LES VEILLEES DES CHAUMIERES n°3626 - Page 3 - 3626 2 SOMMAIRE DR PHOTOS COUVERTURE: – KIOSQUE: JACQUES BOURGUET/ TÉLÉ STAR - PALAIS PRINCIER SHUTTERSTOCK (X2) MAGALI.ANCENAY/AGENCY-AFIDOL – ABONNÉS: SHUTTERSTOCK (X 2) - ACQUES BOURGUET/TÉLÉ STAR - MAGALI.ANCENAY/AGENCY-AFIDOL 5 Actualité Tarbes fête le cheval 6 Exposition La folle histoire des grands magasins 10 Patrimoine religieux La synagogue espagnole de Prague, une beauté historique 14 Le monde religieux Mère Mary Lange, la voix des Afro-Américains 16 Santé pratique Les bonnes recettes pour un cerveau tonique 18 Santé pratique Les fuites urinaires, ce n’est pas une fatalité 20 Hommage Sacha Distel à la poursuite du bonheur 22 Il était une fois… L’Homme de Rio a-t-il révélé tous ses secrets? 24 En visite Le palais princier de Monaco 30 Nos jeux de la semaine 32 Toutes vos lettres 33 Le coin lecture 34 Nouvelle Une jeune ambitieuse 40 Vos poésies 42 Feuilleton 4 – Les promesses de Venise 48 Le livre à offrir Bonheurs d’enfance, de Christian Signol 50 Correspondances Lettre de la comtesse de Ségur à son petit-fils Jacques 52 Coloriage Le Héron, de Jean de La Fontaine 54 Feuilleton 1 – Week-end à Chiselhurst 63 Cartes postales Édito Dans ce joli numéro aux couleurs estivales, peut-être ne saurez-vous plus où donner de la tête… Entre Sacha Distel (p. 20), notre seul vrai crooner à la française, Jean-Paul Belmondo, qui nous fit rire et rêver dans L’Homme de Rio (p. 22) et Olivier de Kersauzon (p. 96), poète navigateur, (re)découvrez les portraits de ces trois hommes aux parcours hors norme. Ensuite, ne manquez pas la visite exclusive du palais princier de Monaco (p. 24), qui, après une restauration monumentale, nous dévoile ses magnifiques secrets. Côté fiction, plongez avec délices dans nos feuilletons et nouvelles, sans oublier de vous adonner au bonheur de la sieste, dont Michèle Blank fait un éloge vibrant (p. 86). Et pour prolonger le bonheur de la rêverie, pourquoi ne pas vous atteler à un joli coloriage (p. 52)? Bonne lecture, et rendezvous le 24 juillet prochain. Nos amis les animaux Protégeons nos grenouilles! 22 110 LES FILMS ARIANE Il était une fois… L’Homme de Rio a-t-il révélé tous ses secrets? 3 Du 10 au 23 juillet 2024 65 La voix du poète La Chanson de juillet, de Joseph Autran 66 Nouvelle D’une forêt l’autre 72 Chers objets Le dévidoir escargot de Scotch 74 Feuilleton 8 – De père en fils 79 Nouvelle Parlez-vous danois? 86 Bonheur du jour La sieste 88 Vie d’artiste Le fauve Matisse rugit encore 92 Histoire de la mode Le macramé, toujours tendance 94 Nos jeux de la semaine 96 Toute une vie Olivier de Kersauson, l’amiral des ondes 98 Solution des jeux 99 Illustre inconnu Étienne de Silhouette, l’oublié de l’Histoire 100 Chansons de légende Reality, le slow qui a fait boum dans nos cœurs 102 La bonne cuisine La courgette, reine de l’été 108 Nos amis les animaux Le fabuleux destin de la vache Omerta 110 Nos amis les animaux Protégeons nos grenouilles! 112 Allons au jardin Belles carottes de France… 114 Allons au jardin Le gazania, fleur estivale par excellence 116 Le musée des Veillées 24 SHUTTERSTOCK PALAIS PRINCIER En visite Le palais princier de Monaco Les manuscrits non insérés dans Les Veillées ne sont pas rendus à leurs auteurs. Dans nos textes de fiction, toute ressemblance avec des situations, des personnes ou des patronymes existant ou ayant existé serait purement fortuite. Une publication du groupe Reworld Media ÉDITEUR REWORLD MEDIA MAGAZINES (SAS) 40, avenue Aristide-Briand – 92220 Bagneux Directeur de la publication: Gautier Normand Actionnaire: Président Reworld Media France (RCS Nanterre 477 494 371) Tél. accueil: 01-41-33-50-00 RÉDACTION redaction.veillees@reworldmedia.com