virtuel 2D ou 3D à la perception que nous avons naturellement de la réalité et ceci en temps réel. Explications. QUESTION D’ACTUALITÉ La réalité augmentée à l’infini UN PEU D’HISTOIRE… Le concept de réalité augmentée n’est pas récent. En effet, Morton Heilig a créé en 1962 « Sensorama » un casque équipé de capteur permettant de simuler une balade à moto dans New York. Mais ce genre d’application est de la réalité virtuelle, c’est-àdire la possibilité de visiter des univers virtuels. Dans les années 1980, Steve Mann est probablement le premier à proposer un dispositif opérationnel de RA, le EyeTap, une sorte de casque permettant d’afficher des informations virtuelles devant les yeux du porteur. Steve Mann a poursuivit le développement de cet appareil pour le rendre, aujourd’hui, aussi léger qu’une simple paire de lunettes. 6 Dossier à la une Quelle ali pour votre NOURRIR SON Quelle ali pour votre Preuves scientifiques à l’appui, de grands chercheurs et médecins ont démontré que la destinée de notre cerveau ne dépend pas de nos gènes mais en grande partie de ce que nous mettons… dans nos assiettes ! Le Dr David Perlmutter, neurologue américain de renommée internationale, a notamment découvert que les maladies dégénératives et certains troubles cérébraux sont dus à une inflammation pouvant être générée par les glucides les plus riches en sucres et ceux contenant du gluten. Intelligence magazine consacre donc son dossier à ce thème essentiel avec une interview exclusive du Professeur Henri Joyeux. C’est désormais clair, notre cerveau ne s’alimente pas que de nourritures de l’esprit ! NOURRIR SON 7 « Un cerveau bien soigné ne se fatigue jamais. » (Jules Renard) mentation cerveau ? INTELLIGENCE mentation cerveau ? INTELLIGENCE 8 Dossier à la une 12 | I N T E L L I G E N C E M A G A Z I N E À L A U N E I N T E R V I E W LE GRAND ENTRETIEN DU MOIS Pr. Henri Joyeux Vieillir en bonne santé dépend de nous ! ©PierreMérimée 9I N T E L L I G E N C E M A G A Z I N E | 13 I N T E R V I E W À L A U N E Henri Joyeux est professeur des Universités, praticien hospitalier de cancérologie et de chirurgie digestive à l’Université Montpellier 1. Egalement écrivain et conférencier, chacun de ses livres est un best-seller en France. Dans « Changez d’alimentation », il nous explique que plus nous donnons à notre organisme les bons aliments, plus nous avons de chances de rester en excellente santé. Intelligence magazine l’a rencontré pour en savoir plus sur l’alimentation du cerveau ou comment préserver ses capacités cognitives en mangeant sainement. Dans la dernière édition de votre livre, « Changez d’alimentation » (Ed. du Rocher), vous nous expliquez que plus nous donnons à notre organisme les « bons aliments », plus nous avons de chance de nous maintenir en bonne santé. Si vous deviez résumer les 5 clés ou pistes principales d’une bonne alimentation, quelles seraient-elles ? Pr. Henri Joyeux : Les 5 clés sont les suivantes : 1. Utiliser correctement son palais de saveurs, cela veut dire savoir goûter ses aliments. Il est donc nécessaire de bien mastiquer pour transformer les aliments solides en pâteux ou semi-liquides. Ainsi, on stimule ses papilles et son odorat, deux fonctions essentielles qui sont les premières perturbées quand on prépare Alzheimer ou Parkinson. 2. Réduire la consommation des produits laitiers liquides à zéro dès qu’on a des dents, pour consommer des laitages à pâte dure des petits animaux, brebis ou chèvres, une seule portion par jour. Le calcium animal est absorbé au maximum à 30% par le tube digestif. 3. Consommer 4 à 6 fruits frais répartis dans la journée quand cela vous va bien, de saison, de proximité et si possible bio. 4. Se régaler de poissons cuits à la vapeur douce (pas plus de 95°C) et de fruits de mer deux à trois fois par semaine, arrosés d’huile d’olive et de colza pour un apport supplémentaire en acides gras essentiels, les oméga 3. 