LES VEILLEES DES CHAUMIERES n°3624 - Page 10 - 3624 PARAMOUNT PICTURES SHUTTERSTOCK 2 SOMMAIRE DR PHOTOS COUVERTURE: SHUTTERSTOCK, LES JARDINS DE ROQUELIN, SHUTTERSTOCK/LILIYA KULIANIONAK, ST MORET 5 Actualité Bon sang ne saurait mentir… 6 Exposition Quand Géricault met en scène ses chevaux de bataille 10 De-ci, de-là 12 Le monde religieux La Mecque, le lieu le plus sacré de l’islam 14 Le monde religieux Guido Schäffer, l’ange surfeur du Brésil 16 Santé pratique La santé du cœur passe aussi par l’assiette! 18 Vivre mieux Contre l’anxiété et le stress, on respire! 20 Insolite Eh oui, ces sports existent aussi! 22 Il était une fois… Gatsby le Magnifique, Robert Redford redonne vie aux Années folles 24 Chansons de légende Sag Warum, de Camillo, la plus belle chanson d’amour allemande 26 Télé nostalgie Combien ça coûte? L’économie à hauteur du téléspectateur 28 Nos jeux de la semaine 30 Toute une vie Catherine Ceylac, l’éternelle confidente des stars 32 Toutes vos lettres 33 Le coin lecture 34 Nouvelle À mille lieues… 40 Vos poésies 42 Feuilleton 2 – Les promesses de Venise 48 Clin d’œil Meursault a trop chaud 50 Nouvelle La bonne aventure 56 Chers objets Beau temps sur les baromètres 58 Feuilleton 13 – De l’eau qui dort 65 Cartes postales 67 La voix du poète Juin, de Louis-Honoré Fréchette Édito Une pléiade d’études ont été publiées, il y a quelques mois, montrant le bénéfice de la lecture sur le cerveau. Des chercheurs d’Atlanta (États-Unis) ont ainsi démontré que se plonger régulièrement dans un roman ou un magazine améliorait durablement les connexions neuronales. D’autres scientifiques, anglais ceux-ci, ont apporté la preuve que la lecture diminuait le stress, augmentait la réflexion, la concentration, la mémoire… S’il vous fallait des raisons pour dévorer ce nouveau numéro, les voici, servies sur un plateau! Sans tarder, découvrez la suite de vos feuilletons préférés, mais aussi des poésies et des nouvelles. Côté magazine, la fabuleuse expo sur les chevaux de Géricault (p. 6) ou les œuvres de Whistler (p. 86) vous inviteront aussi à l’évasion. Et si vous dansiez un slow sur Sag Warum, le tube de Camillo qui fit chavirer les cœurs (p. 24)? Bonne lecture, et rendezvous le 26 juin prochain. Il était une fois… Gatsby le Magnifique Robert Redford redonne vie aux Années folles 22 SHUTTERSTOCK A N I C A P A N I C A P 3 Du 12 au 25 juin 2024 68 Le livre à offrir La Valse des arbres et du ciel, de Jean-Michel Guenassia 70 Feuilleton 6 – De père en fils 76 C’est ma vie Une si merveilleuse rencontre 78 Nouvelle La vie est ailleurs 84 Bonheur du jour Paysages d’enfance 86 Vie d’artiste Whistler, à l’aube de l’impressionnisme 90 Nos jeux de la semaine 92 Les reines du business Yvonne Foinant, la première cheffe d’entreprise féministe! 94 En visite À Tulle, la Cité de l’accordéon a ouvert ses portes 98 La bonne cuisine Les tartes salées aux bons légumes d’été 105 Solution des jeux 106 Nos amis les animaux Le teckel, un petit chien qui a tout d’un grand 108 Nos amis les animaux Les suricates, sentinelles du désert 110 Allons au jardin L’aubergine, le légume-fruit qui chante l’été 113 Allons au jardin À Roquelin, les roses volent en liberté 116 Le musée des Veillées La bonne cuisine Les tartes salées aux bons légumes d’été Vivre mieux Contre l’anxiété et le stress, on respire! Nos amis les animaux Le teckel, un petit chien qui a tout d’un grand 18 106 98 Une publication du groupe Reworld Media ÉDITEUR REWORLD MEDIA MAGAZINES (SAS) 40, avenue Aristide-Briand – 92220 Bagneux Directeur de la publication: Gautier Normand Actionnaire: Président Reworld Media France (RCS Nanterre 477 494 371) Tél. accueil: 01-41-33-50-00 RÉDACTION redaction.veillees@reworldmedia.com Directrice de la rédaction: Linda Bouras Rédactrice en chef : Annie Viaud Assistante de la rédaction: Patricia Molnar Rédactrice en chef technique: Delphine Brengou Cheffe de service fiction: Valérie Dufils Première secrétaire de rédaction: Annie Touzé Courrier des lecteurs: Ouarda Akdache