LES VEILLEES DES CHAUMIERES n°3648 - Page 2 - 3648 Ce numéro comporte, posé en C4, un encart asilage Mon Petit Science & Vie Nano 2 SOMMAIRE DR 5 Actualité Une folle envie de paix 6 Exposition Et l’affiche publicitaire créa une révolution visuelle 10 De-ci, de-là 12 Le monde religieux François, adieu au «pape des pauvres» 14 Le monde religieux Sœur Inah Canabarro Lucas, la nouvelle doyenne de l’humanité 16 Santé pratique Enfin de nouvelles armes contre le psoriasis 18 Santé pratique Ces boissons vous veulent du bien 20 Toute une vie Faustine Bollaert, l’animatrice qui a le goût des autres 22 Grands musées du monde La galerie des Offices de Florence, des merveilles à faire tourner la tête… 24 Patrimoine Bienvenue chez Montesquieu 28 Les grandes séries d’hier Chapeau melon et bottes de cuir, un duo indémodable 30 Nos jeux de la semaine 32 Chansons de légende Les P’tits Papiers de Régine, le cadeau de Gainsbourg à la reine de la nuit 34 Il était une fois… La Fureur de vivre: James Dean, né rebelle 36 Toutes vos lettres 37 Le coin lecture 38 Nouvelle Des mots et des maux 44 La petite histoire Le Jardin de sculptures de la Dhuys: un voyage artistique au bord de la Marne Édito Nous étions en train de boucler ce numéro quand la nouvelle est tombée: le pape François s’en est allé. Nous avons donc décidé de changer notre Une et de lui accorder toute la place qu’il mérite dans Les Veillées des Chaumières. Sa popularité n’avait d’égale que sa volonté de promouvoir la justice sociale et la paix dans le monde. Quitte à déstabiliser quelquefois. Son pontificat a été marqué par des événements difficiles: pandémie, guerres, terrorisme… À chaque épreuve, il était source d’apaisement et de soutien aux plus fragiles, à ceux qui n’avaient pas forcément la possibilité de s’exprimer. Il restera éternellement le pape du peuple… Bonne lecture et rendez-vous le 28 mai. Château de La Brède Bienvenu chez Montesquieu 24 Dominique Chaudey Rédacteur en chef PHOTOS COUVERTURE BACKGRID UK/BESTIMAGE - ABC - JARDIN DU PLESSIS-SASNIÈRES - LABEYRIE DAVID REMAZEILLES / GIRONDE TOURISME Abonnement. Du 14 au 27 mai 2025 46 Feuilleton 14 – Sandra et le Tzigane 53 Vos poésies 54 Nouvelle Un peu de bonheur 60 Chers objets Le jeu de la grenouille, le classique intemporel 62 Feuilleton 3 – Trois nuits avec vous 71 Vos poésies 72 Coloriage 74 Nouvelle La fée du pommier 80 Feuilleton 6 – Des fleurs pour Léopold 88 Exposition Ces fascinants déserts 92 Toute une vie Jean-Claude Brialy, l’élégance à la française 94 Métiers d’autrefois La dernière fabrique de soldats de plomb 96 Nos jeux de la semaine 98 Que devenez-vous? Christian Morin: «Je profite des tours de manège en rab que la vie m’accorde» 100 La bonne cuisine Maman, tu vas te régaler! 106 Nos amis les animaux L’ibis rouge, quel oiseau flamboyant! 108 Nos amis les animaux La loutre de mer, adorable et si (fr)agile… 110 Allons au jardin La bignone du Chili, cette plante originale mérite vraiment le détour! 112 Solution des jeux 113 En visite À Plessis-Sasnières, un jardin au charme naturel, presque sauvage 116 Le musée des Veillées Jean-Claude Brialy, l’élégance à la française 92 La dernière fabrique de soldats de plomb CORALIE PILARD - AGGLOMÉRATION SAUMUR VAL DE LOIRE RENAUD BACHOFFNER / BESTIMAGE 94 Les manuscrits non insérés dans Les Veillées ne sont pas rendus à leurs auteurs. Dans nos textes de fiction, toute ressemblance avec des situations, des personnes ou des patronymes existant ou ayant existé serait purement fortuite. Une publication du groupe Reworld Media ÉDITEUR REWORLD MEDIA MAGAZINES (SAS) 40, avenue Aristide-Briand – 92220 Bagneux Directeur de la publication: Gautier Normand Actionnaire: Président Reworld Media France (RCS Nanterre 477 494 371) Tél. accueil: 01-41-33-50-00 RÉDACTION redaction.veillees@reworldmedia.com