Directrice de la rédaction: Linda Bouras Rédactrice en chef : Annie Viaud Assistante de la rédaction: Patricia Molnar Rédactrice en chef technique : Delphine Brengou Cheffe de service fiction: Valérie Dufils Première secrétaire de rédaction: Annie Touzé Courrier des lecteurs: Ouarda Akdache oakdache@reworldmedia.com Première rédactrice graphiste: Soifia Hanami Rédactrice graphiste: Ouarda Akdache Iconographe: Christian Rousselet DIRECTION-ÉDITION Directeur exécutif: Stéphane Haitaian Directeur d’édition: Tommaso Albinati ABONNEMENT ET DIFFUSION Directrice marketing direct: Catherine Grimaud Cheffe de marché senior: Aurore Dehé Responsable des ventes: Jacky Cabrera Responsable service diffusion: Philippe Merrien SERVICE ABONNEMENT Tél. 01-46-48-48-99 Du lundi au samedi de 8 h à 20 h Mail: formulaire sur www.serviceabomag.fr Courrier : Service abonnement Les Veillées des Chaumières 59898 LILLE Cedex 9 FABRICATION Directeur des opérations industrielles : Bruno Matillat Prépresse/Photogravure : Sylvain Boularand, responsable de service Fabrication : fabcompos@fabricationrm.com Impression : Rotochampagne, 2, rue des Frères-Garnier, 52000 Chaumont AFFICHAGE ENVIRONNEMENTAL Origine du papier Allemagne Taux de fibres recyclées 80% Certification PEFC Impact sur l’eau Ptot 0,006 kg/tonne DÉPÔT LÉGAL: juillet 2024 PRIX AU NUMÉRO: 4,95 € N° ISSN: 0750-4039 N° CPPAP: 0228 K 80260 Summer love Âmes sœurs Psycho quizz ACTUELLEMENT EN KIOSQUE Friends to lovers Seconde chance Astro love 132 pages N°1 à découvrir Friends Friends Friends 132 132 1 HISTOIRE À DÉCOUVRIR DE MORGANE MONCOMBLE 7 NOUVELLES ORIGINALES PAR LES PLUS GRANDES AUTRICES DE NEW ROMANCE SUR 90 PAGES 30 PAGES SUR LA MODE, BEAUTÉ, CINÉ, MUSIQUE, LIVRES, PSYCHO, ASTRO… 5 Actualité Tarbes fête le cheval Animations et spectacles équestres tout public sont proposés chaque jour, dans des lieux différents du haras. PHOTOS TARBES TOURISME (X 2) L a vocation militaire de la ville de Tarbes commence au début du XIXe siècle avec la décision de Napoléon Ier d’y installer un haras national», explique la Fondation du patrimoine. La ville s’impose comme ville de garnison au milieu de ce même siècle, accueillant quartiers et casernes, dont certains dédiés à la cavalerie. C’est encore ici qu’est née la race anglo-arabe, toujours très prisée dans les sports équestres. Aujourd’hui, les huit hectares du haras situés en centreville abritent quantité de précieuses collections (selles anciennes, voitures d’attelage…) dans les nombreux bâtiments (écuries, sellerie, la Maison du Cheval…). Quand vient l’été, le site prend des allures de fête, théâtre du festival Equestria, qui tiendra sa 28e édition du 16 au 21 juillet. Entièrement gratuit, il mêle animations équestres et artistiques: un village gourmand, des déambulations dans les allées, des visites, des événements, comme l’an dernier la réalisation de peintures en direct par Laurent Treneule, des baptêmes à poney, des promenades en calèche… Bref, petits et grands trouvent ici leur bonheur. Mais, le clou du festival, c’est évidemment les quatre grands spectacles équestres (payants, de 14,80 € à 18,80 € la place). Au programme cette année: le conte équestre Aldaê, La Terre des Légendes perdues de Sabrina Lepienne, créatrice du théâtre Caballicare, un voyage au pays des légendes équestres, Spooka, du collectif Azul Bangor, entre cirque et théâtre, Du même pas, une poésie signée du couple Marie Barcelo et Pierre-Antoine Chastang et Anahata, La Prophétie des 7 feux, inspirée d’une légende amérindienne et créée par le théâtre Caballicare. L’an dernier, le festival a accueilli 40000 visiteurs. Tous en selle, donc, et rendez-vous au pied des Pyrénées! Hugues BERTHON