5. Boire abondamment, 3 grands bols de tisanes (thym, romarin, thé vert, chocolat sans lait, et le soir verveine, camomille, tilleul…), avant et après chaque repas un grand verre d’eau, sans oublier un ballon de bon vin rouge à la fin du repas. D’après-vous, le modèle diététique idéal à suivre se rapproche-t-il plus de la diète méditerranéenne (régime crétois) ou de la diète de l’île d’Okinawa ? Je n’aime pas le mot « régime » quel qu’il soit qui est trop restrictif. Si vous habitez autour de la Méditerranée, régalez-vous de fruits frais et secs, de poissons et fruits de mer,d’huiled’oliveetdeproduitsduterroir. Si vous êtes à Okinawa, suivez les habitudes locales. L’essentiel est de consommer plus de végétal (80%) et moins de produits animaux (20%) en forçant sur les poissons, les fruits de mer et les viandes blanches, mais cela n’empêche pas de prendre une bonne côtelette ou un bon steak par semaine. Peut-on affirmer aujourd’hui qu’on peut éviter certains cancers en se nourrissant mieux ? OUI, car il est démontré que le surpoids et l’obésité, dans 98% des cas dus à la surnutrition, augmentent nettement les risques de cancer de la prostate chez l’homme, et du sein et de l’utérus chez la femme. En effet, le tissu gras joue un rôle indirectement cancérigène par la fabrication d’hormones délétères. Evidemment, si vous mangez au mieux pour votre santé et que vous fumez tabac ou haschich, vous réduisez vos défenses immunitaires et vous payez la facture très cher en terme de cancers. Peut-on également affirmer qu’une mauvaise alimentation a des conséquences néfastes sur le développement des maladies neurodégénératives ? Existe-t-il un lien avéré entre une mauvaise alimentation et le développement de la maladie d’Alzheimer notamment ? Certainement, car il est démontré que les maladies neurodégénératives sont liées à une déficience du système de défense de l’organisme qui crée des « interruptions » du fonctionnement des neurones du cortex cérébral et des zones profondes du cerveau telle l’hippocampe, zone de la mémoire. Il s’agit de vieillissement prématuré des neurones qui sont mal nourris, enflammés, qui transmettent de plus en plus mal l’influx nerveux. Les excès de calcium animal ont été récemment mis en cause. Une alimentation choisie à bon escient peut-elle garantir de garder notre cerveau et nos capacités cognitives en bon état plus longtemps ? Evidemment, mais attention à l’hydratation. En effet les personnes âgées ont souvent des problèmes avec les boissons. Les hommes craignent de se lever la nuit et les femmes du mal à retenir les urines. Ils attendent d’avoir soif pour boire : grosse erreur. Il faut boire régulièrement et surtout ne pas attendre d’avoir soif. Les personnes âgées commencent à perdre leur mémoire, le goût et leur odorat d’abord par simple déshydratation. Pour doper notre mémoire, notre concentration, nos capacités intellectuelles, vers quels types d’aliments doiton se tourner prioritairement ? Au minimum, les 2 litres d’eau sous forme de tisanes, du jus de fruits frais (pas en bouteille), en mastiquant longuement des fruits entiers, et ne pas oublier son ballon de bon vin rouge et bio à la fin du repas (1 verre pour les femmes et 2 pour les hommes, mais pas plus chaque jour). En plus, ne pas oublier les oméga 3 qui sont les meilleurs, avec des poissons et fruits de mer, arrosés avec de l’huile d’olive et de colza et du jus de citron. Je conseille aussi les 2 carrés de chocolat sous la forme d’omégachoco, qui allie du chocolat bio à des graines de lin qui apportent aussi des oméga 3. Existent-ils d’un côté des aliments bons pour nos capacités physiques et, de l’autre, des aliments bons pour nos capacités mentales ? Avoir une bonne et régulière activité physique est fort utile pour doper notre cerveau. Quand on avance en âge, on a tendance à se dire la vieillesse est là, il faut réduire les activités physiques. Alors, on traîne au lit, on s’enferme devant la télé qui vous endort et ne vous apprend pas grand-chose, sauf pour vous dire que tout va mal. Il est désormais démontré qu’une saine activité physique 10 Dossier à la une 14 | I N T E L L I G E N C E M A G A Z I N E I N T E R V I E W À L A U N E transforme dans votre cerveau des neuromédiateurs du pessimisme (déprime, anxiété, angoisse même) en neuromédiateurs de l’imagination, de la créativité, du