Directrice de la rédaction: Linda Bouras Rédactrice en chef: Annie Viaud Assistante de la rédaction: Patricia Molnar Rédactrice en chef technique: Delphine Brengou Cheffe de service fiction: Valérie Dufils Première secrétaire de rédaction: Annie Touzé Courrier des lecteurs: Ouarda Akdache oakdache@reworldmedia.com Première rédactrice graphiste: Soifia Hanami Rédactrice graphiste: Ouarda Akdache Iconographe: Christian Rousselet DIRECTION-ÉDITION Directeur exécutif: Stéphane Haitaian Directeur d’édition: Tommaso Albinati ABONNEMENT ET DIFFUSION Directrice marketing direct: Catherine Grimaud Cheffe de marché senior: Rita Da Silva Responsable des ventes: Jacky Cabrera Responsable service diffusion: Philippe Merrien SERVICE ABONNEMENT Tél. 01-46-48-48-99 Du lundi au vendredi de 9 à 19 heures, et le samedi, de 9 à 18 heures, le tout sans interruption. Si vous préférez transmettre votre demande par écrit, vous avez deux possibilités: Depuis notre formulaire de contactsur: www.serviceabomag.fr Par courrier à: Service abonnement Les Veillées des Chaumières 59898 LILLE Cedex 9 Abonnement 1 an (26 numéros): 128,70 € FABRICATION Directeur des opérations industrielles: Bruno Matillat Prépresse/Photogravure: Sylvain Boularand, responsable de service Fabrication: fabcompos@fabricationrm.com Impression: Rotochampagne, 2, rue des Frères-Garnier, 52000 Chaumont DÉPÔT LÉGAL : mai 2025 PRIX AU NUMÉRO : 4,95 € N° ISSN : 0750-4039 N° CPPAP : 0228 K 80260 Faites le plein de suspense avec de grandes énigmes policières ! REJOIGNEZ NOUS DEUX SUR FACEBOOK.COM/NOUSDEUXMAG & SUR INSTAGRAM *Le magazine Nous Deux 2,40€ + le recueil policier 2,60€ = 5€ Faites le plein de suspense avec 2,60 €* EN + DE NOUS DEUX à retrouver en kiosque votre collection de recueil policier Avec 5 Actualité Une folle envie de paix L a date du 16 mai est instaurée le 8 décembre 2017 par une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU), comme la Journée internationale du vivre-ensemble en paix. Elle aura rarement fait davantage sens que cette année, alors que la sécurité de la planète et de l’humanité semble plus fragile que jamais. «Dans un monde où les conflits se multiplient et polarisent les idées autant que les sociétés, cette journée nous rappelle que c’est précisément quand cet horizon de paix semble lointain qu’il faut construire, sans relâche cet idéal de concorde et de cohésion sociale», rappelait Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), l’an dernier. Le but d’une telle journée était d’emblée d’inciter les États membres à œuvrer par tous les moyens à s’entendre entre eux, mais pas seulement. En effet, l’ONU tenait à rappeler aussi combien étaient primordiaux l’acceptation des différences, l’écoute de l’autre, l’estime, le respect et la reconnaissance envers autrui. Autant de valeurs qui devraient sembler évidentes, mais qui sont trop souvent piétinées. Pour l’organisation internationale, la mise en place d’un tel jour était aussi un moyen de rappeler l’une des raisons de son existence, inscrite dans sa charte: préserver les générations futures du fléau de la guerre. Et aussi d’insister sur l’importance à accorder à tout processus favorisant le dialogue et le règlement des conflits, dans un esprit de compréhension mutuelle et de coopération, dans le respect desdifférentesculturesoureligions. Elle soulignait ainsi à quel point il était nécessaire pour la communauté internationale de mobiliser régulièrement les moyens pour que les peuples puissent vivre dans l’inclusion,lasolidarité,lacompassion, grâce à l’éducation, les sciences, l’information ou la culture. Selon elle, la paix ne peut jamais être tenue pour acquise. Il est fondamental de rappeler ces principes. Anne LENOIR La Journée internationale du vivre-ensemble en paix, qui fête sa septième édition, se