oakdache@reworldmedia.com Première rédactrice graphiste: Soifia Hanami Rédactrice graphiste: Ouarda Akdache Iconographe: Christian Rousselet DIRECTION-ÉDITION Directeur exécutif: Stéphane Haitaian Directeur d’édition: Tommaso Albinati ABONNEMENT ET DIFFUSION Directrice marketing direct: Catherine Grimaud Cheffe de marché senior: Aurore Dehé Responsable des ventes: Jacky Cabrera Responsable service diffusion: Philippe Merrien SERVICE ABONNEMENT Tél. 01-46-48-48-99 Du lundi au samedi de 8 h à 20 h Mail: formulaire sur www.serviceabomag.fr Courrier : Service abonnement Les Veillées des Chaumières 59898 LILLE Cedex 9 FABRICATION Directeur des opérations industrielles : Bruno Matillat Prépresse/Photogravure : Sylvain Boularand, responsable de service Fabrication : fabcompos@fabricationrm.com Impression : Rotochampagne, 2, rue des Frères-Garnier, 52000 Chaumont AFFICHAGE ENVIRONNEMENTAL Origine du papier Allemagne Taux de fibres recyclées 80% Certification PEFC Impact sur l’eau Ptot 0,006 kg/tonne DÉPÔT LÉGAL: juin 2024 PRIX AU NUMÉRO: 4,95 € N° ISSN: 0750-4039 N° CPPAP: 0228 K 80260 Les manuscrits non insérés dans Les Veillées ne sont pas rendus à leurs auteurs. Dans nos textes de fiction, toute ressemblance avec des situations, des personnes ou des patronymes existant ou ayant existé serait purement fortuite. 5 Actualité Bon sang ne saurait mentir… L’Établissement français du sang organise des collectes partout sur le territoire pour reconstituer ses réserves. SHUTTERSTOCK (X 2) V oici bientôt vingt ans que l’Assemblée mondiale de la santé, bras exécutif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a officiellement inauguré une Journée mondiale du donneur de sang. C’était en 2005. Et si la date du 14 juin a été retenue, c’est pour rendre hommage au médecin autrichien Karl Landsteiner, né ce même jour de 1868. Le biologiste est le premier chercheur à avoir mis au jour les différents groupes sanguins, dès 1900. Depuis, la science n’a cessé de progresser, mais une évidence demeure: «les transfusions de sang et de produits sanguins contribuent à sauver des millions de vies chaque année», rappelle l’OMS. Ce geste généreux s’inscrit dans de nombreux processus de soins, parmi lesquels la prise en charge de femmes victimes d’hémorragie durant l’accouchement, d’enfants malnutris et anémiés, de malades de la moelle osseuse, de personnes accidentées ou de patients subissant certaines interventions chirurgicales… Pour l’Établissement français du sang (EFS) – qui se définit comme le «service public du sang» – le volume annuel de don permet de soigner un million de patients chaque année dans l’Hexagone. Contrairement à quelques pays voisins (Allemagne, Autriche…), les États-Unis ou la Chine, le don en France n’est pas rémunéré, mais la pénurie régulière menace de revoir ce principe de gratuité, tout au moins pour les dons de plasma. Car donner son sang regroupe trois techniques: le don de sang «classique» qui permet de prélever en même temps tous les composants et répond aux besoins les plus courants en transfusion (réalisé en dix minutes), le don de plasma indispensable aux hémophiles, immunodéprimés, malades chroniques (réalisé en trois quarts d’heure) et le don de plaquettes, utilisées notamment pour soigner les maladies du sang (réalisé en une heure et demie). Les produits sanguins ayant une durée de vie limitée – d’une semaine pour les plaquettes à quarante-deux jours pour les globules rouges –, les dons doivent donc être réguliers. Hugues BERTHON Plus que jamais, ce 14 juin, la Journée mondiale du donneur de sang veut remercier ceux qui offrent le leur et sensibiliser la population à ce geste. Chaque année, les transfusions sanguines sauvent des millions de vies. Le médecin Karl Landsteiner a découvert les groupes sanguins en 1900. DR 6 Exposition C ’est le bicentenaire de la mort de Théodore Géricault (1791-1824) qui a poussé le musée de la Vie romantique à lui consacrer une exposition qui présente une centaine d’œuvres. Artiste romantique