partage, de la joie… En plus, en se bougeant, on peut transpirer ce qui permet d’éliminer les produits des pollutions environnementales que nous stockons sous la peau et qui sont délétères pour notre santé. Qelles sont les autres règles à privilégier pour préserver son cerveau en bon état de marche ? Le faire travailler pour ce qui nous intéresse, ce qui nous passionne. Il ne faut pas se forcer à faire des mots croisés, mais se forcer à développer ses passions quelles qu’elles soient, parfois qui sont là depuis l’enfance : tel ou tel personnage historique, telle musique, telle langue… Le choix est immense ! Vous donnez actuellement des conférences sur le thème « les paradoxes méditerranéens pour la santé ». Quels sont ces paradoxes ? Le premier et le plus connu est le ”french paradox” avec le vin qui consommé modérément réduit les maladies cardiovasculaires et certainement aussi les accidents vasculaires cérébraux. Il y a ensuite : l’huile d’olive, les poissons et fruits de mer, les fruits frais et secs (amandes, noisettes, pignons), les salades de toutes les couleurs, les légumineuses dont les pois-chiches et enfin la cuisson au classique couscoussier dont le couvercle doit être bombé pour une cuisson rapide qui permet de consommer les aliments al dente qui régaleront votre palais des meilleures saveurs. Enfin, en plus des produits de la ruche (miel, propolis, pollens, gelée royale..), le soleil qui pris 30 minutes deux fois par semaine sur le visage et les bras dénudés permet la formation de la vitamine D nécessaire au métabolisme du calcium en particulier. La montée de l’obésité en France depuis quelques années, notamment chez les enfants, vous inquiète-t-elle ? Que peuton faire d’après vous pour une vraie prise de conscience des Français ? OUI, elle est très inquiétante. 8% d’augmentation de l’obésité par an chez les enfants du primaire c’est une catastrophe de santé publique, liée aux consommations excessives de produits sucrés, lactés et de boissons dangereuses, car trop sucrées, destinées à les rendre addicts : sodas, colas, sans oublier les barres chocolatées et le Nutella avec son huile de palme qui ne vaut rien ! Dans ce livre préfacé par le Professeur Henri Joyeux, le Dr David Perlmutter, neurologue américain de renommée internationale, fait une révélation qui donne froid dans le dos : les glucides peuvent détruire le cerveau et être à l’origine de troubles et de pathologies : Alzheimer, trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), épilepsie, anxiété, maux de tête chroniques, dépression, baisse de la libido... Preuves scientifiques à l’appui, il nous démontre que la destinée de notre cerveau ne dépend pas de nos gènes mais de ce que nous mettons dans notre assiette. « Ces glucides qui menacent notre cerveau » du Docteur David Perlmutter, avec une préface du Pr Henri Joyeux, Marabout, 410 pages, 17,90 €. LA MENACE LES GLUCIDES EN CAUSE « Il faut absolument boire régulièrement et ne pas attendre d’avoir soif. » ©PierreMérimée 11I N T E L L I G E N C E M A G A Z I N E | 15 I N T E R V I E W À L A U N E De plus en plus de Français utilisent des compléments alimentaires en automédication. Est-ce une bonne chose notamment si l’on ne consomme pas les 5 fruits et légumes par jour recommandés par le PNNS ? Lesquels peut-on conseiller avec modération sans danger ? Il y a des abus et du business avec les compléments alimentaires que beaucoup prennent parce qu’ils sont conseillés par des gourous sur internet ou même en consultation. On trouve de tout et cela peut coûter très cher. Je connais des mères de familles qui sont utilisées pour proposer des compléments d’autant plus qu’elles sont rémunérées en argent de poche en proposant des produits fort chers qui n’ont qu’un seul intérêt, celui de vous couper des mauvaises habitudes dont nous sommes gavés par les publicités. On sait que les antioxydants pris de manière excessive peuvent jouer un rôle oxydant, donc inverse de ce que l’on attend. Pensez-vous qu’une bonne alimentation dès la naissance puisse rendre un enfant plus réactif, plus rapide ou plus vif (et avec de meilleurs résultats à l’école), qu’un