La préfecture des Hautes-Pyrénées est une terre équine de choix. C’est ici, au cœur de la ville, dans les haras historiques voulus par Napoléon, que se déroule le festival Equestria, dédié à «la magie du cheval». Une 28e édition prometteuse… « 6 Exposition L’histoire des grands magasins débute avec Aristide Boucicaut. Originaire de Normandie, le jeune garçon vient tenter sa chance à Paris où il entre comme vendeur au Petit Saint-Thomas, un magasin de nouveautés de la rive gauche. Lorsqu’il s’associe au propriétaire du Bon Marché, un commerce concurrent de la rue de Sèvres, il applique ses idées nouvelles pour faire décoller les ventes: prix fixe, production en série, soldes réguliers, faibles marges… Mais l’idée la plus novatrice est celle du «satisfait ou remboursé», toujours d’actualité. Il fait école. C’est ainsi que naissent les Grands Magasins du Louvre (1855), le Bazar de l’Hôtel de Ville (1856), le Printemps (1856), La Belle Jardinière (1967), La Samaritaine (1870) et enfin les Galeries Lafayette (1894), le dernier né. Au musée des Arts décoratifs, une exposition met en lumière la place fondamentale de ces établissements mythiques dans le paysage parisien, de la Belle Époque aux Années folles. Affiches, vêtements, jouets, mobilier, catalogues de vente, tableaux,publicités,accessoiresdemode:septcents pièces ont été rassemblées pour illustrer l’avènementdecesnouveauxempiresdelaconsommation, qu’avait immortalisés Émile Zola dans Au Bonheur des Dames. Héritiers des magasins de nouveautés La folle histoire des Affiche de Jean-Gabriel Domergue (1920). Au milieu du XIXe siècle, ces nouveaux LES ARTS DÉCORATIFS LES ARTS DÉCORATIFS / CHRISTOPHE DELLIÈRE Le second Empire marque l’âge d’or de ces enseignes parisiennes. Au musée des Arts décoratifs, une exposition retrace les débuts de ces «nouveaux temples de la consommation» dépeints par Émile Zola. 7 oùl’ontrouvaitessentiellementdestissus,ilsjettent les bases du commerce moderne et de la société de consommation dans un contexte de développement économique. Des palais conçus pour éblouir Napoléon III veut faire de Paris une ville moderne et attractive. Il prend pour modèle Londres, où il vécut en exil. Sous la direction de Georges Haussmann, préfet de la Seine, le vieux Paris constitué de quartiers fermés aux ruelles étroites va se métamorphoser pour répondre au projet d’assainissement, de circulation et de sécurité voulu par l’empereur. La capitale change de physionomie: 20000 maisons sont rasées et laissent place à des immeubles bâtis selon une réglementation stricte (c’est la naissance du style haussmannien) tandis que de larges avenues sont construites avec, souvent, un monument en point de mire. Dans ces rues nouvellement percées s’implantent les grands magasins. L’élargissement des trottoirs favorise la contemplation des vitrines. La bourgeoisie connaît une véritable ascension dont profitent ces x établissements. Leurs patrons comprennent que pour encourager l’achat, il faut susciter le sentiment de plaisir. La séduction est recherchée jusque dans l’architecture des bâtiments. Les édifices se démarquent par leur rotonde coiffée d’une coupole. Inspirés du théâtre et de l’opéra, ces «palais babyloniens», selon le mot de Zola, sont conçus pour éblouir. À l’intérieur, le décor est fastueux: un hall coiffé d’une verrière invite les visiteurs à accéder aux galeries supérieures par un escalier d’honneur et ainsi embrasser d’un seul regard la profusion de marchandises. Les étalagistes rivalisent grands magasins temples de la modernité et de la consommation deviennent une distraction pour la bourgeoisie. 