tient le 16 mai. Une date choisie par l’ONU pour rappeler à tous, anonymes et responsables politiques, la nécessité d’accepter nos différences. SHUTTERSTOCK 6 Exposition Jules Chéret, imprimerie Chaix, Bal au Moulin Rouge (1889). L’affichiste introduit et développe l’usage de la couleur dans la lithographie. BNF 7 D ansleParisdelasecondemoitiéduXIXesiècle métamorphosé par les grands travaux du baron Haussmann, les rues accueillent une véritable révolution visuelle. L’affiche publicitaire s’impose sur les palissades, les murs, les kiosques à journaux, les colonnes Morris et les couloirs souterrains du tout nouveau métropolitain. Conçue en collaboration avec la Bibliothèque nationale de France, qui conserve des milliers d’exemplaires au dépôt légal, l’exposition réunit près de 230 œuvres, offrant un panorama artistique, sociétal et historique de ce médium sous-estimé. Peintures, dessins,estampes,photographiesrendentcomptedela prolifération de ces réclames dans la ville moderne. «Immense nausée des affiches», écrit Baudelaire dans son journal intime. Ce secteur florissant rassemble artistes, imprimeurs, colleurs d’affiches et hommes-sandwichs. Georges Méliès et les frères Lumière s’emparent de la figure du colleur d’affiches. Quelques femmes exercent cette profession, en témoignent des cartes postales aux titres évocateurs de Paris féministe. Les nouvelles professions pour femme. Devant cette publicité à outrance, les avis divergent: bienfait de la vie moderne ou pollution visuelle? Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra, fustige ces grandes pancartes qui «s’étalent au milieu de nos rues et nous gâtent tant de belles vues de notre cité». Il critique les «tons criards» et «le mauvais goût» des productions de l’imprimerie Rouchon, jugées peu propices à l’éducation artistique. Pour le critique Roger Marx, cette accumulation façonne «un musée en plein vent, formé au hasard, où le génial se heurte au médiocre, où l’exquis voisine avec le grossier, où le spirituel côtoie l’absurde». Quant aux commentaires élogieux, ils se doublent parfois d’une critique virulente de Et l’affiche publicitaire créa une révolution visuelle Henri de Toulouse-Lautrec, imprimerie Chaix, Bruant au Mirliton. Georges Chevalier, Paris, place de la Bourse, 5 juin 1914. BNF ARCHIVES DE LA PLANÈTE, MUSÉE DÉPARTEMENTAL ALBERT-KAHN À la Belle Époque, les murs de Paris se couvrent d’affiches vantant l’arrivée du chemin de fer, les premiers grands magasins, les folles soirées de Montmartre… L’avènement de cet art publicitaire fait l’objet d’une exposition au musée d’Orsay. par Sandrine Tournigand 8 Exposition la ville haussmannienne: en 1879, l’écrivain Huysmans prend le parti de cet art éphémère et joyeux qui détonne au regard de «l’immobile monotonie d’un décor pénitentiaire». Un avis partagé par le journaliste Maurice Talmeyr, selon qui «la véritable architecture, aujourd’hui, c’est l’affiche, le pullulement de couleurs sous lequel disparaît le monument de pierre». C’est avec la lithographie, technique d’impression à plat d’un dessin réalisée sur une pierre, que ces réclames connaissent un essor spectaculaire. Elles se colorisent et deviennent plus imposantes. L’imprimerie Camis se vante d’avoir «les plus grandes machines du monde» pour «les plus grands formats tirés à ce jour en un seul morceau». Jules Chéret, le roi de l’affiche moderne En 1844, un brevet d’invention participe à cet envol. Jean-Alexis Rouchon a mis au point un procédé d’impression en couleur, dérivé de celui du papier peint. Et c’est Jules Chéret, ouvrier lithographe, qui donne, à partir de 1866, ses lettres de noblesse au genre pour vanter l’industrie du divertissement. Son œuvre marque le début d’un véritable âge d’or. Il développe une large palette de couleurs, modifiant le traitement des