autre enfant qui présenterait des carences ? Et à quoi doivent principalement veiller les parents ? La meilleure alimentation du nouveau-né, c’est certainement le lait de sa maman. Il contient des protéines de l’immunité, et les anticorps que sa mère lui transmet qui stimulent et construisent son système immunitaire. L’idéal pour sa santé, c’est un allaitement intégral de 6 mois et pendant 1 année, un petit « apéritif lacté » de la maman avant de partir et au retour du travail. Ainsi, on peut retarder les vaccinations. Un enfant nourri au sein a un Quotient Intellectuel (QI) supérieur à l’âge de 5 ans à celui de l’enfant nourri au lait des firmes pharmaceutiques. Il se rattrape plus tard, au prix de plus d’efforts. De même, quels sont les aliments essentiels à privilégier chez les seniors pour les aider à se maintenir le plus longtemps possible dans une santé optimale ? Boissons, poissons, produits de la ruche, chocolat, alimentation méditerranéenne, voici la règle pour tous les Français. On sent chez vous l’ardente nécessité d’informer le public sur les bons comportements alimentaires à adopter… La « cohérence » du fonctionnement de notre organisme fait que les nouveaux comportements alimentaires éviteront d’abord le surpoids, l’obésité, le diabète. Ils préviendront ou amélioreront en plus de l’ostéoporose bien d’autres maladies souvent chroniques et handicapantes qui remplissent les consultations d’un grand nombre de spécialités médicales, nombre de cancers et de maladies dites « auto-immunes ». C’est pour ces raisons que tous les médecins, quelle que soit leur spécialité, devraient avoir une formation en nutrition avec des mises à jour régulière. Au-delà de l’alimentation, ce sont des changements d’habitude qui s’imposent. Il y a urgence ! Certes cela demande du temps, plutôt des mois que des semaines. Nos compatriotes le savent et attendent des conseils précis. Je résume ces conseils en parlant des « comportements méditerranéens » : alimentation variée, soleil, activité physique au grand air, une véritable « philosophie de vie méditerranéenne ». Un peuple est en meilleure santé quand il consomme moins de médicaments, moins d’hospitalisations et qu’il peut réduire ses budgets santé. Le vieillissement de la population ne devrait pas être synonyme de dépenses de santé dans l’avenir. On peut avancer en âge, vieillir en restant en bonne santé. Cela dépend surtout de nos comportements, encore faut-il que le grand public soit averti. D’où mes livres et mes conférences sur cette question. n Propos recueillis par Valérie Loctin. Son site officiel : www.professeur-joyeux.com « Changez d’alimentation » du Professeur Henri Joyeux, Editions du Rocher, 464 pages, 19,90 €. P O U R A L L E R P L U S L O I N Connaissez-vous les relations entre votre alimentation et la santé de votre cerveau ? Connaissez-vous les relations directes entre votre hygiène buccale, le nombre de vos amalgames dentaires et votre risque de développer une démence ? Savez-vous que le seul fait de pratiquer chaque jour un peu d’exercice physique réduit de 50 % vos risques d’Alzheimer ou de Parkinson ? Savez-vous que le cholestérol protège de la démence ? Connaissez-vous un régime alimentaire simple et agréable vous permettant de réduire de 50 % vos risques ? Savoir tout cela et l’appliquer dans la vie quotidienne est le meilleur moyen d’éviter ces maladies ou de les faire reculer quand elles commencent à apparaître. « Tout savoir pour éviter Alzheimer et Parkinson » du Pr Henri Joyeux et Dominique Vialard, Editions du Rocher, 296 pages, 19,50 €. À L I R E A U S S I Christine Bouguet-Joyeux, écrivain, épouse du professeur, est devenue une spécialiste de nutrition santé, développant une méthode de cuisson à la vapeur douce. ©PierreMérimée 12 Dossier à la une Préserversescapacités cognitivesparlanutrition Nous souhaitons tous ou presque vivre centenaires à condition de rester en forme physique et mentale. Mais notre espérance de vie en bonne santé est corrélée à une activité physique et intellectuelle quotidienne, mais aussi à une alimentation saine et équilibrée. Comment nourrir à la fois notre