8 Exposition d’ingéniosité pour créer des présentoirs adaptés à la mise en scène de chaque article. Ainsi peut-on croiser divers comptoirs à chaussures, têtes à chapeaux, supports à gants que les clientes sont libres de toucher, regarder, essayer et parfois subtiliser. Une vitrine de l’exposition rappelle que la cleptomanie sévissait dans ces lieux du désir. En témoignentlesnombreuxprocès-verbauxconservés à la préfecture de police de Paris. Le phénomène est tel qu’une «nomenclature des voleuses» est mise en place pour distinguer les «malades» des «collectionneuses» ou des «voleuses ordinaires». Pas de quoi affoler les bourgeoises qui prétextaient avoir agi dans un moment d’aberration mentale: si la valeur des articles dérobés était dérisoire, les inspecteurs faisaient preuve d’indulgence. La révolution des pratiques commerciales Le développement du chemin de fer permet d’acheminer les biens manufacturés, mais aussi les clients. Zola décrit à plusieurs reprises la lente cadence de ces bourgeoises qui défilent dans les rayons pour admirer «la joie des richesses entassées, sans acheter seulement un mètre de calicot». Ses enquêtes témoignent de la démesure de ces nouveaux commerces. Dans ses carnets préparatoires, il écrit que «le grand magasin de nouveautés tend à remplacer l’église», que «si on le supprimait, il y aurait une révolution des femmes». Faire les magasins devient, à l’instar du théâtre, du bal, du café ou du concert, la nouvelle distraction bourgeoise. Une section du parcours s’intéresse aux employés de ces grands magasins dont les plus illustres employaient près de 3000 personnes. Le musée des Arts décoratifs exhume les archives du Bon Marché, réputé pour choyer son personnel. Malgré les treize heures de travail quotidien, ses employés bénéficient de mesures sociales: le dimanche est chômé, la cantine gratuite et une assistance médicale est offerte. Les grands magasins sont à l’origine d’une révolution commerciale. Avec eux apparaissent de nouvelles techniques de vente et même les prémices du marketing! Leur modèle économique repose sur le volume des ventes de marchandises produites en série. Les Grands Magasins du Louvre se flattent de démocratiser la mode. Le cœur de leur activité est de rassembler sous une même enseigne tout ce qui est nécessaire à la toilette. Afin de stimuler les achats et répartir les ventes sur l’ensemble de l’année, des «expositions de ventes spéciales» connues sous le nom de soldes, sont organisées selon un calendrier établi en fonction des saisons et des mois creux: en janvier le blanc, en février les gants, dentelles, parfumerie, en mars les nouveautés de saison, en avril, costumes et confection, etc. Les dates sont transmises aux clients par le biais d’agendas publicitaires. Ces nouvelles méthodes de vente s’accompagnent d’innovations dans le domaine de la communication. On passe de la petite annonce à l’affiche-annonce qui, à défaut d’illustration, use des artifices typographiques pour attirer l’œil. La presse de mode connaît un véritable essor: des centaines de titres sont édités à la fin du XIXe siècle. Au Bon Marché, Aristide Boucicaut met en place la vente par correspondance afin d’écouler une marchandise dont la production ne cesse de croître. Les catalogues de vente, richement illustrés, concourent à élargir la clientèle. D’abord annuels, ils deviennent rapidement saisonniers puis, avec la multiplication des rayons, se spécialisent. Richement illustrés, ils permettent de suivre l’évolution des modes de vie et des goûts de la bourgeoisie en matière d’habillement, de décoration, d’art ménager et de loisirs. L’uniforme d’un livreur des Trois Quartiers témoigne de ces Robe en faille de soie (1860-65) et ombrelle marquise en soierie, galon et franges (1850-1860). Coiffeuse (vers 1921) en