fonds de ses affiches. Celle qu’il réalise pour l’inauguration de l’Olympia montre une femme en plein mouvement, légèrement dévêtue. Ces figures féminines, surnommées «les Chérettes», attirent les badauds. Son talent lui vaut d’être reconnu comme le père de l’affiche moderne. Désormais produites en grand nombre, ces publicités stimulent la consommation et séduisent de nouveaux clients. On y vante le biscuit LU, le chocolat Menier, l’extrait de viande Liebig, le fer Bravais, le quinquina Dubonnet, etc. Les marques misent sur des professionnels comme Henri Jossot, à l’origine d’une nouvelle rhétorique graphique. Qu’elles fassent la promotion de boîtes de sardines ou de spiritueux, ses œuvres traduisent sa conception du média: «L’affiche, sur le mur, doit hurler, elle doit violenter les regards du passant.» Les façades se couvrent d’images et de messages incitant à venir dépenser dans les grands magasins, ces «cathédrales du commerce moderne», comme les désigne Émile Zola dans Au Bonheur des dames. Pour une réclame pour La Belle Jardinière, c’est la vue intérieure de ce grand commerce qui est montrée. Plutôt qu’un agrégat de maisons sur l’île de la Cité, l’enseigne représente un édifice neuf, signedemodernité.LeonettoCappiellovaallerplus loin… Avec lui, il ne s’agit plus de vendre un produit, mais du rêve. Quel lien entre le chocolat Klaus et une femme à cheval? Aucun. Dans un article, il explique: «Je veux faire des affiches simples dont on se souvient facilement, un tournant vers l’épure dans une recherche d’efficacité, de simplification.» Les artistes s’en mêlent Vers 1890, ce simple support publicitaire entre dans le champ de l’art. Dans le sillage de Jules Chéret, une nouvelle génération de peintres appartenant au mouvement nabi s’intéresse à cette discipline qui ne s’appelle pas encore graphisme. Alfons Mucha, Médée. Théâtre de la Renaissance. Sarah Bernhardt (1898). Théophile Alexandre Steinlen, Imprimerie Charles Verneau, La Rue (1896). BNF BNF 9 Pierre Bonnard donne le coup d’envoi en 1891 avec son affiche pour France-Champagne. Empruntant à Chéret sa joyeuse pin-up, il en donne une version inspirée de l’estampe japonaise. Privilégiant l’expressivité, il exagère à outrance la mousse du champagne et déforme le bras de la jeune femme. La même année, Toulouse-Lautrec signe à son tour sa première publicité. À la suite de Chéret qui réalise celle du lancement du bal du Moulin Rouge, l’artiste fait la promotion de Louise Weber, dite «la Goulue». Devant une foule de bourgeois en hautde-forme venue s’encanailler, la chahuteuse est montrée en plein French cancan, jupons relevés, à côté de son partenaire Valentin «le Désossé». S’y révèle déjà toute la radicalité du peintre, avec le premier plan tronqué et les motifs stylisés. Son affinité avec le monde du music-hall lui permet de nouer une complicité avec des artistes qui s’en remettent à lui pour construire leur image. C’est le cas du chansonnier Aristide Bruant, dont il fige l’aspect théâtral, portant chapeau, cape et écharpe rouge, ou d’Yvette Guilbert sur la scène du Divan japonais, reconnaissable à ses gants noirs. Il y a aussi Sarah Bernhardt, à la tête du Théâtre delaRenaissance.LacomédiennefaitappelàAlfons Muchapourdessinerl’affichedesapièceGismonda. Missionné dans l’urgence, l’artiste tchèque a quelques heures pour s’exécuter. Il représente l’actrice presque grandeur nature, coiffée d’une couronne de fleurs, un rameau à la main, sa robe ornée de motifs dorés semblables aux icônes byzantines. Cette vision idéalisée séduit «la Divine». D’autres affichesdel’actriceenMédéeouLorenzaccioseront réalisées par le peintre. En pleine période Art nouveau,Muchadéveloppeunstyleoriginal:deslignes courbes et sinueuses, et surtout des femmes-fleurs diaphanes aux longues chevelures flottantes. Entre