cerveau et notre métabolisme pour tenter de préserver nos neurones et d’éviter les maladies neurodégénératives ? | I N T E L L I G E N C E M A G A Z I N E16 À L A U N E D O S S I E R CERVEAU & ALIMENTATION 13 À la fin du XIXe siècle, l’homme mouraitenmoyenneà43ans,etlafemme à 46 ans. Aujourd’hui en France, l’espérance de vie est de 85 ans pour les femmes et de 78,9 ans pour les hommes. On estime donc qu’au moins un petit enfant sur deux, né au troisième millénaire dans l’Hexagone, deviendra centenaire. Le souci, c’est que si l’espérance de vie est régulièrement en hausse dans notre pays, à l’exception de l’année 2015 cependant où elle a accusé un léger recul, le nombre de Français touchés par des maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer ou le Parkinson ne cesse d’augmenter. Voilà un véritable problème de santé publique, qui prouve combien il est urgent d’apprendre à nos compatriotes à bien manger dès la naissance et tout au long de leur vie. LORSQUE LE CERVEAU DÉCLINE… Lorsque la santé du cerveau décline, l’organisme entre dans un état de dégénérescence qui conduit à la sénilité. Des maladies telles qu’Alzheimer, Parkinson, Sclérose en plaque, sont des conséquences d’un cerveau malade. Un cerveau mal nourrit, mal irrigué peut provoquer des troubles, devenus très fréquents dans la population d’aujourd’hui, comme la fatigue, la dépression, la perte de productivité intellectuelle, la baisse de la mémoire, etc. La santé du cerveau dépend entre autres d’une parfaite irrigation sanguine lui permettant de recevoir les différents nutriments indispensables à son bon fonctionnement. L’oxydation des cellules par l’action des radicaux libres, est le premier responsable de la dégénérescence du cerveau et l’apport insuffisant de nutriments essentiels en est un autre. L’autre facteur de dégénérescence, c’est l’action de certains polluants, gaz et métaux lourds, qui attaquent l’intégrité des cellules nerveuses. Seuls certains nutriments indispensables réussissent à passer en utilisant des protéines spécialisées comme transporteurs. Cependant cette barrière est mise à rude épreuve par l’action des polluants et des radicaux libres. La santé du cerveau dépend donc d’actions protectrices contre ces éléments nocifs et l’utilisation de facteurs de santé qui favoriseront son intégrité et son fonctionnement, à commencer par une bonne hydratation et une alimentation adaptée. L’INFLUENCE DE L’ALIMENTATION Les connaissances scientifiques actuelles permettent de comprendre très précisément en quoi notre alimentation influe sur notre santé, dans un bon ou un mauvais sens. Car l’organisme humain est très cohérent. Si nous lui donnons les bons aliments, nous avons le maximum de chances de rester en excellente santé et au maximum de nos capacités physiques, intellectuelles et affectives. Quel est le point commun entre le diabète, les troubles cardio-vasculaires, l’hypertension, l’ostéoporose, la dépression, le surpoids, le burn-out, le stress, l’hypercholestérolémie ou encore les troubles dégénératifs ? Ils sont tous en relation directe avec la qualité de l’alimentation et la pratique d’une activité physique régulière. Car effectivement, sans une nourriture adaptée et une sollicitation suffisante de nos cellules, votre organisme ne peut pas maintenir son homéostasie. L’essentiel est en effet de garder des défenses immunitaires solides et efficaces pour empêcher l’envahissement bactérien ou viral et celui des pesticides de notre environnement que nous consommons par voie digestive ou respiratoire. Hippocrate le Grand, né vers 460 av. J.C. dans l’île de Cos est un médecin grec du siècle de Périclès, mais aussi philosophe, considéré traditionnellement comme le « père de la médecine » car il est le plus ancien médecin grec sur lequel les historiens disposent de sources, même si celles-ci sont en grande partie légendaires et apocryphes. Il a fondé l’école de médecine hippocraI N T E L L I G E N C E M A G A Z I N E | 17 D O S S I E R À L A U N E Nous sommes ce que nous mangeons (Hippocrate) Hippocrate, précurseur de la diététique
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