par excellence, le peintre a vécu rue des Martyrs, dans le quartier de l’ancien atelier d’Ary Scheffer, qui abrite aujourd’hui ce musée. Les deux hommes étaient amis. «Ils se sont rencontrés dans l’atelier de Pierre Guérin, peintre néoclassique qui a formé nombre d’artistes romantiques, précise Gaëlle Rio, directrice du musée. Cette exposition thématique montre la variété de son style, son esthétique et ses engagements politiques, à travers le motif du cheval.» Géricault est en effet le chantre du romantisme politique. Ce courant artistique se développe au lendemain des défaites napoléoniennes. Le peintre, né pendant la Révolution, a précisément grandi à l’heure des batailles menées par Napoléon. Imprégné de ce contexte, il pose un regard très critique sur le chef de l’État. En 1816, il s’engage dans le corps des mousquetaires du roi Louis XVIII qui après l’Empire apparaît comme le sauveur de la paix européenne. Son engagement politique pour le droit des peuples est visible dans nombre de ses tableaux. Quand Géricault met en sc Cheval retenu par des esclaves (1817). Huile sur toile Autoportrait (1822). Huile sur toile. BRIDGEMAN IMAGES NEW YORKCOURTESY OF KRISTIN GARY FINE ARTS PHILIPP BERNARD / RMN GP L’exposition Les Chevaux de Géricault, au musée de la Vie romantique, démontre comment le motif équestre permet au peintre de dénoncer les horreurs de la guerre autant que de raconter son époque et d’évoquer les tourments de l’âme humaine. 7 Le cheval, qui y tient une place importante, représente les atrocités des guerres et permet de les dénoncer, comme l’ont fait Francisco de Goya et Jacques Callot. Il évoque aussi les mouvements d’indépendance des peuples d’Amérique du Sud. Et représente la guerre menée par les affranchis de Saint-Domingue contre l’armée de Napoléon qui vient de rétablir l’esclavage. Une œuvre politique À l’âge de 17 ans, Géricault, meurtri par le décès de sa mère, en mars 1808, hérite d’une confortable fortune. Son aisance financière et son statut social le dispenseront de rejoindre l’armée de Napoléon. Il vit avec son père qui ne voit pas d’un très bon œil la décision de son fils de se consacrer à la peinture. Durant l’été 1808, le garçon peint pourtant sa première œuvre connue, un autoportrait. Et, dès lors, il se voue entièrement à son art. N’ayant pas besoin de gagner de l’argent, il jouit d’une certaine liberté. Ses influences sont nombreuses. «Il fréquente assidûment le Louvre, raconte Gaëlle Rio. Il s’inspire des peintres anciens. Pour se former, il copie Raphaël, Caravage, Titien, Véronèse, MichelAnge, Rembrandt. Dès 1808, il entre dans l’atelier de Carle Vernet, peintre de batailles reconnu qui s’intéresse aussi aux chevaux. Il s’inspire de son maître, mais également de la peinture d’Antoine-Jean Gros. Il s’intéresse à l’expressivité des regards, aux sentiments, aux visages qui disent des passions.» Ses sujets comme le guerrier mélancolique, l’antihéros, sont très romantiques. L’artiste prend le contre-pied de canons classiques qui associent le cheval à la conquête et au pouvoir. «Le thème du portrait équestre du cavalier à cheval est une tradition du XVIe siècle associée à la gloire, à la puissance. Chez lui, les cavaliers sont perdus, ont le regard triste opposé au contexte dans lequel ils s’inscrivent, de la bataille, de la conquête. Il est dans une forme de critique anti-napoléonienne quand il représente ses cavaliers seuls, perdus sur le champ de bataille.» L’exposition présente notamment une esquisse de Portrait équestre de M. D, un tableau de 3,50 mètres de haut exposé au Louvre qui représente Alexandre Dieudonné, un officier de chasseurs de la Garde impériale. Alors que la bataille fait rage, celui-ci pivote sur son cheval violemment cabré pour donner le signal de la charge. Ce cavalier est présenté comme un antihéros, aux antipodes du cavalier conquérant. «Son regard ène ses chevaux de bataille Étude préparatoire pour Le Derby d’Epsom (1821). Huile sur toile. 