bois, bronze et nacre. Sac à main en taffetas de soie et satin de soie, et sa boîte (1910-1919). L E S A R T S D É C O R A T I F S / J E A N T H O L A N C E LES ARTS DÉCORATIFS/ CHRISTOPHE DELLIÈRE 9 petits métiers, tandis que des affiches rendent comptent de la façon dont les commandes étaient acheminées. Au bonheur des dames… et des enfants Les enseignes cherchent aussi à séduire la mère de famille. La période de Noël est propice à l’installation de comptoirs de jouets destinés aux enfants, dont la place a considérablement évolué. On leur propose x poupées, ours en peluche, chevaux-tricycles, jeux de construction… Quant aux vêtements, ils se différencient désormais de ceux de leurs parents. Plus pratiques, ils sont libérés des fioritures, baleines ou cols et poignets amidonnés, permettant des mouvements plus libres. Le costume marin, l’uniforme des petits garçons de la haute société, est désormais taillé pour eux. L’exposition s’achève sur la création d’ateliers d’art par une nouvelle génération de créateurs soucieux de renouveler la place des arts décoratifs. Le Printemps, pionnier, inaugure, en 1912, l’atelier decréationPrimaveraspécialisédanslaproduction de meubles et d’objets d’art en série. Le studio de création recrute de jeunes artistes issus des écoles d’arts, sensibles aux nouvelles tendances esthétiques. Cette initiative fait des émules. Les Galeries Lafayette confient à Maurice Dufrène l’atelier de La Maîtrise. L’année suivante, Le Bon Marché lance l’atelier Pomone. Le décorateur René Prou signe ainsi un sobre secrétaire en palissandre tandis que son confrère propose une commode Art déco avec miroirendemi-lune.Laprésencedesateliersàl’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925 témoigne de leur succès. Chaque grand magasin y dispose d’un pavillon monumental pour promouvoirsesplusbellescréationsenmatièredemobilier, céramique, textile, verre et autres objets décoratifs. Sandrine TOURNIGAND Affiche de Jules Chéret (1888). Lithographie. Cheval tricycle (1880-1900) en fer, bois et cuir. PHOTOS LES ARTS DÉCORATIFS / CHRISTOPHE DELLIÈRE (X 2) LES ARTS DÉCORATIFS / JEAN THOLANCE La suite… Cette exposition terminée, l’histoire des grands magasins se poursuivra à l’automne à la Cité de l’architecture. Car ces «cathédrales du commerce mondial» n’ont cessé de se réinventer. Fermée pendant seize ans, La Samaritaine, fondée par les époux Cognacq-Jay, a été rénovée à grands frais par LVMH, le nouveau propriétaire.Autrefois populaire, le monument Art déco de la rue de Rivoli est devenu un temple du luxe avec restaurant gastronomique et hôtel donnant sur la Seine. Exit l’animalerie, le rayon bricolage, l’épicerie ainsi que l’étage consacré à la maison. On ne trouve plus tout à la Samaritaine… • La Naissance des grands magasins. Mode, design, jouets, publicité, 1852-1925, au musée des Arts décoratifs, à Paris (75001). Jusqu’au 13 octobre. Rens.: madparis.fr • Exposition La Saga des grands magasins, à la Cité de l’architecture, à Paris (75116). Du 6 novembre au 6 avril 2025. Rens.: citedelarchitecture.fr/fr Sandrine TOURNIGAND Cheval tricycle Cheval tricycle (1880-1900) en fer, (1880-1900) en fer, bois et cuir. bois et cuir. LVMH, le nouveau propriétaire.Autrefois populaire, le monument Art déco de la rue de Rivoli est devenu un temple du luxe avec restaurant gastronomique et hôtel donnant sur la Seine. Exit l’animalerie, le rayon bricolage, l’épicerie ainsi que l’étage consacré à la maison. On ne trouve plus tout à la Samaritaine… • La Naissance des grands magasins. Mode, design, jouets, publicité, 1852-1925, à Paris (75001). Jusqu’au 13 • Exposition de l’architecture, à Paris (75116). Du 6 au 6 avril 10 Patrimoine religieux P our