revendication sociale et censure Élevée au rang d’œuvre d’art, l’affiche s’expose et se collectionne. Les imprimeurs tirent des épreuves en édition limitée pour des amateurs toujours plus nombreux, à tel point que l’on parle d’affichomanie. Elle a dorénavant ses Salons, ses marchands spécialisés et ses revues professionnelles. Le parcours de l’exposition se termine sur son usage politique. Outil de revendication sociale et de propagande, l’affiche porte la cause des femmes ou la lutte des cheminots à coups de slogans accrocheurs. Des illustrateurs engagés, comme Théophile Alexandre Steinlen, contribuent à L’Assiette au beurre, revue satirique à tendance anarchisante, au Petit Sou, quotidien de défense sociale ou à La Lanterne, journal républicain anticlérical. Dans un climat politique agité par le scandale du canal de Panama et l’affaire Dreyfus, les slogans, très virulents, sont très surveillés. À l’instar d’À bas les calottes, qu’Henri Jossot réalise pour le journal L’Action, où il met au service de la cause anticléricale sa conception de l’image, érigée en arme visuelle: «Les passants, d’abord estomaqués, comme s’ils recevaient un coup de poing en pleine poitrine, s’arrêtent… et regardent, ce qui est l’essentiel.» Mais l’affichage reste encore soumis au contrôle de l’État, et la profession d’imprimeur encadrée par un strict système d’autorisations. • Expositions L’Art est dans la rue, jusqu’au 6 juillet, et L’Apéritif et le spectacle, le portrait au pastel des soirées de la Belle Époque, au musée d’Orsay, 75007 Paris. Jusqu’au 2 juillet. Renseignements: musee-orsay.fr Théophile Alexandre Steinlen, imp. Charles Verneau, Tournée du Chat noir de Rodolphe Salis (1896). BNF 10 De-ci, de-là E n1805,ilarésisté,aularge du cap de Trafalgar, aux boulets de canon de la marine napoléonienne ; en 1941, à une bombe larguée par l’aviation allemande. Mais voilà qu’à Portsmouth, dans le sud de l’Angleterre, où il est en cale sèche à ciel ouvert depuis 1922, toute sa structure est menacée par un ennemi insidieux: des vrillettes, de minuscules insectes xylophages qui se nourrissent de son bois, que l’eau de pluie a infiltré. En Grande Bretagne, il est interdit à qui que ce soit, – fussent des vrillettes – de s’en prendre au patrimoine national. Or le HMS Victory, navire amiral de la flotte britannique à bord duquel le vice-amiral Nelson est mort en vainqueur sous les coups d’un mousquet français, en est un emblème. Aussi un projet de 45 millions de livres sterling (53 millions d’euros) a-t-il été entamé pour le restaurer. Il est assisté par un programme d’intelligence artificielle qui offre un modèle informatique en trois dimensions de toutes les parties du navire.Lessectionsdontlebois est pourri seront remplacées par du chêne ou des matériaux modernes qui garantiront une longévité maximale. Le mât principal, haut de 32 mètres et lourd de 26 tonnes, a été hissé par une grue et déposé à côté du navire pour subir des tests par ultrasons mesurant sa résistance. Le même exercice sera répété pour les deux autres mâts et le beaupré. Le chantier est prévu pour durer dix à quinze ans. C hassé pour sa chair et sa fourrure, qualifié de nuisible parce qu’il coupe les arbres pour bâtir des barrages qui élargissent le lit des cours d’eau, quasi exterminé au début du XXe siècle, le castor a bien failli disparaître en France. Mal aimé hier, il fait désormais partie des espèces protégées et, à l’heure du dérèglement climatique, il est devenu un allié pour la préservation des écosystèmes et la lutte contre les aléas de la météo: les barrages filtrants faits de branches et de terre qu’il construit dans les cours d’eau en ralentissent et régularisent le flux, limitent les débordements en cas de fortes précipitations, et permettent aux liquides d’infiltrer les sols alentour. Les