8 Exposition est mélancolique. On a l’impression qu’il médite alors qu’il est en plein combat. Le cheval se cabre alors qu’il n’y a personne autour de lui. Le cavalier tourne son regard méditatif vers le spectateur plutôt que vers le champ de bataille dont on aperçoit des vestiges désolants: des roues, un canon détruit». C’est le premier tableau qu’il présente au salon du Louvre en 1812. On voit déjà son engagement politique de dénonciation des désastres de la guerre. Un animal si proche de l’Homme… Géricault travaille souvent par séries. Il réalise nombre d’esquisses, d’études préparatoires avant de parvenir au tableau fini. S’il possède une connaissance objective du cheval, de son anatomie, ce n’est pas un peintre animalier, mais bien un peintre d’histoire, un peintre politique. À travers son cheval «porteur de sentiments», animal si proche de l’Homme, il parle de nous, de nos souffrances. Avec lui, cet animal devient un moyen d’exprimer les tourments de l’âme. Théodore Géricault représente des scènes de tendresse entre chevaux. On voit de l’individualité dans les expressions de ces animaux. Dans leurs yeux, la proximité avec les représentations humaines est frappante. «Géricault, c’est le cheval incarné, disait de lui le sculpteur Antoine Étex. Il semble que l’âme d’un cheval soit venue se loger dans le corps d’un homme.» Une partie de l’exposition intitulée L’Écurie sanctuaire expose des tableaux où il représente le cheval dans son intimité, seul ou en compagnie de son palefrenier. Pour ces toiles, le peintre travaille depuis nature, aux casernes de Courbevoie et aux écuries de Versailles. Le cheval n’est jamais réduit à un moyen de transport ou un acteur de guerre. Lors d’un voyage en Angleterre, le peintre en saisit deux nouveaux aspects. D’une part, le cheval prolétaire, force motrice de la révolution industrielle qui transporte le charbon dans les mines, sur les quais de Londres. D’autre part, le cheval des courses hippiques, du monde de l’argent, celui de la société aristocratique, des loisirs et des plaisirs. Et en voyage à Rome, en 1817, il réalise des esquisses pour un projet monumental jamais finalisé. Il choisit de représenter un moment du carnaval de Rome: la course de Portrait équestre de S.M., Le Roi de Westphalie, Jérôme Bonaparte, d’après Antoine-Jean Gros (1812-1814). Huile sur toile. Course de chevaux libres à Rome (1817). Huile sur toile. ADRIEN DIDIERJEAN / RMN GP PHILIPP BERNARD / RMN GP 9 chevaux libres. Entre le point de départ sur la via del Corso à Rome et l’arrivée, les chevaux font la course sans être montés. Géricault s’intéresse ici à l’aspect sauvage, à l’animal en liberté. On assiste presque à un combat des hommes avec leur cheval. On sent la fureur, l’envie de courir des équidés. Le peintre représente enfin la mort du cheval sur le champ de bataille après son agonie. Il rappelle que, pendant les guerres napoléoniennes, énormément de chevaux ont succombé. Il peint aussi une fin cruelle, la mort lente des chevaux laborieux. Il représente des carcasses abandonnées à terre. Une toile s’inspire de Mazeppa, un poème narratif du poète anglais romantique lord Byron. Un jeune page de la cour du roi de Pologne est l’amant d’une comtesse mariée à un homme de trente ans son aîné. Le jeune homme, Mazeppa, est condamné à être fouetté et attaché nu sur le dos d’un cheval sauvage lancé dans une course éperdue à travers les steppes ukrainiennes. Si Mazeppa s’en sort, l’animal en revanche meurt d’épuisement. Le drame de la punition que subit un antihéros est un sujet très romantique. D’autres peintres comme Horace Vernet, Louis Boulanger et Eugène Delacroix vont eux aussi peindre le supplice de Mazeppa. Parmi les autres œuvres majeures, le Cheval cabré au tapis de selle rouge. Ce tableau iconique montre un cheval à la robe argentée paré avec un tapis de selle d’apparat. Ses crins sont tressés. «Il est seul, majestueux, altier et cabré. On voit la volonté de Géricault de montrer le cheval en mouvement, le panache, la fougue.» Et le cheval gris représenté