comprendre l’importance des lieux de culte juifs dans la capitale tchèque, il faut remonter aux IXe et Xe siècles. La ville est alors une grande cité commerciale où convergent les communautés russe, slave, turque, musulmane et juive, principalement venues d’Orient. Les premiers juifs disposent alors des mêmes droits que les autres marchands étrangers. Des savants fréquentent la Cour, la communauté se gère paisiblement et s’installe à cette période sur la rive droite de la Vltava, dans une enclave au nord de la vieille ville qui deviendra le quartier juif. Prague est un haut lieu de la culture juive en Europe jusqu’au quatrième concile du Latran, en Construit en 1868, cet édifice, qui doit sa renommée au style architectural arabo-andalou qui le caractérise, est considéré comme l’une des plus belles synagogues du monde. C’est aussi un lieu majeur de la culture juive en République tchèque. La synagogue espagnole de Prague, une beauté historique 11 L’extérieur de ce bâtiment de style néo-mauresque, simple, ne laisse pas présager de l’intérieur, très richement décoré. Dans l’édifice, la décoration est omniprésente: sur les murs, les portes, les galeries… PHOTOS SHUTTERSTOCK (X 2) CCDIEGO DELSO - WIKIMEDIA COMMONS 1215, qui marque la première vague d’interdictions ciblées. Les siècles suivants sont un enchaînement d’événements dramatiques comme le pogrom de Pâques, en 1389, et plusieurs tentatives d’expulsion de la ville. Au XVIIIe siècle, le sort des juifs s’améliore grâce à Joseph II, en l’honneur de qui le vieux quartier juif est nommé «Josefov». Une architecture fascinante C’est en 1867 qu’est décidée la construction d’une synagogue qui symbolisera l’émancipation de la communauté juive en Bohême. Elle sera bâtie sur les restes de «La Vieille École», la plus ancienne synagogue de la ville, dont l’organiste fut Frantisek Skroup, l’auteur de l’hymne national tchèque. La synagogue espagnole est l’œuvre de Vojtech Ignac Ullmann et Josef Niklas, des architectes praguois qui se sont ouvertement inspirés de l’Alhambra de Grenade: le style néo-mauresque, très en vogue à cette époque, marquait une rupture avec l’architecture des autres lieux de culte de la ville, et donc symboliquement avec le passé. On retrouve les caractéristiques les plus élémentaires de ce courant: un extérieur simple et un intérieur très richement décoré. Les arcs en fer à cheval des fenêtres de la façade et sa symétrie laissent peu de doutes sur les influences choisies par les créateurs. L’intérieur s’articule autour d’une pièce carrée couverte parunesérie de dômes dorés dont le plus impressionnant, de dix mètres de diamètre, surmonte l’espace central. Sur trois côtés, des galeries s’ouvrent sur la nef. La rosace en vitrail placée en 1892 au-dessusdel’autelreprésenteune étoile de David stylisée. Et que dire de l’omniprésence des décorations? Arabesques en stuc doré, portes gravées, balustrades… Les dômes, les galeries et les rampes n’échappent pas à cette règle. Ungrandorguerichementdécoré occupe l’étage à droite de la nef. L’intérieur, que l’on doit à Antonin Baum et Bedrich Munzberger, fut achevé en 1893. Fermée au public durant une vingtaine d’années afin de réaliser une importante restauration, la synagogue a rouvert en 1998 pour son 130e anniversaire. Aujourd’hui, on y célèbre encore quelques cérémonies religieuses, mais c’est désormais à l’histoire et à la culture qu’elle est dédiée. Expositions et concerts Ainsi,aurez-de-chausséedubâtiment, une exposition passionnante se veut le témoin de l’histoire de la communautéjuiveenBohêmeeten Moravie, de la fin du XVIIIe siècle à l’après-guerre. Elle fait suite à celle par Malo Gaudin
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