zones humides ainsi créées sont l’habitat et le refuge d’amphibiens, reptiles, oiseaux ou petits mammifères et, lors des sécheresses, relarguent leur eau au bénéfice de nombreuses espèces animales et végétales. Sans compter qu’en étant les seules à ne pas brûler en cas de feux de forêt, elles arrêtent la progression des incendies. Dans l’Ouest américain, où le feu dévaste régulièrement des millions d’hectares, les images satellite montrent des paysages calcinés, où de larges zones de verdure subsistent autour des rivières où vivent ces rongeurs. Et des études ont établi la valeur monétaire de leur présence. Alors désormais, leur implantation est subventionnée et, là où ils ne s’établissent pas, l’homme copie la technologie de cet ingénieur hydrologue en construisant des barrages de rondins, de branches et de boue… Le légendaire HMS Victory est en péril. On lui déroule désormais le tapis rouge! SHUTTERSTOCK LE MADCHOPPER - WIKIMEDIA COMMONS Costauds, ces castors! Encore un coup de Trafalgar! 11 par Sabine Hébert S ituée au nord de l’Australie, dans l’océan Pacifique, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est le pays le plus multilingue du monde. On y dénombre environ 850 langues pour 10 millions d’habitants, soit une moyenne de 11700 locuteurs pour chaque idiome. Si ce rapport était appliqué à l’Hexagone, on y parlerait 6000 langues différentes… De quoi en perdre son latin! Les langues officielles sont le tok pisin, un créole à base lexicale anglaise, le hiri motu, un idiome d’origine polynésienne, et l’anglais. Quant à la plupart des autres langues, elles ont moins de 1500 locuteurs; et certaines, pratiquées par quelques centaines d’individus, seraient en voie de disparition. Selon les experts, cette diversité linguistique est due à la rareté des voies de communication, l’île montagneuse étant couverte de jungles impénétrables qui contraignent nombre de groupes humains à un isolement quasi total. Elle reflète aussi la diversité ethnique d’une population très hétérogène, composée de Papous, Mélanésiens, Négritos (Pygmées), Micronésiens, Polynésiens et une poignée d’Européens. La langue de scolarisation, jusqu’à la fin des trois années d’école élémentaire, est choisie par chaque communauté parmi 400 idiomes. L’anglais devient ensuite la langue d’instruction. V ous avez la nostalgie de vos années d’écolier? Rendezvous au Collège Hôtel! Situé danslequartierduVieuxLyon,l’établissement vous ramène soixante ans en arrière: la réception a l’aspect d’un hall d’internat, la bibliothèque est garnie de livres de grammaireetdegéographie,etl’espacedupetit-déjeuneradesallures de salle de classe, avec ses tables et ses bancs en bois alignés devant lebureauduprofesseur.Desphotos de classe des années 1960-1970 sont accrochées dans l’ascenseur etdegrandescartesdegéographie d’autrefois décorent les escaliers. Aux étages, des portemanteaux alignés aux murs rappellent les couloirs d’école et le numéro des chambres est inscrit à la craie sur des ardoises. Dans ces chambres, le mobilier, déniché par les concepteurs dans des brocantes, provient d’établissements scolaires. Tout comme les objets: ici un cartable en cuir bouilli, là un encrier posé sur un pupitre de bois, plus loin un téléviseur cathodique diffusant en boucle La Guerre des boutons (1962). Bref, tout est fait pour que vous vous croyiez retourné en enfance!Maisrassurez-vous,même si vous rentrez après minuit, vous ne risquerez pas d’heure de colle. Rens.: college-hotel.com Jeunes filles d’une tribu papoue en tenue traditionnelle. Le Collège Hôtel, qui domine la place Saint-Paul, dans le Vieux Lyon, joue la carte de la nostalgie. SHUTTERSTOCK @COLLEGE_HOTEL / INSTAGRAM (X2) Hôtel ou école, pourquoi choisir? Le Paradis des polyglottes
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