dans un clair-obscur avec un fond très sombre sans contexte. On ne sait pas où il est. Lui-même, cavalier adroit, aimait monter des chevaux très difficiles, ce qui lui a valu de nombreuses chutes. En août 1823, dans la rue des Martyrs, sa monture s’emporte et le jette à terre. Il se brise le dos. Moelle épinière atteinte, le voilà paralysé. Il a 32 ans. Une longue agonie commence alors. Il s’éteint le 26 janvier 1824. Antoine BIENVENU Exposition Les Chevaux de Géricault, au musée de la Vie romantique, à Paris (75009). Jusqu’au 15 septembre. Renseignements: museevieromantique.paris.fr. Cheval cabré au tapis de selle rouge dit autrefois Tamerlan (1814). Huile sur toile. Cheval arabe gris-blanc dit Cheval blanc (1812-1814). Huile sur toile. PHILIPP BERNARD / RMN GP IMAGE RMN GP / RMN GP 10 De-ci, de-là S i vous êtes amateur de très longues balades à pied, voici un itinéraire qui devrait vous intriguer: une route piétonne sans interruption qui se déroule à travers 17 pays sur plusieurs continents et s’étend sur 22000 kilomètres! Les 900 kilomètres du pèlerinage de SaintJacques-de-Compostelle, ou les 3500 du sentier des Appalaches, sur la côte Est des États-Unis, semblent dérisoires. Ce périple permet de relier la ville de Magadan, à l’extrême nord-est de la Russie, au Cap, en Afrique du Sud, le tout sans jamais quitter la terre ferme et les ponts. Toutefois il faut préciser que plusieurs contrées à traverser sont loin d’être sûres (conflits, guerre civile), les conditions climatiques à affronter parfois inconfortables (la température peut plonger sous les - 50 °C en Russie et grimper à + 50 °C durant la traversée du désert du Sahara), sans parler des rencontres périlleuses avec quelques animaux. Concrètement, il faudrait environ deux ans pour terminer le voyage, à raison de huit heures de marche par jour et deux jours de repos hebdomadaires. À ce jour, aucun globe-trotteur n’est parvenu à boucler l’intégralité du parcours. C ’est un petit marsupial à large tête, au nez massif et à courtes pattes munies de longues griffes. Le wombat ressemble à un petit ours brun et mène une vie paisible dans les terriers qu’il creuse dans le sol des forêts montagneuses du sud-est de l’Australie. En cas de sécheresse prolongée ou d’incendie, il se révèle un sauveur pour d’autres espèces de petits animaux, qu’il accueille dans les galeries qu’il fore sur des dizaines de mètres jusqu’aux sources d’eau souterraine. Ce champion de l’entraide possède une singularité physiologique unique: ses excréments ont la forme de cubes d’environ 2 cm de côté… Cette particularité a longtemps dérouté les spécialistes avant que des scientifiques résolvent l’énigme. Ils ont découvert que, dans sa partie terminale, l’intestin du wombat n’est pas uniformément élastique: à certains endroits, les contractions rapides Ce marsupial australien produit des excréments uniquee en leur genre. SHUTTERSTOCK (X4) Ça dépasse les bornes! Crottes cubiques de ses fibres musculaires, particulièrement épaisses, rétrécissent la lumière intestinale et rigidifient la paroi en aplatissant les matières et en modelant les arêtes du cube. En 2019, l’équipe qui a découvert le secret des crottes cubiques a reçu le prix Ig Nobel, qui récompense les études scientifiques amusantes. 11 par Sabine Hébert A u XVIe siècle, Catherine de Médicis impose aux dames de sa cour l’usage du corset qui affine leur taille, soutient leur buste et leur donne une allure sculptée. Ambroise Paré, médecin du roi et père de la chirurgie moderne, met en garde contre cet accessoire qui comprime et déplace les organes, déforme la cage thoracique, bloque le diaphragme, entrave la respiration et atrophie les muscles abdominaux et dorsaux. Mais il prêche dans le désert. Même la bourgeoisie adopte le corset. Et pendant des siècles, les femmes vont s’acharner à brider leur corps afin d’avoir la taille la plus fine possible. Assurées qu’il faut «souffrir pour être belle», elles le paient de maux divers dont les moindres sont encore les «vapeurs», pâmoisons et autres évanouissements que l’on soulageait en délaçant leur corset. Il faut attendre le début du XXe siècle pour que, dans son livre Muscle et Beauté plastique, Georges Hébert s’élève contre l’usage du corset et l’inactivité physique des femmes. À la même époque, Coco Chanel et le couturier Paul Poiret révolutionnent la mode en concevant des tenues qui, ne marquant pas la taille, n’exigent plus le port du corset. Il était temps… Ail,ail,ail! N ous sommes en Égypte, dans la plaine de Gizeh, en amont du delta du Nil, en l’an 2558 avant notre ère. Sur le chantier gigantesque dont surgiront les trois plus belles pyramides du pays, des milliers d’ouvriers carriers, transporteurs et maçons s’affairent sous le soleil. Il ne s’agit pas d’esclaves, mais d’hommes libres qui, en guise de salaire, perçoivent des rations de nourriture plus ou moins abondantes suivant leurs fonctions, auxquelles s’ajoutent des sacs de céréales pour les contremaîtres et les scribes. Tous sont hébergés sur place et les mieux payés troquent une partie de leurs rations contre d’autres biens ou services. Les restes de canards, moutons, porcs et bovins retrouvés par les archéologues témoignent que les bâtisseurs des pyramides recevaient une nourriture riche en protéines et que leur ration quotidienne comportait, en outre, du pain, de la bière et de l’ail. Un aliment dont les gousses étaient supposées doper la force, l’endurance et la résistance aux maladies. Or, la distribution d’ail fut soudain supprimée. Les ouvriers ne l’entendirent pas de cette oreille. D’un commun accord, ils cessèrent le travail, annoncèrent qu’ils le reprendraient quand leur ration d’ail leur serait rendue et obtinrent gain de cause. Ce fut la première grève de l’Histoire. Serrés au maximum, les corsets garantissaient une taille fine… et de nombreux malaises! Pas d’ail, pas de travail! BRIDGEMAN IMAGES Maudite taille de guêpe 12 Le monde religieux La Mecque, le lieu le plus sacré de l’islam A ncienne cité caravanière plantée à l’ouest de l’Arabie saoudite, La Mecque est aujourd’hui l’une des villes les plus visitées au monde. Certes, elle est moins courue que Rome ou Paris, mais les deux millions de pèlerins qui s’y pressent chaque année affluent tous ou presque au cours de la même semaine! Pourquoi? Pour participer aux cérémonies du hadj, pèlerinage que tout musulman doit accomplir – à condition qu’il en ait les capacités physiques et financières – au moins une fois dans sa vie. Selon la tradition, La Mecque a été choisie par Dieu comme «bénédiction pour le monde». En cela, elle est le «nombril de la terre». Le monument qui s’élève en son cœur, la Kaaba – qui signifie «le cube» en arabe – concentre la ferveur des croyants du globe, qui se doivent de prier dans sa direction. Car c’est à La Mecque qu’est né Mahomet, vers 570. D’abord marchand, puis caravanier, il entame sa prédication à l’âge de 40 ans. Sous l’inspiration de la parole divine que lui révèle l’ange Gabriel. Mais comme il appelle chacun à rejeter l’idolâtrie, à renoncer aux divers cultes alors en vigueur au Moyen-Orient, il suscite très vite l’hostilité des principaux clans de la ville et est contraint, en 622, à l’exil: c’est l’Hégire, qui marque l’an I du calendrier musulman. Commerce et connaissances Mahomet trouve alors refuge à 300 kilomètres, dans l’oasis de Médine, où sa petite communauté s’étoffe. En 630, il est à même de s’emparer de La Mecque, dont il fait le sanctuaire de la «vraie foi», ordonnant qu’on y abatte toutes les idoles païennes. Consacrée comme lieu saint, la ville attire bientôt les pèlerins de toutes provenances, souvent chargés de marchandises précieuses, qu’ils C’est dans ce qui était une oasis perdue en plein désert que Mahomet reçut la Révélation au VIIe siècle. Depuis, la ville est devenue le premier lieu saint de l’islam et les musulmans y affluent chaque année du monde entier.
LES VEILLEES DES CHAUMIERES n°3624 - Page 10
LES VEILLEES DES CHAUMIERES n°3624 - Page 9
viapresse